BIENVENUE SUR SMOKE & MIRRORS. Un forum Harry Potter alternatif qui diverge du canon à partir du tome 5 où Harry est capturé par les Death Eaters lors de la bataille du Département des Mystères. L'action se situe 12 ans après, en 2008, dans un Royaume-Uni gouverné par Lord Voldemort.

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 DROWNING IN THE NIGHT (REIWAL)

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Emmitouflés dans leur peaux d’ours et de mouton, la meute se sait et se sent aux corps lovés les uns contre les autres — et au ronflement caractéristique d’Adam.

Un bruit de fond qui a, pendant les premiers temps, rassuré les loups ici présents. (C’est que le repos est permis, que tout va bien.) Régulier, comme une présence sécurisante, émise et ressentie par l’ouïe, par l’instinct profond qui les fait tantôt vibrer de colère et de rage, tantôt les réunir dans une coalition animale mais chaleureuse, rassurante — unifiante. Et beaucoup d’entre eux ont retrouvé le sommeil, qu’il soit mouvementé ou à défaut, morcelé par l’anxiété latente.

Avant d’être ainsi tassés et ronflants, l’Alpha à la tignasse bleue, sous les recommandations - répétées et routinières - de Shona, a passé une bonne heure à leur « raconter une histoire ».
Et n’ayant que très peu dormi la veille, Reinir avait fini par attraper son grimoire de Runes Islandaises expliquées par son aïeul — qui, lui aussi, avait fini dépassé par sa propre conscience, arborescente et satellisée à l’extrême.

Et ça marche.

Sans doute qu’en plus d’être boring à souhait pour les non initiés — voire passionnés, vu le morceau —, la musicalité caractéristique de sa langue natale, entre ses lèvres, devient très vite soporifique.

Ça lui permet aussi de les voir sombrer un à un, une façon pour lui de veiller, jusqu’au bout. Il n’y a plus d’Owen à assommer à coup de bûche ou de poings… alors la première fut June. Puis Shona, les cheveux caressés doucement, de manière régulière, par Nawal, sa gardienne attitrée. Ce fut l’une des dernières à se reposer les paupières et, dès qu’Adam fut parti dans les limbes à son tour, leur père avait coincé son grimoire sous sa tête douloureuse et lourde.

Tous les souffles s'étaient cadencés tranquillement — tous, sauf un, moins lent, avec un myocarde faible : Nawal.

Elle a souffert Nawal.

Souffert du regard, de l’inquiétude, de la rivalité — et de la méchanceté, parfois, au début. Mais Owen n’est plus là pour la rabaisser ; cet idiot n’a jamais compris qu’il n’avait pas à le faire, car c’était déjà le cas.
Nawal sait très bien où est sa place.
Nawal qui vient d’ailleurs, mais peu loin du cœur — le même qui l’a poussé à l’adopter. C’était écrit quelque part, dans les étoiles qu’il connaît mieux que les contours de sa propre ombre.

Allongé, il sait qu’elle veille. Il sait mais ne peut lutter face au sommeil qui l’appelle, qui l’envase. Même s’il ne dort jamais vraiment ; comme les autres, emmitouflés dans leur trauma.

La phase actuelle de la lune est facilitatrice : dans d’autres circonstances, quand leur reine à tous se remplit dangereusement d’opalin, d’autres méthodes s’imposent à elleux.
La tempe de Mani sur son épaule, l’épine dorsale vrombissante d’Adam contre sa jambe, le front de Neil et sa respiration calme contre ses côtes ;
Il s’endort.

[

        Étendu sur la roche froide d’une falaise. Fjörður.

               Bruits, crissements d’insectes.
               Ça vient d’en dessous.
                                   (et d’en-dedans)

        Mal, mal, mal dans les côtes, ou plutôt entre —
                           ses bras ne bougent pas, il ne peut pas.

         Il se met à hurler mais aucun son ne sort.

Très fort…
Le silence.
Trop fort, le silence.

Les yeux se ferment, avec eux naît un black-out léger — phase 2, l’éternité qui s’éternise.

Une plage au sable humide, plat, gris, froid ;
       il s’est coupé la plante des pieds avec des tessons et il s’en fiche —
           sans les voir, il sait qu’il saigne ; et c’est drôle :
                les tessons, c’est des griffes de loup pilées, taillées.

C’est une vague d’encre qui s’élève de la mer — il reconnaît cette mer, sa mer.

Elle arrive, soulève le sol avec lui, il se retourne, c’est le fond d’une caverne froide — la mer arrive, impitoyable de son amour, mais il se résigne à mourir.

Encore une fois ; si ça lui fait plaisir.

                              (SORTIR)

]


Cinquante-sept minutes, (ce nombre sent la pluie dirait-il), c’est ce qu’il lui a fallu pour se faire engloutir dans le cauchemar — et les Anciens Ases savent qu’il est pénible, ardu pour lui de se dire que c’est faux.

Parce que le faux coïncide le vrai dans son existence ; dans sa réalité déchirée.

Tout le temps.

Trop vite il s’est jeté dans l’oubli, et très vite arraché à un presque-sommeil qui n’a rien de réparateur.

Jamais.

Sortant d’une noyade profonde quoique résignée, il reprend de l’air à plein poumons en ouvrant les mains et les yeux, toujours dans sa position inconfortable — à plat dos.

La tension dans son corps fait ouvrir l’œil à Mani, qui murmure quelques mots avant de se retourner et de se rendormir — ça va, fait son geste de main à lui seul sur le sommet de son crâne soyeux. C’est un réflexe plus qu’autre chose alors qu’il est poussé à sortir — de la pièce, de la maison même. Il lui faut de l’air — et surtout ne pas se noyer ; il doit les sauver et emporter la mer avec lui.

