BIENVENUE SUR SMOKE & MIRRORS. Un forum Harry Potter alternatif qui diverge du canon à partir du tome 5 où Harry est capturé par les Death Eaters lors de la bataille du Département des Mystères. L'action se situe 12 ans après, en 2008, dans un Royaume-Uni gouverné par Lord Voldemort.

Le forum a pour but d'être collaboratif et possède donc un système de collaboration participative où tous les membres peuvent proposer des nouvelles annexes, évènements, voire même des idées de personnages pour les futur.es joueur.euses !

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 Curses for everyday use (Abbas)

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17 mars 2007 Le rendez-vous a été repoussé si souvent qu’il a bien failli ne plus y croire, mais des mois plus tard, ils y sont enfin. Ambros au pas de la porte de chez Abbas et Lizzie, trépignant d’une anticipation que certains pourraient très certainement qualifier de malsaine. Avec raison, même : on n’aura jamais vu un sorcier si enthousiaste à l’idée de potentiellement se traumatiser au point de non-retour et/ou d’empirer sa situation actuelle.

Il faut dire qu’avec le départ de cette garce de Lillian pour l’Irak, avant eux, Ambros est très heureux de pouvoir débloquer une part de savoir que cette grognasse impatiente ne possède pas. À quoi bon pour la brune de partir plus tôt, si c’est pour seulement se retrouver comme une conne dans un campement rempli de sable, incapable d’aller plus loin ? Il lui manque toute l’équipe, à la Macca, et ce n’est pas avec son baragouinage sumérien ou akkadien qu’elle ira où que ce soit, le passé l’a prouvé.
Surtout, il lui manque lui, à la Macca.
il y a donc, en plus de la curiosité face à l’inconnu et de la nécessité de lever le voile sur ce mystère, le plaisir définitivement mesquin de pouvoir ensuite remuer la chose dans le visage de la briseuse de sorts, un petit je te l’avais bien dit en complément.
Le monde est fait de plaisirs simples.

L’elfe de maison lui ouvre et le fait entrer, en attente dans le hall que le maître des lieux le rejoigne. Il regarde distraitement la décoration, sans vraiment la voir. Comme promis, il n’en a rien dit aux parents Shafiq - ni à Azra. Il a évoqué à demi-mot à la Ligue qu’il travaillait sur la marque, sans en dire davantage. Ambros ne croit pas qu’ils se seraient inquiétés pour lui, mais dans le doute… autant faire comme à l’habitude : ne rien dire et faire comme si tout allait pour le mieux. Il caresse pensivement le dos de sa main gauche, traçant quelques runes du bout des doigts contre la chair marquée. Il dort bien mal, depuis le début de février, mais ça ne l’a pas empêché de travailler sur l’événement du jour. Ouvrir son esprit, sa mémoire, se concentrer sur les sensations, sur chaque bribe de souvenir. La lecture conseillée par Abbas a été d’un grand soutien (et il avait un plaisir définitif à lire l’ouvrage et à imaginer Hisham le faire également).

Enfin ledit maître des lieux se présente, l’air toujours aussi épuisé. Pour une fois, ils sont deux. « Joyeux mois de novembre », salue-t-il le Mangemort non sans un brin de malice, en référence à leur plan précédent. Ah, tout ce qu’un lâcher de Détraqueurs peut chambouler ! Sans parler de la possible disparition d’un Lord de la magie noire ! « Lizzie est au travail ? » Juste pour être sûr et certain que personne ne viendra les déranger. Dans le meilleur des cas, tout ira très bien : dans le pire… Merlin seul sait (ou plutôt, Puabi seule sait) ce qui arrivera.
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Metis Cormorant
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Les choses se sont accumulées bien trop vite au goût d'Abbas: entre Potter's End, la Damocles, son fuck-up en la personne d'Alden Harris, la disparition du Lord, Potter, l'étrange cercle de sang et de terre caché au fin fond du Département des Mystères... Abbas en dort à peine la nuit. Il y a toujours, toujours une urgence: que ce soit sa boule cristal qui se met à hurler au milieu de la nuit, ou sa Marque qui se réveille sur son avant-bras, toutes ces circonstances semblent bien décidées à vouloir l'empêcher de dormir.
C'est sans compter la motivation implacable d'Ambros O'Neill. L'irlandais l'agace toujours autant, le débecte, le fait rouler des yeux et soupirer à chaque fois qu'il lit une de ses (trop longues) missives à propos de leur petit projet; et pourtant, même quand il devrait dormir, Abbas se retrouve à faire des recherches, à lire de vieux bouquins oubliés depuis bien longtemps, à réfléchir à leur petit plan.
Il réfléchit à la Ligue, à Hisham, et à Dieu.

Il lui arrive parfois de croiser, dans les couloirs du Ministère, le visage vide d'émotions d'Alden Harris, qui est désormais devenu un imbécile. Un énième souvenir de sa propre défaite dans le domaine de la magie mnésique: il a été incapable de voir l'Occlumens, l'agent-double, le traître sous la carapace du professeur anxieux.

Et le voilà qui s'embarque pour faire revivre à un pauvre inconscient ce qui doit être le moment le plus traumatique de sa vie - fantastique.

Malgré son idée déjà plutôt négative de la situation, Abbas ne peut pas s'empêcher d'être impatient. Impatient d'en savoir plus, impatient de se jeter tête la première dans cette entreprise périlleuse. Penelope le pense un peu inconscient: il est en train de mettre trop sur la table, parce que quand il aidera Ambros à ouvrir son esprit, il ouvrira aussi le sien. Et cela pourrait mettre en péril tout ce pour quoi ils ont travaillé pendant des semaines, des mois, dans le secret de leur apprentissage de l'Occlumancie et de la Légilimancie, pour défaire les Battues.
Mais c'est quelque chose qui le démange. Une quête intellectuelle à laquelle il ne peut pas dire non. Même si elle désapprouve, Penelope peut comprendre.

Il l'a embrassée moultes fois, a badiné quelques mots tendres dans son oreille jusqu'à effacer sa moue quand il a dû retourner, pour les apparences au moins, passer une nuit sous le toit Shafiq-Prewett. Elisabeth n'est nulle part: tant mieux, il lui semble qu'elle travaille ce soir, servide de nuit. Et puis, la connaissant, elle doit faire des doubles services et le triple des heures exigées par son contrat... Avec les semaines qui ont passé, et l'éloignement physique et émotionel, ils n'ont pas eu le temps de se parler. Ah! quelle idée de ne pas avoir le temps de prendre des nouvelles de sa femme.
Aussi simplement qu'au quotidien, toute pensée pour Elisabeth sort de l'esprit d'Abbas quand il entend la porte d'entrée s'ouvrir et la voix fluette de l'elfe inviter l'irlandais à l'intérieur.

