BIENVENUE SUR SMOKE & MIRRORS. Un forum Harry Potter alternatif qui diverge du canon à partir du tome 5 où Harry est capturé par les Death Eaters lors de la bataille du Département des Mystères. L'action se situe 12 ans après, en 2008, dans un Royaume-Uni gouverné par Lord Voldemort.

Le forum a pour but d'être collaboratif et possède donc un système de collaboration participative où tous les membres peuvent proposer des nouvelles annexes, évènements, voire même des idées de personnages pour les futur.es joueur.euses !

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 bittersweet + solan

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MessageSujet: bittersweet + solan   bittersweet + solan EmptySam 16 Mai - 20:36
16h41 et Londres est plongé dans le jais nocturne. Ou presque : il y en a bien une qui surprend d’un o lunaire, là-haut. Elle semble t’éblouir bien davantage que toutes les lumières sur ton chemin réunies.

Là où tu te promènes, il y a plus de foule que tu n’en as jamais supporté. Et dans ce froid hivernal qui mord, tu te complais pourtant. Le froid t’éveille et t’endort à la fois. Comme ce kaléidoscope de lumières, odeurs, vibrations de toutes sortes. Cela fait à peine dix minutes que tu t’es extirpé du Ministère après une mission où tes fameux sens, affûtés pendant la pleine lune, avaient été demandés. Débusquer la magie, récupérer l’artéfact ou le traître, revenir. Tu n’acceptes pas. Pour toi rien de tout ça n’est réel. Alors tu erres. Tu n’as plus que ça à faire, privé du clavier de ton piano et la plupart de tes affaires abandonnées aux rapaces qui pullulent dans ta famille — et dans ce qui fut ton entourage. Dépouillé de tout, même de toi. Ton réflexe habituel est de te terrer là où personne n’irait te trouver. En cet après-midi qui décroît, tu n’as pas foi à ça. D’une part parce que tu te sens poussé à t’activer, car ça bous là-dedans, tu n’y peux rien. Ton esprit lègue ça volontiers au choc proprement dit, à l’horreur sans nom que représente la trahison dont tu as pu être victime. Et l’approche de ton vingt-septième anniversaire n’arrange rien au tableau, il est vrai. Évacuer est ta seule porte de secours, si peu que tu y parviennes vraiment.

Juste te perdre à ne plus penser.

Parce que cette fois-là, c’est toi qui l’aurait décidé.

Ta cape en doublure de velours noir te réchauffe bien suffisamment alors que tu progresses sur le marché nocturne, les mains jointes dans ton dos. Mains gantées de noir, elles aussi, et c’est bien l’une des rares saisons où l’on ne t’en fait aucune remarque. Tous se sont habitués à ressentir le cuir souple à chaque poignée, et bien que frustrant pour ces âmes normées, il n’en demeure pas moins que le danger d’une mauvaise manipulation soit écarté.

Les regards que tu ne comptes pas (cela ne te ressemble pas) fuient ton visage lorsqu’ils parviennent à distinguer l’innommable argentée. D’autres n’y prêtent tout simplement pas attention, étant plus intéressés par ce qu’ils dévoraient de quelque façon que ce soit. La pénombre te soulage à bien des niveaux, toi qui a pourtant toujours apprécié la lumière.

Alors tu t’arrêtes çà et là, flânes, l’odeur de caramel chaud et de crêpes plein les narines. Si tu sembles bien avoir faim, tu n’as pourtant pas faim de ça. Le sucre te rappelle à bien des égards cette enfance que tu n’as jamais eue, maintenant que la blessure t’apparaît de plus en plus. Ton regard polaire qui accroche les silhouettes d’enfant qui piaillent et t’agacent, leurs bouches pleines de sucre et de salive non retenue qui te dégoûtent. Et ils rient, se chicanent. Le bruit devient de plus en plus difficile à supporter, si bien que tu te décides enfin à rabattre ta capuche sur tes vénitiens. Tu passes ainsi ton chemin, sort de l’allée pour aller longer les commerces encastrés dans les bâtisses.
Tu marques une pause près de vitrines, celle près d’une superbe boucherie beaucoup plus marquée. Les gâteaux gigantesques ne te font plus vraiment de l’œil lorsque la moitié de ce que tu ne veux pas reprend le dessus. Tu n’as plus un sou pour te payer ça, mais tu sais que tu dîneras ce soir. Tu espères juste que les elfes de Ms. Crabbe n’aura pas fait l’affront de couvrir la table de légumes — ce dont tu ne la croyais pas capable, au vu des goûts culinaires de ses fils. Tu serais capable de faire une scène alors que tu ne devrais pas avoir une place chez eux, impur que tu es. Triste à dire, néanmoins : ç’aurait tout sauf intentionnel.

C’est devant cette même vitrine que tu sens la présence d’un animal à côté de toi, tenu par une laisse rouge trop longue. Tu ne sais pas pourquoi, mais il est là, et cet idiot renifle le sol sans réaliser ses pas. Il est là, s'approche et tu n’aimes pas ça. « Get. out. » murmures-tu d’une hargne calme et mesurée, le regard mauvais. Le Yorkshire blanc émet un mouvement de surprise avant de détaler, et la seconde qui suit, tu entends une voix qui le couvre de propos mielleux : même lui a plus de considération. Une vague de chaud-froid électrisante grimpe de tes entrailles jusqu’à ton thorax ; vague de colère que tu réprimes d’une expiration longue, pincée entre tes lèvres froides.

Tu te remets en mouvement, continue ton tour qui prend un tout autre goût. Sans doute ne vas-tu plus trop t’éterniser, pas plus que ces dix minutes que tu t’octroies en guise d’ancrage sur ce banc. Il te faudra au moins ça pour y retourner, pour te rhabiller de fard. Tu croises les jambes après t’être soigneusement posé là, un bras échoué sur la tranche de ton dossier. Inspiration lente, tu profites que les lieux soient moins fréquentés pour ôter cette capuche qui ne te sert plus à grand-chose pour l’instant. Tu avais assez de boucles sur ta tête pour ne pas souffrir du froid à cet endroit-là.

Inspiration lente, tu clos les paupières un instant, engourdi par la fraîcheur environnante et la dette de sommeil que tu te traînes depuis trop longtemps. Tu te laisses aller à une quinte de toux, peu virulente pour ce que tu as déjà connu. Repose ton attention sur l'instant. Tu ne te rappelles pas avoir profité autant de la solitude avant qu’il ne t’arrive cette batterie de malheurs. Elle évoque quelque chose, soulève un sens caché. La brise légère t’amène un parfum familier, que tu ne relèves pas tout de suite. C’est peut-être loin, peut-être oublié. Ou simplement fantasmé.
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MessageSujet: Re: bittersweet + solan   bittersweet + solan EmptyMer 20 Mai - 12:33

Le temps n’a de cesse de filer, s’égrainer. S’enfuire. Il passe sans que tu ne puisses rien faire pour l’arrêter. Une réalité Tu as vieilli. Une réalité qui te frappe lorsque ton visage reprend son faciès d’origine après un essayage pour un client - la seule manière pour toi d’encore croiser ton reflet, toi qui a banni tous miroirs de ton domicile.Tu n’es pas si vieux, mais tu n’as pas vu passer ces dernières années, sans doute à cause du vide dans ton coeur. T’as arrêté de vivre y a un moment maintenant. Tu te contentes de survivre. De subir la société autour de toi. T’es seul. Tellement seul… Seul en étant entouré, n’est-ce pas ironique ? Chaque jour, tu vois des gens, différents. Tu retrouves ces personnes que l’on appelle collègue ou même ami. Tu leur souris, tu leur parles - plus par réflexe que par réelle envie. L’envie, tu l’as perdu en même temps qu’Alvaro - dix ans et tu n’arrives toujours pas à l’oublier. N’est-ce pas triste ? T’aimerais réussir à passer à autre chose, mais c’est plus fort que toi. Tout te ramène encore à lui. Encore et toujours. T’as réussi à enfermer une grande partie de ta vie dans une boîte - pas celle-là. De colère - de tristesse ? - tu frappes ton propre reflet, cette image que tu ne peux plus supporter. Une fois. Deux fois. Trois fois. Encore et encore. Jusqu’à ce qu’il se brise, que tu ne puisses plus te voir. Un de plus - combien en as-tu éclaté au cours de ces dernières années déjà ? T’as mal, tu saignes. Mais t’es soulagé. Tu ne te supportes plus - une vérité que personne ne connaît. Qui pour en parler de toute manière ? Tu ne craques que lorsque tu es seul, le soir, dans ton atelier, comme aujourd’hui. La boutique est déjà fermée aux yeux du public, il n’y a donc personne pour te voir pleurer. Comme toujours. Il n’y a plus personne…

Triste vie qu’est devenue la tienne.

