Dix-sept heures vient de sonner sur l’énorme horloge de Gringotts qui trône au centre du Chemin-de-Traverse. Accoté sur le mur d’un bâtiment, Jarod se redresse et se frotte les mains, un demi-sourire s’affichant sur son visage. C’est le temps de vendre. L’élite sorcière va bientôt débarquer et il aura quelques clients en manque de ses précieuses potions hallucinogènes. Ces dernières commencent à avoir une certaine popularité au sein des sorciers fortunés. Autant, il en est fier et qu’il fait max de gallions, autant il sait que chaque nouvelle journée et chaque nouvelle vente est un nouveau risque. Bien entendu, son petit commerce est illégal et s’il vient à se faire prendre, il est cuit. Plus que cuit, même. Il a toujours peur de se faire prendre, par les forces de l’ordre qui se promènent constamment dans les rues ou par un infiltré ou parce qu’on l’a dénoncé. Chaque jour, il joue avec le feu. Non, seulement il se met dans une situation précaire, mais il met aussi la résistance en danger. Il pourrait être gravement puni si les hauts placés venaient à le savoir. Mais personne ne connait ses manigances. Il ne l’a dit à personne, pas même à Izzy. C’est son truc à lui. Il ne fait pas ça pour se rebeller ou pour prouver quoi que ce soit, il veut juste permettre aux sorciers de s’amuser un peu et d’oublier le temps de quelques heures, toutes les interdictions émises par le gouvernement. Il leur fait une faveur. Au moins, une fois par semaine, il se dit qu’il va cesser ses activités, mais quand il se rend compte de tout le fric qu’il arrive à se faire, il se dit que ça vaut le coup. Même si à proprement parlé, il n’a pas réellement besoin d’argent. Ses grands-parents ont légué un bon petit pactole à sa sœur et lui à leur mort. Nombreuses sont les fois où il a failli être appréhendé, mais il a toujours réussi à s’en sortir. Plutôt chanceux, le petit!

Avec le temps, Jarod s’est rendu compte que faire ses ventes illégales en début de soirée est le meilleur moment de la journée. Tout juste quand les gens du ministère terminent leur quart de travail. Les rues sont alors pleines, les gens sont pressés de rentrer à la maison, il y a de l’action, de l’effervescence et personne ne fait vraiment attention à ce qui se passe autour d’eux. Tandis que tard le soir, il est plus douteux de voir deux personnes dans une ruelle louche en train de faire des messes basses et d’échanger des objets. Les autorités sont plus à l’affût des délinquants puisque la plupart des délits se déroulent la nuit. Et le matin, les gens sont bien trop endormis pour vouloir faire des affaires. Il est rare de vouloir planer à cinq heures le matin. À moins de travailler la nuit ou d’être un junkie. Ce n’est pas si rare qu’il fasse des ventes à ce moment-là, même si ce n’est pas ce qu’il préfère. Il devient alors une cible facile et les échanges se font rapidement. Il a appris à modifier sa façon de faire. Il ne se positionne pas toujours au même endroit pour ne pas attirer les soupçons. Ses clients fidèles savent le reconnaître. Il porte toujours un chapeau et un signe distinctif, une plume grise. Assez commun pour passer inaperçu, assez voyant pour qu’on le retrouve rapidement. Jusqu’à maintenant, ce système fonctionne bien, même s’il n’est pas très élaboré.

Dix-sept heures huit, un homme d’une trentaine d’année s’approche de lui et lui fait un signe de la tête. Ils se donnent la main comme s’ils sont des grands amis, le jeune Nielsen sent des pièces dans sa paume. Le type lui murmure ce qu’il veut et Jay hoche la tête. Il ouvre son sac en bandoulières et en sort deux petits flacons, un au liquide vert forêt, l’autre au liquide argenté. Deux potions, deux effets. Ils font l’échange comme si de rien était et l’autre repart sans un mot. Personne n’a fait attention à eux, aucune parole échangée, le strict minimum. Une jeune fille dans la mi-vingtaine se dirige vers lui. Il l’a voit toutes les semaines et la trouve bien mignonne. Il aimerait bien lui parler, mais ça ne serait pas très convenable et irait contre ses règles. Elle lui dit sa commande et il lui sort un flacon rose. Alors qu’il empoche son argent, une tête blonde qu’il reconnaîtrait n’importe où et n’importe quand apparaît dans son champ de vision. Il se renfrogne dans ses épaules et se cache dans la ruelle. Si Izzy le voit, elle va lui faire une crise et ils vont se mettre dans la merde tous les deux. Il se demande ce qu’elle fait là. Pas que c’est louche de la voir sur le Chemin-de-Traverse, mais qu’elle entre chez l’apothicaire, un peu plus.

Les cheveux en bataille, assise en tailleur, entourée de fioles en tout genre, elle regarde sa potion buller dans tous les sens, visqueuse et verdâtre, qui pue les œufs pourris. Azaël soupire et se laisse tomber par terre comme une patate, désespérée. Les potions, c’est vraiment pas son truc. Non, c’est la spécialité de Jarod et l’admiration de la jeune femme à son égard vient de monter encore d’un cran parce que, putain, faire des potions c’est dur. Il faut dire qu’elle part de loin, elle ne sait même pas se faire cuire un œuf. C’est de notoriété public : elle fait un bien piètre chef. D’ailleurs tout le monde au camp redoute de la voir cuisiner lorsque c’est à son tour de le faire. Elle essaie pourtant mais elle n’y peut rien, elle oublie toujours un truc ou ne fait pas attention à la température ou elle ne regarder pas le temps de cuisson, et puis juste elle a la poisse. Jarod, lui, est méthodique, organisé, tout le contraire d’elle. Là, ca fait déjà 3 fois qu’elle réitère l’expérience et ca ne donne rien. Ca l’énerve, il en faut peu certes mais là ca l’agace tout particulièrement. A nouveau, elle se prend la tête entre les mains et jure en norvégien. Heureusement qu’elle s’est planquée dans un coin de la forêt et qu’on ne risque pas de tomber sur elle parce qu’on pourrait prendre peur pour sa santé mentale. Ses cheveux ne ressemblent plus à rien et elle a l’air d’une folle lorsqu’elle se lève soudainement pour coller un coup de pied dans son chaudron qui se déverse par terre. La végétation n’y résiste pas et fane prématurément au contact de la potion laissant une Azaël pétrifiée de stupeur. « Owaw, heureusement que j’ai pas testé ça sur moi... » Elle va y passer avec cette connerie mais est ce qu’elle a vraiment le choix ?

Le choix de quoi vous allez me dire ? Le choix de prendre cette foutue potion ou de rester dans l’inconnu total. La scandinave n’est pas patiente et ne peut pas rester sans savoir, voilà, elle n’a donc pas le choix. Parce que, voyez vous, le problème d’Azaël c’est qu’elle s’est rendue compte qu’elle avait du retard, beaucoup de retard, et maintenant elle ne pense plus qu’à ce léger et tout petit détail qui peut prendre de bien trop grandes proportions dans un futur pas si éloigné que ça. Vous l’imaginez avec un enfant ? Il vivrait dans les bois et serait ami avec des écureuils peut être, il grimperait aux arbres et s’amuserait à attraper des poissons à mains nues. Pire, vous l’imaginez, elle, maman ? Mais pauvre gosse… Non vraiment, le stress, rien qu’à y penser elle en a des sueurs froides ! Alors c’est simple faut qu’elle fasse cette potion test de grossesse et qu’elle sache le fin mot des choses parce que là vraiment, ça l’angoisse. Elle pointe sa baguette vers le chaudron, déter comme jamais, et il revient à sa place initial tout beau tout propre. Azaël est tétue et elle ne compte pas se faire mettre ko par une putain de potion à la con !

