Il lui en a fallu, du temps, pour venir; Kingsley ne se déplace pas pour rien, n'a pas beaucoup de temps dans ses journées, et encore moins de temps pour ces petits rats qui ont quitté le navire dès qu'ils ont eu l'impression qu'il sombrait, et reviennent comme des fleurs quelques années plus tard en pensant que tout sera pardonné.
Certains il insiste pour les voir; d'autres il les évite soigneusement. Chacun a un rang plus ou moins important dans l'esprit étriqué de Kingsley, et beaucoup restent définitivement au bas de l'échelle et ils ne pensent jamais à eux.
La Patil, en revanche. En plus d'être la jumelle de sa soeur, qui elle vit sa belle vie en société - ce qui pourrait être utile -, on lui a aussi généreusement donné des exemplaires des livres qu'elle a écrit pendant ses aventures. Bah voyons. Kingsley considère que ces ouvrages ont littéralement été financés par l'Ordre: c'est eux, après tout, qui ont permis à Parvati de s'enfuir du pays, supposément pour aller vivre sa meilleure vie ailleurs.
Et la voilà de retour, comme si de rien n'était.

Une réfugiée, un misérable premier cercle. Il a appelé en avance la planque où elle se trouve et quand il arrive, il est accueilli avec une déférence obséquieuse qui lui fait lever les yeux au ciel; il se contente de quelques mots avant d'être conduit au bureau privé où il a demandé à rencontrer Parvati, comme un inspecteur de police avec son témoin récalcitrant. Kingsley s'arrête néanmoins en route pour récupérer une tasse de thé et, après une hésitation, une seconde qu'il apporte avec lui dans la petite pièce.
La jeune femme est assise au bureau ornementé et poussiéreux poussé dans un coin de la pièce, et il lui adresse un sourire - sans grande chaleur ni sincérité - quand elle tourne son regard vers lui. "Good morning, Parvati." Il referme la porte derrière lui et s'avance, déposant une tasse devant elle. Derrière lui le suivent un pot de lait et de sucre, qui vont se déposer eux aussi sur le bureau. "Earl Grey," lui indique-t-il avant de soupirer en s'installant derrière le bureau, après avoir défait le bouton de sa veste.

Il ajoute un nuage de lait à sa tasse, ainsi que deux cuillerées de sucre. Kingsley fait tourner sa cuillère dans son thé pendant quelques instants, posant un regard intéressé sur Parvati pour la détailler. Une fois satisfait et convaincu que le sucre s'est dilué, il apporte le thé à ses lèvres, grogne quand il est trop chaud, et le repose sur le bureau. "So. I'm not going to lie to you and pretend that I'm thrilled to have you back." Il se redresse sur son séant et produit, d'une des poches extensibles de sa longue veste en tweed, la biographie écrite par Parvati à propos de Gellert Grindelwald. Il la lance sur la table et l'ouvrage rebondit dans un bruit sourd entre eux. Les pages sont cornées, et il est évident que le livre a été lu plusieurs fois - peut-être pas par Kingsley, en revanche, la biographie ayant passé bien des mains avant de lui parvenir. En revanche, des feuilles et autres cartons semblent s'être glissés entre les pages, comme si son dernier lecteur avait pris des notes et marqué des passages. "Would you be so kind as to sign that for me?" Et un sourire, sincère mais réservé, d'éclairer ses lèvres alors qu'il désigne d'un mouvement de la main une collection de stylos dans un pot, à proximité. "And could you please tell me more about this book of yours?" Comme d'habitude, les ordres deviennent des questions rhétoriques et hautement désagréables dans sa bouche.

Installée sur sa chaise dans le petit bureau elle est renvoyée des années en arrière. Se remémore soudainement toutes ces sensations qu'elle pensait avoir abandonné avec sa scolarité. Malgré une certaine crainte lors de sa première année, Parvati a rapidement trouvé Minerva McGonagall sympathique. Ce qui ne l'empêcha jamais de développer une forme d'anxiété déplacée à chaque fois qu'elle se retrouvait seule à seule avec son ancienne professeure. A devoir discuter de son futur, arrivant toujours à la même conclusion, elle ne se voyait pas faire quoi que ce soit. Ironique pour une voyante. Et aujourd'hui, si la sorcière a plus ou moins trouvé un semblant de projet pour sa vie adulte, elle est plongée dans cette même anxiété. A l'idée d'un entretien avec une forme d'autorité lui rappelant étrangement McGonagall. C'est sans doute la coupe de cheveux. Depuis hier qu'on lui a annoncé, son rendez-vous privé, la gryffindor stresse. Le Boss avec un grand b -en opposition aux quatre autres boss en minuscules- veut discuter. Pourtant elle en a rencontré des gens importants. Les accueillant généralement avec un ton moqueur, témoignant d'un non-respect prononcé pour toute forme d'autorité. Seulement là c'est différent. A l'Ordre elle se sent redevenir la gamine impressionnable qu'elle était y'a dix ans, et le Shacklebolt un leader inatteignable à qui l'on doit respect et écoute.

