Une fois de plus, ils se sont retrouvés dans l’appartement d’Herbert. Petit cocon où personne ne les observera d’un regard jugeant ou accusateur car c’est bien la dernière choses dont ils ont besoin tous les deux. Le slughorn, en tout cas, est terrifié à l’idée que sa famille l’apprenne d’une façon ou d’une autre, la goutte d’eau qui ferait déborder le vase déjà bien rempli de son inadéquation. Et s’il se répète constamment qu’il fait bien ce qu’il veut avec qui il veut, sa confiance s’arrête aux mots. Il n’est pas prêt, et le monde ne l’est clairement pas non plus. Donc, les deux sorciers s’octroient ces parenthèses dans le plus grand des silences à l’abri des curieux et des mal intentionnés. Son appartement n’est pas des plus spacieux pour un sorcier de son rang, et le bazar qui s’est installé comme une compagne n’arrange en rien la situation ; des vêtements sont éparpillés sur le sol, des babioles achetées sous le coup de l’impulsion et des parchemins s’amoncellent les uns sur les autres se disputant la place à de nombreux livres de potions et d’ingrédients magiques, si bien qu’il n’y a pas d’espace pour se poser sans prendre le risque de renverser l’équilibre précaire de ce bordel organisé. Son appartement est à l’image de son cerveau, embrouillé et cacophonique, vivant.

Le seul meuble épargné par la tempête qui se prénomme Herbert est le lit, où ils reposent d’ailleurs tout deux. Le drap en satin - il ne prend que le meilleur - recouvre partiellement son corps dénudé, et sa tête repose sur un de ses bras replié alors qu’il profite de cet instant de calme où son cerveau ne bouillonne pas de mille informations à traiter à la fois, où il peut simplement écouter leurs deux respirations et les battements de son coeur qui  résonnent contre son torse. Cela ne fait pas bien longtemps que Nemo et lui se côtoient, enfin c’est peut-être là un bien grand mot pour définir la relation sans attache et assez récente qui les unit, mais à défaut d'en trouver un meilleur, il se contentera de celui-là. Et si ce n’est pas pour lui que le palpitant de Bebert s’agite chaque soir, il a trouvé en sa personne un surprenant réconfort : des caresses, des câlins, parfois plus, souvent moins. Il prend ce qu’on veut bien lui tendre, s’accroche à des petites parcelles de bonheur.

Cependant, le silence s’est installé dans la chambre bien plus longtemps que ne le tolère le brun, il se tourne donc en appuyant du même coup son coude sur le lit et sa tête sur sa paume, et prend la parole. solennel, presque trop. “You’re quiet today.” Sa voix est un peu éraillée, il se racle la gorge avant de reprendre. “I mean more so than usual.” Herbert a bien une petite idée sur la raison de son état, il s’intéresse assez au Quidditch pour avoir entendu la nouvelle, et si d’ordinaire il a tendance à parler plus vite que son ombre, leur relation est bien trop fraîche pour qu’il se permette un tel faux-pas. Bien qu’il ne manquera sans doute pas de le questionner encore et encore jusqu’à obtenir satisfaction. Il aime la discussion au moins autant que rassasier sa curiosité et il faut bien reconnaître qu'il y a quelque chose dans le regard de Nemo, un verrou dont il aimerait avoir la clé, un coffre fermé qu'il voudrait entrouvir.

Il n’avait jamais été bon pour les mots de réconfort Herbert. Une épaule pour pleurer, un corps pour se réchauffer, des blagues pour minimiser, cela oui il le pouvait. Mais trouver les bons mots, qui éloignent les blessures et guérissent les coeur ; cela ne faisait pas du tout partie de sa spécialité. Il avait toujours été plutôt du genre à poser une main un peu timide contre un dos et proposer une boisson chaude plutôt que toute autre chose. Il ne s’explique donc pas trop pourquoi il a posé cette question à Nemo alors qu’il sait d’avance qu’il ne pourra rien dire de lumineux, que sa langue se fera lourde contre son palais alors qu’il se retrouve impuissant face à la douleur de son amant. Sans doute le silence trop long qui a précédé la question et la différence perceptible dans les caresses qu’ils ont partagées ont poussé le sorcier à s’enquérir bien audacieusement du trouble qui l’agite. Il s’en mord la langue en attendant la réponse. S’attend même à le voir partir, ou se faire envoyer promener, après tout ils n’ont jamais établi les limites de leur relation et Herbert a la fâcheuse tendance à les dépasser sans y prendre garde, sans même s’en apercevoir avant qu’il ne soit trop tard.

