Les doigts s'agitent et le noeud s'enroule seul autour de l'emballage couleur menthe, porté par la magie qui pulse dans les veines. Nadia s'étire, se cambre jusqu'à faire craquer son dos en poussant un petit couinement sous l'oeil paresseux de Nedjma, confortablement installée sur la chaise de son bureau. Les doigts de la cadette Al-Massri se referment autour du paquet qu'elle observe sous toutes ses coutures avant de se lever, le serrant contre elle. C'est un jour spécial, aujourd'hui : c'est l'anniversaire de Theodore. Ils parlent pas souvent de ce genre de chose, parce que son ami (du moins, c'est comme ça qu'elle le considère) reste quelqu'un de relativement réservé : mais she has her ways, et rien ne reste jamais caché d'elle bien longtemps. Son cadeau n'est rien de gros, ou imposant : pour être honnête, elle ne l'a même pas acheté puisqu'il vient de sa collection personnelle, et que sa bibliothèque est désormais manquante d'un de ses éléments. Mais c'est pour Theo, elle sait que ça lui plaira (du moins, elle l'espère).
Potter's End se développe à une vitesse folle. Les manoirs sont grands, beaux et riches : chaque fois qu'elle marche dans les rues, elle ne peut pas s'empêcher de laisser son regard errer. Aujourd'hui, elle a pas réellement l'occasion de le faire étant donné que le manoir des Nott se situe dans sa rue (elle s'amuse à dire que Theo est son voisin, même si techniquement ce n'est pas réellement le cas : du point de vue biaisé Nadia, les domaines sont cependant bien assez proches pour permettre ce léger abus de langage).

Ce n'est pas la première fois qu'elle met les pieds au domaine des Nott, Nadia, et sûrement pas la dernière. Mais, à chaque fois elle se laisse impressionner par la grande porte qui se dresse devant elle. Elle en a vu pourtant plein dans sa vie, des grandes portes, mais l'atmosphère qui se dégage de celle-ci est différente. Plus solennelle. Plus glaçante. Plus écrasante. Ou peut-être qu'elle se fait des idées toute seule, Nadia ; elle a toujours eu une imagination débordante (au grand malheur de jaddati qui ne savait plus où donner de la tête avec toutes ses histoires aux détails étourdissant de par leur précision).
Sans plus hésiter, elle donne trois coups sur le heurtoir et attend. Quelques secondes plus tard, la porte s'ouvre seule : ou du moins, c'est ce qu'elle croit. En baissant le regard, elle se retrouve face à l'elfe de maison des Nott, qui s'incline. Nadia a encore du mal à ce faire à cette habitude qu'ont les sorciers occidentaux d'avoir ces créatures à leur service (et ça lui brise le coeur, aussi) mais c'est aussi un des problèmes à quitter son pays pour un autre. Il faut bien s'habituer. "Hello. I'm here to see Theodore." fait-elle après avoir salué l'elfe d'un léger signe de tête (il la regarde faire d'une oeil effaré comme à chaque fois). "Could you tell him that Miss Al-Massri is waiting please ?" continue-t-elle alors que la créature s'efface pour l'inviter à entrer, refermant la porte d'un claquement de doigts. L'elfe et la sang-pur se fixent en silence pendant deux secondes, qui semblent être très longues (à chaque fois, elle ne peut pas s'empêcher de se demander ce qu'il pense). En guise de réponse, l'elfe hoche de la tête : Nadia sourit. "Thank you. I'll wait here." L'elfe de maison s'éloigne clopin-clopant, elle saisit pas trop ce qu'il marmonne mais il a déjà disparu. Désormais seule dans le hall d'entrée, la jeune femme place ses deux mains dans son dos (cachant ainsi le paquet). L'oeil absent s'en va embrasser les décorations, le plafond, le sol sous ses pieds : elle s'occupe plus ou moins, en attendant son ami.

