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 (jahel) mad world

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MessageSujet: (jahel) mad world   (jahel) mad world EmptyLun 17 Aoû - 12:06
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Hogwarts, 27 Janvier 2007 w/@Nahel Al-Massri
« Hogwarts. » Ta voix s'exprime, claire et autoritaire, tandis que tu lâches la poudre de cheminette qui te ramène à l'école. Il est bien étrange, après une telle journée, de retrouver les murs familiers du château. Comme si cette journée n'avait été qu'une parenthèse. Comme s'il ne s'était rien passé. Et pourtant, c'est d'une voix semblant sortie d'outre tombe que tu remercies le directeur, qui t'a permis d'utiliser sa cheminée pour te rendre aux funérailles de la famille Rosier. Le fait divers avait fait la une de tous les journaux, et parce que tu connaissais bien la famille, tu avais pu quitter Hogwarts le temps d'une journée pour présenter tes respects aux survivants. Dans les couloirs, rien ne sort de l'ordinaire. Comme tous les jours en fin d'après-midi, les élèves flânent. Certains se redent dans leurs salles communes pour y faire leurs devoirs tandis que d'autres profitent de ces quelques heures avant le repas pour traîner. D'ordinaire, cela t'aurait énervée. Le meurtre des Rosier prouve bien que la situation est grave, et tu aurais aimer ôter l'expression trop joyeuses qu'ont tes camarades alors que dehors, les hybrides sont plus dangereux que jamais. Sans oublier la guerre qui fait rage. Comment peut-on rester si insouciant ? Tu te le demandes bien. Mais aujourd'hui à vrai dire, tu n'as plus l'énergie de protester.

S'il avait fallu choisir un mot pour décrire cette journée, tu aurais choisi vide. Comme ton coeur, las d'avoir trop souffert. Comme les regards que tu as croisés, vides d'avoir trop pleurés. Comme les paroles échangées, vides de sens, des condoléances soufflées pour la forme, car c'est ainsi que l'on doit parler en de telle circonstances. Tu te sens vidée, de toute émotion, de toute force. À force de contrôler le moindre tremblement de ton visage, de tout faire pour ne pas craquer, tu n'as plus d'énergie. La journée fut longue, harassante. Et tu sais déjà que la nuit qui allait suivre ne serait pas plus reposante. Qu'importe, maintenant que tu es revenue à Hogwarts, il te faut faire face, ne pas montrer ton trouble afin de laisser les heures s'écouler. Pour passer à autre chose, une nouvelle journée. Un pas après l'autre, comme on dit. Pour avancer. Tu traverses le couloir, indifférente à ces privilégiés qui ne semblent pas se rendre compte de la situation. Comment peut-on vivre, comme si de rie n'était alors que dehors, les hybrides en viennent à décimer l'une des plus grandes familles de sorciers ?

La colère empli le vide qui s'était emparé de toi, la colère et la détresse. Celle des pensées qui viennent s'accumuler, te ramenant forcément à Ha-Yun. Aurait-elle imaginée que quelques années après elle, ses parents, ses frères et soeurs seraient aussi victimes de ces monstres ? À mesure que la colère monte, les larmes viennent, celle que tu as refusé de laisser couler en présence des Rosier. Après tout, tu n'étais que la meilleure amie de leur soeur, morte bien des années auparavant, comment aurais-tu pu être légitime à pleurer aux funérailles de leurs parents ? Tes pas s'accélèrent jusqu'à ce que tu te mettes à courir. Comme une furie, pour échapper aux regards qui ne doivent pas te voir craquer, pour échapper à ces indifférents qui ne se rendent pas compte de ce qui se passe, pour échapper à ces sentiments que tu ne veux pas accepter. Tu te rues dehors, sans faire attention à la nuit qui ne va pas tarder à tomber, sans te soucier du sol humide après la pluie qui est tombée dans la journée. Tu t'arrêtes sur la petite crique, au bord du lac noir. Un endroit tranquille, où vous avez l'habitude de trainer. Avec Nahel, Siobhan, Eileen et les autres. Une sage-place, et tu sais qu'il sera là. Tu ne prends pas le temps de saluer Nahel, il sait. Il sait où tu étais, et pourquoi tu y étais. Tu te laisses tomber au sol, tes yeux se perdant un instant sur le soleil qui ne va pas tarder à disparaître sous la surface de l'eau. Tu mets quelques minutes avant de pouvoir parler, prenant le temps d'essuyer ton visage du dos de la main. « Je savais que tu serais là. » Tu te tais de nouveau, jouant distraitement avec une pierre que tu balades entre tes doigts trop fins. « C'était atroce. Tu as bien fait de ne pas venir. » Regrettais-tu pour autant ? Peut-être pas. À vrai dire, tu regrettais plus l'état dans lequel les funérailles t'avais mise plutôt que de t'y être déplacée.

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MessageSujet: Re: (jahel) mad world   (jahel) mad world EmptyMer 2 Sep - 15:38




Quand tu l’as vue partir pour les funérailles des Rosier, tu t’en es immédiatement voulu.

Encore une fois où tu te défiles, bien incapable de faire face à tes émotions ; et au souvenir encore trop frais d’Ha-Yun qui disparaît. Tu te repasses encore la scène dans ta tête, au coucher ou entre deux lignes de ton Livre des sorts et enchantements, malgré toi.
(C’est… c-c-j-Qu’est-ce qui se passe ? Où est- — Respire Joyce, — Où est Ha-Yun ? — J-Je… — Qu’est-ce qui t’arrive ?) et elle a fondu en larmes.
Toi aussi.
Enfin, tu le crois. Aussi étrange que ce soit, tu ne t’en souviens pas.
Une chose est sûre, tu n’en as jamais autant versées que le soir même et les jours qui ont suivi. Tu te dis encore aujourd’hui que tu n’en auras jamais assez.
Pourquoi son fantôme ne vient-il pas vous retrouver ? Pourquoi y en a-t-il plein les couloirs dans cette école alors ? Pourquoi pas elle ?

C'est que t’as passé toute ta journée à rêvasser, si on peut appeler ça des rêves. Car toutes les pensées étaient dirigées vers une seule et même personne, un seul et même clan.

Après tout, comment aurais-tu seulement pu y être convié ?
Même tes parents les côtoientcôtoyaient — peu, sinon pas.

Rien ne te lie officiellement aux Rosier si ce n’est cet amour fauché trop tôt. Des amourettes de gamins, ou plutôt une, pas même fichu d’être témoigné au grand jour.

(Trop tard)

Toutes les attentes et projections qui resteront sans réponse jusqu’à la fin de tes jours.

