mengwie ⊹ inherit the night.

Un plan, oui, voilà. Ils ont un plan, ils savent ce qu'ils font, et Carrie peut donc obséder autant qu'elle veut sur les échantillons que va lui envoyer Mengwu incessamment sous peu. Elle attend sagement que Mengwu conclut la conversation pour se tirer aussi vite que possible piquer une crise ailleurs (elle sent déjà quelque chose la prendre à la gorge en ayant envie de sortir) et trier un peu toutes les informations que vient de lui délivrer Mengwu.
« Je vais valider cette idée auprès de Chen, avant que l’on tente de s’allier avec ce genre de... groupe. » Carrie interprête le reniflement de Mengwu pour le même mépris qu'elle ressent à l'égard de ces sales monstres dégourdis - bien consciente qu'ils sont de la même "sous-race" qu'elle aux yeux du Gouvernement, il n'empêche qu'ils restent une bande de petits voleurs violents et inutiles. Pour le moment. « Notre responsable d’intervention sera bien sûr avertie. » Autour de Carrie de renifler, tout en se gardant pour une fois de faire le commentaire qui lui brûle les lèvres: tu veux dire votre cabot. Mais Carrie préfère encore ne pas évoquer Bao, en se remémorant les innombrables potentiels sous-entendus de Mengwu; ainsi se cantonne-t-elle à un "Parfait" en se redressant, bien décidée à déjà s'en aller.

Elle observe Mengwu écrire rapidement et proprement sur un morceau de parchemin une promesse de livraison qu'elle lit rapidement avant de soigneusement la plier et la ranger dans son dossier. « Je t’enverrai les échantillons d’opium par coursier d'ici trois jours. » Le coeur de Carrie a un raté. Trois jours. Trois jours, c'est-- « Nezha sera ton contact. »
Les yeux de Carrie se relèvent vers lui. Nezha. Nezha. Son putain d'informant qui a cessé de répondre à ses missives il y a quelques semaines.
Carrie sent son estomac se tordre. Elle aurait dû faire plus attention à lui et, peut-être, ne pas le considérer avec tant de mépris en espérant le mener par le bout du nez jusqu'au bout du monde.
Putain de Nezha, putains de chinois, putain de Wang, putain de Mengwu. Putain de Bao.

Carrie sourit. Le sourire a même l'avantage d'atteindre ses yeux, brillants d'un rien de malice. Après tout, ce n'est pas nouveau que les gangs s'espionnent et ne se font aucune confiance, non? Même si ils collaborent pour forcer le Filet à fermer, ça ne veut pas dire qu'ils seront amis pour toujours - très loin de là. Business is business. "Très bien. J'ai hâte de le revoir, ça fait longtemps." Inutile de nier ou de mentir, cette fois. Elle espère que ça agace Mengwu. Ceci dit, elle ne se fait pas trop d'idées: elle pense que si Nezha n'est pas déjà refroidi, ce sera bientôt le cas. Peu importe.
Elle est secrètement soulagée que ce ne soit pas Bao qui l'ait trahie.
Elle se laisse glisser de son siège après avoir rangé son dossier et ses affaires dans son sac. "Merci de m'avoir reçue." Le sourire disparaît, elle adresse un dernier regard à Mengwu, et ne tarde pas à quitter la pièce à la hâte.

Trois jours.
Trois jours.

Le sourire revient un peu sur les lèvres de Carrie alors qu'elle quitte l'Opaleye en compagnie de Maxim.

Invité Invité

La livraison est effectuée deux jours plus tard. Il a longuement tergiversé afin d’établir le moment idéal qui titille la patience et surtout l’impatience de Carrie Kang, sans non plus aller jusqu’au bout de la limite. Il a promis trois jours tout au plus et Mengwu Wang n’est pas du genre à rompre une promesse.

La livraison est effectuée au Dancing Phoenix, au petit matin. Il n’y a aucun client, alors que les portes du club sulfureux sont encore fermées, et à peine quelques Warlocks qui traînent sur le plancher afin de nettoyer, de réparer ce qui a été cassé, de préparer les événements du soir-même.

La livraison est effectuée dans le bureau réquisitionné par Carrie, voisin de celui de Kamala. Mengwu n’y est jamais entré. Il n’a jamais vu le lecteur de vinyles, les cassettes, les oeuvres d’art au goût douteux. Il n’a jamais vu l’ordre militaire qui y règne, ne connaît pas les interdictions qui planent au-dessus de ce cocon rigide qui appartient à la demi-Vélane. Ou plutôt, maintenant, il sait, tout comme il sait que les Warlocks devront s’arroger d’un nouveau responsable à l’entretien ménager du Dancing Phoenix.

La livraison est effectuée dans la chaise même de Carrie Kang. Une chaise confortable afin de permettre à la rigoureuse comptable de passer des heures penchée sur ses dossiers, sur des colonnes de chiffres soigneusement alignés, sans risquer de se défoncer le dos, ou la nuque. La moindre des choses, après tout. Mengwu a tenu à ce que la livraison soit aussi personnelle que possible, afin d’éviter à la Fox des Warlocks de se déplacer. Une tendre attention, vraiment, pleine de considération pour la numéro 2 du gang.

La livraison se manifeste en un corps désarticulé, lourdement passé à tabac, dont les yeux morts sont fixés sur la porte du bureau, en attente d’être découvert par la propriétaire des lieux. Une odeur de charnier l’enveloppe et fait froncer le nez de tous ceux présents au Dancing Phoenix ce matin-là, sans que personne ose s’aventurer dans le bureau de Carrie. C’est interdit, après tout. Le corps est celui d’un jeune homme aux dents trop longues et aux espoirs irréalistes, qui aurait mieux fait de régler ses dettes auprès des Wang au lieu de chercher à s’extirper de leurs griffes. Le Clan n’est après tout pas connu pour sa clémence, avec les déserteurs ; et n’importe quel autre gang n’est pas reconnu pour leur appréciation des traîtres et autres infiltrés. Autour de son cou, les marques nettes d’une strangulation faite avec une poigne d’une force incroyable ; ou alors, un poing de métal, signature reconnue dans le milieu comme étant celle du chien fidèle des Wang. Autour de son torse, un paquet soigneusement enveloppé qui, lorsqu’ouvert, révélera un opium de la meilleure qualité trouvable sur tout le territoire anglais. Cinq cent grammes, très exactement.

La Clan Wang tient toujours ses promesses.