BIENVENUE SUR SMOKE & MIRRORS. Un forum Harry Potter alternatif qui diverge du canon à partir du tome 5 où Harry est capturé par les Death Eaters lors de la bataille du Département des Mystères. L'action se situe 12 ans après, en 2008, dans un Royaume-Uni gouverné par Lord Voldemort.

Le forum a pour but d'être collaboratif et possède donc un système de collaboration participative où tous les membres peuvent proposer des nouvelles annexes, évènements, voire même des idées de personnages pour les futur.es joueur.euses !

Malgré son contexte sombre et mature, SM, c'est une communauté qui aime le drama et les rebondissements et qui a un Discord très actif sous l'égide du safe space et de la communauté bienveillante. Qu'attendez-vous pour nous rejoindre ?
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 (leinir) a wolf will never be a pet

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a wolf never be a pet.
@"reinir jonsson"

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(3 Octobre 2006) La tension se relâche, le buste se redresse, la baguette tourne entre les doigts lentement, délicatement. L’animal redevient homme en un souffle ; tu sais pourtant qu’t’es qu’une bête, au fond. T’sais, pourtant, qu’y a rien d’vraiment humain, rien d’vraiment acceptable chez toi. Ça te colle à la peau comme ça t’mastique l’âme ; t’es qu’une brute affamée d’violence, un chien qui rêve d’s’baigner, de se vautrer dans la haine, dans les larmes qu’tu répands. Ça t’excite d’faire mal, ça t’grise de tuer. Tu vois leur vie défiler dans leurs yeux quand tu l’arraches, tu vois la peur les bouffer. Parfois, y a des suppliques, la promesse d’être meilleur, de se rendre. Mais la pitié, c’est pas ta came. Ça l’a jamais été. Elle glisse sur toi sans t’émouvoir, sans te faire sourciller, ni plier. Y a des rumeurs qu’t’as pas d’cœur. Y a des murmures qu’tu t’l’ais bouffé à la naissance pour rien sentir, ressentir.

Et le sang sur ta gueule va pas mentir pour toi. Le liquide s’étale sur ta joue, s’est perdu dans ta barbe, a coulé dans le cou. A force d’cogner, t’as les poings amochés. Un peu d’ton sang (si précieux) (si vaniteusement réclamé, acclamé) goutte et tes yeux viennent croiser celui d’ton partenaire.  T’as l’impression d’voir un miroir d’toi, t’as l’impression d’voir la même fièvre brulante dans ses yeux qu’celle qui t’laboure le ventre, remonte dans le souffle qui remue l’excitation, la passion du sang, du pouvoir et des bas instincts libérés, embrassés, embrasés. « T’as du sang sur la gueule », comme une évidence lâchée au visage, comme si il sentait pas qu’ça coule sur lui autant qu’sur toi. Et y a l’sourire qui s’détache, enfin. La lumière s’allume dans le regard fauve, l’humour glisse sur ta langue, flottant au milieu de l’odeur ferreuse du sang que sa sensation poisseuse sur l’épiderme. Y a un silence, pour reprendre son souffle, pour regarder un peu autour de vous : « On s’arrache pour s’décrasser et grailler. » C’est pas vraiment une proposition, c’est par contre une invitation à te suivre, c’est dit de manière un peu basse et brutale. C’est sans détour, c’est franc. T’as pas l’temps pour les jeux d’dupe, les ronds d’jambes. Et ta paluche se pose sur son épaule pour retourner au ministère dans un transplanage sans encombre.

Les pas sont pas vraiment discrets quand tu t’avances vers l’ascenseur, ils sont lourds, pesants. Comme un prédateur qui marque son territoire, qui en impose. Tu défais la cape, étirant ton grand corps pourtant dans l’espace clôt qui tangue dangereusement sous ton poids et ton geste : «  Matos d’merde ». Un autre juron. Une habitude dans ton existence que tout soit trop petit, trop léger, trop facile à casser pour toi. Ils ont qu’à s’adapter à des physiques d’plus d’1m70, ces cons. Et tu roules des yeux avant d’ajouter : « J’t’paie la bouffe après ou avant la douche ? ». La cafet est pas c’qu’il y a de mieux pour un premier date entre handler et hound mais bon vous avez déjà briser la glace en arrachant des intestins, des destins qui ne tenaient déjà plus à grand-chose. Vous êtes plus à ça après tout.

Et tu observes le limier avec une attention toute particulière alors que l’ascenseur file dans les ténèbres. Y a un truc qu’tu peux pas t’empêcher de trouver familier avec lui. Y a un truc qui t’souffle que vous avez plus en commun que brigadier et son limier. Tu le saisis pas encore bien mais t’aimes bien c’qu’t’y vois.

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On sait pas trop ce qui est passé par la tête de Reinir, ces derniers temps.

D’abord il s’est arrêté de parler, puis on l’a plus vu dans les locaux, on aurait même pu le croire mort si un de ses loups ne s’était pas présenté à son poste. De toute façon, force est de constater que personne n’avait eu besoin de lui, pire encore, Sullivan s’est fait faucher quelques temps plus tard. La faucheuse avait eu le coup de bras facile. Il avait eu la petite visite pour se faire tatouer cette rune sienne dégueulasse sur la trogne et avait disparu. Disparu étant un grand mot, puisque ses supérieurs savaient où le trouver, soit entre les quatre murs d’une pièce dans le cottage de sa meute, à Balquhidder.

C’est les grandes lignes. Les hauts et les bas d’un hybride, c’est pas leurs oignons. D’ailleurs tout le monde s’en tape qu’ils crèvent : c’est écrit dans les étoiles, et jusque dans les écailles sanguines sous ses ongles qu’il voit toujours alors qu’il s’est lavé vingt fois les mains. Des marques indélébiles qui lui lacèrent les chairs et fracturent le peu d’heures de sommeil qu’il pouvait avoir à son habitude; le laissant comme cadavre ambulant, ou tout comme. Les mois suivant août avaient été autrement plus difficiles qu’Azkaban — c’est souvent ce qu’on dit lorsqu’on est distancié par le temps de tels traumatismes. Reinir avait perdu ses enfants, extensions de lui-même amputées, il se crut mort. Il se croit encore mort, parfois. Il ne sait même plus pourquoi il est là, ni qui il est : plus rien n’a de sens. Au moins jusqu’à ce que Mary soit réapparue, telle la Vierge ressuscitée. Mais même elle, il ne sait plus si elle est réelle ou pas. Ça le terrifie de se noyer.

Mais le temps a passé. S’il n’a toujours rien effacé, il lui a laissé à nouveau le don de la parole dont il n’arrivait plus à jouer. Ses humeurs étaient tristement stables, assimilables à une corde raide, tendue, s’effritant toujours un peu plus à force d’être tirée, malmenée. Là sans l’être, des images intrusives se chevauchent sur son champ de vision et le décrochent de la réalité, parfois, l’oppressant. Le temps a passé mais son corps se souvient encore des hurlements, des coups répétés contre la pierre froide de sa chambre, sur cette même pierre contre laquelle il s’était jeté plusieurs fois, incapable d’exprimer par des mots le cataclysme qu’il vivait là-dedans.

On sait vraiment pas ce qui est passé par la tête de Reinir, vraiment.

C’est pas comme s’il avait eu l’air très proche de son ex-Handler, de toute façon ça n’aurait même pas effleuré un seul des membres de la VB. Des émotions ? Ici ? À part la rage, la compétition, la colère, la violence et les rapports de force, il n’y avait pas grand-chose d’autre. Ah, si, des pions. Beaucoup de pions. Rouges, verts, bleus, marrons…

Bleus ?

Ses cheveux ont poussé, des queues de rat qui rappelleraient presque Victor si une de ces personnes autour de lui l’avaient connu, brave bête. Les racines mal faites où on discerne encore le cendré naturel se dégradent dès le premier centimètre dans un bleu électrique. Il ne se rappelle pas d’avoir eu cette idée-là, d’ailleurs il y a fort à parier qu’il ne s’en rappellera pas demain non plus, qu’on lui fasse la remarque ou non. Boris lui a déjà fait la remarque. C’est idiot, il a l’impression de ne plus le voir. Boris la pâle ombrelle.

