“Why would they need Hippogriff droppings? Why the fuck would we even have Hippogriff droppings stored here?”  demande Rip en fronçant les sourcils, les yeux rivés sur la liste que Kingsley leur a confiée avant qu’ils partent pour la planque de Bristol. Javier hausse les épaules. “I don’t know, you’re the magizoologist here, what’s Hippogriff shit good for?”  Il pointe sa baguette sur la porte du vieil entrepôt pour la déverrouiller tandis que Rip se lance dans une liste complète - trop complète - des propriétés de la merde d’hippogriffe et des différentes utilisations possibles. Javier l’écoute à moitié, il a l’habitude d’entendre Rip disserter sur les créatures magiques et tout ce qui les touche de près ou de loin, à ce stade c’est presque synonyme de berceuse pour lui. Une fois la porte ouverte, Javier lance un Hominum Revelio pour s’assurer qu’il n’y a bien que Rip et lui, dans cet entrepôt. Il a à peine prononcé la formule qu’il se tourne vers son mari pour plaquer une main sur sa bouche et l’empêcher de continuer sa longue tirade sur les excréments d’hippogriffe.

Ils ne sont pas seuls.

D’après le sort, une autre personne se trouve dans l’entrepôt et Javier fronce les sourcils. Une seule personne, ça ne ressemble pas à une intervention de la WVDB. Même si le sort ne détecte pas les vampires et les loups-garous, il doute très fortement que la Brigade aurait envoyé un seul binôme pour tendre un piège à l’Ordre, s’ils avaient découvert cette planque. Il doute que Kingsley ait pu s’embrouiller et envoyer quelqu’un d’autre chercher des ingrédients, de plus, envoyer une personne seule va également contre les principes de l’Ordre.

Un moldu qui se serait perdu ? Non, l’endroit est censé les tenir éloignés. Histoire de s’en assurer, Jay lève sa baguette pour tester les protections de l’entrepôt et fronce les sourcils lorsque tout lui semble bien en place. Pas un moldu non plus, alors.

“Stay here,”  murmure-t-il à Rip, parce que peu importe ce qu’en pense son mari, c’est lui l’Auror et il est hors de question qu’il le laisse prendre des risques en s’avançant plus loin.

Rip lui lance un regard sombre, mais il hoche la tête. Alors Javier retire la main qui lui couvre la bouche et d’un sort, insonorise le bruit de ses pas. Baguette tendue, il s’avance prudemment dans l’entrepôt.

L’endroit est vaste, rempli d’immenses structures qui forment des étagères malheureusement bien vides. Les ressources de l’Ordre s’amenuisent dangereusement. L’entrepôt est sombré dans une semi-pénombre qui ne l’aide pas à repérer l’intrus, mais Javier ne se sent pas tellement de signaler sa position en faisant plus de lumière, alors il se contente de continuer d’avancer, alerte. Un bruit sourd suivi du fracas d’un récipient en verre qui se brise attire alors son attention et Javier se tourne brusquement vers la provenance du bruit.

Au moins, il est désormais sûr et certain qu’il ne s’agit pas d’un piège tendu par la WVDB. Il garde tout de même sa baguette tendue, au cas où, mais prend une profonde inspiration avant de lancer un “Hello? This is Anhinga,” préférant employer son nom de code au sein de l’Ordre des fois qu’il s’agisse d’un allié envoyé ici par quelqu’un d’autre, ou qui se soit réfugié dans cet entrepôt pour une raison quelconque. Si l’intru s’avère être un ennemi, et bien Javier suppose que ça fait un moment qu’il ne s’est pas lancé dans un véritable duel, ce sera l’occasion de faire un peu d’exercice.