« Joyeux mois de novembre, » l'accueille avec un sourire Ambros quand Abbas descend les escaliers menant à l'entrée. Le Mangemort soupire un peu, et lui offre un sourire sans énergie ni joie. « Lizzie est au travail ? - Oui. Je crois. Enfin..." Il grimace, n'aimant véritablement pas qu'autrui puisse seulement penser que leur mariage est autre chose qu'idyllique. "Oui, elle est de nuit ce soir. Viens." Il lui fait un signe et monte les escaliers pour retourner à l'étage, ouvrant à Ambros la porte de son bureau.
Organisé et étriqué comme le maître des lieux, décoré sobrement et sans goût particulier, l'endroit croûle sous la collection de livres plutôt impressionnante d'Abbas: les murs ressemblent à une piètre imitation de la petite bibliothèque du manoir Shafiq. Si l'endroit est propre et bien rangé, le bureau est un capharnaüm de dossiers, impressions et manuels mnésiques. Malgré la température plutôt clémente pour le mois de Mars, l'imposante cheminée abrite un feu aux longues flammes vertes hypnotisantes, sans fumée: à la moindre convocation du Lord, Abbas se doit de s'y jeter sans hésiter.

Un soupir, un coup de baguette, et un fauteuil est libéré des livres soigneusement posés dessus pour s'installer face au bureau; invitation silencieuse pour Ambros, alors qu'Abbas contourne le meuble en bois sombre pour s'asseoir sur sa propre chaise. Il se passe une main sur le visage. "Rocky va apporter du thé et de quoi grignoter," dit-il d'un ton un peu absent, ses yeux venant explorer les graphiques et textes et images étalées devant lui.
Enfin, il s'invente courageux et lève les yeux vers Ambros. Son regard est bleu, perçant, vif et impatient. Abbas, malgré sa peur, sa couardise légendaire, son malaise, ses doutes, ne peut pas s'empêcher de sourire, très légèrement. C'est sans doute son âme de Ravenclaw qui parle. Incapable de reculer face à un mystère. "Êtes-vous prêt à vous enfoncer dans les tréfonds inexplorés et terrifiants de votre psyché, monsieur O'Neill?"


Dernière édition par Abbas Shafiq le Lun 15 Juin - 21:00, édité 1 fois
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Ah, Abbas. Toujours aussi… vif et énergique. Et toujours aussi enthousiaste à sa vue. Franchement, ça fait rêver. « Oui. Je crois. Enfin… Oui, elle est de nuit ce soir. Viens. » Heureusement pour le Shafiq, Ambros ne s’intéresse pas suffisamment à lui et à ses tribulations intimes pour se questionner à propos de son mariage, ou pousser ses commentaires plus émis par précaution et politesse que par réel soucis. Il aime bien Lizzie et ne comprend toujours pas pourquoi elle s’est mariée avec un type aussi soporifique et rigide, mais les goûts et les couleurs…

Trêve de bavardage inutile, heureusement, et l’Irlandais suit le maître des lieux dans la demeure, jusqu’à ce qui est probablement son bureau. L’un le pense sobre, l’autre le pense ennuyant, et seule la bibliothèque bien garnie attire son attention. De toute façon, la seule chose qui importe vraiment dans cette pièce. Ses prunelles claires glissent sur le bordel qui s’entasse sur le meuble, s’attardent sur les titres des bouquins qui y trônent, sautent volontairement tout écrit au potentiel compromettant. Puis, sur les flammes vertes qui brûlent dans la cheminée. Pas besoin d’avoir la tête à Abbas Shafiq, justement, pour deviner à quoi elles servent.
Il s’installe dans le fauteuil avec une certaine appréhension, visible jusque dans sa posture, bien loin de son habituelle allure nonchalante. C’est qu’il a hâte, le démon, hâte de plonger dans l’inconnu, dans les méandres de sa propre mémoire, comme il le ferait d’un temple aux pièges multiples. « Rocky va apporter du thé et de quoi grignoter. Un hochement distrait du chef en réponse. Êtes-vous prêt à vous enfoncer dans les tréfonds inexplorés et terrifiants de votre psyché, monsieur O'Neill? Plus bien qu’il est raisonnable d’avouer, monsieur Shafiq. »

L’amusement mêlé à la résolution, dans sa voix grave, son regard définitivement décidé. Le demi-sourire confiant, pour ce qu’il cache de putain de trouille. Ambros n’est pas courageux : il est ambitieux. Et la fin justifie les moyens. « Je ne sais pas ce que nous découvrirons. Ni ce qui nous attend. Je sais seulement qu’il ne faudra pas s’y fier totalement et que je suis prêt. » Sight beyond sight, comme il a dit à Odalis, il y a un peu plus de deux semaines. Aller au-delà des apparences, au-delà de ce qui leur semblera évident. Qu’importe ce qu’ils verront. Peut-être même qu’il n’y aura rien du tout. En auquel cas, Ambros sera fixé sur leur imbécilité commune. Une chose qu’il aura tout de même de plus que cette pute de Lillian. Ses doigts viennent caresser la cicatrice au dos de sa main gauche, le croissant qui n’a pas perdu en netteté. Le geste automatique, sans même le penser, le remarquer. « Tente de ne pas me rendre légume au passage. » Et dire qu’il ne sait pas encore pour le sort désolant du professeur Harris… sinon, il comprendrait bien pourquoi sa boutade ne tire absolument aucun rire du Serdaigle, à part pour le fait qu’il n’a pas d’humour. Ça ne l’étonne même pas. Rocky cogne doucement à la porte et l’ouvre pour venir porter le thé, avant de repartir dans le même mouvement discret. Il aimerait bien manger, ou boire, mais son estomac est tordu d’anticipation. « Quelle est la marche à suivre, monsieur Shafiq ? »

C’est rassurant, quand même, de lui parler ainsi. Comme à un simple professionnel. Comme à autre chose que le petit frère d’Hisham. Comme s’il ne le mettait pas en danger en même temps que lui-même, alors qu’ils vont tous les deux voler trop près du soleil.
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Metis Cormorant
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« Plus bien qu’il est raisonnable d’avouer, monsieur Shafiq. » Un reniflement vaguement amusé lui répond. Abbas devrait en avoir peur, de cette confession bien trop sincère: parce que personne, personne ne devrait avoir l'air si gai à l'idée de potentiellement perdre toute fonction mnésique et cognitive... et pourtant, Abbas ne peut pas le blâmer. Il est celui qui a sacrifié sa femme sur l'autel de la magie noire, le gamin qui n'avait pas peur du mauvais sort en volant les livres occultes de son père, l'étudiant trop sérieux qui n'aurait jamais rebroussé chemin dans sa quête infinie de savoir. « Je ne sais pas ce que nous découvrirons. Ni ce qui nous attend. Je sais seulement qu’il ne faudra pas s’y fier totalement et que je suis prêt. » Observateur, comme toujours, Abbas voit la main d'Ambros s'égarer sur le dos de l'autre, caresser distraitement la marque morcelée sous la peau. Il se demande ce à quoi il pense, puis se rappelle qu'il le saura bien vite...