Bien sûr, elle pourrait demander à Jarod de l’aider. Ca serait sensé et beaucoup plus prudent que de tenter une potion hasardeuse sur soi-même. Mais elle se voit mal se ramener vers son jumeau et lui demander de lui faire une potion test de grossesse. Il deviendrait sûrement tout blanc, puis tout vert ou tout rouge, il se mettrait à bégayer comme un con après un silence de 10 bonnes minutes nécessaire à imprimer cette information inconcevable. Et surtout, il lui ferait la leçon, d’autant plus qu’il n’est pas fan d’Aslan. Alors il s’en donnerait surement à coeur joie et elle n’a vraiment pas besoin de ça là tout de suite. Bien entendu son jumeau serait sacrément mal placé pour lui faire une quelconque remarque, lui qui est pas passé loin d’être papa à seulement 15 ans, mais ce petit détail ne lui traverserait sûrement pas l’esprit sur le coup. Elle n’a pas envie de se prendre la tête avec lui et surtout elle n’a pas envie que quiconque soit au courant de cette affaire. Cette affaire, oui, elle l’appelle comme ça, c’est triste d’un côté mais elle voit tout ça comme une affaire terriblement honteuse et surtout flippante à traiter au plus vite. Alors elle se rassoit devant son chaudron et se relance dans cette recette maudite.

Preuve qu’elle est très mal organisée, elle a déjà fait la moitié de la potion lorsqu’elle se rend compte qu’il lui manque d’un ingrédient ce qui a pour effet de la faire jeter la fiole contre un arbre en lancant un « Mais lààààà ! » agacé. Pour sa défense, sachez qu’elle n’est pas comme ça d’habitude. Certes Azaël est une personne entière et assez… énergique disons mais elle a tout de même un meilleur caractère -bien qu’enflammé- qu’à cet instant. Disons que les circonstances sont atténuantes et qu’on lui excuse cet état exceptionnellement… enragé. Etat qui s’accompagne de jurons en tout genre, bien entendu. Azaël se relève et hésite un instant. Ca ne serait pas raisonnable de tout de faire ce qu’elle pense à faire. Pas raisonnable du tout mais elle n’est pas connue pour être raisonnable après tout… « Sa mère. » Elle attrape sa cape et disparaît dans un POUF sonore.

Non, le chemin de Travers ce n’est pas une idée de génie pour un membre de la résistance, mais elle veut juste acheter un tout petit ingrédient de rien du tout. Ca prendra quoi ? 5 minutes à tout péter. Autant dire que si il lui arrive une quelconque mésaventure pendant ces 5 minutes, ca ne serait vraiment pas du bol. Elle est chanceuse en plus, ca réduit donc indubitablement les chances d’avoir un problème à quasi zéro, non ? Forte de cette idée, elle rentre chez l’apothicaire rapidement, fait son emplette tout aussi rapidement et lorsqu’elle ressort, elle ne pense qu’à repartir. C’est ce qu’elle aurait fait si elle n’avait pas vu la tête de son frère dépasser d’une ruelle. « Jay? » La jeune femme se stoppe direct, interloquée. Il fait quoi là ? Il essaie de se planquer ? De qui ? Elle regarde discrètement aux alentours et comprend que si il se cache de quelqu’un alors c’est sûrement d’elle. Il aurait pu être en mission mais ca se voit sur sa tronche de coupable. Oui, elle le connaît par coeur le gugus. Azaël fronce les sourcils et le rejoint le plus naturellement possible, ne voulant pas éveiller les soupçons, mais quand elle arrive à son niveau elle a du mal à rester nonchalante. « Qu’est ce que tu fous là ? » Elle oublie qu’elle même est un peu prise en flag mais en tant que grande sœur, c’est à elle de poser les questions non ?

Ses yeux n’ont pas quitté la porte de l’apothicaire depuis qu’il a vu sa sœur y entrer. Jarod essaie de se concentrer sur ses ventes, mais son esprit n’est pas avec ses clients. Il fait ses transactions mécaniquement. Il reçoit les pièces, écoute les commandes et donne les potions sans même jeter un seul regard aux acheteurs. Il sait exactement où se trouvent les flacons dans son manteau et leur quantité. D’ailleurs, il n’a déjà plus de l’argenté. "Reviens demain, j’en aurai d’autre. Je t’offre la verte en compensation." Le client hausse les épaules et accepte le marché. Il aurait été idiot de refuser une potion gratos, même si elle est un peu moins forte. Il aura droit tout de même droit à un bon hype. Il essaie de penser ce qu’Azaël peut bien ficher à l’intérieur d’un magasin qui vend des produits, ingrédients et accessoires nécessaires à la préparation de potions et autres remèdes. Il ne se rappelle même pas s’il l’a déjà vu mettre les pieds dans un tel endroit. On ne va pas se le cacher, sa sœur n’a jamais été très douée dans la confection de potions. Elle a un tas d’autres qualités et de spécialités, mais les potions n’en font pas parties. Tout comme la cuisine. Suivre une recette, suivre des étapes, ce n’est pas pour elle. Impatiente, elle veut toujours allée trop vite, tout le temps. Elle lit à moitié, saute des étapes, ne regarde pas les quantités, ne fait pas les bons mouvements, ne dit pas les bonnes incantations. Non vraiment tout ce qui nécessite une marche à suivre et un peu de méticulosité ce n’est pas pour elle. Jarod a bien tenté de lui montrer et de lui faire réaliser l’importance de suivre chacun des points avec précision, mais ça ne la jamais intéressée et ça la toujours bien saoulée. Alors que pour lui, ce domaine, ça a toujours été une évidence. Dès qu’il a confectionné sa première potion avec leur oncle Sorën, il savait que ça deviendrait important dans sa vie. Fabriquer quelque chose de zéro avec des ingrédients douteux, qui n’ont à priori rien en commun, mais que mélangés ensemble, donnent des résultats fabuleux autant bénéfiques que dévastateurs, lui procure un sentiment de satisfaction toutes les fois. Il aime cueillir, humer, choisir, couper, arracher, moudre, pétrir, effriter, manipuler les ingrédients. Il aime apprendre et connaître les vertus de chacun. Il aime sentir les effluves qui se dégagent de ses concoctions. Il aime inventer, découvrir. Si son oncle ne l’avait pas poussé à suivre une formation de médicomage, le Nielsen se serait sans aucun doute diriger vers une carrière de potionniste. Heureusement, il a réussi à trouver un compromis en se spécialisant dans les empoisonnements. Les potions ne sont jamais bien loin de lui. Et vice versa.

