Ce n'est pas la première fois qu'Axel est invité à une battue. En fait, il serait incapable de vous dire combien de fois son oncle a ramené le sujet sur le tapis. Cependant, jusqu'à aujourd'hui, il avait toujours réussi à esquiver, ses études étant le meilleur argument possible. Tìo Salvador a beau vouloir qu'Axel devienne un parfait soldat du régime, le souhait de le voir devenir son digne successeur - avec une brillante carrière au ministère, loin des "écrits ingrats et impures de sa batarde de mère" - est encore plus fort. Il avait donc laissé glissé, se ventant à qui voulait l'entendre qu'Axel ne pouvait être plus loyal au régime, plus investi dans son travail, et plus déterminé à réécrire l'héritage attaché au nom Reyes, bien trop souvent souillé par ses deux frères, le traitre à son sang et le déviant. Axel, de son côté, se réjouissait d'avoir le penthouse londonien pour lui tout seul. Ces moments là sont rares et Axel savoure chaque instant qu'il peut passer loin des "projets" que son oncle a pour lui.

Cependant, aujourd'hui, son excuse en or arrive à son terme. Les études d'Axel arrivent à leur fin et il n'a plus aucun examen à réviser. Pire encore, la battue est, selon son oncle, le moyen parfait pour se faire des relations, montrer ce qu'il vaut, et se faire une place au Ministère. Axel n'a donc plus le choix et c'est ainsi qu'il se retrouve aujourd'hui à Gracefield, au côté de son oncle, cape noir nouée autour du cou avec une fine broche en argent, représentant les armoiries Reyes, holster de baguette attaché à la cuisse, gardant confortablement sa baguette à portée de main, et gants et bottes en cuir de dragons aux mains et aux pieds.

Axel ne sait pas trop à quoi il s'attendait. En fait, il essaye de ne pas trop penser à cet endroit en règle général. Axel a très vite compris que s'il voulait survivre, il ferait mieux de ne pas penser à ce qu'il ne pouvait pas contrôler. Plus il se tenait loin des battues, plus il était facile d'ignorer qu'elles existent.

Cela reste un choc de voir ces hommes, d'ordinaire si propres sur eux, de véritables joyaux de la société, se jeter sur leurs proies comme des bêtes sauvages. Etonnement, ou pas tellement, Tìo Salvador semble dans son élément. Dès que la chasse est lancée, il semble très rapidement oublier la présence d'Axel.

En venant, il avait pourtant de nombreux conseils à lui adresser. "The most important is that you have fun, son," lui avait-il dit. Son. Un mot qui laisse un goût amer dans la bouche d'Axel et un noeud dans son estomac à chaque fois qu'il l'emploie. "The best part is the track, you'll see. You have good instincts, I'm sure you'll quickly get the hang of it." Le seul autre mot qu'il lui adressa fut au lancement de la chasse, un simple "Make me proud, son," qui avait glacé le sang d'Axel. Et puis il avait disparu.

Alors que tout le monde se rua vers les bois, Axel était resté planté là, incapable de bouger, le sang lui bouillant dans la cervelle. Ses yeux avaient ensuite croisé le regard d'un des officiels et il s'était donc mis à courir, sans but and sans grande conviction. Il se mit alors à jouer à un jeu bien différent des autres. Alors que les proies fuyaient les chasseurs, lui fuyait les deux. Et alors qu'il cherchait à se cacher d'un groupe particulièrement rieur et bruyant, il se retrouva en face de l'une des dernières personnes qu'il pensait voir ici.

"Raf?"