Une fois les larmes taries, les morceaux de miroir brisés réparés, un bandage autour de la main placé - tu as quand même fait attention à le faire de la droite, qui n’est pas ta main dominante, tu as besoin de l’autre pour travailler - tu te décides enfin à quitter les lieux. Mais tu n’as pas envie de rentrer. Pour quoi faire ? Personne ne t’attend et tu ne dormiras pas plus ce soir que les années passées. Obligé d’avaler des potions pour ne plus être étouffé par tes regrets.

Réalité connue de peu.

Après tout, tu continues de porter un masque - tu restes un gentil garçon dans le fond. Tu n’as envie d’inquiéter personne. Tu te forces à sourire, à discuter, comme si de rien n’était - mais tu ne trompes que des inconnus. Ta voix est devenue plus fade. Tes yeux, vides. Tu t’es effacé, au point de ne devenir plus qu’une ombre. Une ombre qui cherche à faire illusion parmi les vivants. Il n’y a que les soirs comme celui-ci où tu te laisses aller à la vérité. Ces gens qui croisent ton chemin ne vont pas te remarquer après tout. Tu n’es personne - alors pourquoi vouloir être parfait même dans ces moments-là ?

Tu te laisses errer, le regard vide, à peine attiré par les vitrines autour de toi. Tu ne sais pas ce que tu veux. Juste, tu ne veux pas rentrer. Ne pas penser ni réfléchir. A défaut des vitrines, tu regardes les gens. Ils ont l’air heureux. Tu envies leur rires sincères. Tu envies même le couple qui se dispute au coin de la rue - une dispute légère qui finira sans aucun doute par une réconciliation d’une manière ou d’une autre, après des excuses. Tu envies même cet homme qui joue avec son chien - toi qui n’apprécie pas spécialement les animaux. Encore sensible, tu caches des nouveaux pleurs en remettant en place ton écharpe - tu la relèves jusqu’au niveau de ton nez, comme si c’était pour te protéger du froid. Faux. Mais cela fera illusion. Comme toujours.

Tu finis par te perdre dans un lieu moins fréquenté. Enfin, tu te détends un peu. Personne pour remarquer que tu as pu pleurer. Ou presque. Il y a quand même quelqu’un, sur un banc. Un visage familier. T’as ce réflexe - ce foutu réflexe - de t’approcher. ‘Logan ?’ T’es presque sûr de toi, mais quand même. Tu restes cette personne qui s’inquiète. Qui cherche à avoir des nouvelles. L’espace d’un instant, tu oublies tes yeux rouges et ton bandage à la main et tu retires ton écharpe pour parler plus facilement. Logan Yaxley. Voilà longtemps que tu n’as pas eu de ses nouvelles non plus. Mais plus tu t’approches, plus la réalité te rattrape. Tu n’es pas le seul à avoir changé au cours des années. La dernière fois que tu l’as habillé, il n’avait pas pareil balafre sur le visage - balafre dont il est plutôt facile d’imaginer la cause. L’espace d’un instant, tu te figes, parce qu’on t’a appris à avoir peur de ce genre de chose. Mais t’es trop bon, t’es trop gentil. Si ça avait été un inconnu, tu aurais passé ta route. Mais pas là. Il s’agit de Logan. Tu le connais. Il ne devrait pas te faire de mal. Non ? ‘Pardonne-moi, j’ai été… surpris.’ Doux euphémisme. Mais t’as toujours été comme ça. Trop bon trop con. Tu lui souris un peu maladroitement, l’air de rien - t’évites de trop marquer son visage de ton regard.

‘Je peux m’asseoir ?’ Tu ne sais même pas pourquoi tu demandes ça. T’es pas sûr d’avoir envie de lui parler - ni même de parler tout court. Mais tu restes prisonnier d’un passé qui est le tien. T’espères peut-être trouver des réponses. Te concernant. Le concernant. Qui sait ? Après tout, il a arrêté de fréquenter ta boutique du jour au lendemain. ‘Alors, tu as trouvé quelqu’un d’autre pour t’habiller ?’ T’essayes de détendre l’atmosphère. De faire comme si de rien n’était.

Combien de temps encore, avant que le masque ne tombe ?


Dernière édition par Sol Taylor le Mar 10 Nov - 14:32, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: bittersweet + solan   bittersweet + solan EmptyMer 20 Mai - 18:58
Les gens, en eux-mêmes, ne t’intéressent pas.

Ils passent dans ta vie telles des lucioles, ont un cœur qui bat, parfois un de trop te dis-tu parfois, et qui demain pourrait s’arrêter — et ça, ça t’es bien égal. Des numéros sur des listes, des appuis au sang aussi propre que pouvaient l’être tes bottes. Une farandole d’âmes sur laquelle laisser épouser tes rayons. Il y en a tant qui y ont cru, toi le premier. D’une douceur sans pareille, d’une avenance courtoise et empreinte d’une dérangeante sagesse, tu n’en es pourtant rien. Tu crois, respire et revêt encore cet habit social que tu t’es construit pendant des années. Le masque se fêle, néanmoins, lorsqu’il n’y a plus personne pour te regarder, lorsque tu te retrouves dans une froide solitude. Il t’es pourtant impossible de l’écrire à celle qui fut ta promise, pas dans des termes corrects. Dans l’impossibilité de te confier là où vous chantiez d’une même et tragique symphonie.

D’autres en revanche sont nés et finiront comme de la poussière à tes yeux ; si peu que quelqu’un veuille bien s’occuper, à ta place, de les balayer. Si bien qu’une liste aurait pu être dressée rien que pour cette intention, si tu ne rechignais pas autant à poser de l’encre sur ta plume.

C’est d’autant plus le cas qu’aujourd’hui tu n’es plus celui que tu as été ; bien que tu sois encore là à essayer de te rattraper, toi et ton fantôme blessé.

« Logan ? »

Tes yeux ne bougent pas vraiment, se plantent seulement dans le décor qui est plongé dans une semi-obscurité — un bout de pavé luisant au clair de lune, au clair de réverbère. Au lieu de te hisser à nouveau vers la réalité, l’effet de cet appel est inversé, dans un premier temps : tu es tel le rêveur ou le traumatisé, figé dans un autre état de conscience, l’espace de quelques instants.

Puis le parfum familier que cette voix t’amène te fait ressentir une certaine forme d’appréhension, que tu remarques assez tôt finalement, armé de ton extrême lucidité. Arme bien pauvre face au déni qui te lacère l’âme à coup de « rien n’a changé ». Tu ne fais que résister.
Résister au conflit intérieur qui te tires et te ligotes. Parce que tu as soudainement envie d’être partout, lorsque tu le reconnais sans même le voir… partout sauf ici.

Sa silhouette filant naturellement dans ta direction, te passe devant, tu finis par lever le regard, avec tout ce que cela implique. Le tailleur est emmitouflé dans son écharpe, il y a une odeur aussi, qu’il porte sur lui, une odeur de sang qui ne t’échappe pas, pour en avoir humé du frais le clair de ta journée. Ce qui te marque le plus cependant, c’est ce mouvement où il se stoppe, comme pétrifié. Et ton regard vrille sur le côté, par dessus son épaule, pour marquer une pause méritée dans cette séance de torture qui ne fait alors que commencer.

« Pardonne-moi, j’ai été… surpris. »

Tu m’en diras tant, penses-tu si fort qu’un Legilimens aurait pu en cueillir le lointain écho. Son regard sur toi est aussi douloureux qu’une lame de rasoir. Tes mâchoires se serrent plus ou moins discrètement, seul réflexe à peu près convenable face à l’inconfort cuisant. Puis tu te reprends. Tes clairs qui brassent les environs, sans réel intérêt, avant de s’échouer à nouveau sur le visage de Taylor. Tu puises dans tes réserves incommensurables pour faire fleurir un sourire sur tes traits ; en réponse au sien, à sa maladresse. Tu te pièges toi-même, incapable de faire front face à cette candeur à laquelle tu ne crois pas — à laquelle tu n’as jamais vraiment cru.