Là, l’odeur du sang, forte, mêlée à celle de la magie, lui emplit les narines. L’adrénaline n’est pas encore retombée et ses mains tremblent, presque imperceptiblement ; et dans son regard, la frénésie sourde et vertigineuse imprégnées. Il jette un coup d’œil rapide à son Handler, et même s’il semble l’avoir vu, il ne l’a pas vraiment enregistré - image furtive, trop rapide.
L’islandais meurt de faim et il est incapable de le verbaliser - peut-être même que d’ici quelques minutes, il oublierait. Sauf que Leo, lui, n’oubliait jamais un repas, et c’est une chance pour le loup qui se laissait mourir malgré lui. N’étant pas au cottage, il n’y avait pas un des siens, les trois plus proches, pour lui prêter assistance.

« T’as du sang sur la gueule » qu’il dit, le tirant de son espèce de rêverie qui n’en était pas une. Rei cligne des yeux et fronce un peu les sourcils, (on dirait qu’il se réveille d’une micro-sieste), redresse le nez et le regarde de front, observant la moindre parcelle de son visage, non pas pour l’ausculter avant de lui sauter à la gorge (ce n’est franchement pas ce qu’il transpirait à cet instant précis), mais bien pour capter toutes les traces de sang que lui aussi avait sur la gueule. Il y a un espèce de hochement et une envie tue d’aller lui lécher la tronche tout de suite. « On s’arrache pour s’décrasser et grailler. »

C’est sa main lourde sur ses épaules qui l’ancrent. Le transplanage lui fait l’effet inverse. La main lourde, qu’il sent à nouveau, genre, vraiment, le ré-ancre un peu. Ça va bien finir par rester un peu plus.

Le duo progresse jusqu’à l’ascenseur, et on note sans grand étonnement le silence qui pèse dans cette partie des locaux à cette heure-ci. Les semelles de ses bottes laissent derrière lui - eux, dirons-nous même - des traces que Sylas irait certainement nettoyer d’ici peu de temps, boule à la gorge.
Lorsqu’ils entrent à l’intérieur, Rei est aveuglé par la lumière blafarde, il baisse la tête et grogne bouche close alors qu’il semble chercher quelque chose dans une de ses poches intérieures. L’habitacle se met à remuer et Leo jure. Le schtroumpfs redresse finalement son visage blafard une fois ses lunettes rondes fumées enfilées. Fumées bleues. « J’t’paie la bouffe après ou avant la douche ? » parce qu’il avait droit à une douche, lui ? Reinir, dans un premier élan un peu longuet, répond un « Hm. » pas très convaincant, ni très précis dans son intention. Pas son genre.

« J’sais pas. » sa voix, si peu utilisée, s’est à moitié cassée à cette réponse. Il tuerait pour qu’une de celles qui lui parlent d’habitude se manifeste, là, maintenant, dans son oreille droite. C’est trop creux là-dessous. « J’crois. J’ai juste… faim. » à cette pensée, il passe le plat de sa main sur sa joue baignée de sang encore frais. L’ouvre sous son nez et la regarde, l’histoire d’une fraction de seconde où il ne réfléchit pas et lèche pour la nettoyer lentement et goulûment. Vraiment faim.
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T’sais qu’vous êtes ni des tendres, ni des enfants d’chœur. T’sais qu’la violence ça court en vous tous avec une facilité, un intérêt déconcertant. Ça en est saisissant tout c’sang qu’vous pouvez répandre, tout ces drames qu’vous pouvez laisser. En vérité, avec une honnêteté simple et sale, ça t’excite, ça t’électrise. Et pourtant, plus tu l’regardes, plus tu demandes comment, pourquoi le loup semble aussi brisé, cassé. T’as l’impression qu’y a des petits morceaux d’lui qui s’échappent de son corps et qu’ça va t’partir entre les doigts.

On t’a promis un alpha, un loup dans toute sa puissance, sa violence. Et t’sais qu’elle est là, qu’elle lui lèche les tripes, les intestins, qu’elle ravage et remue tout à l’intérieur. Tu l’as senti. Comme un prédateur reconnait un autre prédateur, c’est quasi primitif, instinctif. Ça lèche les plus bas instincts, ça grignote bassin, ça r’monte au gosier. Ça vous bouffe. Tu l’sais, tu l’connais. Le bleu fumé de ses lunettes attire ton attention, autant qu’sa coupe. T’l’avais mal vu les premières fois et t’as envie d’fourrager dans tout ça de tes grosses mains, d’tes paluches pour recoller les morceaux, pour empêcher c’corps trop fin d’sombrer, de se disloquer. P’tain, d’puis quand c’louveteau a pas été un brin nourri ? Les hanches sont creuses, le regard par moment hagard. Ça hurle famine, ça dégueule l’manque de bouffe, l’manque d’tout.

T’as pas un jeune alpha sous les yeux, t’as un mec qui a vécu un million d’années qui lui tombe sur la gueule, qui les traîne. Les boulets à ses chevilles pèsent aussi lourds qu’les mots qu’on dit pas, qu’on avoue pas. Un « Hm. »  t’répond et t’attend parc’qu’l’ascenceur a pas fini sa course et qu’au fond, t’as compris qu’il lui faut du temps. Alors t’apprends la patience. Toi qu’en a jamais eu, toi qu’en a jamais voulu.

« J’sais pas. », un frisson se répand, mord l’échine, se moque de tirer les poils, de cogner dans l’cœur. Ouai, c’est ça, t’as l’impression qu’ton limier est en train de tomber en morceaux, en lambeaux. « Hé ? Tu tentes et t’aimes pas la sale sensation qu’t’as dans la bouche, dans l’ventre. T’es en colère qui soit comme ça. Ta grande main se referme sur son épaule, puissante, pesante. Sa chaleur est là, t’es là. J’crois. J’ai juste… faim. » et t’hoches la tête, l’observant faire d’une iris sombre, voilé alors que sa langue vient cueillir le sang. « T’inquiètes, t’vas grailler. », c’est une promesse. Tu vas l’faire bouffer jusqu’à c’qu’il puisse plus rien avaler. Tu l’forceras même à rouler jusqu’à sa meute si c’est nécessaire, tellement tu vas lui exploser l’bide.

Le cling de l’ascenseur te tire de tes pensées d’bouffe mais la main reste sur l’épaule encore un instant, un moment. P’tet plus qu’nécessaire, p’tet plus qu’y en a besoin. Mais tu veux juste lui dire qu’t’es là pour lui. « Viens, on va à la cafet’. », les mains s’enfoncent dans les poches du pantalon et tu t’décolles de l’habitacle qui semble lâcher un soupire de soulagement alors qu’tu désertes la cabine. T’avances toujours et t’lâches un « Salut Sam’, y a quoi à grailler c’soir ? » au cantinier auquel on a sûrement demandé de veiller parce qu’il y avait une mission ce soir. « Mh. Ailes de poulet, burgers, frites. Ok, tu fous d’tout à ras bord dans deux assiettes. Ça t’va, kiddo ? Tu balances à ton loup, tournant la gueule vers lui. Ou t’veux plus d’viande ? Ouai, mec, sers lui qu’d’la viande et un steak saignant si t’as ça. Du coin d’l’œil, tu l’vois hocher la tête vaguement, tu prends ça pour un oui. Tu lui balances l’prix d’vos deux repas et tu lui lâches : restes pas loin. Ça ouvre l’appétit l’grand air et l’sang frais. D’façon, t’en as plein la gueule, autant pas mentir. Et dépêches-toi sinon c’est toi qu’on bouffe, t’ajoutes au cuisinier. Ahahaha », l’rire sonne un peu faux, un peu jaune. Il est déjà terrorisé. Tous des fragiles.