En moins de quelques semaines, Ethan avait découvert qu'il faisait un fugitif déplorable. Personne ne lui avait inculqué comment passer soudain sous le radar d'un gouvernement spécialisé de la traque, ou comment se débarrasser de l'angoisse constante d'être découvert à chaque instant. Habitué à flamboyer et à s'épanouir en groupe, ce long voyage en solitaire, à la finalité incertaine, lui donnait le vertige. Ethan, seul, avait perdu sa confiance habituelle, ses moyens de sorcier vif et débrouillard. Il aurait tout donné pour un binôme – et des cours accélérés de survie en milieu hostile, car sa chance ne le porterait pas indéfiniment. La chance ne portait jamais jusqu'au bout, Ethan l'avait appris lors des rafles à Poudlard, puis encore par chaque article des quotidiens annonçant une nouvelle capture, une nouvelle sentence, une nouvelle mort. Dieu, quant à lui, avait l'air débordé en ces temps de trouble ; il ne fallait plus trop, semblait-il, compter sur lui.

Enfin, sauf ce jour-là ; Ethan, en cherchant refuge dans les environs de Bristol, était tombé sur un vieil entrepôt étrangement bien conservé. L'absence de tags moldus ou d'odeur d'urine avait été une découverte troublante – néanmoins las et affamé, il avait lancé quelques sorts de protection sur son sillage, avant de s'installer à même le sol.

C'était quand même étrange. Pas de matelas, pas de cadavre de bières, aucune trace de vie humaine... Ethan avait commencé à froncer les sourcils, en découvrant, à quelques mètres, ce qui ressemblait de façon troublante à l'esquisse d'une rune. L'instinct de journaliste (ou « son flair de fouine sans scrupule », comme l'avait rebaptisé sa sœur) l'avait poussé à reprendre sa baguette, kebab entamé dans l'autre main, et lancer son second Revelio du jour – celui-là destiné à révéler non pas une présence humaine, mais à lever le voile sur d'éventuels sorts de métamorphose. Après des années à avoir caché ses carnets d'enquêteur en herbe, Ethan connaissait le truc.

Il crut d'abord ne rien voir. Puis il distingua les formes, dans la pénombre ; il découvrit, à la lumière de sa baguette, deux caisses dans un recoin. Il souleva le couvercle de la première sans attendre, et, cœur battant, y trouva... Une odeur terrible. Qu'est-ce que... Du fumier ? Ethan, nez froncé sous un dégoût troublé (qui aurait pris le soin de dissimuler une caisse d'excréments ?), le remua juste assez de la baguette, avant de passer à la suivante – puis de découvrir les étagères. Des ingrédients en tout genre, dont il aurait été incapable de deviner la moitié ; Lloyd était le potionniste de la famille, et Ethan avait eu le pire des professeurs, à Poudlard. Tandis qu'il approchait le nez d'un bocal en verre contenant des ailes de Billywig, son sort de détection fit vibrer silencieusement sa baguette.

Mierda. Coeur battant, Ethan se précipita pour récupérer ses affaires ; dans son empressement, il donna un coup dans le lourd couvercle en bois, à moitié en équilibre contre la caisse, lâcha le bocal qu'il tenait encore dans les mains, et assista, sur le fond silencieux de l'entrepôt, à une formidable explosion sonore.

Une voix ne tarda pas à s'élever, quelque part sur sa droite. This is who? Ethan fronça soudainement les sourcils. Les noms de code n'avaient jamais été la marque de fabrique des serviteurs du Lord – surtout pas ce genre de codes. The fugitive had been calling herself Nebula in order to dodge the Brigade's surveillance. Dans d'autres circonstances, Ethan aurait été ému de voir que, à deux doigts de prendre une décision qui pouvait s'avérer fatale, un article de journal lui apportait miraculeusement la réponse. Peut-être que son père avait raison ; peut-être qu'Il gardait un œil sur eux en toutes circonstances, quand il L'avaient cru bêtement occupé ailleurs.

"Hey." Il était sorti de la pénombre, baguette en main, l'air de s'être fait prendre la main dans une caisse remplie de bouse de... Ethan ne voulait pas savoir. "I'm alone mate, I mean no harm", précisa-t-il en ouvrant une paume en signe de paix. Il s'humecta les lèvres ; le type avait l'air de traîner dans les entrepôts depuis nettement plus longtemps que lui (jusqu'à en oublier tout sens du style mais Ethan, avec sa chemise H&M, n'avait plus voix au chapitre). Et le porter impeccable de sa baguette lui passait l'envie de lui donner des conseils de style. "Are the things at the back yours? Il eut un bref geste du pouce en direction des caisses. I mean... There's a lot of shit back there." Literally.

