Abbas a vidé la plupart des souvenirs d'Ambros dans une nouvelle Pensine, qu'il a acheté pour l'occasion. Il la laisse chez Penelope, oubliée dans le cagabi, et refuse d'y penser; ce qu'il ne peut pas y déverser à moins de se transformer en légume, il l'oublie dans les bras de Penelope. Il lui a raconté, il lui raconte tout, et ils en ont longuement discuté. De ce prétendu dieu, de cette magie, de toute cette situation impossible. Il a bien vu que la discussion la dérangeait alors il a laissé tomber. Il a essayé d'oublier. En vain.
La nuit, parfois, il se lève et ouvre la porte du cagibi, sans pour autant oser plonger la tête dans les souvenirs d'Ambros.

Quand il a vu le nom d'Ambros dans le Prophet, Abbas a senti son coeur bondir dans sa poitrine. Il va repartir. Il va y retourner.
Il a ressenti un mélange de peur et de soulagement. De soulagement à l'idée que ce putain d'Irlandais se tire enfin et emmène sa malédiction ailleurs. Loin de lui, loin de Penelope, loin de Lizzie, loin d'Azra aussi. Parce qu'il a bien vu, dans les pensées d'Ambros, le lien les unissant. Ca l'a énervé, presque rendu malade. Le meilleur ami d'Hisham! Mais il est vrai qu'il est un peu mal placé pour avoir un droit de regard sur qui Azra désire fréquenter.
Il a longuement hésité mais, quelques jours après avoir lu l'encart dans le Prophet, il est allé voir Azra, le coeur dans la gorge. Il aimerait aussi voir Ambros, une dernière fois. Le mettre en garde. Le menacer de ne jamais revenir. Ou alors pour le tuer, s'assurer qu'il n'aille pas agiter un dieu qui mériterait de rester endormi.

Abbas est fatigué quand il se présente au manoir, boudeur quand il doit attendre qu'Azra daigne à venir le voir après qu'Iseult l'ait laissé entrer.
C'est plus fort que lui, quand il la voit, il marche droit vers elle et il la prend dans ses bras. Ce n'est pas leur genre pourtant, pas du tout même. Mais il n'ose imaginer ce qu'elle ressent et, il le réalise lui-même, lui aussi a besoin de son étreinte. Il fond dedans sans honte, inspirant profondément, avant de vite se détacher. Abbas n'a jamais fait dans les effusions affectives, et se sent rougir en se reculant un peu. "Sorry. I, uh, really needed that." Il passe une main nerveuse dans ses cheveux. Ses grands yeux intelligents sont brillants, comme si il était sur le point de pleurer; il est juste fatigué, soucieux, empli de doute. "Hello," enchaîne-t-il, comme un simplet.

Azra avait l'impression d'avoir quinze ans, d'être une adolescente incapable de retenir sa frustration. Cela ne faisait que quelques jours que Ambros était parti, et elle en avait déjà marre d'attendre. La patience n'est pas vraiment son fort. Evidemment, il n'y avait pas que le fait de devoir attendre son retour qui la frustrait au plus haut point. Non, il y avait aussi tout le reste, tout ce contexte brumeux, toutes ces choses qu'elle ne sait pas, et l'état physique du sorcier qui l'avait largement inquiétée quelques jours avant son départ. Bien sûr, ils vont s'envoyer des lettres, mais cela ne vaudra jamais la chaleur de sa peau ou la douceur de ses lèvres. Heureusement, pour s'occuper, elle avait Haris et Hazan, la fille d'Odalis. Cette dernière lui avait promis de lui ramener l'irlandais en un seul morceau, et elle sait qu'elle tiendra parole, qu'elle essayera en tout cas. ─ Kids, you can play a bit and then we'll learn a bit more about the Puffskeins. Azra a toujours mis un point d'honneur à faire l'éducation de ses enfants, avant qu'ils ne rentrent à Poudlard. Ils se doivent de connaître certaines choses, et ne pas y entrer complètement perdus. Elle profite de la présence d'Hazan pour faire une classe de groupe.

