Le gamin était scrupuleusement affalé sur sa barquette de plastique, pelletant ses frites et les gobant en trois mouvements. Il mangeait en se voûtant, la disette striant sa pupille noire plantée sur sa bouffe. Autour de lui s'affairaient trois individus, inconnus au bataillon. Ils avaient frappé à la porte, étaient entrés sans même attendre les civilités de rigueur et s'étaient présentés à Sonny comme des membres de la famille Berrington. Le mioche n'avait pas réagi, s'était contenté de conserver sa mine renfrognée, laquelle supposait qu'il ne souriait pas beaucoup. Ou faisait constamment la gueule, allez savoir. Il n'était pas bien loquace déjà à l'époque. Son regard plein d'appétence s'était posé derechef sur le papier d'aluminium dégageant une douce odeur de friture que maintenait dans sa main le plus grand des trois, telle une offrande. Ce dernier lui avait souri en lui tendant la ripaille, et depuis lors, ils n'avaient plus entendu Sonny depuis cinq bonnes minutes. « Putain, la chienne. » Celui qui semblait être l'aîné des trois pesta son courroux, jetant furtivement quelques regards biaisés vers le gamin de huit ans : sa pâleur, quoique surprenante, semblait usuelle pour un loup solitaire en devenir. Mais son visage émacié et la maigreur de ses bras faisaient peine à voir. Le concerné ne mouftait toujours pas, n'appréhendant pas même la venue de ces inconnus chez lui, alors même que la maison était déserte. De toute évidence et même à son âge, la notion d'inquiétude n'avait jamais été flagrante chez Sonny ; sans même qu'il n'ait à faire d'efforts, il avait toujours eu l'air plus hargneux que craintif. « Bah dis donc, t'avais faim ! » Cette petite voix féminine, pleine d'éclat et de malice, lui fit enfin lever les yeux. Sonny découvrit une jeune fille aux longs cheveux blonds, sourire vissé à la lippe, et le dévorant de ses grands yeux bleus quand lui mastiquait ses frites froides sans un mot. « Bien sûr qu'il a faim. Sa chienne de mère est partie depuis quoi.... »  Un jeune homme, âgé probablement d'une vingtaine d'années. Mais son attitude, sa façon de se tenir droit, ces grandes réflexions dans son regard, et cette voix paternelle lui conféraient bien quarante ans. Il dégageait un charisme apprêté. Sonny lui, dégageait quelque chose de brut. Le contraste était saisissant, mais pas déconnant. « Depuis deux semaines, c'est ça Sonny ? » Le gamin, malgré son jeune âge, avait cette envie viscérale de lui répondre d'aller se faire foutre. Réflexe un peu con de survie, vocable propre à ce qu'il avait toujours vécu : une vie de marginal. Mais ce que l'adulte dégageait avait ce quelque chose de bienveillant. Et puis, sa gueule pleine de ripaille molle l'empêchait de cracher son venin. C'est ainsi que, docile, Sonny se contenta de hocher la tête.

C'est que le type avait l'air bien renseigné. Il fronçait ses sourcils, comme plongé dans ses pensées, grognant à l'encontre de la mère absente. Et soudain, un autre jeune homme vint prendre place auprès du gamin, l'observa à la dérobée, dévora ses traits sous toutes les coutures. Cette soudaine sensation d'être au centre de l'attention le débecta ; Sonny vissa sur le curieux un regard noir. Ne devina aucun trait familier. Lui cracha tel un chat acculé : « T'es qui toi ? » « T'es sûr que t'es le mioche de Sheridan ? Y a un air de ressemblance, mais quand même. T'es pas si laid. » L'adolescent s'était exprimé avec autant de raillerie que de tendresse.  Avait parlé si vite et d'une voix si basse, qu'il semblait constamment sous perfusion d'ecstasy. Une théorie qui ne s'avérait pas si improbable au vu de ce que lui réservait l'avenir. « Moi c'est Shani. Shani Berrington. » Dégaina la gamine blonde, d'une vivacité solaire. Elle tenta d'attraper une frite, comme un geste de ralliement. Se confronta aux grognements de Sonny, préféra ne pas s'exécuter. L'aîné prit alors la parole. Conversation en mosaïque, voix éparpillées. Ce fut à ce moment qu'ils lui fichèrent la trouille. Ainsi repus, la barquette vidée, le gamin avait à présent tous les sens aux aguets. « T'inquiète, on est là pour te sortir de ce merdier. » Dégoisa la plus âgé. Il opta pour de brèves présentations. « J'm'appelle Placid. Le p'tit con là, c'est Silas. » Le concerné leva la main en salutation, sourire suffisant aux lèvres. « Et v'là Shani. Mais on l'appelle Sunny, tu comprendras vite pourquoi. » « Pourquoi vous êtes là ? » Défiance en bord de lippes, Placid vint s'attabler près de lui. Parla d'une voix douce et ferme à la fois. Dégagea ce quelque chose de fraternel. Sonny souffla de soulagement.