Et ce n'est pas les mignons pot de lait et de sucre flottillant derrière lui qui réduit l'aura du bonhomme. Ça lui rappelle cependant des heures passées à essayer d'enchanter de tels objets avec Lavender, afin de ne plus jamais avoir à porter un sac de cours. Ce qui la met légèrement plus à l'aise. Alors qu'elle imagine un Kingsley de douze ans, déambulant dans le château, des livres le suivant à la trace. L'air sérieux du réel sorcier la ramène sur terre, malgré le léger sourire lorsqu'il la salue. "Hello..." elle se contente de répondre doucement. La Patil n'hésite pas une seconde avant de se servir une tasse de thé et commencer à boire. Appréciant immédiatement le liquide trop chaud qui coule dans sa gorge, de ses gens capables de s'ébouillanter la tronche sans sourciller. "So. I'm not going to lie to you and pretend that I'm thrilled to have you back." Il a beau se servir un earl grey tout ce qu'il y a de plus british, le bon vieux tact anglais c'est pas son truc à l'auror. Oh peut-être qu'il y a ça aussi. Impressionnée par le faux Alastor Moody durant toute sa quatrième année, Parvati ne s'est jamais sentie très à l'aise face aux aurors. Et si l'illégalité totale de ses actions ces dix dernières années l'éloigne clairement de son ancienne profession, Kingsley garde cet aura aux yeux de notre héroïne.

Qui se ravise de lancer une réponse cinglante, ça vaut mieux. Qui plus est, si l'envie d'en balancer une est bien là, aucune ne lui vient à l'esprit. Pas l'temps pour ça de toute façon, une couverture qu'elle reconnait instantanément orne le livre qui vient d'apparaître. "Would you be so kind as to sign that for me?". Et pour la première fois depuis son entrée en scène, il la surprend. Elle rougit et s'en veut immédiatement, balbutiant un "Of course" en dessinant son nom sur la première page. Soudainement émue en voyant l'état du bouquin. Montrant les signes évidents d'avoir été lu, transporté, d'être passé de mains en mains. Un plaisir certain pour l'écrivaine aventurière. "And could you please tell me more about this book of yours?" Parvati relève la tête. "I-I'm sure I can. I didn't say much in the author's note, thought it would be a bit too self-involved to talk in length about myself in someone else's biography but when I first started to vaguely consider writing it, it was because I personally wanted to know more" L'adolescente s'envole, alors que la discussion prend ce tournant inattendu, la révélant plus à l'aise, contente de pouvoir parler d'un sujet qu'elle considère familier. "It's a huge part of history and we talk so very little about it, here in England. We were completely involved, yet it's like we all decided to never ask anything about it all, or mention it even" La bavarde a repris le dessus, et termine avec une question pleine d'une suffisance qui pourrait paraître insolente si elle n'était pas aussi honnête. "So yeah, I'm very well placed to tell you more about the book, about the events, about the people. What exactly were you most interested by ?"

Kingsley regarde Parvati rougir avec un léger sourire pincé, et l'observe ornementer l'ouvrage de sa signature avec habitude et empressement. Il la détaille d'un regard sombre et intense, habitué à chercher des failles et des indices sur le visage d'autrui, étudiant ses réactions et les pensées qu'il peut deviner se faufiler dans sa tête.
Elle démarre au quart de tour quand il lui demande de parler de son livre; une surprise agréable et bienvenue. "I-I'm sure I can. I didn't say much in the author's note, thought it would be a bit too self-involved to talk in length about myself in someone else's biography but when I first started to vaguely consider writing it, it was because I personally wanted to know more." Le flot de paroles de la jeune femme le fait sourire, plus sincèrement qu'avant, et Kingsley se recule lentement sur son siège avec un intérêt renouvelé, apporte sa tasse de thé encore brûlante à ses lèvres. "It's a huge part of history and we talk so very little about it, here in England. We were completely involved, yet it's like we all decided to never ask anything about it all, or mention it even." Effectivement, de Grindelwald, Kingsley n'a qu'une idée un peu vague - quelques bribes de cours d'Histoire de la Magie, et bien entendu toutes les histoires exaggérées murmurées partout dans le Bureau des Aurors, à l'époque.