Azra retourne au rez-de-chaussée, et croise Iseult. ─ Can you prepare lunch please? I have things to do, tell me when it's ready. Thank you Iseult. L'indienne se rend dans la grande bibliothèque, autrefois le refuge favori de Hisham. Il est devenu le sien par la suite. Prenant du papier et de l'encre, elle s'apprête à rédiger un premier courrier pour l'autre briseur de sort obligé de partir à l'autre bout du monde pour on ne sait quoi. Elle n'eut pas le temps d'écrire grand chose que sa domestique vient la déranger, lui indiquant qu'un invité était arrivé. Elle soupire. Le manoir est plus animé en trois jours, que ces derniers mois. Elle range soigneusement ce qu'elle était en train de faire, et se rend dans le salon, où elle trouve Abbas. Elle n'a pas le temps de le saluer, qu'il vient la prendre dans ses bras. Une étreinte inattendue, mais qui est la bienvenue. Azza serre ses bras autour de sa taille et niche son visage contre son épaule. Il finit par se reculer, tout en se confondant en excuses. ─ Don't be sorry. I needed it too. Elle étouffe un petit rire lorsqu'il la salue bien après. ─ Hello Mister Shafiq. Elle attrape son bras et l'entraîne dans le petit salon un peu plus loin. Ils prennent place sur le canapé, et elle ne peut s'empêcher de regarder le tapis, là où Ambros avait renversé son thé quelques jours avant. Il n'y avait évidemment plus aucune trace, mais elle ne pouvait pas s'empêcher d'y penser. ─ So, what brings you here? D'un coup de baguette, elle leur sert un verre d'alcool indien, sentant qu'ils en auront certainement besoin.

Le petit rire d'Azra fait s'envoler le coeur d'Abbas, et il se surprend à sourire légèrement en réponse lorsqu'elle le salue. "Hello Mister Shafiq." Abbas la dévore des yeux, c'est plus fort que lui. A-t-elle changé dans sa tête, à cause de ce qu'il a vu dans celle d'Ambros? Ou est-ce une illusion d'optique, un relent de la conscience d'Ambros dans la sienne?
S'en débarassera-t-il un jour?

En a-t-il envie?

Difficile pour lui d'admettre qu'il comprend Ambros maintenant. Que pendant des années, il a refusé le moindre contact, la moindre parole de sa part, qu'il l'a haï, méprisé, jalousé - et maintenant Ambros a littéralement une place dans sa tête, et lui dans la sienne. Qu'il lui a montré plus qu'il n'a jamais montré à quiconque, et qu'il a vu plus qu'il n'a jamais voulu voir. Quelle horreur, d'être ouvert ainsi, de force, à l'autre; et quel soulagement, quelque part, d'être connu d'une manière si intime, même par un sale con comme Ambros.

Azra lui attrape le bras et Abbas se laisse tirer dans un salon, distrait et incertain. Il ne lâche pas sa main alors qu'ils s'asseyent, comme si il avait peur qu'elle s'envole en la lâchant. "So, what brings you here?" Abbas regarde Azra d'un air sérieux, la dévisgeant sans s'en lasser, jetant à peine un regard aux berres qu'elle remplit d'un coup de baguette. "I saw Ambros' name in the Prophet," lui dit-il d'une voix douce, sa main serrant la sienne un peu plus forte. Son pouce caresse lentement le dos de la main d'Azra, dans un geste tendre et distrait, comme si il ne s'en rendait pas compte: la douceur lui vient naturellement pour sa belle-soeur.
"Azra, I- I know." Il pince des lèvres. Que peut-il lui dire? Ambros l'a-t-il vue, lui a-t-il parlé de ce qu'ils ont fait, de ce qu'il va faire? Même si il n'a jamais apprécié l'irlandais, Abbas ne se sent pas de révéler tout secret qu'il a préféré garder pour lui. Cet échange de pensée lui a vraiment retourné la tête... "I know about you and Ambros and I just- I wanted you to know..." Il baisse la tête, un peu affligé, sur leurs mains liés sur le canapé entre eux. "I know I haven't been the most present, or the best brother-in-law, but I'm here for you." Il se mordille la lèvre avant de relever les yeux vers elle. "I can't lose you too." Après Zaheer, après Hisham, après tout le monde.