« Tente de ne pas me rendre légume au passage. » Abbas serre les dents mais parvient à esquisser un sourire, très crispé et très forcé, qui ressemble à une grimace. "Je ferais de mon mieux," dit-il d'un ton calme qui exulte d'une certaine confiance. Abbas a une confiance certaine en ses capacités, et même la remarque désobligeante d'Ambros ne parvient pas à l'esquinter. Il a plus peur pour son propres esprit que pour celui du Briseur du Sort... no offence.
L'elfe les interrompt rapidement pour apporter thé et biscuits, et Abbas attrape nerveusement l'un de ses derniers qu'il se met à grignoter dans des petites bouchées rapides et anxieuses. « Quelle est la marche à suivre, monsieur Shafiq ? » Abbas lui jette un regard en coin et renifle de nouveau. Il ne peut pas le blâmer: c'est lui qui a commencé. "Tu n'as pas grand-chose à faire, si ce n'est qu'à faire attention de garder ton esprit ouvert. La moindre... protestation de ta part, même inconsciente, pourrait avoir des effets désastreux." Abbas a étudié les textes des dizaines de fois, il sait ce qu'il fait. Il doit s'en convaincre avant de s'y lancer corps et âme, à moins de perdre cette dernière...

"Je t'ai préparé quelque chose." Il finit son biscuit et, toujours sans toucher au thé, se baisse pour ouvrir un tiroir de son bureau. Il en produit une petite fiole, nettement étiquettée avec le nom d'Ambros. Elle contient une substance laiteuse, qui n'est pas sans rappeler un souvenir comme on peut l'observer flotter dans une Pensieve. La différence est qu'elle semble plus consistante et, surtout, mue d'une conscience; alors qu'Abbas la lève à la lumière de la fenêtre pour mieux la montrer à Ambros, elle s'agite, comme une anguille dans une bouteille. "Rien de très effrayant," commente Abbas en posant sur le bureau, face à Ambros, la petite potion qui lui a volé bien des heures de sommeil. Il n'aurait pas été capable de la finir sans l'aide de Penelope... "Juste quelque chose de quoi te... détendre un peu," et émousser ses protections mentales et psychiques naturelles, l'Occlumancie trouvant véritablement ses racines même dans l'esprit le plus prosaïque, "et m'assurer que j'ai une porte de sortie si les choses dérapent." Il aimerait pouvoir lui promettre que non, bien sûr, cela n'arrivera pas; mais il reste circonspect, observant Ambros s'emparer de la fiole et la regarder d'un air peu convaincu. "Je te conseillerai de la mettre dans le thé. J'ignore le goût, mais vu les ingrédients..." Il préfère ne pas en faire la liste, estimant qu'Ambros n'a pas besoin de savoir les choses peu ragoûtantes qu'il a dû rassembler pour ce faire. "Tu bois ça, tu fermes les yeux, tu te détends et avec un peu de chance," enfin, un léger sourire sur les lèvres de Abbas, et cette lueur dans son oeil, "see you on the other side."
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« Tu n'as pas grand-chose à faire, si ce n'est qu'à faire attention de garder ton esprit ouvert. La moindre... protestation de ta part, même inconsciente, pourrait avoir des effets désastreux. Compris. » Il a pratiqué la chose autant que faire se peut, de lui-même, mais c’est toujours plus facile à dire qu’à faire. Aries ne connaît pas personnellement d’autres sorciers versés dans les magies de l’esprit et disons que le but de l’opération aurait de quoi faire sourciller bien des gens. Il préfère garder ses secrets, garnir son esprit de tout ce qu’il peut à propos d’Ur et croiser les doigts que les rebuffades mentales ne seront pas de la partie.

Ambros s’est versé une tasse de thé par réflexe et alors qu’Abbas engloutit ses biscuits, lui-même ne peut qu’en grignoter le coin. Rien ne passe. « Je t'ai préparé quelque chose. L’expression circonspecte, jusqu’à ce qu’il fasse apparaître une fiole à son nom. Déjà que le thé ne l’enthousiasme pas, quelle décoction le  Mangemort veut-il lui faire avaler ? Rien de très effrayant. Il se penche vers la fiole, d’abord sans oser la prendre, détaillant avec fascination ce qui semble danser à l’intérieur. Ce qui remue vers lui avec… curiosité, ou avidité. Au moins autant que lui. Doux malaise qui prend le sorcier. Juste quelque chose de quoi te... détendre un peu, et m'assurer que j'ai une porte de sortie si les choses dérapent. Je pensais que les drogues étaient interdites », lâche-t-il dans ce qui se veut un trait d’humour, mais qui ne réussit pas à cacher son air nettement dubitatif. L’Irlandais prend enfin la fiole entre ses doigts. Tiède au toucher. Comme fraîchement préparée. « Je te conseillerai de la mettre dans le thé. J'ignore le goût, mais vu les ingrédients... Lucky me », qu’il grimace. Il se souvient assez de ses cours de potions pour savoir quelles saloperies on peut retrouver dans un mélange quelconque, alors un truc aussi pointu et mystérieux, Ambros n’ose même pas imaginer. « Tu bois ça, tu fermes les yeux, tu te détends et avec un peu de chance, see you on the other side. »

Bien. Puisqu’il y est…

Il verse l’intégralité de la fiole dans sa tasse, transformant le breuvage chaud en voie lactée crémeuse. Aucun parfum particulier ne se dégage du mélange, dont il ne peut détacher le regard. Il y a quelque chose d’hypnotisant, à savoir que la solution se trouve peut-être dans cette tasse de thé. Il pourrait reculer, mais il est trop tard. Ambros est trop loin, depuis trop longtemps. Le pour, le contre, le tout a été pesé et le verdict est sans appel. « For you, brother », murmure-t-il en ourdou, à l’intention du fantôme qui plane au-dessus de sa tête, avant de boire cul-sec tout le contenu de la tasse.

Il est entré dans la Ligue pour Hisham.
Pour lui, il trouvera ce qui les obsède depuis si longtemps.

