« Allez venez les enfants, c'est l'heure. » Dans un petit cottage de la province anglaise, Cecilia Selwyn, née Slughorn, se tenait dans la cuisine, agitant sa baguette magique au-dessus d'un sac de voyage où s'enfonçaient délicatement quantité et quantité de vêtements, objets du quotidien, nécessaire de sorcier, livres, fioles, plumes, parchemin, appareil photo et même quelques bons petits plats tout fraîchement mijotés ou sortis du four. « Pourquoi est-ce qu'on n'y va pas en balai ? » La jeune Elsebeth était arrivée la première dans la cuisine. Maligne, elle avait déjà son balai à la main, ainsi que ses gants et ses lunettes de vol. « Parce que ta soeur ne sait pas encore voler Beth. » « Mais moi je sais ! » « Toi oui mais pas elle. » « C'est nul... » Depuis qu'elle avait intégré Poudlard, il s'était créé une forme de rivalité entre les deux soeurs, enfin surtout du côté d'Elsebeth qui adorait montrer sa supériorité à sa petite soeur : elle pratiquait la magie, elle savait lancer des sorts désormais, et fabriquer des potions, et voler sur un balai, et anéantir des sortilèges... enfin peut-être pas à ce point-là. Ce n'était pas méchant, la plupart des fratries de sorciers connaissaient le même scènario, entre celui ou ceux qui avaient déjà pu entrer dans le château, et le ou les autres, qui restaient encore sur le banc de touche. « Je pourrais y aller avec papa en balai, et la gnome irait avec toi. » « Elsebeth j'ai dit non. » Myrcella, la petite soeur, fit une ignoble grimace à son aînée, pour répliquer. A la vitesse de l'éclair, elle vit la main de sa soeur plonger dans sa robe de sorcière. Les traits de son visage crispés, retombèrent instantément. La poche de sa robe de sorcière était vide. Vide depuis la première semaine des vacances  d'été. Les petites chamailleries entre les deux soeurs avaient porté bien trop souvent la main de Beth à sa baguette, chose interdite, ou c'est la magie qui est interdite, pour les élèves de Poudlard, en dehors de l'école. Alors très vite, pour éviter tous les accidents et qu'ils les démêlés avec le Ministère pour usage abusif de la magie, les parents Selwyn avaient décidé de confisquer les baguettes magiques de leurs enfants, lorsqu'ils rentraient de Poudlard. Et ce jusqu' ce qu'ils aient l'âge de pratiquement la magie librement. « Ed, on est prêts. » « Me voilà me voilà Cece, encore une dernière petite tourte et... on est bon. » Edward Selwyn était un véritable cordon bleu, un père de famille qui adorait cuisiner, pour lui, pour sa femme, pour ses enfants, et qui adorait encore plus recevoir. Et même lorsqu'il était invité, il ne pouvait pas s'empêcher d'apporter un petit quelque-chose. La famille réunie au grand complet et quelques poudres de cheminette plus tard, l'air était plus frais, plus vif, les odeurs de cuisine s'en étaient allées, les Selwyn-Slughorn avaient voyagé jusque dans la vaste et imposante cheminée familiale du manoir Selwyn, dans le Derbyshire. « Grand-père, grand père ! J'ai reçu ma lettre de Poudlard. » La petite fille courru jusqu'aux pieds du patriarche de la famille, toute fière, le fameux morceau de parchemin frappé du sceau de l'école de sorcellerie soigneusement agrippée autour de ses doigts. « Evidemment ma petite Myrcella, tu as l'âge. » « Ah oui c'est vrai tu as raison. » En un regard échangé avec son fils, Arthur Selwyn se fit comprendre de son fils. Toujours rien ? Toujours rien. Que Myrcella finisse par intégrer Poudlard, c'était une évidence, après tout elle était fille de sorciers. Mais la petite était aussi une enfant Selwyn, une enfant de la voyance. Et maintenant que ses pouvoirs magiques s'étaient manifestés, il étant temps que ses facultés de voyance se révèlent elles aussi. « Pas encore. » Murmura Edward Selwyn. « Toujours pas. » Rectifia le patriarche.

