BIENVENUE SUR SMOKE & MIRRORS. Un forum Harry Potter alternatif qui diverge du canon à partir du tome 5 où Harry est capturé par les Death Eaters lors de la bataille du Département des Mystères. L'action se situe 12 ans après, en 2008, dans un Royaume-Uni gouverné par Lord Voldemort.

Le forum a pour but d'être collaboratif et possède donc un système de collaboration participative où tous les membres peuvent proposer des nouvelles annexes, évènements, voire même des idées de personnages pour les futur.es joueur.euses !

Malgré son contexte sombre et mature, SM, c'est une communauté qui aime le drama et les rebondissements et qui a un Discord très actif sous l'égide du safe space et de la communauté bienveillante. Qu'attendez-vous pour nous rejoindre ?
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 The disappointment of being Ernest

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Ernest James Macmillan
“You have always told me it was Ernest. I have introduced you to every one as Ernest. You answer to the name of Ernest. You look as if your name was Ernest. You are the most earnest-looking person I ever saw in my life. It is perfectly absurd your saying that your name isn't Ernest.”

 
Egon
âge » Vingt-six de vie réelle et dix ans de confinement.  NOPE  fréquence de connexion » En continu merci le confinement.  I SAID NO  comment t'as connu le forum ? » J'ai toujours été là.  NOPE  I SAID NO  NOPE  avatar » Josh O’Connor  🅱  mon personnage est » [x] un personnage extrêmement important et remarquable de la saga Ernest Macmillan par J. K. Rowling.

NEW ORDER
nom prénom(s)  » Monsieur Dougal Macmillan a très certainement regretté d’avoir appelé son fils Ernest. Un regret parmi bien d’autres, me direz-vous. Il est vrai que lorsqu’il s’agit de son fils, M. Macmillan Senior a une longue liste de contentieux à régler avec l’homme qu’il fût. Notamment ce premier prénom, initialement une idée de sa femme, qui avait peut-être cherché à lui envoyer un message lorsqu’elle avait prétendu donner à son fils la plus importante qualité que puisse avoir un homme. Deuxième regret en lui donnant le nom de son propre père, James, un nom d’homme digne, comme il le disait lui-même. Malheureusement pour lui, son fils se trouva bien trop proche de ces qualités qu’on avait voulu lui inculquer au berceau. Trop honnête, Ernest, trop franc, trop digne. En un mot : insupportable. Et si on pardonna au petit garçon ses turbulences de justicier, il est évident aujourd’hui qu’en période de guerre un homme doit savoir s’adapter à la société dans laquelle il vit. Il a donc été expliqué très clairement au jeune Ernest que s’il voulait garder le privilège d’être un Macmillan, il allait falloir sacrifier un petit peu de son prénom au profit de cette subtilité si étrangère.

surnom(s)  » Ernest a toujours été de ces garçons que l’ont surnommait tendrement. Affublé d’un prénom trop lourd et sérieux pour un bébé, on lui donna du Ernie à chaque moment de sa vie de bébé et de petit garçon, pour le faire gazouiller et rigoler. Puis l’animal se mit à parler et grandir. Et le surnom, d’abord destiné à raccourcir ce qui n’était pourtant pas bien long se révéla être la meilleure arme pour juguler l’égo du petit aristocrate. Si sa mère l’utilisait encore tendrement (bien qu’avec fatigue), Dougal Macmillan avait clairement en tête l’idée de ramener à sa place ce minuscule lui-même qui essayait de lui expliquer comment parler à son épouse. Plus tard, on ridiculisa le premier de classe de ce sobriquet mignon afin de calmer ses ardeurs de Préfet en puissance (plus tard en acte). Tout le monde pouvait remarquer, à la première discussion, qu’Ernest avait un prénom trop grand pour lui, qu’il lui montait à la tête, et qu’il fallait le détendre un peu si on voulait le rendre un peu sympathique. Ce fut avec la même logique qu’on le surnomma (contre son gré)  Jerboa à l’Ordre (lui voulait Diligent ou Merlin), pour ces petites bestioles aux grandes oreilles qu’on peut croiser dans le désert. Une véritable tradition s’est ainsi construite autour des surnoms d’Ernest pour le ramener un peu à la réalité. Sa femme, Emilia, n’a pas manqué de suivre ses prédécesseurs et c’est un mépris particulièrement prégnant qu’elle surnomme son mari Ernie lorsqu’il s’agit de lui faire comprendre qu’il ne sait pas ce dont il parle, et de la laisser faire.

date de naissance » Il y a vingt-six ans Ernest découvrait la vie au côté de ses parents, dans la demeure familiale en Écosse, premier garçon et dernier enfant d’un couple très occupé. Puis, exactement cinq mois après ce 1er mai 1980, son épouse faisait son entrée triomphante à Durmstrang, ou elle brillera comme lui n’y parviendra jamais. Ernest est pourtant loin d’être dépourvu d’intelligence et il est vrai qu’il peut dégager un certain charisme les rares jours où il sait quoi faire de ses grandes mains. Malheureusement il a onze ans, onze immenses années de retard sur la femme qui dirige à présent son existence. Il aurait essayé tout ce temps de rattraper son regard avec son travail et son sérieux, ses efforts mal adaptés et mal mesurés. Il grandit pressé, Ernest, pressé de grandir et de vieillir, persuadé alors qu’il cherchait à rattraper son père. Ignorant qu’il tenterait bientôt désespérément de la rattraper elle. Comme si en remontant le temps il pourrait enfin devenir véritablement adulte et finalement libre.

origines & nationalité  » Dougal Macmillan n’a jamais compris pourquoi son fils a préféré apprendre le suédois plutôt que l’allemand alors que leur famille venait de là. Encore une histoire de rune. Ou alors l’instinct primaire que son fils en viendrait à haïr l’Allemagne de ses origines. Ernest ne comprend pas la langue de son épouse et si cela l’empêche de savoir comment elle l’insulte tout bas ou ce qu’elle dit aux membres de sa famille, cela lui épargne aussi des discussions auxquelles il ne veut pas participer. Ernest n’est pas un homme d’origine ou de culture ancestrale, son Écosse natale n’éveille rien de particulier en lui. Et si cela n’avait pas été pour son nom de famille, on l’aurait très certainement pris pour le plus anglais et le plus coincé de tous les aristocrates du territoire, et ce rien qu’à son accent.

pureté du sang  » Avec son privilège accroché à sa face, ses manières de prince et son joli costume sur-mesure il s’est dressé comme protecteur volontaire et motivé de ces pauvres êtres propulsés dans son monde. Honorable Ernest, trop content de tout expliquer à Justin même si un peu écœuré d’avoir des moins bonnes notes que Granger. Et cette bonne volonté a duré longtemps, jusqu’à l’Armée de Dumbledore, et l’Ordre du Phénix, trop content de faire ce qui est bon et juste. Et puis un jour on lui a expliqué qu’il devrait être pur à la maison ou déshonoré dans les égouts. Alors il a choisi la maison.