Alors il se hisse avec une précaution extrême, la tenue un peu bancale au départ ; replace la couverture sur les épaules de sa 1ère Beta. Nouveau réflexe avant de défléchir les jambes, se redresser, son grimoire au bout du bras, et s’extirper par l’issue principale donnant sur la cour — une bête rune de silence y est apposée, ce qui lui permet d’incarner l’ombre fuyante, l’ombre qui sauve.

Fut un temps où les frères O’Meara y avaient droit, dans ses heures de loup à punir. Un silence qui les avait vraisemblablement préparés — il l’aurait de toute façon éliminé, Owen O’Meara, tôt ou tard. Il était devenu un danger pour les jeunes.

Il oublie de refermer derrière — ou peut-être avait-il inconsciemment relevé le pouls et la respiration de Nawal, bien différents de ses autres enfants.

L’islandais, à peine le pied dehors, inspire profondément, à s’en faire fourmiller les doigts et le visage. Qu’inspire t-il ? Certainement plus.

Ses épaules se détendent et s’affaissent, ses jambes flagellent un peu et l’incitent à s’assoir à même le sol encore emprisonné d’humidité.
C'est que la lune n’est pas assez haute et pleine pour l’aider à y voir clair et il réalise que sa baguette est tout sauf sur lui.
Tant pis.
Expire par le nez longuement.
Se passe une main froide dans ses queues de rat bleu électrique — cheveux qui semblent plus noirs que la nuit avec pareil jeu de lumière.

Il met un temps à revenir —
             il n’est même pas sûr d’être revenu.
Le dessous de ses pieds lui font encore mal.
Où est le tapis d’ossements ? où est le sang ? La mer ?
Le parfum naturel de l’Omega lui monte aux narines — elle est réveillée, sort de la caverne.
Quelle heure est-il ? Trop tard pour veiller.
Elle devrait dormir.
Alors il lève les yeux sur elle, il sait ce que ça lui fait quand il fait ça ; mais il continue, et il lui fait un geste subtil pour qu’elle s’assied, elle aussi, quoiqu’elle dise.
Sans dire un mot, parce qu’ils n’en avaient guère besoin.
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Sweeney O'Shea
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Mai 2007 - @Reinir Jónsson

L'atmosphère est bercée par la chaleur des corps collés les uns contre les autres comme une meute de rescapés (ce qu'ils sont un peu, dans le fond). Tout le monde semble dormir ; mais pas Nawal. L'Omega veille toujours, l'angoisse dans un coin de l'esprit ; celle d'être réveillée par le chaos. Par le sang et la poussière, partout. Les paupières restent closes, dans une vaine tentative de trouver le sommeil ; mais rien. Juste l'absence de lumière, un flottement entre deux états ; semi éveillée, semi absente. La sensation d'être coincée dans un purgatoire terrestre. Reinir leur a lu quelques pages d'un vieux grimoire plus tôt, pour les endormir - ils sont tous tombés comme des mouches les uns après les autres, mais pas Nawal. Jamais Nawal. Et, quand elle rouvre les yeux, c'est encore le silence - ou presque.
Les respirations sont tranquilles, le silence est percé par les ronflements sonores d'Adam qui fait vrombir le matelas, les peaux de mouton sous lesquelles les loups se terrent pour échapper au froid. Shona sommeille, férocement gardée par les deux omégas ; la gamine s'accroche au t-shirt de la tunisienne, qui tente tant bien que mal de fermer l'œil, de se laisser bercer par la respiration de la petite blottie contre elle et le ronflement régulier d'Adam qui, même s'il l'empêche de trouver Morphée, lui rappelle qu'il est bien vivant, lui - pas comme les souvenirs et les angoisses qui hantent les lieux.

Raide et immobile, elle fixe le plafond - se détend considérablement quand, après un tour rapide sur les respirations de chacun, elle se rend compte que tout le monde est bien là. Elle se dit alors qu'elle pourrait, peut-être, s'autoriser à dormir : parce qu'elle est fatiguée, et que la môme contre elle l'apaise un peu. Ou peut-être qu'elle essaye de s'en persuader (elle a toujours cette terreur embusquée dans un coin, à deux doigts de lui sauter à la jugulaire). Alors, elle se laisse enfin emporter par le vide qui, elle le sait, ne durera pas bien longtemps car les chimères attendent, sagement tapies dans les ombres, their fangs glistening with blood and unspoken words. Chaque fois que le voile du sommeil s'abat, elles se jettent sur leur victime et la tourmentent sans repos : Nawal n'y fait pas exception.
Quand elle rouvre les yeux, suante et lasse - parce qu'elle n'y est que trop habituée. Elle lève un bras, le laisse tomber devant ses yeux et pousse un long soupir avant de ses stopper, aux aguets. L'œil se balade dans la pièce sombre, s'attarde sur les silhouettes dont le torse se soulève et s'abat paisiblement ; y a une certaine tendresse dans son regard. Un peu de férocité, aussi ; la promesse silencieuse de toujours veiller sur sa famille. Parce qu'elle leur doit bien ça. Parce qu'elle n'a que ça à offrir, aussi : sa carcasse engourdie et traînante.

Y a un courant d'air qui vient de passer dans la pièce ; elle se relève, d'un bond.
Jette un regard autour d'elle.
Se rend compte avec horreur qu'une place est vide.

Reinir n'est plus là.