Le thé est chaud dans sa bouche, puis glacial le long de son oesophage. Il lui semble le sentir frétiller pas tout à fait jusqu’à son estomac, former une boule étrange au creux de sa poitrine juste sous son diaphragme, d’un froid dérangeant. Comme une sphère de métal, jusqu’au goût de cuivre, de sang, qui dure sur sa langue. Il se fait peu à peu à la sensation d’avoir quelque chose en lui. Le froid se transforme en chaleur et la tête commence à lui tourner, peu à peu. S’il ferme les yeux, c’est bien pour tenter de maîtriser la chose, et derrière ses paupières, des feux d’artifice explosent par milliers. « Abbas, commence-t-il, d'une voix incertaine où son accent chante et se casse. Je ne me sens pas très bien. » C’est peu de le dire, alors que l’étourdissement s’amplifie et commence à lui donner quelque peu la nausée, jusqu’à ce que soudainement, tout semble se relâcher. Tout disparaît. Il n’a ni chaud, ni froid, juste parfait. Il n’est plus étourdi, ni nauséeux, juste bien. Et son esprit lentement s’enfonce dans la ouate, se délite dans une légèreté presque reposante, si elle n’était pas inhabituelle. Aucune limite. Aucune résistance.
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Metis Cormorant
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Abbas se sent pincer des lèvres en voyant Ambros déverser sa concoction dans son thé avec un geste à la fois brusque et impatient. Il ressent un sentiment qui ne l'a pas habité depuis des années, en pensant à ses propres capacités: du doute. De la remise en question. C'est plutôt désagréable.
Il regarde Ambros regarder sa tasse comme si la réponse à toutes leurs questions se trouvait là. Peut-être que c'est le cas.
Il ne presse pas l'irlandais, considérant que c'est à lui de le faire à son rythme - après tout, c'est lui qui va avaler cette affreuse potion... Il ressent néanmoins, aussi, en filigrane, une pointe d'impatience. L'envie d'en avoir fini. Il ne bouge pas.
Finalement, Ambros lève sa tasse. « For you, brother. » Pendant un instant, il ne comprend pas les mots qui sortent de sa bouche, avant que son cerveau semble enfin comprendre que c'est de l'ourdou. Et comprendre aussi à qui Ambros s'adresse.
Ca devrait le déranger. L'énerver. Le mettre hors de lui, comme avant. Pas cette fois. Abbas se sent presque... rassuré. Il a l'impression que Hisham est dans la pièce avec eux.

Abbas observe avec curiosité le thé passer dans la bouche puis dans la gorge d'Ambros: il peut le voir avaler, et grimacer légèrement, et il se demande ce qu'il ressent. L'effet semble être immédiat. Le Briseur de Sorts blêmit mais, fort heureusement, ses joues ne se colorent pas d'un rouge profond (comme décrit dans le grimoire dans lequel Abbas a trouvé la recette de la concoction; un signe comme un autre de l'échec du processus). Ses yeux se ferment. Sa tête gigote. « Abbas. » Sa voix est un peu faible, et Abbas s'empare de sa baguette, déjà prêt. « Je ne me sens pas très bien. - Tout va bien," lui dit-il d'une voix tendue, même si il a l'impression qu'Ambros est déjà perdu et ne l'entendra pas.
Comme si on venait de couper un fil, les muscles tendus d'Ambros se relâchent brutalement et il s'enfonce dans le fauteuil. Inconscient, semblerait-il. Abbas regarde sa montre. Ils ont une heure à compter de maintenant. Trouveront-ils ce qu'ils sont venus chercher?

Abbas ferme les yeux et se retrouve à marmonner une rapide prière sous sa respiration, avant de lever sa baguette: "Legilimens."

Il sent tout de suite la différence dans l'esprit d'Ambros. Face à lui, même les esprits les plus récalcitrants s'ouvrent sans problème, quand il utilise la force, ou quand il utilise ses tours de maître légilimens. Même les esprits les plus ouverts ont leurs secrets: les pensées auxquelles on n'aime pas se dédier, les pensées que l'on se cache à soi-même, les pensées qui préfèrent rester enterrées. Il y a toujours des secrets, des endroits où nos plus sombres pulsions et pensées se cachent, timides et dangereuses, traîtresses et abandonnées.
Pas là. Abbas voit tout. Et alors que normalement, il vogue dans le pays des pensées comme on volerait dans le ciel, il a l'impression de progresser dans de la mélasse.
Les pensées s'accrochent à son corps. L'empêchent de bouger. Les souvenirs tourbillonnent face à lui. Il a du mal à déterminer où Ambros commence et où il finit. N'est-il pas à l'aise ici?
Non. Il baisse les yeux sur sa main. Il y a une cicatrice en forme de croissant de lune...

Un gamin avec des yeux bleus. Il ressemble à quelqu'un qu'il connait, mais il n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Il veut boire le thé, mais il n'a pas le droit. Il s'en va.
Une grande maison. De la pluie. Un jardin. Il aimerait s'approcher de la porte, mais il est guidé ailleurs.
Un restaurant. Des décorateurs racoleuses. Un parfum familier et qu'il apprécie grandement, qui explose dans sa bouche dans un feu d'artificies d'épices. Un rire. Deux rires.
La maison, encore. La barrière en fonte qui entoure la propriété. Les doigts experts qui en ouvrent la porte. Les pieds qui s'enfoncent dans l'herbe, puis dans la boue. Les chaussures qui se remplissent d'eau. Le ciel n'a toujours pas fini de pleurer.
Des cris. Un autre visage familier, aux cheveux impossiblement noirs. Une porte qui claque, des baffes qui se perdent. Un goût amer, qui va jusque dans sa gorge.
Une île. De la neige, des cris lointains. Le coeur qui bat trop vite dans la poitrine. Un sentiment de non-appartenance. Il connait bien ce sentiment.
La maison s'éloigne un peu. Chaque pas est une épreuve, et lui donne l'impression de devenir de plus en plus lourd. Quand il parvient enfin à sa destination, il a l'impression qu'il a marché pendant des années. Des siècles.

La tombe de Hisham, comme toujours, reste silencieuse.

Il aurait dû être avec nous. Si il avait été là...

"Non, désolé, je n'en ai plus. - Bah c'est simple, fais un Aguamenti et-- - Non. On a dit qu'on n'allait pas risquer de troubler l'équilibre magique juste pour-- - Juste pour de l'eau? Sérieusement? On va crever si ça continue... - Le corps humain peut survivre pendant trois jours sans eau. - Ouais, merci, Cat, j't'appelle quand je serai sur le point de crever dans deux jours et demi... - Arrêtez de vous disputer, je-- - Oui, c'est bon, on a compris, trois jours-- - Non, je... Je crois qu'on y est."

Ce n'est plus de la pluie qui coule dans sa nuque et entre ses cheveux. De la transpiration. Il lève une main en visière pour suivre du regard le doigt pointé de Sid.

Là.

Abbas voit les dunes de sable se résorber sous ses yeux, le temple disparaître.
Le noir.

Non, non, non!

Il se jette désespérément en avant. Les souvenirs d'Ambros (parce qu'ils ne font pas un, non, ils sont Abbas, et Ambros, et même si pendant un instant ils ont, semble-t-il, tout partagé... non, ils sont différents, l'ont toujours été) sont difficiles à trier. Il a l'impression qu'ils lui sautent dessus et l'agressent. Le visage d'Azra. Le visage de cette femme blonde. Le visage de sa propre mère. Le visage d'une mère qui n'est pas la sienne. Toutes ces images ne font pas beaucoup de sens, et pourtant elles trouvent toute leur signification en son coeur.
Abbas espère sincèrement qu'Ambros n'a pas ressenti la même chose de son côté...

