Hermione a mal partout, mais il faut encore courir. Pendant qu’elle a le combiné contre l’oreille, et que Carmen lui donne les instructions pour trouver la planque, Luna et Ginny sont derrière elles et la couvrent pendant qu’elle avance à la recherche de la plaque qui lui indiquera qu’elles arrivent enfin dans la bonne rue. Elles ont transplané depuis presque 5 minutes maintenant, et il ne semble pas y avoir de mangemorts à leurs trousses. Visiblement ils n’ont pas réussi à les tracer. Hermione ne se laisse cependant pas le temps d’espérer dès maintenant : c’est quand on se pense en sécurité qu’on l’est le moins, ils l’ont tous appris à leurs dépens au fil des années. « Rappelle-moi le numéro? » La voix râle de l’autre côté du téléphone. « Tu ne m’écoutes pas quand je parle jeune fille? 18. J’ai dit 18. » La gorge de l’ancienne Gryffondor est en feu. « Et le numéro de l’appartement ? » « 4a » Hermione ne prend pas encore le temps de dire merci, elle se précipite vers le numéro 18, une fois qu’elles sont dans la bonne rue, ses deux amies sur ses talons. Il n’y a pas grand-monde qui circule, elles n’ont donc pas besoin de se soucier du regard des moldus. Elle ouvre la porte du hall de l’immeuble d’un sort et se précipite dans les escaliers jusqu’à ce qu’au deuxième étage, tombe sur le numéro 4. « Alohomora! » La porte cède facilement : la planque n’est pas occupée en ce moment, elle n’a donc pas été protégée autant que d’autres. Hermione s’engouffre dans l’appartement et une fois que Luna et Ginny sont elles aussi à l’intérieur, elle referme la porte derrière elles.
Malheureusement, ce n’est pas fini : maintenant qu’elles ont trouvé la planque, il faut s’assurer qu’elles seront à l’abri pour les prochaines heures. Après un signe de tête entendu, Luna et Ginny se lance sur l’inspection de l’endroit, afin de s’assurer qu’il n’y a pas de danger intérieur, qu’ils soient magiques ou moldus. C’est arrivé plusieurs fois qu’ils tombent sur des squatteurs moldus en arrivant dans de vieux lieux qui n’avaient pas été protégés plus que ça. Hermione, quant à elle, sort des craies de son sac et commence à tracer des runes autour de la porte. Les runes, elle les manipule depuis tant d’années désormais qu’elle n’a même plus besoin de réfléchir : elle écrit à la va-vite, moins appliquée qu’elle ne l’était quand elle était plus jeune. Elle s’est rendue compte avec le temps que tant que le symbole était bon, elle n’avait pas besoin que tout soit droit, tout soit parfait, alors elle a abandonné sa rigidité pour privilégier la sécurité. Les filles sont de retour dans le salon de l’appartement, où les meubles sont recouverts de draps. « Beaucoup de fenêtres ? » demande-t-elle à Luna. La blonde lui répond qu’il y en a six ou sept, alors Hermione ne perd pas de temps et traîne ses craies. Beaucoup ne seraient pas aussi prévenants : en général la porte d’entrée suffit. Mais Hermione préfère prévenir que guérir, et elle va tracer des runes autour de chaque fenêtre qu’elle peut atteindre pour s’assurer que personne ne s’infiltrera par l’une des pièces de l’appartement.
Quand enfin, elle a fait le tour de l’appartement sans vraiment le regarder, en étant parfaitement concentrée sur ses runes, elle se détend enfin un peu. Elle laisse tomber son corps fatigué et douloureux sur le lit de la dernière chambre qu’elle a protégé de ses runes, et se prend à vouloir s’endormir, là tout de suite. Au lieu de ça, elle se traîne de nouveau jusqu’au salon où Luna et Ginny boivent de l’eau à grande gorgée pour se réhydrater après leur course. Hermione les rejoint près de l’évier. Elle ne dit rien, se contente de boire à son tour.
C’était chaud, aujourd’hui. Bien sûr, elles ont déjà vécu ça, donc elle ne se sent pas particulièrement plus stressée que d’habitude, mais elle est contente de sentir la peur et l’adrénaline qui commencent à se calmer. « Ok? » Une phrase habituelle entre elles pour se demander si l’une d’elles est blessée, superficiellement ou non. Elle regarde ses deux amies, elles ont l’air d’aller bien. Elles sont toutes encore un peu essoufflées, ont les joues un peu rouge, mais elles vont bien, au premier regard. C’est déjà rassurant.