Le coeur s'affole (where are you?), et l'angoisse monte (don't go). Nawal se passe une main sur le visage, pose délicatement sa main sur celle de Shona qui s'accroche toujours à son t-shirt, défait la pression de ses doigts autour du tissu avec le plus de délicatesse possible, malgré l'urgence qui bat dans son sang - et d'un bond silencieux, elle s'élance vers la porte. C'est idiot, pourrait-on penser, où veux-tu qu'il aille à cette heure. Mais ça fait longtemps que son esprit ne pense plus de façon rationnelle, à Nawal. Elle s'accroche désespérément, égoïstement aussi, au peu de stabilité qu'il lui a offert ; s'agrippe encore et encore à cette main qui lui a été tendue au milieu des flots par l'Alpha au détour d'un couloir, à cette figure qui comble tant bien que mal un manque qu'elle peinait jusqu'alors à occuper, donnant lieu à une dépendance dont elle n'est que trop consciente. Toujours dans l'ombre de l'islandais, minable et décharnée par de trop longues années.

Sans sa meute, elle est quoi ?
Sans son Alpha, elle est quoi ?

(Rien).

Quand elle met les pieds dehors, l'œil affolé sonde les alentours jusqu'à trouver la silhouette de Reinir, par terre, le nez vers le ciel. L'inquiétude lui ronge les os (que fait-il là, comme ça?) et si les bras font un geste pour aller vers lui, elle se stoppe dans sa lancée, se retrouve coincée dans une contemplation silencieuse. On dirait une statue, Reinir - la lune le baigne de ses rayons, entre deux nuages qui se noient dans le ciel noir. Elle n'ose pas parler ni bouger, de peur de briser le tableau : il a l'air si calme, si paisible si bien que, pendant un instant, elle hésite à faire demi-tour (persuadée d'avoir assisté à une scène supposée rester secrète).
La gorge est trop serrée pour parler et, quand il lève la tête pour la fixer droit dans les yeux, le regard de l'Omega s'oriente vers l'humus qui se fraye un passage entre ses orteils, qui semble l'appeler à s'y enterrer. Elle n'a jamais été capable de soutenir son regard, Nawal (peut-être parce qu'elle s'en sent indigne, ou qu'elle a peur de ce qu'elle pourrait y voir). Il lui fait signe de s'asseoir, elle s'exécute sans un mot, docilement (toujours) - se laisse tomber à côté sans un mot, entoure ses genoux de ses bras après les avoir ramenés contre sa poitrine.

Il fait frais, mais ça fait du bien. Ça rafraîchit son front, fait disparaître les dernières gouttelettes de sueur comme une caresse affectueuse - comme baba, chaque fois qu'il revenait la chercher après une pleine lune. Mais elle a plus de baba, maintenant. Plus de akhi non plus. Sa seule famille, elle est ici ; et elle se dit que c'est mieux ainsi. Ils sont tous pareils, entre ces murs bancals - tentent de fonctionner au mieux, malgré les chaînent qui s'accumulent sur leurs pas.
C'est silencieux, ici - plus silencieux qu'à l'intérieur où Adam fait trembler les murs, où Shona lui souffle dans l'oreille et tire sur ses vêtements en lui donnant des coups de pied. Nawal imite Reinir et lève à son tour l'œil sur la lune qui a été, pendant longtemps, son unique amie (et sa pire ennemie à la fois). Les muscles raides se détendent sous les caresses de l'air frais - la main droite effleure doucement l'épaule gauche parcourue de picotements, comme la brûlure le fait souvent (pour lui rappeler des mauvais souvenirs, sûrement). "Sorry for following you here." souffle-t-elle finalement à mi- mot, les lèvres à moitiés collées sur ses avant-bras. Did you sleep ? a-t-elle envie de demander, mais elle connaît déjà la réponse - à quoi bon remuer le couteau dans la plaie. Les doigts s'attellent plutôt à l'importante tâche d'arracher les brins d'herbe qui s'offrent à eux.
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En miroir, il a tiré ses jambes à son flanc et a déposé sa joue froide sur un de ses genoux. Le tissu de son pantalon (un vieux jean) et ses fibres sont tendues là-dessous, ça fait un drôle d’effet. C’est presque réel quand c’est chaud et dur comme ça. La mâchoire fait mal, c’est normal. Nawal est là…
Et elle a mal.
Sa fille s’excuse.
Elle ne l’a pas vu se noyer, et elle n’a pas peur qu’il ferme les yeux.
Tout va bien, alors. Tout va bien puisqu’elle est là sous la lune avec lui.
Le fjord est loin… vraiment ? Vraiment loin.
"Are you hurt?" Qu’il lui demande d’une voix éraillée, connaît déjà la réponse. Nawal est blessée tout le temps. Nawal est née comme ça. Comme toi. Arrachés à la vie, écorchés vifs. Certains disent que tu n’es pas d’ici. C’est vrai. Il n’a jamais été comme eux, comme toi, comme vous. Personne n’a voulu voir, n’a voulu entendre. Combien de fois a-t-il essayé de passer de l’autre côté du voile ? Trop de fois. Heureusement, l’Alpha est là. Sans ses enfants, il ne serait rien. Ils sont lui, des fragments de Soi.
Il n’a pas dormi, ne dormira sans doute pas cette nuit.
Il n’y pense pas, il se demande si elle est vraiment blessée.
Ils sont comme ça, ici. Ils passent leur temps à se grogner dessus avant de vérifier si l’autre n’a pas été affecté. Dire qu’ils ne sont pas en souffrance serait un mensonge, pourtant ; Reinir a retrouvé sa voix, mais c’est encore trop tôt pour le voir, le dire. Guérir, c’est pas facile. La plaie se rouvre sans cesse, brûle et les rappelle à cet essentiel qu’on leur a arraché.
Nawal aussi sent cette brûlure, elle pense aussi à cet autre qui lui a décoré le cœur de roses avant de le crever d’une de ses épines. Ce n’est pas lui qui a fait ça, c’est un autre qu’il n’a connu que quelques années — de loin, de très loin, il avait la crinière dorée, presque vénitienne parfois. Certains rasaient les murs pour l’éviter, baissaient les yeux, mais Reinir lui, l’a toujours regardé. Regardé mais… sans s’en rappeler.
Les monstres sont vite oubliés.
"You’re safe here."
Qu’il lui rappelle.
Maintenant ils sont en sécurité.
Est-ce qu’Owen et les autres étaient en sécurité eux aussi ?
Est-ce que leur royaume est aussi protégé ?
Lui, il aimerait bien le visiter.
Mais… il a encore mal, là, sous les pieds. Ça saigne, alors il essaie de respirer un peu mieux, synchronisé. Son cœur à lui bat vite, alors pour chasser les images de la tempête qui reviennent, il lui dit :
"Can you show me your blue lights again? Blue like… a burning star?"
Qu’elle lui montre quelque chose de réel.
"With your fingers."
Il n’y a qu’elle qui sache le faire aussi bien. La dernière fois qu’il l’a vu faire ça, c’était à Shona. Shona et Reinir étaient alors deux enfants fascinés par la lumière douce, presque vaporeuse, habillée de petites lucioles crépitantes.
"I’d love to see that again."
Quelque chose de réel, de doux, qui l’apaise.
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Mai 2007 - @Reinir Jónsson