@theodore nott

Theo n'a jamais vraiment porté attention aux anniversaires, du moins pas vraiment au sien. Quand il était petit, sa mère organisait des célébrations avec la famille proche, quelques amis. Les fêtes avaient cependant perdu de leur saveur après son décès, et même si Theodore Senior avait fait l'effort quelques temps, son fils lui avait vite dit que ce n'était pas la peine, qu'il n'était plus un enfant et que les anniversaires n'étaient pas si spéciaux de toute façon. À l'école, Ben et lui avaient célébré un anniversaire commun, contraint par leurs camarades alors qu'ils auraient bien fait sans, du moins, Theo en avait eu l'impression. Plus tard,  il avait été contraint de la fêter avec Blaise et Pansy. Et aujourd'hui il avait vingt-sept ans, il avait quitté l'école depuis presque une décennie et bien des choses avaient changé. Son père perdait pieds un peu plus chaque jour, il ne l'avait d'ailleurs pas vu de la journée et doutait qu'il ne se souvienne de quel jour c'était. La notion du temps se perdait vite lorsqu'on passait ses journées à chercher frénétiquement des réponses. Theo le comprenait, il l'avait rejoint de nombreuses fois, et le faisait toujours. Ces derniers mois avaient été compliqués, entre le travail, Blaise et la difficulté générale d'être Theo dans une société qui n'était pas faite pour les Theos, il avait un peu laissé ses recherches de côté même si l'idée était toujours présente. Theodore Senior cherchait pour eux, comme il le faisait depuis des années, et ça n'était pas comme si Theo pouvait oublier ce fait, surtout pas depuis qu'il vivait de nouveau avec lui.
Quoi qu'il en soit, il se sentait un peu seul. En temps normal ça ne le dérangeait pas, mais il avait pris l'habitude de ne plus être seul pour son anniversaire et l'absence se faisait ressentir un peu plus cette année là.

Il était rentré du travail et avait continué à faire ce qu'il faisait toujours, travailler. Il avait garder cette habitude enfantine, scolaire, de revoir les dossiers qu'il avait eu entre les mains pendant la journée, d'essayer d'en retenir les informations importantes et de voir si de nouvelles idées lui venaient à l'esprit. Il ne s'était pas attendu à ce que Rudy, leur elfe de maison vienne frapper à la porte de son bureau pour lui annoncer que "Miss Al-Massri is waiting in the lobby, Master" — "I'll be right there", Theo avait répondu. Nadia venait le voir parfois, ils étaient devenus amis, du moins c'est ce que Theo supposait, et il ne doutait pas qu'elle le considérait ainsi.
Il était donc descendu et l'avait saluée rapidement. "I'm glad to see you", il avait ajouté, s'étonnant lui-même de la véracité de ses paroles. Il n'était pas très expressif, et ce fait était évident pour la majorité des personnes qui le connaissait, mais la vérité allait plus loin que cela, il n'avait souvent simplement pas d'émotions à exprimer.

Il avait guidé Nadia vers le salon, "please, take a seat", avant de sommer Rudy de leur apporter un thé. "So, to what do I owe the pleasure of your company?"

@nadia al-massri

Peu de temps passe entre la disparition de l'elfe de maison et le retour de ce-dernier accompagné de son propriétaire. Mais ça a été suffisant pour laisser à l'égyptienne l'occasion d'arpenter du regard l'entrée, attendant bien sagement dans le hall comme elle l'avait promis à l'elfe de maison. Un sourire doux s'étire alors sur les lèvres de la cadette Al-Massri, qui salue elle aussi celui qu'elle se plaît à appeler ami. Un des rares avec qui elle ne se sent pas forcée de jouer un rôle dans la société sorcière britannique blanche. " Good afternoon my dear." fait-elle en inclinant légèrement la tête dans la direction de Theodore, quand ce-dernier l'eut également saluée.

