Pour beaucoup de gens, la nui est synonyme d'apaisement, de tranquillité et de reconnexion. Elle est douce, enveloppante. Un instant de calme, ou les angoisses se terrent et le corps se repose. Cet instant sacré, que chacun attend avec impatience au fur et à mesure de la journée de labeur. Pour d'autres, la nuit est synonyme de fête, de luxure et d'abandon. Des instants d'oubli ou rien de compte plus que les éclats de la fête et de la décadence. Autrefois, elle aimait la nuit, Angelina. Celle qui porte conseil, comme dit l'adage. Celle qui était une amie, ces instants volés où son père lui narrait des histoires avent qu'elle ne s'endorme doucement. Autrefois, dans ses songes elle ne voyait que la joie et la gloire. Bien souvent, elle se voyait volant sur son balai, vêtue des couleurs des Holyhead Harpies et menant son équipe à la victoire. Image fugace d'une gloire écarlate, sous la ferveur d'un public scandant son nom. Un avenir tant espéré, qu'elle a touché du doigt.

Mais aujourd'hui, elle craint la nuit, Angelina.

La nuit n'est plus son amie, car lorsqu'elle trouve le sommeil ce ne sont plus des images de quidditch qui viennent hanter ses songes. Désormais, de sombres ombres viennent envahir ses songes. Des images entrelacées, teintées de ténèbres et de sang. Les visages de fantômes, venus tout droit de son passé. Fred. Katie. Harry. Abel. Pa'. Man'. Et même Gulliver, son chien viennent envahir ses rêves, telles des ombres menaçantes qui la harcèlent. Et alors qu'elle se réveille, le souffle court et le coeur battant, la voilà seule.

Désespérément seule.

Cela fait plusieurs mois qu'elle ne dort plus, Angelina. Elle fuit les rêves, et les souvenirs qui reviennent. incessants. Et c'est ainsi que la voilà ici à cette heure avancée de la nuit, guettant en quête d'une potion de sommeil suffisamment efficace pour lui garantir un sommeil sans rêves. Et oublier. Angelina parcoure les ruelles d'un pas léger, le visage dissimulé sous le masque d'une sorcière d'âge mur, au dos vouté et aux cheveux couleur de cendre - merci le polynectar. Après tout, elle ne voudrait pas se faire repérer. Son objectif est simple, récupérer la potion et s'en aller. On lui a conseillé un nom, murmuré dans les ombres, celui d'un potionniste dealer, qui pourrait lui vendre ce dont elle a besoin. Et après quelques échanges par le biais de contacts communs, al voilà qui parcoure les ruelles sombres du Londres moldu, en quête du dealer. « Bon sang, il a intérêt à être là. » qu'elle grommelle, la lionne, toujours cachée sous son apparence de vieille irascible, approchant du point de rendez-vous. Et dissimulée sous sa cape, le baguette est prête à l'emploi, on ne sait jamais.

Je me réveille en sursaut dans mon canapé. J'ai encore trop fumé et je me suis endormi sans même m'en rendre compte. Ça m'arrive beaucoup trop souvent. Je pose les yeux sur l'horloge, j'ai un putain de rendez-vous de deal dans 30 minutes. Je pousse un soupire, hausse les épaules et roule un joint d'herbe mauve pour sorcier. - Ah ça c'est clair que ça va pas t'aider à arriver à l'heure – Je hausse à nouveau les épaules et toujours affalé dans le canapé je mène le joint à mes lèvres et l'allume sans plus attendre. Manquerais plus que je me rendorme sur le coup – Ah ça on serait pas étonné- Je n'ai jamais eu de problèmes pour dormir, c'est le meilleur moment pour moi, car c'est celui où je peux fermer la bouche aux voix qui résonnent dans ma tête. Il est vrai que je m'endors plus souvent grâce aux substances que d'un sommeil naturel, mais tant que le résultat est le même ...

Je recrache la fumée mauve et la regarde se répandre au-dessus moi. Si j'ai bien compris le problème de la personne que je vais rencontrer c'est bien justement le sommeil. J'ai dans ce cas plusieurs alternatives à lui proposer en fonction des raisons qui motive ses insomnies. -Parce que t'es médecin maintenant ? - S'il y a bien un domaine dans lequel je fais un peu preuve de méticulosité c'est bien celui-ci. D'ailleurs si je ne faisais pas mon boulot un minimum correctement cela ferait bien longtemps que je ne pourrais plus en vivre. Dans ce milieu les recommandations sont très importantes et c'est bien de cette façon que je m'apprête ce soir à rencontrer une nouvelle cliente.