"So yeah, I'm very well placed to tell you more about the book, about the events, about the people. What exactly were you most interested by ?" Sa légère arrogance fait sourire Kingsley d'autant plus - elle peut se sentir privilégiée; beaucoup diront que c'est aussi rarissime que de bon augure - alors qu'il se redresse pour déposer sa tasse devant lui. "I'd like you to tell me a little bit more about this." Kingsley produit de la poche intérieure de sa veste un pendentif que Parvati reconnaitra d'un coup d'oeil: au bout du collier en cuir se trouve le symbole des reliques de la mort, le signe de puissance favori de Grindelwald. "I know the tale," il ajoute, désamorçant déjà la longue histoire maintenant qu'il a vu à quelle vitesse la jeune femme pouvait déballer les informations qu'elle pensait pertinentes. "I'd like you to tell me how exactly Grindelwald and his actions related to his beliefs in the Deathly Hallows. And what they mean. It's a folk's tale, it's not real, is it?" dit-il d'un ton soigneusement désinvolte, se demandant si elle va mordre à l'hameçon. "I wonder how such a metaphor motivated a dark mage such as him to do what he did."

Il sourit beaucoup. C'est louche. Est-ce qu'il est censé sourire autant ? Est-ce que ça veut dire quelque chose ? Est-ce qu'elle se pose trop de questions ? Oui. C'est déjà ça, elle a la réponse à une question sur trois, on a vu bien moins efficace de la part de la sorcière. Elle ne l'a jamais beaucoup fréquenté bien sûr, il ne traîne pas vraiment avec les recrues adolescentes, ou en tout cas pas lorsqu'elle a rejoint l'Ordre, et Kingsley a toujours eu cet aura imposant, à qui l'on associerait pas forcément un sourire. Elle n'a aucun mal par contre à l'imaginer avec une moue. Un air renfrogné éventuellement. Mais le sourire, elle ne s'y attendait pas. La suite de ses gestes non plus. Un pendentif que Parvati reconnait immédiatement, son bras droit la grattant doucement, sur le tatouage, affichant le même symbole détesté par nombreux sorciers. Celui d'un homme, d'un mouvement, de bien plus. Enormément plus. "I'd like you to tell me how exactly Grindelwald and his actions related to his beliefs in the Deathly Hallows. And what they mean. It's a folk's tale, it's not real, is it?" Une dernière question qui pourrait paraître insignifiante. Amusante. Evidemment que ce n'est qu'une histoire, un conte pour gamins. Seulement dans sa position, l'ancienne gryffindor ne peut que se demander.

Est-ce qu'il sait ? Qu'elle pense y croire. Qu'elle est presque convaincue d'y croire. Qu'elle y croit définitivement. "I wonder how such a metaphor motivated a dark mage such as him to do what he did." La brune garde son calme, des conversations sur les Reliques, elle en a eu un paquet, troublée une seconde par l'apparition du collier puis la question inattendue, elle se remet aussitôt. "I don't think it really matters if they're real or not, in our situation. They may just be a story for children. But what's important is that he believed in them. Their existence, their power." Elle décide de ne pas lui mentir ouvertement. Une bonne décision à prendre en début de conversation. Ce qui n'implique pas non plus de forcément dire toute la vérité, évidemment. Ses propres idéologies, ses secrets qu'il ne faut parfois pas entièrement révéler. "What they meant for him, and for many great wizards" une pointe de fierté, de se compter parmi eux "has in the end little to do with their legend. The whole deal about becoming master of death and all these pompous embellishments. What they saw in the Hallows, was the power of change. A power strong enough to bring lasting change to our world." Elle essaie de ne pas trop s'emballer à causer de choses qui l'intéressent, le but étant simplement de répondre à ses questions. Pas d'se lancer dans un discours de propagande. "That's one thing they seemed to agree about, the people seeking the Hallows, wether they were Grindelwald or Dumbledore. The world needed to change."