Ça doit faire cinq minutes qu’elle est à l’intérieur. Lui, il est bien capable de rester des heures dans cette boutique, ce n’est pas un problème, mais il sait que sa blonde de sœur n’est pas une fan et même que ça la dégoûte un peu de voir flotter des choses dans le formol. Si elle est entrée, c’est parce qu’elle sait ce qu’elle veut. Elle n’est pas là pour magasiner. Il a beau se creuser la tête et de trouver une raison logique à présence à l’apothicaire, aucune ne lui vient à l’esprit. Aucune de logique en fait. Il vend la dernière potion en sa possession lorsque la porte s’ouvre et sa jumelle en sort, un peu nerveuse. Il remarque rapidement le petit sac en papier kraft à sa main qu’elle serre plus que de raison. Il plisse les yeux comme pour voir à travers le sac, lorsqu’il se rend compte qu’il se trouve en plein dans le champ de vision d’Izzy. Il essaie de dissimuler derrière un arbuste, mais trop tard. Elle la déjà repéré et se dirige vers lui. Merde. Il s’accote sur le mur et croise les bras, décontracté. "Hé la sœur. Je m’attendais pas à te voir ici. C’est dangereux, tu sais." Répond-il aussitôt, un sourire en coin taquin sur les lèvres. Il regarde autour d’eux et attrape la belle par le bras pour l’entrainer dans la ruelle, un peu plus à l’abri des regards. "J’attends Goldylocks. Elle a des infos sur celui-quon-veut-mort. " Le gros mensonge, mais c’est la première chose qui lui est passé par la tête et qui pourrait être plausible sans attirer les soupçons de sa sœur. Il a parlé normalement en le regardant dans les yeux. Il sait qu’elle est capable de le lire. Il espère avoir été convaincant. "Et toi? C’est quoi ça? " Il pointe du menton ce qu’elle a dans la main. "Monsieur Mulpepper va bien?" Il lève un sourcil inquisiteur vers elle. Lui aussi il l’a vu et il aime bien pouvoir la mettre dos au mur.

Elle a toujours était plus ou moins sur son dos, depuis aussi loin qu’ils s’en souviennent tout du moins. Toute petite déjà, elle le sermonnait en le pointant du doigt, imitant leur oncle à la perfection, en lui disant qu’il ne devait pas partir tout seul dans la forêt, qu’il devait lui dire pour qu’elle vienne avec lui, sans quoi il aurait des problèmes. Ca avait quelque chose de comique à l’époque parce qu’infiniment cute de la voir se prendre pour la grande qu’elle n’était pas. Depuis on ne peut pas dire que ce soit comique, ni cute d’ailleurs, qu’Azaël joue les grandes sœurs à ce point avec lui. C’est plus fort qu’elle à vrai dire. Elle doit être celle qui veille aux grains, qui fait attention à ce que Jarod ne fasse se mette pas dans des situations pas possibles. C’est doublement stupide de sa part de penser ça. Tout d’abord parce qu’ils sont jumeaux et que donc le concept d’ainé ne fait pas réellement sens mais aussi parce que, de eux deux, il n’y a aucun doute sur celui le plus enclin à faire des conneries et sur celui qui veille actuellement aux grains. Jarod a toujours été cet être doué de bon sens, au tempérament réfléchi, qui mesure les conséquences de ses actes. Azaël elle… On ne peut pas en dire autant. Mais elle ne se remettra pas en question, parce qu’elle est la grande sœur grâce à ses quelques minutes d’avance sur Jarod, ca lui donne l’avantage de demander des comptes sans en rendre non ? Bon, disons que oui. La question est donc : qu’est ce qu’il fiche ici hein ?

La jeune femme est déjà un brin vénère de le trouver là, juste un brin et c’est surtout parce que c’est quand même un outrage qu’il se planque d’elle, sa propre sœur ! Mais en plus de ca, son jumeau a le culot de lui sourire avec ce sourire de petit con qu’elle déteste là. Ce sourire, fait à n’importe qui d’autre, a le don de la faire pouffer de rire, mais pas quand il est retourné contre elle. Alors oui, rien que ça, ça suffit à faire grimper d’un cran la barre sur son échelle de l’énervement (et elle est pas haute l’échelle, on arrive très rapidement à la rage). « Hé la sœur. Je m’attendais pas à te voir ici. C’est dangereux, tu sais. » Genre il lui sort ça en plus quoi ! Avec ce ton là en plus ! Dans le genre « je n’aide pas mon cas », je vous présente le maître en la matière, Jarod Nielsen, crétin à ses heures perdues. Elle est pas aussi intelligente que lui mais elle est pas complètement teubée non plus ! Alors elle répète en l’imitant exagérément comme si il était un sermonneur pédant et condescendant. « C’est dangereux tu sais, blablabla. » Elle finit le tout en lui faisant un signe pas très sympa… Oui… les jumeaux, quand ils sont ensemble, ont toujours 10 ans, la seule chose qui a changé c’est qu’elle lui fait des fucks plutôt que de lui tirer la langue. « Je te retourne la remarque patate. » Finit elle par lâcher plus normalement en lui filant un coup de poing en pleine épaule.

Sur ce, son frère l’entraîne dans une ruelle plus au calme ce qui est, en soi, une sage décision à laquelle elle ne peut rien dire bien que, là maintenant tout de suite, elle meurt d’envie d’aller à l’encontre de quoique ce soit venant de Jarod. Il s’explique alors sur sa présence ici, et Azaël l’écoute, parce que oui, elle est tout de même capable de ça. « J’attends Goldylocks. Elle a des infos sur celui-quon-veut-mort. » Azaël reste interdite quelques instants froncant des sourcils. Il y a un petit quelque chose dans le ton de son frère qui l’ennuie et, à vrai dire, elle ne le croit pas totalement mais elle lui laisse finalement le bénéfice du doute. Plusieurs choses tournent dans sa tête à la fois. La plus importante, et qu’elle retient par dessus tout, est le fait qu’ils pourraient avoir un lead dans leur recherche de vengeance et ça, ça l’enthousiasme par dessus tout le reste. « Comment ça ? D’où ca sort ça ? Pourquoi vous faites ça ici ? c’est débile comme lieu de rendez vous. » Tant de questions toutes plus ou moins importantes d’ailleurs. A vrai dire, elle s’en fiche bien qu’ils se rencontrent ici. Oui, elle trouve ça bête mais c’est secondaire. Totalement secondaire même. Ce qui l’est moins, elle le garde pour la fin, et alors qu’elle pose cette dernière question, Jarod pourra lire dans son regard à quel point sa réponse pourrait provoquer une élévation de plusieurs crans sur son échelle de l’énervement.« Et surtout pourquoi tu m’as rien dit ? » Ils se disent tout, surtout sur ce sujet là. Le fait que Jarod ait pu lui cacher une piste potentielle la blesse tout comme ça la fait enrager.

Il change de sujet et c’est à son tour de se retrouver au pied du mur. « Et toi? C’est quoi ça? » Il montre le sac en papier qu’elle a dans les mains et le regard azur de la jeune femme suit celui de son frère. L’espace de quelques courts instants, elle se demande elle même ce qu’il peut bien contenir. L’info sur Goldylocks lui a fait perdre le file de ce qu’elle était en train de faire et lorsqu’elle s’en souvient enfin, elle a tout le mal du monde à faire comme si de rien n’était. Elle n’a même pas ouvert la bouche qu’elle sait que Jarod l’a probablement grillé. C’est le problème des jumeaux Nielsen, ils se connaissent par coeur. Alors le moyen le plus simple de ne pas trop éveiller les soupçons, c’est encore un faux mensonge. « C’est top secret. » Après tout, c’est top secret pour elle son petit problème de retard utérin, doooonc elle ne ment pas totalement (smart la nana).Cette réponse a le double avantage qu’il pensera sûrement qu’il s’agit d’une affaire pour l’Ordre. Si elle le pouvait elle s’high-fiverai toute seule pour cette parfaite réponse qui la sort du pétrin. Parce que si il y a bien une personne à qui elle ne veut pas parler de sa petite crise d’hystérie concernant une éventuelle grossesse, c’est bien Jarod. Il ne peut pas encadrer Aslan, alors non seulement il lui ferait une crise cardiaque en plein chemin de Travers mais en plus elle l’entendrait bitcher pendant des heures. Sans compter que… ca serait sûrement injuste de l’alerter pour rien. Elle ne voudrait pas donner à Jarod une raison de remuer son propre passé en la matière.

