Bart avait craint et repoussé ce moment toute sa vie. Même s’il avait eu l’habitude de draguer assez lourdement les jeunes femmes qu’il avait croisé au cours de son adolescence, il était vite tombé dans le cliché de l’homo refoulé qui hurle des blagues salaces pour camoufler sa virginité et son manque de confiance. Pourtant, ce soir, tout semblait naturel ; il avait oublié les questions de protection, de pudeur et de douleur qu’il s’était posé mille fois en se contemplant nu devant le miroir de sa salle de bain, le visage marqué par le mal-être : bartholomeus n’était ni un canon, ni un dragueur invétéré, et il préférait de loin faire peur plutôt que de susciter l’envie et l’attirance. Mais avec friedhelm tout ceci n’importait pas. ils avaient beaucoup discuté, et même si l’appréhension du jeune homme était revenu au galop ce soir, il avait affronté le moment fatidique du premier échange avec confiance. Peut-être était-ce qu’il se sentait bien en compagnie du marin, qu’il ne l’avait jamais fait sentir bizarre ou con.

La rencontre de son intimité avec les phalanges expertes de l’allemand lui arrachèrent une grimace involontaire. La sensation nouvelle sembla lui arracher les entrailles, brûlant son épiderme, recroquevillant son dos sous l’éveil nouveau de tous ses sens. En alerte sur la moindre caresse, le prewett sembla comme pétrifié. Finalement ses muscles finirent par se détendre seuls, comme des grands, sans que le gosse ne panique de cette perte de contrôle. Il se laissa aller à quelques soupirs qui ressemblaient davantage à des grondements et s’allongea sur les draps déjà froissés. La hâte et la méfiance laissèrent place à une complicité nouvelle qui libéra le sorcier. Les hanches trouvèrent bientôt le chemin du plaisir et se mirent dès lors à rouler. Quand bart rencontra soudain la pénétration inéluctable, une vive douleur s’empara de son corps. Cette peine lui fit serrer les poings et les dents : il l’appréciait. Cet abandon lui fit attraper les poignets de l’hybride qui l’accompagnait dans cette accoutumance.
Il se détendit une nouvelle fois, accueilli l’affection du lutteur et le picotement se dissipa.
Bart transpirait beaucoup, la moiteur de son visage collait ses cheveux noirs dans son cou. La gorge déployée laissa s’échapper quelques geignements de plénitude. La douce fatigue le gagnait, et le plongeait de plus en plus dans une mer de soubresauts. Le runiste accéléra légèrement la cadence quand il se sentit assez fiévreux pour le faire. Son dos courbé se creusait de temps à autre. Il ne contrôlait plus ses mouvements, et ce lâcher prise lui faisait énormément de bien.

Il se libéra alors de l’étreinte de fritz, se retrouva silencieux face à lui. Son regard se perdit soudainement dans le sien ; il avait envie de le serrer contre lui. Il voulait le voir ; dans cet état naturel qu’était l’amour brut. L’ancien serdaigle s’allongea sur le dos, attira l’homme vers lui, les mains explorant désormais son dos. Son bassin, ses fesses galbés reprirent contact avec sa virilité avec une facilité déconcertante.
Il s’électrisa soudainement. Les torses s’entrechoquèrent. Il se sentait bien.

La chair encore tendre de celui qui n’est plus tout à fait pur, se mêle à ton épiderme rugueux. Ton souffle résonne à l’unisson avec le sien alors que vos corps luisants de sueur s’assemblent tout naturellement. A mesure que la passion grandit et que l’envie te dévore les entrailles, le rythme de vos mouvements charnels s’accélère inévitablement. Bartholomeus apprend vite, il observe tes gestes avec attention et les reproduit ensuite à la perfection. L’échange fougueux se poursuit et voilà que le jeune homme commence à prendre suffisamment confiance en lui pour se permettre de lâcher prise. Ses gémissements à peine étouffés font écho à tes soupirs plus rauques. Ivre de plaisir, galvanisé par des sensations presque oubliées, tu laisses volontiers ton partenaire prendre le contrôle. Ton corps frémit lorsqu’il se libère de ton étreinte, tu n’étais pas encore préparé à rompre le contact, tu en réclamais plus. Et pourtant ces quelques secondes d’intimité qu’il t’offre en t’observant de son regard sombre semblent entretenir ce désir brûlant que tu ressens ainsi allongé à ses côtés. Tu te laisses finalement t’attirer à lui pour mieux venir le supplanter de ta hauteur. Ses mains sont aussi aventureuses que les tiennes, ta chair paraît s'électriser au contact de ses doigts. C’est un Bartholomeus pas encore tout à fait rassasié qui revient s’offrir à toi pour ton plus grand bonheur. Bercées par les flots, vos carcasses voguent au rythme de ce plaisir qui vous anime. Dansant au gré du vent, vous avancez ensemble sur une mer de sentiments déchaînée. Bientôt, la houle atteint son apogée et vous finissez par arriver à bon port.