(Encore trop tard)

Tu rumines encore, te demande si les Langues de Plomb avaient des travaux étoffés sur la Mort, le grand passage et ses mystères. Pourrais-tu communiquer avec elle si tu savais ? Tu en as besoin. Ce « jamais » est trop amer, et là où tu te trouves, tu n’as pas ton Oud, juste ta voix pour chanter ; pour te libérer un tant soit peu de tout ce poids accumulé.
Et ça fait mal.
Alors quand daigne sonner la fin de journée, tu n’as qu’une chose en tête : te cacher.
Tu sais bien le faire, ça, au moins. Fuir. Ça paraît facile mais tu te dis qu’au fond, les deux se valent. La peste magique ou le choléra goule. Là, ça te fait plutôt l’effet d’une épine dans ton flanc de girafe triste.

« Où tu vas ? » te fait Kodjo quand tu le croises dans les dortoirs. Jusque là tu avais réussi à t’échapper de la salle de cours sans qu’il ne puisse te rattraper. Tes devoirs de botanique pourraient bien attendre ; il y a un cœur qui saigne et c’est plus important.
Tu ne réponds pas, les yeux plus bas et fuyants que jamais. Ta stratégie d’évitement te fait autant de mal qu’à ton ami, qui s’inquiète et à raison. « Hey, t’es sûr que ça va ? » insiste l’autre Gryffindor.

Tu secoues la tête à la positive en inspirant par le nez, repositionne correctement la gecko égyptienne sur toi — elle vient lover sa queue léopard au niveau de ton cou, tel un collier inversé aux écailles froides.
« SSSS’il te plaît il ffffaut que tu mmmmanzes » te susurre Amani à ton oreille, le bout de son nez emmitouflé dans quelques unes de tes bouclettes. Les regards autour de toi, déjà interpellés par ta riche conversation avec Kodjo, te décident à ne pas lui répondre tout de suite — parce que personne ne doit savoir, surtout , à Hogwarts.

« Faut que tu parles, j’sais pas, » rajoute t-il, un brin frustré. Il se doute, bien sûr. Son tempérament de feu tend à se calmer auprès de tes eaux assez naturellement. Il ne comprend pas ton silence, lui qui s’exprime tant. C’est que t’as perdu de ton souffle de vie depuis cette terrible nouvelle. « T’sais tu peux pas rester comme ça, tu vas péter un câble à force de— » « Ça va, » lâches-tu, sec malgré toi, ton chat malade encore coincé dans ta gorge.

Et tu pars.

[ • • • ]


Vite, à grandes enjambées — parce que t’as peur. Peur qu’ils et elles voient.
Même tes amis ne t’ont vu pleurer vraiment qu’une fois. Alors tu fuis vers l’endroit où, tu le sais, tu as le droit.

Quand tu arrives face au lac, tu déposes Amani sur le sol froid et humide, ce qui est loin de lui rappeler son pays. « SSSS’est froid ! » se plaint-elle en levant ses pattes en désynchronisé, beaucoup plus haut que d’habitude. Tu la laisses faire, l’esprit loin, aussi finit-elle par te contourner un peu et grimper sur un pan de ta robe de sorcier pour se réchauffer. Il fait si froid dans ce pays… toi aussi tu en chopes le spleen, nostalgique de ton soleil égyptien — et même Auvergnat. Des fois tu te demandes encore pourquoi tu es là.

Et tu te rappelles que tu n’as pas le choix.

Soupire.

Tu n’oses même pas chanter, lever la voix pour t’apaiser.

Au lieu de ça, tu fixes les reflets de l’eau, dont la glaciale quiétude te dérange.
Elle te dérange car elle contraste avec ce bouillon interne qui te serre les boyaux, la gorge, te fait triturer nerveusement tes mains trop grandes, tapoter du talon sur l’herbe. Tu sens le flux d’émotions douloureux qui grimpe du bas vers le haut — et relâche, rattrapant ton visage dans une de tes mains. Encore te cacher.
Tu sanglotes alors que la gecko se colle à nouveau à toi, ne trouvant pas les mots pour te rassurer. Amani aimerait que tu n’y penses déjà plus - - mais c’est un rite de passage que tu ne pourrais esquiver aussi facilement que le regard de Kodjo. Regret que ce soit si tôt ; répété. Ses doigts à ventouses se collent à ta main libre. Ça paraît si long que tu finis par ravaler le reste.

Et t’as à peine eu le temps de voir tes larmes se sécher par ce qu’il reste du soleil que tu entends des bruits derrière toi. Ça t’inquiète dans un premier temps, bien sûr, et tu pivotes pour aller chercher des yeux sa source — Joyce.

Ça fait encore plus mal de la voir là — et tu balaie du dos de tes doigts une larme récalcitrante, détournant le visage vers le paysage pour qu’elle ne te voie pas.

T’es incapable de dire quoi que ce soit, tu te contentes de ramener Amani sur ta cuisse opposée parce que tu sais qu’elle n’est pas à l’aise avec la gecko.
Sans la voir, tu sais ce qu’il se passe, et tu te défends de la regarder, pas tout de suite, car tu crains autant de la heurter elle que tes propres limites émotionnelles.

Le soleil déclinant rafraîchit encore davantage l’atmosphère et vos membres. Tu n’oses même pas respirer trop fort par ton nez encombré…

Elle finit par parler.

« Je savais que tu serais là. » comme tu sais que ce n’est pas pour toi qu’elle est là, à la base.

Au même endroit, vous vous retrouviez pour parler, rire, bavarder avec les autres.

Aujourd’hui il n’y a que vous deux et un épieu. Dans ta poitrine ou entre vous deux, tu ne sais pas trop. Une part de toi, en colère, emprisonnée dans l’incompréhension, et probablement plus inconsciente, lui en veut de ne pas avoir ramené Ha-Yun cette année-là — d’en avoir été aussi proche sans avoir pu la sauver.

Elle aurait dû la sauver.

« C'était atroce. Tu as bien fait de ne pas venir.  » tes yeux sont encore bas, tu regrettes déjà. De toute façon, tu ne les connais pas tant que ça. Elle, si. Est-ce qu’Ha-Yun parlait de toi à Joyce ? T’es sûr que non. Qu’est-ce qu’elle pouvait bien penser de ta taille de girafe, ton nez proéminent, tes doigts trop fins et tes boucles noires ?

Tu ne sais pas. Tu ne sauras sans doute jamais. Tout s’est évanoui dans l’horreur de son départ.
Et Joyce, a-t-elle croisé Eileen avant toi ?
Ça aurait pu lui faire davantage de bien, oses-tu penser.
Tu n’es pas sûr d’être à la hauteur pour la soutenir dans un moment pareil — car oui, malgré ce que tu subis toi aussi, tu te sens investi de cette mission sacrificielle.