Un pas devant l'autre, pense Luna. Sans s'arrêter, sans regarder en arrière, un pas devant l'autre et les yeux bien devant, la baguette à moitié dissimulée dans la manche longue de son pull fermement tenue dans ses mains. Courir encore, légère, attentive, ne pas relâcher son attention et ne surtout pas perdre de vue Hermione qui les mène. Elle la suit sans un mot, la présence familière et rassurante de Ginny à ses côtés, toujours alerte lorsqu'Hermione déverrouille la porte, et s'autorise seulement à pousser un soupir de soulagement lorsqu'elles sont enfermées, en sécurité. Un sortilège au bout des lèvres, Ginny et elles s'aventurent dans l'appartement pour s'assurer qu'aucun invité imprévu ne les y attend. Concentrée, Luna, ses yeux marron qui ne manquent aucun détail, sa main qui se pose sur les poignées avant d'entrer dans une pièce - vide - avec grâce et efficacité. Elle lancerait son sort au moindre doute, à la moindre silhouette mouvant dans l'ombre - mais il n'y a rien d'autre que de la poussière et quelques toiles d'araignées qui pendent paresseusement au plafond.

« C'est vide, » annonce-t-elle de sa voix chantante avant de retrouver ses amies au salon. « Beaucoup de fenêtres ? » « Six ou sept, avec une jolie vue sur la rue. » Ce n'est pas l'endroit le plus sécurisé, mais elles sont en hauteur : c'est déjà ça. Elle passe sa main sur un drap blanc. « Je me demande qui vivait-là. » Sa question ne rencontre aucune réponse sans que cela ne la chiffonne. Elles sont habituées, maintenant, aux réflexions que Luna s'offre à elle-même et à haute voix. « Ce n'est pas si mal, j'imagine. Quelqu'un pourrait en faire un joli lieu de vie. » À la place, c'est une planque. « Au moins, il n'y a pas de Nargles. » Ginny hausse les épaules, désigne un évier duquel sort une eau claire, et immédiatement, Luna s'y approche pour se réhydrater. Un répit bien mérité après leur course anxiogène. « Ok ? » « Ok. » La blonde adresse un sourire rassurant à Hermione - elle peut la sentir trembler encore du choc de l'effort, pose sa main sur son épaule. Et puis, dédaignant les canapés, Luna s'assied sur le sol en tailleur.

Elles sont toutes les trois en un seul morceau, et sont pour le moment en sécurité. C'est un excellent score, tout compte fait. À la manière d'un chat, Luna en profite pour s'étirer, ses muscles un peu douloureux après l'effort brutal, et puis revient dans sa position initiale, et se laisse le temps de reprendre son souffle complètement, de calmer les battements trop rapides de son coeur qui résonnent trop fort dans le silence. « Vous voulez faire un jeu, en attendant ? » Ce ne sont pas les distractions qui se bousculent et elles sont là pour quelques heures au moins. « J'ai lu un magasine moldu, l'autre jour. » continue-t-elle les yeux fermés, un sourire naïf aux lèvres - comme si elles étaient tranquillement installées dans un salon accueillant avec tout le temps du monde devant eux, et pas dans une situation terriblement précaire. « Dix manières de rompre l'ennui. C'était l'article. Ils écrivaient que faire du sport est excellent dans ces cas-là, mais je pense qu'on a déjà assez donné. » Sur ces dernières paroles, elle se laisse tomber, s'allonge sur le sol, pose ses mains sur sa poitrine qu'elle sent se gonfler et retomber.

Si ça ne les convainc pas, Luna pourra toujours aller observer les runes tracées par Hermione en comptant les lattes du plancher.