Ses mains placées dans son dos, cachant l'air de rien le paquet, elle s'approche de quelques pas sans se défaire de son sourire. "I'm glad to see you." Malicieuse, Nadia hausse un sourcil l'air de dire I sure hope you are. Qui ne serait pas heureux de la voir débarquer mettre un peu de couleur dans son quotidien monotone, après tout ? C'est un peu une tornade à sa façon, la gamine (une tornade qu'on s'est toujours démenés à essayer d'enchaîner : sans succès). "So am I." Les mots sincères sont lâchés avec légèreté alors qu'elle emboîte le pas à son ami. Ce n'est pas la première fois qu'elle met les pieds dans le manoir des Nott : mais à chaque fois, elle se dit qu'elle serait bien capable de s'y perdre.

Comme à chacun de ses passages au manoir, c'est dans le salon qu'ils s'installent. Elle commence à connaître les fournitures par coeur (et se dit que ça manque un peu de couleur, chez les Nott : mais c'est que tout a l'air si gris à côté de la décoration colorée d'umma et baba). "Please, take a seat." Elle s’exécute presque aussitôt, suffisamment à l'aise pour ne pas être gênée ou hésitante. Sur ses genoux, elle glisse le paquet : la table le cache, et le papier ne fait pas un bruit contre le tissu de sa robe. Sans un mot, elle regarde Theodore s'adresser à Rudy, lui ordonnant de leur apporter le thé. Elle adresse un nouveau sourire à l'elfe, avant de reporter son attention sur son ami. "So, to what do I owe the pleasure of your company ?" Le vif du sujet, comme toujours : il ne passe jamais par quatre chemins.

Nadia prend un air faussement offensé, portant une main à son torse. "Do I need an excuse to pay my friendly neighboor a visit ?" Presque aussitôt, sa moue peinée se fend en un sourire (Majid et Nahel s'étaient toujours plaint de ses talents d'actrices). "There's, indeed, a reason." L'oeil pétille alors qu'elle se penche un peu plus au dessus de la table, comme si elle s'apprêtait à révéler un secret. Elle resterait toujours une grande enfant, au fond : et même si la situation actuelle la force à grandir, à oublier la gamine au fond d'elle, elle se plaît à garder cette part de malice au fond d'elle. An escape, comme elle dit. "As you know, no secret can be kept from me." L'index se lève doucement dans l'air, tandis que l'autre main garde le paquet plaqué contre ses genoux. "And a little bird me told me that today was a special day." Theodore n'est pas stupide, il a bien dû comprendre à partir du moment où elle a mis les pieds dans le manoir le jour de son anniversaire : à moins qu'il l'ait lui-même oublié. "Happy birthday Theo." Et le paquet à l'emballage couleur menthe est posé silencieusement sur la table, les rubans rouges s'agitant un peu avant de s'immobiliser.

@theodore nott

"Do I need an excuse to pay my friendly neighboor a visit ?" Theo est confus un instant avant de voir le visage de Nadia s'éclairer d'un sourire. Il a toujours peur d'offenser les gens sans le savoir, parce qu'il ne fonctionne pas comme eux et qu'il a du mal à assimiler que son désintérêt général pour les conventions sociales n'est pas universel et que les personnes qu'il côtoie aient pu être offensées par certaines de ses paroles. Mais Nadia semble plutôt heureuse d'être là, alors il ne se fait pas trop de soucis et essaye de ne pas penser trop longuement à ce qu'il a pu faire de mal.