Il la sort un peu de ses pensées lorsqu’il demande nonchalament :« Monsieur Mulpepper va bien? ». Elle scille des yeux plusieurs fois, essayant de comprendre de qui il lui parle et elle finit par capter qu’il s’agit de l‘apothicaire. Azaël balaie le tout en une remarque un tantinet acerbe. Les blabla du genre ne l’intéressent pas dans ce genre de situation. « J’en sais rien Jay, c’est pas comme si j’étais une habituée. » Elle se poste à côté de lui et croise les bras alors qu’elle commence à partir en roue libre, ayant besoin d’évacuer un peu de colère de manière saine et pas du tout relou, non non. « J’en reviens pas que tu m’aies pas dit que t’allait avoir des infos sur l’autre là. Franchement Jay ! » Elle se tourne vers lui et lui décroche un regard noir mais avec un air fier de défi sur le visage. « T’as pas l’air de t’intéresser à mon avis, donc je te demande pas si ca te dérange que je reste avec toi pour voir  Goldylocks hein. » Et elle ajoute, pour finir enfin un : « T’es naze des fois. »

Un. Gros. Naze.

Jarod est bien au courant que ce sourire qu’il réserve habituellement à d’autres met sa sœur dans tous ses états lorsqu’il est adressé à elle. Il aime bien la voir s’énerver alors il en rajoute. Azaël sait que quand il le sort, c’est pour charmer, c’est pour faire le beau, pour manipuler. Qu’il a un truc à cacher. Elle le connait trop pour qu’il tente quoi que ce soit, pour qu’il s’esquive. Elle verrait rapidement son jeu et il ne veut absolument pas lui donner le moindre indice de sa véritable présence. Il reste décontracté avec son sourire fendant, mais ses pensées tournent à mille à l’heure pour essayer de trouver une raison plausible à sa présence sur le chemin de traverse à la vue de tous. Il invente ce truc avec Goldylocks qui aurait des informations sur leur paternel sans penser un seul instant qu’elle le prendrait mal. Elle le harcèle de question et pendant quelques secondes, son pouls s’accélère et il se sent pris au piège. Il regarde autour de lui pour trouver une échappatoire. Il croise le regard d’un client qu’il reconnait bien, il secoue la tête pour lui dire de ne pas venir vers lui, de toute façon, il n’a plus rien. Heureusement, d’ailleurs. Il n’aurait pas pu expliquer la présence de la vingtaine de flacons de trois couleurs dans les poches de son imper. Il voit le visage de l’autre homme se décomposer, il lui répond d’un visage désolé et reporte rapidement son attention sur sa jumelle qui se plaint d’avoir été mise à l’écart. Drama queen, vous dites? "Parce qu’il n’y avait rien de sûr et que je voulais être certain que ces infos valaient la peine de les considérer. On s’est déjà excité pour des informations qui étaient fausses et on s’est fait avoir. J’voulais éviter ça." Il hausse les épaules pour s’excuser. C’est assez stupéfiant comment il arrive à mélanger le vrai et le faux comme si de rien était. "Alors, tu te calmes, veux-tu. " Son regard entendu se pose sur sa sœur. Un regard signifiant qu’il ne fait rien au hasard et qu’il sait ce qu’il fait. "Tu sais très bien que j’aurais rien fait sans t’en parler. " Il lui pousse l’épaule pour la dérider, pour s’excuser voyant bien qu’elle se braque. Ceci dit, il comprend qu’elle soit blessée. Si l’histoire avait été véridique, il lui en aurait parlé bien avant de savoir si tout était vrai, mais voilà. Tout est faux, alors il pédale. Si elle doit l’apprendre, il est foutu. Il doit aller jusqu’au bout.

Il décide finalement de changer de sujet pour en revenir à elle. Essayer de faire en sorte qu’elle oublie un peu cette histoire d’informations. Elle et sa présence chez l’apothicaire. Elle et son papier kraft mystérieux dans la main. Il fronce les sourcils à sa réponse pour le moins honnête. Elle ne dit pas ce qu’il contient, mais elle n’invente pas d’histoires à dormir debout. "Bin voyons. J’pensais qu’on se disait tout. Aller, dis-moi!" Il s’avance d’un pas pour tenter de lui prendre le sac des mains, mais il s’arrête. Il se doute de comment ça pourrait se terminer s’ils décidaient de faire de la lutte en plein Chemin de Traverse, pas très incognito tout ça. Il demande plutôt comment va le propriétaire de la boutique pour lui signifier qu’il l’a vu sortir de là, mais sa petite pique ne fait pas mouche et Izzy ne prend pas. Ses yeux bleus n’ont pas quitté le sac et il a presqu’envie d’aller rencontrer monsieur Mulpepper et lui demander ce qu’elle a acheté lorsqu’elle se déciderait à partir. Ouais, c’est la meilleure solution. Il est fier de son idée et sourit pour lui-même lorsqu’Izzy revient à la charge.


Il sert imperceptiblement les dents lorsqu’elle lui demande (façon de parler) si elle peut rester attendre Hannah avec lui, alors que son corps se raidit. Il prend sur lui et fait un effort considérable pour ne pas trahir son agacement. Il aurait dû s’en douter qu’Izzy ne le laisserait pas s’en sortir aussi facilement. Ce qu’elle peut être casse-pieds quand elle s’y met. Toujours à s’imposer dans ses affaires pour être certaine de ne rien manquer. Pour être certaine qu’il ne la dépassera pas. Ou qu’il ne fera pas de bêtises. Elle aime bien jouer les grandes sœurs protectrices, Izzy. Parce qu’elle est née trois minutes avant lui, elle se permet de lui faire la morale et de le surprotéger. Alors que dans les faits, c’est elle l’impulsive du duo. C’est elle qui est irréfléchie et qu’on doit surveiller. Jarod a toujours un œil discret sur elle, mais il ne la suit pas à la trace pour s’assurer qu’elle va bien, même si elle prêt à tuer et à faire n’importe quoi pour elle. Il sait qu’elle est capable de se défendre seule. Ah ouais, ça il le sait bien pour en avoir frayé les coups lors de leurs entraînements. Seulement, il aimerait bien ne pas l’avoir toujours dans les pattes. Il lui fait confiance, pourquoi elle ne fait la même chose? "Ouais, tu peux rester. Ça sera moins chiant à deux." Il se force à sourire se demandant ce qu’il va pouvoir inventer pour la faire déguerpir. Il sait que s’il avait tenté de la dissuader et qu’il avait inventé une raison, elle serait devenue encore plus insistante et suspicieuse. En acceptant qu’elle reste, peut-être que ses soupçons s’envoleront. "Toi t’es chiante. " Répond-il en roulant des yeux, mais un sourire sur le coin des lèvres. Il est à moitié sérieux, mais il réussit à bien le cacher. Il n’a pas envie de se prendre la tête avec sa sœur maintenant. Il s’accote de nouveau sur le bâtiment en mode attente. Il regarde l’heure passer et il se dit que patiente comme elle est, c’est-à-dire, pas du tout, sa blonde de sœur va vite s’emmerder et décider de partir. Mais, elle reste. Il aime sa sœur, mais il veut juste avoir la paix, là. "Peut-être qu’elle viendra pas. Elle a dû avoir un empêchement." Qu’il dit après cinq minutes de silence curieux. "On ferait mieux d’y aller pour pas attirer les soupçons."