A savoir si, cette fois, sa curiosité le tuerait ou le sortirait, enfin, de cette impasse où il marinait depuis des mois.

C’est exactement à cause de ce genre de situation que Javier n’aime pas quand Rip ou sa soeur l’accompagnent en mission. Ils savent se défendre bien sûr, mais il ne peut s’empêcher de se dire qu’ils n’ont pas reçu la même formation que lui et qu’il a des années d’expérience sur le terrain sur eux. Bien évidemment, il est impossible de leur faire entendre raison, les deux étant aussi bornés l’un que l’autre, mais Javier a toujours une pression supplémentaire quand ils l’accompagnent et il n’aime pas ça. C’est différent de lorsqu’il partait en mission avec Kingsley. S’il a toujours assuré les arrières de son partenaire, il savait que Kingsley pouvait assurer sa propre sécurité et Javier s’inquiétait rarement pour lui. Mais Rip et Elena sont des civils, sa soeur avait à peine terminé ses études à Hogwarts lorsqu’ils ont dû fuir et rejoindre l’Ordre. Alors c’est plus fort que lui. Même s’il sait qu’ils savent se défendre, Javier s’inquiète. Parce qu’il ne doit plus seulement penser à sa propre peau et à s’assurer de rentrer à la maison en un seul morceau, simplement écouter son instinct s’avère plus compliqué.

Quand Rip l’accompagne, Javier se retrouve toujours à réfléchir un peu trop, à douter de ses décisions. Et c’est souvent là qu’il se retrouve à faire des erreurs.

Il y a du mouvement sur sa droite. Javier se tourne pour faire face à la silhouette qui sort de derrière une étagère. Elle appartient clairement à un adulte et l’ancien auror raffermit sa prise sur sa baguette avant de la pointer en direction de l’intrus. Ce dernier s’extirpe enfin de la pénombre et Javier fronce les sourcils en découvrant un garçon qui ne semble pas avoir plus de vingt ans. Malgré tout, il garde sa baguette pointée sur lui et le suit attentivement du regard. "Hey," fait-il en s’approchant un peu, l’air visiblement nerveux et Jay repère immédiatement la baguette qu’il tient dans sa main. "I'm alone mate, I mean no harm.” Ca n’empêche qu’il n’a rien à foutre ici. "Are the things at the back yours? I mean... There's a lot of shit back there." Dans d’autres circonstances, ça l’aurait probablement fait rire, mais étant donné que le jeune se trouve dans un entrepôt secret de l’Ordre, autant dire que Javier n’a pas tellement envie de baisser sa garde. Il a assuré ne pas être une menace, mais histoire d’en être bien certain, Jay préfère le désarmer d’un geste souple du poignet. La baguette s’extirpe d’entre les doigts du jeune homme pour atterrir dans sa main tendue.

“I’m just being cautious,” lui précise-t-il avant de baisser sa baguette pour lui prouver ses bonnes intentions. Il hésite, parce qu’il n’a pas tellement envie d’appeler Rip au cas où le jeune homme s'avérerait ne pas être aussi innocent qu’il prétend l’être, mais d’un autre côté, il connaît suffisamment son mari pour savoir qu’il ne restera pas longtemps planté dans l’entrée s’il n’a pas de nouvelles de lui. Ca aussi, c’est un truc qui l’emmerde quand Rip ou Elena se retrouvent avec lui en mission. Ils n’ont pas la discipline nécessaire pour rester où leur dit de rester sans finir par perdre patience. Il a donc tout intérêt à rapidement déterminer ce que leur jeune intrus fait ici, et ce qu’il veut.

