Il y avait en Angleterre une opportunité qu'Alexandre ne pouvais pas laisser passer.
Une famille de sorcier aux savoirs alchimiques aussi réputée que celui des Santini avait prospéré ici. Cependant, depuis quelques années, elle était sur le déclin, les Black. Le genre de cible que la famille florentine appréciait particulièrement quand il s'agissait de s'accaparer des savoirs en tout genre. Sauf que dans le cas présent, les seuls représentants vivants de cette ligné sont des fugitifs. Difficiles à localiser donc. Il y avait bien une certaine Narcissa, mais la bougresse n'était pas facile à approcher.  
Aussi, en prospectant, Alexandre apprit qu'une sorcière très puissante nommé Bellatrix (née Back) était récemment décédée et avait épousé un Lestrange, une lignée connue dans le monde entier pour les sombres incantations dont ils avaient le secret.
Si la prudence lui intimait de ne pas s'approcher de ses adeptes de la magie noire, la curiosité elle, le poussait à essayer d'approcher le veuf Lestrange, afin de savoir si sa défunte épouse aurait pu laisser derrière elle quelques grimoires familiaux.
Au culot, Alexandre avait toqué un beau jour à la porte de leur manoir. L’accueil qu'i reçut ne fut pas des plus courtois.  Après avoir formulé sa demande, le mage noir l'envoya promener avec tant de vigueur que l'italien avait accepté d'oublier cette piste pour se procurer ce qu'il désirait.
La surprise fut grande quand il reçut un hibou quelques jours plus tard de ce dénommé Rodolphus. Peut être s'était-il rendu compte que la meilleure façon de rendre hommage à sa défunte épouse était encore de faire vivre son héritage, ou peut être était-ce l’appât du gain avait eu raison de sa mauvaise conscience. Dans tous les cas, cela donnait à Alexandre une seconde chance de négocier une partie du savoir Black !
Il lui avait proposé un rendez-vous au Chaudron Baveur, un lieu emblématique de Londres que les locaux semblaient particulièrement apprécier.

L'italien avait fait un effort vestimentaire et avait laissé son costume moldu pour arborer une tenue sorcière. Il savait que les Lestrange étaient des extrémistes anti-moldus. Il serait plus facile de discuter avec le mage noir si ce dernier ne le prenait pas pour un traitre à son sang.
Il était arrivé le premier au rendez-vous. Lui, habitué à arriver toujours en retard à ce genre de transaction, considérait cette affaire comme sa priorité. L'alchimie était sa passion numéro une après tout.

Il se dirigea droit vers le tenancier, Tom. Ce dernier se précipita vers Alexandre, un grand sourire aux lèvres. Le florentin était devenu un client régulier depuis son arrivé en Angleterre.
« Mr Santini, c'est un plaisir de vous recevoir ! Je vous sers la même chose que d'habitude ? »
« Bonjour Tom je... Je suis en affaire aujourd'hui. Je dois rencontrer un partenaire... Vous n'auriez pas un endroit discret à nous proposer. »
« Mais bien sûr Mr Santini, suivez moi.. »
Alexandre suivit le bossu à travers les escaliers de son établissement pour finir dans une pièce d'une trentaine de mètres carrés. D'un coup de baguette Tom alluma un grand feu de cheminé ainsi qu'une dizaine de chandelles éclairant la pièce rendu trop sombre par le mauvais temps londonien.
« C'est parfait Tom.. Parfait. Tu connais Rodolphus Lestrange j'imagine. »
« Bien..Bien sur... » Bredouilla le tenancier visiblement pas dans son assiette d'un coup.
« Aurais-tu l’amabilité de le faire venir ici dès qu'il arrive ? Ah... Et si tu connais ses goûts, monte nous son breuvage favoris... Je prendrais le cocktail que tu m'as fais avant hier... Avec l'extrait de mandragore. »
« Bien Monsieur Santini... »

Il s'éclipsa rapidement en prenant soins de bien fermer la porte derrière lui. Tom ne semblait pas à l'aise à l'idée de recevoir un Lestrange. Décidément, la réputation de cette famille était-elle que même en plein régime totalitaire, un simple nom suffisait à glacer d'effrois ceux qui l'entendent.
Alexandre allait devoir faire preuve de prudence.