Bon, peut être qu’elle exagère juste un peu et que du coup le pauvre Jarod se prend une Azaël agacée dans la poire alors qu’il a rien demandé mais. MAIS. Pour la défense de la jeune femme, elle n’est pas dans une situation où une quelconque logique entre en compte. Je tiens tout de même à rappeler à tout le monde qu’elle vient de passer des heures à se prendre la tête avec un chaudron quand même. Mais… Pourquoi il fait « non » d’un mouvement de tête ce crétin là ? Azaël se retourne et ne voit que des passants qui… passent (duuuh) et lorsqu’elle se retourne vers son frère, elle fronce légèrement des sourcils sans ne rien comprendre. Mais son jumeau arrive à détourner son attention de ce geste un peu bizarre qui passe rapidement à la trappe. « Parce qu’il n’y avait rien de sûr et que je voulais être certain que ces infos valaient la peine de les considérer. On s’est déjà excité pour des informations qui étaient fausses et on s’est fait avoir. J’voulais éviter ça. Alors, tu te calmes, veux-tu. Tu sais très bien que j’aurais rien fait sans t’en parler. » Elle ne l’a pas lâché du regard alors qu’il disait ça et, même si elle continue de trouver ça un peu chelou, Azaël finit par accepter la situation telle qu’elle est. De un parce que, franchement, y’a pas non plus mort d’homme et de deux parce que, de toutes manières, c’est pas comme si Jarod pouvait modifier le passé pour se rattraper. Mais pour la forme, elle va continuer d’y mettre un brin de mauvaise volonté. Sinon ca serait vraiment trop facile pour lui. « Mouais. » Elle le pointe d’un doigt accusateur et ajoute un « Refais plus jamais ça par contre. » qui n’est sûrement autoritaire que pour elle.

Puis c’est à son tour de se faire interroger sur ce petit sac craft de rien du tout qu’elle tient dans les mains. Elle a cru que sa réponse était en béton et que Jarod ne chercherai pas plus loin mais il tente tout de même d’en savoir plus. « Bin voyons. J’pensais qu’on se disait tout. Aller, dis-moi! » Elle le pousse légérement et lui répond rapidement, peut être trop d’ailleurs, mais décide de garder la même ligne de conduite. « Mais naaan, c’est top secret je te dis là ! » Le meilleur mensonge, c’est encore de pas en avoir en somme.

Elle décide unilatéralement de rester avec son frère pour attendre Hannah. Elle lui demande pas son avis mais Jarod trouve tout de même le moyen de le donner. « Ouais, tu peux rester. Ça sera moins chiant à deux. » D’un côté c’est tant mieux, ils auraient perdu du temps à se chamailler pour un rien autrement. Jarod sait de toutes façons que lorsqu’Azaël a un truc en tête, c’est difficile de la faire changer d’avis. Pas impossible, juste difficile, c’est peut être pour ça qu’il est si patient en fait. Ne serait ce que la manière dont elle le traite de naze, faut quand même être vachement psychologue pour se sortir de ca. (or nooot) « Toi t’es chiante. » Elle rigole et le pousse gentiment d’un coup d’épaule. Ne cherchez pas, c’est un truc de jumeaux de se marrer en s’insultant presque.

Les minutes passent et le cerveau d’Azaël se remet plus ou moins sur son chemin initial. Bien entendu il a fallu qu’elle ne réfléchisse pas le moins du monde et qu’elle reste avec Jarod plutôt que de se carapater vite fait pour reprendre la préparation de sa potion. Mais elle ne va pas se mentir, elle n’arrivera jamais à faire cette putain de potion à la con. Elle se demande ce qu’il se passe quand on ingurgite une potion vraiment ratée d’ailleurs. Peut être qu’elle pourrait y passer... Damn, elle veut pas mourir comme ça ! C’est tellement ridicule comme mort. « Morte par ingestion d’une potion foireuse qu’elle avait elle même mijoté ». Non franchement c’est pas flamboyant comme mort… Alors que Jarod, lui, il sait les faire les potions, il sait même très bien les faire. Elle pourrait peut être lui demander ce service. Elle pourrait même dire que c’est pour genre une copine. Non, ca marche jamais ça. Bon, ok, la chose sensée c’est quand même de demander à l’expert des potions de faire la potion… Il sera tellement vénère quand elle lui dira. Oh puis il lui fera la morale aussi, et elle déteste quand il fait ça quoi. Et puis d’un côté, elle n’est même pas sûre de sa réaction, après tout lui aussi a vécu une grossesse non désirée (pas de lui hein, de sa copine de l’époque voyons) et après avoir perdu le bébé… comment est ce qu’il prendrait cette nouvelle ? Et merde si ca se trouve elle est même pas enceinte en plus quoi ! Voilà où elle en est (en panique interne totale donc) quand Jarod la sort de ses pensées. « Peut-être qu’elle viendra pas. Elle a dû avoir un empêchement. On ferait mieux d’y aller pour pas attirer les soupçons. » Elle a presqu’oublié de quoi il parle et a besoin de quelques secondes pour bien tout se remettre en tête. C’est vrai que ça a l’air un peu mort cette affaire mais ce n’est pas la première fois, et ca ne sera pas la dernière, qu’un informateur ne peut pas arriver au lieu de rendez vous. Elle espère juste que rien de grave n’est arrivé à Hannah (mais bien sur que non, vu que tout ca c’est un mensonge de son frèèèère). « Ouais on se casse, on a l’air de deux cons là. » Et elle se met en marche aussitôt.

Ils font quelques mètres l’un à côté de l’autre et Azaël se dit que c’est maintenant ou jamais pour demander à Jarod son aide. Bien entendu, son cerveau a beau lui dire de se lancer, sa bouche, elle, ne veut pas sortir un mot. L’hésitation évidente qui tiraille Azaël lui donne un comportement un peu chelou mais elle finit par se lancer. « Jarod. » Elle hésite entre le regarder ou pas mais après une oscillation du regard celui ci se pose finalement sur son jumeau. « Si je te dis un truc, bon c’est peut être pas un vrai... truc mais peut être que si, j’en sais rien justement. » Appeler une grossesse hypothétique un « truc » n’était clairement pas son intention première mais quand on ne trouve pas le bon mot il n’y a pas d’autre choix non ? Enfin bref, ca rend clairement pas les choses très claires. Elle s’embourbe dans son explication et poursuit de manière encore plus fouillis, le tout avec une rapidité déconcertante et une panique montante au fur et à mesure que ses mots sortent de sa bouche. « Et là j’ai vraiment besoin de ton aide tu vois parce que moi je m’en sors pas et que toi tu pourrais faire ça trop facilement et en plus je risquerai pas d’en ressortir avec des plaques vertes ou de m’auto-empoisonnée et le dernier truc donc j’ai besoin c’est genre de passer ma nuit à vomir des litres de gelée fluo quoi ! » Rien qu’à imaginer ça, franchement, elle a envie de vomir là tout de suite, en plein sur les chaussures de Jarod (mauvais endroit au mauvais moment gars). Elle doit se faire violence pour se recentrer un peu et arrêter ses délires. « Bref, j’ai besoin de toi mais d’abord tu dois promettre de pas péter un câble... » Elle le regarde comme si elle était un petit chiot abandonné et pour le coup, elle ne le fait même pas exprès. « Et de pas me juger. » Un silence, une petite réflexion et elle ajoute. « Et de pas me faire la morale. » Non parce que ca, ca la rend folle même si, bon, y’aurait un peu de quoi… ouais bon, elle ajoute. « Enfin pas trop tout du moins. Parce que tu vois tout ça, ça se passe déjà dans ma tête là ! »

C’est vrai qu’elle a un peu l’air d’une folle… Clairement il s’en passe des choses dans sa tête.