“What’s your name?” demande-t-il calmement. “And how did you find this place?” Il a l’air plus paumé qu’autre chose pour être tout à fait honnête, mais Jay a appris il y a longtemps qu’il ne fallait surtout pas se fier aux apparences. S’il ne voit pas trop pourquoi le gouvernement enverrait un môme - il exagère peut-être un peu en le voyant comme un môme, mais faut admettre qu’il ne fait pas bien vieux - après l’Ordre, il n’empêche que Javier préfère être prudent. C’est quand ils ont l’air sympathiques qu’ils sont le plus dangereux, répétait toujours Mad Eye quand il venait donner quelques leçons au centre de formation.

Fuck. Sa baguette lui fut arrachée des doigts d'un mouvement sec et souple, visiblement rôdé aux désarmements sauvages ; retenant son souffle, Ethan la regarda atterrir dans la main d'Anhinga. Quand bien même il n'avait pas réellement eu l'intention de se battre, se retrouver à la merci d'un inconnu armé de deux baguettes dont la sienne, diablement coopératrice dans les mains d'autrui, le mettait mal à l'aise. “I’m just being cautious.” Ethan s'humecta les lèvres, sèches sous l'anxiété qui lui collait au corps depuis des semaines, et qui explosait maintenant qu'il était pris « sur le fait ». Le fait de quoi, au juste ? Pour avoir épluché les numéros des quotidiens du pays depuis son entrée en école de journalisme, il savait également qu'une situation pouvait dégénérer remarquablement vite ; les faits divers fourmillaient de disputes domestiques ou de rencontres hasardeuses où tensions et malentendus avaient conduit à un cocktail explosif, entraînant des séquelles magiques conséquentes.

Il fallait, donc, se montrer particulièrement clair et détendu. Il tenta de calmer sa respiration nerveuse et les picotements anxieux qui lui couraient le long de l'échine ; s'il avait réellement quelqu'un de l'Ordre en face de lui, il n'avait rien à craindre. S'il avait réellement quelqu'un de l'Ordre en face de lui... Il n'y aurait plus la faim, la peur, la fatigue – autant de maux qui accablaient un Ethan habitué aux rouages d'une vie tranquille.

Peut-être qu'il pourrait, aussi, retrouver Noam.

Sa gorge se serra d'un espoir malheureux à cette simple possibilité. C'était vers son meilleur ami que s'étaient tournées ses pensées, lorsqu'il avait dû fuir lui aussi ; inconsciemment, il avait espéré que ses pas le mèneraient vers Noam, et que l'Ordre, d'une façon ou d'une autre, croiserait sa route – ou qu'Ethan croise la leur. Avait-Il entendu ses prières maladroites, rouillées par les années, et distillées dans l'obscurité de la nuit ? Si c'était le cas, pensa-t-il en considérant les joues creuses de l'inconnu, Dieu semblait avoir envoyé le premier messager à disposition, à peine revenu de sa précédente course qu'on le bazardait pour aller guider le petit Herrera jusqu'à son ami de toujours.

”What's your name? And how did you find this place?” Il déglutit, d'autre effet que de brasser une salive réduite ; toute son énergie était concentrée dans cette bouffée d'espoir inespérée, et le choix crucial de sa réponse. ”Ethan”, répondit-il simplement, détaillant Anhinga du regard, à l'affût du moindre geste nerveux de sa part. ”I was looking for a place to rest, and, I don't know, this building looked in better shape than the others.” La vérité nue, terriblement simpliste, faisait pâle figure à côte des excuses abracadabrantes, autrement plus crédibles, qu'il avait pu inventer pour ses parents en vingt ans d'existence. Ethan espérait que les yeux perçants d'Anhinga verraient dans sa nervosité la simple marque de leur rencontre imprévue, et non pas d'un mensonge aberrant. ”Are you...” Il s'interrompit avec un léger froncement de sourcils ; ce n'était peut-être pas la meilleure des idées d'interroger, dans un hangar où il n'aurait aucun problème à disparaître, un homme doublement armé sur son appartenance au Phénix. ”Do you know someone called Noam?”, reprit-il sur un souffle – l'espérance gonflait son torse et fit rater un battement à son coeur. ”Noam Harris?” Tall, cheeky, smiles like an idiot and is always in for a good laugh – or a good shag, no inbetween. Ethan relégua la description, aussi fidèle et précise fût-elle, à plus tard (si on lui donnait la chance d'un plus tard, et d'explications plus poussées au sujet de son incroyable meilleur ami), et enchaîna : ”I'm uh, I'm looking for him.” Ethan avait mis en jeu jusqu'au nom précieux de Noam, en espérant qu'il ne se soit pas fourvoyé sur les convictions de son interlocuteur. Les dés étaient jetés, et il attendait, faussement calme, les résultats de ce lancer plus ou moins contrôlé.