Il lui conta, de ses mots crus et brefs, la réelle motivation de leur venue ici. Lui décrivit brièvement son passif ainsi que celui de Silas ; les deux frères avaient été mordus par Sheridan dix ans auparavant. Qu'ils demeuraient une meute mais que leur Alpha venait de rendre l'âme. Ils auraient préféré lui conter la grandeur d'une mort héroïque, mais la réalité ne les aidait guère en ce sens ; Sheridan avait été retrouvé mort noyé, dû à une absorption gargantuesque de litres d'alcool. Placid avançait par ailleurs que leur meute demeurait avant tout une grande famille, mais son nez se plissant sous les palabres dissimulait d'autres vérités. Aussi avaient-ils décidé de s'emparer du patronyme de Berrington car, pour une raison obscure que Sonny peinait à comprendre ou ne souhaitait pas entendre, ils s'étaient sentis fiers de leur destinée. Shani, quant à elle, avait bien le sang de Sheridan coulant dans ses veines. Elle avait baissé la tête et pincé ses lèvres lorsque Placid avait mentionné l'absence de lycanthropie dans sa chair. Sentiment d'exclusion involontaire, trop psychologiquement complexe pour être totalement comprise du gamin de huit ans. Pour autant sa vivacité d'esprit surpassait un éventuel avachissement mental.

Sonny avait compris, à demi mesure. Il avait saisi que Placid souhaitait ressouder la meute, cueillir les âmes perdues. Ce qu'ils étaient déjà, tous les trois. Lui avait expliqué avec des mots d'adulte qu'il était préférable que Sonny ne les rejoigne. Que sa mère n'était qu'une chienne et qu'ils allaient le protéger. Que Sonny les protégerait également, lorsqu'il serait fort et bien bâti. Placid avait dégoisé son monologue sans le prendre pour un con. Sans infantilisation, en usant de palabres que le mioche jugeait savantes. Il avait sorti des mots comme « résilience » ou « belliqueux », entremêlés parfois d'insultes ou de syllabes mangées par ses lèvres loquaces. Sonny, à l'instar des deux autres, était tombé en admiration de ce grand qui ne le prenait ni pour un attardé, ni pour un crédule. Il avait cette envie soudaine de le suivre, où qu'il aille. Puis tomba la question qui le fit se renfrogner : « T'as quoi là ? » Placid désigna la cicatrice ornant son cou frêle. Sonny s'assombrit alors, cracha son agressivité. Point sensible. « J'suis tombé. » « Mon cul qu't'es tombé. Regarde. » Il lui montra la sienne – de cicatrice –  dessinée sur son flanc gauche. « Tu vois bien qu'on est comme toi. Enfin, sauf Sunny. » La gamine acquiesça avec trop d'ardeur pour camoufler son étrange déconvenue. « On a l'angoisse de la pleine lune et en même temps, sans elle, on n'est rien. » « Bon. » La fébrilité nerveuse de Silas retentit dans la cuisine ; il avait frappé la table de ses poings avec détermination comme il se leva avec entrain. « On s'casse ou on s'touche là ? » Se retournant vers Sonny, l'adolescent d'à peine seize ans lui rendit une oeillade cordiale. Le toisant comme s'il l'avait toujours connu. « Tu viens, p'tit frère ? » La question rhétorique acheva de le décider ; Sonny sauta sur ses pieds et suivit sa nouvelle fratrie, quittant les lieux sans même se retourner.