"I don't think it really matters if they're real or not, in our situation." Kingsley arque les sourcils, surpris de l'entendre. Si ils lui permettaient de devenir, en effet, Maître de la Mort, il serait plus qu'intéressé à l'idée de mettre la main sur ces objets de pouvoir... donc il préférerait qu'ils soient réels. "They may just be a story for children. But what's important is that he believed in them. Their existence, their power." Kingsley essaye de ne pas renifler en l'entendant, mais c'est dur; à la place il observe Parvati avec intérêt, le visage impassible. Y croit-elle elle aussi? Il a du mal à se figurer une jeune femme comme elle ayant de nombreux atômes crochus avec l'un des plus grands Mages Noirs du siècle précédent, mais il se trompe peut-être. L'ambition et la soif de pouvoir peuvent prendre bien des formes et des teintes, et il est loin d'être un expert pour les reconnaître.

Les yeux brillants de la sorcère, en revanche, parlent d'une passion rare et bienvenue. Dans sa quête des descendants Peverell et de leurs Reliques, Kingsley n'a pour l'instant pas pu mettre la main sur un tel expert. "What they meant for him, and for many great wizards has in the end little to do with their legend. The whole deal about becoming master of death and all these pompous embellishments. What they saw in the Hallows, was the power of change. A power strong enough to bring lasting change to our world." Les yeux de Kingsley se plissent légèrement, alors que les mots de Johannes lui reviennent en mémoire. You talk about change, but are you willing to change? La réponse lui semblait si évidente, il y a quelques semaines - elle l'est moins maintenant. "That's one thing they seemed to agree about, the people seeking the Hallows, wether they were Grindelwald or Dumbledore. The world needed to change."

Kingsley reste un instant contemplatif, étudiant le visage de Parvati silencieusement. "Do you think so as well?" demande-t-il lentement. "That the world needs to change? Is that why you came back?" Tous les résistants ayant rejoint l'Ordre se battent pour un monde meilleur. Et elle? "I wonder at you, Parvati, so wise and so brave, coming back after all these years. Do you believe that the Order has the power to change things, Hallows or not?" C'est une véritable question, réalise-t-il. Est-il le seul à croire en la fierté et au pouvoir de l'Ordre?

Et la réponse, réalise-t-il aussi, le terrifie.

Elle devrait s'y attendre mais forcément les questions deviennent plus complexes quand il ne s'agit plus de raconter l'histoire de quelqu'un d'autre. Parler des tenants et aboutissants des idéologies d'autrui, elle maîtrise maintenant, dès qu'il s'agit d'introspection c'est plus le même délire. "Do you think so as well?" Bien sûr, qu'elle aurait tendance à répondre immédiatement, changer le monde, c'est le but, l'objectif de tout le monde ici. "That the world needs to change? Is that why you came back?" Mais y'a la suite. Est-ce que c'est pour ça qu'elle est revenue ? Le problème avec cette question, c'est qu'elle emmène directement à se demander aussi pourquoi est-ce qu'elle est partie. Et ça, Parvati évite. Vivant dans le paradoxe constant du regret amer de son départ, et de savoir qu'elle ne le changerait probablement pas si on lui en donnait la chance. "I wonder at you, Parvati, so wise and so brave, coming back after all these years. Do you believe that the Order has the power to change things, Hallows or not?" Puis le final, la question ultime. Elle a passé des années à réfléchir sur l'Ordre, ce qu'il fait, ce qu'il lui a coûté.

"I..." Et pourtant ne trouve pas ses mots. Pensait qu'elle serait prête à défendre son allégeance à l'Ordre, au moins pour la forme, pour ce dont elle en avait besoin. Pourtant l'honnêteté de la question la prend de court. Ne se sent plus de jouer la sorcière aux plans complexes et aux objectifs mystérieux. "I don't know to be honest. I'm not as wise as I pretend to be. I believe that things need to change, of course. And that a fight has to be fought. And the fact is, the Order is the one doing the fighting. It's not so much a question of, do I believe that we have what it takes, but we need to have it." Alors qu'elle cherche ses mots, elle revient sur la partie Hallows de sa question. C'est avec la voix hésitante de celle qui improvise les pensées lui traversant actuellement l'esprit, dans tout les sens, que la Patil continue. "The Hallows in the end, they're just a tool. Only as good as the people wielding them. I think the Order is similar in that way. I don't know everyone here, or even that many people anymore, but I believe in enough of them. I believe in Hermione, and Ron, and all the others. In Lavander. So you know what, I just convinced myself. I'm sure the Order can win. Can we really change the world after that? We'll know then I guess."