Tes phalanges se détendent et tes doigts viennent se laisser glisser entre les mèches de cheveux de Bartholomeus, pendant que ton corps bascule pour venir s’allonger à ses côtés. Tu demeures un instant silencieux, le temps de reprendre ton souffle. La respiration encore haletante, tu réalises peu à peu ce qu’il vient de se produire et ce que cela devait représenter pour le jeune homme. “Comment tu te sens ?” Tu pensais bien qu’il avait savouré ce moment au moins autant que toi, en tout cas était-ce ce que ses réactions t’avaient laissé croire. Mais au-delà de ça, tu t’intéressais véritablement à ce que cet échange charnel pouvait avoir eu comme effet sur lui. Tu ne veux pas le presser, tu tiens à lui faire comprendre qu’il n’est pas obligé de répondre tout de suite. Aussi, tu t’éloignes lentement de lui et finis par bondir hors du lit. Non sans t’être étiré au préalable, tu te diriges vers le petit réfrigérateur engoncé dans l’un des recoins de ta chambre. “Je t’offre à boire ? J’ai de la bière sans alcool ou…” Tu trifouilles les bouteilles qui s’entrechoquent dangereusement les unes avec les autres pour regarder ce qu’il pouvait bien se cacher au fond du frigo. “Ou du schnaps. Comme tu veux.” Il n’y avait pas une seule boisson qui ne provenait pas de ton pays natal. C’était bien la seule chose qui te rappelait encore l’Allemagne au beau milieu de cette Angleterre déchirée entre les quatre coins de l’enfer. “Si tu recherches toujours un compagnon de voyage pour partir à l’aventure, fais-moi signe. On pourrait en reparler dans quelques temps.” Pris au piège d’un état second oscillant entre euphorie et mélancolie, tu avais la drôle d’impression que seule la présence de Bart pourrait te délivrer de tes démons.

Le sentiment de plénitude l’avait gagné au moment où il se sentit perdre le contrôle de son être. Chose qu’habituellement le garçon détestait, il se surprenait pourtant par son calme ; peinant à rester silencieux, les sens concentrés sur ces nouveautés qu’il avait tant souhaité et appréhendé de ressentir dans le même temps. Quand il fut reposé sur le lit, les mains toujours férocement nouées autour de celles de l’hybride, il ne pouvait s’empêcher de penser à ce saut dans l’espace qu’il avait fait, accompagné. C’était donc cela qu’on appelait l’intimité : ne pas avoir peur de soi, ni de l’autre ; abandonner toute crainte pour quelques minutes avant que les soucis ne viennent vous envahir encore.
Bart esquissa un sourire qui mêlait à la fois la timidité et la maturité ; il n’avait ni envie de se moquer, ni envie de se dissimuler à la vue de friedhelm. A quoi bon après ça ? il hocha d’abord la tête à sa question des plus pertinentes avant de souffler un oui rassurant. La dernière chose que le runiste souhaitait était de sentir la culpabilité de l’homme, de peur qu’elle ne soit dirigée contre lui, comptant alors comme une énième erreur.

Mais au fond, le sorcier se sentait plonger dans un profond doute : avaient-ils fait ça comme ça ? pour se faire plaisir, comme naturellement les gens de son entourage l’assumaient, ou existait-il une toute autre raison qui l’avait poussé à ouvrir la porte de cette chambre ? il tut sa question, préférant la noyer pour le moment.
Heureusement, l’hybride lui laissa une chance d’échapper à l’interrogation soudaine qui le gênait déjà. Il s’assit sur le lit et enfila son caleçon qu’il avait abandonné non loin du lit. Il s’offusqua alors. une bière sans alcool si tu as. Je ne bois pas, tu l’avais certainement remarqué depuis le temps non ? au vue de toutes les consommations fortes qu’il commandait et qui étaient ramassées intactes. on dit que l’alcool est un des facteurs principaux des soucis de cœur et de … impuissance ? il s’arrêta de parler ; visiblement fritz était l’exception qui confirmait la règle.