Ça l’emmerde vraiment qu’elle soit là et qu’elle l’empêche de faire son boulot. D’accord, il a réussi à tout vendre avant qu’elle se pointe le bout du nez, mais le fait de s’être presque fait prendre la main dans le sac, le met en colère. Contre lui-même de ne pas avoir pensé à tout. Il a réfléchi à sa manière de vendre, à l’endroit parfait et à l’heure idéale pour le faire. Il a peaufiné une technique de vente qui lui semblait au point et qui avait fait ses preuves jusque-là. Jamais, il n’a pensé au fait que les risques de croiser une connaissance ou un membre de la résistance sont probables. Il devrait presque en remercier Azaël de lui avoir montré cette lacune sur sa façon de faire. Il a réussi à s’en sortir pas trop mal. Il a même réussi à amadouer sa sœur têtue. Elle est suspicieuse et il sent qu’elle ne le croit pas totalement, mais juste assez pour ne plus insister. Il est habitué à ses crises de dramaqueen et il a appris depuis longtemps à ne pas se laisser submerger. Surtout, le garçon n’arrive pas à tenir tête à sa sœur plus de trois minutes.  C’est juste pire quand les deux s’y mettent. Même s’il est bien énervé, il réussit tout de même à garder son calme et à lui parler convenablement. Il a inventé une excuse à la fois bidon et véridique pour qu’elle le lâche et ça fonctionne. Il lui promet de ne plus lui refaire le coup et ils passent rapidement à autre chose.

Comme à ce petit sac brun qu’elle tient fermement à la main. Comme si c’est la chose la plus importante au monde. Sa poigne n’a pas faibli depuis qu’elle s’est imposée à lui. Ça l’intrigue au plus haut point, mais la belle ne lâche pas le morceau. Elle répète que c’est « top secret » et Jarod se retient pour ne pas rouler des yeux et montrer son agacement. Elle sait que c’est encore plus curieux que si elle lui avait inventé une histoire? Il souffle et hausse les épaules. Il fait comme si au final, ce n’est pas important alors qu’il réfléchit déjà à la façon d’aborder le propriétaire de l’apothicaire pour lui demander ce qu’il a bien pu lui vendre.

Et les voilà qui attendent faussement l’arrivée d’Hannah dans un silence plutôt lourd. Jarod pense au secret de sa sœur qui semble étrangement ailleurs. Après sa mini crise et son besoin d’attention, elle semble perdue dans ses pensées. C’est tout Azaël de passer d’une émotion extrême à l’autre en moins de trois minutes. Encore là, il est curieux, mais il ne dit rien. Ils se sont assez chamaillés pour aujourd’hui. Fatigué de jouer la comédie et voulant mettre un terme à ce jeu stupide et débile, il suggère de partir pour ne pas attirer les regards sur eux. Il dit que leur collaboratrice a sans doute eu un empêchement et qu’elle n’a pas pu venir à leur rendez-vous. Ce qui est tout à fait plausible puisque ce n’est pas rare que les espions de l’Ordre doivent changer leurs plans à la dernière minute pour ne pas trahir leur couverture. Elle n’insiste pas, même qu’il la voit tressauter lorsqu’il brise le silence. Ils font quelques pas lorsqu’Izzy prononce son prénom. Il sait déjà qu’elle va lui dire ce qui la tracasse, peut-être même que ça a un rapport avec son achat douteux. Il tourne seulement la tête vers elle pour l’inviter à continuer. Il a un sourcil de relevé pour lui démontrer qu’il l’écoute. Le ton de la jeune femme est sérieux et c’est ce qui est encore plus inquiétant. Il n’a pas l’habitude de la voir aussi perdue. Il ne comprend rien de ce qu’elle raconte. Elle parle vite. Elle divague et elle est dans son monde, mais ça semble assez important. Elle tente de garder le sourire et sa follerie habituelle, mais quelque chose la travaille.  "Je comprends rien à ce que tu racontes, Iz." Il pouffe, mais elle ne démord pas et son regard bleu a perdu de son éclat. Il se retourne vers elle, l’air grave, et la prend par les épaules. Il plante ses yeux dans ceux de sa moitié. "Hé. Calme-toi. Okay? Je suis là. Tu peux tout me dire, tu l’sais. " C’est tellement soudain. Elle vient tout juste de le recadrer et là, elle demande son soutien. Elle demande la promesse de ne pas s’énerver ou de juger et ça n’annonce rien de bon. Il promet tout de même, parce qu’elle a besoin de l’entendre et qu’elle a besoin de lui. Il a peur de ce qu’elle va lui avouer, mais il déteste la voir comme ça. "Tu veux t’asseoir. T’as pas l’air bien." La confrontation passée est déjà oubliée. Seule Azaël compte désormais.

Oui, elle est difficile à suivre, elle a une bonne excuse, mais ca n’en rend pas moins la tâche compliquée pour le pauvre Jarod qui doit démêler ce non-sens absolu. Pourtant il la connaît par coeur, mais elle est rarement arrivée à ce niveau là d’absurdités même si elle s’est bien donnée tout au long de sa vie dans le genre. Ce n’est pas qu’elle soit tout le temps aussi fofolle mais elle a toujours été très vivante et elle aime s’amuser, alors quand le contexte est léger, ce qui est tout de même régulièrement le cas, Azaël fait le pitre. Sauf que là, ce n’est pas ses folleries habituelles même si ca en a un peu l’air au début. C’est juste qu’elle pense à trop de choses à la fois et que tout sort de sa bouche dans un ordre chaotique. Un ordre chaotique, oui, on en arrive même là, tu m’étonnes que Jarod se marre et lui sorte : « Je comprends rien à ce que tu racontes, Iz. » Oui, bon, elle n’a rien expliqué encore, ceci n’est que le prélude. Pauvre Jarod, il n’est pas au bout de ses soucis. Elle continue de s’enfoncer et lui de ne rien y comprendre. Logique.