Cependant, Nemo lui répond simplement. Herbert reste un instant perdu dans ce qu’il pourrait lui dire à son tour, à court de mots comme on pouvait s’y attendre ; il n’a rien pu dire toutes les fois où Gabriel est venu le trouver dans une situation similaire. Pourquoi cette fois serait-elle différente ? Heureusement pour lui, la conversation dévie vers un chemin moins inconnu pour le jeune potionniste. Il plante son regard dans les prunelles noires d’encre de son amant, un peu abasourdi par cette question posée - totalement aveugle à la colère qui gronde à l’intérieur de l’homme bafoué - et un léger sourire coquin ourle ses lippes, avec un clin d’oeil, sa main glisse contre la joue, y dépose quelques caresses pour compenser son manque certain d’habiletés sociales. “Of course I still want to see you. Didn’t you hear? Sailors are the new sexy.” Et de bouger ses sourcils un peu trop grossièrement. Faire le pitre, ça il sait. Embrasser, ça il sait. Le reste ? Beaucoup moins. Mais il est honnête Herbert, il se fiche bien du métier que peut faire son amant, ne voit pas le sang - plus maintenant - ne voit pas le prestige, ne voit rien que celui qui lui fait face aujourd’hui. Le Slughorn n’est qu’un raté aux yeux des siens, tout juste bon à tenir la boutique en l’absence définitive de son père, pas même capable de trouver sa voie, pas même fichu d’avoir une fiancée et d’être comme tout le monde. Il prend des miettes d’affection là où il peut, et ces miettes se trouvent être en l’occurrence apportées par l’ancien joueur de Quidditch - ce que ça sonne étrangement dans son esprit quand même, ancien - ce n’est donc pas Bebert qui mettra un terme à leurs rencontres.

Sa main continue inconsciemment le ballet sur le visage de Nemo, des arabesques que ses doigts dessinent sur sa joue en suivant la courbe de sa pommette. “I still want you.” Il ajoute, une octave plus basse quand il réalise qu’il s’est perdu dans ses pensées, et laisse échapper un soupir “And unless you find a beautiful foreign lover while you’re away, there’s no reason for us to stop. right?” chaque confession est maquillée derrière une nonchalance ostentatoire. A ce stade, il ne sait même plus vraiment ce qu’il dit, ni pourquoi. Il se retourne encore, pour se retrouver sur le ventre, sa main abandonnant le visage du futur marin pour toucher le drap luxueux qu’il s’est acheté. “When you come back, you’ll have so many stories to tell. And I’ll be there to listen. Oh! I can already imagine you, on a boat with the wind caressing your ridiculously perfect hair. It’ll be so exciting to see the world, to leave England and just, you know, disappear into the sea for a while. I’d like that.” Sa phrase se termine dans un murmure, les derniers mots lancés plus pour lui que pour Nemo en oubliant que ce départ n’a certainement rien d’une aventure volontaire ou de vacances au soleil.

« Even if I find someone, I doubt it would lead to anything, you know how... difficult I can be? Should I say difficult or picky? Or not sure of myself. » Herbert secoue la tête, un sourire amusé toujours en place sur ses lèvres, il ne comprend pas comment Nemo peut douter ainsi de lui-même “I  don’t find you difficult. But I think I get it. Sort of..” mais les deux hommes s’ils s’apprécient - de cela il ne fait aucun doute - ont eu des parcours de vie bien différents. Herbert ne pourra sans doute jamais comprendre complètement son amant, et c’est ce qui fait une partie de son charme sans aucun doute. Ils peuvent s’ouvrir sans rien attendre l’un de l’autre. C’est libérateur.

Peut-être est-ce étonnant, mais Herbert n’a jamais quitté la Grande-Bretagne, excepté pour la seule fois où ils ont passé des vacances de famille en Irlande, mais cela ne compte pas tellement, il était très petit et les souvenirs qui lui en restent sont bien flous aujourd’hui. Des sensations plus que tout autre chose. Ce n’est pas l’envie qui manque pourtant mais plutôt le temps et l’énergie qu’il faudrait mettre dans l’organisation. Il rêve donc d’un ailleurs, de parcourir le monde, pourquoi pas de prendre la mer et quand Nemo lui propose de le rejoindre un jour sur son bateau, il s’imagine déjà sur le pont du navire, à scruter l’horizon avec l’odeur iodée venant chatouiller ses narines. L’idée est agréable, alléchante même. Bien qu’il doute pouvoir tenir plus de quelques jours enfermé dans une cabine sans devenir fou d’ennui. Malgré ce qu’il peut donner à voir, Herbert est assez conscient de ses failles, surtout de cette énergie qui pulse dans ses veines à longueur de journée, qui fait bouillir son esprit, et agiter ses muscles. Comme un enfant, il tape dans ses mains en s’extasiant à l’idée d’un tel voyage. “You think that’d be possible ? I’d like that very much. Our litte seafaring adventure sounds delightful. Just the two of us outside of this appartment, that’d be a nice change of air.” Our, ce mot sonne bien à ses oreilles. et si cela ne reste que de l’ordre du rêve, il est bien beau et il n’appartient qu’à eux. Cette promesse est à l’image de ce léger baiser déposé sur son épaule, un frisson le parcourt, un sourire s’étend sur son visage. Herbert est comblé pour quelques heures, il ne demande rien de plus.