C'était un jour de consultations, comme pratiquement tous les jours à vrai dire, hormis les week-ends et quelques fois quand Arthur Selwyn décidait de prendre du repos – exercer son don de voyance tous les jours était exténuant à la longue. Myrcella avait pris suite dans la queue, attenant le bureau de son grand-père, qui avait obtenu au fil des années le surnom de "salle de l'oracle", camouflée du regard des autres avec un large voile de dentelle noire. Les sorciers ne prenaient pas de rendez-vous pour venir ici, le grand-père Selwyn ne monétisait pas ses visions, mais parfois le sorcier désireux de connaître son avenir ou celui d'un membre de la famille devait revenir plusieurs fois, avant d'arriver en tête de la queue avant la nuit tombée. Arrivée dans la salle de l'orale, son grand-père trônait sur un large fauteuil, derrière un imposant bureau, avec son fils, le père de Myrcella qui se tenait à sa droite, comme son bras-droit. Maintenant, elle trouvait que la scène avait des airs du "Parrain", une référence moldue qu'elle avait apprise il n'y a pas si longtemps. D'ailleurs c'est son incursion dans le monde moldue qui était la raison de sa venue. Myrcella s'avança devant ses pères, ouvrit sa cape de sorcière et dévoilé l'objet de sa demande d'audience, le petit bébé qu'elle portait dans ses bras. Sa grossesse, elle ne l'avait pas caché, sa famille avait vu son ventre s'arrondir, elle l'avait transporté à Sainte-Mangouste lors de son accouchement. Son enfant n'était pas une surprise. La surprise c'était sa demande de prémonition. Myrcella avait ostensiblement interdire à sa famille de pratiquer leur don de voyance sur son petit, chose qu'ils avaient manifesté respecté à voir leur expression étonné maintenant qu'ils pouvaient exercer leur don sur ce petit et découvrir que... « C'est un... » Arthur Selwyn ne termina pas sa phrase. Myrcella baissa la tête. Oui, c'était un sang-mêlé, le fruit d'une union entre une sorcière et un moldu. Pendant toute la durée de sa grossesse, Myrcella avait inventé au bébé qu'elle portait dans son ventre un père Flint et une relation compliquée entre elle et le garçon Flint en question, pour expliquer son absence à ses côtés. La vérité, révélée à présent était qu'elle avait mélangé son sang avec celui d'un simple moldu. L'avait-elle souillé ? Personne ne saura jamais véritablement si c'est ce que ses aînés ont pensé. Mais aucune conséquence désastreuse ne lui arriva. Déçus, ils l'étaient peut-être, probablement même, mais ils ne la renieraient pas. Elle restait une Selwyn, et la famille était plus importante que tout. Et ce petit, d'une certaine manière était un Selwyn lui aussi. Malgré toutes les idées pures que la famille pouvait partager, ils n'avaient jamais était au point de mépriser les moldus, ils estimaient juste que chaque communauté devait vivre séparément. Ils n'étaient pas pour interdire l'accès au monde magique aux nés-moldus, ils étaient beaucoup moins extrêmes et radicaux qu'autres familles de sang-purs sur ce point-là. Ils n'en avaient pas non plus après les sang-mêlés mais ils préféraient quand même, autant que faire ce peut, rester entre sorciers, avec cette idée erronée, qu'en s'alliant avec des moldus ils affaibliraient la capacité magique de leur progéniture et à terme des héritiers Selwyn. « Que dit la prophétie ? » Son grand-père, le visage impassible, tourna la tête de manière négative. Myrcella se tourna vers son père, qui fit de même, avec une petite expression désole sur le visage. Il ne survivrait pas. [...] Myrcella s'effondra sur le sol, rapidement soutenue par les membres de sa famille pour que le bébé ne soit pas blessé. Elle passa plusieurs jours cloîtrée dans sa chambre, à ne quitter des yeux le couffin où dormait son tout petit, un bras à l'intérieur, pour tenir sa toute petite main du bout de ses doigts. Les membres de sa famille vinrent plusieurs fois, lui demander ce qu'elle allait faire, ou la pousser à agir. Mais elle restait sourde à tout. Elle voulait attendre d'être prête. [...] Un jour, elle prit une profonde inspiration, colla son bébé dans ses bras, rabattit sa cape de sorcière par-dessus pour le protéger et disparu. Elle prit des transports moldus, un train, un bus, marcha à pieds... – pour allonger encore plus le temps qu'il lui restait avec son bébé – jusqu'à arriver chez le père de son enfant. Elle ne lui avait pas caché sa grossesse, mais avait disparu pendant plusieurs semaines. Avec un sortilège de confusion, le jeune homme oublia complètement cela, et même qu'il n'avait pas assisté à l'accouchement. Myrcella resta de longues heures avec eux, enchaînant les fous rires et les embrassades, approchant la vie qu'elle aurait pu mener si tout c'était bien passé, si la situation dans le monde magique n'était pas celle qu'elle était, s'ils n'étaient pas en danger. Puis quand tout le monde alla se coucher, elle se réveilla au milieu de la nuit, et les lèvres tremblotantes, les joues inondées de larmes silencieuses, prononça un "Oubliettes" et disparu.