Joyce et toi n’avez beau pas être excessivement proches, elle reste une personne que tu apprécies aujourd’hui. Amie.

« J’aurai dû venir. » parviens-tu à dire dans un murmure chevrotant, mais plus que portant. Vos deux silhouettes, vues de loin, asymétriques par leur taille respective, sont on ne peut plus étonnantes.
Même si tout le monde - ou presque - paraît ainsi à tes côtés, jusqu’à tes propres parents ; il y a toujours quelque chose de tristement comique au tableau.

« Au moins pour elle j’aurai dû venir. » ajoutes-tu en te dévorant l’intérieur de la joue pour ne pas craquer devant elle, cette fois - même si tes yeux encore un peu rouges et gonflés suffisaient déjà à eux-mêmes, naïf que tu es.
Au moins, elle sait que tu l’appréciais, non ? C’était déjà suffisant pour assoir la légitimité de ton état face à ce désastre…
Peut-être.
Peut-être que tu te sens un peu coupable. De tout et rien à la fois.
Le regard bas, toujours… parce qu’il hurle trop fort d’émotions et de vérités refoulées.
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MessageSujet: Re: (jahel) mad world   (jahel) mad world EmptyMer 2 Sep - 18:27
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Hogwarts, 27 Janvier 2007 w/@Nahel Al-Massri
Qu’on ait 10 ou 70 ans, on a tous notre endroit à nous. Notre recoin secret. Pour certains, c’est un jardin, pour d’autre ça peut être une île, une plage ou encore une chambre. Une safe place comme on dit, un endroit où l’on se sent bien, en sécurité. De ton côté, ta safe place n’était pas un endroit, mais une personne. Ha-Yun, ta meilleure amie, celle qui était d’une certaine façon plus ta soeur que Lexie. À ses côtés, tu te sentais invincible. Rien ne pouvait vous atteindre, puisque vous étiez toutes les deux. La Rosier et la Avery, les héritières. Portant sur leurs frêles épaules les responsabilités et les attentes de familles ancestrales, au sang d’or. Tu n’avais pas besoin d’une safe place, puisque tu avais ta meilleure amie. À l’aube de la vie d’adulte, c’est tout ce dont tu as besoin. Ha-Yun, la princesse au destin brisée, dévorée par le grand méchant loup. Ça pourrait presque être le titre d’une parodie glauque de conte de fée. Et toi, tu t’es retrouvée sans ta marraine la bonne fée. Ha-Yun était ta meilleure amie, ton âme sœur au sens non romantique du terme. Au sens le plus pur. Mais tu te voila seule pour affronter les tourments de l’adolescence. Et durant ces trois années, tu n’as cessé d’errer comme un spectre. Corps fragile et amaigri, visage marqué par les insomnies qui ne cessent de te hanter. Un fantôme, triste reflet de celle que tu aurais pu devenir. Une coquille vide, comme une âme maudite. Tu n’as été capable de trouver ta safe place.

Pourtant, et tu as souvent du mal à le réaliser, tu n’es pas seule. Ils sont là, Nahel, Astrid Kodjo, Siobhan et les autres. Toute une bande, comme on les voit dans les comédies dont les moldus raffolent. Heureusement qu’ils sont là, mais la mort de Ha-Yun vous a tant touchés que chacun tente de survivre, tant bien que mal. Il est bien compliqué de se soutenir quand on est soi-même perdu. Dans les méandres de l’adolescence, cette période de doutes et de changements. Marqué par la guerre qui fait rage en dehors des murs de Hogwarts. Vous êtes ensemble, unis. Mais bien incapables de vous guérir les un les autres.

Néanmoins, tu es soulagée de tomber sur Nahel. Pourtant, ce n’est pas celui dont tu es le plus proche. Il faut dire que vous êtes très différents. Il est doux et discret alors que tu as un caractère de cochon. Sans oublier qu’il trimballe toujours ce gecko qui te dégoute un peu (enfin ça c’est l’excuse que tu as trouvé pour masque le fait que ce lézard te fait peur). Néanmoins, tu l’apprécies. Et surtout, tu sais à quel point la mort de Ha-Yun fut terrible pour lui, ou en tout cas tu le devines. Vous n’en aviez jamais vraiment parlé. Tu n’es pas du genre à parler. La seule à qui tu parlais, c’était Ha-Yun. Vous restez silencieux un moment, comme s’il méditait tes paroles. Tu devines à son visage qu’il est - comme toi - envahi par un flot d’émotions contradictoires et agressives. Il souffre. Il a mal. Il ne te regarde pas. Au moins pour elle. Tu essuies machinalement une larme qui s’échappe sur ta joue creusée. Elle aurait aimé qu’il soit là, pour sûr. Mais jamais elle ne lui en aurait voulu de ne pas l’être. Elle n’était pas comme ça Ha-Yun. C’est ce que tu aimais chez elle, la Rosier était douceur et empathie, qualités dont tu manquais cruellement. Tu soupires. « Elle me manque tellement que j'ai tendance à oublier qu'elle vous manque à vous aussi. Surtout à toi. » Tu joues nerveusement avec une pierre, que tu tournes entre tes doigts avant de la lâcher au sol, laissant ton regard éteint suivre la trajectoire des pierres emportées par le choc. « Tu l'aimais, n'est-ce pas ? »

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MessageSujet: Re: (jahel) mad world   (jahel) mad world EmptyJeu 3 Sep - 22:16



« Elle me manque tellement que j’ai tendance à oublier qu’elle vous manque à vous aussi. Et elle n’a pas idée, alors… Surtout à toi. » …quoi ? Comment ça à toi ? Comment ? Pourquoi elle dit ça ? Un frisson descend le long de ton échine comme une cascade de flotte froide.

C’est là que le nœud dans ta gorge semble se tordre davantage, et ça fait mal. T’es surpris. Décontenancé. En colère aussi. En colère qu’elle soit en train de sous-entendre qu’il y ait des échelonnages à vos souffrances respectives, ou qu’elle aille sur un terrain meuble dans lequel tu crains t’ensevelir tout entier. Tu es pourtant le premier à en avoir parlé, Joyce a suivi le cours naturel des choses, si on puis dire. Tu réagis comme ça parce que tu as peur, parce que tu n’assumes pas tes émotions débordantes et qui t’emprisonnent depuis cette terrible journée. Que de sentiments refoulés, de conflits non résolus, gobés jusqu’à se loger sous ton thorax comme un poids mortuaire. T’as pas eu le choix, on a toujours apprit à te taire.