La main d’Herbert retrouve à nouveau le corps de Nemo, des caresses sur le bras, il fait des dessins invisibles et imaginaires sur sa peau alors qu’il réfléchit à sa semaine. uneventful truly. Mais le Slughorn a une réputation à maintenir, une conversation à entretenir, la gaudriole au bout des lippes. “You’ll be happy to know that I’m this close to invent a fantastic potion, I’m working on it since my fourth year at Hogwarts and yesterday I finally found one of the remaining ingredients. Ok, it was perhaps by accident, a flask may have fallen in the cauldron while I wasn’t paying attention. so I have to start it again because I have no idea how much of it fell and what’s the correct dosage, but it’s a big step don’t you think?!” Ses épaules sont secouées par le rire qui s’échappe de lui et se répand dans l’air de la pièce. Parfois, Herbert est persuadé que les accidents n’arrivent pas par hasard. Il ne précise pas que si la potion a fonctionné, le surplus du liquide a également développé une légère fumée verte d’une odeur nauséabonde qui s’est accroché à son corps dont il n’a pu se débarrasser qu’après de nombreuses douches. Heureusement que le ridicule ne tue pas, Herbert serait mort depuis longtemps.

Ces moments qu'ils passent à deux, dans le confort de l'appartement bordélique d'Herbert ou bien dans un bar à rire et boire des verres, sont des souvenirs que le sorcier emmagasine et chérit quand il se retrouve seul avec ses pensées envahissantes. Il ne peut avoir qui il veut, mais quand il est avec Nemo il oublie tout le reste. C'est étrange vraiment, Herbert ne pensait pas qu'il s'attacherait autant à Nemo, à leurs discussions, à ses caresses et ses baisers ; il ne s'imaginait pas non plus que le joueur de quidditch reviendrait le voir encore et encore. Et pourtant, si. Il n'attend rien de cette relation, mais profite de chacun de ces grains d'affection.

Ses doigts glissent sur la douce peau de son ami-amant tandis qu'ils discutent maintenant de son invention. son esprit s'éveille après l'engourdissement des sens, il sent les rouages qui s'agitent et vibrent dans sa tête et son excitation trouve un echo dans le sourire et les paroles de Nemo. Il aime parler de ses idées, autant qu'il aime parfois les garder pour lui. Bebert n'en parle pas à tout le monde, aurait peur de se voir coiffer au poteau par un autre inventeur, mais pas avec lui, jamais. Il lui fait confiance sans avoir jamais percé le mystère qui l'entoure. "Aw you're just being nice. I am not that good ... Well actually, yes I am." Un rire doux s'échappe de ses lippes du même temps qu'il sent une main se poser contre sa nuque, son esprit s'échappe vers des rêves sensuels avant de se poser sur sa potion ; s'il a souvent l'impression que ses pensées lui échappent, glissent en lui pour disparaître et réapparaître au moment le moins opportun, parler lui permet de les tenir dans le creux de sa main. "It's a secret, but i'll make an exception just for you. In Hogwart I had a remembrall - you know me afterall so that musn't be a surprise - but it was not really helpful. I mean a ball that becomes red when you forget something it's great yet completly useless when you can't remember what you've forgoten, don't you think. It's almost sadistic when you think about it. You know there's something you forgot but can't remember what it is. And that's where my potion comes in handy. You drink it and it helps you remember the words you have on the tip of your tongue, or this thing you had to do yesterday and that sort of stuff. Nonetheless, it's really tricky to mess up with the brain and I have to be very careful, imagine my potion took memories away instead of giving them back." Herbert ne se rend compte du long discours un peu chaotique dans lequel il s'est lancé que lorsque ses lèvres se referment, un sourire fier sur son visage. Il ne fait pas dans la fausse modestie et est étonnement heureux de pouvoir partager cet aspect de sa vie avec quelqu'un qui compte à ses yeux. Quelqu'un comme Nemo. dans l'effervescence, le potioniste s'est rapproché de son amant, et dépose maintenant plusieurs baisers sur son épaule et son bras. Des promesses de rien de plus que ce qu'ils partagent déjà. Des douceurs qui n'appartiennent qu'à eux n'en déplaise aux autres."Am I making any sense at all?" Demande-t-il entre chaque caresse de ses lèvres sur la peau du sorcier. "In my head it's crystal clear but I'm not the best at telling what I'm thinking or what I'm feeling. It's as if there was a big nothing between my brain and my silly mouth!" On lui a souvent reproché d'ailleurs de ne pas penser comme tout le monde, d'être hermétique et trop fermé derrière ses dehors avenants et extravertis, du moins certains professeurs et sa mère. Toutefois, Herbert ne souhaite pas penser à ces personnes alors qu'il passe un moment agréable dans ses bras compréhensifs.