Ginny, pour être tout à fait honnête ne comprend pas ce qu'elles font-là. Oh la mission en elle-même bien sûr fait sens et Ginny ne se plaindra sûrement jamais d'être sur le terrain et encore moins avec Luna et Hermione. Elle préfère de loin agir que de se tourner les pouces à St James — même si c'est rare qu'elle ne fasse véritablement rien. Mais elle ne comprend pas trop l'intérêt de gribouiller des runes dans tous les coins de l'appartement qu'elles vont occuper, quoi ? Quelques heures à tout casser ? Elle laisse Luna répondre à Hermione, une moue sur les lèvres alors qu'elle s'accole à un mur en attendant que tout le monde reprenne son souffle et ses esprits. Elle plus d'endurance peut-être que ses deux amies, grâce à toutes ses années de Quidditch. « Ok ? » « Ok. » L'ancienne rousse, avec ses racines qui pointent d'ailleurs le bout de leur nez, hausse les épaules pour toute réponse. Elle n'est pas blessée, non.Elle observe sans même une once de surprise Luna s'installer en tailleur à même le sol, la blonde s'étire, Hermione boit de l'eau, Ginny se débarrasse d'une poussière invisible sur son avant-bras. « Vous voulez faire un jeu, en attendant ? » Elle hausse un sourcil, reportant son attention sur sa meilleure amie, qui a les yeux fermés. « J'ai lu un magasine moldu, l'autre jour. Dix manières de rompre l'ennui. C'était l'article. Ils écrivaient que faire du sport est excellent dans ces cas-là, mais je pense qu'on a déjà assez donné. » Et comme pour le prouver, Luna se laisse tomber en arrière, s'allongeant sur le sol semble-t-il parfaitement à son aise. Ginny se demande si elle est prête à s'endormir ici et là. C'est vrai que leur journée a été longue.

« Parce qu'on compte rester ici longtemps ? » sa voix laisse percevoir un peu de son agacement. « Pourquoi faire ? Qu'est-ce qui nous empêche exactement de rentrer à St James ? Ou aller ailleurs même ? » C'est pas ici qu'elles vont compléter leur mission, c'est juste une planque pratiquement abandonnée qui leur servira pas à grand chose — elles n'ont pas ouvert les placards, mais elle doute sincèrement qu'il y ait des vivres. S'il ne s'agit que de se reposer, elles n'ont qu'à transplanner à St James où elles seront bien plus à l'aise pour dormir comme pour réfléchir à leur prochaine action. « Je voudrais pas dire que t'as plaqué des runes un peu partout pour rien hein, » lance-t-elle vers Hermione, avec un ton qui se veut à peu près diplomate « mais presque. Soit on a été suivies et la planque est déjà foutue, même protégée. » Et on leur tombera dessus quand elles en sortiront ; même : plus elles restent longtemps puis les Death Eaters qui les auraient potentiellement suivies pourront trouver l'appartement précis de cet immeuble qui les abrite comme étant justement celui auquel ils ne peuvent accéder. De toute façon si elles ont été suivies jusqu'à même la rue où se trouve cette immeuble, la planque doit être considérée compromise et par conséquent abandonnée par l'Ordre selon le protocole. « Soit on l'a pas été et euh…pourquoi on reste ? Pas que j'ai pas envie d'aller compter les moutons de poussières sous les lits, mais franchement y'a mieux à faire. » Soit Ginny a raté une information cruciale, soit ses amies se complaisent dans un plan franchement pas très logique. Ce pourrait paraître bizarre venant d'Hermione, mais si intelligente qu'elle soit, Ginny sait aussi que ce n'est pas toujours elle qui réfléchit le plus posément en temps de danger immédiat comme lors de leur course-poursuite. Comme d'autres elle a tendance à paniquer et à faire ce qui la met le plus à l'aise : étaler ses connaissances. Après si elle n'a vraiment voulu sciemment faire des runes partout que pour qu'elles ne se reposent qu'une dizaine de minutes ici, pourquoi pas.