Et tu n’arrives pas à t’arracher l’intérieur de ta joue, comme tu peines à être satisfait de la douleur que tu t’infliges à serrer trop fort tes doigts sur ta main. Il y a bien un truc qui monte, qui ne te ressemble pas, mais qui monte terriblement ; bien incapable de faire un choix en la matière. Ça fait déjà trop longtemps que tu retiens tout ça, et la journée est foutrement lourde énergétiquement.

« E-Elle… » alors tu te caches à nouveau d’une main sur ton visage, que tu balaies au fur et à mesure, vainement, de tes doigts humides, puis du dos de ta main, reniflant. Tu n’arrives pas à endormir tes émotions, toi. Plus maintenant. « E-Elle n'est plus là, d’accord ? Ça sert à rien » de dire ça. Qu’elle te manque plus qu’aux autres, ce qui n’est pas vrai, il n’y a pas de raison que ce soit le cas, parce que tout ça n’existe pas. N’existe plus. Tout ce que tu as pu ressentir pour elle te donne seulement la sensation d’une mort dans l’œuf : frustrante et traumatisante. « Pourquoi… » pourquoi tu dis ça ? Ça te tiraille de partout, à tel point que tu te sens obligé de prendre ta tête entre tes paumes. T’es tendu, trop tendu. Les nerfs scalpés à vif.

T’as terriblement honte d’être comme ça. Là, maintenant, devant Joe en prime, alors qu’elle a suffisamment à porter aussi sur les épaules. Puis t’aurais aimé être aussi fort qu’elle, Siobhan ou Kodjo. T’as l’impression d’être trop fragile et tu détestes ça — c’est pas ce que t’es sensé être, une girafe fragile.

« Tu l’aimais, n’est-ce pas ? » tu es en train de renifler et reprendre un peu d’air quand elle te jette ça à plat. Ça te siphonne tellement l’esprit que tu en redresses tes yeux en amande dans sa direction. S’ils s’enfuient presque sitôt après, ils reviennent pourtant à la charge. Tu as redressé ta colonne de gigue dans ton mouvement de regard. « Quoi ? Pourquoi ? » Amani a dégringolé de ta cuisse. « Attenssssion » n’entends-tu pas, complètement absorbé par tout ce foin interne avec lequel tu luttes. Tu te repasses sa phrase en boucle dans ta tête, ça paraît long mais tu réagis plus vite que jamais — comme cette fois-là où tu avais défendu l’une de tes amies face à toute une assemblée.

« Pourquoi tu dis ça ?! » te défends-tu comme tu peux, te retournant vers elle, autant que ta position initiale te le permet. T’es pas très à l’aise avec cette idée, tu l’as jamais été. Tu n’es pas un guerrier, tu es là pour soigner.
« Je… » t’arrives pas à soutenir son regard bien longtemps.
« Évidemment ! » évidemment que tu l’aimes, comme tout le monde, que tu t’insurges presque, t’aurais jamais pu dire le contraire. Tu veux pas comprendre ce qu’elle te raconte, elle ne sait pas, elle ne sait rien, t’en es certain. Tu te laisses peu de temps, un nouveau sanglot te brise la voix.
« Comme tout le monde, » lâches-tu en guise d’ultime complément de réponse.
Cette anesthésie émotionnelle quasi-générale que tu perçois chez Joe te froisse, aussi. Tu comprends pas. Et tu te sens pire que tout, ou moins que rien.
Alors tu baisses les yeux pour ne pas voir, encore une fois. Tu n’oses même plus toucher qui que ce soit dans ces cas-là.
Parce que ça ne la ramènera pas.
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MessageSujet: Re: (jahel) mad world   (jahel) mad world EmptyJeu 17 Sep - 12:20
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Hogwarts, 27 Janvier 2007 w/@Nahel Al-Massri
Nahel et toi êtes diamétralement opposés. Il est lune et tu es soleil. Tu as toujours eu une âme de leader, avec ton fort caractère et ton visage de poupée. L'élève populaire à qui tout réussit. Tu savais tout l'attirail de l'adolescente que l'on adore détester : Blonde cheveulure, check. Bande d'amis, check. BFF, check. Corps svelte, check. Place dans l'équipe de Quidditch, check. En bref, la panoplie idéale que l'on attend d'une fille de bonne famille. Pourtant, en cet été 2004, la golden girl en a pris un sacré coup. La bande d'amis est toujours là, mais vos relations ont été ébranlées par la perte de Ha-Yun. Le corps quant à lui, se bat chaque jour contre tes pulsions, et il n'en reste guère plus que la peau sur les os. En te voyant, l'expression n'être plus que l'ombre de soi-même prend tout son sens. Nahel lui, a toujours été discret. Le genre qui ne fait pas de vague, le gars un peu étrange avec son lézard. Deux personnalités bien différentes, liées par l'amour inconditionnel que vous portiez à l'infante Rosier. Des façons d'aimer différentes, mais sincères et puissantes. Nahel ne s'était jamais confié sur la force de ses sentiments, pourtant, tu te doutais de ce qu'ik en était. D'où la question qui avait traversé tes lèvres.

On critique souvent les sentiments des adolescents.
Ça va passer dit-on. Comme s'ils n'étaient pas sincères.
Bien sots sont ceux qui sous-estiment ces jeunes cœurs.
En témoignent les âmes blessées de Nahel et de Joyce.

Tu es allée trop loin. Ou trop vite. Et quand tu croises le regard de Nahel, tu regrettes immédiatement tes paroles. Toi qui avais cru pouvoir le soulager, tu sembles avoir éveillé sa douleur, remuant le couteau dans une plaie encore béante malgré les années qui s'écoulent sans que tu en aies l'impression. Le Al-Massri se braque, se tend. Tu peux presque ressentir sa douleur dans sa gestuelle, dans ce qu'il ne veut pas te dire. Il a mal. D'une manière bien plus violente qu'une blessure physique, et tu regrettes d'avoir déclenché ceci par une ce qui te semble soudainement une malsaine curiosité. « Je suis désolée ... Je ne voulais pas. » Tu voulais lui montrer que tu comprenais, être là. Pas le faire souffrir davantage. Tu te mords la lèvre, comme pour punir ta bouche d'avoir laissé échapper des mots interdits.

Malgré tout, la réaction de Nahel te prouve que tu as raison.
Tu as mal. Pour lui, et avec lui.