« Sol. » tu prononces ce prénom comme on t’aurait arraché un mot étranger. Il a toujours sonné bizarrement de ta bouche, même avant ta chute, même avant cet instant. Comme une fantaisie que tu avais pu accepter dans ta vie, à laquelle tu ouvres à nouveau les bras. « Je peux m’asseoir ? » et ton cœur hurle non mais ta bienséance, ton masque prend la relève et domine n’importe quel authentique instinct. Tu ramènes ton bras de la tranche du dossier jusqu’à toi et lui désigne de la main opposée la place on ne peut plus fraîche à tes côtés.

Tu aurais peut-être préféré qu’il fasse comme ces passants : qu’ils te fuient, qu’ils te méprisent. Mais lui n’a vraisemblablement jamais été fait de ce bois-là. Tu ne comprends pas. O’Neill, Taylor. Pourquoi voir tant d’humanité te fait toujours cet effet-là, toi qui en a secrètement réclamé depuis toujours ? La seule once d’affection que tu pouvais encore supporter venait d’elle. Même Vincent a droit à tes colères, elles aussi mesurées, contrôlées. Tu sais que si ça doit encore arriver ce soir, ce sera plus difficile. La lune pleine te met à nu et tu ne te supportes plus.

« Alors, tu as trouvé quelqu’un d’autre pour t’habiller ? — Non, je le crains. » lui rétorques-tu aussitôt, l’éclaboussant malgré toi de ta prestance glaciale, qui semble encore subsister quelque part. Malencontreusement sec, presque désolé ceci dit.
Tu n’es pas très objectif et ce fichu Yorkshire te trotte encore en tête, du bout de sa laisse ; mais tu es presque persuadé que pèse dans ses mots une certaine rancœur. Voir le mal partout est devenu un de tes sports favoris dernièrement, il est vrai. « Personne d’autre que toi ne saurait y faire. » avoues-tu sans grande peine. Tu le lui as déjà dit à demi-mot plusieurs fois par le passé, tu réitères. Il est le plus grand esthète que tu as connu jusqu'ici ; tes propres convictions narcissiques mises de côté.

C’est pourtant bien toi qui l’a laissé sans réponses depuis des mois. Un hibou aurait été vite envoyé, n’est-ce pas ? Tu n’as pourtant pas eu la force de lui écrire, de lui répondre. Tu as fait taire ta voix pour mieux supporter ta nouvelle vie de paria. Comme tu l’as fait pour d’autres, bien qu’ils puissent se compter que sur cinq doigts. Un silence de réprouvé, éprouvant.  Tu as rejeté tout le monde à ton tour, sous bien des aspects et même sans qu’ils ne s’en aperçoivent, seule réponse face à l’innommable. Pas un merci, pas une seule excuse. Personne ne t'en a offertes après tout, à toi.

Ils auraient dû.

Tu profites du presque-silence pour aller chercher son profil — tu ne t’aperçois qu’à ce moment-là ses yeux mouillants, ses paupières gonflées, son nez un peu encombré. Tu remarques mais tu ne dis rien, laissant tes fines observations pour toi-même. Tes bras se sont entremêlés contre ton ventre, tes jambes toujours croisées. Tu as l'impression que cela fait une éternité que tu ne l'as pas vu, et tu ne dois pas être bien loin du compte — tout te paraît bien trop loin aujourd'hui, à commencer par ta propre vie.

Toutefois, et il est utile de le relever, tu lui confesse, le tout enrobé sur le ton d’un conseiller bienveillant.

« Tu ne devrais pas rester ici. » c’est contradictoire venant de toi, sachant que tu as accepté qu’il vienne s’assoir. Néanmoins tu ne peux réprimer ce cri du cœur murmuré avec douceur, cette alarme. Dans ton regard il y a quelque chose de froid, d’abîmé, alors que tu continues d’arborer un sourire affable, presque affectueux. « Si quelqu’un nous voit, ta carrière pourrait être ternie à jamais, et c’est peu dire. Tu décroches tes yeux de son visage, inspire doucement, ramène ta tête dans son axe habituel. Merlin sait que tu as encore de belles années devant toi. » et il ne valait mieux pas qu’il gaspille toutes ses chances, lui qui déjà n’était qu’à moitié parfait de par son sang.
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MessageSujet: Re: bittersweet + solan   bittersweet + solan EmptyJeu 21 Mai - 19:49
Pourquoi t’être arrêté Sol ? Pourquoi donc ? Pourquoi ce désir de t’adresser à lui, de t’y intéresser ? Après tout Logan est tout juste un ami que tu habilles et qui n’a pas donné de nouvelles depuis longtemps. Pourtant, une part de toi ne peut s’empêcher d’aller vers lui. Curiosité mal placée ? Gentillesse spontanée ? Besoin vitale de te rattacher à un passé qui n’a de cesse de filer entre tes doigts ? T’en sais rien. Mais tu regrettes un peu. Parce qu’en cet instant, la vérité est que tu n’as rien à lui dire. Rien d’intéressant. Tu fais la conversation par principe, pour être poli. Mais tu aurais voulu ne voir personne. T’as toujours été beaucoup trop gentil - ça t’a attiré bien des problèmes plus jeune. Pas seulement, bien sûr. Après tout, c’est être gentil qui t’a permis de rencontrer Alvaro. Parfois tu te demandes à quoi ta vie aurait pu ressembler si tu n’avais pas ramassé ce bracelet, dans ce train...Peut-être aurais-tu tourné les talons en voyant le visage de Logan…

Mais t’es resté. T’as commencé à jouer ce rôle qui ne te va pas du tout. T’as fait semblant, comme tu le fais si bien depuis des années. Ton esprit t’a hurlé de fuir, de partir. Après tout, Logan n’était plus celui que tu avais pu connaître - monstre. On t’a appris à avoir peur des monstres, de toutes sortes. Mais il y a cette voix. Cette autre voix. La rassurante, l’apaisante. Celle qui te rappelle que c’est Logan, pas un inconnu. Quelqu’un que tu connais. Tu ne vas quand même pas le fuir par lâcheté ? Est-ce qu’Alvaro aurait aimé voir ça ? Qu’au fil des années, tu n’as pas changé ? Tu n’as pas eu le courage de le suivre à cause de ça autrefois.

Tu vas vraiment laissé la peur te guide toute ta vie, Sol ?

Malgré tes excuses, tu fuis son regard - tu n’es pas capable de le supporter. Si tu t’excuses, c’est pour toi, pas pour lui. C’est évident pour tout le monde. Et t’as honte. T’as tellement honte… Tu ne comprends pas comment tu as pu avoir pareille réaction. C’est pour ça que tu fais semblant - que tu fais comme si tout allait bien. Alors que c’est un mensonge. Un mensonge dans lequel Logan semble te suivre, vu son sourire. Un sourire qui sonne aussi faux que le tien, même si tu ne le remarques pas. Tu préfères te complaire dans tes mensonges, te rattacher à l’idée que tout va bien, même si tu sais la chose être fausse.

Menteur.

Tu souris un peu plus franchement, quand il se décale et t’indiques la place à ses côtés. Il ne t’en veut pas - en tout cas, il en a l’air. C’est déjà ça, pas vrai ? Tu t’accroches à ça. Tout est bon à prendre quand on se leurre. Et en même temps… En même temps, tu le sens. Tu sens qu’il y a quelque chose. C’est sans doute pour cette raison que tu t’es approché de lui. T’as toujours été attiré par le malheur et la tristesse. Si autrefois tu n’avais aucun mal à les chasser du coeur des gens, aujourd’hui, c’est différent. Les gens ont grandi - toi avec. Mais tu ne peux pas t’en empêcher. C’est plus fort que toi.
Tu aurais préféré un coeur de pierre à celui trop plein de compassion que tu as.