Il se tourne vers elle et son attitude change. Il y a comme un flash d’inquiétude qui passe dans son regard alors qu’il pose ses mains sur ses épaules. Ce simple geste permet à Azaël de se recentrer, d’ordonner un peu ses pensées. Son frère a cet effet là sur elle. Il est son ancrage à un monde où les nuages du doute et de la peur n’assombrissent pas le ciel. « Hé. Calme-toi. Okay? Je suis là. Tu peux tout me dire, tu l’sais. » Elle s’en veut un peu. C’est pas qu’elle ait voulu le faire flipper avec toute cette histoire même si elle aurait pu se douter qu’il prendrait peur à force lui dire de la merde comme ça. Elle, tout ce qu’elle veut, c’est qu’il lui fasse une potion, il n’y a pas mort d’homme et, oui, elle s’en veut d’être aussi dramatique mais, pour sa défense, franchement, elle réfléchit pas vraiment à ce moment là. « Tu veux t’asseoir. T’as pas l’air bien. » La panique, gars, la panique, elle souffre uniquement de ça. Azaël se voit rarement comme une petite chose qui a besoin de s’asseoir, pour ne pas dire jamais d’ailleurs. C’est dans son caractère et ca ne risquera pas de changer aujourd’hui et ce même si elle se retrouve avec un gamin poussant dans son ventre. Elle imagine celui-ci gonfler et les gens lui laissant les places assises en priorité ou l’aidant à se lever d’un fauteuil et cette idée la rend folle. Cette image l’énerve un brin et elle répond un peu plus sèchement qu’elle ne l’aurait fait en tant normal, balayant la proposition d’un revers de la main même si elle sait que Jarod veut simplement l’aider. « Mais non ça va. » Il faut qu’elle se débarrasse de ce qu’elle a à dire rapidement, ne serait ce que pour rassurer - ou pas - Jarod, sans compter qu’attendre ne lui apporte rien non plus. Il faut voir ça comme une bonne épilation, plus vite on retire la bande, moins on a mal, hein. « C’est juste que... » Elle prend une grande inspiration, regarde son jumeau dans les yeux, hésite un peu et puis lâche d’une traite : « J’aiduretard. » Ses joues sont devenues rouges parce que les jumeaux n’ont pas pour habitude de parler de leurs vies sexuelles et de leurs conséquences. La base dans une fratrie, non ? Ca n’empêche qu’elle se sent affreusement gênée de lui dire ça.

Elle a l’impression qu’une éternité de silence et d’immobilité s’étend après cette révélation. C’est peut être dans sa tête mais elle a l’impression que le temps s’étire et qu’on pourrait presqu’entendre une mouche voler, alors qu’ils sont tout de même dans le chemin de Traverse. Azaël ne quitte pas son frère des yeux, attendant une réaction quelconque, le tout en grimaçant. Quand il ouvre la bouche pour finalement parler, elle le coupe tout de suite en s’écriant : « T’as promis de pas juger ! » et en le pointant d’un doigt menaçant. Oui, il a promis, il n’a donc pas le choix, parce que, vous voyez, les promesses, pour les jumeaux Nielsen, sont sacrées.

Azaël baisse le regard et regarde ensuite ses pieds, oscillant de l’un à l’autre l’air gêné. Elle en vient à la partie où elle demande enfin l’aide de son frère, le maître des Potions. « Et je sais pas faire la potion de test. » Elle lève à nouveau les yeux vers lui et les plisse tout en fronçant les sourcils sout le coup de la réflexion alors qu’elle demande :« Genre j’imagine que c’est pas normal quand ca devient visqueux et vert, hein ? » Non, vraiment, si il ne l’aide pas, elle va s’intoxiquer, c’est sur quoi. La jeune femme prend alors son air angélique. Elle ne l’utilise pas souvent et le maîtrise pourtant à merveille. C’est qu’elle le réserve pour les moments où elle a vraiment besoin d’un service : « Du coup… Tu peux me faire la potion ? Steupléééé Jay. » Qui pourrait dire non à ces grands yeux bleu, hein ?:p

C’est à ce moment précis qu’on peut observer la plus grande de leur différence, mais celle aussi qui les unis et qui les complète : leur caractère. Azaël part dans tous les sens, elle passe d’une émotion à l’autre, elle ne cesse de parler, elle dit tout ce qui lui traverse l’esprit, sans filtre. Elle fait des mimiques, des gestes exagérés, sa voix est aigüe, elle regarde partout, elle n’arrive pas à faire le focus. Elle est éparpillée. Tandis que Jarod est calme. Il prend le temps de réfléchir et il choisit bien ses mots pour tenter de comprendre ce que lui raconte sa sœur. Dès qu’elle est dans cet état, il met tout de côté et se concentre juste sur sa jumelle. Il est vraiment curieux de savoir ce qui la rend hystérique et il commence même à paniquer, même s’il a apprit avec le temps que la moindre petite chose importante ou non peut mettre Izzy dans un tel état. Il ne démontre toutefois pas qu’il est inquiet. Sa voix est douce, mais ferme. Il veut qu’elle retrouve le contrôle. Ses gestes sont précis et lents. Il veut la ramener à lui, qu’elle se concentre. Le feu et la glace dans toute sa splendeur. L’impulsive et le réfléchi. Il ne la quitte pas des yeux alors que ses mains empoignent les épaules de la blonde et qu’il tente de l’apaiser. La jeune femme semble se calmer au bout de quelques secondes, même si elle reste farouche et qu’elle l’envoie presque balader lorsqu’il lui propose de s’asseoir. Il ne relève pas, il est habitué à ce genre de réaction. Il sait qu’Izzy pense que si elle laisse ses genoux fléchir et qu’elle se permet de s’appuyer sur quelque chose qu’elle sera vu comme une faible, alors qu’il n’en est rien. Il hausse les épaules et se détache d’elle. Au moins, ça lui a permis de reprendre un peu ses esprits. Et il attend sagement qu’elle décide de se confier, il sait qu’elle le fera. Il la connait par cœur. Après l’énervement, la dispersion, les phrases sans queues ni têtes, la colère et la fierté, elle finit toujours par reprendre contenance et lui avouer ce qui l’importune. Jarod n’a pas besoin d’insister, il n’a pas besoin de la menacer ou de la manipuler pour qu’elle s’ouvre enfin à lui, Azaël le fait tôt ou tard. Elle est incapable de garder un secret.

Elle se lance et il écoute. Il lève d’abord un sourcil avant de vite comprendre ce que ça signifie. Sa bouche forme un O surpris et aucun son n’en sort. Cette nouvelle le ramène près de dix ans auparavant alors que lui-même apprenait que sa copine à Vegsvir avait aussi du retard. Son cœur se serre aussitôt à ce souvenir qui se veut plus douloureux qui ne le pensait. Il aurait un tas de questions à se poser sur la vie qu’il aurait pu avoir, mais il reporte toute son attention sur sa sœur. Il comprend alors tout ce qu’elle peut ressentir, parce qu’il les a déjà ressenties, d’une manière différente. Il ouvre finalement la bouche pour lui demander comment elle se sent, mais elle le coupe aussitôt. Il sourit malgré lui. "Je suis bien mal placé pour juger. " Il la prend alors dans ses bras pour lui démontrer tout son soutien. Il trouve ça irresponsable surtout dans le contexte dans lequel ils vivent et la bataille qu’ils livrent aux forces du mal, mais il n’a aucunement son mot à dire. Ça serait plutôt ironique et hypocrite qu’il le fasse. Quelque chose lui dit qu’Izzy va bien en profiter s’il ose passer un commentaire sur la situation. "Aslan est au courant?" Il demande sans vraiment réfléchir, se doutant déjà de la réponse. Elle serait probablement dans un tout autre état si son idiot de copain savait.