Azra n'attendait pas spécialement Abbas aujourd'hui, mais elle était toujours ravie de le voir débarquer. De toute façon, il pouvait bien venir quand cela lui chantait. Ce manoir fait un peu parti de sa famille aussi. En plus, il tombait à merveille, puisqu'ils allaient pouvoir discuter tranquillement, sans risquer de se faire interrompre par Haris, bien trop content d'avoir quelqu'un avec qui jouer, pour une fois. Et visiblement, ils allaient avoir besoin de tranquillité, vu le sujet qu'il est en train d'aborder. Azza fronce son regard lorsqu'il évoque Ambros. Il avait vu, comme tout le monde, qu'il repartait en Irak, et donc ? Elle ne voit pas bien en quoi cela peut-il l'intéresser, lui qui ne le porte pas vraiment dans son cœur, elle le sait bien. Abbas caresse le dos de sa main, et elle se demande s'il va lui annoncer que quelqu'un est mort. Ce geste ne la dérange pas, il l'apaise même, mais l'attitude du Shafiq lui paraît suspicieuse. Et elle avait vu juste. Il cherche ses mots, alors qu'il lui avoue savoir. Mais quoi au juste ? Elle ne voit pas comment Ambros aurait eu le temps de dire quoique ce soit à Abbas, considérant qu'il n'avait pas eu le temps de venir la voir pendant presque trois semaines avant son départ. Et, il n'avait rien dit, lorsqu'elle lui avait avoué, qu'elle ne pourrait pas s'empêcher de dire à son beau-frère, pour leur relation. Il n'avait pas bronché, ni même haussé un sourcil. Tout cela lui semble bien étrange. Mais soit, Azra préfère attendre de voir ce qu'il va lui dire.

Un large sourire s'inscrit sur ses lèvres, lorsqu'elle écoute ce qu'il est en train d'essayer de lui dire. Il s'inquiète pour elle, et cela lui réchauffe le cœur. Il est vrai, qu'il n'a pas toujours été le plus présent, ces derniers temps. Mais, elle ne peut pas lui en vouloir, jamais bien longtemps en tout cas. Azra sait les responsabilités qui lui incombent, depuis qu'il a pris la marque suite à la disparition de Hisham. Elle sait aussi, que tout n'est pas au beaux fixe entre lui et Lizzie. Il n'est pas le seul à s'inquiéter. ─ Oh Abbas.. I'm really touched by your concern, but I'm fine. Don't worry about me. A son tour de caresser un peu la main du Shafiq. ─ You won't lose me, okay? Il y avait peu de chances que cela arrive un jour, sauf si elle se décidait à rejoindre l'Ordre, mais cela n'est plus d'actualité. Sauf, peut-être, si Ambros ne revient pas avant plusieurs années, alors elle y réfléchira à ce moment-là. ─ I'm sorry. I should have told you about Ambros and I. But I thought I had more time to do it. Apparemment, pas vraiment. Maintenant qu'il le sait, cela ne sert à rien de revenir là-dessus. Il n'avait pas l'air de lui en vouloir, au contraire. Abbas acceptait plus facilement, que ce qu'elle aurait crû. ─ I know it must sound strange to you -this relationship I mean- but I think I really like him. Elle en était même certaine.