Je termine le joint tranquillement et pose à nouveau les yeux sur l'horloge. Merde 15 minutes. Je me lève et enfile mon pantalon. Chez moi c'est le confort avant tout alors je passe le plus claire de mon temps en caleçon et en t-shirt. Il semble évident pourtant que c'est pas comme ça qu'on se pointe à rendez-vous. Je cherche mon sac à dos et le remplis de plusieurs fioles, herbes et cachets que je sélectionne avec soin. Je fourre mon paquet de clope dans une poche et ma baguette dans l'autre. Une veste sur le dos et la porte claque enfin derrière moi.

Je me dirige d'un pas rapide vers notre point de de rendez-vous. Je réalise rapidement que je suis le premier. Personne aux alentours en dehors de cette vieille femme à l'allure très pas net. On dirait une vieille sorcière dans un dessin animé moldu pour les enfants. C'est certainement pas elle ma cliente! Je prends appuis avec mon dos et mon pied contre un mur et glisse une clope antre mes lèvres. J'attendrai un peu, mais pas trop non plus. C'est alors que je vois la vieille s'approcher de moi. -Nan mais maintenant on sert le troisième âge ! On aura tout vu - Je la regarde d'un air confus du genre mais qu'est-ce que tu fous là ?

Je peux vous aider madame ?

Je ne me doute pas un instant qu’elle pourrait être ma cliente et ce qui m’arrangerait le mieux ce serait qu’elle dégage d’ici avant que ma « vraie » cliente arrive.

 

Elle déteste ça Angelina. Avec le temps, elle a s'est habituée au fait d'être une paria. De voir son visage placardé sur des avis de recherche, de mentir et de se terrer. Après tout, elle l'a choisie, cette vie. Elle aurait très bien pu se contenter de suivre le mouvement, de se trouver un job bien rangé et de n'être qu'un pion dans ce jeu. Etre en sécurité, peut être se marier et fonder une famille. Une vie simple, rangée. Mettre des oeillères et oublier. Oublier la douleur. Oublier l'injustice. Juste tenter de s'habituer. Et pourtant, ça n'a jamais été le genre de la Johnson. Elle ne supporte pas l'injustice, et voir chaque jour ce que Voldemort a faut du monde sorcier la rend malade. Elle n'a pas hésité deux secondes avant de s'engager dans l'ordre. Et elle ne regrette rien. Rien du tout. Néanmoins, alors qu'elle avance dans les rues de Londres, sous couvert du polynectar, elle repense avec nostalgie à ces instants ou elle pouvait flaner dans les ruelles sans masque. Juste profiter, boire un verre, faire les magasins, et autres  plaisirs simples de la vie.

Des plaisirs qu'elle ne peut plus se permettre.

Elle est une rebelle, une paria. Et elle sait que ces simples plaisirs sont un risque pour elle. Et ça, elle le regrette, parfois. Alors qu'elle voit des bandes de jeunes, riant, sortant, buvant, trinquant, jouant, profitant, elle ne peut empêcher un sourire nostalgique. Ça aurait pu être sa vie. Mais le destin en a décidé autrement. Il y a eu les ténèbres, la mort et la douleur. L'espoir s'est éteint, détruit. Enflammé. Un espoir disparu dans les méandres de ce gouvernement de mort. Et aujourd'hui, elle est une guerrière. Elle se bat pour l'espoir. Et pour la vengeance.

Le reste n'a plus d'importance.

Elle pousse un soupir, Angelina, alors qu'elle arrive au point de rendez-vous. nerveuse, comme à chaque fois qu'elle sort. Elle lance un regard vers sa montre. Elle doit faire attention, le polynectar n'est pas éternel. « Je peux vous aider madame ? » Elle se retourne, Angelina. Un jeune homme vient à sa rencontre. « Monsieur Way ? » Cela doit être le dealer, mais dans le doute elle serre bien sa baguette. On est jamais trop prudents, après tout.