Il continue de se battre, essaye de retrouver le sable, le temple, les disputes incessantes entre Castor et Lillian, le pragmatisme de Cat, les cartes improvisées de Sid.
Le sable s'écoule de la fiole qu'il tient dans sa main, et finit sa course dans l'herbe. « Tiens. Je trouvais injuste que tu sois le seul à ne pas en avoir bouffé. » La tombe, encore. Silencieuse, comme toujours. « Tu peux bien rire. Six, sept ans à travailler là-dessus, et on se fait avoir comme des bleus. »

Le sable. Sid. Le camp improvisé, à proximité. L'impatience qui monte. Les regards vissés sur le temple. Cette excitation dans la poitrine.

« Qu’est-ce qu’on a raté ? »

Abbas cligne des yeux, et se retrouve assis avec eux autour du feu. Il n'est plus dans Ambros - il peut le voir, à tenir une tasse de café brûlé à deux mains, les yeux tournés vers le temple non loin. Il est un spectateur extérieur, ou alors il a pris la place de Hisham. Il ne sait plus trop.
"Qu'est-ce que vous avez raté..." se demande-t-il à haute voix. Il déplie et plie ses jambes, se met à marcher. Le souvenir retient son souffle, le subconscient le regarde évoluer silencieusement. Il a l'impression que les battements du coeur ralenti d'Ambros rythment ses pas. Abbas espère que ce n'est qu'une impression. Il ose à peine imaginer si...
Il avait l'impression que le temple était si loin du camp mais non; en un instant, l'y voilà. La pierre a été battue par le vent pendant des années. Des siècles. Des signes y sont gravés. Des runes? "Bande de fous," murmure-t-il en les examinant sans parvenir à les détailler exactement. Qui est assez dingue pour pénétrer dans tel bâtiment?
Ils y sont. Il sent le blocage. Malgré la potion, malgré cette sensation de plénitude et de facilité, il sent le blocage. Magique? Divin? Il ne sait pas trop. Les pensées d'Ambros sont ouvertes, mais quelque chose demeure caché. Et ce n'est pas de son fait.
Là, juste là. C'est un énorme verrou, sauf qu'ils n'auront jamais la clé. Abbas doit donc le briser.

Abbas ferme les yeux. Il s'assied dans le sable, s'appuie contre la roche centenaire. Il pense à Hisham, et il pense au rire de Hisham, et il pense à son air curieux et excité à chaque fois qu'il parlait de la Ligue. Il pense à Ambros, la graine de folie dans son regard, son sourire arrogant et agaçant, son intellect menaçant toujours celui d'Abbas.

Il pense à Penelope et, enfin, parvient à se détendre.

Et puis, avec toute la force du maître Legilimens qu'il n'a jamais cessé d'être, il se jette dans l'inconnu avec violence.
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L’intrusion dans son esprit n’est pas aussi brutale qu’il aurait pu imaginer. À vrai dire, il ne sent rien du tout, à cet instant, pas même cette présence étrangère qui s’impose parmi ses souvenirs et ses pensées. Ambros ne pense à rien, ne ressent rien, et pourtant, peu à peu, il se rend compte que c’est faux. Il est debout et il attend, les yeux rivés sur ses souliers, que l’ascenseur cesse sa course et s’immobilise.

Celui-ci s’ouvre sur une porte noire et lisse.
Celui-ci s’ouvre sur le jardin du manoir Shafiq.
Celui-ci s’ouvre sur une chambre et au sol, une femme est couchée, un sang noir coulant entre ses jambes.

Trois coups de gong résonnent dans ses oreilles. Il est dans une alcôve confortable, les yeux fixés sur une boule de cristal entre ses mains. À l’intérieur de celle-ci, des silhouettes floues s’agitent et courent, sans qu’il puisse les reconnaître.

Il goûte le whisky sur sa langue.
Il goûte le sang.

La boule de cristal devient un bébé, entre ses bras. Un bébé à la peau mate, au crâne recouvert d’un fin duvet noir, les paupières fermées. Il dépose un baiser sur son front, « Bienvenue, Yasmin » (c’est lui, c’est moi), et lorsqu’il s’éloigne, le bébé a la peau noire et grise, les yeux désormais ouverts noirs et injectés de sang. La Marque des Ténèbres lui brûle le bras. Il apparaît dans le bureau du Ministre de la Magie ; il apparaît au pas de la porte d’un manoir, le coeur enflé d’un sentiment de plénitude et de joie ; il apparaît dans un bureau aux murs de briques noires, une femme assise devant lui, concentrée sur des papiers illisibles. Le même sentiment de plénitude, alors qu’il observe tendrement la courbe de son épaule et les boucles qui s’échappent du chignon.
Il est couché, tout habillé, face à cette femme.
Il est couché, seul.

Il avance dans l’herbe mouillée du jardin du manoir Shafiq. Il sent ses chaussures se remplir d’eau, la pluie alourdir son pas. Une silhouette, au fond du jardin, les boucles auburn en pagaille (c’est lui, c’est moi), de laquelle il s’approche avec colère.
Un parfum de femme qu’il ne connaît pas, mais qui serre son ventre d’anticipation et de désir. Ses lèvres qui baisent les siennes et glissent dans son cou, les mains qui s’éparpillent sur un épiderme doux.
Le restaurant indien. Azra, devant lui, belle comme la nuit. Il veut parler et ouvre la bouche, mais la voix qui s’en échappe n’est pas la sienne, les mots non plus : « I wish things were different, but they aren't. I'll give you everything I can. »

La moue déçue d’Azra. Celle sérieuse de la femme aux yeux sombres et intelligents. Celle circonspecte d’Odalis, de l’autre côté du feu, sa propre tasse de café serrée entre ses mains. Ils ont prévu d’entrer dans le temple le lendemain, dès l’aurore. Ils entretiennent l’illusion vaine qu’ils dormiront, cette nuit, et qu’ils seront suffisamment reposés pour affronter ce qui se terre dans les sables d’Irak. Lui-même est incapable d’en détacher les yeux. Dans la périphérie de son regard, une silhouette se lève et s’éloigne d’eux, en direction du temple. « Hisham ! » Sa voix lui paraît lointaine. Personne ne réagit alors qu’il se lève et part à la suite de la silhouette. Ambros dérape et trébuche dans le sable, le sent filer entre ses doigts, de la même façon que l’homme qui s’éloigne toujours d’eux semble disparaître à chaque pas en sa direction. « Hisham, attends ! » Il ne peut pas y aller seul. C’est trop dangereux. Un sombre sentiment grandit dans sa poitrine, urgence et terreur mêlées, battant et croissant au rythme de son pas erratique, comme s’il marchait dans un goudron collant. Le dos de sa main le brûle, mais il est incapable de regarder ce qu’il a - à chaque fois, ses yeux reviennent à l’homme et au temple.