métier/études  » À la complète incompréhension de son père, Ernest a toujours aimé étudier. D’abord accroché à sa radio puis à ses livres et enfin ses manuels, l’apprentissage le passionne et lui permet de se sentir compétent et utile. À travers ce monde-là, il se lia avec Hannah, Justin et bien d’autres. Réussir ses études à Hogwarts fut la meilleure expérience de sa modeste existence. Il rêvait alors de poursuivre dans cette voie, de passer sa vie à étudier et à chercher, et il deviendrait runiste. De fait, il suivit ses études de runes pendant plusieurs années, jusqu’en 2002, jusqu’à ce qu’on pose le non. Jusqu’à ce qu’on le marie et qu’il faille se rendre à l’évidence : chercheur en runes ça ne paye pas. Alors il a profité de son double cursus et est devenu psychomage. Il avait alors étudié l’utilisation des runes en psychomagie pour aider les grands traumatisés magiques mais se retrouve à écouter des riches se plaindre de leurs pauvres malheurs avant de leur filer ou une deux babioles gravées afin de les aider à se concentrer.

orientation & état civil  » Si beaucoup d’adolescents ont pu utiliser la pratique pour expérimenter avec leurs premiers émois hormonaux, Ernest a dû se contenter de ses nombreux échecs. Avant de se considérer comme attiré par les hommes ou les femmes, il a dû se rendre à l’évidence qu’il était surtout jugé peu attirant par les uns et par les autres. Est-ce les oreilles, l’absence de subtilité, la tendance à corriger tous ceux qui se trompent ou à commenter des choses un peu trop évidentes ? Peut-être, aussi, son goût malheureux pour les personnes flamboyantes et charismatiques, les plus éloignées de lui et, en plus, les moins susceptibles d’être attirées par lui. Ses expériences réelles sont donc vagues avant 2002 et bien peu agréables depuis 2002. À ses vingt-deux ans, Ernest s’est retrouvé l’heureux mari d’Emilia Von Bäume, son aînée de onze ans en expérience, vie adulte, capacité d’organisation et bien d’autres qualités qui lui manquent cruellement sitôt qu’on le compare à elle. La vie conjugale, si elle améliore sa docilité ne convient pas forcément à son épanouissement. Avec la naissance de son fils, Richard, suite à trois années douloureuses de vie commune, il pensait être au moins un peu libéré. Aujourd’hui, en plus de devoir faire le deuil de son premier et seul enfant, il tremble en songeant qu’il faudrait potentiellement en avoir un second.

camp  » Ernest a longtemps été connu comme le mec un peu trop droit dans ses bottes. Oui oui, Ernest, on a compris, l’égalité entre les peuples, l’honneur avant tout, il faut suivre ses principes et ne jamais laisser l’autorité bla, bla, bla. Rapide à juger (un certain Potter pourrait préciser d’un « trop rapide »), il s’est rapidement impliqué dans l’Armée de Dumbledore quand ses BUSES étaient en jeux, puis dans  l’ordre du phoenix quand la société sorcière a commencé à prendre des coups à son tour. Il est resté Jerboa jusqu’en 2002, jusqu’à ce qu’il ne doive un faire choix, abandonner ses idéaux ou quitter la société. Il a choisi d’abandonner son gallion de l’Ordre afin de retourner dans les rangs, épouser Emilia, lui faire un fils, abandonner ses rêves de doctorat pour devenir psychomage. Il n’a jamais été aussi peu certain d’un de ses choix.

baguette  » Ernest fait partie de ces honorables sorciers qui n’ont et n’ont jamais eu qu’une baguette, délivrée par Ollivander lui-même, parfaitement adaptée à lui, une amie chère et agile qui le sort de toutes les situations. Il est donc accompagné d’une baguette en bois de frêne, vingt-deux centimètres, souple, plume de phoenix. Une baguette parfaitement normale pour un sorcier affreusement normal.

patronus  » Lorsqu’il a fait sortir la première fois son patronus de sa baguette à la Salle sur Demande, entre Justin et Hannah, Ernest s’est explicitement demandé pourquoi il avait pris la forme d’un sanglier. Se voyant comme un homme de distinction et d’éducation, il ne voyait pas le rapport entre cet animal énervé et violent et sa propre personne. On a fini par lui faire remarquer que la bestiole avait sa subtilité et sa détermination (ainsi que ses oreilles). Il est donc évident qu’en ce temps où Ernest n’ose plus rien dire ni faire, l’animal de fumée blanche soit particulièrement complexe à émettre.

épouvantard  » Ernest n’a jamais été effrayé des bêtes ou des monstres. Il ne se laisse pas dévorer par l’angoisse de voir ses proches mourir. Certains diraient qu’il n’a pas assez d’imagination pour cela. Sa plus grande peur prend forcément la forme de la personne qui le bride, qui l’enferme et l’empêche d’atteindre ses objectifs. Longtemps cela a été son père. Depuis quelques années c’est devenu son épouse, avec l’angoisse supplémentaire de devoir forcer une relation maritale avec une personne qui l’effraie.

particularité(s)  » S’il y a des grands hommes, ces hommes sont runistes. C’est ainsi qu’Ernest voit le monde. Les articles les plus savants et les plus complexes, les vérités les plus profondes ont été proférées par des runistes. L’étude des runes étant l’étude de la langue et du sens, alors elle étudie profondément la vie et l’esprit, interroge l’existence en tant que pensée et permet de débloquer le véritable sens et source de la magie. Ernest a longtemps imaginé qu’il avait été créé en ce monde pour découvrir cette vérité. Pas parce qu’il serait plus intelligent ou compétent que les autres mais parce qu’il serait, lui, uniquement nourri et motivé par cette recherche primaire. Qu’on lui ait déconseillé cette voie et qu’on ait critiqué son objectif n’a longtemps fait qu’alimenter sa passion. Jusqu’à ce qu’on parvienne enfin à abattre son enthousiasme après l’obtention de son premier certificat en runes sous la direction de l’éminent Dr. Alden Harris. Le premier certificat en psychomagie runique, qu’il aurait voulu doubler avec quelques années centrées sur la linguistique runique. Il aurait dû passer une dizaine d’années sur une triade de thèses multi-disciplinaires qui auraient alors permis de révolutionner le regard de la société sur les runes. Il serait, ainsi, devenu un de ces grands hommes qu’il respecte et qu’il aspire à être. Aujourd’hui, lorsqu’il se regarde, il s’étonne de cet hubris qu’il avait pu avoir alors. Résoudre l’origine de la magie, rien que ça ?
Au cours de ses études, il a été assez facile pour un garçon comme Ernest de justifier l’apprentissage de l’occlumancie. C’est, après tout, un outil particulièrement utile pour ordonner ses pensées, traiter ses traumatismes. La plus haute forme de concentration qu’il soit afin de pouvoir utiliser efficacement les runes. À l’aide de l’occlumancie il apprend à ses patients à trier, organiser et traiter les pensées afin d’éviter les traumatismes, notamment magiques, qui peuvent provoquer tant de dommages chez les sorciers. Il est aussi extrêmement utile de pouvoir dissimuler ses secrets lorsqu’on écoute la vie intime de beaucoup de puissants alors même qu’on a passé tant d’années au sein de l’Ordre.