Ils l'appelaient Sunny, parce qu'elle entrait dans la vie des quidams comme un rayon de soleil après l'hiver. Cela suintait la niaiserie, mais ils n'avaient pas trouvé plus concrète vérité. Au-delà de sa chevelure blonde et de ses éclats de rire se brisant sur les murs, Shani prenait de la place. Mais elle la prenait bien. Elle enveloppait les lieux de sa présence, et ça se miroitait de partout. Aveuglant celles et ceux qui ne s'y étaient pas préparés. Elle avait tout de même fait la gueule lorsque la mère de Sonny avait refait surface et s'était décidée à récupérer son môme de douze ans déjà. La matriarche avait été internée telle une artiste incomprise, qu'elle disait. Il ne suffisait pas d'être artiste pour être obscure ; déjà qu'elle avait baisé avec une bête et en était tombé amoureuse. Ca ne devait pas tourner rond dans sa caboche. Pour autant l'espèce d'amour qu'elle portait à son fils était entier et solide. Curieux mais indiscutable. Quoiqu'elle reportait parfois son amour sur des amants de passage ; tous des zonards paumés. Bref, Shani faisait souvent la gueule lorsque cela se rapportait à Sonny. Parce qu'elle avait peur de le perdre, clamait-elle. Tout le monde savait qu'elle demeurait jalouse et possessive, mais la donzelle préférait maquiller ses défauts en d'autres qualités. Le concerné la soupçonnait même de tenter d'attiser sa colère lorsqu'elle lui parlait de ses petits amis. Elle arguait avec suffisance : « Ce soir, je sors avec machintruc. » Et comme Sonny tentait de dégager le pédigrée du potentiel prétendant, la sournoise arguait toujours sans relâche : « Je rigole bien avec lui, et puis il est pas trop con. Ca me change des mecs avec qui j'ai l'habitude de traîner. » Comme si elle lui en voulait de le savoir si indolent à la vue de ses conquêtes.

Sonny s'était foutrement bien intégré à cette nouvelle meute. Il aimait passer du temps avec Placid, qui enrichissait son vocable et sa culture. Et avec Silas, avec lequel il développait sa créativité : et comment je te vole une voiture sans l'aide de la magie, comment je défonce un type en boite de nuit parce que tout est – parait-il – dans la virilité. A eux quatre, ils étaient fort représentatifs de la meute toute modérée des Berrington. Même dans le fin fond de l'Ecosse, on les savait saltimbanques, de sale race. Un peu comme des Gipsies mais en pire. Car eux, n'avaient pas de code d'honneur. Placid avait beau tenter de les remettre dans le droit chemin, ça se sentait qu'il avait toutes les peines du monde à s'auto-convaincre. Lui non plus, n'avait pas dû faire dans l'humanitaire quand il était adolescent. Il refusait d'en parler, avait confondu de force Silas dans ce silence.

Sonny avait passé Poudlard comme une épreuve en dépit de l'affabilité de Dumbledore pour accueillir en son sein des sorciers de leur espèce et assurer la sécurité de tous par quelques stratagèmes bienveillants. Il en était sorti diplômé bien qu'il ne sut jamais nouer correctement une cravate. Sonny avait su y tisser quelques relations amicales. Mais ça évitait tout de même de se frotter de trop près à un Berrington, au cas où ça aurait des puces. La marginalité dérangeait. Son appétence pour la viande crue également. Les couloirs murmuraient à l'encontre de Sonny une prompte tendance à l'anthropophagie, allégations fausses.  Pour autant, il avait passé les plus belles années de sa vie. Parce qu'il se sentait appartenir à une communauté autrement plus intégrée. Parce que sa timbrée de mère avait été à nouveau internée et qu'il avait pu s'émanciper. Affranchi de l'autorité parentale, fédéré à sa meute.