Il écoute attentivement les paroles de son amie, qui semble prête à lui révéler une nouvelle extraordinaire. Il se doute que ça n'est pas le cas, cependant. Nadia a toujours été gentille, enthousiaste, très différente des gens qu'il connait et dont il est proche, généralement. "As you know, no secret can be kept from me. — And a little bird me told me that today was a special day." Theo sourit légèrement à ses paroles. Of course that was about this. Il ne doutait pas que Nadia savait utiliser sa charmante personnalité pour récolter ce genre d'informations. Il était gêné, il ne savait même pas quand était son anniversaire à elle. Il nota mentalement qu'il devrait s'en informer, ne serait-ce que par politesse. "You shouldn't have" il murmura alors que Nadia déposait un paquet joliment emballé sur la table devant eux. Le paquet n'était pas très grand et de forme rectangulaire et Theo ne savait pas ce qu'il pouvait contenir. Il ne savait pas quel genre de cadeaux Nadia pouvait faire, et il ne se souvenait pas de la dernière fois où il avait ressenti une quelconque excitation à l'idée d'ouvrir un présent. "Thank you", il dit néanmoins, hésitant un instant avant de prendre le paquet entre ses mains. "Can I?" Il demanda en relevant son regard vers elle. Nadia l'encouragea à l'ouvrir et Theo défit l'emballage d'un léger mouvement de baguette. Le papier s'ouvrit pour révéler un livre. L'objet était d'un bleu profond et vif à la fois, et la couverture et la tranche étaient ornées de dorures précises et détaillées. C'était un beau livre, à tel point que Theo n'osait pas vraiment le toucher, de peur de l'abimer ou de ne pas le traiter avec autant de délicatesse qu'il ne devrait. "It's beautiful, Nadia" il lui dit finalement avant de l'ouvrir légèrement, il ne savait pas ce qu'il allait trouver à l'intérieur mais il espérait pouvoir le comprendre rapidement, ou que Nadia aurait la gentillesse d'éclairer ses lumières.

@nadia al-massri

"You shouldn't have." La sorcière adresse un sourire au Nott, fronçant légèrement et malicieusement le bout de son nez avant de lui adresser un clin d'œil affectueux. "Yet I did." Elle n'a jamais été du genre à s'embarrasser de ce genre de détails. Faire des cadeaux, c'est rapidement devenu comme une seconde nature pour elle : la moindre occasion est bonne pour en offrir, et particulièrement les anniversaires. C'est désintéressé, et un gage de l'affection qu'elle éprouve envers ses proches : non pas qu'elle soit aussi inséparable de Theodore que d'autres. Mais elle apprécie sa compagnie, et souvent c'est bien le terme friend qu'elle se surprend à assimiler à son nom.

Are we ? Friends, I mean.
I hope so.

Elle chasse la question idiote de son esprit et élargit son sourire en direction de Theodore, qui fixe le paquet posé sur la table. "Thank you." Elle hoche doucement de la tête, pose ses mains sur la table (curieuse à l'idée de voir sa réaction, et anxieuse aussi : ce n'est pas grand-chose, elle espère qu'il ne sera pas déçu). "You're very welcome." répond-elle dans un écho. "Can I ?" Le regard de la jeune femme s'illumine et elle hoche avec précipitation de la tête, tapotant légèrement la table du bout des doigts. "Of course ! Go ahead." fait elle d'un ton enjoué, encourageant son ami à ouvrir le paquet qui l'attend devant lui.

L'air satisfait, elle observe Theo qui défait l'emballage et admire le Livre sans un mot. Elle a une légère idée du genre de pensée qui lui traverse l'esprit face à un ouvrage aussi délicat - elle même, pendant des années, a eu peur d'abîmer les nombreux volumes composant sa bibliothèque. Encore plus ceux qui lui étaient sacrés. "It's beautiful, Nadia." Les lippes de la jeune femme s'étendent une nouvelle fois. Elle pose son coude sur la table et calle son menton dans le creux de sa paume, penchant légèrement la tête sur le côté sans quitter des yeux son ami en pleine admiration. "I'm glad you like it." répond-elle, un sourire si large collé aux lèvres que ses yeux se fendent en deux croissants.
Pendant quelques secondes elle ne dit rien, le laissant simplement admirer le Livre. Elle a bien remarqué l'interrogation dans son regard, face aux inscriptions qui ne sont pas anglaises. "Do you know what this is ?" commence-t-elle par demander, avant de répondre aussitôt : "It's a Qur'an." Elle se redresse légèrement, croise les bras sur la table et pointe de sa main droite l'Ouvrage. "If you want to go by the rules next time, you're supposed to wash your hands first. And hold it in your right hand." précise-t-elle avec un sourire léger - si ça n'avait pas été Theo mais Nahel ou Majid, elle les aurait sûrement réprimandés pour s'en être ainsi saisi. Mais pour le coup, son ami n'était pas familier avec ces règles et coutumes dont ils avaient déjà longuement parlé. Si l'intention n'était pas malveillante, il serait pardonné. Elle remarqua ensuite l'œil curieux de son camarade parcourant les sourates d'une langue qui lui était inconnue, l'arabe littéraire prenant la place de l'anglais. "They're written in Quranic Arabic, but they translate into English if you run your finger over them." Dans sa jeunesse, ça lui avait été très utile pour mieux se familiariser avec sa troisième langue maternelle - ça le serait sûrement pour lui, qui lui avait soufflé s'interroger au sujet de cette culture propre à sa famille qui s'était perdue au fil des années.
 