pensieve

§ Il a été convenu entre différents groupes de personnes aux diverses étapes de la vie d’Ernest que celui en faisait trop. Comme s’il lui manquait un frein pour parvenir à s’arrêter quand il commençait à faire quelque chose. Si Ernest se qualifie lui-même comme un homme investi, sérieux et appliqué, on a trouvé dans son dos d’autres qualificatifs pour son comportement : tête-à-claque, rabat-joie, gros lourd et autres enculeur de mouches.
§ Ernest n’a jamais été un garçon adroit, plutôt du genre embarrassé de son propre corps, à se dévorer les ongles et les lèvres avant de gesticuler dans tous les sens pour essayer de s’exprimer. Il a d’abord eu des expressions exagérées, des yeux qui s’écarquillaient et des rires trop forts et trop longs que son père ne supportait pas. Tout a été corrigé. À force de dressage et de remontrances, Ernest a fini par comprendre les positions et attitudes à suivre en bonne société. Il a donc le dos excessivement droit, les mains caricaturalement sages et les sourires figés de l’homme trop poli qui ne sait pas se détendre. On peut parfois voir son corps se tendre, en divers endroits, comme des spasmes qui viendraient secouer la statue avant de se faire refouler. Il faut surprendre Ernest quand il croit être seul, parfaitement seul, pour commencer à comprendre ce que son père a soigneusement effacé. .
§ Ernest a été un enfant maladroit et un adolescent très gênant. Déjà peu gâté par la taille de ses oreilles, il a été attaqué par une combinaison d’acné et de croissance traitre, le transformant en tête énorme sur corps fluets aux longs membres maladroits. Jugé universellement peu attirant à l’époque même où il développait une attirance sur toutes les personnes inaccessibles qu’il pouvait croiser, il a bien évidement développé un profond doute sur sa capacité à plaire ou charmer qui que ce soit.  Bien qu’il se soit amélioré avec la fin de l’adolescence et ait repris un peu plus confiance en lui en rejoignant l’Ordre, ces efforts ont été sauvagement abattus par son mariage. Continuellement écrasé par le charisme et la compétence de son épouse qu’il l’effraie, il a bien du mal à se considérer comme autre chose qu’un mari dont la mission reproductrice le font vomir sitôt qu’il y pense trop. Obligé de se droguer pour visiter son épouse, il avait connu le répit à la découverte de sa grossesse. Aujourd’hui qu’ils se retrouvent de nouveau sans enfant, il craint le jour où il devra travailler à remplacer le bébé perdu.
§  Ernest avait de grands projets, des projets très spécifiques et ciblés mais des grands projets tout de même. Nuls enfant ou épouse prévus initialement mais des années et des années dédiées à la recherche runique. D’abord fasciné par les jolis dessins dans les livres interdits, il a fini par véritablement s’intéresser à cette langue, une langue magique au sens propre du terme, qui permettrait (à ses yeux) une communication véritable avec la magie intérieure d’un sorcier. La force magique d’un sorcier étant profondément influencée par sa psychologie, il a très vite après Poudlard centré ses études sur cet immense projet de résoudre, tout simplement, la psyche humain. Avant cela, il a commencé par un essai sur une Analyse synchronique et pragmatique des dérives lexicales runiques au sein de la communauté sorcière isolée en Magerøya au 13e siècle. Un travail encore cité par ses pairs aujourd’hui, notamment grâce à la supervision et la collaboration de son maître et directeur de recherche, le Professeur Alden Harris. Sous son influence et ses conseils, Ernest prépara les recherches qui lui permettront d’obtenir le certificat en runes qui aurait dû lui amener à une thèse. Il a ainsi travaillé en parallèle sur l’Altération de la sémiotique runique : pour un constructivisme linguistique dans la composition des glyphes modernes et la Absurdité dans le psycho-traumatisme et utilisation des glyphes constructionnels : soutien logique et mémoriel pour le traitement des distorsions cognitives et magiques. Bien qu’il ait achevé avec brio ces deux travaux et ainsi obtenu son certificat en rune et psychomagie, il a été forcé d’abandonner ses projets de recherche et de thèse pour se dédier à une vie de psychomage. Il tente depuis la naissance de son fils de préparer en parallèle de son travail une thèse (dont le titre reste encore secret pour les risques évidents de plagiat) mais les derniers événements ont clairement ralenti ses efforts.
§ Après le kidnapping de son fils d’un peu plus d’un an, Ernest a tenté de récupérer le bébé avec l’aide sa famille. Il a malheureusement échoué et a même été sévèrement blessé lors de l’altercation avec les ravisseurs. Victime de sorts de confusion croisés et contradictoires, il a subi une profonde perturbation de ses repères physiques et logiques. Après un mois et demi à Ste-Mangouste il est sorti depuis peu mais utilise encore une canne pour se déplacer. Il lui est encore difficile d’effectuer des sorts précis et complexes. Son travail reposant heureusement grandement sur la discussion et l’utilisation d’artefacts runiques, il peut le reprendre sans trop de problèmes.


Dernière édition par Ernest Macmillan le Sam 18 Avr - 11:36, édité 4 fois
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The Incongruity of His Son