L'avenir ne leur souriait pas franchement. L'argent entrait au compte-goutte. Mais lorsqu'il entrait, c'était par centaines de gallions. Activités lucratives mais pas très morales ; Silas avait saisi au passage l'opportunité de devenir petit dealer des rues. C'était quand même l'enfer, cet appartement dégueulasse, ces placards vides et ces grands restaurants le lendemain. Chaque mois, ils pensaient s'en sortir pour le suivant, prendre le temps de respirer. Mais ça les attendait, où qu'ils aillent : le nom de Berrington était écrit sur leurs fronts. Ca transpirait la vermine, et ça n'inspirait pas confiance. Shani avait laissé tomber l'idée de devenir langue-de-plomb. De toutes façons, ils n'avaient jamais eu que des parcours scolaires très moyens. Silas entraînait Sonny dans sa nonchalance vomitive. Peut-être qu'à force de dépouiller des types dans les ruelles, ils tomberaient sur un connard à Rolex. Placid lui, échafaudait déjà des plans pour les sortir de ce merdier.

Puis vint le désarroi. La réalité supplantant les fantasmes. La meute Berrington ne s'était jamais impliquée dans la Grande Guerre. Avait conclu que l'exclusion dont ils avaient été victimes jusque-là les exemptait de tout engagement. Ils avaient choisi la neutralité, parce qu'ils n'étaient fidèles qu'à ceux leur ayant rendu la pareille. Sonny s'était bien mis en tête de se rallier à Dumbledore pour les efforts qu'il eut déployé afin de leur offrir une scolarité des plus dignes, mais le statut d'Alpha de Placid le rappela vite à l'ordre. Les Berrington demeureraient neutres.

A l'ascension du Lord des Ténèbres succéda un drame plus personnel qui affecta la meute ; Silas trouva la mort dans l'une des nombreuses ruelles coupe-gorge d'Edimburgh. Décès d'un hybride. La seule attitude tolérée en cette nouvelle ère bafouant encore un peu plus les droits des lycaons demeure l'indifférence totale. Ce fut à la morgue moldue que Placid et Sonny furent sommés de se rendre afin d'identifier le corps. Plaintes gémissantes, genoux à terre. Jamais Sonny ne sembla si animal sous sa forme humaine. Histoires glauques de petites rivalités entre dealers, avaient sifflé les autorités. Même chez les moldus, les Berrington portaient un patronyme encrassé. Depuis lors et pendant longtemps, Sonny eut cette impression de regarder le monde pourrir, sa souffrance s'ankyloser,  puis foncer vers le pire. Car c'est ce qu'il faisait le mieux. Il avait espéré une sépulture digne pour Silas, le Bêta. Pas de grandes effusions hypocrites ni de longues litanies d'une rare bêtise. Il souhaitait pour Silas un enterrement propre, sobre, et auprès d'autres dépouilles sorcières.  L'indécence de sa demande eut raison du flegme de Placid : « T'as conscience qu'on n'était déjà pas grand chose, mais que maintenant on n'est plus rien ? Silas sera enterré au cimetière moldu. » Mâchoires contrites, la fronde de Sonny n'avait su sceller ses lèvres. « Et au nom de quoi, hein ? Comment ça s'fabrique, des connards pareils ? Qui leur a dit qu'on valait moins que les autres, leurs trous du cul ? Silas était un sorcier, pas un moldu. » « Silas était un loup-garou. » Pause volontaire. Le timbre est solennel, la complainte du loup s'élève et l'achève : « C'est déjà bien, si on parvient à l'enterrer. Avoue que ça plus de gueule qu'une fosse commune. » La sentence est impitoyable, la réalité est une garce.