"Ethan,” finit-il par dire et Javier plisse les yeux. Ce n’est qu’un prénom, mais au moins il n’a pas l’air de mentir. Il suppose qu’il devra s’en contenter pour l’instant. ”I was looking for a place to rest, and, I don't know, this building looked in better shape than the others.” Il arque un sourcil à cela, parce que c’est probablement la pire excuse qu’il ait jamais entendue. C’est vrai que cet entrepôt est en meilleur état que les autres, mais… a place to rest, hein? L’ancien auror fronce les sourcils et observe attentivement le jeune homme. Il a tout du jeune en fuite qui cherchait un endroit où se cacher. Javier en a suffisamment vu ces dernières années pour les renconnaître quand il en croise et si la prudence est toujours de mise… et bien il suppose qu’il le croit.
”Are you...” Il hésite, semble réfléchir et Jay reste silencieux, patient. Il ne veut pas tenter de lui donner le moindre élément qui pourrait l’aider à lui raconter des conneries. ”Do you know someone called Noam? Noam Harris?” Noam Harris. Il connaît, oui. Il connaît même plutôt bien, étant donné que le jeune Harris s’est occupé d’aider Esteban à quitter le territoire il y a deux ans. Autant dire qu’il n’est pas prêt d’oublier le nom de celui qui s’est assuré de mener son petit frère en sécurité, loin du chaos qui règne désormais au Royaume-Uni. ”I'm uh, I'm looking for him.” Maintenant qu’il y pense, Ethan et Noam semblent avoir le même âge, il est donc fort probable qu’ils se connaissent de Poudlard.

Est-il un simple ancien camarade, ou un ami plus proche de Harris ? Quoi qu’il en soit, s’il lui demande s’il le connaît, c’est qu’il a très bien compris qui est Javier, ou en tout cas, dans quel camp il se trouve. Et il ne semble pas particulièrement paniqué. Anxieux peut-être, mais Jay ne perçoit rien de particulièrement dangereux ni de mauvaises intentions émanant du jeune homme.

Javier prend une profonde inspiration et décide de croire son instinct. “Okay. Why are you looking for him? You--” Un bruit attire brusquement son attention sur sa gauche et Jay se tourne brusquement, baguette levée, pour se retrouver face à Rip, qui se fige immédiatement en le voyant. “Oh for fuck’s sake, what did I tell you?” siffle-t-il entre ses dents et son mari se contente de lui lancer un regard sombre. “You were taking too long,” marmonne-t-il et Javier doit se retenir de se mettre à hurler devant leur jeune intrus.

Il lui rappellera qui est l’Auror plus tard. Clairement agacé, il se tourne vers Ethan qui n’a pas l’air rassuré de se retrouver face à deux adultes armés. “It’s okay, he’s an idiot but he means no harm,” promet-il en ignorant totalement l’exclamation outrée de Rip. “So, Noam Harris, what d’you want with him?” “Oh! You’re Noam’s friend?” demande brusquement Rip avec un large sourire et Javier va le tuer. Il l’aime. Non vraiment, il l’aime. Mais il sait que Rip a posé un regard sur Ethan, a vu un jeune paumé, seul et flippé, et a immédiatement pensé récupérer et protéger.
Ce n’est pas que Javier est insensible, loin de là même. Lui aussi s’inquiète, lui aussi a envie de l’aider si Ethan est bel et bien en train de fuir le gouvernement et cherche à retrouver ses amis. Mais les voix de Mad-Eye et Kingsley résonnent dans sa tête, lui rappelant de toujours être prudent. Clairement, Rip aurait bien besoin qu’il lui enfonce ça dans le crâne.