« Alors, tu as trouvé quelqu’un d’autre pour t’habiller ? Non, je le crains. » T’es surpris. Aussi bien par le ton que par la réponse. Tu pensais qu’il allait te dire que si. Que c’est comme tout - une page qui se tourne pour en ouvrir une nouvelle. “Ah.” C’est tout ce que tu trouves à dire. Parce qu’il n’y a rien d’autre à dire. Tu sais bien que tu es doué - plus que doué - dans ce que tu fais. Mais de là à être le seul… Même si, il est vrai, Logan difficile, mais agréable - un client qui sait ce qu’il veut. Le genre de personne à avoir ses petites habitudes. “Alors pourquoi est-ce que…” La fin de ta question meurt dans ton souffle. Bien sûr. Elle est stupide cette question. Tu baisses les yeux, de honte. Tu te sens comme un enfant que l’on aurait pris sur le fait. Coupable. T’enchaines les bourdes. Tu n’as de cesse de faire ça depuis un certain temps. T’es devenu si maladroit. ”Question bête. Pardon.” Et tu passes ta vie à t’excuser. Pourtant, le mal est déjà fait. Il avait sans doute d’autres priorités. D’autres choses à gérer. La dernière fois que tu l’as vu, il avait même un mariage en préparation, alors…

Pourtant, tu ne peux pas t’empêcher de te sentir idiot. T’es même plus capable de le regarder. Pourquoi t’être arrêté, finalement ? A nouveau, tu ne penses qu’à toi. Tu ne penses pas à ce qu’il peut ressentir, lui en cet instant - en tout cas, pas consciemment. Tu te concentres juste sur toi et sur ce qu’il pourrait penser de toi.

Monstre d’égoïsme.

Le son de sa voix te sort de ta torpeur. T’es surpris. Tu redresses le visage vers lui. Alors lui aussi, il te repousse ? Comme tous les autres au final… Le problème, ce n’est peut-être pas eux, mais toi, qui sait ? Cette phrase te fait mal. Une douleur qui s’atténue en entendant la suite. Il s’inquiète. Il s’inquiète pour lui. Pour sa réputation. Pourtant… Pourtant, cette dernière phrase te blesse. Inconsciemment, tes yeux perdent leur couleur pour du gris - toujours cette fâcheuse manie de ne pas réussir à contrôler ton don avec les émotions trop fortes ; t’as pas envie de les retenir de toute manière.

Que dire ? Ou plutôt, comment dire ? Finalement, c’est ton coeur qui commence à s’ouvrir. “Les plus belle sont déjà passées.” L’innocence, l'insouciance… Qu’est-ce que tu ne donnerais pas pour retrouver tout ça… La liberté. Alvaro. T’as foutu ta vie en l’air le jour où tu n’es pas parti avec lui. “Tu sais, mon meilleur ami était un né-moldu, pourtant, j’ai quand même réussi à me faire ma place.” Une phrase pleine de tristesse. Une gorge prise. Une réalité qui fait mal. Aujourd’hui, t’es tellement seul. T’as pas envie d’être seul. Tu n’en as plus envie.

Tu as déjà été lâche. Tu ne veux plus l’être.

“Tant pis sur ce que l’on peut dire de moi. Je ne suis plus à ça près…” Si en fait. Tu as peur. T’es mort de peur. Tu sais très bien que ça peut détruire le peu qu’il te reste. Mais t’as envie d’être plus fort que ça. “Après, si tu préfères, je n’habite pas très loin d’ici. Et j’ai du thé. Du bon.” Téméraire mais pas trop.
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MessageSujet: Re: bittersweet + solan   bittersweet + solan EmptyVen 22 Mai - 0:40
Tu as tenté.

Tu as tenté mais un visage familier t’es apparu. Malédiction de l’enfant-soleil. Même l’âme en peine, tu attires les papillons égarés, les mêmes que tu t’es toujours défendu de guider. Tu n’es pas là pour ça. Incarné pour traquer, amasser, régner — savoir pour mieux détruire. Les papillons que tu finis toujours par écraser, d’une façon ou d’une autre, s’ils ne se sont pas calcinés par les flammes d’eux-mêmes.

Les blessés de la vie se reconnaissent sans se regarder, c’est peut-être toi qui est papillon ce soir. Tu ne sais pas, tu ne vois pas. Tu n’assumes pas.

Toutefois… tu préfèrerais de loin être le sombre pilier, de quoi ne pas mettre à mal ta fierté. Quitte à figurer dans un rôle qui ne te convient pas. Et pour ça, ton esprit enfumé par le déni sait y faire. Tu n’as pourtant rien à faire là, tu le sais. Tu te sens étranger partout et tu n’as nulle part où te réfugier, où te retrouver. Même cette lointaine falaise balayée par la Mer du Nord te paraît trop loin. Plus le droit. Tes déplacements sont misérables, calculés au lance-pierre. Tu ne peux même plus la voir — arraché à ton terreau nourricier, à ta moitié volée.
L’homme à tes côtés recèle alors plus de points communs qu’escompté ou même fantasmé, finalement. Tu n’en as absolument pas conscience, là, alors qu’il te répond par une onomatopée ; puis par une énième maladresse.

Une maladresse que tu tentes de balayer sitôt qu’elle est jetée dans l’espace qui vous sépare. Ton esprit rongé par la perfidie et un cruel manque de respect face à l’imparfait, tu ne peux t’empêcher de le juger en cet instant. Le juger on ne peut plus durement, sans que rien ne sorte d’entre tes lèvres. Il a de toute façon fui ton regard et le tien est à la dérive. Tu détestes ça. Tu détestes qu’il te fasse sentir ainsi. Différent. Foncièrement différent. Pas comme tu l’as tant désiré durant toutes ces années, à vouloir te hisser. Une différence répugnante, honteuse. Celle à laquelle tu t’es toujours défendu et qui l’a figé devant toi un peu plus tôt. Celle qui te ronge et qui secoue toutes tes instances internes, forçant une transformation contre laquelle tu te débats férocement.

Or tu ravales ton venin, si bien que tu ne lui adresses pas le moindre signe de réception de son message. Et de fait, il doit se sentir sot. Tu ne serais pas là pour le contredire, s’il sollicitait ton avis sur la question. « Question bête. Pardon. » à s’excuser d’exister, c’est ainsi que Sol se pavane sous ton nez. Où est passé l’angelot à l’écharpe jaune à Hogwarts ? Perdu. Si tu sembles l’avoir omit pendant des années, bien trop préoccupé par ton propre nombril et tes propres priorités, tu le remarques bel et bien aujourd’hui. Il s’excuse d’exister alors que toi, bien malheureux que tu es malgré tes fards et tes parades auto-jugées pitoyables sous le clair de lune, tu la revendiques encore. Tu n’es plus rien et tu persistes. Il n’y a pas pire.

Qu’un amouraché blessé à tes côtés…

Tu t’aperçois d’une vague nuance qui se meut sous tes yeux et dans les siens, alors que tu le fixes, sourire doucereux soudé à tes lèvres. Tu ne l’as jamais vu faire ça. Ce qu’il te dit alors semble alors déjà plus lointain… « Les plus belles sont déjà passées. » oh, misère, il t’enfonce dans un puits sans fond — et un puits de vérité malgré tout. Te concernant, tu ne peux qu’acquiescer, moyennant de t’amputer de tes jeunes années. Noircies. Le visage de Kalen, que tu excuses encore aujourd’hui malgré la rage ravalée qui sillonne tes pores et tes veines, s’impose à toi.

Tu saisis alors l’importance de son message malgré toi ; accueille une pensée qui ne t’appartient qu’à moitié. Le destin réunit toujours ceux qui se sont promis. Si tu en perçois le sens dans un contexte donné - celui qu’elle t’a donné - tu peines toutefois à imaginer que le tailleur présent là puisse t’être d’une quelconque utilité, ce soir. Qu’il puisse être de ces personnes qui te soit destiné, qui sont là pour t’apprendre quelque chose, peut-être même pire, comme te guider. Ton esprit étriqué, obtus ne perçoit pas vraiment les choses autrement ; lui qui pourtant tangue comme jamais sous les vagues émotionnelles.

Au fond de toi néanmoins, tu ne souhaites pas savoir ce qui le gangrène.