@theodore nott

“I'm glad you like it.” Nadia lui répond avec un grand sourire. “Do you know what this is ?” — “I’m not sure,” il lui répondit sincèrement. Un livre, de toute évidence, mais il n’allait pas lui dire cela. Il avait déjà vu des livres qui semblaient similaires, mais n’avait jamais su vraiment ce qui s’y cachait. “It's a Qur'an,” Nadia lui répondit en le pointant du doigt, et Theo ne put que murmurer un “oh” de compréhension. Il en avait déjà entendu parlé, évidemment, mais il ne pensait pas en avoir jamais vu un de si près, encore moins en avoir touché un. Il n’avait pas touché beaucoup de livres sacrés, de toute façon. Les Nott ne croyaient en rien à part leurs valeurs, leurs runes et leur propre réussite et Theo n’avait jamais été bien sur de ce que pensait sa mère de tout cela.

Il ne connaissait pas vraiment les Shafiq, de toute façon, et la seule chose qu’il savait était que les religions qu’ils pratiquaient étaient différentes selon les branches familiales, mais il n’avait jamais éprouvé le besoin d’en savoir plus, il n’était pas directement concerné, de toute façon. “If you want to go by the rules next time, you're supposed to wash your hands first. And hold it in your right hand,” son amie ajouta avec un léger sourire et Theo en aurait presque rougit, “I’m sorry,” il répondit, embarrassé, reposant son regard sur le livre qu’il avait à présent ouvert. “They're written in Quranic Arabic, but they translate into English if you run your finger over them.” Il ne savait pas vraiment s’il avait le droit d’essayer, à présent, mais il faudrait qu’il le fasse, ne serait-ce que pour admirer la magie qui s’opérerait devant lui. “That’s really nice,” il dit après un moment. Nadia le regardait avec une expression qu’il avait du mal à comprendre. Il avait une impression lointaine, mais assez persistante, d’être un enfant à qui elle devait tout apprendre, et il était étonné de se trouver curieux de ce qu’elle avait à dire. “So, uh, what am I supposed to do with it?” pour quelqu’un qui ne le connaissait pas, ses mots seraient sans doute étranges mais il espérait que Nadia l’ait assez côtoyé pour avoir l’habitude. “I think some part of my family is muslim but, I don’t really know them so I’m hopelessly clueless about all of this and I am sorry,” il lui lança un faible sourire avant de continuer. “Thank you, really, I know this must be important so … I hope I am worthy of this gift.”