“Every woman becomes their mother. That's their tragedy. And no man becomes his. That's his tragedy.”
1984 — Demeure Macmillan
C’était Eugenia qui avait proposé qu’on achète au gosse une radio pour sa première expérience magique. Dougal, depuis son canapé et derrière son journal, n’avait rien trouvé à redire sur le moment. Que le petit récupère donc une radio, ça l’occupera. Eugenia pensait que ça lui calmerait un peu l’envie d’apprendre à lire, parce que ses parents n’avaient ni le temps ni l’envie de lui apprendre, et que ça n’allait pas être l’elfe de maison Poppy qui allait lui donner cours ! Ah ! Mais oui, qu’on lui prenne une radio, si ça pouvait le faire se taire un peu et s’intéresser au journalisme, ça rendrait sa mère heureuse et Dougal aurait enfin la paix. Déjà, le père Macmillan avait l’impression de ne pas vraiment être capable de comprendre son fils. Sûrement qu’avec les années ça irait. Les petits garçons sans frères et sœurs, c’est toujours un peu bizarre. Lui, par exemple, n’a jamais été comme ça.
Dougal Macmillan se considérait un homme calme et mesuré. Certes peu enclin à laisser parler les cons et les incompétents mais globalement magnanime. Cela aidait d’avoir le charisme et l’aisance sociale, l’argent et l’influence, le nom et la réputation. On ne résistait pas à Dougal Macmillan. Il n’avait donc jamais, d’aucune façon, pu imaginer qu’il puisse se retrouver à avoir des problèmes d’autorité avec son propre fils. Les problèmes jusque là sous-jacents et évités par la globale absence de Dougal et l’habituelle docilité d’Ernest se retrouvèrent cristallisés autour de cette petite, toute petite radio pour enfant, à la lanière de cuir que le garçon aimait mettre au travers de son torse pour pouvoir écouter ses émissions partout où il allait. Dans sa chambre, dans le jardin, aux toilettes et, bien sûr, à table ce dimanche matin pour le petit-déjeuner. Et allumée, avec ça. Une putain d’émission sur les demi-guises comme si on avait besoin de ça.
Ernest range-moi ça s’il te plait, on est à table, lâcha le père Macmillan sans même prendre la peine de regarder son fils.
Il y eut un petit bruit sur sa droite, sans que la radio ne s’éteigne et sans que son fils ne bouge. On était en train d’expliquer à son fils comment chasser les demi-guises pour faire des capes d’invisibilité. Et on avait pas besoin de ça non, Ernest qui voulait une cape pour le rendre invisible, c’était la promesse de gros problèmes. Levant finalement le nez de son journal, Dougal jeta un regard à son fils à travers la table. Celui-ci ne le regardait même pas, et fixait la radio tout en soufflant sur son chocolat.
Ernest, qu’est-ce que je viens de dire ? lança-t-il plus sèchement encore, attendant que son fils tremble et se corriger.
La réponse qu’il reçut ne fut pas celle qu’il attendait.
Je l’ai rangée Papa, elle est alignée avec les toasts et elle ne dérange personne.
Il rêvait ou son fils de quatre ans était en train de se foutre de sa gueule ?!
Rangée dans ta chambre, Ernest, pas sur la table ! Pas de radio quand on mange, c’est pourtant clair non ?
Mais Papa, je ne comprends pas, répondit son fils sans bouger, visiblement lui-même concentré pour ne pas dire les mots interdits comme « tu as tort » ou « ce n’est pas logique ». Tu es en train de lire ton journal, pourquoi je ne pourrais pas écouter la radio ?
Pourquoi tu… Parce que je suis ton père, Ernest ! Et que je veux lire mon journal en silence, et que je m’en fous de tes demi-guises ! Eugenia, enfin !
Désespéré, Dougal tenta de trouver assistance auprès de sa femme qui relisait elle-même un de ses articles en remuant son thé sûrement froid maintenant. Relevant à son tour les yeux et prenant conscience d’un regard de ce qu’il se passait, son mari et son fils en train de l’implorer du regard… On était bien. Elle choisit de répondre à son époux, d’une voix lasse :
Moi ça ne me dérange pas, c’est ton problème mon chéri.
Et avec ça, Dougal était laissé seul contre l’ennemi. Un ennemi un peu déboussolé mais diablement résistant. Le petit garçon enchaîna, avec ces phrases trop construites pour un enfant de quatre ans et que Dougal détestait.
Mais Papa je ne comprends pas, vous avez dit que je n’avais pas le droit de lire et que la radio remplaçait. Si je n’ai pas le droit d’écouter la radio alors est-ce que j’ai le droit de-
NON Ernest tu es trop jeune et NON pas de radio !
Voilà, c’était bon, Dougal explosait. Un instant, on n’entendit plus la radio à cause de la voix qu’il portait plus fort et du poing qu’il assena sur la table pour enfin faire taire son fils.
Maman a dit qu’il fallait pas interrompre les-
Je m’en FOUS Ernest ! C’est fini, tu arrêtes de me répondre, discussion terminée. Tu éteins cette radio, tu la ranges dans ta chambre et tu reviens manger en SILENCE. Je suis clair ?
À la grande satisfaction d’un Dougal un peu essoufflé de ses cris, le garçon arrêta enfin de lui répondre. Sans bouger. Sans plus rien faire. Le gosse fixait maintenant son chocolat comme si son père allait oublier son existence. On entendait encore la radio bordel !
Ernest, je ne te vois pas bouger, fit-il remarquer d’un ton menaçant.
Toujours rien. Épuisé, il lança un autre regard vers sa femme qui lui fit juste signe que c’était sa merde, son problème. C’était sûr que si on n’essayait pas d’éduquer le gamin on avait moins de problèmes, hein ! Bon. Avec un long soupir énervé, Dougal referma et reposa son journal pour se lever.
Très bien, pas de petit-déjeuner alors.
Contournant la table, il éteignit enfin l’émission qui allait passer aux niffleurs. Attrapa la lanière de cuir, puis son fils, qui était encore assez petit pour qu’il puisse le soulever en le prenant au ventre. Le gamin ne résista toujours pas. Dougal détestait quand il jouait au mort comme ça. Ça marchait très certainement avec Eugenia. Saloperie.
Arrivé dans la chambre de son fils, il mit dix minutes avant de lui faire décrocher la mâchoire afin qu’il lui présente ses excuses. Pardon Papa d’avoir été insolent, je ne recommencerai pas et je n’apporterai plus la radio à table. Magnanime, Dougal l’autorisa à la garder éteinte sous sa chaise. Et le gamin ne reparla pas d’apprendre à lire avant ses six ans.
Lorsqu’il retourna à la salle à manger, le café de Dougal et sa femme et pourtant il se sentit satisfait d’avoir été capable d’améliorer un peu l’éducation de son fils.