Tu hésites, puis tu poses ta main sur son épaule. Contact surement maladroit, ce n'est guère dans tes habitudes, mais tu as vu que c'est le genre de choses qui se fait pour rassurer les gens. Pour exprimer le soutien. « Vraiment, j'suis désolée. Je voulais pas te blesser. C'est juste que ... Je sais pas, j'avais l'impression que ce que tu ressentais ... ce que tu ressens. Et bien ça allait un peu plus loin que de l'amitié. » Tu t'enfonces Joe. Comme toujours. Parler avec ton coeur n'est décidément pas ton truc. « Mais j'veux pas te forcer à parler. Je voulais juste te dire qu'on pouvait se soutenir. Pour tenter de guérir ensemble tu vois. C'est ce qu'elle aurait voulu. »

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MessageSujet: Re: (jahel) mad world   (jahel) mad world EmptySam 19 Sep - 16:51


Personne ne te croit.

Quand tu dis que ça va, que ça ne va pas. Personne ne te croit.

Quand tu penses pouvoir te tourner vers ta mère pour lui dire, parce que t’as confiance en elle, bon petit garçon à sa maman que tu es, elle ne te croit pas. Ce n’est pas grave, font tous ces signaux que tu interprètes, comme si ce n’était pas grave de perdre quelqu’un, une amie, plus qu’une amie, même si vous n’aviez jamais pu le partager autant que tu l’aurais souhaité. Comme si ce n’était pas grave, toutes tes émotions qui te rendent malade, que tu as crues bien entassées et enfouies depuis ces deux dernières années. Comme si ce n’était pas grave, la guerre. Tu détestes la guerre. Le sang, la violence, les larmes, tu ne sais pas pourquoi vous en êtes là, t’es même certain que les livres d’Histoire ne t’aideraient pas. Mais tu es là. Vous êtes là.

Tu ne manges pas, Nahel ? Pourquoi tu ne veux pas sortir avec nous ? Dépêche-toi, tu vas être en retard. Arrête de faire la tête, ça ne te va pas. C’est encore cette vieille histoire ? Tu ne vas pas aller consulter un psychomage comme ton grand-père, hein, ça ne va pas si mal ?

Dire ou ne pas dire, ça revient au même avec toi.

Parce que tu es persuadé que personne ne peut t’aider.

Pour ça, en tout cas. Après tout il n’y a personne pour la ramener.

« Je suis désolée … Je ne voulais pas. » mais tu l’as fait, ou plutôt tu ne l’as pas fait, tu ne l’as pas ramenée. T’es en train de déborder, vraiment, les yeux baissés, comme un poids lourd écrasé sur tes épaules, sur ton thorax, sur le sommet de ton crâne trop plein. Elle te laisse le temps de digérer, après tout, tu ne lui réponds même pas, combattant la marée d’émotions qui te grignote la gorge et le visage d’humidité. Tu accueilles sa main sur ton épaule plus facilement que tu l’aurais imaginé. C’est de ça dont tu as besoin, au fond, tu le sais. Qu’on te prenne dans les bras, qu’on te laisse pleurer, sans te juger. Qu’on te dise qu’elle est encore là, quelque part, qu’elle n’a pas complètement déserté ce plan-là de l’existence, de la réalité.

« Vraiment, j’suis désolée. Je voulais pas te blesser. C’est juste que … Je sais pas, j’avais l’impression que ce que tu ressentais … ce que tu ressens. Et bien ça allait un peu plus loin que l’amitié. » t’aurais pu poser la question directement au lieu de t’imaginer des choses, Joe. T’aurais pu respecter ton ami, s’il s’agit vraiment de ton ami, mais tu ne l’as pas fait. Ça fait mal, Joe. Ça fait mal d’être incompris. Et pourtant tu as raison, tu as la vérité au bout des lèvres. C’est juste ton ami qui ne sait plus où il en est, qui ne veut pas te montrer qui il est. « Mais j’veux pas te forcer à parler. Je voulais juste te dire qu’on pouvait se soutenir. Pour tenter de guérir ensemble tu vois. C’est ce qu’elle aurait voulu. » « Parle pas à sa place, » lui rétorques-tu aussitôt, relevant le visage, plante tes yeux noyés dans les siens. Tu secoues un peu la tête de droite à gauche, les sourcils légèrement froncés, « S’il te plaît, fait pas ça, parle pas à sa place… » et tu renifles, tu retiens tout, c’est trop dur, tu sais pas comment elle fait, tu baisses la tête et passe ta main sur ton visage qui se tord dans un rictus de souffrance et de pleurs, encore : t’as honte.

Tu expires par la bouche, après avoir laissé passer quelques sanglots, pour te calmer. Amani est silencieuse. Tu reviens chercher le visage de Joyce des yeux.

« Tu crois vraiment qu’on est capables de faire ça ? De guérir ? » tu lui poses franchement la question, t’attends qu’elle te réponde même ; et puis quand t’en as eu assez, tu lui dis, haussant les épaules, ta tête secouée dans des petits « non ». « Moi j’crois pas. » t’es bien trop déprimé par son absence. Par tout ce qui se passe autour de toi, de vous, en ce moment. La guerre qui fait rage, des coups d’échecs à droite à gauche, pour toujours plus de sang et de pleurs au final.

«  J’y arrive pas. » et t’es persuadé que t’y arriveras jamais, parce que t'es pas assez fort pour tout ça. 
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MessageSujet: Re: (jahel) mad world   (jahel) mad world EmptyLun 5 Oct - 23:20
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Tu n'aimes pas montrer ce que tu ressens, ce que tu es au fond de toi. Déjà de par ton éducation, chez les Avery comme chez beaucoup d'autres familles bourgeoise, on ne montre pas ce que l'on ressent. C'est pas le genre d'éducation que tu as reçu, tu te dois d'être en permanence en représentation. Tu es l'image de ton nom, de ta famille. Et en tant que femme Avery, tu te dois d'afficher en permanence ce visage neutre, celui d'une femme forte qui ne se laisse dominer par ses émotions. À l'image d'une statue, intouchable. Une stature qui impressionne, qui effraie. Car mieux vaut effrayer que de faire pitié n'est-ce pas ? En tout cas, c'est ainsi que l'on t'a élevée. Mais, à force de faire semblant, tu te perds dans tes propres sentiments. Trop c'est trop, tu exploses. « Parle pas à sa place, » Le ton de Nahel te heurte de plein fouet, si différent de celui qui le caractérise d'ordinaire. Tu serres les poings, tu trembles. D'ordinaire, quand tu sens la crise arriver, tu te rues sur la bouffe pour compenser. Que tu t'empresses de vomir à pleine ingérée. Pas d'échappatoire ici. Tu te lèves, faisant quelques pas pour tenter d'endiguer la panique qui te menace. Tu as peur d'avoir été trop loin. Trop fort avec lui. Si sa peine est aussi forte que la tienne, comment peux-tu prétendre pouvoir l'aider ? Tu souffles, tentant de reprendre le contrôle de tes émotions. Comme on te l'a appris. Tu es une Avery par Merlin. « Désolée, je ne voulais pas te vexer. Je ... ne peux pas savoir ce qu'elle aurait voulu, juste l'imaginer. J'en rate pas une. »