tw : mention de relation toxique, manipulation

Pas de réponse. Pas tout de suite, du moins. Juste le silence, le froid, la nuit ; et la lune qui les couvre de ses bras nourriciers. Dear old friend. Plusieurs brins d'herbe sont arrachés, avant que la voix rauque de Reinir ne perce dans la nuit ; elle glisse le regard dans sa direction, hésite. "Are you hurt?" Yes, it hurts, and it burns, and it keeps crawling under my skin ; I want to take it off, throw it all away. It's so fucking painful, I feel like throwing up. Pourtant, un faible sourire fend les lèvres. Ne sont-ils pas tous ainsi ? Brûlés à vif par la vie, rongés par des fantômes aux dents rouillées qu'ils traînent derrière eux ; chaînes d'une vie qui ne les lâchera jamais. "I'm alright." Un souffle qui se perd dans les ténèbres, monte jusqu'à la lune qui le serre contre son sein - l'allaite de ses rayons.
Ils ont tous mal. Tout le temps. Ils ont mal, quand ils retombent sur des affaires qui appartenaient à leurs disparus. Ils ont mal quand Shona pleure. Ils ont mal quand Reinir hurle. Ils ont mal quand Lucy revient couverte de nouvelles blessures. Ils souffrent à en hurler gueule ouverte vers le ciel, unique témoin de leurs hantises les plus terribles. Un cercle de douleur. Un cycle de deuil. Tears are meaningless, for they have been shed too much. La meute s'accroche, continue de fonctionner à bout de bras - pagaie sans rames à contre courant, ballotée par un destin mesquin. "You’re safe here." Safe. Il n'est pas le premier à le lui dire, Reinir. You're safe with me, I'm your friend. Ces paroles, elle les a déjà entendues plusieurs fois d'une bouche suintant de mensonges - les yeux faussement sincères, et la voix doucereuse. Un visage angélique, à qui on donnerait le bon Dieu sans confession - et elle s'est faite avoir, Nawal. Tombée dans les mailles d'un filet cent fois plus grands qu'elle ; engluée par des excuses, et des promesses, et des secrets vides de sens. You know you can trust me. Un frisson lui parcourt l'échine - I was a fool, back then. Mais il ne ment pas Reinir, pas vrai ? "I know." I'm really safe, here. Elle s'enveloppe dans ses serments et se blottit dans ses mots. Safe.

Les feuilles murmurent quelques confidences sous les caresses du vent. Nawal tente d'en saisir le sens, mais la langue lui est inconnue - les secrets sont emportés par la brise fraîche. "Can you show me your blue lights again? Blue like… a burning star?" La louve se redresse un peu. "With your fingers." Ce n'est pas lui qui demande ce genre de choses, d'habitude ; c'est plutôt à Shona que ces réclamations appartiennent. Mais pour son Alpha, Nawal pourrait bien retourner la terre entière. "I’d love to see that again." Nawal hoche de la tête, sans poser de questions. Elle pose un regard inquiet sur lui, mais ne dit rien - frotte ses mains couvertes de terre et de brins d'herbes humides contre son pantalon. "Sure." qu'elle fait du bout des lèvres, avant de tendre ses mains.
C'est baba qui lui a appris. Elle l'a fait des centaines de fois : lorsqu'elle attendait la pleine lune dans la grotte, que les ténèbres devenaient trop lourds, que les chaînes à ses poignets devenaient trop froides, que les murmures contre la roche la terrifiaient. Le bout des doigts crépite pendant un court instant, avant que des lueurs bleues ne se mettent à flotter, lucioles artificielles qui les séparent et brisent les ombres. "Shona said it looks like shiny chicken nuggets." qu'elle fait avec un petit sourire ; elle ne sait pas d'où la gamine a sorti cette comparaison, mais ça l'a fait doucement rire - Adam aussi. L'enfant a son caractère, et ses caprices ; mais elle sait les faire fondre avec une facilité presque déconcertante. Dire qu'elle les a tous dans la poche serait un euphémisme - ils seraient les premiers à mettre le monde entier à feu et à sang pour son sourire. Nawal désigne les mains de Reinir du regard. "Could you open your hands for me ?" Pause. Le sourire s'élargit un peu plus, moins hésitant. "I'll let you catch them." Les lueurs s'agitent sous les doigts qui fendent habilement l'air, tisserande de lumière artificielle. Elles se dirigent vers l'Alpha. "It's warm." prévient-elle tout de même. "But it feels nice." Une courte hésitation. "Like home." La nostalgie qui voile brièvement le regard, avant de disparaître. Baba, akhi, I miss you. I'm sorry. But I'm not alone anymore.