Tu chopes deux canettes aussi pour patienter et tu en poses une devant l’piot. C’est ouf comme il a le corps creusé, t’as vraiment l’impression qu’il va s’effondrer, s’écrouler. « J’crois qu’il va faire la bouffe vite. D’un pschit, la canette s’décapsule et l’petit sourire qui remonte en coin, laisse déceler une pointe d’amusement. Au fond, c’est toujours comme ça : les insectes rampent et s’exécutent dans la misère de leur existence. Et en effet, en vingt minutes, c’est plié, les assiettes sont posées, fumantes devant vous. Si t’en r’veux encore, tu lui dis. J’paie. » Simplement et sans prise d’tête, t’es un gars honnête. Quand tu promets un truc, tu l’fais : qu’ce soit buter quelqu’un ou donner à grailler. Sans rien ajouter, tu trempes l’aile d’poulet dans la sauce pour l’en ressortir, ça baigne dans le gras mais y a un grondement de contentement quand tu l’fourres dans ta bouche. « Faut qu’tu grossisses, tu lui glisses franchement. Il est beaucoup trop maigre. J’compte pas t’porter à la prochaine mission. Déjà, c’est pas une meuf. De deux, t’aimes pas qu’on te ralentisse. Mais pire qu’ça, ça cogne en toi, ça trébuche en toi d’le voir si diminué, si loin de ce qu’il était. Et puis, j’compte pas avoir un troisième hound. » Amusant dans la gueule de celui qui casse tout ce qu’il a entre les doigts. Amusant dans celui qui prend soin de rien. Amusant la sincérité qui glisse entre tes lèvres.

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Comme s’il savait ce qui le tourmentait, étonnant venant d’un être dont on vantait le manque cruel d’empathie, le grand dadais lui dit « T’inquiètes, t’vas grailler. » en laissant sa main sur son épaule, une main qui diffuse une certaine chaleur sur sa carcasse qui suait sang et froid. Une main qui sent la magie à plein nez, une main qui ancre dans une réalité qu’il peine à discerner comme telle. Il est loin, loin de tout, de lui, mais il sent encore le poids de sa tête sur ses cervicales, et même la douleur lorsque la lumière lui lacère méchamment les rétines.

Manger. C’est qu’il s’inquiète pas vraiment pour ça, l’islandais. C’est bien ça le problème, il ne s’inquiète plus de grand-chose ces dernières semaines. Sans doute espère-il se réveiller un de ces quatre, de ce cauchemar. Ça commence à durer, si peu qu’il ait une notion du temps précise. Tout s’est retourné, distortionné. Cling. Rei fronce le nez et redresse un peu l’épaule, il ne veut plus de ce contact pour l’instant. « Viens, on va à la cafet’. » le fantôme aux cheveux décolorés le suit, scrutant de manière un peu hasardeuse les lieux qu’il connaît pourtant déjà, sans pour autant avoir vraiment pu en profiter. Une tonne d’odeurs se chevauchent, et son Handler est parti dans la direction dans laquelle elles émanent.

La lumière, encore, lui fait un mal de chien, et il ferme les yeux en serrant les mâchoires en pleine marche, une marche lente et lasse, tel un animal rôdant, éreinté. S’arrête alors pas très loin de Crabbe. Crabbe, les bons amis de la famille. Crabbe, les alliés. Crabbe… « Ok, tu fous d’tout à ras bord dans deux assiettes. Ça t’va, kiddo ? » il redresse le nez dans sa direction et hoche la tête, les yeux rouverts sur son partenaire. Ses yeux trop noirs pour être innocents qu’il plante ensuite sur la silhouette de Sam, comme s’il se raccroche à un wagon. « Restes pas loin. Ça ouvre l’appétit l’grand air et l’sang frais. » il n’a pas comprit ce qu’il vient de lui dire mais cela n’a pas grande importance. Rei continue de fixer le cantinier de la cafétéria derrière ses fumées bleues, dissèque le moindre de ses mouvements, renifle la peur et même cette vieille transpiration désagréable qu’il devait se traîner depuis quelques heures déjà. Une peur qui attire. Qui incite…

Il commence à se lécher les doigts de l’autre main, celle qu’il n’a pas encore nettoyée. Avec le sang qu’il a sur la gueule, sur le bas du visage notamment, on peine à discerner vraiment la teinte de sa rune faciale ; et c’est comme si le regard furtif et légèrement appuyé du Sam avait été initié pour cueillir cette réponse. Pile ou face ? Pile tu vis, face tu meurs ? Loup ou vampire ? L’hybride prend place là où ses pas le mènent et accueille la première denrée : la cannette.

C’est qu’il prend un instant avant d’aller la chercher d’une de ses mains, serrant légèrement cette dernière. Ça. Ça, c’est froid. Quelque part, pas très loin, il est persuadé que sa peau est aussi froide que ça, parce qu’en soi, rien qu’à moitié, il est mort.

Le pschit, son paraît-il anodin pour les mortels, le fait perceptiblement sursauter, bien qu’il semble s’être retenu. C’est le meilleur moyen pour attirer à nouveau son attention et piquer son myocarde qui pulsait maintenant à 121 bpm, à en faire trembler ses doigts sales. Les vingt minutes sont silencieuses du côté de l’Alpha, qui le scrute de temps à autre, certainement frustré qu’il ne se débarrasse pas du sang sur sa trogne, frustré qu’il ne le lui propose pas.

Les assiettes fumantes sont là, dans un claquement caractéristique. C’est brûlant et l’animal parsemé de souillures séchées se surprend à ne pas sauter dessus à s’en brûler la gorge. C’est comme si quelque chose le bloquait, comme si ses fonctions exécutives avaient été réduites de moitié depuis… depuis ça.

« Faut qu’tu grossisses, qu’il dit la bouche pleine de chair de wings. La langue  de Rei passe sous ses dents, ça chatouille un peu. Il a toujours été assez menu. Pas autant… J’compte pas t’porter à la prochaine mission. » ça paraît évident. Personne lui donne assez. Il n’a pas assez. Il n’est qu’un hybride; un énième oublié. D’autres bouches à nourrir, pour ses enfants bénis, les survivantes parts de lui. C’est pas trois poulets et deux patates qui vont le ressusciter. Il a essayé.

Il referme ses mâchoires sur son bout de langue, lentement, presse dessus, inspire par le nez doucement. Le mouvement qu’il fait le fait souffrir - une douleur qui n’était pas réelle et qui ne le faisait pas grimacer, mais une douleur quand même : c’est celui qu’il engage pour aller chercher sa première wings.
Le runiste la fourre dans sa bouche à trois quart et coince l’os entre ses dents surpuissantes; récupère toute la chair dans un seul mouvement de traction vers l’avant. Il ne restait que quelques jours avant que la lune ne lui offre davantage de bienfaits et ils étaient déjà certains. L’os un peu trop propre lui glisse des doigts, s’échoue sur la table et il réitère, la première prise de plus en plus proche de ses doigts pincés. Il finirait peut-être par se les bouffer aussi à ce stade.

« Et puis, j’compte pas avoir un troisième hound. » il ne sait pas ce qu’il lui prend à cet instant précis, mais ses lèvres s’étirent dans un sourire mutin, il fait peur, il est surprenant, pourquoi est-ce qu’il sourit maintenant ? L’enfant béni rit par le nez en secouant doucement sa tête de droite à gauche, le regard bas, sur sa bouffe qu’il dévalisait maintenant vitesse grand V. L’énergie qu’il avait trouvé à produire cette réaction était tout sauf adéquate à la situation.

« Crabbe. » c’est comme si son nom venait de lui revenir, il mâche plus lentement, avale sa bouchée, lâche l’os et même ses avant-bras qui se reposent sur le plat de la table. Dans ce mouvement, quelques restes tombent par terre, mais il n’y fait pas attention. « J’aime bien. » il inspire doucement, expire de la même façon ; comme si ça lui avait siphonné pas mal d’énergie à parler. Et c’était le cas. « …les Crabbe. » s’essaie t-il. Il termine sa phrase. C’est pas pour se foutre de lui : c’est vrai. C’est vrai et maintenant il s’en rappelle. C’est juste qu’il avait été trop occupé à rester enfermé dans sa chambre avec ses livres, à cette époque-là. Parfois.