Les constellations au-dessus de sa tête brillent de plus belle, jusqu’à transformer sa vision en kaléidoscope délirant. Lorsque leur lumière s’éteint, il est devant l’entrée du temple et Hisham n’est plus là. Il n’a jamais été là. Il n’est jamais entré dans le temple. Il aurait dû être avec eux. S’il avait été là…

L’entrée du temple est dégagée. Il n’y a plus de sable, plus de pierres cassées, plus aucune trace des centaines d’années d’abandon. Des traces de pas subsistent dans le sable et s’effacent lorsque le vent se lève, en même temps que le soleil, au moment où ils pénètrent dans le lieu sacré. Ambros est en tête du groupe, sa baguette levée. Des boules lumineuses flottent à leurs côtés et éclairent les corridors à moitié effondrés, leur inscriptions presque illisibles. Contre sa paume, les runes de sa baguette dégagent une chaleur rassurante. Dans son dos, la voix de Lillian semble psalmodier une dangereuse prière, alors qu’elle traduit au fur et à mesure les glyphes effacés par le temps. Dans son ventre, un sentiment avide de découverte, quelque chose qui l’embrase et le fait avancer sans crainte. Une porte, devant eux. Noire et lisse.
Dans sa main, une clé dorée.

Sight beyond sight.

Il perd pied dès que la porte s’ouvre. Les ombres qui grandissent et les avalent, les recrachent par des milliers d’orifices concaves et convexes. Leurs mains qui disparaissent dans les murs, les corps qui tombent sans jamais se fracasser et dont pourtant les os se brisent dix fois, cent fois, dans cette chute infinie. Il bascule et tout son corps s’étire et change, élastique et rebondissant, cassant et fragile, verre et caoutchouc à la fois. Des inscriptions noires sur les murs et sur des tablettes, tracées sur la peau d’une femme, gravées dans sa propre chair.

Sight beyond sight.

Des yeux qui voient tout, des mains qui s’infiltrent sous leur peau et plantent leurs griffes dans leurs organes, leurs cris de douleur alors qu’on arrache leur coeur, transformés en gargouillis par le sang qui coule de leurs lèvres en ruisseaux abondants. Les monstres qui surgissent des ombres et qui aspirent la moelle de leurs os et dînent dans leur crâne. Les yeux arrachés, grignotés par des insectes, crevés, remplacés par de l’or en fusion, ouverts, sans qu’ils puissent les refermer, qu’ils puissent jamais pleurer.

SIGHT.

Les voix qui murmurent dans une langue inconnue jusqu’à former un chant païen obsédant, une supplication meurtrière au dieu-lune, le feu qui embrase le dos de sa main alors que son esprit s’étire, se déchire, sous le poids de la connaissance et des visions de ce qui ne peut pas être. Les couleurs se font arc-en-ciel, se font halos, se font feu et glace, les couloirs s’enchaînent et traversent des portes, des pièces, des tombeaux, leurs crânes et leurs os mêlés à ceux des esclaves sacrifiés, ossuaire qui vomit leurs corps pourris et noircis dans une rivière à l’odeur de charnier.

BEYOND.

Ils sont les sacrifices éternels d’un dieu qui ne mourra jamais.

SIGHT.

Il ne s’entend pas hurler.
Hurler comme il n’a jamais hurlé.
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Metis Cormorant
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Allégeance : le Gouvernement I guess?? sa mère??? (ugh).
Particularité : ex-obscurial en récidive. outre-tymbiste.
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Quand Abbas rouvre les yeux, il sait qu'il n'atteindra pas la salle de bains alors il se contente de se pencher dans la vague direction de sa corbeille, et de régurgiter le peu qu'il a avalé aujourd'hui dedans. Sa tête est en train de nager désagréablement, et sa vision est vrillée de points noirs qui se dissipent à peine à chaque fois qu'il cligne des yeux. Sa main aggripée au bureau tremble, ses longs doigts blanchissant aux extrémités là où ils sont serrés autour du rebord.

Il lui faut quelques secondes pour parvenir à se redresser sans avoir l'envie de vomir de nouveau. Son coeur, dans sa poitrine, bat à folle allure et réenforce sa nausée d'une manière plus que désagréable. Sa main qui n'est pas accrochée au bureau vient se poser sur sa bouche quand il sent quelque chose lui remonter la gorge, mais il parvient à repousser cet accès nauséeux à grand mal, et à finir de se redresser.
Il était tard déjà, quand ils sont partis, le soleil avait fini de se coucher mais il reste une certaine lumière céleste, une sensation de début de soirée; la ville de Manchester se couche tard, et il y avait encore de l'activité dans la rue. Il fait désormais nuit noire, réalise-t-il, et il n'y a pas un bruit. L'horloge indique qu'il est près de trois heures du matin.

"Ambros?" crôasse-t-il d'une voix faible, se forçant à se lever malgré ses jambes qui crient au meurtre, et à contourner le bureau pour le rejoindre. Son corps abandonne quand il se trouve près de lui et, sans le vouloir, il se retrouve agenouillé près du fauteuil, ses mains tremblantes attrapant celles d'Ambros faiblement. Il est pâle et immobile, blême comme un cadavre. "Ambros? Ambros, réveille toi." La panique commence à monter dans sa voix quand l'irlandais ne répond pas à ses mots pressants. Il convoque la force de se relever un peu, de tendre un main vers sa joue pour la claquer, sans douceur ni violence. "Ambros? Ambros?!" Il faut qu'il appelle quelqu'un... mais que pourra-t-il bien leur expliquer? Et si Ambros ne se réveille pas? Que dira-t-il à ses frères et soeurs? A ses parents? A Yasmin? A Azra?
L'image de sa belle-soeur lui donne un regain de force et il parvient à prendre le visage d'Ambros entre ses deux mains, et à lui asséner une claque un peu plus forte qui a au moins le mérite de lui faire ouvrir les yeux. Abbas a juste le temps de s'éloigner pour éviter de recevoir ce que régurgite Ambros en reprenant conscience, et fait les gros yeux quand il voit l'étrange forme presque célestiale qu'il a avalé plus tôt gigoter sur le sol. "Ughhh..." Il a l'impression d'être ivre, il n'a aucun équilibre et ses pensées s'embrouillent, se tordent dans tous les sens. Il parvient néanmoins à agiter sa baguette et le volute - il ne sait pas trop comment le décrire, si c'est un être magique, synthétique, ou juste une manifestation des souvenirs d'Ambros, et pour être honnête il n'a pas envie de savoir - se retrouve enfermé dans une nouvelle fiole.