“How about you let me ask the questions?” grince-t-il à l’attention de Rip qui ouvre la bouche pour répliquer, mais un regard en direction de Javier lui confirme que ce n’est pas le moment. Merlin merci, il se renfrogne, mais au moins, il ferme la bouche. Alors Jay reporte son entière attention sur Ethan et lui adresse un petit sourire crispé, l’air de dire sorry about that. “I can’t exactly tell you anything nor take you to him unless I know for sure you’re not a danger. So you’re going to have to tell me more, okay?”

“Okay. Why are you looking for him? You--” Il y eut un craquement significatif ; là, juste là, lorsqu'Anhinga tourna la tête, Ethan sentit son cœur s'emballer en constatant l'ouverture qu'il lui offrait... Qu'il lui aurait offert, s'il ne lui avait pas au préalable pris sa baguette. Cet entretien tendu le mettait sur les nerfs, prêt à déguerpir au moindre signe. Ethan se força à inspirer et à dominer la peur qui lui coulait sous la peau depuis de nombreux jours – Anhinga connaissait Noam (ou faisait semblant de le connaître), Anhinga n'avait pas l'air de lui vouloir du mal (mais à qui pouvait-on se fier désormais ?), et tout allait bien se passer, d'une façon ou d'une autre, et... “Oh for fuck’s sake, what did I tell you?” “You were taking too long.” Ethan, interdit, constata la scène surréaliste qui se jouait devant lui – les débuts d'une prise de bec entre les deux sorciers, au sein d'une rencontre où se jouait sa propre vie.

Ils étaient deux, désormais, et ainsi doublement armés ; Ethan déglutit en sentant sa crainte redoubler, en dépit des respirations mesurées qu'il se forçait à prendre. “It’s okay, he’s an idiot but he means no harm.” Le regard d'Ethan valsa d'un sorcier à l'autre, avant de se raccrocher au regard sombre d'Anhinga – à la bouffée d'espoir s'ajouta une couche de soulagement, l'assurance, par ce idiot que le duo ne lui voulait effectivement aucun mal. Il suffisait de montrer patte blanche – et quoi, ensuite ? Rejoindre la résistance ? Un léger frisson d'appréhension parcourut sa peau frileuse, en dépit du point de non-retour qu'il avait franchi. “So, Noam Harris, what d’you want with him?” “Oh! You’re Noam’s friend?” Ethan revint au second sorcier, encouragé par son ton engageant et sa voix chaleureuse, contrastant avec la tension dans celle de son partenaire – ami ? “Y-yeah, he's my best friend...“, commença Ethan, perdu dans cette valse confuse (connaissait-il vraiment Noam ?), avant que le conflit ne continue. “How about you let me ask the questions?”

Il y eut un échange de regards, et Anhinga, victorieux de ce combat silencieux, revint à lui, lui offrant même l'ébauche d'un sourire crispé. “I can’t exactly tell you anything nor take you to him unless I know for sure you’re not a danger. So you’re going to have to tell me more, okay?” Ethan s'humecta rapidement les lèvres ; tout aussi habitué qu'il était à débattre et à faire valoir ses avis après un an d'école de journalisme (et autant de mois à la Gazette), c'était une tout autre affaire que de devoir convaincre quelqu'un de ne pas vous tuer. “But how can I know you're not a danger?“ demanda-t-il en sentant l'angoisse remonter inexorablement (inspirer et expirer ne marchait qu'un temps, comme ses nombreux accrocs avec Gael le prouvaient), “I mean... Maybe you don't know Noam, maybe you're gonna take me back home, and I'm gonna end up in Azkaban and...“ Il passa une main dans ses cheveux mal peignés (une honte), s'y raccrochant fébrilement une seconde, avant de pousser un soupir en ouvrant une main vers les deux sorciers. “I'll tell you everything you want to know, if you tell me what Noam looks like.“ Or sounds like, avec ses grands rires et ses plaisanteries à vous dérider un vieux hibou.