La confusion semble l'investir alors qu’il venait de sortir quelque chose d’absolument sensé, il en appuie le dos de sa main contre son front, visage bas, sourire évaporé. Que voulait-il dire, déjà ? Ça lui brûle la langue, plus encore que ces frites trop chaudes qu’il enfourne déjà dans ses pensées rafistolées. Il ôte sa main de son front et se redresse, sa tête légèrement penchée sur le côté, il va chercher ses yeux et lui lâche un « Merci. » plus lourd que n’importe quelle carcasse qu’il devrait porter. Lourd de sincérité.
Il se remet à manger - en moins d’une minute, les frites ont disparues. Jette un coup d’œil dans la direction du sang de bourbe qui les servait.
Encore, lui hurle t-il avec les yeux, incapable de prononcer un seul mot pour faire valoir sa demande.
Encore de la chair morte pour nourrir un corps mort.
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Y a quelque chose qui mâche l’air, qui mastique l’ambiance autour d’vous. Tu l’vois bien à la façon dont la langue de Reinir passe lentement sur sa main ensanglantée, à la manière dont il se repaît d’ce qu’il a, de ce qu’il peut goûter. Du coin d’l’œil, tu l’gardes dans ton champ de vision. C’est quelque chose t’as très vite compris, appris, on donne jamais son dos à un prédateur. On donne jamais sa confiance à quelque chose qui peut vous choper et vous arracher la gorge. Pourtant, c’est pas d’la peur, c’est même pas vraiment d’la méfiance, c’est plutôt d’la fascination dérangeante, étrange. C’est plutôt d’la compréhension alors qu’un fin sourire s’étire devant la peur du sang de bourbe. Ouai, c’est grisant la terreur.

Pourtant, toi comme lui, vous vous en détournez. L’pschit le fait sursauter, et tu souris d’un air d’dire qu’tout va bien. Tu portes la canette à tes lèvres et y a une satisfaction à sentir son froid envahir ta gorge, te désaltérer. Y a quelque chose qui fait du bien alors que tu lâches un « ah » d’contentement et qu’tu passes ta langue sur tes lèvres. La même que tu passes avant la traque ou encore avant de tuer. Tu perçois l’regard du loup te dévisager de temps à autre et tu finis par lui sortir : « J’ai un truc qui t’plait pas ? »

Mais t’oublies un peu alors qu’l’assiette se pose devant toi, qu’tu t’jettes sur la bouffe, qu’tu enfiles la chaire de l’aile de poulet entre tes dents. Ça roule sur ta langue, ça tire presque un ronronnement de plaisir. Qu’est-ce qu’t’aimes la bouffe et ce depuis môme, t’crois bien. Tu baffres comme un ogre, tu t’complais dans l’gras, dans la nourriture nutritive et énergique qu’tu crames dans le sport. Pourtant alors qu’tu parles, tu l’quittes pas d’tes yeux sombres : il a voulu d’la bouffe, maintenant il va la manger.

Et tu quittes rien des yeux quand il vient cueillir sa première wings. La manière du loup d’bouffer t’arrache même pas un haussement de sourcils alors que la chaire part entre ses lippes, qu’l’os retombe. Et encore une. Ainsi d’suite, l’assiette se vide, englouti par un animal qu’a surement pas bouffer d’puis un moment. Il y a un grondement de contentement : « c’est bien, prends des forces. ». T’as la croyance qu’en bouffant, on devient plus fort, on vient à bout d’tout. P’tet qu’c’est faux, p’tet qu’t’es pas si loin d’ceux qui croyaient qu’en bouffant les restes d’un chef mort, on absorbait sa force.

Ta dernière phrase lui tire enfin une réaction et le sourire pourrait coller des frissons mais allons bon, t’as vu pire qu’ça, t’as vu autant qu’lui. T’as bouffé au service de Voldemort depuis un moment, t’as jamais tremblé, ni pissé dans ton froc. Et l’rire t’attire un sourire. C’est vrai qu’c’est marrant, toi qui crames l’matos aussi vite qu’les chemises. Les paris s’échangent pour savoir combien d’temps tiendra l’prochain. Ça s’est un peu calmé quand on a su qu’c’était Reinir. T’crois bien qu’maintenant c’est pour savoir qui butera qui l’plus vite. Un haussement d’épaule, t’as aucune raison d’t’en prendre au gamin.

Être creepy a jamais fait d’quelqu’un un mauvais gars. T’en as vu passer des mioches spaces, tiens, y a qu’à voir Bagshot. Toujours à r’luquer des culs d’mecs et à s’faire beau comme si il allait à ses propres funérailles, ça c’est zarbi. Une autre gorgée coule dans ton gosier, humidifie tes lèvres. « Crabbe. » « Ouai, c’est mon nom. », tu lui souffles comme une évidence, fier ta propre vanne. L’os tombe sur la table et il prend l’temps de macher cette fois. « J’aime bien. » Cette fois, t’es surpris, le sourcil se hausse. Tiens, c’est une première. « …les Crabbe. » « Ah bon ? T’es bien l’seul qui dit ça. Le burger est saisi et tu croques dedans, faisant dégouliner la sauce dans ta barbe. Qu’est-ce qu’on a fait pour qu’tu nous aimes bien ? » Faut pas t’en vouloir, tu connais mal ton arbre généalogique. Ta mère a bien tenté d’t’cabosser avec ça mais sérieux ça sert d’retenir à quoi qu’on est cousin au quatorzième degré avec muche et truc ? Sur les arbres purs, on partage tous un ou deux ancêtres en commun. C’est pas ta faute si t’es trop con pour t’souvenir, tout retenir.

Et puis, soudain, il semble confus, il hésite, tangue ton loup. T’essuies la sauce, tu lui laisses finir ou se trouver. T’sais pas bien. D’façon y a rien qui presse là, t’as l’temps. Lui aussi. Tu lèches un de tes doigts plein d’sauce, ça fait « muh » quand tu passes ta bouche sur un. P’tain qu’est-ce t’avais b’soin d’bouffer. Il engloutit ses frites et tu le lâches pas des yeux et enfin ça file : « Merci. » Un sourire finit par s’étaler sur ta gueule. Tu perçois pas bien sa détresse entre les failles qu’il montre, tu sens qu’il porte un truc, qu’ça lui fout du plomb dans l’bide et dans la cervelle. Mais t’sais pas dire quoi. « D’rien. J’compte pas t’laisser crever la dalle. C’est pas productif, t’sais. Ni pour toi, ni pour moi. » Logique implacable. Si il est pas bien, il t’handicape en mission. Si il est pas bien, c’sera p’tet un autre Teresa. C’est pas qu’ça t’emmerde d’buter du hound mais franchement, ça fait chier d’foirer le taff et d’remplir la paperasse.

Pis, t’as p’tet jamais rien eu contre la vampire. Mais elle tapait pas comme tape Reinir. Les yeux foncés rencontrent les siens et tu saisis : « Bouffes. Et tu lui tends ton assiette pleine de wings et d’frites. C’est pratiquement pas touché alors qu’t’engloutis un burger. Sam ? Encore d’la bouffe, qu’d’la viande cette fois. On a la dalle. » Et t’entends l’mec se dépêcher d’sortir steak, wings et tout le tralala. Ca crépite sur le grill et dans l’huile. Tu souris à l’alpha : « T’aimes bien ? » La bouffe ou sentir suer l’pauvre Sam dans son tablier qui s’agite vite pour faire à bouffer, contenter deux ventres affamés. T’aimes la peur qu’t’inspires. C’est pas un grand secret, ça dure d’puis Poudlard. Ca devait même t’cogner dans l’bide de ta mère. P'tet qu'Reinir était pareil. P'tet qu'c'est pour ça qu'vous vous r'ssemblez autant.