"Oh Abbas.. I'm really touched by your concern, but I'm fine. Don't worry about me." Abbas jette un regard en biais à Azra, essayant de constater sans rien dire si elle dit bien la vérité. Des fois, il aimerait pouvoir se glisser dans ses pensées sans qu'elle le sache, pour voir ce à quoi elle pense - il pourrait, évidemment, mais jamais il ne ferait quelque chose comme ça à un membre de sa famille, encore moins à Azra. "You won't lose me, okay?" Il hoche la tête. "Okay." Il pince un peu des lèvres. Elle ne peut pas le lui promettre, bien entendu, et Abbas sait que le futur est incertain et confus, que leur avenir change chaque jour et que seul Dieu sait ce qui les attend. Pourtant, la conviction dans la voix d'Azra le rassure et parvient à lui arracher un léger sourire.

Abbas se rend compte qu'il avait grandement besoin de ce moment avec sa belle-soeur, et qu'il se détend déjà rien qu'à son contact et en l'écoutant - même si les augures qui l'ont menés jusqu'ici ne sont pas les meilleurs. Apprendre dans la tête d'Ambros sa relation avec Azra avait été vexant, mais compréhensible: après tout, lui et Abbas ne se sont jamais entendus et encore moins appréciés. Jusqu'à ne plus avoir le choix. "I'm sorry. I should have told you about Ambros and I. But I thought I had more time to do it." Il hoche la tête, pinçant un peu des lèvres. Il se serait peut-être énervé, ou du moins agacé, par le passé des cachotteries d'Azra - surtout à ce sujet. Mais maintenant, il a une compréhension profonde d'Ambros et de qui il est et, surtout, de l'affection qu'il porte pour Azra. Un peu étrange, quand il a été le meilleur ami d'Hisham, mais Abbas ne se permettra pas de juger quand il a été son véritable frère, puis l'amant de sa belle-soeur... "I know it must sound strange to you -this relationship I mean- but I think I really like him." Il la regarde d'un regard pesant et intense avant de se fendre d'un sourire, un peu plus grand qu'avant, sincère et radieux. "And he loves you," dit-il avec toute la confiance du monde, grand d'un savoir qu'il n'osera pas partager avec elle. "I'm very glad if you are happy with him and this relationship, habibi. It's what you deserve." Elle mérite plus encore, mais c'est déjà un bon départ.

Même si il aimerait qu'Ambros reste perdu dans ses malédictions divines et ses temples profanes, une partie de lui espère qu'il reviendra vite pour rendre sa belle-soeur heureuse. Si Ambros ne mérite rien, Azra mérite tout, y compris un bonheur depuis longtemps attendu. "He'll be back," lui assure-t-il sans pourtant en être parfaitement convaincu. Son coeur se serre en se remémorant à quoi Ambros va être confronté en Irak. "He's tenacious like that, that one." Il secoue la tête et lui adresse un petit sourire complice, quoique maladroit. "So it seems you have a thing for Curse-Breakers. Lucky you, I hear there's a League full of them..."

Azra ne s'attendait pas vraiment à avoir cette conversation maintenant, mais après tout, c'était Abbas, qui avait lancé le sujet. D'ailleurs, plus elle réfléchit, plus elle se demande comment il a bien pu apprendre la nouvelle. Ambros ne lui aurait jamais dit, et elle n'avait pas encore eu le temps d'en toucher un mot à Lizzie. Une question, qu'elle ne manquera pas de lui poser à un moment, curieuse de la réponse. Azza n'aura pas eu à attendre longtemps, avant d'avoir d'autres questions qui se bousculent dans sa tête. Elle fronce son regard, lorsqu'il lui répond du tac-o-tac, que Ambros l'aime. Elle n'est pas bien certaine de comprendre. Depuis quand Abbas a-t-il un mot gentil à son égard ? Elle était tellement surprise, qu'il lui dise ça, qu'elle ne s'était pas arrêtée sur le fond de la chose. Ambros l'aime. Ce n'est pas juste, qu'il l'apprécie. Non, il l'aime. D'entendre ça, lui donne un sentiment étrange, mais pas désagréable. Bien trop perdue dans ses réflexions, elle cligne des yeux pour se re concentrer, lorsque le Shafiq lui dit être heureux pour elle et lui souhaiter tout le bonheur qui soit. Elle commence à se demander s'il s'agit bien d'Abbas.