Dernière édition par Nawal Djaoui le Mar 11 Mai - 2:04, édité 1 fois
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tw: scars, suicide thoughts (mentions)

"It’s alright." It’s alright, répètes-tu sur tes lèvres sans émettre aucun son, comme pour profiter de la sensation que te procure ce mouvement ridicule mais qui en dit tant. Ça va parce que toi tu as mal, mais Nawal qui n’a pas mal, ce n’est pas Nawal aussi. C’est peut-être pour ça que tu sens cette brûlure invisible te grignoter les chairs, alors que ton regard va à nouveau chercher la Claire.
C’est justement parce que tu as mal qu’il te faut savoir.
Qu’il te faut sentir.
Les pieds saignent encore et les coquillages ne veulent pas partir. L’eau de tes poumons, elle, s’en est allée, même s’il te semble encore éprouver des difficultés à inspirer sans souffrir. Ton cœur te fait mal, où qu’il soit.
Comme s’il avait enflé sous tes côtes, prêt à imploser.
Parfois ces sensations-là te disent : tu vas mourir.
Avant elles te faisaient peur, rien qu’un peu, avant que tu ne t’aperçoives que c’est justement ces sensations-là qui te rendent réel. Bêtement alors, tu as cru qu’en les rendant toujours plus vivaces, tu parviendrais à te réveiller pour de bon. À sortir de l’eau, à sentir ton corps et ton esprit vibrants à l’unisson, bel et bien présents.

Il y’a bien quelque chose qui t’a aidé, dans toute cette horreur : avoir reçu le Don.
Avoir été béni par le sceau lunaire, cette maladie qui brûle encore ta joue d’un triangle sienne. Contrairement à Nawal, tu n’es pas né avec. Pas avec celle-là du moins : c’est que parfois, aussi, tu sens, tu sais, tu réalises. Tu réalises que tu es malade d’autre chose, depuis longtemps, et que jamais personne ne t’a aidé comme il aurait fallu. Que, peut-être, Miss Guilty n’est l’écho lointain que d’une partie de ta conscience qui hurle de douleur et de colère mêlées. Que Victor, ton petit rat, t’a parlé pour te rassurer, parce que personne d’autre que ton esprit n’était capable de le faire à ce moment-là.
Parfois, tu réalises, c’est vrai. Cela dure une, trois, cinq secondes.
Ça te terrorise, soudain, et tu pries pour te rendormir à jamais.
Mais il y a la douleur d’être plusieurs, d’avoir des os qui se brisent et des chairs qui se transforment une fois par cycle, et cette douleur-là est celle qui te fera vivre pour des années à venir.
Pour toujours, te dis-tu même.
Quand tu te réveilleras de l’Autre Côté, tu sais pertinemment que tu y retrouveras les tiens. Sur un terrain de chasse géant, où le gibier pullule et où il fait bon vivre. Draven ferait la cour à June sous un saule pleureur figé sous une gelée précoce. Owen perdrait au Loup-Garou et aurait apaisé son âme de chien stupide et colérique.
Pendant des mois tu l’as cru : des parts de toi sont parties se réveiller ailleurs, te plongeant dans un état second. Dans un entre-deux, la chaleur de la vie te maintenant ici, et le glacial d’une mort pénible, par procuration.
Puis Mani est revenue et elle t’a dit :
You’re alive. Wake up.

Alors tu ne comprends plus vraiment, mais tu as reparlé quelques mois après ça. Tu t’es remis à manger, tu as moins hurlé la nuit, et tu les as tous et toutes serré dans tes bras d’Alpha. Certains se demandent encore comment tu parviens à tous les tenir, tes enfants, qu’aucun ne vienne t’écraser ou te renvoyer à un sommeil sans fin. Beaucoup ne voient pas l’amour derrière la douleur. Beaucoup ne voient pas la force derrière tes bras fins, la rage derrière ton regard cerné de noir.
Et c’est une erreur qu’ils paieront à ne pas vouloir y croire.

Tu n’as pas entendu quand ta louve t’a dit oui. Pour toi, il n’y avait pas de non possible, comme si l’urgence planante à les revoir une énième fois était légitimée de manière tacite.
Ce sont les premières lueurs de son sortilège qui te parlent. Et seulement elles.
"Shona said it looks like shiny chicken nuggets.
They don’t taste like shiny chicken nuggets."
Que tu réponds aussitôt avec un débit de parole anormalement rapide.
"I already ate stars like that……"
La justification est là, et c’est là où tu aperçois, à la lueur des lucioles, le sourire de Nawal ; un sourire qui t’absorbe de longues secondes avant de reporter ton attention sur les lucioles étoilées qui virevoltent entre ses doigts comme des petites joueuses.
"It… tastes like… burning… stars." Finis-tu par dire, au compte-gouttes, beaucoup plus absorbé par les stimulis visuels qu’autre chose.
Tu t’y perds, profitant de ces sensations visuelles qui te calment.
Ça a l’air si réel, cette fois-là…
"Could you open your hands for me ?"
How ? Est la première pensée qui te traverse. Il y a mille et une façon d’ouvrir ses mains à quelqu’un. Avec les doigts écartés, avec les doigts fermés, et même avec un bris de verre pressé contre les chairs des paumes.
Tu l’interroges du regard, à ta façon, et quand tu fais ça, tu n’as pas l’air aimable. Mille et une façon de le faire et une seule demandée, qui te fige un peu plus longtemps dans l’inertie. "I’ll let you catch them." To catch them. Ouvrir les doigts… un peu. Pas de couteau, pas de bris de verre. Pas de sang, juste de la lumière.

