| | | Les recherches étaient longues et fastidieuses… A tout le moins, elles permettaient de découvrir un peu le coin. Je ne doutais pas que j’étais sans doute surveillé ; c’était le lot des agents d’états qui venaient, même dans des intentions pacifiques. Si ce gouvernement n’était légitimé que par la force, lors de sa prise de pouvoir, il ne devait pas considérer d’un bon œil l’arrivée d’étrangers sur son sol, encore moins d’étrangers qu’il ne tenait pas dans le creux de sa main par leur travail ou leur famille… Mais l’avantage en nous ayant envoyés sur le terrain, Selena et moi, c’était que le gouvernement sorcier de France n’avait certainement pas mal pensé la situation. Nous n’avions pas tant de familles. Mes vieux parents savaient bien s’occuper d’eux-mêmes, et je n’avais ni femme ni enfant. C’était pareil pour Selena, qui était sans doute plus encore libre que moi. Dans tous les cas, peu de prise de risque. Nous étions bons dans ce que nous faisions et en plus de ça, il était clair que si nous devions nous retrouver dans la panade les conséquences familiales et donc internes, dans notre pays, seraient plus légères.
Je ne note toutefois aucun signe que je suis suivi. Dispositif magique, peut être. Ou bien je suis juste paranoïaque. Ou je surestime le gouvernement local et ses moyens pour assurer sa sécurité et la surveillance des concitoyens forcés de coopérer. Pour l’instant quand même, on était loin de l’image d’Epinal qui était dépeinte un peu partout en Europe quand on évoquait l’Angleterre. On ne pouvait pas dire que les ruelles puaient la joie de vivre, mais les gens semblaient relativement libres de leurs mouvements, de leurs paroles aussi. Une sorte de chape de plomb semblait tout de même tout recouvrir, tout anesthésier. Les rapports humains semblaient distants, et pas parce que ces gens étaient étrangers, avec d’autres coutumes, d’autres manières de se comporter. Bref.
Je déambule innocemment dans les rues après m’être séparé provisoirement de Selena. Non pas que sa présence me pesait, mais nous couvrirons plus de terrain en allant dans des directions différentes. Cela nous permet aussi d’avoir une idée de la température de chaque quartier du Londres Sorcier. Je continue de me balader de devanture en devanture, sans trop m’attarder sauf sur les indications manuscrites, affichées à l’entrée des échoppes et qui concernent des locations. Forcément, ça limite un peu le champ des recherches… Mais j’arrive devant un glacier, et pris d’une envie soudaine de coupure, j’entre. Je pourrais me cacher derrière l’excuse que parler avec des commerçants me fera un peu mieux comprendre l’état d’esprit des sorciers britanniques, mais en fait non, j’ai juste besoin d’une glace. En passant la porte…
Je vois Raphaelle, Raphaelle Schneider. Je reste coi, dans l’encadrement de la porte. Avant de parler malgré les deux clients arrivés avant moi.
Je me rappelle très bien d’elle. De ses stigmates. De notre « relation », si ce mot signifie quelque chose à cet âge-là.
| Raph ? Ah ben merde alors. Qu’est-ce que tu fais ici, à Londres ? |
Un éléphant dans un magasin de porcelaine. Et question doublement stupide pour un auror.
| Je veux dire… Je savais pas que tu étais ici. Pardon, messieurs dames… | finissais(je en anglais, à l’intention des mécontents qui faisaient la queue. |
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