« Travailler pour le Gouvernement. » Sonny éclata d'un rire plein. Trop guttural pour paraître sincère. Le regard intransigeant de son aîné somma de recouvrer son calme, ce qu'il daigna faire non sans quelques résidus de spasmes. « Attends, t'es sérieux ? C'est ça la grande idée que tu voulais m'annoncer ? » Regard de connivence, foison de petits silences entrecoupés de stupeur puis d'incompréhension. « Tu veux qu'on aille à Londres bosser pour des pisse-froids qui n'en ont rien à battre de nous ? Et la meute alors, on en fait quoi. On s'barre de l'Ecosse ? » Placid souffla son dépit, mine rembrunie et fermée. La fatigue écrivait ses cernes, ses traits s'étaient durcis. L'on sentait dans la rigidité des épaules et de la nuque toutes les appréhensions de l'Alpha ; protéger sa meute demeurait sa directive. Et depuis le décès de Silas, subsistaient en Placid ces monceaux d'autoritarisme inusité. Comme une envie de bien faire, sans savoir où aller. « Tu es le Bêta maintenant, Sonny. T'as rien à contester. Tu écoutes, c'est tout. » Le concerné détourna le regard, leva la tête en signe d'insoumission tacite. Mais son mutisme corroborait les dires de son aîné, le laissant dès lors déployer son argumentaire. « T'as entendu, ce matin à la radio. Le Lord cherche des hybrides pour la VB. Y'a moyen qu'on soit intégrés a minima. Ca reste des promesses mais... » « Non. » Il secouait la tête, frénétiquement. Sentait monter en lui l'ire et la fronde. « Non, j'veux pas. C'est des conneries, tout ça. Courber l'échine pour de la poudre aux yeux ?  » « CA RESTE DES PROMESSES... » Lever la voix et imposer sa prestance. Placid jugula son cadet. « ...mais tant qu'on n'essaie pas, on trouvera jamais la brèche pour s'y enfoncer. » La sagesse toute relative de sa supputation miroitait un semblant de naïveté dont Placid était conscient et en laquelle il voulait croire.  La volonté de se rapprocher du coeur névralgique de tous leurs maux pour mieux s'en défaire lui semblait être une décision louable. Néanmoins rétif, pétri par une jeunesse séditieuse, Sonny s'y refusait. S'agitait furieusement, fronçait ses épais sourcils d'incompréhension avant de reconsidérer l'offre. Les dires de Placid n'étaient pas insensés mais manquaient d'équité. « T'oublies la Résistance. Paraît qu'ils foutent pas les hybrides dans le besoin à la porte. Un peu comme des réfugiés. » « La résistance ? Ils en avaient déjà rien à foutre de nous avant, c'est pas maintenant avec leurs sourires de Mère Theresa et leurs postures de Ghandi qu'ils vont nous appâter. »  « Par contre, te faire appâter par des promesses meuglées à la radio, c'est ok. » « TU N'ES PAS UN PUTAIN DE MECANICIEN POUR MOLDUS, SONNY ! » La rage exulte, se greffe au dépit et à la fatigue. Placid leur souhaite le meilleur, n'ignore pas que la vie daigne pour autant leur en mettre plein la gueule. « Tu vaux bien mieux. Lundi, on part pour Londres. C'est un ordre. » La somation est implacable, le timbre rauque de sa voix inflexible. Sonny dévisage quelques instants le faciès de son aîné, s'étonne de le reconnaître à peine. Placid n'avait jamais été de ces Alphas autoritaires, le laxisme comme la sagesse régissaient ses actes. Jusqu'au décès de Silas, éveillant en lui les craintes anxiogènes de perdre ses proches. Puis le Bêta daigne se lever, grogne à peine, sent les veines de ses tempes se gonfler de sang. « Tu fais chier. » La sentence tonne, c'est un serment qui se profile derrière l'outrage. Sonny se plie aux invectives, moins par soumission que pour profonde affection pour son aîné.

Ainsi foula-t-il le sol du Ministère à l'aube de l'année 1998, chien fidèle à sa tâche jusqu'à aujourd'hui encore.