Un petit sourire arrogant s'ajoute à la fin de discours, Parvati ne détestant pas s'entendre parler. On pourrait même dire pour éviter les négations inutiles, qu'elle apprécie particulièrement ça. Et alors qu'elle pense avoir terminé, la question des raisons de son retour reste en partie sans réponse. "Learning about the Hallows made me realise I wanted to believe in this kind of change too. And I couldn't really do that from across the world." L'honnêteté naïve lui en a peut-être fait trop dire, sur ses opinions vis-à-vis des mystérieuses reliques, mais tant pis. Elle est gryffindor après tout, yolo.

Un léger silence accueille ses quelques questions, ce que Kingsley sait apprécier - il préfère ça mille fois à une réponse précipitée et insincère. "I..." Il arque les sourcils, dévisage silencieusement Parvati en attendant la suite. Son expression est autant encourageante qu'elle semble défiante, l'enjoignant à le surprendre. "I don't know to be honest." Kingsley réprime un léger sourire appréciateur de venir s'étaler sur son visage et à la place conserve son expression neutre mais intense, ses yeux sombres rivés sur elle. "I'm not as wise as I pretend to be. I believe that things need to change, of course. And that a fight has to be fought. And the fact is, the Order is the one doing the fighting. It's not so much a question of, do I believe that we have what it takes, but we need to have it." Tout est tellement plus simple, résumé ainsi - et Kingsley se demande pourquoi personne d'autre ne pense ainsi et peut voir la guerre comme lui et Parvati le font.

Une bataille doit être menée, à tout prix. Une bataille doit être menée, et vaincue - et peu importe les compromis, les concessions, les prix qui doivent être payés en chemin, tant qu'ils gagnent.

Kingsley déglutit, un peu malgré lui, en hochant la tête - bonne réponse, semble-t-il indiquer. "The Hallows in the end, they're just a tool. Only as good as the people wielding them." Il plisse des yeux. Là aussi, il est d'accord avec elle. De manière similaire, la magie n'est ni bonne ni mauvaise, mais se définit par l'utilisation qu'en font les sorciers. Et il y a peu de choses que Kingsley ne serait pas capable d'accomplir pour le plus grand bien. "I think the Order is similar in that way. I don't know everyone here, or even that many people anymore, but I believe in enough of them. I believe in Hermione, and Ron, and all the others. In Lavander. So you know what, I just convinced myself." Kingsley renifle. "I'm sure the Order can win. Can we really change the world after that? We'll know then I guess."

Kingsley a dû mal à se figurer la fin de la guerre. Qui sera-t-il? Un Kingsley victorieux et conquérant est difficile à se figurer. Au final, il aimerait simplement retrouver les terres Shacklebolt ou, au contraire, s'en éloigner et avoir les siennes à lui et pas à sa famille. Se reposer sous un arbre, profiter d'une vie simple et fatiguée après des années et des années de lutte et de conflit. Rien de plus. On lui prête souvent une ambition démesurée, mais Kingsley est fatigué. Fatigué de porter tous les pêchés de l'Ordre sur les épaules, comme si il en était le seul leader et décisionnaire. Fatigué d'entendre le monde entier vouloir tout et son contraire à tout bout de champ, comme si il pouvait accomplir des miracles.

Fatigué, juste fatigué.

Peut-être que si tout le monde était de la trempe de Parvati, la guerre aurait déjà fait son temps. "Learning about the Hallows made me realise I wanted to believe in this kind of change too. And I couldn't really do that from across the world." Un rapide sourire vient soulever le coin de la bouche de Kingsley, dans une esclaffe rapide. "Interesting." Il hoche la tête d'un air sérieux. "Thank you for answering with candour." Il espère, du moins. "I might come back and ask you a few things about the Hallows at another date. In the meantime, I'll make sure you're taken cared of. Hopefully, you'll get out of here before it gets old." Il fait un rapide mouvement de la main autour d'eux, avant de s'immobiliser de nouveau en la regardant. Elle a semblé être honnête et ouverte à la conversation avec lui alors Kingsley se permet: "do you have any questions for me?" demande-t-il posément, un privilège rare qu'il n'accorde pas à tout le monde.