Bartholomeus sauta du lit et attrapa la bière tendue : il n’avait jamais goûté ça de sa vie, puisque le manoir prewett était dépourvue de toute boisson virgin. Il prit une gorgée avant d’afficher un sourire visiblement conquis. mais quand apprendra-t-il à vivre et non plus à survivre ? ; c’est délicieux. gloussa le garçon qui se baladait maintenant dans la pièce, comme un lion en cage.
Finalement les mises en garde tombèrent, et ce, des deux côtés. Le sourire s’agrandit, disparut quand il aperçut sa tête dans le miroir et s’étouffa avec une autre gorgée écoute, si tu veux bien me faire découvrir tout ce que j’ai raté, je pars avec toi sur le champ. loin des interrogations incessantes, des heures passées dans sa salle de bain, devant sa glace à relever tout ce qui pouvait clocher dans son être.

Il baissa le menton. je t’avoue avoir besoin de partir d’ici. Quelque chose se passe, pèse, tu ne trouves pas ? ce que souhaitait réellement le garçon était ne plus être atteint de ce trouble mental si communément appelé hypocondrie ; et fritz semblait être la bonne personne (assez détachée) pour le sortir de cette anxiété excessive.

Une relation faite de mystères et de non-dits. Tel semblait être le lien qui t’unissait à Bartholomeus, dont tu ignorais en réalité presque tout. Ce n’est que maintenant que tu sembles réaliser que tu ne connais même pas son nom de famille. Et c’est peut-être mieux ainsi, songes-tu, sans vouloir t’attarder plus longtemps sur les nobles origines du jeune homme. Sa façon de décliner toute boisson alcoolisée est sans équivoque. Tu es persuadé qu’il a toujours été bercé par les sornettes qui constituaient l’essentiel de la propagande du gouvernement Voldemort pour mieux régner sur ses sujets. Et ce n’était pas après des ébats passionnés avec un vieil hybride dans ton genre qu’il changerait d’avis. Bartholomeus était encore si jeune, il lui restait tant à apprendre et à découvrir de par lui-même. Tu étais à peu près sûr, qu’il n’avait jamais dû connaître beaucoup de déceptions jusqu’à alors. Et ce n’était certainement pas ton rôle de lui ouvrir les yeux. Tu n’en avais ni la légitimité ni même le pouvoir. Fort de ce triste constat, tu retournas vers ton amant auquel tu tendis une bouteille de bière sans alcool. “Je n’étais pas certain.” Tu hausses les épaules comme pour signifier que tu ne t’étais pas posé mille questions au sujet de son absence d’affection pour l’alcool. Et puis la douce naïveté qui teintait son approbation lorsqu’il eut goûté la boisson, t’arracha un drôle de sourire, à mi-chemin entre la tendresse et l’amertume. Vous ne feriez jamais partie du même monde lui et toi, et ce n’est pas cette nuit hors du temps qui pourrait y changer quoi que ce soit. Loin de toi l’idée de le tenir responsable de ce qu’il était, alors que tu étais parfaitement bien placé pour savoir que l’on ne choisissait pas la nature de son sang. Et pourtant, une partie de toi ne pouvait se détacher de son amertume à l’égard de la situation. Tu n’avais jamais été du genre à dissimuler tes sentiments, aussi t’était-il bien difficile de ne pas lui renvoyer ton agacement à la figure. “Ecoute, j’ai encore quelques affaires à régler ici. Mais on en reparlera au moment venu, d’accord ?” Question rhétorique à laquelle tu n’attendais pas même de réponse, ayant déjà scellé le sort de cette décision. Tu étais alors loin de t’imaginer que ta quête de vengeance te ramenèrait auprès de Bartholomeus d’une certaine façon. Mais pour l’heure, ses prochaines paroles t’arrachèrent un rire empli de rancœur. Tu l’estimais bien mal placé pour prétendre que l’ambiance générale était pesante. Que savait-il de la vie en captivité, de la survie précaire d’un hybride en fuite ? Pensait-il peut-être que quitter la surveillance de papa et maman pour se rendre dans un bordel illégal s’apparentait au summum de la dangerosité ? Quelque part, tu te réjouissais pour lui qu’il n’ait d’autres préoccupations moins triviales que celle-ci. Et pourtant, tu ne pus résister à l’envie de couper court à cette conversation qui ne t’était alors que trop douloureuse. “Il faut que je reprenne mon service, mais tu peux rester ici encore moment, le temps de… de faire ce que tu voudras.” Tu entrepris alors de rassembler tes affaires pour mieux te revêtir à la hâte. Puis, tu lui adressas un dernier regard, teinté d’une once d’affection que l’on n’aurait pu feindre. “Tu sais où me trouver.” Pas de promesses faites sur l’oreiller, simplement une affirmation, une preuve, que malgré tout ce qui vous séparait, tu resterais à sa disposition s’il ressentait le besoin de revenir à toi.