Ce simple acte de magie l'a épuisé et Abbas retombe, sans délicatesse, sur l'épais tapis qui recouvre le sol; il manque de tomber en arrière mais se rattrape d'une main. "On est de retour," se sent-il obligé de préciser à l'adresse d'Ambros, avant de fermer les yeux. Malheureusement, ça ne calme pas du tout ses vertiges, mais au moins la lumière pourtant tamisée du plafond cesse de le hanter et le rendre encore plus malade qu'il ne se sent déjà. Tous ses muscles lui font mal, il sent déjà une migraine s'installer dans son crâne, son corps est recouvert de sueur.

Ses pensées lui échappent, comme des grains de sable qu'on aimerait retenir dans un poing fermé.

Quand il rouvre les yeux, il ignore si une minute ou dix se sont écoulées et il est allongé sur le tapis, là où il ne se rappelle pas être tombé. Ambros est toujours là, ce qui n'est que la moitié d'un soulagement. "Tu... t'es..." Sa voix est enrouée, et même en se râclant la gorge il n'arrive pas à changer ça. "T'es maudit." Ils ont été maudits. Sacrifiés. Recrachés. Rien que d'y penser, Abbas a l'impression que son mal de tête ne fait qu'empirer. "Il faut... il faut que tu y ailles." Il ignore vraiment si il lui demande de quitter la maison, ou alors de retourner là-bas en finir une fois pour toutes avec son dieu.
Il sait en revanche qu'il est bien content que ni Hisham ni lui se soient retrouvés en Irak avec eux.

Abbas a vu des choses, dans la tête d'Ambros. Des choses indescriptibles, douloureuses, terribles. Il a vu ses souvenirs, d'avant et du temple, mais surtout du temple. Il sait aussi qu'Ambros a vu ses souvenirs à lui et il sait que ça devrait le gêner profondément mais... étrangement, ce n'est pas le cas. Ils sont un peu au-delà de cela, désormais.
Parce que dans la tête d'Ambros, il a ressenti des choses impossibles, vu des choses impossibles, entendu des choses impossibles. Il se demande même si c'est bien de la magie qui a bloqué ces souvenirs, ou juste son cerveau qui a décidé de le faire pour lui pour le préserver... parcequ'après ça, il ne peut pas imaginer revenir à la normale.
Il a envie d'aller voir Penelope, de se fondre dans ses bras. Il a envie de pleurer. Il a envie de dormir, et de ne pas se réveiller. "Est-ce que tu te... souviens, maintenant?"
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Lui n’a pas le temps de chercher quelque chose pour ne pas vomir sur le tapis, alors que le haut-le-corps du réveil le prend aux tripes. De sa bouche ne sort toutefois rien d’autre qu’une forme lumineuse, étrange, un ver de lumière. Abbas enferme la chose dans une nouvelle fiole, mais Ambros n’est pas plus rassuré. Son visage le chauffe sans qu’il comprenne pourquoi et pendant quelques secondes, tout l’endroit lui est étranger, autant que le faciès de l’homme sur le tapis. Son corps crispé dans le fauteuil, ses mains accrochées avec tant de force aux accoudoirs qu’il en a mal, ses yeux pâles emplis d’une terreur palpable, à peine atténuée lorsque les morceaux du casse-tête se replacent et qu’il reconnaît le Shafiq. « On est de retour. »

Il est encore incapable de parler.
Incapable de dire non.
Ils ne sont pas revenus.

Ses membres sont trop lourds pour qu’il puisse bouger. De toute façon, il a trop froid. Son corps entier est en sueur, ses cheveux trempés, mais le froid le paralyse depuis l’intérieur, depuis là où la boule de métal et de chaleur a brûlé. Il se sent vide. Vide, vide, vide. Même immobile, statue pâle et frissonnante, les sensations ne se dissipent pas (tout ce qui a impitoyablement déchiré son être) ; les visions ne disparaissent pas (les yeux ouverts sur ce qui ne peut pas être oublié) ; les sons résonnent en cacophonie à ses oreilles (les rires, les cris, les supplications, les pleurs de ceux perdus et sacrifiés depuis des centaines d’années). Si Ambros bouge, tout sera pire. S’il ne meurt pas maintenant, ce sera pire. Mais il est revenu. Il est vivant.
Il est revenu deux fois du temple.

« Tu... t'es… T'es maudit. » Dit ainsi, ça paraît presque banal. Évident, en vérité. Quelque chose qu’ils ont tous sciemment évité de nommer, une volonté commune d’ignorer le mal. Ils sont maudits. Ils se sont maudits en entrant dans la sépulture (quelque chose comme un indice qu’ils étaient au bon endroit, mine de rien), forts d’une arrogance plus grande que toutes leurs précautions, que toutes leurs recherches, que sept années de travail acharné. « Il faut... il faut que tu y ailles. » Sa tête bouge, malgré lui, dans un faible signe positif. Il doit partir d’ici. Il doit aller là-bas. Il doit… convaincre les autres. Retrouver Cat. Retrouver Lillian. Un sombre pressentiment qui hérisse les cheveux sur sa nuque, les frissons sur ses bras, qui remue ses entrailles. « Est-ce que tu te... souviens, maintenant ? Oui. » Sa voix est étrangère. Il a l’impression que ce n’est pas la sienne. Il a envie de s’arracher la gorge pour ne plus entendre ce filet de voix cassé, éteint, celui d’un inconnu qui se tient à sa place, dans ce fauteuil, dans son corps. Un dégoût de lui-même qui lui lève le coeur, alors qu’il baisse les yeux et regarde sa main marquée, le croissant de Nanna plus menaçant que jamais, un oeil mauvais, plissé, éternellement fixé sur lui. Maudit.
Il a touché Azra avec ces mains.

Ses yeux brûlent et lorsqu’il porte ses paumes à son visage pour écraser les larmes qui coulent malgré lui, il est presque surpris de ne pas pleurer du sang. Ambros éclate dans un sanglot nerveux et se recroqueville vers l’avant, les bras vainement enroulés autour de son propre torse. Il n’y a rien plus à protéger en lui. Abbas a tout vu et Puabi a tout pris. « Il… il n’y a... r-r-rien. » Il est incapable d’expliquer ce qu’il veut dire par là, mais la pensée est atrocement claire dans son esprit, semble y chauffer à blanc, éclipser tout le reste. Il n’y a rien. Tout ce qu’ils ont vu, ce n’est rien. Littéralement rien. Ce qu’il a dit à Odalis s’impose comme une ritournelle et prend le dessus sur les voix désincarnées qui résonnent dans ses tympans. Ce qu’ils ont vu, ou n’ont pas vu. Ils ont vu, mais pas vraiment vu. La nausée revient et pour ne pas vomir de la bile, il ne trouve à faire que mordre son poing serré. Jusqu’à sentir la peau se rompre sous ses dents et que le goût bien réel du sang envahisse sa bouche.
Tous ceux avant eux sont morts. Et eux… eux en reviendront peut-être une nouvelle fois.
Il est revenu deux fois.
Il a envie de demander à Abbas de tout reprendre, de tout effacer, de tout remettre dans ce coin verrouillé de sa mémoire, mais ce n’est pas possible. Il n’est même pas certain que ce soit possible d’effacer ça, même avec la meilleure magie de l’esprit.