S'attendant depuis quelques jours à passer un entretien d'embauche misérable, la sorcière était prête à défendre avec vigueur toutes les raisons pour lesquelles elle ferait, cette fois, une membre parfaite de l'Ordre. Et se retrouvait donc presque déçue de ne pas avoir à les utiliser. Avoir ruminé dans sa tête des réponses imaginaires à d'hypothétiques questions pendant de longues minutes pour finalement improviser sur divers sujets inattendus. Ca se passait bien, en tout cas Parvati en avait l'impression, toujours difficile d'être certaine face à un auror, donc pas de raisons de se plaindre. Enfin si bien sûr, quand on peut se plaindre mentalement à quoi bon l'éviter, être raisonnable ? C'est pas un truc de sorcier ça. Encore moins un truc de révolutionnaire. Alors elle est quelques secondes embêtées l'ancienne gryffindor, d'avoir gâché des après-midi à stresser pour rien. Puis elle se souvient qu'elle n'avait de toute façon pas grand chose à faire durant ces après-midi, et les aurait probablement passés à stresser sur d'autres sujets. Genre la guerre, la mort, tout ça. Les habituels. Les chiants. "Interesting." Ca la rassure d'être intéressante, ça fait un moment qu'elle a rien écrit, faudrait pas qu'elle perde ses habitudes. Le bouquin toujours posé sur la table, c'est son dernier, son plus gros boulot et c'est jamais évident de s'y remettre après un travail aussi dense. Elle aimerait bien un sujet plus léger la Patil, seulement en ce moment, ils sont pas simples à trouver.

"Thank you for answering with candour. I might come back and ask you a few things about the Hallows at another date." A la place d'un curriculum vitae et de lettres de recommandations, ce sont ces hallows qui ont pris, encore une fois à la grande surprise de notre protagoniste, une place centrale dans cette discussion matinale. La vingtenaire s'attendait à devoir tituber dans le noir les yeux bandés et les oreilles bouchées dans sa recherche des vieilles reliques, n'avait pas envisagé que beaucoup d'autres s'y intéresseraient. Peut-être aussi activement qu'elle. Et qu'éventuellement, les informations ne seraient pas aussi difficiles à trouver qu'elle l'envisageait jusque là. "In the meantime, I'll make sure you're taken cared of. Hopefully, you'll get out of here before it gets old." Le reste de tension se détache de la sorcière alors que le suspense est levé. Ca semble positif comme conclusion. Avec l'espoir prochain de se retrouver à nouveau parmi les rebelles. Et alors qu'elle suppose l'entretien terminé, la pression disparue, le moment pour les réjouissances, Kingsley ajoute quelques mots inattendus. "Do you have any questions for me?" C'est marrant, à chaque fois qu'elle pense avoir cerné la direction que va prendre la discussion, il balance une nouvelle surprise. Un tacticien génial le Shacklebolt.

"Well... If I'm not out of line..." Ce qui habituellement ne la dérangerait pas plus que ça, l'aventurière. Elle vit hors des lignes. Tout du moins si l'expression avait le moindre sens en français. "What made you so interested in all this?" Elle montre le livre du doigt, mais pointe plus généralement dans la direction immatérielle des Hallows. "Apart from my inspiring prose, obviously." Et toujours le petit sourire satisfait de la blague à peine assumée.

"Well... If I'm not out of line..." Kingsley arque un sourcil curieux, mais pas de manière désagréable. Au contraire, même. Beaucoup de jeunes résistants n'osent pas péter de travers devant lui, et encore moins faire des demandes déplacées - il a le caractère qu'on lui connaît, et ne tarde jamais à remettre les points sur les i au besoin. Mais tout ce que pourrait lui demander Parvati est fair game: c'est lui après tout qui l'a invitée à lui poser la moindre question. Il fait un geste de la main pour l'inciter à continuer. "What made you so interested in all this?" Kingsley regarde le livre qu'elle pointe du doigt, même si il comprend qu'elle parle des reliques.

La question est personnelle, et clairement hors des lignes, mais ne le dérange pas. Pourquoi s'y intéresse-t-il à ce point? Difficile à expliquer, même pour lui. Qui n'a pas rêvé d'être le sorcier le plus puissant de tous les temps? Qui peut l'admettre sans s'attirer des regards craintifs? "Apart from my inspiring prose, obviously." Il relève les yeux vers elle, visage impassible face à la vaine tentative de plaisanterie. Il réfléchit quelques secondes avant de répondre. "I was a kid when I first heard the tale. It always fascinated me but it was always just that - a tale. Some folk story people would use as a cautionary tale for greed, ambition and power." Kingsley passe la main sur le livre fermé face à lui, pensif. "Yet it would always come back to me. When I would be sneaking around the house as a kid and get caught, I'd wish I had the cape. When my fiancée died..." Il fronce les sourcils, s'éclaircit la gorge. "I would have given anything to have one last conversation with her, consequences be damned."