1987 — Demeure Macmillan
ERNEST !
Il était de plus en plus courant d’entendre le prénom du fils unique de la famille Macmillan retentir avec la force d’une voix amplifiée par la magie. Et si, il y avait encore deux ans, Ernest se précipitait vers son père quand il l’entendait l’appeler, il avait fini par comprendre que les choses ne se passaient jamais bien dans ces cas-là. Et que si cela ne se passait pas forcément mieux quand il se cachait, au moins cela se passait-il plus tard. Cette fois-ci, comme les autres, Ernest préféra donc s’éclipser que se préciser dans les bras paternels.
Armé de son livre sur les runes (sa nouvelle obsession, comme disait avec irritation son père), il se dirigea vers le petit escalier en bois qui menait au grenier. Puisqu’il n’avait pas le droit d’y aller, alors son père ne viendrait pas l’y chercher, n’est-ce pas ? C’était là que le garçon se réfugiait dès qu’il désobéissait à ses parents : désobéir une fois c’était comme désobéir deux fois alors il groupait les méfaits pour grouper les punitions. Il avait bien fini par comprendre que les demandes de son père n’étaient pas raisonnées par la logique. De fait, Ernest ne comprenait jamais ce qu’il avait bien pu faire de mal. Il ne comprenait pas pourquoi il devait lire des livres avec des images et pas des gros manuels sur les runes. Certes, il ne comprenait pas tout mais il s’en fichait, lui il était là pour les images et les dessins. Et puis qu’est-ce qu’il y avait de mal à aller dans le grenier ? On n’avait voulu lui dire. Juste que ce n’était pas un endroit pour les enfants, que c’était sombre, et puis arrête de nous faire chier Ernest, reste dans ta chambre pour qu’on te retrouve.
Sauf qu’Ernest ne voulait pas qu’on le retrouve.
Alors il grimpa au grenier, se trouva un coin un peu moins sombre éclairé par une lucarne et se replongea dans son livre. Ses doigts suivaient parfois les lignes quand il prenait la peine de tenter de déchiffrer ce qu’il s’y trouvait. Le reste du temps, il trouvait juste les grands et beaux glyphes et il en retraçait tous les dessins par-dessus la page, puis dans la poussière, dans les autres livres nuls qu’on lui avait achetés (ça les rendait intéressant), les pages pour dessins dont il boudait les feutres colorés et bien sûr…
ERNEST VIENS ICI TOUT DE SUITE !
C’était étrange la manie de Papa d’appeler ainsi son fils en sachant qu’il ne viendrait pas. Si Ernest n’était pas venu avant, pourquoi viendrait-il après ? Au contraire, il s’enfonça encore plus dans son coin, rapprocha son livre de son torse, comme si on allait ainsi moins le remarquer depuis deux étages en-dessous. Bientôt son père lui dirait qu’il allait le regretter s’il fallait venir le chercher. Sauf qu’il le regrettait dans tous les cas. Pas comme si la punition allait lui échapper brusquement parce qu’il se montrait. Il n’avait même rien fait de mal.
Papa commençait à le chercher, il entendait ses pas lourds dans les couloirs et les escaliers, les portes qui claquent… Maman était encore partie. Dans un pays au nom trop long qu’Ernest avait oublié. Ernest préférait quand Maman était là. Il devait juste rester près de son bureau et elle se moquait qu’il fasse du bruit ou qu’il lise des livres pas-de-son-âge. Avec Papa c’était plus compliqué…
ERNEST SI JE TE TROUVE DANS LE GRENIER ÇA VA BARDER ! SORS D’ICI TOUT DE SUITE !
Oups. Papa avait triché. C’était pas juste d’utiliser la magie pour le trouver. Ernest se sentit grimacer et refermer doucement le livre. Il allait falloir être prêt. Les pas commençaient déjà à monter et il fallait cacher son trésor. Il le dissimula derrière une horloge de la famille de Maman, puis il se dissimula lui-même derrière un vieux canapé. Son père finit par surgir et à allumer la lumière avec sa baguette (c’était vraiment de la triche).
Ernest, tu empires ton cas. Sors tout de suite.
Non. Parce que plus tard c’était mieux que maintenant. Ernest resta caché. Il resta caché jusqu’à ce qu’on père le remarque et fonce sur lui. Là, il n’était plus caché donc il se précipita au plus loin de son père sans un mot ni un couinement.
Ernest c’est pas le moment de jouer !
Sauf que ce n’est pas un jeu. Ernest saute par-dessus une malle, lance des vieux manteaux sur son père, bouscule un mannequin puis tente un sprint vers la sortie. Il est plus rapide que son père quand il le veut, il le sait. Parce que Papa fait que boire du café et lire le journal alors qu’Ernie lui passe sa journée à courir et à…
Il se souvient brusquement pourquoi Papa gagne toujours quand il se sent soudainement rejeté en arrière par une force invisible. La magie de Papa. Il crie finalement quand il se retrouve entre les mains de Papa. Il hurle mais s’il peut courir plus vite que Papa il ne peut pas crier plus fort que lui. On lui attrape l’oreille et on lui assomme le crâne en hurlant :
ARRÊTE DE TE FOUTRE DE MA GUEULE ERNEST.
Plus tard est devenu maintenant. L’engueulade va commencer. Ernest essaye de la bloquer parce qu’il ne peut pas tout gérer à la fois et que son père commence déjà à le tirer (toujours par l’oreille) hors du grenier. Puis plus bas. Et encore plus bas. Jusqu’à la salle de réception où Ernest a travaillé ce matin-là.
C’est quoi ce BORDEL Ernest ?
Comme d’habitude, Papa dit des choses fausses. Mais Ernest n’a pas le droit de dire que son père se trompe alors…
Ce n’est pas du bordel, le contredit-il quand même parce qu’il y a des questions auxquelles il ne peut pas répondre si on est incorrect. C’est des runes. C’est un glyphe, je l’ai lu dans un livre.
Tu l’as lu dans un… Ernest ! Qu’est-ce que ça fout sur le parquet ?!
Donc on parlait bien du glyphe. Ernest avait voulu le faire assez grand pour voir toutes les nuances et ça ne rentrait ni dans la poussière du grenier ni sur une feuille alors il a pris plusieurs feuilles et un peu de peinture et il a fait ça sur le parquet de la salle de réception. Et peut-être que sans faire exprès il a collé la table et les chaises au plafond. Elles prenaient de la place. Ernest tenta d’expliquer cela à Papa qui, vraiment, ne comprenait pas plus les explications de son fils que celui-ci comprenait ses questions. Sauf que Papa, contrairement à Ernest, pouvait tordre l’oreille qu’il tirait toujours. (Papa est bien trop grand pour qu’Ernest puisse attraper son oreille. Il a déjà essayé quand Papa était sur le canapé et ça ne s’est pas très bien fini.)
Tu te fous de ma gueule Ernest ? Et tu t’es pas dit que ça allait déranger quelqu’un ?!
Maman a dit que je pouvais dessiner tant que c’était sur des feuilles !
Des feuilles DANS TA CHAMBRE et UNE PAR UNE !
Ça on ne l’a pas précisé mais ok, ok, c’était le plaisir de tous les adultes de rajouter des règles comme ça au débotté et de te punir rétro-activement. Ernest rougit mais ne répondit pas.
On a des invités ce soir Ernest ! Je t’ai dit qu’Augusta et Neville venaient… Ils vont manger où ?  
Dans la salle à manger ?
Ernest n’avait jamais compris pourquoi il fallait changer de salle quand des invités venaient manger à la maison. Surtout deux personnes, dont un enfant de son âge, ils pouvaient tenir à deux sur une chaise. Papa sembla apprécier la proposition puisqu’il dit :
Mais bien sûr je suis sûr qu’Augusta Longbottom sera ravie de manger à deux pas de la cuisine ! Elle aura une vue imprenable sur notre elfe de maison comme ça !!
Ernest se sentit se détendre considérable à la remarque. Bon, c’était que tout n’était pas perdu, et peut-être qu’il ne serait pas trop puni.
Vraiment ? demanda-t-il quand même, puisqu’il arrivait souvent à son père de revenir étrangement sur ses propos.
BIEN SÛR QUE NON PAS VRAIMENT ERNEST !
Voilà. Encore perdu. La détente promise envolée, Ernie sentit des larmes lui monter aux yeux de comprendre qu’on lui avait encore menti. Et de savoir qu’il était censé comprendre à l’avance qu’on lui mentait n’avait absolument pas de sens pour lui. On tira encore son oreille, vers le sol, pour lui montrer de plus près les dessins qu’il se souvenait très bien d’avoir fait. Il savait qu’il allait devoir les retirer. Il savait que son père allait le lui demander. Et il savait aussi qu’il en serait incapable.
Ils arrivent dans une heure, tu as une demi-heure pour ranger tout ça et redescendre les meubles, c’est clair ?
Je peux pas, papa, je peux pas si je retirer les feuilles ça-
JE M’EN FOUS DE CE QUE ÇA FAIT ! Tu ne sais pas utiliser les runes, tu as SEPT ans Ernest tu ne-
ÇA VA BRISER LE GLYPHE !
NE M’INTERROMPTS PAS !
TOI TU LE FAIS !
J’AI LE DROIT JE SUIS TON PÈRE ! ET TU NE ME CRIES PAS DESSUS C’EST CLAIR ?
Non, pas clair du tout, mais Ernest parvint à retenir sa réponse en sentant ses larmes embuer dangereusement sa vision et obstruer sa gorge. C’était pas agréable de parler quand on pleurait. Papa prit cela comme une marque de soumission et réitéra son ordre :
Maintenant range-moi ça.
Le garçon refusa, agita la tête, non, non, non.
Range et tu gardes les dessins ou c’est moi qui le fait !
Toujours non. Ernest n’était pas capable de briser son glyphe. Pas possible. Il allait marcher, d’abord. D’ailleurs il commença à tirer son père vers le dessin. Dougal cria encore, Ernest tira plus fort encore mais son père ne bougea pas. Il voulait que son père et lui aillent à l’intérieur. S’ils se mettaient à l’intérieur ils se comprendraient, ils se comprendrait enfin et…
Il crut qu’il avait réussit quand il sentit la pression sur son oreille disparaître. Il tira plus fort son père qui ne bougea toujours pas. À la place, il saisit de nouveau sa baguette. Les yeux d’Ernest s’écarquillèrent d’horreur.
NON ! PAPA PAPA NON ! FAIS PAS ÇA T’AS PAS LE DROIT IL FAUT-
D’un simple coup de baguette, toutes les feuilles et la peinture disparurent. Un deuxième et les tables et les chaises revinrent au sol. Un troisième et elles furent bien rangées et alignées. Ernest, lui, n’avait pas arrêté de hurler. Il hurla malgré les menaces de son père. Il hurla, planté à sa place, après que Papa se soit lassé. Il hurla pendant qu’on préparait la table et à manger, hurla malgré Poppy qui essayait de l’attirer avec des gâteaux. Il hurla pendant que son père le portait jusqu’à sa chambre où il fut enfermé. Puni de repas, prit-on la peine de lui dire. Comme si cela faisait quoi que ce soit. On mit un sort de silence sur sa chambre et on dut dire à Augusta que le petit était malade. Ernest hurlait toujours.
Dougal Macmillan ne comprit jamais que son fils avait dessiné un glyphe permettant aux utilisateurs de comprendre leur langue respective. Même s’il l’avait compris, il n’aurait sûrement jamais fait le lien avec la crise de son fils ou la raison pour laquelle il avait voulu faire une telle chose. Encore une lubie ridicule. Quand il s’agissait de son fils, il ne comprenait vraiment rien.