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« Ah bon ? T’es bien l’seul qui dit ça. Ça le surprend qu’il pense ça, c’est vrai. Reinir n’est peut-être pas le plus lucide qui soit mais il sent les choses. Brutes. Il y a une dizaine d’esprits qui rôdent autour et il est persuadé que s’il les voyait, s’il les entendait dire à l’unisson « J’aime bien les Crabbe », il ne dirait pas ça.
D’ailleurs s’il était si mort que ça, est-ce qu’il était le seul à le voir ? Non. Le cuistot… non. Ça n’a plus de sens. Pourquoi est-ce qu’il ne le croyait pas ? Est-ce qu’il le croyait au moins ? Il venait de parler… est-ce qu’il lui avait répondu ? Il ne sait plus. Qu’est-ce qu’on a fait pour qu’tu nous aimes bien ? » il ne se rappelle plus vraiment sur le moment, et le regard qu’il lui a offert part en biais, à moitié perdu. Il a donc continué à bouffer, laissé ça dans un coin de sa tête, s’il y avait un coin pour l’accueillir.

« D’rien. J’compte pas t’laisser crever la dalle. C’est pas productif, t’sais. Ni pour toi, ni pour moi. » alors pourquoi ça fait des années qu’il peine à se nourrir ? Pourquoi Swanson lui avait jamais refourgué des vivres ? Pourquoi est-ce qu’il n’y avait jamais pensé ?
La table et même le parterre ont l’air d’un désert d’ossements. Alors qu’il réitère sa demande télépathique au Sam une 7ème fois, il se met à jouer d’une main avec un des os qui traînait, enfonçant l’ongle de son pouce à l’intérieur, gratte, gratte, gratte. Peut-être qu’il est pas si mort que ça finalement, peut-être qu’il a fait une fièvre, s’est transformé en vampire, aussi révulsante leur odeur puisse être ? C’est ça, il doit être un vampire maintenant. Peut-être même que Boris voudrait de lui cette fois-ci… « Bouffes. » ses mots le font à nouveau sursauter, c’est plus léger même si marqué, il s’était fait aspirer. Est-ce que Crabbe est capable d’entendre ses messages télépathiques, lui aussi ? « Sam ? Encore d’la bouffe, qu’d’la viande cette fois. On a la dalle. » Il entend. L’islandais reste bloqué un instant et finit par réceptionner son assiette, sa main droite à la balafre de chaudron immonde en première ligne. L’Alpha n’a même pas le réflexe de le remercier, il a déjà enfourné une wings. Et ça continue… vite. « T’aimes bien ? » qu’il demande, et la tête bleue électrique lui répond aussitôt d’un « Hm, » marqué, presque guttural, alors qu’il avale sa bouchée. Bordel de merde et par tous les dieux anciens. Il entend.

Au bout du troisième wings englouti il rattrape un wagon, la bouche pas encore complètement vidée de son bol alimentaire.

« Quand j’étais…, il montre un écart entre la pulpe de son pouce et de son index, qui se rapproche. Pas trop mais assez. Petit. Petit. Je jouais avec. » Avec quoi ? Avec qui ? L’accent islandais au rasoir, il termine avec « Un Crabbe. » mais en le verbalisant, il n’est plus vraiment sûr. C’est comme une chimère qui se balade et qui le nargue. Rei n’est même pas apte à se rappeler quel âge il a en ce moment, raison pour laquelle il n’a manifestement pas fait de remarque au géant quand il l’a appelé kiddo. C’est qu’il a toujours des traits de gosse, lui. D’enfant mal grandi. Peut-être même qu’il a jamais vraiment réussi.

Il avale tout ça et termine un peu trop rapidement. À tel point qu’il va chercher un des os récemment abandonné sur la table pour aller le ronger un peu, d'abord, l’air absent. L’instant d’après il force dessus et le brise en deux, garde les morceaux dans sa bouche et mâche, mâche, mâche - le pire, c’est que ça marche. Les os se broient un peu trop facilement, c’est juste que ça se coince entre les dents, parfois, puis il avale, que ça fasse mal ou non, il continue, la faim sans fin, les yeux clos.

Là, l’odeur de viande chaude lui monte au nez, ou plutôt au cerveau cette fois-ci, le fait réagir, il rouvre les yeux, « …pourquoi ? » froide, il la veut froide, ça passe mieux, ça saigne, ça dégouline, il sent les muscles qui se froissent, les nerfs qui craquent. « SAM ?! » beugle t-il en se laissant tomber au fond de son siège, comme investi d’un esprit vengeur, l’œil habité et injecté de sang. Le concerné sursaute sous le cri qui sort de nul part, pour aucune raison apparente, il a manqué de faire tomber sa spatule en métal.

« FROID ! » qu’il aboie dans sa direction, ses tendons du cou saillants sous la tension - il y a des marques argentées, coups de griffes, lacéré, poupée d’un père absent. « …crue ? » « J’ai l’air de QUOI putain, d’une DANSEUSE ÉTOILE ?! » qu’il lui vomit sans détours en se levant d’un bond, sa chaise ayant manqué de valser. S’il ne la lui amène pas, c’est lui qui ira la chercher, cela se sent dans son regard, dans tout son corps qui vibre la violence éparse - ou trop compacte, justement.

C’est comme s’il avait réussi à retrouver quelque chose, quelqu’un en lui, l’espace de quelques instants. Des instants qui, dans le silence qui suit, se referment dans des parenthèses éthérées, lourdes. Ses muscles se détendent à nouveau. Le voile retombe devant ses yeux. La grande tige qu’est Sam arrive presque aussitôt, tout transpirant et le cœur trop rapide (il l’entend contre son oreille), dépose la viande crue à l’hybride qui en chope un bout pour la déchirer entre ses dents. Il se laisse s’échouer à nouveau sur sa chaise, lourdement, comme à nouveau vidé. Plus rien n'est sûr.

« Je suis. Mort. » qu’il souffle entre ses lèvres, entre deux bouchées. Il n’avait pas parlé à qui que ce soit d’autre que lui-même, là, et c’était loin d’être qu’une simple expression. À quoi bon.
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Tes yeux sombres suivent la course de la bouffe qui finit goulument, frénétiquement dans sa bouche. Reinir mastique, avale, parfois sans respirer, tellement, il est affamé. Tu t’es jamais soucié d’c’qu’Teresa bouffait. Ça a jamais eu un quelconque intérêt pour toi c’qui passait sous ses canines. Elle en a jamais eu aucun d’ailleurs. T’as vite renoncé à essayer d’faire plus qu’l’taff avec elle. Mais t’sais pas vraiment c’qui t’pousse vers l’islandais, mais t’y vas, t’y cours. T’sais pas si c’est bien raisonnable mais est-ce qu’t’as jamais fait quelque chose d’raisonnable ? Nope, c’est bien là, tout l’problème. « Hm. », se détache des lèvres pleines de graisse de l’alpha et les yeux se lâchent pas, se dérobent pas. C’est pas spécialement une réponse ça, mais t’vas l’prendre pour un « oui » d’loup, un « oui » que la faim perd et dévore.

Et toujours ce regard qui se sépare pas du sien, cet étau qui se referme sans savoir qui est la proie ou le prédateur. Une bouchée arrachée à ton burger alors que lui avale, pille les wings comme si un mois d’famine lui labourait le ventre et les côtes. Comme un condamné se gavant avant de marcher dans le couloir de la mort, comme un damné descendant aux enfers. « Quand j’étais…, et tes yeux suivent ses doigts, devinent le mot : marmot ? Tu formules, finissant c’qu’il dit pas, c’qu’il peut pas dire alors que la bouffe déborde encore de sa bouche. Je jouais avec. Et puis, plus loin, plus tard, ça tombe d’entre ses lippes, entre l’accent de son île rocailleuse et les sons gutturaux, d’animaux : Un Crabbe. Aaaaaah ! Et ça s’allume dans tes yeux sombres comme des lueurs, un sourire en coin venant compléter le tableau. C’était p’tet mon frangin ? T’sais, l’autre p’tit con qui m’ressemble ? L’autre gueule d’troll qui vient parfois par ici. Il a ton âge. » Tu glisses simplement, sobrement. Et puis ça t’percute vivement, violement. Tous ceux qui jouent avec la marmaille Crabbe, c’est les proches d’la famille, c’est même pratiquement le même sang : « Attends, t’aurais pas du sang d’Crabbe ? ». La question est balancée comme ça, presque comme une baffe à la gueule. Presque comme si ça surgissait à la tienne qu’vous pouvez être reliés, pas si éloignés qu’ça. Comme si le même sang vicié, glacé battait dans vos veines. Comme si c’était lui le responsable de toute cette haine, cette rage sauvage qui tourne si souvent à l’orage.