De fait, tu n’as jamais été un bon ami. Tu n’as jamais été une bonne personne tout court, chose qui se révèle peu à peu à toi. La plaie narcissique rosse toutefois cette part de vérité qui s’essaie à une périlleuse percée.
Les blessures des gens ne t’ont jamais intéressées, à l’image des tiennes que tu as effacées sous un faux-self monstrueux… relents pervers.
Tendre la main à certains fait pourtant de toi un saint, si bien que tu te sens flatté d’être remercié de tant de bonté, de gentillesse. Alors, si tu penses qu’une dette à annoter sur l’ardoise est utile, tu ouvres tes bras, propose ton épaule. Certains s’y sont prêté, bien sûr, beaucoup trop y ont laissé une part d’eux que tu leur as volée. Déséquilibre manifeste pour une tendance au vampirisme psychique, activité inconsciente à laquelle tu t’adonnes depuis toujours. Seul remède face à la carence émotionnelle : le voile pour survivre - -  ton esprit ne le supporterait pas.

« Tu sais, mon meilleur ami était un né-moldu, pourtant, j’ai quand même réussi à me faire ma place. » et tu te maudis d’avoir oublié ce détail. Tu luttes pour ne pas laisser transparaître le moindre jugement dans ton regard, mais c’est peine perdue. La lune est là, haute et pleine, tu grignotes tes fers et te découvre. Il n’y a pas de raison qu’il soit le seul à laisser tomber le masque, n’est-ce pas ? Tu ne t’en aperçois même pas. « Ma foi, personne n’est parfait. » glisses-tu à la volée, soupiré dans un murmure. Les mots t’ont échappé. Tu rebondis sur on ne sait trop quoi, on ne sait trop où — tu es pourtant bien placé pour savoir qu’il s’agit bien du sang et rien d’autre. Entêté de puriste que tu es, brave petit soldat formaté à la pensée étriquée de tes ancêtres, le sang pourtant souillé par l’animal. Des ancêtres qui ont été torturés, décimés par ces monstres. Aussi portes-tu à ton tour cette mémoire, lourde et douloureuse, trempée de l’aspect du vengeur.

Ton âme entière infusée à la fierté du survivant-né.

As-tu survécu s’il ne reste de toi plus que des restes ?

As-tu survécu si tu es monstre ?

Mérites-tu d’être né, de chasser, si c’est pour avoir fini ainsi — trahi, bafoué, déshonoré ?

Personne n’est parfait.

Aveu à double-tranchant : c’est le grand drame de ton existence que de ne pas l’être.

D’avoir à te torturer sur ces marches à gravir, éternelles et destructrices, jusqu’aux cimes d’une montagne que tu n’atteindras jamais.

Pas encore…

A contrario, l’homme à tes côtés semble jouir de plus de ressources, si on peut appeler ça des ressources — il y a surtout de la résignation, remarquable au demeurant, ce qui semble être un bon début. Un bon début pour on ne sait trop qui, mais pas pour toi. Tu n’as jamais vraiment lâché prise, sauf ce soir-là, où tu as failli commettre l’irréparable.

Bien trop d’écho dans vos deux âmes échouées là, dans un espèce de nulle part ingrat.

« Tant pis sur ce que l’on peut dire de moi. Je ne suis plus à ça près… » comme un fragment de masque qui s’écaille là, sur les pavés froids. Taylor souffre, Taylor est las — Taylor n’a plus d’espoir. Et toi ? Toi tu ne sais pas non plus. Tu te dis que tu n’es pas comme lui, que tu n’es pas aussi bas. Le mal qui te ronge est de ces rats qui rongent les fonds de cale pour mieux faire couler le navire sans qu’on y soit préparé. Alors tu n’es pas préparé à un naufrage qui pourtant semble inévitable. Rien ne peut t’arriver, rien de pire que ce que tu vis aujourd’hui, et tu vas survivre comme tu l’as toujours fait : tu es Logan Yaxley.

A question of time, penses-tu à son égard, sans mesurer non plus l’effet miroir qui pouvait te réfléchir ces mêmes propos. Tu te raccroches à un vague espoir de contrôle alors que tu funambules sur un fil d’acier qui te lacère la plante des pieds. Quand finalement, alors que tu as toujours le regard détourné sur la rue faiblement éclairée, il te surprend. « Après, si tu préfères, je n’habite pas très loin d’ici. Et j’ai du thé. Du bon. » pleine lune, retrouvailles, thé entre quatre murs ? C’est audacieux. Il t’appâte, toi et ton faux-self, avec une adresse étonnante que tu lui accordes volontiers. Ton for de contrôlant se retrouve à la fois flatté et sur la réserve.

Si tu ne sais pas vraiment ce que tu préfères, parce que tu n’as pas d’avis sur la question, si ce n’est ce que ton instinct douteux te dicte, tu te laisses pourtant allécher par sa proposition. Ça ne te ressemble pas d’être aussi direct, de changer aussi vite d’humeur, de t’abandonner à l’imprévu ; toi qui est plutôt à tendance neutre ou égale. Plus comme avant. Pas en ce moment. Ce qui te noue les tripes à cet instant paraît lointain, fantasmatique. Ton incompatibilité face aux surprises et invitations que tu ne peux trier et choisir. Enfin, ce n’est pas comme s’il en pleuvait aujourd’hui, mais…

Il y a pourtant quelque chose à la clé, tu le sais, tu le sens. Alors tu te presses aux portes, tu te demandes s’il a quelque chose à manger, quelque chose de saignant, quelque chose d’autre que sa main bandée qu’il aurait été tenté d’oublier si elle ne sentait pas si fort.

« J’espère qu’il y a du chaï vert au jasmin, sinon je serai bel et bien déçu. » insupportable par tes caprices raffinés, c’est dans de pareils moments où tu sembles bien te reconnaître. Dans les méandres de ton âme et même de ton esprit, tu cultives néanmoins la croyance qu’aucun thé ne sera meilleur que celui que Shanti te prépare… te préparait. Juste à côté, une autre croyance ; celle qu’en partageant ce thé, tu puisses l’effleurer rien qu’un instant. « D’autant que la température ambiante sera autrement plus agréable. À moins qu’un sang-mêlé de sa trempe ne soit toujours pas capable de se chauffer décemment. Il serait peut-être capable de se laisser mourir de froid, va savoir. Tes jambes se décroisent avec une grâce naturelle, presque féline, alors que tu te redresses et te hisses, passant une main sur ta cape pour la défroisser. Allons-y. »

Et tu rabats à nouveau ta capuche sur ton crâne, les mains se joignent dans ton dos, en position d’attente, évidente. Le non-sens de cet espèce d’enthousiasme excentrique aurait de quoi indisposer, presque autant que les mots que tu as pu lui céder sur son meilleur ami. Toi le premier. Mais tu ne souhaites pas y penser et tu n’y penses pas vraiment — tu te vois déjà les os réchauffés entre ses quatre murs, en maudit invité.


Dernière édition par Logan Yaxley le Ven 4 Sep - 22:53, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: bittersweet + solan   bittersweet + solan EmptyDim 12 Juil - 23:33
Soleil qui a perdu son éclat. Ombre de lui-même. Pourtant, il ne peut y avoir d’ombre sans lumière, n’est-ce pas ? Preuve que tu n’as pas tant changé que ça. Ou que tu te mens à toi-même. Il est parfois - souvent - plus simple de faire semblant, de se leurrer. De faire croire au monde entier - surtout à soi-même - quelque chose. Surtout quand il s’agit d’une chose que l’on croit dur comme faire. T’es cassé Sol. t’es cassé depuis des années, tout ça parce que tu penses l’être. Mais revoir Logan - voir ce qu’il est devenu - cela fissure ton mensonge. T’es pas si malheureux - t’as pas le droit de l’être. Tu n’as pas encore tout perdu. Pas encore. Là où l’homme face à toi, lui, peut se plaindre. Celui que tu as connu homme heureux, sur le point de se marier… Tu n’oses même pas aborder la question de Shanti. T’es loin d’être stupide, tu sais comment ça marche, ce genre de chose. C’est sans doute pour ça que c’est d’autant plus terrible, parce qu’il aurait fallu être un imbécile pour ne pas se rendre compte de tout l’amour qu’ils éprouvent l’un pour l’autre. Un amour devenu impossible, à l’image de toi et d’Alvaro. Triste ironie. Jamais tu n’aurais pensé tant partager avec Yaxley. Pourtant… Il y a pourtant une différence entre vous : lui ne pourra jamais être avec elle si elle ne renonce pas à tout pour lui. Toi, tu n’as pas pu le faire et c’est pour ça que tu l’as perdu. Mais quoi qu’il arrive, tu ne pourras jamais aimer aux yeux de tous.
Malédiction dont tu es la victime.