Novembre 1994 — Hogwarts
Le Professeur Harris avait, deux jours auparavant, mis la première retenue de sa vie à Ernest James Macmillan. Et depuis deux jours, Ernest James Macmillan avait envie de mourir.
Une retenue, en runes, c’était absurde, c’était sa matière préférée. Lui, une retenue ? Quatre ans, quatre miraculeuses années sans retenue, sans punition, à peine quelques points retirés par an pour des maladresses ou des incompréhensions ridicules. Il était loin, le petit garçon qui criait sur son père et demandait toujours pourquoi sans jamais comprendre les réponses. Avec Papa, ils avaient beaucoup travaillé et on avait fini par effacer ces effronteries, ces maladresses, ou au moins les gommer assez pour que le garçon soit sortable. C’était qu’Ernest avait de l’ambition et des grands projets, il avait fini par comprendre que son cerveau ne fonctionnait pas exactement comme les autres et que si cela l’empêcherait sûrement d’avoir une vie normale au moins il pourrait l’exploiter pour vivre comme il le voulait. Des runes. L’obsession d’enfance était restée, parce qu’il avait fini par comprendre le sens de ces grands livres qu’il adorait et maintenant il apprenait vraiment, avec le Professeur Harris, à quel point il pourrait changer les choses grâce aux runes.
Mais voilà qu’il avait tout gâché.
Il ne deviendrait jamais préfet après ça. Monsieur Harris ne le voudrait jamais en disciple à la sortie d’Hogwarts après ça. Heureusement ni Justin ni Hannah ne faisait runes, ils n’avaient pas eu à assister à la scène. Ainsi pourraient-ils rester amis. Le pauvre adolescent était affligé depuis que c’était arrivé. Même Cédric Diggory était venu le voir pour lui demander ce qu’il se passait. Alors qu’il était débordé avec les épreuves du Tournois des Trois Sorciers ! Ernest, complètement subjugué, avait rougi jusqu’aux oreilles et au-delà, avait bafouillé quelques absurdités, n’avait pas su quoi répondre quand on lui demanda ce qu’il avait bien pu se passer. S’était définitivement déconstruit sur place quand Cédric Diggory lui-même lui avait touché l’épaule pour l’encourager. Et de ne pas hésiter s’il voulait lui parler. Ohmondieuohmondieuohmondieu. Rien que pour cette attention, Ernest avait eu un tout petit peu moins envie de mourir.
De fait, Justin et Hannah n’avaient pas l’air de vraiment trouver ça horrible. Ça avait même fait rire son meilleur ami.
Si t’arrives à répondre à Harris et à parler à Diggory, tu pourras peut-être enfin articuler trois mots devant Johnson !
La preuve que l’adolescent n’était vraiment pas bien puisqu’il ne prit même pas la peine de rire à la remarque de son ami. Ernest trouvait toujours hilarant qu’on puisse l’imaginer communiquer avec les nombreux crushs qu’il pouvait développer au cours de l’année (ou les garçons trop populaires pour lui, comme Diggory, qui lui faisaient des choses étranges au ventre). Le Macmillan était alors persuadé qu’il ne trouverait jamais personne qui accepterait de l’embrasser, et qu’il se marierait à ses runes. Difficilement de s’imaginer ressembler à son charismatique paternel quand on ressemblait à une gerboise avec un pif cassé, des boutons partout sur le visage et des membres qui avaient décidé de pousser avant le reste, laissant sa tête trop grosse dépasser d’un corps fluet et maladroit qu’il tentait de contrôler sans grand succès. Si on ajoutait les lunettes qu’il commençait à parfois mettre en cours et le fait qu’il soit absolument insupportable dès qu’il parvenait à parler…
Oui, normalement, Macmillan se retrouvait toujours à rire quand on évoquait la possibilité qu’il puisse avoir une petite copine.
Sur le moment, il était un peu trop occupé à tenter de survivre.
L’annonce de son trépas arriva finalement, deux jours après le méfait, sous la forme d’un deuxième année un peu perdu qui toqua à la porte de la salle de métamorphose où les quatrième années avaient cours. Il tenait un papier dans les mains. Un papier, Ernest le savait, avec son nom dessus.
Bonjour Madame McGonagall ! C’est Madame Chourave, elle voudrait voir… Ernest Macmillan dans son bureau s’il vous plait.
Toute la salle retint sa respiration. Quelqu’un, dans le fond, siffla. Ernest se retourna en même temps que la prof’ pour voir un groupe de serpentard ricaner. Herrare parmi eux. Ernest blanchit encore plus, une drôle de gêne au ventre, alors que McGonagall le pressait d’y aller.
Comme on se dirige à la potence, il se leva sans un regard pour ses amis qui lui envoyaient des mots d’encouragement. Tout le monde le regardait. Son acné devait ressortir encore plus avec son visage refroidit. Dans le couloir, il hésita à fuir. Fuir dans la Forêt Interdite, vivre d’herbes parmi les centaures, finir dévoré par des araignées géantes (il avait entendu les histoires). Malheureusement le deuxième année voulut l’accompagner (sûrement qu’il préférait marcher dans les couloirs après un futur cadavre que d’aller se présenter en cours de potion). Finalement, il se retrouva devant le bureau de Mme Chourave, un bureau qu’il connaissait plus pour y avoir reçu des félicitations que des…