Guérir, tu aimerais bien. Mais comment quand on a perdu tout ce qui comptait à tes yeux ? Ta meilleure amie, ton père. Tu as vu ta famille exploser, ton groupe d'amis peine à trouver son équilibre suite à la perte de son ciment. Ta vie toute tracée est exposée, brisée. « Je sais pas si c'est possible à vrai dire. J'aimerais bien. » Tu continues de faire les cent pas, te rongeant les ongles de la main droite sans même t'en rendre compte. Guérir, est-ce seulement possible ? Un instant, tes pensées reviennent quelques années en arrière. Quand tu avais une famille, ta meilleure amie, une réputation, un père. Comment guérir quand on a perdu tout ça ? «  J’y arrive pas. » Tu fermes les yeux, dos à Nahel. « Moi non plus j'y arrive pas. J'essaye, parfois j'ai l'impression de voir la lumière au bout du tunnel et l'instant d'après je m'effondre. Toute ma vie, on m'a appris à ne rien montrer, à avoir le visage impassible quoi qu'il arrive. Mais on m'a pas appris à guérir. Je sais comment faire semblant, cacher le problème mais pas comment le régler. » Tu te tournes enfin vers lui, trouvant de nouveau la force d'affronter son regard perçant. Nahel est de ceux dont les yeux pénètrent l'âme. C'est terriblement déroutant. «  Avant, quand j'allais mal, j'avais Ha-Yun. Ou j'avais mon père. Quand j'étais petite, il était le seul à savoir calmer mes terreurs nocturnes. Aujourd'hui ils ne sont plus là. Ha-Yun est morte, et mon père ... J'aurais préféré qu'il le soit. Pour moi, c'est surement trop tard, mais j'aimerais que toi tu puisses guérir. Tu le mérites Nahel, plus que n'importe qui d'autre. »

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MessageSujet: Re: (jahel) mad world   (jahel) mad world EmptyMer 14 Oct - 18:52


Tu as l’impression d’être prit dans l’œil du cyclone, à ne rien y voir clairement autour de toi. D’abord parce que tes yeux sont embrumés de larmes, puis parce que ton cerveau ankylosé par la souffrance morale semble trop te peser, avec toutes les pensées qui te traversent, lacérantes. C’est que ton grand-père te l’a dit plusieurs fois, de ne pas croire tout ce que te raconte ton esprit. Que tes pensées, elles passent, et elles ont le droit de s’en aller, elles aussi. S’en aller, encore. C’est toujours ça, faut savoir laisser partir les choses, les gens, les espoirs de guérir, aussi. T’y arrives pas, t’y arriveras pas. Même quand elle s’excuse, tu te sens pas mieux, tu te sens coupable de lui avoir parlé comme ça, alors que t’as de quoi, mais tu t’en veux quand même, parce que ça se fait pas, parce que t’as pas vraiment le droit d’être méchant, c’est pas toi.

« Je sais pas si c’est possible à vrai dire. J’aimerai bien. » t’as fini par relever le nez dans sa direction, et tu la vois se ronger les ongles, tu l’as jamais vue comme ça, alors tu te sens encore plus mal, si ça se trouve c’est ta faute, encore une fois. C’est toujours de ta faute d’une façon ou d’une autre, faut pas que tu parles et comme ça, pour tout le monde, ça ira. Tu rabaisses la tête, tu l’enfonces dans tes bras qui se sont croisés sur tes genoux ramenés à toi. T’as la sensation d’être prit dans un cocon de verre, un cocon qui s’effrite déjà.

« Moi non plus j’y arrive pas. » tu pensais pas qu’elle aille te dire autre chose qu’un ‘on est des sang-purs on est capable de tout et même si on ne l’est pas, on le doit’. Ça te gave parfois, ces histoires de pureté du sang. Ça veut rien dire la pureté du sang, quand tu vois où t’en es, si jeune, déjà si las. T’espères quoi, comme ça ? Devenir médicomage ? T’as pas les épaules, regarde-toi. T’es même pas capable de laisser partir Ha-Yun, de dire à Joe que oui, tu étais amoureux de sa meilleure amie, et que oui, t’es en souffrance profonde depuis, parce qu’aussi, tu lui en veux d’avoir survécu à sa place. La pensée est monstrueuse, t’en as bien conscience, mais elle s’incruste encore un peu plus dans ton esprit d’adolescent blessé. « J’essaye, parfois j’ai l’impression de voir la lumière au bout du tunnel et l’instant d’après je m’effondre. » c’est pas ça que t’as vu transparaître chez elle, depuis. Elle a toujours ravalé avec froideur. T’es loin de t’imaginer qu’elle faisait l’inverse une fois tout le monde le dos tourné, comme pour se purger de toute cette souffrance qui la ronge un peu plus chaque jour. « Toute ma vie, on m’a appris à ne rien montrer, à avoir le visage impassible quoiqu’il arrive. Mais on m’a pas appris à guérir. » alors tu l’as, ta réponse. Elle non plus n’y arrivera pas, vous en êtes donc là. T’aimerais apprendre à guérir les autres, toi. C’est cette mission-là qui te revient de droit. « Je sais comment faire semblant, cacher le problème mais pas comment le régler. » de quoi elle parle ? T’as comme l’impression qu’elle cache autre chose, et t’as pas idée de ce qu’il peut s’agir.

C’est clair qu’à côté, tes parents, c’est des crèmes à côté des siens. Ton père t’a certes écrasé dans un carcan de silence, mais il n’en demeure pas moins qu’il t’aime et t’a bien élevé. Tu penses que t’as plus de chance que Joe, dans ces circonstances, et même dans toutes les autres en réalité, tu as cette croyance permanente qu’il y a pire autour de toi. Les malheurs ne se nivèlent pas, ne se comparent pas ; mais ta sur-empathie te nivèle par le bas, toi. Tout le temps. C’est des autres dont tu dois t’occuper, ce sont les autres que tu dois aider. Mais comment tu peux les aider si toi-même t’es pas guéri ? Quand personne ne t’écoute, ou fait semblant de le faire ? T’aimerais bien régler ses problèmes, à Joe, mais tu satures des tiens. T’as seize ans et tu devrais pas avoir l’air si vieux. T’as toute la vie devant toi, qu’ils disent, les anciens. Mais quelle vie t’attend, quand elle commence comme ça, hein ? T’es sensé sourire à ça ? T’es sensé ouvrir tes bras ?