N’empêche qu’il se sent tout bizarre. Azaël avec un gosse? Il a bien du mal à l’imaginer. Elle n’est pas ce qu’on peut qualifier de maternelle et de douce, mais bon, il parait que la maternité change une femme. Il a hâte de voir ça, même s’il n’est pas prêt tout de suite. "Si tu tiens à vomir tes tripes pendant trois mois, c’est la bonne couleur à avoir. Quoi que ça sera le cas si tu l’es." Il rigole et lui envoie un clin d’œil taquin. Il veut la distraire et la calmer, même s’il s’y prend très mal. Il reprend rapidement son sérieux, parce que ce n’est pas une situation facile pour elle et il ne veut pas qu’elle croit qu’il prend tout ça à la légère. "Où sont les dégâts? Que je vois ce que tu as fait de mal?" Il passe un bras autour des épaules de sa sœur. Elle lui en fait voir de toutes les couleurs, mais il ne la changerait pour rien au monde.

Alors qu’elle le pointe d’un doigt accusateur lui, il lui répond avec un « Je suis bien mal placé pour juger. » dévastateur. C’est que, vous voyez, elle n’avait pas du tout pensé à tout ça dans ce sens là, mais il est vrai que Jay est mal placé pour juger. Parce que lui aussi est passé par cette peur là, cette éventualité effrayante bien que ce soit supposément le « miracle de la vie », et qu’au final un petit être avait disparu comme il était venu, par un fatidique hasard. Elle qui connaît son frère par cœur ne sait pas vraiment si cette cicatrice là s’est vraiment refermée et elle n’osera sûrement jamais le lui demander. Elle se pince les lèvres, baissant son bras en le regardant d’un air un peu coupable, mais lui se contente de la prendre dans ses bras et, elle doit l’avouer, c’est exactement ce dont elle avait besoin. Ses bras l’entourent en retour et elle le sert fort et alors Azaël arrive enfin à se calmer. Jarod a ce pouvoir magique dont très peu de gens peuvent se narguer : il apaise sa magyar de sœur en un geste un seul.

« Aslan est au courant? » Azaël soupire et se recule alors. Bien entendu, parler de tout ça à son copain avant d’en parler à son frère semblerait être une chose logique à faire mais la jeune femme doit pourtant assumer son irrationalité. « Non. » Ca rendrait la chose trop réelle peut être et ça la forcerait à se projeter dans un futur dont elle ne veut pas vraiment. Et si Aslan lui disait qu’il ne voulait pas être père ? Et si il était trop heureux ? Si il lui disait qu’elle devait absolument garder cet hypothétique bébé qui chamboulerait bien trop toute son existence ? Si il se cassait, carrément ? Damn, aucune, mais alors aucune, des réactions éventuelles de son copain ne lui paraîtraient être la bonne. Absolument, aucune. Parce qu’elle même n’est pas sure de comment elle réagirait. Non, le mieux c’est encore la théorie de la fausse alerte. Elle compte vraiment dessus là, c’est son seul espoir de sortir de cette situation indemne. Puis, qui sait, ils en riront peut être dans quelques mois hein. Ca a du potentiel comme future anecdote. « Hé tu te souviens de la fois où t’as cru que t’étais enceinte ? » « Ah ouais ! C’était énorme ! » Ouais, elle part sur ça elle, le reste ca sera pour plus tard. « Je laisse la Azaël de ce futur hypothétique se charger de ça. » Super plan ça Az, t’es un genius pour sur.

Lorsqu’elle en vient à parler de ses propres essais de potions, elle voit à la tête de son frère qu’elle a très certainement bien fait de lui demander son aide. Il le confirme d’ailleurs rapidement. « Si tu tiens à vomir tes tripes pendant trois mois, c’est la bonne couleur à avoir. Quoi que ça sera le cas si tu l’es. » Et là, le cerveau d’Azaël brainfreeze, carrément. Bon, elle a jamais été des plus futfut et il lui faut quelques secondes pour vraiment comprendre la remarque de son frère. Et lorsqu’elle le comprend enfin, elle est tellement horrifiée qu’elle n’en bouge pas d’un poil. Les nausées, c’est peut être comme les prédateurs, faut pas bouger sinon elles te mangent. Bon ok, c’est complètement débile et il ne lui faut pas longtemps pour décider qu’elle ne veut juste pas entendre parler de vomissement, nausées, vergetures, ventre arrondie, superbes cuticules et pertes de cheveux. Revient donc le doigt accusateur en direction de la grosse tête de Jay et elle décrète : « Ok, nouvelle règle : interdiction de parler de cette possibilité, et encore plus de faire des blagues dessus. » Est ce qu’elle rigole après tout ? Est ce que, derrière son gros doigt (oui il a une grosse tête, elle un gros doigt, chacun ses défauts) qui le pointe, Jarod la voit rire ? Non, bien sur que non, c’est pas lui qui va vomir ses tripes pendant trois mois après tout hein. Pas de vagin, pas de blague, voilà, c’est tout.

Pour en revenir au problème, Jarod lui demande (et peut être parce qu’il en a marre de se faire pointer du doigt, je comprends) : « Où sont les dégâts? Que je vois ce que tu as fait de mal? ». Ca a le mérite de ramener tout de suite Azaël sur un terrain beaucoup plus concret, dans une pseudo action plutôt que de nager dans des méandres de doutes, hypothèses et flip en tout genre. Alors elle se met en mouvement et lui prend la main tout en lui disant un : « Viens. » un peu autoritaire. Maintenant qu’il a accepté de l’aider, elle ne le laissera tellement plus partir. C’est bien trop reposant que de remettre cette responsabilité sur les épaules de son frère. Damn, elle est vraiment pas prête pour être mère, hein ?

Elle entraîne Jarod dans un transplanage et il arrivent rapidement dans le lieu où elle a fait ses expériences potionesques. Autant dire que c’est très loin des labos dans lesquels Jarod a pu évoluer auparavant, le paysage est bien plus joli et le bazar bien plus présent aussi. « Franchement, je m’en étais pas trop mal sorti pour les premières étapes. » Elle se penche sur la potion qui bubulle encore, presque paresseusement, dans le chaudron. Azaël ne saurait pas le confirmer exactement, mais il lui semble que celle-ci n’avait pas cette couleur vert olive scintillante (oui, scintillante) auparavant. « Enfin je crois. » Une vague d’odeur très désagréable lui agresse alors le nez et elle se recule aussitôt. Elle avait oublié cette bonne odeur de souffre qui émane de la mixture. « Quoique ca a très vite senti les œufs pourris. » Elle fronce les sourcils tout en tapotant son menton de l’index, l’air de réfléchir tout en disant ça. Ca ne sert sûrement à rien qu’elle précise tout ça vu que Jarod va certainement tout devoir reprendre de zéro. La vérité est qu’on ne doit absolument pas faire confiance à Azaël dès qu’il s’agit de suivre une recette. Elle-même en est bien consciente et elle sait parfaitement ce qu’il va suivre. « C’est le moment où je me la ferme et je te tends juste les ingrédients que tu me demandes c’est ca ? » Et alors qu’elle demande ça, elle s’asseoit en tailleur à côté du chaudron avant de laisser tomber sa tête dans ses mains, ses coudes posés sur les jambes. Oui, elle s’ennuie par avance, clairement, ce genre d’activité, c’est pas son truc.