Herbert aime bien s'entendre parler de sa recherche, surtout à Nemo. Il y a peu de choses dont il a l'impression de pouvoir se sentir fier ; sa mère y étant sûrement pour quelque chose. Difficile de s'accepter lorsque sa propre génitrice remettait sans cesse vos capacités en question. Mais il se sait doué lorsqu'il s'agit de ses inventions, ne doute jamais de lui et ce, même lorsqu'il échoue. C'est frustrant parfois de ne pas réussir du premier coup, il a fait exploser plus d'un chaudron, a raté plus d'une potion et le mélange actuel n'a toujours pas le bon dosage ni la recette parfaite. Pourtant, le sorcier est persuadé qu'il finira par réussir. C'est cette certitude évidente qui lui permet de continuer même lorsque tout échoue.

C'est pourquoi il se perd dans des propos qui pourraient vite devenir incohérent ; avec quelqu'un d'autre Herbert ferait certainement preuve d'un peu plus de prudence (on ne sait jamais) mais Nemo n'est pas mal intentionné, et le brun sait qu'il peut lui faire confiance pour ne pas révéler ses secrets, pour tout lui dire sans rien lui cacher. "You’re not silly, your mouth is just fine." Herbert sourit dans le baiser que lui donne Nemo et sa main vient caresser les cheveux à la base de la nuque de son amant lorsque celui-ci dépose son visage contre son cou. En toute honnêteté, le Slughorn n'était pas habitué à tant de tendresse. La plupart du temps, il trouvait quelqu'un pour partager un moment d'extase avant de se rhabiller et de partir. Mais avec Nemo, il pouvait prendre son temps, ils passaient parfois même plus de temps simplement dans des étreintes simples, l'un contre l'autre à parler de tout et de rien. Il y avait quelque chose de bien plus satisfaisant dans ces échanges. Une complicité particulière qu'il ne retrouvait d'ordinaire qu'avec ses amis. « Of course, I would recommend you work on your pitch if you have to sale it to people in the future, » il rigole à ce commentaire, prend un air faussement outré pour faire bonne mesure mais doit bien reconnaître que présenter des projets n'a jamais fait partie de ses qualités. Il a trop tendance à s'emmêler les pinceaux, à partir dans trois directions différentes avant de retrouver le chemin de la sortie. L'atmosphère s'assombrit quelque peu quand Nemo reprend la parole. Herbert sent l'inquiétude percer dans sa voix, son sourire s'élargit un peu plus, prend une note attendrie. Il n'a pas l'habitude qu'on s'inquiète pour lui (si on oublie Gabriel). « Aren’t you afraid to loose your memories, I imagine you are the kind of inventor who tests his potion personally, it’s a risky area of work.In our potion classes, but we had books to tell us how the potion should look and smell if we succeed. You don’t have that luxury, so please, don’t take that kind of risk, what would anyone do with an inventor who lost his memories ? » "Don't you worry about me, I respect everything they teach us in the Notebook of a potionist. Well, not e-ve-ry-thing, but you get the idea." Sa main glisse de sa nuque à son épaule où il se met à dessiner des spirales infinies. "It's cute, you know, you worrying about me. But I'm not the one who'll go gallivanting all day on a boat darling. So you'll be careful, I'll be careful and we'll meet again." Herbert utilise l'humour pour faire teinter son inquiétude. A leur manière, ils se lancent tous les deux dans une aventure qui peut s'avérer dangereuse, mais même en le sachant, le potioniste ne ferait marche arrière pour rien au monde.

Il vient ponctuer ses propos d'un doux baiser sur sa joue, puis d'un autre à la comissure de ses lèvres, avant de le serrer contre lui. "Everything's gonna be alright," il murmure contre son oreille sans en être certain. Mais c'est généralement ce que l'on dit dans ce genre de situation, non ?