Quand tes mains les accueillent, ces dernières sont illuminées, doucement, on y découvre des choses qu’on ne voit pas d’habitude — quelque chose sur ta peau, déjà, ces cicatrices de brûlure sur le dos de ta main, les coupures aux phalanges et sur les avant-bras, comme les témoins d’une existence rude. Se mêlent aux zébrures anciennes dont ta peau s'est imprégnée, buvant tes souffrances comme du petit lait. Puis il y a quelque chose dans ton regard, la flamme presque éteinte d’une âme d’enfant abîmée, qui réussit encore à trouver du réconfort là où il ne devrait plus y en avoir. À deux pas de son adulte enragé, déstructuré ; forgé dans l’impermanence.

"It’s warm. It’s warm." C’est vrai. C’est mieux de les avoir comme ça, entre les doigts, qu’au creux de ta gorge, à te faire diablement mal. Tu le crois. "But it feels nice.… nice." C’est vrai aussi. Tu ne lui réponds d’aucune façon adéquate, pris dans ta phase contemplative, presque oisive. "Like home." C’est tout naturellement que tu n’aperçois pas cette nuance dans son regard, parce que tu ne la vois plus. Pendant ces longs instants, tu es ailleurs. Tu es en toi, plus profondément que jamais.

Tu es sorti de la grotte, enfin. La lumière au bout est là. L’eau salée dans tes narines et ton arrière-gorge disparaissent.
Tes yeux piquent, eux.
Tu as besoin de dormir, ton corps voudra peut-être d’ici une heure, peut-être moins. Peut-être même demain.

"You feel like home," Ta seule enfant née d’une autre mère, d’un autre père. La seule qui pourrait émettre cette pensée douloureuse, à se dire : ma place n’est pas ici. Alors tu lui redis, avec tes mots à toi. Qu’elle fait partie de toi aussi.

Tu lèves enfin tes yeux charbon vers elle, et tu répètes, pensant à tord que tu n’avais que pensé les précédents.

"You feel like home." Et tu reportes ton attention sur les lucioles galvanisées d’une chaleur agréable. C’est beau. C’est beau. C’est ce que vibre tout ton corps et ton apparente inertie. Seul ton regard parle, discute même, avec ces étoiles artificielles qui serpentent entre tes doigts, faisant de cet air un terrain de jeu qui n’est plus à toi.
Tu n’aimes pas les laisser mourir, ces étoiles-là, mais il va bien falloir.
Elles semblent s’essouffler, petit à petit, les filaments magiques s’épuisant d’eux-mêmes. Tu reportes ton attention sur elle, l’air déjà plus présent — dans la mesure du possible, c’est évident.
"I want to know how to do that," Can you teach me next time? C’est ta façon de demander, mais tu l’imposes par ta seule présence, par ta seule intention. Car plus le temps passe, moins ta baguette semble t’être utile. Tu n’y portes que peu d’intérêt, ton corps tout entier étant à lui seul l’arme ou le bouclier. Dans des éclats de colère, ça t’es arrivé, de faire apparaître quelque chose du bout de tes doigts — une impulsion désordonnée, brute, insoupçonnée. Comme enfant, lorsque tu as découvert ta magie pour la première fois — tu ne t’en rappelle pas.
Tu perds la faculté de canaliser, semble t-il, comme autrefois. Ou tu n’en ressens plus réellement l’intérêt, va savoir. La perte des tiens n’a fait que renforcer cet état. La baguette n’est là que pour maintenir en place les runes que tu as toi-même dessinées et chargées. Ça te demande un effort considérable mais tu y parviens encore. Pour eux, il le faut bien.

Le regard glisse de biais, vers le bas, vers une touffe d’herbe et quelques cailloux.

"He’s not there anymore" Tu ne sais pas pourquoi tu dis ça, tu n’as pas conscience que tu pourrais parler de l’autre, dont l’ombre plane encore sur ton Omega chétive. Si tu avais vu, si tu avais su, si à l’époque tu étais déjà là à la couvrir de ta protection et de ton amour inconditionnel, peut-être ne souffrirait-elle pas. Peut-être même l’aurais-tu mangé, ce diable-là. Comme une étoile.
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Sweeney O'Shea
ORDER OF THE PHOENIX
Sweeney O'Shea
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Particularité : MAÎTRE RUNISTE ; MAÎTRE OCCLUMENS (COMPLEXE) ; MAGIE SANS BAGUETTE (CONFIRMÉ)
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Mai 2007 - @Reinir Jónsson