Tu sors ta tête de tes épaules, ses mots te calment malgré toi, ces confessions t'apaisent l'âme oui, parce qu’elles viennent du cœur — tu vas chercher ses prunelles, qu’elle finit par t’offrir. « Avant, quand j’allais mal, j’avais Ha-Yun. » tu serres les dents au prénom qu’elle prononce, mais elle a le droit. Elle a le droit de le dire, même si ça fait mal. Tu ne peux pas lui retirer ça. « Ou j’avais mon père. Quand j’étais petite, il était le seul à savoir calmer mes terreurs nocturnes. » tu bois ses paroles avec une émotion, une attention toutes particulières. Tu t’essuies le visage et renifle un coup, tes muscles se détendent un peu. Tu sais pas tout ça, en fait, tu sais rien d’elle, et ça te fait l’effet d’une tempête. « Aujourd’hui ils ne sont plus là. Ha-Yun est morte, et mon père … » tu baisses un peu les yeux sur Amani, qui te regarde de ses yeux globuleux. « J’aurais préféré qu’il le soit. » et tu comprends pas ces mots-là, qui te semblent aussi violent qu’un coup de poignard dans ton flanc. Comment on peut souhaiter la mort de quelqu’un ? D’un quelqu’un qui est son père ? Qu’est-ce qui a bien pu arriver à Joyce avec lui, pour qu’elle le haïsse autant ? T’es pas bien à l’entendre, vraiment pas bien…

« Pour moi, c’est surement trop tard, mais j’aimerais que toi tu puisses guérir. » Toi ? Pourquoi toi ? Tu relèves à nouveau la tête, le regard, tout, fronce un peu les sourcils, tu ne comprends pas. T’es pas si important que ça, pas pour Joe, Joe a toujours été plus proche de Ha-Yun et de certains autres que de toi. Alors pourquoi ? « Tu le mérites Nahel, plus que n’importe qui d’autre. » tes larmes remontent de plus belles, tu ne t’y attendais pas ; et au lieu de rester paralysé comme tout à l’heure à te tortiller sur toi-même, tu te lèves en laissant Amani quelques instants à son sort sur le sol froid, te rapproche de ta taille de géant de Joe et, une fois que t’as senti que tu pouvais, tu la prends dans tes bras — et elle est si petite qu’elle est aux premières loges pour entendre ton cœur battre à cent à l’heure.

Tu te mordilles l’intérieur de la joue avant de pouvoir lui dire d’une voix chevrotante, toujours contre elle, « J’suis désolé Joe, » t’es même pas sûr de l’avoir prise dans tes bras un jour, pas comme ça, pas aussi sincèrement, et elle non plus ne te l’a jamais rendu ainsi. « J’voulais pas te parler comme çççça. » et tu voulais pas lui faire de mal non plus. Vous êtes deux à souffrir.  Vous êtes deux à gérer les choses comme vous pouvez. Vous êtes deux, et même plus, à ne plus savoir quoi faire avec tout ça. Ton Fourchelang t’échappe. « J’ssssuis désolé. J’ssssuis désolé pour tout. » et pour l’instant, t’arrives pas à la lâcher, comme si tu essayais de recoller tous ces morceaux brisés en elle.
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MessageSujet: Re: (jahel) mad world   (jahel) mad world EmptyDim 15 Nov - 14:45
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All around me are familiar faces. Worn out places, worn out faces. Bright and early for their daily races going nowhere, going nowhere. Their tears are filling up their glasses. No expression, no expression. Hide my head I want to drown my sorrow. No tomorrow, no tomorrow.

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C'est dur pour toi, de t'ouvrir à ce point. Ce n'est pas dans ta nature, et encore moins dans ton éducation. Dans ton monde, ce que tu montres est ce que tu es. D'où l'importance de toujours montrer un visage fier, et fort. C'est l'image que les autres ont de toi qui bâti ta réputation, à toi de la nourrir, d'en faire ce que tu veux que les autres voient de toi. Pourtant aujourd'hui, il n'y a plus de façade, plus de carapace. Juste deux âmes brisées, trop abîmées pour avoir la force de mentir. Vous êtes diamétralement opposés, différents en bien des points, mais votre plus gros point commun, c'est celle que vous avez perdu. Finalement, bien qu'elle ne soit plus là physiquement, elle est partout. En vous et entre vous. Comme un lien invisible qui ne cessera jamais de vous unir. Tu finis même par te demander si ce n'est pas ce qu'aurait voulu l'infante Rosier. Que sa mort vous rapproche, une manière bienveillante de veiller à ce qu'aucun d'entre vous ne soit seul.

Les mots défilent, s'échappent comme portés par une source. Toi qui peine d'ordinaire à exprimer ce qui est un tant soit peu intime, tu laisses tes pensées devenir des mots. Qui entourent Nahel, comme une étreinte. Comme pour te rendre la force de tes paroles, Nahel se lève. Immense, il a l'air si fort par rapport à ta frêle silhouette, que ces années de lutte ont marquées. Tes os ressortent, tes jambes tremblent parfois d'un poids qu'elle ne peuvent plus porter et tes cheveux jadis épais et brillants tombent, trop fins et trop fillasses. Quand ses bras t'enserrent, tu sens sa chaleur t'envahir, ton coeur s'emballe un moment, pris par surprise par ce geste inattendu, avant de s'apaiser. Vos cœurs battent à l'unisson, tu le sens alors que ta tête repose sur sa poitrine.