Papa était là, sur le siège où trônait habituellement son fils. Il se tourna à son entrée, leur regard se croisèrent un instant, puis Ernest le baissa très vite. C’était bon, il était mort.
Bonjour Ernest, installe-toi donc. Ton père a souhaité venir en personne après ce qu’il s’est passé avant-hier. Nous sommes tous les deux ici pour parler avec toi et comprendre la situation.
Le Professeur Chourave souriait mais pas Papa, Ernest non plus, il s’écroula sur la chaise plus qu’il ne s’y assit. Il se tordait les mains d’angoisse et commençait à enfoncer ses ongles dans sa chair quand il sentit une petit tape sur sa cuisse, qui venait de son père, son père qui le fusillait du regard.
Tiens-toi droit, on est pas dans ta salle commune ici. Et explique nous ce qu’il s’est passé maintenant.
Si sa directrice de maison avait certainement visualisé un rendez-vous de bienveillance et de douceur autour du bon élève qui avait craqué une fois, M. Macmillan ne l’entendait certainement pas ainsi. Entraîné à obéir à cette voix, il trouva la position qu’il fallait toujours adopter dans cette situation : dos collé au dossier, mains sur les genoux, doigts légèrement écartés, nuque droite mais regard légèrement baissé. Ne pas se mordre les lèvres. Et quand on te parle, Ernest, essaye de regarder les gens dans les yeux.
Ce que ton père veut dire, Ernest, c’est que nous sommes tous les deux surpris, n’est-ce pas ? De ce comportement et que nous voudrions… ta version des faits.
Le regard de Dougal Macmillan était clair sur ce qu’il avait véritablement voulu dire mais ne dit rien. Ernest non plus. La professeure de botanique non plus. Il y a eu un charmant petit silence, que le père finit par rompre :
Bon, on va y passer mille ans, Ernest, tu sais que j’ai du travail. Y a un rapport du professeur, je peux très bien lire ça et ce sera bon. Moi je vais me contenter d’une question. Tu as vraiment été insolent en classe ?
Après la résolution de la mort était venu la dure réalité qu’il devrait au contraire traverser cette épreuve. Parler à son père. Et, surtout, affronter sa déception. Après un regard vers la Professeure Chourave, Ernest lutta contre le mur qui se formait devant ses lèvres pour répondre comme il le pouvait :
Je… J’ai dérapé, je suis désolé Papa, je sais que j’ai promis et je suis désolé mais-
Que s’est-il passé ?
Nous voulons juste comprendre, Ernest. Ton père m’a expliqué que tu pouvais être impertinent plus jeune mais nous n’avons jamais eu ça à Hogwarts, nous cherchons à comprendre. Le professeur Harris aurait-il… dit quelque chose qui t’ai blessé ?
Ernest se sentit rougir. Il savait que l’on disait que M. Harris pouvait être dur. Sévère. Voire méchant avec certains élèves peu qualifiés qui tentaient tout de même de suivre son cours clairement de haut niveau. Mais pas avec Ernest. Non, Ernest était bon élève, sérieux, intelligent, respectueux il ne…
Ernest, ta directrice te pose une question.
Clairement, M. Macmillan était le moins gêné de la pièce. Et Ernest était le plus habitué aux tons graves et menaçants de son paternel.
Je… J’ai… Ma camarade, Hermione Granger, proposait une réponse aux Professeur Harris et j’avais… une autre opinion, sur la question. Nous avons commencé à débattre, et je me suis… un peu… enflammé. Alors quand M. Harris nous a interrompu je… J’ai…
Dis-moi ce que tu as dit, Ernest.
Il baissa définitivement les yeux pour fixer ses mains qui n’avaient pas bougé. Très bas, un peu trop vite, il lâcha finalement :
Qu’il n’avait pas le droit de nous empêcher de parler, que de toute manière il était toujours d’accord avec Granger et jamais avec moi et que c’était injuste de me parler comme ça alors que j’étais celui qui faisait le plus d’effort dans sa classe.
Son père eut un vaste mouvement du bras avant de se masser les tempes, rejeté en arrière, des soupirs plein les lèvres, à grommeler le prénom de son fils avec lassitude. Mme Chourave profita de la presqu’accalmie pour intervenir :
Et regrettes-tu ce comportement, Ernest ?
O-Oui ! Je ne voulais pas, je n’aurais jamais dû lui parler comme cela, c’est absolument de ma faute et je suis prêt à accepter ma punition.
Nous pourrions peut-être organiser une petite réunion avec Miss Granger ? Pour calmer les choses ?
Ernest refusa d’abord d’un mouvement de tête, puis devant le regard de son père finit par accepter. Celui-ci reprit finalement la parole, en parlant cette fois-ci à la professeure, d’une voix bien plus douce et polie que celle qu’il avait utilisé pour son fils :
Je vous remercie beaucoup d’être là pour mon fils, Madame. Voyez-vous Ernest a des facilités non-négligeables, et se croit parfois tout permis lorsque des adultes lui parlent. Je voulais me déplacer pour vous assurer que nous n’acceptons pas ce genre de comportement et que nous serons au côté de l’équipe éducative si ce genre d’incident devait à se répéter. Il est évident qu’Ernest sera privé de sortie à Pré-au-Lard jusqu’à la fin de l’année et qu’il devra rentrer durant les vacances d’hiver à la maison.
Rentrer pour les vacances, c’était ne pas assister au Bal de Yule. Quelque part, tout au fond, Ernest se sentit rassuré de ne plus avoir à se ridiculiser en essuyant les refus d’éventuelles partenaires. Pré-au-Lard, par contre… Il ne se défendit pas, cependant, et laissa plutôt Mme Chourave clore la discussion avec un peu de gêne mais sans contredire le père d’élève. Ernest pensait la chose enfin terminée mais non, alors que son père se  levait et serrait la main de Mme Chourave, il demanda avec un sourire poli :
Je voudrais d’ailleurs pouvoir m’entretenir aussi avec ce M. Harris. Pourriez-vous m’indiquer son bureau ?
S’il ne s’y était pas un peu attendu, quelque part, Ernest aurait certainement éclaté en sanglots en comprenant que la torture n’était pas terminée.