Cela faisait plus de dix ans maintenant. Dix ans que ta chère Bellatrix avait trouvé la mort au Département des Mystères. Dix longues années que tu avais passées à ruminer au fin fond de ton manoir, abusant de potions hallucinogènes dans l’espoir fou de la revoir une nouvelle fois devant toi. Mais tu te plaisais à raconter à Rabastan que tout ceci était de l’histoire ancienne, que tu étais enfin parvenu à aller de l’avant et que ton nouveau travail au Ministère te comblait. C’était en partie vrai. Retrouver une certaine routine, revenir au monde réel et avoir de nouveau une vie sociale, tout en continuant à fustiger les larbins du gouvernement, t’avait permis de retrouver les prémices de l’ancien Rodolphus Lestrange, de celui dont le nom suffisait à faire trembler les opposants les plus vaillants. Néanmoins, l’ombre de ce Rodolphus là vacillait fébrilement dès lors que l’on faisait mention de Bellatrix. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle tu avais bien failli lancer un impardonnable sur cet étrange visiteur qui s’était un jour présenté à ta porte pour te faire une proposition des plus indécentes. Un Italien avait débarqué d’on ne sait où avec la volonté de t’acheter les grimoires des Black. Ceux-là même qui constituaient le dernier héritage de Bellatrix et renfermaient les plus précieuses découvertes alchimiques faites par sa noble lignée. Bouleversé, tu avais pourtant fini par ravaler ta colère et renvoyer l’impudent sans ménagement. Comment osait-il s’en prendre aux derniers souvenirs que t’avait laissés ton épouse avant de périr ? De quel droit pensait-il pouvoir acquérir le fruit du dur labeur des Black ? Tu avais cogité cette drôle de rencontre pendant les jours qui avaient suivi. Tu t’étais innocemment entretenu avec ton frère au sujet de l’état des coffres de la famille. Malgré ton nouveau travail, les finances n’étaient toujours pas au beau fixe. Des années d’abus et de réceptions décadentes avaient eu raison de la fortune colossale amassée par vos ancêtres. Rabastan et Rodolphus, derniers représentants d’une lignée bientôt en haillons. Tu ne pouvais décemment pas laisser une telle chose se produire. Tu avais beau régner sur les médias du pays, tu ne savais combien de temps cela prendrait avant que quelqu’un d’autre ne fasse fuiter l’information. L’honneur des Lestrange était plus que jamais en danger. Alors c’est bien à contrecœur que tu avais fini par te munir d’une plume et d’un parchemin pour donner rendez-vous à ce mystérieux Italien.

C’est ainsi que tu t’étais retrouvé à transplaner au Chaudron Baveur, sans en avoir touché mot à Rabastan. Tu voulais lui prouver que toi aussi tu étais capable de te sacrifier pour la famille, qu’il n’était pas le seul à se démener pour sauver les apparences. A ton arrivée, l’espace de cracmol qui servait de tavernier à cet endroit miteux s’inclina du mieux qu’il put et maugréa quelques mots. D’après ce que tu compris, l’homme que tu devais rencontrer était déjà là et t’attendait dans un endroit isolé des regards les plus indiscrets. Tom te fit descendre quelques marches et te conduisit devant l’Italien. Tu le salues d’un signe de tête et observes rapidement le reste de la pièce. Vous êtes seuls. Tirant l’une des chaises en arrière, tu viens t’asseoir, jugeant n’avoir nul besoin d’y être invité. « Monsieur Santini, c’est bien cela ? J’avoue avoir été surpris par votre visite des plus inattendues, et je ne suis pas certain d’avoir écouté tout ce que vous aviez à me dire. Vous pouvez me rappeler qui vous êtes et d’où vous venez ? » Et surtout ce que vous voulez réellement, pensas-tu silencieusement. Tu te perdis alors dans l’observation de ton vis-à-vis. L’homme était élégamment habillé, te laissant penser qu’il était suffisamment fortuné pour te racheter les secrets des Black à un très bon prix. Mais avant de faire un pacte avec le diable, tu voulais t’assurer de ses véritables intentions…