C’est peut-être à cause de ça - du parallèle entre vos situations - que tu es perturbé. Que tu ne cesses de faire des erreurs et des maladresses. Encore entrain de te mentir à toi-même. Tu l’as toujours été, maladroit. C’est ce qui a toujours fait ton charme. Tes petites erreurs involontaires que tu faisaient oublier d’un petit sourire gêné. T’es toujours aussi maladroit. T’as juste beaucoup moins la force de sourire.

C’est pour ça que t’arrive pas à le regarder dans les yeux. Que tu fuis - encore et toujours. T’es là, à ses côtés et tu l’as voulu. Pourtant, tu pourrais très bien être ailleurs, loin, que ce serait pareil. La même chose. C’est peut-être pour ça que tu tends des perches, dans l’espoir qu’il rebondisse. Ou peut-être pas. Peut-être as-tu juste besoin de te confier. De parler. Pour une fois. Juste une. Et qu’importe que Logan soit sans doute la personne la moins adaptée pour cela. T’es tellement peu concentré sur lui que t’en oublie même que retenir tes… talents. T’as jamais caché ta nature - celle de métamorphomage en tout cas - mais t’as plus ce réflexe de vouloir le garder pour toi depuis le changement de gouvernement. Mais tu n’éprouves pas ce besoin avec Logan, ton naturel revient. Tu n’as même pas conscience que c’est peut-être la première fois qu’il te voit vraiment faire. Quelle importance de toute manière ?

Peut-être…
Peut-être es-tu las de porter toujours un masque ?

Peut-être as-tu besoin que quelqu’un sache, enfin, pour toi. Quelqu’un d’autre qu’Alvaro. Quelqu’un qui soit là. Logan ou un autre. Un autre sans doute. Un autre, plutôt. Quelqu’un qui n’est pas puriste à la base, quelqu’un qui ne risque pas de te dénoncer - Logan le ferait-il ? Tu n’en sais rien, finalement. Mais tu ne veux pas prendre le risque, n’est-ce pas ? Tu ne feras jamais rien sans prendre de risque, jamais. Pourtant, tu te permets de lui rappeler les origines de ton… d’Alvaro. A lui, l’ancien sang-pur qui a tout perdu. Et tu ris. Tu ne peux t’empêcher de rire quand tu l’entends te dire que personne n’est parfait. Un rire froid, sans saveur. Un rire amer, qui reste dans ta gorge. Un rire pourtant si court. ‘Si c’était la seule raison pour laquelle je n’étais pas parfait.’ Hérésie de la société sorcière qui a pourtant si bien su le cacher. Pas totalement homme, amoureux de ces derniers, aimant un sorcier qui n’aurait pas dû l’être, si l’on écoute certains…

Tant de défauts qui sont tiens.

Tellement que tu ne te rends pas compte que la phrase ne t’est pas adressé.
Pas totalement.

Parce qu’au final, à part cette phrase, tu parles seul. Tu monologues, n’ayant pas encore compris que c’est dans ses silences que tu dois comprendre des choses. Pourtant, les silences de Logan ont toujours été du genre bavard. Mais ce silence, en cet instant, il te dérange. Il te met mal à l’aise. D’où ta proposition si rapide d’aller chez toi. Possibilité de mettre fin à la conversation, ou au contraire, de la continuer ailleurs. Tu pensais que Logan choisirait la première. Erreur. Agréable surprise, finalement. Sa réponse t’arrache un sourire - un vrai cette fois. Chai vert au jasmin. Ca lui va tellement bien. C’est tellement lui. Tu as commencé à en acheter lorsqu’il est devenu ton client. Toujours faire plaisir aux clients. ‘Bien sûr que j’en ai.' L'évidence même.

‘Allons-y alors.’ Tu te redresses, t’étires un peu. Il faut bien faire réchauffer ces muscles atrophiés par le froid avant de prendre le chemin vers chez toi. Un trajet que tu fais dans le silence le plus total. Heureusement, il s’agit d’un trajet court. Vraiment. Il ne vous faut que quelques minutes pour arriver devant la porte en bois que tu ouvres à Logan. ‘Ne fais pas attention au bazar.’ Parce qu’il y en a toujours chez toi, c’est la règle. Du tissu, des épingles, des mannequins  avec des projets à moitié achevé - qui ne seront sans doute jamais - le tout en lévitation pour permettre au sol d’être libéré..  Sauf que lorsque tu prononces cette phrase, tu te rappelles de la nature exacte de ce qui se trouve actuellement chez toi. Pourquoi a-t-il fallu qu’aujourd’hui, tu ressortes des travaux de Hogwart ? Certains de tes premiers travaux. Ceux qui datent de tes doutes et questionnements. Logan sait que tu ne fais pas de vêtements féminins. Il le sait. Reste à espérer qu’il ne pose pas de question… Aussi choisis-tu de faire comme si de rien n’était. De te diriger tout naturellement vers ta cuisine pour mettre de l’eau à chauffer, avant de sortir deux tasses et le fameux chai vert au jasmin.

'Et voilà !' Comme si de rien n'était. Jusqu'au bout.
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MessageSujet: Re: bittersweet + solan   bittersweet + solan EmptySam 5 Sep - 18:45
« Ne fais pas attention au bazar. »

Ew.

Quand tu t’engouffres dans son terrier, - car à ton sens il n’y a pas d’autre qualificatif viable pour en parler -, tu te stoppes légèrement en ôtant ta capuche, et si d’un réflexe tu te serais imaginé une politesse à la française, ce n’est pourtant pas le cas. Ainsi, pendant que tu le laisses entrer à ta suite, tu as le temps de te faire bombarder par ce capharnaüm - de travaux - qui ornent la pièce, comme des fantômes tristes à rhabiller. De nouvelles effluves, s’accumulant à celles de l’immeuble, fortes et pas forcément très familières, te bousculent et te prennent littéralement à la tête. C’est donc sans grande preuve d’éloquence que tu le suis jusque dans la cuisine,

Comment diable fait-il pour vivre dans un taudis pareil ? Un tel manque de style dans les aménagements te feraient presque peine, si peu que ce mot ait du sens ici. Il y a quelque chose dans ce que tu découvres de lui que tu trouves abîmé, et certainement pas en accord avec ce que tu as pu connaître de ses prouesses professionnelles.

Le voile se lève d’autant plus lorsque tu t’approches d’une des fenêtres, mains dans ton dos ; l’opale lunaire tapant sur cette dernière. Dans ton attente manifeste, tu la regardes d’un sale œil ; soumis malgré toi à un fichu satellite inapprochable — et impossible à faire exploser. Haine glacée.
L’eau chauffe rapidement et les feuilles de thé et les épices couvrent une odeur que tu n’avais jusqu’alors pas sentie avec autant d’intensité. Enfermés dans un lieu clos, ta sensibilité n’en est qu’accentuée, à ton grand dam. Tu fronces un peu du nez, donc, en te retournant un peu, sondant la pièce de ton regard trop clair pour remonter jusqu’à ce que tu découvres comme la source de tes maux. « Et voilà ! » fait-il, te faisant décrocher à peine un sourire cordial — c’est que les effets de tes hypersensibilités entachent tes humeurs, et c’est peu dire. Tu as bien sûr redressé ton regard et soutenu le sien, toujours debout. Ton manque de tact, signe que le voile se lève encore plus, fait à nouveau son apparition, tranchant.

« Tu comptes peut-être attendre que le jour se lève pour t’en occuper ? » lui envoies-tu comme un projectile magique en plein dans le visage. Visage qui semble plus inquiet, plus interdit ; certainement figé dans l’incompréhension que tu ne relèves qu’à peine. « Ta main. » ajoutes-tu, la désignant du menton avec un arrière-goût de mépris. Si le sang avait été frais, tu aurais certainement été beaucoup plus fébrile. Bien que tu ne sois en rien un vampire, de tous s’entendent à les faire frères avec ces loups assoiffés de sang. Lorsque les cabots n’en prennent pas un morceau, ce sont les vampires qui lèchent les carreaux.

« Elle empeste le vieux fumet. » tu es incapable de dire ça avec plus de poésie, c’est déjà un cadeau en soi en l’état actuel des choses. « C’est immonde. »

Sans doute a-t-il mal, aussi. Sûrement même. Mais c’est quelque chose qui, selon toi, vaut bien mieux d’être relayé au second plan — c’est que s’il souffrait vraiment, il s’en serait déjà occupé depuis longtemps.