Azra est tellement perturbée par toutes ces informations, qu'elle ne lui répond pas tout de suite. Elle reste plantée là, son verre à la main. Et Abbas continue à lui parler de sa relation avec Ambros. Elle est touchée, qu'il s'en préoccupe autant, bien qu'un peu surprise. Après deux bonnes minutes de silence, elle finit par lui répondre. ─ Are you drunk? dit-elle, en pensant presque à lui retirer son verre des mains. ─ Ambros doesn't love me. I mean, maybe he does, I don't know. But you, how could you possibly know that, hm? Elle le fixe du regard, espérant qu'il n'avait pas été sondé l'esprit de l'irlandais, après avoir appris qu'ils étaient ensemble. Il sait, qu'elle déteste quand il use de son don à mauvais escient. Elle n'avait pas oublié leur petite conversation à St Mungo. Azza finit par boire une longue gorgée d'alcool. ─ We don't know if he will come back. Elle aime le croire, mais une part d'elle pensera toujours, qu'elle ne le reverra pas avant bien longtemps. Elle avait promis de l'attendre, mais implicitement, cela voulait dire que cette attente ne devrait pas durer trop longtemps, parce qu'elle n'attendra pas une vie qu'il rentre.
Elle s'enfonce dans le canapé. ─ Lucky me? I'm not sure. I don't know if you've heard, but they travel half their lives. And they have a shorter than average life expectancy.. Elle en avait déjà fait les frais.

"Are you drunk?" La question le prend complètement de court, et a même le mérite de lui arracher un bref sourire. "What? No. - Ambros doesn't love me. I mean, maybe he does, I don't know. But you, how could you possibly know that, hm?" Abbas ouvre la bouche et hause les épaules avec une légèrement grimace. "I know many things." Pas la peine de trop s'épancher sur sa relation avc Ambros et le lien les unissant. Cette réponse semble satisfaire Azra qui boit un peu dans son verre, bientôt imitée par Abbas dont les papilles non habituées s'émoustillent sous le piquant de l'alcool. "We don't know if he will come back." Il lui jette un regard en coin, mal à l'aise et maladroit. Quelle idée d'aimer des Briseurs de Sorts, qui voyagent le monde et s'y perdent et n'en reviennent jamais... Comme si elle avait lu dans ses pensées, Azra reprend: "Lucky me? I'm not sure. I don't know if you've heard, but they travel half their lives. And they have a shorter than average life expectancy..." Même si la mort d'Hisham n'avait pas eu à voir avec son occupation, la peur qu'il ne revienne jamais de ses expéditions avaient toujours été présente pour sa femme comme pour son jeune frère. "I guess you don't choose who you love." Abbas dit ça d'un ton doux, presque triste, et soupire en la regardant.

Il ne peut pas s'empêcher d'être jaloux, à vrai dire, qu'Ambros soit partout: parrain de son neveu, amant de sa belle-soeur, meilleur ami de son frère, favori de ses parents. L'irlandais est comme un poison dans sa vie, un poison qui est allé se loger jusque dans ses pensées, les infestant de ces images terribles volées dans le temple de Puabi. "I guess I find it now that it's time to bury the hatchet," dit-il lentement, chaque mot lui coûtant un peu. "He's not so bad, despite everything, and... hm. I'm pretty sure that he loves you, deeply, and has loved you for some time. But who am I, if not a talented Legilimens and a caring brother-in-law?" Il offre à Azra un léger sourire, un peu triste, hésite à poser la main sur la sienne mais y renonce très vite, ne désirant pas la gêner. "And no, I haven't probed Ambros. Or well, not without his consent." Il secoue la tête, incapable de ne pas lui dire la vérité, mais peu désireux de le faire tout de même. "I just wanted to make sure that you were okay, and I wanted you to know that I'm here for you, alright? We're here for you, Lizzie and I." Bizarre, comme toujours, de parler de lui et de Lizzie comme si ils étaient un véritable couple, un vrai mariage.