L'attente ne fut pas longue car très rapidement, la porte s'ouvrit laissant apparaître le Lestrange. Ce dernier ne s’encombra pas de politesse et pour toute salutation hocha la tête en direction d'Alexandre avant de s'installer sur une chaise.

« Monsieur Santini, c’est bien cela ? J’avoue avoir été surpris par votre visite des plus inattendues, et je ne suis pas certain d’avoir écouté tout ce que vous aviez à me dire. Vous pouvez me rappeler qui vous êtes et d’où vous venez ? »

Le florentin appréciait le caractère franc et direct du britannique, des qualités qui se faisaient trop rare chez les nobles. Il s'assit en face du britannique.

« Avant toute chose Mr Lestrange, je tiens à m'excuser de mon manque de délicatesse... j'aurai surement du m'annoncer avant venir chez vous. » Il marqua une courte pause avant de reprendre. « Je me nome Alexandre Santini. Le gouvernement britannique nous a offert, à ma famille ainsi qu'à moi-même la possibilité d'ouvrir boutique dans votre pays. » Tom arriva et commença à distribuer les rafraichissements. En espérant qu'il ne s'était pas trompé sur le breuvage qu'il servit au mage noir. « Nous sommes avant tout une famille d'inventeur. Nous avons récemment fais fortune grâce à un modèle de balais que j'ai conçu moi même, le Tempesta. » D'un coup nonchalant de baguette, Alexandre fit apparaître sous forme spectrale le balais en question. Si cet homme s'intéressait un tant soi peu aux balais de courses ou au quidditch il en avait surement entendu parler. « Je vais être très honnête avec vous Monsieur Lestrange. Ma famille et moi-même ne nous contentons pas de construire des balais. Nous sommes capables de beaucoup plus ! Ses balais nous offres juste l'opportunité et les moyens de concrétiser des projets bien plus ambitieux. »

Étrangement la famille Lestrange et Santini semblait être à un croisement bien différent. D'un coté une prestigieuse famille de réputation internationale qui semblait avoir un besoin urgent de renflouer ses caisses. De l'autre une famille italienne qui n'était connu que dans le sud de l’Europe et qui, aujourd'hui, pouvait voir plus grand.
Le projet centurion trottait dans la tête de l'inventeur. Son golem créée de l'union entre l’alchimie et magie runique... Le gouvernement britannique était le client parfait pour son invention ! Leur régime était jeune et ils avaient de nombreux opposants.
Ils ne pouvaient pas refuser une arme de plus. Mais avant ça, Alexandre allait devoir gagner leur confiance. Le modèle de balais qui l'était en train de faire spécialement pour leur équipe nationale était le point de départ de leur future collaboration. Et avec un peu de chance, il trouverait dans les grimoires des Black de quoi améliorer son invention.

« Ce modèle de balais nous à rendu riche Monsieur Lestrange. Et je suis prêt à mettre le prix fort pour avoir ce que je souhaite. » Il leva son verre en direction du mage, prêt à trinquer avec lui si ce dernier était d'accord pour entamer les négociations.