Comme l’inviter à s’assoir sur cette chaise de facture tout juste acceptable.
Taylor fait un piètre hôte, te dis-tu. Tu espères que son chaï sera au moins à la hauteur de tes attentes, aussi vertigineuses puissent-elles être.
(Il n'y a qu'elle pour les réussir.)
Le nez dans ses vapeurs, tu auras au moins ça pour soulager ton organe olfactif saturé.
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MessageSujet: Re: bittersweet + solan   bittersweet + solan EmptyMar 3 Nov - 23:26

On dit souvent qu’une maison est à l’image de celui qui l’habite. Que quelqu’un d’organiser aura un intérieur toujours tiré à quatre épingles. Que l’amoureux de la nature aura nombre d’animaux ou de plantes. La vérité, c’est que le tien traduit ton manque, ton absence, ton sentiment d’être incomplet. Tu ne vas plus jusqu’au bout des choses. Pourquoi ranger ? Pour qui ? Personne ne vient jamais te voir et tu n’as presque plus rien à cacher. C’est pour ça que pas un instant tu ne t’inquiètes de tes anciennes créations visibles. Alors que parmis elles, certaines trahissent encore l’un de ces mensonges que tu te fais à toi-même. Cette vérité que personne ne comprendra jamais parce qu’elle n’est pas faite pour cette société. Une vérité dont tu ne peux plus parler à personne maintenant qu’il est parti - par ta faute. C’est peut-être pour ça que tu t’infliges un intérieur si mal rangé ? Parce que tu t’en veux encore ? Parce que ta vie est un foutoir sans nom et que tu as besoin d’une chose - au moins une - à ton image. Cette question, tu ne te l’étais jamais posé. Sans doute parce que personne n’est venu ici depuis longtemps - ce n’est pas sur Logan Yaxley que tu aurais parié pour cela, d’ailleurs. mais pourquoi pas, après tout ? La vie est pleine de surprise comme certains aiment le disent. La vie est pleine de surprise… Mais faut-il pour autant les aimer ? Une autre question bien étrange. Le mot surprise est souvent connoté de façon positive, pour beaucoup. Voilà longtemps que ce n’est plus le cas pour toi. Sans doute parce que tu n’arrives plus à voir les choses de façon positive… Quelques années en arrière, tu aurais pris le temps de faire visiter Logan, de lui montrer ton appartement en détail. Aujourd’hui, tu t’es juste contenté de faire comme si de rien n’était. Comme s’il connaissait déjà les lieux - ou que tu ne les maîtrisais pas. T’es allé directement à l’essentiel. Comme si t’avais envie d’expédier la chose. Alors que c’est toi qui l’a invité. Tu finis par manquer de logique, même envers toi-même.

Pourtant, tu dois faire avec.
Comme à chaque fois.
Accuser le coup.
Sourire.

Sourire que tu perds quand tu entends sa remarque. De quoi parle-t-il ? D’un projet peut-être ? A-t-il remarqué ce qu’il n’aurait pas dû voir ? Ton coeur s’accélère, traduisant ton mal-être. Tu ne comprends pas. Tu n’aimes pas ne pas comprendre. Surtout quand cela te concerne directement comme cela semble être le cas. Pourtant, tu soupires de soulagement quand il précise ta main. C’est vrai, ta main. Dans cette histoire, tu l’avais presque oublié. Il faut dire que ce n’est pas grand chose… Tu l’observes un instant, essayant de comprendre pourquoi il l’évoque. Quelque chose doit bien le déranger, autrement, il n’en aurait pas fait mention, n’est-ce pas ? Mais ça va - ce n’est que ta main. Ce n’est même pas grave. Il y a un peu de sang mais… Oh… Oh. Mais bien sûr. Tu te sens stupide. Encore plus quand il enfonce le clou en précisant ce qu’il en est. Forcément. Tu as déjà oublié ce que tu viens d’apprendre sur lui et tout ce que cela implique. ‘Je… je suis désolé.’ Tu l’es vraiment. Tu n’aimes pas indisposer les gens. Surtout ainsi. ‘Je vais m’en occuper tout de suite.’ Tu inclines légèrement la tête et tu t’éloignes le temps de te rendre dans ta salle d’eau pour nettoyer cette main. C’est à peine douloureux. En temps normal, tu aurais laissé coulé - sans doute pour que chaque geste soit gêné, comme une pique présente pour te rappeler sa présence. Légèrement masochiste sur les bords peut-être ? Mais ce soir, tu n’es pas seul. Tu fais un effort. Tu nettoies et tu poses un bandage dessus. Tu pars au plus urgent. Il faut reconnaître aussi que tu n’as pas envie de prendre une potion pour ça - tu en prends déjà assez tous les soirs pour dormir, autant éviter d’en prendre une de plus.

Tu reviens finalement vers ton invité, à nouveau avec un sourire un peu faux, un peu gêné - les convenances. ‘Est-ce que ça va mieux au niveau de l’odeur ? Est-ce que je peux faire autre chose pour… Enfin, tu sais.’ T’as peur des mots que t’emploies. T’es incertain. Maladroit. Pourtant, tu ne veux pas le vexer ni le blesser. Tu n’es juste pas sûr de la marche à suivre. Du protocole à appliquer. C’est le premier du genre que tu rencontres. Plus encore, c’est ton premier ami qui change. Est-ce qu’il y a une façon particulière de faire ? Ou bien pas du tout ? Les questions traversent ton esprit en continue. C’est peut-être ça, le problème ? Et si… et si tu arrêtais de vouloir bien faire ? ‘Je suis désolé. Je crois qu’à trop vouloir faire attention, je m’enfonce tout seul.’ Tu préfères être honnête et reconnaître ton erreur. Autant essayer de partir sur autre chose maintenant.

‘Alors, est-ce que mon chaï est acceptable ?’ Tu n’as pas l’audace de demander s’il est bon. Il ne faudrait pas non plus exagérer. Tu sais que tu n’es pas trop mauvais quand il est question de faire des boissons chaudes - t’avais l’habitude d’en faire pour lui - mais tu sais aussi que tu es bien meilleur pour confectionner un vêtement que pour faire un thé. Ce qui veut tout dire.
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MessageSujet: Re: bittersweet + solan   bittersweet + solan EmptyMer 3 Mar - 16:54
« Je… je suis désolé. » Tu crois entendre ce vacarme pulsatile qui cogne contre son torse. Une chose est sûre au demeurant : ce n’est pas le tien. Trop rapide. Tu as beau être indisposé, tu n’en es pas nerveux à outrance pour autant. L’eau dort encore, bien que commençant à bouillir. « Je vais m’en occuper tout de suite. » Il incline un peu le chef, vraisemblablement gêné, et s’extirpe jusque dans sa salle d’eau — encore de l’eau qui coule, dans un son caractéristique, presque métallique. Tu profites qu’il ne soit plus là pour rôder un peu dans la pièce, sondant le moindre espace, le moindre recoin — rien ne t’échappe, pas même cette vieille trace de rouille à peine visible sur la théière, et qui ne t’inspire pas le calme ou le bienêtre. Imparfait.

Le nez dans les vapeurs du chaï, tu viens y tremper tes lèvres doucement, t’y brûle presque, mais ne t’en formalise pas. La première gorgée est toujours la plus risquée, semble t-il. Quelques secondes avant le moment de vérité.

Tu finis par te glisser, presque félin, sur l’une des chaises qui te sont proposées. C’est un grand mot, au vu de leur qualité, mais elles sont là pour t’accueillir au même titre que le reste. Lorsque Sol refait son entrée dans la pièce où tu te trouves, et encore marquée par la chaleur d’une boisson chaude qui s’évapore et réchauffe l’atmosphère.

Il n’est pas mauvais.

« Est-ce que ça va mieux au niveau de l’odeur ? Est-ce que je peux faire quelque chose pour… Enfin, tu sais. » Il t’y replonge encore, le nez en plein dedans : tu es différent, Logan. Tu es différent, ne le vois-tu pas ? Tu vas seulement chercher son regard, sans piper mot. Tu le laisses se dépêtrer dans son malaise, ça ne t’atteint pas — ça ne devrait pas même t’effleurer. « Je suis désolé. Je crois qu’à trop vouloir faire attention, je m’enfonce tout seul. » Comme un air de déjà-vu. Afin de couper court à ce naufrage vertigineux auquel il te fait assister, tu lui fais un signe léger de la tête, dans la direction qu’il ferait certainement mieux de prendre. Les excuses suffisent, elles ne lui sont d’ailleurs plus réellement utiles à ce stade. Il n’y a que le diktat de la lune qui règne, tes humeurs mises à mal, et ton ego froissé se satisfera du peu.