Azra savait pertinemment, que son beau-frère n'était pas alcoolisé. Cependant, elle ne l'avais jamais entendu parler ainsi de Ambros, ce qui la questionnaire, évidemment. Cela ne lui déplaît pas. Si jamais, ils peuvent enfin s'entendre, elle serait la plus heureuse. Il n'y a, (plus) que deux hommes, qui comptent à ses yeux, et ce sont eux. Ses fils ne comptent, ils sont encore ses bébés. Le regard froncé dans la direction du Shafiq, elle attend des explications claires. Comment Abbas pourrait-il savoir si Ambros l'aime, alors qu'elle-même n'en sait rien ? Comme toujours, il répond d'une façon évasive. Elle lève ses yeux au ciel. ─ You may know a lot of things, but that doesn't answer my question, habibi. Elle préfère passer à autre chose, persuadée, qu'elle finira par savoir le fin mot de l'histoire à un moment. La liste des questions, à poser au briseur de sorts, s'allonge de jour en jour. Un brin défaitiste, Azra voit bien qu'il ne la reprend pas directement sur ce qu'elle vient de dire. Abbas le sait bien, autant qu'elle d'ailleurs, que les briseurs de sorts ont tendance à mourir jeune. Hisham en est la preuve, même s'il n'est pas vraiment décédé lors de son travail officiel. Il y a pleins d'autres exemples de sorciers aventureux n'ayant pas survécu à la folie de leurs expéditions. La réponse de Abbas la touche en plein coeur. Il a raison. Si, l'on pouvait choisir, il y aurait moins de dégâts. Cela serait beaucoup plus facile. ─ Sadly, we don't choose who we love. Elle hausse des épaules, s'enfonçant encore un peu plus dans le sofa en velours. Une vague de tristesse vient de les envahir d'un coup, sans prévenir, face à la fatalité qu'est parfois l'amour.

Elle reprend une gorgée, juste avant qu'il ne reprenne la parole. Abbas est donc véritablement en train d'enterrer la hache de guerre avec Ambros. Elle fait une mimique étonnée, mais pas déçue. Il était temps. Le Shafiq s'épuisait inutilement à détester un sorcier avec qui, il pourrait très bien s'entendre. Mais, évidemment, entre eux, il y a (et aura toujours) Hisham. ─ I'm glad to hear that, s'empresse-t-elle de répondre. Elle lève les yeux au ciel, lorsqu'il complimente Ambros, tout en lui lançant des piques en même temps. Il ne s'arrêtera donc jamais. Azra sent une chaleur envahir son visage, lorsqu'il lui dit encore, que l'irlandais l'aime, et ce depuis un long moment. Au fond d'elle, Azza veut y croire, parce que, peut-être, qu'elle aussi, elle l'aime un peu. Elle sort de ses pensées, lorsqu'il mentionne son don de legilimens. Son regard vire au noir, et elle ouvre la bouche, prête à lui dire sa façon de penser sur l'usage, qu'il fait de son don, mais Abbas prend les devants, sentant venir ses reproches. Azra arque un sourcil, quand il mentionne le consentement d'Ambros. Dans quel univers accepterait-il de se faire triturer l'esprit par un sorcier, qu'il n'apprécie que très peu ? ─ You know that won't be enough of an explanation, right? Elle glisse ça, juste avant, qu'il ne continue sur sa lancée. Elle fond littéralement sur place, prenant une mimique attendrissante sur son visage. Instinctivement, elle attrape la main de Abbas, et vient la serrer dans la sienne. ─ Don't worry about me, habibi. I'm sure he'll be back soon and in the meantime I'll keep myself busy. But I really really miss him. Elle déglutit. ─ And you, how are you doing?