@nadia al-massri

"I’m not sure." C'est dit avec un ton si tranquille, si sincère qu'elle ne peut s'empêcher d'avoir un énième sourire, Nadia. Parfois, elle se dit que Theo a l'honnêteté limpide et claire d'un enfant ; d'autres fois, elle se demande s'il ne fait pas exprès pour que ses paroles fassent encore plus mal. Le fait est qu'elle se tourne toujours vers lui lorsqu'elle a besoin d'un avis sincère, parce qu'elle est très bien consciente qu'il n'essayera jamais d'enjoliver la réalité. Pour se faire remettre les pieds sur terre, il est l'ami rêvé, Theo. C'est sûrement une des choses qu'elle apprécie le plus chez lui, Nadia, elle qui rejette les mensonges et la fausseté.
“If you want to go by the rules next time, you're supposed to wash your hands first. And hold it in your right hand. Il s'excuse aussitôt, sous l'oeil clair de la cadette Al-Massri qui ne se défait pas de son éternel sourire : "I’m sorry." Elle secou légèrement la tête, balaie ses excuses d'un geste tranquille de la main. "It's alright, you didn't know. There was no ill-intent." Plus, I shoul've told you beforehand. That's on me. S'il y a une chose dont elle est certaine, c'est que personne ne serait jamais puni pour un acte dont il n' pas conscience. C'est un des premiers enseignements qu'umma et baba lui ont appris, qui a ensuite été repris par jaddi et jaddati ; elle garde ces leçons avec elle, tout près du coeur.

That's really nice, qu'il fait en observant le livre - et elle l'observe lui, Nadia, avec un peu de malice dans l'oeil. Parce qu'elle est contente. "So, uh, what am I supposed to do with it?" Le sourire et l'oeil qui s'adoucissent - elle saisit aussitôt le sens de ces mots (du moins, elle suppose). De ce fait, elle ne s'en offusque pas (là où d'autres auraient pu être surpris du caractère direct des paroles du Nott). Il a l'air d'avoir autre chose à ajouter, alors, elle garde le silence. "I think some part of my family is muslim but, I don’t really know them so I’m hopelessly clueless about all of this and I am sorry." Dans un souffle, elle répond : "Don't apologize, I understand." Nadia secoue légèrement la tête et honorée, quelque part, de sa sincérité (elle n'ose pas poser de question parce qu'elle a peur qu'il se referme aussitôt, c'est rare que Theo parle comme ça).
"Thank you, really, I know this must be important so … I hope I am worthy of this gift." Ca s'enflamme dans l'oeil de l'égyptienne à l'entente des derniers mots - elle se redresse sur sa chaise, pointe son index dans la direction de son ami. "Don't be silly, you're my friend, of course you're worthy. I couldn't have given it to a better person." Elle appuie bien sur le ot friends, parce qu'on ne le dit jamais à ses amis, qu'on les considère comme tels - c'est la bonne occasion pour le lui rappeler. Et puis, l'entendre douter comme ça, ça fait monter ses ardeurs à la sorcière qui ne perd jamais une occasion pour rappeler leur valeur à ses proches. Everyone is worthy. "I just wanted you to .. keep it, elle se gratte légèrement la joue, reprend avec un petit sourire, so that even if you're far away, I know He will protect you." Elle s'apaise, adresse un clin d'oeil malicieux à Theo tout en posant un de ses coudes sur la table et posant son menton dans le creux de sa paume. "But if you're interested and want to learn more, I'm open to discuss this matter with you any time." Un rire, léger, avant qu'elle ne secoue légèrement la tête. "Honestly, I don't expect you to do anything of it. No pressure." Elle ne forcerait jamais ses croyances sur quelqu'un, Nadia, c'est pas son genre, et elle insiste bien là-dessus. Elle préfère qu'il voit ceci comme un token de leur amitié - une promesse qu'où qu'il soit, elle prierait toujours pour lui et sa sécurité. No matter what.