Sam rampe, en sueurs, activant le grill et réchauffant les steaks. Ça grille, ça répand une délicieuse odeur de viande. L’genre d’truc qui te fout l’eau à la bouche et tu tardes pas à l’avoir. T’as la dalle, ça t’martèle l’estomac, les tripes. « …pourquoi ? », la voix de l’alpha t’tire de tes pensées, tournant les yeux vers lui. « Pourquoi quoi, kiddo ? » Parc’qu’t’es pas trop sûr de saisir alors qu’l’instant d’avant il avait cet os dans le bec, ses dents le faisant craquer, le broyant, avalant. T’aurais p’tet du lui dire d’pas bouffer ça, d’ailleurs. Qu’ça va lui esquinter la gueule, qu’ça va lui laisser les gencives en sang. Mais t’as pas l’temps, l’loupiot se laisse tomber dans le fond de sa chaise, gueule le prénom du sang de bourbe. Tu l’entends limite glapir le petit dans son sursaut.

Tu l’observes longuement, intensément. Tu croises même les bras, la manche remonte légèrement libérant la vue des glyphes au creux du poignet. Sur l’épiderme, l’obéissance et la mort dorment côte à côte. Et le sourire en quoi s’agrandit, se dévoile plus animal comme une gueule pleine de dents, comme un truc laid mais évident : tu l’aimes vraiment bien, c’piot.

« FROID ! » qu’il gueule l’alpha dans toute sa puissance, sa violence. Sur son cou, les ravages de sa malédiction zèbrent sa peau, laisse une traînée d’argent funeste, qui empeste bon la terreur, l’horreur. L’dit Sam demande timidement, lentement parce qu’il sait qu’si il se gourre, l’animal l’tuera. Et tu tiens pas sa bride. Tu comptes pas l’retenir : « …crue ? » « J’ai l’air de QUOI putain, d’une DANSEUSE ÉTOILE ?! » et cette fois, la chaise tangue méchamment, caractéristiquement, laissant s’égarer un bruit dans la salle vide si ce n’est vous trois. Il se lève, se redresse, menaçant, vibrant d’une violence exquise, et t’avoues ça t’excite. Comme l’appel de la chasse. Comme quand tu cognes plus fort. Il ira arracher sa bouffe si elle vient pas à lui, il ira manger à même dans les bacs, se repaître de la chaire encore baignant dans l’hémoglobine. Il ira tout prendre, tout ce qui lui revient de droit.

Et puis la bouffe vient et l’hybride se laisse couler dans sa chaise, se jetant sur la chaire crue et morte. Il la déchiquette avec ses dents, sauvage, la rage mordante et pourtant, déjà fumante. « Et ma bouffe, elle arrive quand, Sam ? Bouges-toi l’cul, qu’j’ai pas qu’ça à foutre d’attendre. », les vieux relans de brute d’école reviennent vites, p’tet même qu’ils sont jamais partis alors qu’il déglutit difficilement, retourne en trottinant derrière sa gazinière. T’as vu la peur dans ses yeux et t’avoues qu’t’aimes ça. Tu recherches qu’ça de ton sourire vantard, goguenard.

Tes yeux reviennent sur l’alpha, se mêle à son regard. Y a déjà plus rien d’l’homme qu’t’as vu. Y a déjà plus rien qu’ce gouffre béant dans lequel il tombe, tombe inlassablement, perpétuellement. « Je suis. Mort. », c’est dit bassement, légèrement. C’est parfois qu’un souffle, t’as l’impression. « Nope. T’es pas crevé, kiddo. Tu lâches dans un petit sourire, dans un regard qui dit qu’les morts ça bouffe pas. J’connais pas d’mort qui fasse faire chier dans leur froc les sangs d’bourbe. J’connais pas d’mort qui a faim. » T’en as vu des types tomber – des meufs aussi, mais c’est des choses fragiles, ces trucs – des biens, des pas biens, des pas trop mauvais. T’as vu l’sang, la guerre. Certains même diraient qu’t’as vu l’enfer et qu’t’en reviens sans cesse. Ça s’lit sur ta gueule, ça se murmure qu’t’es cerbère. P’tet que lui est ta seconde tête. « La mort viendra, elle vient toujours, faucheuse patiente et violente. Mais pas c’soir. » Promesse silencieuse, entre les lignes. « Pas tant qu’t’es sous ma garde. » Il partira pas tant qu’t’es là, il partira quand tu l’auras décidé. C’est pas vraiment une menace, c’est un fait. T’aimes pas qu’on touche à tes trucs, t’as jamais aimé ça. Et c’qu’on essaie d’te voler, de casser, t’as tendance à l’protéger coûte que coûte. Et celui qui touchera à l’islandais, tu vas juste tellement l’crever.

Ton limier, tes affaires.


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Il entend et il répond, sans l’ignorer. Comment a-t-il fait ? Est-il des siens ?

Du sang de Crabbe ? Vraiment ? Tout est possible, à ce stade. Tout est possible et c’est bien là le problème : Reinir est en train d’intégrer le fait, que ce soit réel ou pas, certifié ou non, qu’ils partagent le même sang, de près ou de loin.
N’était-ce pas le cas d’à peu près tous les sang-purs du territoire ? Les Jónsson, si on puit les appeler ainsi malgré leurs patronymes changeants au gré des baptêmes et des genres associés par leur ascendance clanique, n’auraient certainement pas osé se détacher de leurs racines, des beautés froides de leur île islandaise. Et pourtant. Et pourtant, la mère de Reinir est née Gleneagles, et pourtant, rien ne la relie aux runes bien-aimées ou aux histoires ancestrales que l’on peut raconter ou lire dans les vieux tomes qui traînent encore dans leur manoir. Est-ce que cela faisait de lui quelqu’un d’indigne ?
Le gamin aurait pu le penser, le croire, s’il se rappelait encore qu’il avait une mère, une vraie ; autre que celle qui se présente aujourd’hui sous l’apparence de Mary.

Une mère qu’il ne tarderait pas trop à aller retrouver, une fois le repas englouti. Ses bras et sa chaleur épicée lui manquent. Comme celle de tous ses enfants. Par Odin, qu’a-t-il fait pour mériter pareille sentence ?
La pensée lui traverse et sa gorge se noue, comme si ses émotions écaillées s’étaient entassées au creux de cette dernière. Le flanc latéral de son poing retombe sur la table avec son avant-bras, las et pesant. « Nope. T’es pas crevé, kiddo. » c’est ce qu’a osé lui dire Machar, le fantôme du vieux fermier du cottage. Machar, lui, il le voyait manger, même si c’était pas vraiment ça, même si c’était pas vraiment vrai, il le voyait manger, alors quelque part, il était vivant, lui aussi ; aussi vivant que lui aujourd’hui. Mort, crevé, exténué, satellisé, c’est un peu tout ça qu’il supporte à la fois, mais la seconde d’après, il oubliera.

Et ça recommencera…

« J’connais pas d’mort qui fasse faire chier dans leur froc les sangs d’bourbe. J’connais pas d’mort qui a faim. » le regard bas de l’islandais se redresse, lentement, sûrement, le noir de ses iris sont visibles sans le fumé de ses lunettes dans cette inclinaison, puisque sa tête n’a pas bougée. Même ses coups de mâchoire ont ralenti, il écoute, c’est assez inédit, il puise dans ses réserves pour se concentrer, pour boire les mots de Crabbe. Un murmure, l’esprit verrouillé sur ce qu’il croit être vérité. « Enchanté… » et il lui rend un sourire, les lippes pleines de graisses et rougies par le sang d’une autre viande qu’il arrache sous ses dents et glissent sur ses lèvres. Ce sourire-là est celui d’un enfant, doux, attendri, presque compatissant - ou triste, tout simplement.