"You know that won't be enough of an explanation, right?" À ça Abbas n'a pu que sourire très légèrement, avec un petit haussement d'épaules qu'il espère innocent. Ce n'est pas à lui de révéler les secrets d'Ambros, pas ceux-là en tous cas... et pour être honnête, lui-même n'a pas envie d'en parler, les souvenirs encore vifs et frais dans son esprit, confusants et douloureux. Il a peur d'y retomber, de faire une chute vertigineuse dans sa mémoire où il manquerait de perdre quelques plumes, alors il se tient à distance, change discrètement le sujet de conversation pour s'éloigner de l'Irlandais aux yeux clairs et aux idées désastreuses, et sa Ligue d'inconscients suicidaires.

Azra semble touchée, et attrape sa main - le contact soudain se fait un peu par surprise, et Abbas aligne deux yeux ronds en jetant un regard à leurs doigts liés, surpris, avant de raffermir la prise des siens autour de ceux d'Azra. "Don't worry about me, habibi. I'm sure he'll be back soon and in the meantime I'll keep myself busy. But I really really miss him." Abbas sent ses traits s'adoucir sur son visage et il hoche la tête - il comprend, bien entendu, lui-même a vécu des années dans l'angoisse de ne jamais voir revenir Hisham, dans l'expectative angoissante de ses retours en fanfare. "I understand... - And you, how are you doing?" Un voile vient assombrir le regard d'Abbas et il baisse les yeux, pinçant des lèvres malgré lui.

Techniquement, ça ne va pas - lui et Lizzie ne se parlent presque plus, se croisent en coups de vent certains soirs ou certains weekends quand ils ne peuvent pas échapper à leurs obligations sociales. Techniquement, aussi, ça va parfaitement bien - lui et Penelope filent le parfait amour et il n'a pas été aussi heureux depuis des années.

"I... met someone." Les trois petits mots flottent dans l'air, et Abbas relève les yeux vers Azra d'un air aussi incertain qu'incrédule, comme si il n'était pas sûr d'avoir été celui les ayant prononcés. Il lui a rarement parlé de ses aventures, qu'elles soient temporaires ou sérieuses, et n'est jamais non plus rentré en détail sur sa vie avec Lizzie; c'est donc inédit pour lui de parler ainsi, comme si de rien n'était. "She's... she's great, I... I love her very much." Il se sent rougir comme un adolescent sous le regard sombre de sa belle-soeur, et sourit légèrement, hésitant. "I'm in love with her. Really in love with her, but... she's a, she's a halfblood," marmonne-t-il en baissant les yeux de nouveau. "And I can't- I mean- it's just... it's..." C'est rarement que les mots lui échappent ainsi et, frustré, il se mord l'intérieur de la joue en fronçant les sourcils. "She works for me. But it's not, it's not like that, really, it's... oh, Merlin." Abbas lève sa main libre jusqu'à son visage, se pince l'arête du nez avec angoisse. "It's been a lot, and I keep feeling like this is it and yet, what could it possibly ever be?"

