Jonah se réveille ankylosé. Comme s'il avait dormi mille ans en chien de fusil. Il fait craquer une épaule et renonce pour la deuxième. Ce serait merveilleux d'avoir quelques heures de répit. La lumière blafarde le lui interdit. Grommellement, paupières froncées dans un bouclier trop fin sur les yeux. On lui refusera ça

On. Il s'interrompt. Il y a quelque chose de très désagréable aux confins de sa conscience. comme un monstre dans le placard qu'il ne peut pas repousser. Il n'y a plus de porte. Le monstre est là. Odeur très forte. Alcool ? Il délire. Il voudrait replonger dans l'inconscience.

Une douleur aiguë dans le flanc. On lui a balancé un coup de pied ? Il rouvre les yeux avant de les refermer précipitamment. Pas la lumière. Tourne la tête et n'accepte la clarté qu'à travers un paravent de cils.

Cette salle est dégueulasse. Il est bien placé pour voir le plancher. Quels sont ces moutons qui soufflent sur ce sol, ou ces serpents qui sifflent dans sa tête. C'est une gueule de bois dont il ne garde pas souvenir. Anormale. Il préparait toujours un en-cas avant de sortir et le mangeait avec un grand verre d'eau. Ça ne lui arrive pas. Il est prévoyant. Il avait toujours un plan B pour faire garder son fils.

Tristan !

Il se redresse brusquement. Gauche. Étourdi. Malheureux. Tout est revenu.

Il est seul, il est monstre. non, pas seul. Il le reconnaît à cette paire de pompes crasseuses (le mec les a encore, allô). Léopold. Léopold dont la chaussure gauche présente une entaille à l'intérieur. Quand en dernière année, Jonah lui a écrasé le pied pour qu'il l'écrase plutôt que d'insulter un autre type. Glapissement du cogneur des gryffondors. Son ami lui avait lancé un regard noir, avait reporté sa colère sur lui et Jonah s'était paradoxalement senti mieux. - T'as besoin de talonnettes, Abbott ? - Ça va, je te sauve les miches, Crabbe, sois cool.

Le lycan lève les yeux. Personne d'autre n'est apparu en réponse à sa prière. Il n'y a que Léopold. Donc seul Léopold a pu le frapper.

Parce que je suis un foutu lycan qui vient de reprendre forme humaine. Mouais. Son odeur âcre de crasse comme un sportif qui devrait être fier de lui, l'odeur d'un désinfectant magique quelconque, la sensation de froid, les courbatures, ses vêtements collés à sa peau. Pour ce qu'il en reste. Mal comme un chien mais fier comme un lion. Il tente une plaisanterie pour qu'on le violente moins. " Tu ne serais pas celui venu m'apporter mon repas, des fois ?"