Il retrace du bout du doigt le symbole sur la couverture, discrètement inscrit autour du cou du portrait de Grindelwald. Il est perdu dans ses pensées et ses souvenirs pendant quelques instants, avant de relever son regard sombre et intense sur Parvati. "And now that we are fighting the greatest Dark Mage our world has ever seen, one who has cheated death many times and plan to cheat some more. Who wouldn't want to be Master of Death against such an individual?" La vendetta de Kingsley est devenue personnelle. Il se reposera seulement quand Lord Voldemort sera six pieds sous terre.

Kingsley se relève d'un mouvement brusque, faisant râcler au sol la chaise derrière lui, et le livre disparaît dans une poche invisible de son manteau. "Thanks for your time, Parvati." Il la dévisage posément une dernière fois. "I'll sort things out for you. We'll need your expertise soon enough." Il hoche la tête dans sa direction, un signe de respect, avant de se détourner et de quitter la pièce sur une dernière phrase: "Until then, make yourself useful any way you can." La recommandation qu'il dépose aux pieds de tout le monde, avec le même sous-entendu éternel chez lui: et n'oublie pas d'essayer de m'impressionner.

L'arrogance déplacée poussant à poser des questions qui le sont elles aussi, déplacées. Difficile de faire attention aux rapports sociaux quand on a fréquenté des mages noirs historiques. C'est le danger quand on est biographe, à force de discuter avec des gens importants, on se met inévitablement à péter plus haut que son cul. Alors Parvati se permet probablement un peu trop. En même temps, pourquoi est-ce qu'elle arrêterait si elle s'en sort sans problèmes ? Elle écoute attentivement la réponse de l'ancien auror, y trouvant les explications habituelles. Peut-être pas toujours présentées aussi directement, les chercheurs de reliques ont un naturel secret, mais lorsqu'ils avouent, on en revient toujours à ces causes similaires. Le pouvoir, le changement, la perte d'un être cher bien trop souvent. La curiosité timide qui éveille l'envie ensuite, parce que y croire, c'est avoir une solution. Et on en veut tous, des solutions. Probablement la conclusion à tirer de cet entretien, maintenant qu'elle y pense. Que ce soit la jeune sorcière qui vient de rentrer dans le conflit, ou le co-leader qui se bat depuis des années, tout le monde cherche la même chose, apporter une solution.

Elle y connait rien en matière de Voldemort, Parvati, alors elle ne peut que lui faire confiance. De réputation, tout ça se tient, le genre de personne qu'on préfère affronter avec des reliques légendaires rendant invincible. Après tout, s'il a le droit de tricher en revenant constamment à la vie, dans notre camp aussi on devrait avoir des trucs abusés. Probablement pour ça qu'on perd.

Et aussi soudainement que tout ça n'a commencé vient le "Thanks for your time, Parvati." Il s'est levé, le bouquin a disparu, fini les révélations plus ou moins intimes sur des histoires du passé. "I'll sort things out for you. We'll need your expertise soon enough." Alors qu'elle se souvient du but originel de l'entretien, le reste de pression quant à la rencontre s'évapore. Ca a tout l'air d'être une réponse positive, de la place pour elle chez les phoenix. Au final ça l'a stressée tout ça, elle savait bien qu'elle pourrait pas revenir soudainement au pays et reprendre sa place. Comme si les années n'avaient pas passé. Savoir qu'elle en a une de place, après sa fuite, sa trahison, c'est agréable. Alors elle sourit. Bien plus que lorsqu'elle tentait des traits d'humour douteux durant la conversation. "Thanks! I can't wait to be of use." En attendant, bien sûr qu'elle se rendra utile, va falloir la gagner cette guerre. Etrange comme on peut redouter quelque chose pendant des jours, cette discussion avec le Shacklebolt en chef, pour finalement en ressortir heureuse de l'avoir vécu. Le baume au cœur, la volonté rechargée et surtout l'envie d'en découdre.