Pour le moment, Azra se contente des explications furtives du Shafiq, mais, un jour ou l'autre, elle aura besoin d'en savoir plus, sur ce qui semble étrangement le lier à Ambros. Elle n'a pas envie de le mettre mal à l'aise, ou de créer des tensions inutilement, pas maintenant. Le voir lui fait le plus grand bien. Elle n'aurait pas pensé, que c'était ça dont elle avait besoin, et pourtant. Sa main dans la sienne, elle lui assure, qu'elle va bien. En vérité, Azza a connu mieux. Parfois, elle se demande, si elle a déjà été pleinement heureuse dans sa vie. En y réfléchissant, il y a toujours eu des détails, qui ont gâché le reste. Il y a toujours eu une part d'ombre au tableau. Le seul moment de pur bonheur, dont elle se souvient, c'est celui qu'elle a partagé avec Ambros, quelques temps avant son départ. Elle ne préfère pas trop y penser maintenant. A la place, Azra souhaite savoir comment Abbas va, comment il va vraiment. Elle n'a pas envie d'avoir la réponse classique, celle que l'on sort à un voisin ou un collègue. Elle veut, qu'il lui dise ce qu'il a sur le coeur, parce qu'il est comme un frère pour elle. Hisham a peut-être été leur lien, pendant des années, ils ont su se lier autrement ensemble.
Sa réponse met du temps à arriver. Elle peut sentir un malaise, sans vraiment être certaine, que cela soit vraiment ça. Elle fronce rapidement son regard, essayant de comprendre. Abbas finit par lâcher trois mots, lourds de conséquence. Il a rencontré quelqu'un, quelqu'un d'autre que Lizzie, évidemment. Azra n'a jamais été dupe sur la relation, entre eux. Elle sait, qu'il s'agit principalement d'un mariage de convenance, et cela ne la regarde pas en vérité. Qui est-elle pour juger, alors qu'elle a partagé le lit de l'un et de l'autre ? Tout ce qu'elle veut, c'est leur bonheur respectif, peu importe où ils le trouvent. Il faut noter, que c'est la première fois, qu'il lui parle de quelqu'un, de quelqu'un d'autre que sa femme. Azra a toujours su, qu'il fréquentait certainement d'autres personnes, mais cela était fondé sur ses hypothèses. Après un petit moment, le Shafiq reprend. Ses mots la touchent en plein coeur. Elle sourit niaisement. Il parle de cette femme d'une façon, qui ne trompe pas. Abbas est amoureux, vraiment amoureux. Il transpire l'amour à cet instant. Azra ne l'a jamais vu parler de quelqu'un comme ça. Elle comprend rapidement le dilemme de son beau-frère. Ce n'est pas vraiment un problème à ses yeux. Le statut du sang n'est pas vraiment pareil en Inde. Le jugement, par ses pairs, se fait autrement, plus sur la richesse par exemple. Evidemment, être de sang pur facilite certaines choses, mais elle ne s'est jamais vraiment empêché de parler à des sangs-mêlés par exemple. Ici, au Royaume-Uni, tout est foncièrement différent. Elle sait, que le statut de mangemort d'Abbas l'empêche de fréquenter d'autres sangs. Et puis, le Gouvernement a, de toute façon, officialiser l'interdiction des mariages entre purs et mêlés. Mais, cette femme, il ne l'épousera jamais. Alors, à quoi bon se triturer l'esprit ? Azza comprend bien, qu'il a des valeurs et des engagements moraux, mais il est bien tombé amoureux d'elle en dépit de tout ça, non ? ─ Well, first I'm delighted to know that you are in love habibi. You deserve it. Elle serre un peu sa main, tout en le fixant du regard. ─ Second, you could never have married her, even if she had been a pure-blood. So her blood isn't the problem. Il n'aurait jamais pu laisser Lizzie sans rien, divorcer d'elle pour une autre. Il l'aime trop pour ça, et ils ne se sont pas mariés pour rien, même si leur union est de convenance. ─ Your problem is that you didn't think you could fall in love with a woman whose blood is not pure. But you did. Elle lui fait un sourire chaleureux. ─ Nothing stops you from living your romance out of sight. You know your secret is safe with me. Elle prend une grande inspiration, tout en caressant sa main avec son pouce. ─ There's only one question that matters. How would you feel if you had to lose her tomorrow? Si elle doit transposer cette question à sa relation avec Ambros, elle connaît sa réponse. Et dans le fond, elle sait aussi, ce que Abbas répondra.