tw : mention de relation toxique, mort, deuil, cicatrices

"They don’t taste like shiny chicken nuggets." La réponse vient en écho, rapide comme une chute d'eau. Les mots s'enchaînent à une vitesse telle qu'elle peine à en saisir le sens tout de suite. "I already ate stars like that……" Le sourire aux lèvres, Nawal étudie ses traits à travers les éclats bleutés qui les séparent. "It… tastes like… burning… stars." La concentration se lit sur le visage de Reinir, dont les mots sont désormais soufflés avec parcimonie - le tout avec une expression désormais indéchiffrable. Nawal n'a jamais réussi à savoir ce que pensait son alpha, et n'en sera sûrement jamais capable ; il est beaucoup trop de choses à la fois. Beaucoup de pensées, beaucoup de souvenirs ; et un demi-million d'autres choses. Une véritable énigme qui l'effraie, encore aujourd'hui, par son incompréhensibilité. What are you thinking ? se demande souvent l'omega, lorsqu'elle observe le regard du père qui se perd au loin - sans jamais laisser la question franchir ses lèvres. Trop terrifiée par la réponse - trop angoissée à l'idée de déclencher quelque chose qu'elle serait incapable d'arrêter. La meute sait qu'il y a des choses qu'il est préférable de ne pas mentionner, de ne pas demander - l'omerta règne, lourde et sombre.
La louve frissonne presque lorsque Reinir la fixe sans un mot suite à sa demande, avant de baisser le regard et d'expliciter sa demande. Elle n'a jamais été capable de soutenir son regard, ce-dernier trouvant bien plus de confort à se focaliser sur le sol sous ses pieds. Plus réconfortant, et moins frontal. L'impression de devenir invisible, si ses yeux se concentrent sur ce qui se trouve par terre plutôt qu'en face d'elle - mais qui ne fait que la rendre plus misérable encore.

Les petites lucioles bleues parcourent alors le sillon des mains de Reinir, dévoilant les marques d'une vie douloureuse. Les stigmates s'auréolent de bleu sous l'œil tranquille de la lune, penchée au-dessus de leurs épaules, comme curieuse de la scène qui se déroule sous sa lumière. Nawal ne dit rien, lève le regard vers Reinir dont l'attention est portée sur les éclats azurés qui sautent, glissent entre ses doigts et rebondissent contre sa peau abîmée par les années et mille et unes épreuves. Pendant un court instant, le cœur de la sorcière s'allège dans sa poitrine - he looks peaceful. Le visage sur lequel se reflète les lueurs céruléennes est figé dans une contemplation presque immobile ; Nawal elle-même n'ose pas respirer, de peur de lui arracher cet instant éphémère de tranquillité.

"You feel like home." La louve reste silencieuse. Les mots se sont glissés entre les lèvres de l'alpha dont l'attention est encore toute portée sur les lumières ; s'adresse-t-il à elle ? "You feel like home." qu'il répète en la fixant. Un sourire tendre fend les lippes de Nawal alors que Reinir étudie à nouveaux les halos. "You're my home." souffle-t-elle en écho. Here. Everyone. You're the only home I have. Le coeur se gonfle d'une tendresse qui a grandi avec le temps passé au sein de la meute - de peur, angoisse à attachement sincère. Plaies encore à vif causées par la disparition des leurs - quand bien même celle d'Owen lui a ôté un poids considérable des épaules. Pourtant, elle a pleuré pour Owen aussi, Nawal - ils ont pleuré, hurlé, saigné pour tous les leurs. Their family. L'omega ramène ses genoux contre elle, les entoure d'une main tandis que les doigts de l'autre guident les errances des lucioles.
Bientôt, les rayons bleutés se meurent doucement dans la nuit ; plus ténus, jusqu'à devenir presque imperceptible. Tout a une fin - même les choses les plus insignifiantes et minuscules. Nawal laisse retomber sa main sur son genoux, soutient quelques secondes le regard de Reinir avant de le détourner pour observer un arbre dont les feuilles bruissent tranquillement. "I want to know how to do that." Surprise, la louve l'observe. Puis, parce que dire non n'est pas une option, et qu'échanger ses connaissances avec le siens est comme une seconde nature, elle demande ; "When do you want to start ?" La question se perd dans la pénombre.
Elle garde le silence quelques secondes, tapote l'herbe à sa gauche avant d'ajouter ; "I'll teach you everything I know." Léger hochement de tête qui ponctue la phrase, avant de frotter la paume de ses mains contre ses cuisses - quelques brins d'herbes s'accrochent à son pantalon, qu'elle s'attelle à retirer un par un. "He’s not there anymore." Troublée, les doigts de Nawal tremblent un peu contre ses cuisses. Is he really gone ? "Not there anymore ..." Si les mots de Reinir visent quelqu'un d'autre, très probablement Owen qui l'a malmenée pendant suffisamment de temps pour que des marques restent sur l'esprit de la louve, c'est le visage brumeux de Logan qui se dessine. Logan et ses faux sourires. Logan et ses mensonges. Logan et ses mots dissonants. He must have had a lot of fun, trampling all over me. Mais elle n'a pas la force de lui souhaiter de souffrir autant qu'il lui a fait du mal - that's what monsters like me deserve.

"He's not. I know." qu'elle affirme, plus pour se forcer à le croire qu'autre chose. Avec le temps, les traits du Yaxley se font plus flous - elle ne sait pas depuis combien de temps il a disparu, ne compte pas compter les jours. Nawal est juste rassurée d'oublier petit à petit ses traits - comme si les marques laissées par le handler disparaîtraient en même avec son visage, dans les tréfonds de sa mémoire.  "I'm still trying to run away." From him, from them. Un regard vers la lune, s'attendant très certainement à ce qu'elle lui donne raison - of course, my child, no one will harm you anymore. Mais ce ne serait qu'un ramassis de mensonge - et Nawal n'a pas besoin d'histoires de la part des autres. Elle se ment déjà suffisamment à elle-même. He's still there - they all are, elle traîne ses relents derrière elle, boulets qui ralentissent ses pas. Tout comme ceux d'Owen. Et ceux de tous celles et ceux qui lui ont marché dessus au cours de sa vie ; Nawal récolte leurs mots et leurs coups, le corps et l'esprit n'oublient pas.