« Je, je, je dois… partir. » Abbas a raison. Il doit y aller. Sortir d’ici. Aller en Irak. Les deux décisions empêtrées l’une dans l’autre. Faire un geste pour se lever semble au-dessus de ses forces et il ne sait pas combien de minutes passent avant qu’il puisse s’extirper du fauteuil, chancelant sur le tapis. Les mains sur le bureau pour ne pas s’effondrer à son tour, la respiration sifflante, douloureuse. La fiole lumineuse semble le narguer, sur le tapis, et si Ambros ne l’écrase pas à pieds joints, c’est bien parce qu’il a trop conscience qu’il ne peut pas avoir fait tout ça pour rien. Ses doigts se referment sur la fiole, tiède contre sa paume. Écoeurement. L’envie, encore, de tout arracher, de peler cette peau d’étranger et de mourir pour de bon.

Le feu dans la cheminée brûle encore.
La perspective de voir le Lord en surgir lui paraît désormais le moindre de ses soucis. Une peur même ridicule, face à ce savoir impie qui règne désormais sur son esprit et qui refuse d’être mis de côté, qui s’infiltre dans chaque parcelle de son corps, de sa magie, de ses souvenirs. Qu’est-ce que Lord Voldemort connaît de la véritable puissance ? De la véritable magie ? Qu’est-il face à Puabi et au dieu-lune ?

La fiole disparaît dans sa poche. Sa cape est à peine passée par-dessus ses épaules, sans qu’il trouve une quelconque chaleur dans le vêtement. Il a l’impression qu’il ne pourra plus jamais se réchauffer et que le froid fera désormais partie de lui, au même titre que tout le reste. La porte du bureau (la porte noire à la clé dorée) s’ouvre sous sa main, révèle le manoir plongé dans les ténèbres. Il se retourne vers Abbas, sans savoir que dire avant de quitter les lieux (il ne sait même pas où aller). Le remercier lui semble idiot, déplacé. S’excuser, tout autant. Il a partagé ses souvenirs, ses pensées, et ils sont tous les deux sortis du temple. D’une certaine façon, Abbas a accompli ce que son frère n’a pas pu faire ; ce que lui-même espérait, secrètement. Jusqu’à aujourd’hui.
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« Oui. » Lui aussi. Abbas sent les souvenirs s'agiter dans un coin de son esprit, ces souvenirs qui ne lui appartiennent pas. Comme il l'a appris étant jeune, et comme Penelope lui apprend encore, il repousse ces pensées avec force au fond de son esprit et les verrouille derrière une imposante porte mentale. Ce qu'ils ont vu... ce qu'il a vu...
Ambros se met à pleurer et Abbas, d'ordinaire, réagirait... mal, certainement, mais il réagirait. Avec pudeur, avec angoisse, avec maladresse.
Mais là... rien. Il se sent vidé, vide, veritigineusement stupide et ridicule. Qui sont-ils, pour avoir osé faire un tel acte impie? Que dira Penelope quand il lui racontera?
Devrait-il lui raconter?

Ambros pleure et Abbas le regarde d'un air effaré, glacé de l'intérieur. « Il… il n’y a... r-r-rien. » Non, il n'y a rien. Il n'y avait rien, juste... juste quelque chose d'incompréhensible, de gigantesque, de... Abbas n'aime pas ce mot. Mais dans ce temple, il y avait assurément quelque chose de divin.
C'est un sentiment profane et pourtant, bien réel, véritablement terrifiant par sa tangibilité. Abbas comprend le monde. Il comprend le monde et les étoiles et Dieu. Il a lu des milliers de livres sur des milliers de sujets différents. Il a prié, il a réfléchi, il a compté, il a tout fait pour tout comprendre, assoiffé de connaissance, sa curiosité jamais rassasiée, son envie de savoir toujours titillée. Abbas comprend le monde, mais ce qu'il a vu dans la tête d'Ambros dépasse tout entendement, toute logique, toute compréhension.
Et il déteste ça.

« Je, je, je dois… partir. » De Manchester, ou du Royaume-Uni? Abbas connait la réponse à cette question sans même l'énoncer à voix haute. A vrai dire, un désir égoïste enfle dans son coeur. Il veut qu'Ambros quitte l'Angleterre, qu'il retourne dans son temple et s'y enferme; qu'il soit sacrifié, comme des centaines avant lui, pour apaiser les envies de ce dieu cruel qui l'a maudit. Il aimerait le savoir loin de lui, de Lizzie, d'Azra, de Haris, Yasmin et Ramez.
Il n'aurait jamais dû revenir.

Ambros se relève, chancelant, et Abbas le regarde faire d'un air incertain. Il devrait l'aider mais il n'a qu'une envie: le pousser en dehors de chez lui, et ne jamais le revoir. Alors qu'Ambros s'agite dans son espace avec des gestes fébriles, Abbas lui aussi se relève lentement sur ses jambes tremblantes. Ils s'ignorent en s'apprêtant de nouveau, Abbas passant comme toujours une main nerveuse dans ses cheveux, observant ses doigts tremblants quand il pose ses mains à plat sur son bureau. Il aimerait qu'Ambros parte sans un mot, que son départ soit ponctué d'un silence glacial quand il ouvre la porte. Il aimerait pouvoir l'ignorer mais c'est plus fort que lui: Abbas lui jette un regard sombre par-dessus son épaule, comme pour s'assurer qu'il est bien en train de sortir de sa vie. Ambros le regarde en retour.

Abbas sent sa gorge se nouer désagréablement. "J'espère que ça valait le coup," dit-il d'une voix faible, d'un ton amer qui indique clairement qu'il pense que ce n'est pas le cas. Il a toujours tout voulu savoir, nourrir sa curiosité. Pour la première fois de sa vie, Abbas le regrette.

Ambros quitte rapidement le bureau, fermant la porte derrière lui avec douceur; en tendant l'oreille, Abbas l'entend descendre les escaliers et claquer derrière lui la porte d'entrée.
Il voudrait s'effondrer mais même de ça, il n'en a pas la force, regardant plutôt ses mains blêmes toujours appuyées contre son bureau, la seule raison pour laquelle il tient encore debout. Il ignore combien de temps il reste là, prostré et immobile, perdu dans ses pensées et des souvenirs qui ne sont pas les siens. Il finit par se redresser lentement, faisant craquer son dos dans un bruit sec et incroyablement... mortel. Il est mortel, il n'est rien. Ce simple constat le terrifie, et le rassure en même temps. Rien n'a changé. Il respire, il saigne, il existe. Le monde qu'il connait si bien est le même.

Il essaye de s'en convaincre toute la nuit, attendant que le soleil se lève pour s'écrouler de fatigue dans son fauteuil, sanglotant faiblement dans le secret de sa simple mortalité.
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