C’est long, un peu trop long peut-être, mais il maintient son regard et traîne jusqu’à sa joue encore maculée de sang séché, gâchis, gâchis, gâchis. Ses yeux lui piquent et sa vision s’embrume un instant, mise au point difficile ; l’Alpha force sur ses paupières qu’il ferme plusieurs fois de suite, remettant son nez sur sa viande. La migraine qui grimpe et qui grince. « La mort viendra. Mais pas c’soir. » Y a une odeur qui monte et qu’il connaît. Son pouls s’accélère. Dans son dos… « Pas tant qu’t’es sous ma garde. » les mots lui paraissent lointain, tout d’un coup, alors que là, toujours plus près… « P’pa- » fait une voix dans son dos, plutôt basse mais parfaitement audible pour le concerné.

L’Alpha sursaute qu’à moitié, il vient d’avaler sa dernière bouchée, mais une force viscérale, vitale, le fait redresser sa colonne et tourner sa tête vers l’arrière - un homme est là, un triangle marron sous son oeil, il jette un regard au Handler sans animosité aucune. Adam, qui fait deux têtes de plus que son Alpha, n’est pourtant pas un combattant dans l’âme, mais pour lui, pour un père, il le ferait.

Au même moment, la silhouette de Sam file pour déposer le tribut du Handler, comme s’il allait échapper à une paire d’yeux d’hybride — et ce qui ne fut pas le cas, puisque l’Alpha et son Omega vissèrent leurs prunelles prédatrices sur lui quelques instants.

Un des genoux de l’Omega fléchit contre sol, à droite de l’assise de l’islandais. « Je rentre. » qu’il lui murmure, entendu, une prise ferme et bienveillante contre sa nuque pour ancrer ses paroles. Il n’a pas besoin de demander, le repas est déjà entamé pour lui, les maigres poules seront pour les autres, le temps d'aller chasser tous ensemble demain.

Reinir laisse un peu sa tête tomber vers l’arrière, allant chercher les yeux de son Omega de biais, un sourire aux lèvres mais pas dans le regard - trop dur, ce soir. « Oui. » parvient-il à lui dire. Adam lorgne du côté de sa nourriture, nourriture en abondance dont il ne pouvait pas se sustenter. Le même regard va chercher les yeux du Handler et ravale sa salive, la bête a faim ; alors Rei prends deux morceaux de viande qu’il donne au médicomage. Prends, mange, partage. Ce sont ce que ses yeux lui hurlent lorsque leurs regards se croisent à nouveau, parlent d’un langage silencieux et instinctif. Pas un merci, juste la prise sur sa nuque qui se resserre un peu plus l’espace d’un instant ; il le prendra dans ses bras ce soir, si Odin le veut.

Adam se redresse et ne peut s’empêcher d’en dévorer déjà un morceau, fourrant l’autre dans la poche de sa cape de sorcier, cape qui, une fois au cottage, disparaissait pour des habits moldus qu'il préférait et de loin.
Un léger hochement de tête et un regard appuyé en guise d’au-revoir avant que le visage de l’Alpha ne s’incline à nouveau vers la table, d’abord, puis le Handler, enfin.

Ce qui est à lui est à ses enfants. Ses enfants, à lui, c’est lui. Unifié.

Ce n’est pas lui qui ira le tuer ce soir, c’est certain. Il souffle, le cœur grisé, prêt à être réparé…

« Peut-être. »

Peut-être qu’il n’est pas si mort que ça, ce soir.

Peut-être qu’il y a encore un espoir.
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▼▲▼

« P’pa- », c’est très bas, glissé lentement, perdu entre le vent et les odeurs de grillade. T’l’entends pas vraiment, y a que quand Reinir sursaute qu’tu fais attention au gamin dans son dos. Ça sent toujours l’lait, c’genre de marmot à tes yeux. L’alpha avale sa bouchée et se tourne vers lui, et tu dois avouer qu’t’en perds pas une miette. Un « chalut » lui répond alors qu’tu croques dans ton burger une nouvelle fois, l’finissant enfin, formant une boule de papier de l’emballage. Il y a rien d’haineux dans tes yeux, il y a rien d’horrible. T’observes l’p’tit alors que Sam déboule avec l’restant de ta bouffe, tu lui lâches un vague « merci » dans un grognement habituel. Ta bouche revient prendre une aile de poulet fumante. « Je rentre. », qu’il glisse l’piot en courbant l’échine, en s’agenouillant au pied d’son père.

Ta langue passe sur ton doigt plein de graisse alors que tu les observes. Tu les lâches pas des yeux, t’as pas l’impression d’être un voyeur ou d’être extérieur. T’es juste curieux. P’tet un peu trop. Et y a un sourire qui s’effiloche, s’attache à tes lippes alors que les fronts se rencontrent, que les prises sont sur la nuque. T’sais qu’c’est un marmot et son paternel qui s’regardent, qui s’protégent, qui s’aiment. P’tet qu’c’est pas normal ou habituel pour d’autres, mais, toi, tu comprends ça. Qui d’mieux qu’un Crabbe peut envisager ça ? Ta famille a tellement été repoussée, mise au banc d’la société, qu’vous avez appris à vivre ensemble, appris à vous protéger. Que l’amour n’est certes pas tellement évident entre deux insultes mais qu’il est là. Il est toujours là et vous pouvez compter qu’les uns sur les autres. « Oui. », qu’souffle l’islandais alors que t’avales un morceau de viande goulûment, impatiemment. Un grondement appréciateur se fait entendre alors qu’tu vois les yeux du petit d’Reinir se déplacer vers la viande crue d’son chef. Les yeux de ton limier croise les tiens, tu comprends sans qu’y ait un mot à souffler ; les ventres grognent, la famine mâchouille les entrailles, menacent d’les faire dérailler, valser. Reinir a sûrement rien à leur coller dans les gamelles et tu juges pas quand il attrape deux morceaux et les fourre dans les mains d’son gamin. Et puis pas un mot, le silence hurle ses vérités alors que les mains se resserrent sur les nuques. Tu lis, au fond, des yeux sombres combien il les aime, combien c’est eux qui le maintiennent en vie. C’est la famille qui fait battre son cœur.

Et l’louveteau part, t’es silencieux, t’observes, t’enregistres. T’apprends. Y a juste un sourire, fin, qui se détache sans aucun mot, quand il bouffe précipitamment le morceau de viande et que l’aurevoir s’échange. Et peu à peu, tu retrouves les yeux de Reinir. C’est étrange comme ils sont soudainement moins vides. « Peut-être. » « Huh ? Et tu sors de ta léthargie, assemblant les morceaux, glissant un : ah bha ouai, t’es pas mort. Et d’c’qu’j’vois t’as tes petits qui t’attendent. Une autre gorgée d’alcool, un reniflement et t’essuies ta bouche du dos de ta main. J’pense qu’on s’remet jamais vraiment d’la mort d’un des notres. J’pense qu’ils ont b’soin de toi. C’est à la force d’un chef qu’on mesure la force d’un clan. C’est c’qu’t’as toujours pensé, réalisé : ta mère est forte, elle vous a rendu forts. Elle vous a rendu affamé d’regagner c’qu’on vous avait volé. T’viens ? On va prendre une douche ? Tu proposes simplement, tranquillement. Et pourtant, tu vas jusqu’à Sam, tu lui glisses un truc. Il fronce les sourcils, semble dire que non et puis il s’incline. T’as l’air content. Et tu reviens vers ton alpha : j’ai demandé à c’qu’il mette des trucs d’côté. » Un haussement d’épaule, c’est tout, y a rien d’autres à dire en vrai. Tu l’as sûrement un peu menacé pour qu’il plie. Et t’attires Reinir avec toi pour aller vers les douches. Ton pas est calme, lent et t’enlèves l’uniforme en arrivant dans ces espèces de douche commune. Y a pas d’pudeur qui soit d’vant les collègues, t’as appris ça y a longtemps, y a un moment. Tu dévoiles la marque qui longe ton avant-bras, le corps lourd et piqué de cicatrices, de muscles anguleux. C’est pas beau, t’es pas beau, t’sais bien. T’ne as jamais fait tout un cirque, y a des trucs qui sont juste ainsi.