La louve fixe le ciel encore quelques secondes, tend la main devant elle comme pour chercher à l'atteindre - les doigts se referment autour de l'air qui les entoure, et les rayons lunaires filtrent à travers eux. "I lied earlier. It hurts." fait-elle finalement à mi-voix, la question posée par Reinir quelques minutes plus tôt lui revenant soudainement à l'esprit. Are you hurt ? lui a-t-il demandé, avant de lui rappeler qu'elle était safe ici avec lui, avec eux. Everything hurts - le cœur, la peau, les mains, les pieds, le crâne. Jamais un instant de répit ; seulement des vagues de douleurs qui viennent et partent, s'écrasent contre le rivage de son épiderme. Les doigts s'enfoncent dans la terre à côté d'elle, et elle soupire, Nawal ; renverse un peu la tête - la nuque craque, et ça fait du bien. Elle reste comme ça quelques secondes, jusqu'à ce que ses yeux commencent à picoter. "Will you read us something tomorrow as well ?" C'est plus une demande qu'une question ; can you ? L'islandais soufflé par Reinir les a presque automatiquement envoyés dans les bras de Morphée - chose rare pour eux, dont les nuits sont souvent agitées. Souffles rassurants, hypnotisants. "It was nice." murmure-t-elle après un court instant d'hésitation. Elle a soudain l'impression de se retrouver dans les chaussures de Shona.

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"You're my home." ton corps tout entier sourit à cet instant, d'un sourire franc, coi, touchant. Il est de ces fois où vous courez durant la pleine lune, dans ces terres écossaises qui sont votre foyer, mais il a aussi parfois ces instants privilégiés où la course s'arrête et où les corps hurlent et se frottent les uns contre les autres avec affection, là où des corps humains auraient préféré rester à distance. C'est exactement l'effet que te procure cette phrase : un frottement tiède sur ton pelage noir humide, comme un rêve doux et presque inaccessible de là où tu es.
Tu as beau être l'imprévisibilité incarnée, et tu as beau oublier des choses dont tu aimerais te rappeler, ces nuits-là resteront gravées. Cela fait si longtemps que tu te plies aux lois lunaires que désormais, tu vis ces instants en y étant vraiment.
Peut-être même l'es-tu davantage que lorsque tu es là, assit par terre, en bon bipède frappé par des cauchemars nocturnes.

Les choses qu'elle te demande après te passent un peu au dessus, comme si un courant d'air avait balayé ta concentration. Tu es resté sur le you're my home. Tu y resteras sans doute longtemps.

"He's not. I know." ça te remet sur les rails. Qu'est-ce que vous disiez déjà ? "I'm still trying to run away.From who?" lui rétorques-tu aussitôt, tentant de reprendre le fil de la situation. Tu croyais si bien savoir, avant que tes pensées ne deviennent éparses et se séparent de la trame principale. Il y a une part de toi qui craint qu'elle cherche à te fuir toi, mais le bon sens voudrait qu'une petite voix -  autre que celle de Miss Guilty, - vienne à t'assurer qu'elle n'en serait tout bonnement pas capable. Que toute la force dans les jambes de l'Omega, c'est à toi qu'elle le doit, à toi et aux autres.

Elle a du mal, Nawal. À parler, déjà. Tout ce qu'elle dit, ça se lit autrement qu'en écoutant ses mots.

Quand on a mal, on ne parle pas. Tu le sais aussi bien qu'elle, c'est pourquoi tu as perdu ta voix pendant des mois. Ça semble si loin mais c'était bel et bien hier.

Sa main va chercher un point haut, vers les étoiles qui brûlent elles aussi, et tu la suis de ton regard trop noir.

"I lied earlier. It hurts." I know. Tu sais car tous tes sens t'en informent, comme si Nawal était une extension de toi-même — ce qu'elle est, à bien des égards, même si née d'un autre père. Une autre pensée, plus sourde, se chevauche à l'avant-dernière. I don't like lies. Fucking lies.  "Where are you hurt?" que tu lui demandes aussitôt, ravalant la bile. Tu t'es redressé dans ce réflexe, penchant un peu la tête, cherchant aussi dans l'air ta réponse. "I don't want you to be hurt-- anymore." une volonté tout à fait paternelle que de vouloir le meilleur pour ses enfants — tu ne sais seulement pas comment panser ces plaies qui suintent depuis tant de temps et qui ne se referment pas. En soi, tu ne sais même pas le faire pour toi, personne ne le peut ; c'est un fait, mais accepter l'inacceptable lorsqu'il s'agit de tes ouailles, c'est une autre histoire.

Après tout, vous souffrez tous et toutes à l'unisson désormais.

Se détourne du sujet, comme si tu n'avais pas le droit de chercher la réponse. Comme si tu n'avais pas le droit de l'aider.

Comme une bribe de réponse mêlée, tu lui réponds dans la langue de tes ancêtres islandais :

"J'le ferais oui, pourquoi tu me dis pas tout de suite où t'as mal--" mais elle ne comprendrait pas, elle ne comprend pas, et tu switches d'une langue à l'autre, en pensant qu'elle a comprit. Tu ne t'es même pas aperçu, ou n'a pas conscientisé ta démarche, désordonnée à souhait. Ta frustration se balaie d'elle-même, d'autant que tu auras toute la nuit pour y réfléchir. Du moins ce qu'il en reste. "We have to sleep now," toujours ce nous, "I don't want you to be hurt, you need to sleep now," and if you want I'll sleep next to you, too. I'm here to protect you. et tu te lèves sans sommation en lui tendant ton avant-bras. Tu n'es pas lui. Tu n'es pas ces autres.
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