« Viens donc t’assoir, » l’encourages-tu. « Ça ira bien ainsi. » Tu n’irais pas dire que les conditions sont idéales, mais elles sont désormais plus supportables. Tu reprends un peu du thé, le dégustant doucement, avec une justesse étonnante, comme si tu goûtais à un passé paisible, à la nostalgie de moments partagés avec la seule qui puisse encore compter. Le léger voile sur tes yeux en témoigne, tes clairs polaires ont beau attirer l’œil, ils sont aujourd’hui bel et bien assombris, éteints.

« Acceptable, c’est le mot. » Tu n’irais pas le couvrir de louanges et de compliments alors que tu n’en reçois plus un seul. Il n’y a pas de raison que tu sois le seul à souffrir de cette disparition d’ego, de reconnaissance. Ceux qui hier se pliaient face à toi te jugent aujourd’hui, du haut de leur condition de sang non vicié. Et il y a une part de toi qui peut les comprendre, en soi.
Tu guettes s’il se sert de son chaï, le laisse mariner un peu. Le silence, tu y es devenu habitué. Tu l’apprécies et le recherche. C’est que tu as rarement été aussi indisposé par les sons que maintenant. Ce n’est pourtant pas le cas de tout le monde : certains craignent le silence, le tien ne t’effraie pas autant que tu l’imaginais. Rester en mouvement reste la clé pour ne pas sombrer.

Peut-être que Sol craint lui aussi que l’abîme ne l’engloutisse tout entier.

Alors pourquoi l’y abandonner plus longtemps ?

« J’ai l’impression que cela fait une éternité… que l’on ne s’est pas vu. » C’est lâché dans un espèce de soupir expiré longuement, un peu par le nez. Tu as l’air un peu songeur, pour ne pas dire absorbé par des pensées qui ne sont en rien palpables ou devinables par ton interlocuteur. La confidence est tout de même assez étonnante, toi qui passe ton temps à éviter ce genre de sujets. À éviter, ou à transformer. Il faut bien ça pour un caméléon social comme toi, même si ce soir, tu fais peine à voir.

« Que s’est-il passé pour que tu te négliges ainsi ? » Lui glisses-tu avant de reporter la tasse à tes lèvres, tentant de noyer les autres pensées qui n’auraient pas dû être exprimées avec si peu de tact. Cette franchise, presque irrespectueuse au demeurant, ne te ressemble pas vraiment. Pas lorsqu’il s’agit de bonnes connaissances ou d’amitiés supposées, au moins sur le papier. Tu as de toute façon fait en sorte d’être aimable, à aller dans le sens du poil, à tel point que beaucoup n’ont jamais su voir ton vrai visage — si ce n’est les Hounds et autres hybrides qui étaient autrefois tes têtes de turc attitrées, pour ne pas dire tes proies.

Tu ne t’attends pas vraiment à ce qu’il réponde à cette question, d’ailleurs. Sol est dans le droit de se taire, voire de te renvoyer une autre question en guise de réponse. Tu es tellement affecté par le cycle lunaire que tu ne t’aperçois pas de tes écarts ; ni de tous ces détails qui n’ont jamais été toi.
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MessageSujet: Re: bittersweet + solan   bittersweet + solan EmptyVen 9 Avr - 19:49

Tu paniques, comme toujours, à l’idée d’en faire trop ou pas assez. Mais de là à oublier ta propre blessure… Il faut le faire quand même. Mais il faut reconnaître que la présence de Logan a… quelque chose de dérangeant. Parce qu’il t’a connu avant. Avant la mort de ton père. Avant que tu ne réalises combien Alvaro te manquait. Avant qu’on ne commence à t’appeler sur des missions sous prétexte d’être métamorphomage. Avant tout ça. Quand tu étais encore un peu heureux. Une époque qui semble bien lointaine. C’est peut-être ça le problème au fond… Il te rappelle des choses que tu voudrais oublier. Plus que tout. C’est pour ça que tu es maladroit, un peu pataud. Que tu te répètes et t’enfonces dans un discours qui n’a de cesse de te ridiculiser un peu plus chaque instant. Le signe qu’il fait de la tête en direction d’un de tes sièges aurait dû te calmer - pourtant, il n’en est rien.

T’es définitivement tendu comme un string.

Cependant, tu suis son conseil. ”D’accord…” Toujours un peu gauche, tu attrapes une de tes chaises pour t’asseoir dessus avant de prendre une tasse. Au moins, en buvant tu éviteras de dire des bêtises. Acceptable hein ? Ce n’est pas très surprenant. Tu ne connais pas beaucoup Logan, encore moins sa fiancée - ex, mais tu ignores ce détail - mais tu sais que pour ce genre de chose, elle est bien plus douée que toi. A chacun ses spécialités ; chez toi, c’est la couture, pas la cuisine… “Désolé… Je sais que ça doit te paraître bien fade à côté de ce que fait Shanti… Comment va-t-elle d’ailleurs ?” Tu poses la question par politesse, ignorant tout de la triste réalité derrière tout ça. Pourtant… Si tu avais juste un peu plus réfléchi, comme d’habitude… Tu aurais pu t’en douter. Logan a perdu son statut, pas elle ; qu’auraient-ils à faire ensemble ? Un peu comme Alvaro et toi aux yeux du nouveau gouvernement.

Finalement, le silence s’installe, après tout ça. Un silence lourd et pesant. Réellement gênant. Il te met mal à l’aise sauf que tu te vois mal briser la glace. Pour parler de quoi ? Tu ne connais pas Logan tant que ça, tu ne vas pas te risquer sur un chemin hasardeux - pas lorsque que tu le sais déjà sur le qui-vive, tant à cause du sang que de la lune. T’as ce réflexe un peu bête de cacher ta main blessée. Comme si la faire disparaître de vos champs de vision suffisait à faire oublier la blessure qui se trouve dessus. T’as toujours été un peu naïf Sol - ou idiot, tout doit dépendre du point de vue… Mais ce soir particulièrement, tu as du mal à te concentrer. Tu penses encore à tes robes présentes dans l’entrée de ta maison - celles que Logan a peut-être vu. Ce secret caché depuis bien trop longtemps, à tel point que tu te mens à toi-même sur son existence. Alors oui, même si tu l’as invité, la présence de Logan te pose problème. Il ne doit pas avoir conscience de combien il remet tout en question. Combien il te perturbe en cet instant. Mais t’es bien trop poli pour dire quoique ce soit…

Heureusement que Logan sait  prendre les devants.

“Oui… C’est possible. Je… Je n’ai pas vraiment la notion du temps en ce moment. Cela fait combien de temps, exactement… ?” T’es distrait. Il a raison, ça fait longtemps… Mais tu ne pensais pas à ça. Le temps est une notion relative. Tu le trouves beaucoup trop long depuis qu’Alvaro est parti alors que tu le trouvais bien trop court avant - triste ironie. Tu as l’impression de passer ton temps à courir après. A chercher un moyen de rattraper les minutes et les secondes perdues. Mais c’est déjà bien trop tard pour ça. Alors oui, cela fait longtemps que vous ne vous êtes pas vu et tu ignores exactement depuis combien de temps déjà. Tant de choses se sont passées entre-temps…

“Je…” La question te prend au dépourvu. Tu ne l’imaginais pas assez audacieux pour t’interroger comme ça, de but en plus. Que répondre à ce genre de choses ? Ton cerveau s’active, tes neurones s’affolent. Etre honnête ou non ? Surtout que tu te sais piètre menteur. Pourtant… Pourtant tu n’as pas envie d’expliquer. Peut-être parce que tu ignores exactement de quoi il en retourne. “Je ne suis pas sûr. Et je ne suis pas certain non plus que la réponse t’intéresse vraiment…” La phrase est dite sans une once de méchanceté. C’est réellement ce que tu penses. Tu n’es pas sûr que tes problèmes puissent intéresser qui que ce soit.
Tes états d’âme ne concerne que toi…
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