@theodore nott

“Don't be silly, you're my friend, of course you're worthy. I couldn't have given it to a better person.” Theo aurait aimé pouvoir en être si certain lui-même, mais ça n’était pas le cas. Il appréciait l’enthousiasme de Nadia, cependant, le fait qu’elle soit si confiante en leur amitié et en lui, directement. “I just wanted you to .. keep it, so that even if you're far away, I know He will protect you,” elle ajouta avec un clin d’oeil et  même Theo put sentir l’importance de ses paroles dans la légèreté de ses mots. C’était quelque chose en quoi elle croyait, qui était important pour elle et c’était évident dans tout ce qu’elle disait, dans tout ce qu’elle faisait. “That’s a really nice thought,” il répondit sincèrement. Theo n’avait pas le luxe d’avoir beaucoup de personnes qui veillaient sur lui, encore moins depuis ce qu’il s’était passé avec Blaise, alors il appréciait d’autant plus l’attention, la présence de Nadia et ses douces paroles.

“But if you're interested and want to learn more, I'm open to discuss this matter with you any time. Honestly, I don't expect you to do anything of it. No pressure.” Theo acquiesça lentement. C’était assez étrange, en réalité, d’être comme lui, comme eux, un mélange de deux cultures si différentes. Theo n’y pensait pas souvent, la plupart du temps, il préférait prétendre que tout cela n’existait pas vraiment, il se considérait comme anglais avant tout, de toute façon. Pour autant, il avait beau croire être comme son père, et cette partie de la famille qu’il connaissait mieux, qui prenait ses racines dans le nord et dans les runes, le monde extérieur lui rappelait sans cesse que ça n’était pas le cas, qu’il était à moitié Shafiq, whatever that meant, mais qu’il n’était juste pas intégré dans leur famille, qu’il avait été mis à l’écart, par sa faute ou la leur, il ne savait pas vraiment. “I wouldn’t know where to start,” il répondit avec un léger soupir. “I’ve been raised by my father mostly and he … he never really told me about the rest of it,” parce qu’il ne savait pas lui-même, sans doute, “and to be perfectly honest I never tried to learn either.” C’était plus simple ainsi, et Theo manquait cruellement de curiosité, d’initiative, on le lui avait toujours répété. “You must think it’s a shame, or strange, at least,”  Nadia était évidemment très liée à sa culture, tous les Al-Massri l’étaient, “that I never tried, but without my mother it never seemed relevant to me,” elle avait toujours été le seul lien qu’il avait avec cette partie là de lui, après tout, et elle était partie avant qu’il ne puisse en faire quoi que ce soit.

@nadia al-massri

La jeune femme garde le silence. Son regard va patiemment de ses doigts qui effleurent la tasse de thé au visage de son Theo, pensif. Si elle détaille ses traits, elle le fait avec discrétion. Dire qu'elle comprend ce qu'elle ressent serait mentir - si elle aussi est née de deux personnes de cultures complètement opposées, elle n'a grandi que dans l'une d'entre elle a n'a jamais réellement eu à faire face à cette sensation d'avoir quelque chose de manquant. Sa famille, c'est tout ce dont elle a besoin ; et si c'est un constat qui s'offre à la jeune femme avec une facilité déconcertante, Nadia est bien consciente que son expérience n'est pas universelle. Elle est très loin de l'être.
"I wouldn’t know where to start," Le regard de la sorcière s'adoucit alors que le Nott laisse échapper un soupir lourd de sens ; un soupir qui en dit long, sans réellement rien dire à la fois. "I’ve been raised by my father mostly and he … he never really told me about the rest of it, and to be perfectly honest I never tried to learn either." Pas un mot de la part de Nadia, qui se contente de hocher de la tête aux paroles de son ami qui s'ouvre un peu plus au fil des mots. Elle comprend mieux, maintenant, d'où Theo vient. Et elle est bien plus que consciente que des mots ne pourront jamais combler l'absence d'un être cher. "You must think it’s a shame, or strange, at least, that I never tried, but without my mother it never seemed relevant to me. - Theo, I don't think anything." Nadia secoue légèrement la tête, tandis que la réponse fuse. Qui est-elle pour juger ? Ils ont chacun leur propre parcours.