Tu avais beau avoir les poches trouées, tu n’en oubliais pas pour autant tes manières de sorcier bien né. La tête haute, considérant que tu valais mieux que la plèbe qui fréquentait le Chaudron Baveur, et les épaules écartées comme pour te faire plus imposant face à un interlocuteur duquel tu ne savais pratiquement rien. Malgré tes réticences, tu avais tâché de soigner ton entrée et de parler aussi poliment qu’il t’était possible. Ton vis-à-vis sembla se satisfaire de tes manières, puisqu’il enchaina sur les présentations dans la foulée. Si tu ne le montres pas, tu apprécies pourtant les excuses de Santini, qui a tout l’air de bien connaitre les codes de conduite propres aux sorciers de sang-pur. Et le fait que la famille d’Alexandre ait reçu l’autorisation du gouvernement de mener ses petites affaires sur le territoire britannique, ne pouvait qu’attester de l’importance de cette lignée italienne. Alors tu redoublas d’attention et tâchas de ne plus perdre le moindre mot qui sortirait d’entre les lèvres de ton interlocuteur. Tu ne posas pas l’ombre d’un regard sur la boisson que le vieux Tom vint poser devant toi alors même que tu n’avais rien commandé. Ta curiosité était aiguisée mais l’image du balai qui apparut sous tes yeux ne parvint pas à l’étancher. Contrairement à bon nombre de tes amis, tu n’avais jamais été un grand amateur de quidditch, préférant plutôt passer tes après-midis de libre au club de duel de Poudlard. Sans oublier que tu avais passé la dernière décennie terré dans ton manoir à te couper du monde et de toutes ces nouvelles inventions délirantes.

Oh bien sûr tu ne doutais pas de la montagne de gallions sur laquelle la famille Santini était assise, mais tu crus déceler dans les paroles d’Alexandre un genre d’allusion laissant penser que ta famille à toi aurait bien besoin d’une partie de cet argent. Et l’idée que Santini puisse vouloir t’insuffler un sentiment de dépendance à son égard te déplaisait franchement. Tu avais bien conscience d’avoir à faire à un sorcier important, au bras plus long que tu ne l’aurais pensé lors de votre première rencontre. Néanmoins, il allait en falloir plus pour t’impressionner au point de te convaincre de vendre les secrets de ta belle-famille bien aimée. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les Lestrange n’étaient pas désespérés au point de se rouler dans la boue pour obtenir une mornille. « C’est un bien beau balai, je le conçois. Il doit sûrement faire de l’ombre aux nimbus. Mais dans la famille, nous avons toujours préféré les sombrals comme moyen de transport. » Tu n’aurais jamais cru dire cela un jour, et si Rabastan t’avait entendu il t’aurait sûrement foudroyé du regard, toi qui d’ordinaire méprisais son attachement à ces créatures qu’il élevait consciencieusement dans votre jardin. Posant tes deux mains sur la table comme pour marquer ton territoire, tu te penches légèrement en avant. « Dites-moi, monsieur Santini, en quoi les savoirs des Black pourraient vous aider à vendre vos balais ? A moins que vous n’ayez d’autres projets derrière la tête ? Vous comprendrez qu’avant de vous vendre ces précieux grimoires, je tiens à m’assurer qu’ils ne tombent pas entre de mauvaises mains. Je n’ose imaginer ce qu’il se produirait si une personne malintentionnée cherchait à en faire mauvais usage. » Après avoir scruté Alexandre plus de temps que nécessaire, tu reportas finalement ton attention sur la boisson que Tom avait déposée sur la table quelques minutes plus tôt. Imitant ton interlocuteur, tu lèves ton verre dans sa direction comme pour lui signifier que tu étais encore à l’écoute et que les pourparlers ne faisaient que commencer. S’il s’était imaginé avoir raison de Rodolphus Lestrange en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire, alors il s’était fourvoyé. Tu n’avais pas l’intention de le laisser repartir avec tes trésors sans l’avoir tourmenté comme il se devait. « Merci pour le verre. En tout cas, on peut dire que vous avez le sens de l’hospitalité. Pourquoi avoir quitté la dolce vita italienne pour vous installer ici. La vente de balais ne rapportait pas assez à Rome ? »