T’entres sans manière, actionnant le jet d’eau chaude qui glisse sur ton corps, décrit les reliefs. Ça lave le sang sur ta gueule, coulant doucement dans le siphon. « Viens là, tu glisses au loup, c’est un peu brusque alors qu’tu repousses tes cheveux trempés et qu’tu saisis un gel douche fraises des bois en arquant un sourcil. On va sentir la meuf, t’en lâches un rire, amusé alors que tu presses sur le truc et qu’tu chopes ton alpha pour lui frotter l’dos, la nuque. Tout c’qu’au fond, il peut pas atteindre. Et dans l’intimité de la douche, t’as un mot plus bas : Tes p’tits … ils bouffent quoi ? » Parc’qu’tu te doutes qu’Reinir est pas l’seul à avoir les hanches creusées, la gueule baveuse sous un manque de tout, mais surtout de chaire fraiche.

Et y a soudainement, un brin d’humanité en toi. Y a les mots qui reviennent : pas sous ma garde.
Il ne mourra pas. Il ne mourra pas tant qu’tu l’auras pas accepté, décidé.


CODAGE PAR AMATIS

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« Huh ? » l’Alpha colle ses lèvres sales au métal glacé de sa cannette et commence à descendre son contenu, n’écoutant que d’une oreille ce que Crabbe était en train de lui servir. « Ah………………pas………. Et……… petits…………-dent. » l’animal ramène sa main et le contenant vidé contre la table parsemée d’os, expulse l’air par le nez bouche close, l’estomac ayant été réapprovisionné un soupçon trop rapidement. Rien de bien élégant mais tout ce qui avait de plus naturel.
Le regard encore un peu perdu, fixé à un morceau de tissu qui couvrait l’épaule de son comparse, la voix de velours se remet à secouer son monde ; et là, pour sûr, il entend.

« J’pense qu’on s’remet jamais vraiment d’la mort d’un des notres. Dans son esprit, l’animal au crin d’encre se dresse sur ses pattes et bande les muscles - l’humain quant à lui referme sa main pleine en un poing, broyant le contenant dans un son désagréable. J’pense qu’ils ont b’soin de toi. » il ne sait pas comment il sait, mais il sait. Reinir est persuadé qu’il lit dans ses pensées à ce moment précis et ça ne lui plaît pas. Ça le met en garde, aussi. Méfiance de quelques instants, paranoïa latente. Ils n’étaient pas morts. Ils n’étaient pas morts comme lui est mort. L’odeur lui revient en mémoire, dans les narines, autant de parfums qui se dissipent avec le temps, les troubles de la mémoire. Ça lui fait peur d’oublier ça, et en même temps…

En même temps il ne veut pas qu’il parle d’eux, il n’a pas le droit. Pas comme ça. Il ne les connaît pas. Il ne le connaît pas… pas encore. Le tympan de l’Alpha se met à siffler et son cou créée un angle plus aigu, il grogne dans sa barbe, il grogne sur personne, ou peut-être contre tout le monde : il y a trop de choses qui remontent et il ne veut pas l’entendre, il ne veut pas comprendre.

Alors c’est lorsqu’il est en train de se frotter la tempe frénétiquement que Crabbe s’adresse à nouveau à lui, le tirant de son puits de soufre. « T’viens ? ………………douche ? » se décrasser à l’eau claire tu veux dire ? Bien sûr, même s’il aurait apprécié que les siens lui lèchent le visage pour goûter les restes, il ne sait plus si cela vaudrait grand chose à ce stade. En réalité, il ne pense pas. Du tout. Ah ! Enfin. Le sifflet de coucou ménopausé a cessé au creux de son oreille.

L’islandais aurait pu continuer à vider tous les râteliers mais force est de constater qu’il n’agissait même plus en étant parfaitement conscient. Avait-il faim ? Avait-il soif ? Il ne sait pas, alors il se lève comme une furie, à la verticale, et cette fois-là, l’écho de son siège qui s’étale au sol est bien présent. Leo n’est pas à côté, il lui revient, d’ailleurs le fantôme bleu électrique manque de se cogner contre lui, comme s’il pensait pouvoir lui passer au travers. « J’ai demandé à c’qu’il mette des trucs d’côté. » bah, il n’a pas comprit, Rei n’a pas comprit, non, alors il lui emboîte le pas, sans pour autant savoir vraiment où il va. Leo le rattrape en une enjambée - c’est qu’il est grand, bien plus grand qu’il ne sera jamais, en réalité - et ils progressent ; les néons sont à lui en faire tourner la tête, mais il continue avec ses papillons noirs et bleus plein la vue, et c’est là que le bât blesse.

Quand l’air devient plus humide et chaud, le réflexe quoique moins énergique qu’à l’accoutumée lui revient, il ôte alors sa cape souillée, manque de faire tomber ses lunettes et les garde d’une branche en bouche alors qu’il ôte le reste, jusqu’au kilt écossais qu’il avait caché derrière tous ces atours. L’animal est pâle, creusé mais bel et bien vivant, chaud, ou peut-être tiède, on ne sait pas trop.

Sous les jets qui lui saturent l’ouïe plus qu’autre chose, il passe ses doigts, se glisse en-dessous d’un mouvement souple, presque reptilien. Les résidus de sang et d’autres morceaux organiques non identifiés se détachent, peu à peu, disparaissent dans ce qu’il a toujours appelé « l’œil du cyclone ».

La vapeur d’eau se lève assez vite et c’est presque aussitôt que le loup se perd dans la contemplation des particules, des particules qui brillent de mille feux, telles des lucioles, frappées par la lumière des plafonniers. En même temps, il fait passer deux de ses doigts - main abîmée, rescapée, brûlée au chaudron - sous le jet, ça le chatouille, son esprit s’en va, ou plutôt se concentre là et nulle part ailleurs.

Quand son « Viens là, on va sentir la meuf, » résonne, c’est brusque, ça le surprend, Rei pivote en grognant sèchement, l’empêchant de lui mettre cet espèce d’immondice sur le dos. Ça sentait fort, trop fort, ses enfants allaient le fuir et inversement. Il en fait une grimace mémorable, le nez froncé alors que sa tête est prise de légères secousses qui témoignaient de son inconfort. Rei ne tenait pas tant que ça à finir par se rouler dans le foin de la grange pour essayer de faire disparaître ces empreintes parfumées abominables.

Il lui fait un geste de la main pour lui dire de virer ça et accepte que Leo aille lui décrasser le dos d’une main sans savon, il l’avait bien comprit. Premier compromis.

« Tes p’tits … ils bouffent quoi ? » qu’il lui demande en frottant. Doux Tyr, ça sent encore fort, trop fort, Reinir se frotte le visage de toutes ses forces pour essayer de retirer cet espèce d’odeur dont il s’imprègne malgré lui. Il râle en crachant des mots islandais, ce n’était même pas des jurons — les traductions exactes étaient plutôt abracadabrantes, partant de « tomate », faisant un détour par « vaisselle rouge » et finissant sa course sur deux noms d’oiseaux, dont le pivert.
« Hmpf. » est la seule réponse qu’il lui offre, tout son cerveau est occupé, saturé ; d’abord l’eau, le bruit qui tapent, la buée, l’odeur, forte et fruitée, puis la main sur son dos, qu’il guette malgré son silence, qu’il mesure sans voir, alors c’est assez rapide c’est vrai, il lui offre une vingtaine de secondes, peut-être tente, déjà bien longues.

Puis il se retire d’un geste d’épaule, d’un pas et d’un regard lancé, lourd de sens, d’intensité. « Je rentre, » lâche t-il sous le bruit de l’eau qui coule, écho d’Adam. Le garçon se tire de la flotte, va chercher de quoi s’éponger rapidement la couenne, secouant ses cheveux dans tous les sens comme un clébard. « Je rentre… » répète t-il encore une fois alors qu’il renfile son kilt, sous l’œil encore présent de Leo. Il fallait qu’il rentre. Il fallait qu’il soit auprès d’eux. Au cas où la mort reviendrait. Au cas où ils seraient en danger.
Juste, rentrer.
Maintenant.
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