Tu ne sais réellement combien de temps vous restez là, enlacés. Unis plus que jamais. Ha-Yun est là, entre vous et avec vous, tu en es persuadée. Tu le sens, tu la vois presque. À moins que ce ne soit ton imaginaire perturbé par cette étreinte inattendue qui ne déraille. Quelle importance après tout ? Nahel s'excuse, mais de quoi ? N'est-ce pas toi la responsable ? Au bout d'un moment, ses mots perdent leurs sens. Surement aussi perturbé que toi, il semble parler ce qui semble être du fourchelang. Tu fermes les yeux, profitant quelques secondes supplémentaires de cette étreinte, avant de le repousser doucement. Ses bras t'enserrent avec force, et à vrai dire c'est apaisant. Tu n'en as guère l'habitude. Les contacts physiques, c'est pas réellement ton truc. « Je ne comprends pas le fourchelang, mais j'imagine que tu as continué à t'excuser. Tu n'as pas à le faire Nahel. Tu as le droit d'être blessé ou en colère, et je suis assez forte pour l'encaisser. Bon, on ne dirait pas comme ça, mais je t'assure que oui. De toute façon, plus rien ne m'atteindra plus que ce qui est arrivé. » Tu soupires, essuyant d'une main tremblante les quelques larmes qui se seont échappées. « J'étais avec elle, dans ce camp, quand c'est arrivé. J'aurais tellement aimé que ce soit moi plutôt qu'elle. J'aimerais tellement revenir en arrière et échanger ma place avec elle. Elle était tant aimée, il aurait mieux fallu moi qu'elle. »

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MessageSujet: Re: (jahel) mad world   (jahel) mad world EmptyMar 2 Mar - 14:53


« Je ne comprends pas le fourchelang, mais j’imagine que tu as continué à t’excuser. » Et pas qu’un peu. Sous l’émotion, ton fourchelang s’est échappé de tes lèvres. Face à Joe qui sait, ce n’est pas tant un problème ; même si tu ressens malgré tout une espèce d’anxiété au fait que ça te soit échappé. Tes émotions sont donc si dangereuses que ça, à t’exposer ainsi au monde sous ton vrai jour… c’est bien pour ça que tu t’épuises à les cacher, à préférer le noir de ta chambre ou de ton dortoir, pour pleurer en silence. Le plus dur, dans tout ça, c’est le silence. Celui de ne pas pouvoir en parler, de sentir ce poids trop lourd qui crève le cœur, brûle l’arrière-gorge. « Tu n’as pas à le faire Nahel. Tu as le droit d’être blessé ou en colère, et je suis assez forte pour l’encaisser. » La sagesse dont fait preuve Joe à ton égard te surprend. Tu l’as rarement vue ainsi, si sûre d’elle et à la fois si adulte, ce que, tu le penses, tu ne seras jamais vraiment. Tu as le poids de ta jeunesse à porter aussi, toi. T’as beau être gentil et attentionné, un tantinet intelligent, ça ne fait pas de toi quelqu’un de sage ou de mesuré pour autant. C’est comme si toi, t’étais encore qu’un enfant qui pleure, en colère contre le monde et les autres qui t’en font voir de toutes les couleurs. Et que Joe, elle, avait laissé ça derrière elle, pour épouser quelque chose de plus grand, d’humble.

Humble n’est pourtant pas le mot que tu aurais associé à la jeune fille il  y a encore de cela quelques mois. Quand elle rayonnait encore aux côtés d’Ha-Yun, elle avait encore ce côté suffisant, presque pédant, qui fait la marque de fabrique de beaucoup de sang-purs. C’est d’ailleurs pour ça qu’elle t’agaçait, Joe, au départ : elle paraissait aussi inaccessible que la Chambre des Secrets, ne montrait pas ses émotions, ou si peu que tu n’en apercevais que des misérables bribes. Tu ne comprends pas les gens qui ne les montre pas, leurs émotions : parce que tu sais que si elles ne sortent pas, elles sont cadenassées sous le plexus, et font mal. Très mal.

Tu te demandes même si le Lord en a, des émotions. Et s’il avait vraiment autant souffert pour être la personne qu’il est devenu aujourd’hui.

« Bon, on dirait pas comme ça, mais je t’assure que oui. De toute façon, plus rien ne m’atteindra plus que ce qui est arrivé. » Tu le penses aussi, même si tu n’en es pas sûr. Tu apprendras plus tard qu’on aura volé la vie et l’avenir de Joyce, et que ça, au-delà du reste, c’est la pire des choses qui ait pu lui arriver. Être séparée des siens, définitivement. Tu restes en face d’elle, les yeux bas, la regarde, essuie tes larmes, renifle. « J’étais avec elle, dans ce camp, quand c’est arrivé. » Tu le sais. Et elle l’a pas sauvé. « J’aurais tellement aimé que ce soit moi plutôt qu’elle. » Tu crois mal entendre. « J’aimerais tellement revenir en arrière et échanger ma place avec elle. » C’est ce que tu voulais toi aussi. Il y a bien une partie de toi qui allait en ce sens, mais à cet instant précis, tu la détestes. Tiraillé. « Elle était tant aimée, il aurait mieux fallu moi qu’elle. — C’est terminé, » que tu lui jettes au nez sans transition, sans attendre qu’elle ajoute quoi que ce soit derrière. T’es le premier à t’étonner. C’est sorti tout seul.

« C’est fini, Joe, c’est fini, » même si t’y crois pas, tu veux pas y croire, parce que t’arrives pas à ne plus la voir. À ne plus l’imaginer près de toi. « Elle… Elle est plus là, on peut pas revenir en arrière, alors s’il te plaît, arrête, arrête de dire ça… » ça te fait mal qu’elle dise ça. Ton ego, lui, et ton cœur blessé, auraient voulu que ce soit toi qui y passe aussi. Pour ne pas avoir à ressentir toute cette peine immense qui te guette. Tu peux pas retenir un sanglots, tu prends le temps de reprendre un peu tes esprits, expirant par tes lèvres pincées un peu d’air.

Tes doigts tapotent contre ta cape nerveusement.

Et tu poursuis.

« Ça sert à rien de dire ça. » Et t’espères vraiment qu’elle comprend pourquoi, parce que tu n’arrives pas à lui expliquer autrement de vive voix. Tu la fixes dans le blanc des yeux quand tu lui dis ça, moins fuyant que tu as pu l'être auparavant « Nous aussi on t’aime, Joe, » tu utilises le nous parce que t’es persuadé que c’est le cas, vous formez une équipe, non ? « Si tu disparaissais ça ferait aussi mal, on… j’ai besoin de toi. Alors arrête… » t’es pas sûr de ça à vrai dire, mais ton cœur lui, déborde de lui dire. « …s’il te plaît. »

Tu lui jettes un regard compatissant, affectueux, triste, un peu tout ça à la fois. Un regard qui lui dit « on est ensemble avec tout ça ». Mais y a une partie de toi qui est encore sur le bord, à flirter avec le vide. Tu te retournes, va récupérer Amani que tu as laissée sur le sable et la garde dans ta main au chaud, ta longue manche lui permettant de se cacher un peu du froid et de l’air frais qui vous cisaille doucement.

« On marche un peu… ? » Que tu lui demandes. Tu lui intimes pas de rentrer avec toi, elle a bien le droit de rester seule si elle en ressent le besoin. Mais t’as encore envie de l’avoir un peu près de toi. Faire passer le mal, même dans le silence.
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