La jeune sorcière garde le silence. Quelques secondes passent. "I'm sorry about your mother." Silencieusement, elle adresse une prière à l'attention de cette dernière, comme à chaque fois qu'une personne décédée est mentionnée en face d'elle. Verily we belong to our Creator, and verily to Him do we return. Ce n'est pas la première fois qu'il mentionne sa mère, mais c'est bien la première fois que Nadia l'entend parler d'elle ici."If there's one thing my grandparents taught me, is that I should never judge someone else's faith." Or absence of faith. Un léger sourire nostalgique naît sur ses lèvres à la pensée de ses grand-parents ; leur absence dans la vie quotidienne se fait sentir lourdement, et elle espère qu'ils se portent bien. La demeure familiale au Caire lui manque aussi - tout lui manque, depuis qu'elle est arrivée ici. "I'm not one to judge. Especially because I'm imperfect. Mere mortals aren't allowed to indulge in this kind of practice." Nadia sonne complètement comme sa grand-mère, et elle jurerait que sa mère rirait doucement de l'entendre utiliser les même mots que Loubna. Elle plante son regard dans celui de Theo, y met toute sa volonté. "It's okay, you don't have to learn. You're not obligated to." Du bout de l'index, la jeune femme tapote sur son cœur pour souligner ses mots. "Everything's about you, and how you feel deep down."

@theodore nott

“Theo, I don't think anything,” Nadia lui répondit rapidement et Theo fut surpris, à nouveau, de la compréhension dont elle faisait preuve. Il n’était pas certain d’avoir un jour rencontré une personne comme Nadia. Ils n’étaient pas nombreux, surtout dans le monde dans lequel ils vivaient. Theo ne s’était jamais soucié de ces choses là, mais il imaginait que les proches de Nadia devaient être heureux de l’avoir dans leur vie.

“I'm sorry about your mother,” elle ajouta, et Theo ne lui répondit pas. Il ne savait jamais comment réagir aux paroles des gens lorsqu’il s’agissait de ce sujet. C’était quelque chose que bien des gens prenaient avec tristesse, avec pitié parfois. Pour lui c’était simplement la vie, sa vie. “If there's one thing my grandparents taught me, is that I should never judge someone else's faith,” la religion n’avait jamais eu vraiment d’importance, chez les Nott. Ils avaient toujours eu d’autres sujets sur lesquels juger les gens. “That’s nice, I suppose,” il répondit maladroitement, “we have always been prone to judging people,” pour leur famille, leurs choix, leurs performances. Ils existaient en comparaison avec les autres familles qui les entouraient et ils essayaient toujours d’être meilleurs qu’eux.

“It's okay, you don't have to learn. You're not obligated to. Everything's about you, and how you feel deep down.” Theo acquiesça lentement. Theo avait toujours eu du mal avec ce genre de choses. How he felt, cela avait toujours été un grand point d’interrogation dans sa vie. Il n’avait jamais vraiment su ce que cela voulait dire, s’il ne savait pas, s’il n’avait juste jamais appris à s’écouter lui-même ou si son cerveau fonctionnait simplement différent, s’il y avait réellement une explication quelconque pour expliquer le décalage perpétuel qu’il ressentait et qui semblait être son émotion principale. Mais il n’aurait sans doute jamais de réponse à cette question, parce qu’il savait qu’il pouvait se cacher derrière ce masque d’arrogance stoïque que les Nott portaient si bien. “I don’t know about that,” il répondit finalement. “What I … feel that is, I’ve never felt much,” il expliqua finalement. Ce qu’il ressentait à ce moment précis était un certain inconfort, comme souvent. C’était toujours compliqué d’expliquer tout cela aux autres, surtout à ceux qui, comme Nadia, semblaient être plein d’émotions. “But thank you, again, it still means a lot,” il dit finalement. Il ne savait pas ce qu’il allait en faire, il avait du mal à se détacher de cette idée qu’il devait faire quelque chose, mais il savait que cela était important pour Nadia, et pour lui aussi, d’une certaine manière.

@nadia al-massri