Sur le trajet pour le bureau de son professeur favori, ils croisèrent plusieurs élèves de son année qui le regardèrent passer, lui et son père. Ils ne ressemblaient pas, pas du tout, et Ernest se demandait ce qu’ils pouvaient bien imaginer. À quelques mètres de la porte, la main de son père le saisit par le bras. Le couloir était désert, la pression put s’accentuer jusqu’à faire mal Ernest, et le forcer à regarder Papa.
Qu’est-ce que j’avais dit sur l’insolence, Ernest ?
D’a- D’arrêter, papa…
Pourquoi faut-il toujours que je passe derrière toi ? Pourquoi tu n’es pas capable de te tenir quand on te parle, hm ? Tu peux avoir toutes les bonnes notes que tu veux mon fils, si tu t’énerves toujours quand on te reprend, tu feras pas long feu dans le monde réel.
C’était de ces leçons où il ne valait mieux pas répliquer. Ernest hocha juste la tête et laissa son père en rajouter durant quelques phrases encore. Puis on toqua à la porte du bureau, faisant émerger un Professeur Harris très sérieux mais un peu surpris, qui pris la main que Dougal lui tendit en remarquant en retard le grand dadais d’Ernest qui se tenait à côté, honteux et rouge.
Bonjour, Monsieur Harris, je suis Monsieur Dougal Macmillan, le père d’Ernest. Je voulais vous parler de l’incident d’avant-hier, je suis venu dès que j’ai pu.  
Ernest remarqua la lumière dans les yeux de son professeur. Peut-être imaginait-il que son père allait le défendre et exiger qu’on refuse la punition. Ah. On les fit entrer mais son père refusa un siège, prétendit que cela serait rapide. Il lui fallait vite rentrer à cause du travail.
Je sors du bureau de sa directrice de maison, avec qui nous avons déjà abordé le sujet. Je voulais vous assurer mon soutien dans cette histoire, mon fils a eu un comportement absolument inapproprié, et il recevra sa punition, et même le double, avec volonté et humilité. N’est-ce pas Ernest ?
Le garçon hocha la tête et bafouilla des excuses sous le regard sévère de son père et un peu abasourdi de son professeur.
Mon fils peut oublier parfois où se trouve l’autorité et je voulais vous remercier de l’avoir ainsi repris dans ses erreurs, je sais que certains professeurs lui pardonnent trop pour ses réussites scolaires. Soyez assuré qu’il sera doublement puni de notre côté, de sorte que la situation ne se reproduise pas. N’est-ce pas Ernest ?
Encore un accord maladroit, avant qu’on le pousse à présenter une énième fois ses excuses plates et profondes. Son père vérifia ensuite qu’il serait toujours accepté en runes, même s’il pourrait parfaitement comprendre que ce ne soit pas possible. Ernest respira un peu mieux quand on leur confirma qu’il pourrait toujours venir et serait traité comme les autres. Son père aimait bien, quand on disait qu’on allait le traiter comme les autres. Sans faveurs. Très bien. C’est ce qu’il faut pour les former, ces gosses.
Après ça, il y eu le retour extrêmement gênant où Ernest raccompagna son père jusqu’à la grille de Poudlard, vers Pré-au-Lard. Il eut, sur le chemin, droit à de nouvelles remarques, des remontrances, et que s’il reprenait ce comportement il ne mériterait même pas de recevoir son badge de Préfet l’année suivante, si cela devait arriver. De fait, Dougal lui promit de s’y opposer à toute nouvelle incartade dans l’année.
Oui papa, bien papa, bien sûr papa, tu as raison papa.
Des phrases bien rodées et comme ancrées dans son cerveau, de sorte que quand on lui dit finalement au revoir, il manqua de peu de répondre un énième oui papa.
Bonne soirée papa, désolé du dérangement. On se revoit en décembre.
Et là, finalement, il y eut un peu de douceurs sur les traits de son père. Un léger sourire et une main qui vint lui caresser les cheveux. Ernest pouvait voir que son père était rassuré, derrière son énervement. Qu’il n’était pas redevenu comme avant. Qu’il ne l’avait donc pas complètement déçu.


juin 1998 — Demeure Macmillan
Ernest était tellement fatigué.
Il aurait voulu pouvoir dormir durant le voyage en train jusqu’à King’s Cross mais c’était son dernier, tout dernier voyage, et il ne pouvait pas simplement se coucher alors qu’il y avait tant de gens qu’il ne reverrait peut-être jamais. Beaucoup de familles allaient tenter de s’enfuir à la faveur des vacances scolaires, au détour d’un voyage en Europe, d’autres allaient peut-être rejoindre l’Ordre ou disparaître mystérieusement. Tout était possible à présent. Il y avait dans l’air l’étrange impression d’être la dernière génération d’un monde sorcier en disparition, d’être les derniers témoins d’un autre temps. Ils étaient de ceux qui avaient grandi dans la période de paix apportée par Harry Potter, et qui maintenant voyaient leur vie détruite par sa disparition.
L’Armée de Dumbledore avait pris toute l’énergie d’Ernest durant l’année. Protéger les plus jeunes, tenter d’épargner les plus visés par les Carrows, accomplir les quelques missions transmises par l’Ordre, dont chercher le diadème… (Pour une raison qui échappait encore complètement à Ernest mais au moins l’avaient-ils trouvé, malgré le prix à payer.) Et à côté il avait fallu continuer à suivre les cours. Préparer ses ASPICs, bien sûr. C’était comme d’avoir deux corps et deux cerveaux, tous deux obsédés par une chose très précise et incapables de penser à autre chose. Ernest n’était pas fait pour ces dédoublements, s’oubliait déjà trop quand une chose l’obsédait. Dormir, cette année, avait été un sport complexe et rare, étalé sur la journée, calculé, douloureux, parfois stérile. Le visage de Macmillan n’était plus que contractions douloureuses, cernes interminables, lèvres dévorées et cheveux défaits. Son père allait le tuer s’il voyait ce qu’il avait fait à ses ongles.
De manière générale, Ernest craignait de rentrer chez lui pour la confrontation avec son père qui s’en suivrait. Inévitable, il le savait. Pendant que lui avait passé l’année à résister contre le mal qui étouffait son école, son père avait évincé son propre paternel de la direction de la Gazette pour prendre sa place. Chaque jour Ernest en avait lu les articles, de plus en plus écœuré de la tournures des phrases, et sachant très bien que son père n’était pas seulement en train d’excuser ces déviances mais d’y participer activement. Sa grande crainte était de rentrer et de voir le tatouage des mangemorts sur le bras de son père. Pour l’argent et la célébrité, Dougal Macmillan en serait capable.
Heureusement pour lui, son père n’était pas sur le quai quand le train arriva à destination. Seule sa mère, les traits presque aussi tirés que les siens, les doigts nerveux, à attendre qu’il finisse d’embrasser tous ses camarades. Même s’il en manquait, il en manquait trop. Il manquait Justin, depuis longtemps maintenant, et cette absence-là était certainement plus complexe à gérer que les autres.
Pour la première fois en plusieurs années, sa mère ouvrit les bras en le voyant la rejoindre. Il se réfugia contre elle sans vraiment comprendre ce qui lui arrivait. S’accrocha à son corps presque aussi frêle que le sien, enfouit son visage dans sa nuque, s’oublia un instant dans cette étrange odeur rassurante d’enfance qui l’entourait à présent.
Je ne savais pas que tu étais de retour, maman.
Depuis hier, ils ont annulé mon enquête en Irlande.
Et papa ?
Encore au travail.
Ernest serra plus fort sa mère contre lui avant de la lâcher. C’était la première fois que son père ne venait pas le chercher à la fin de l’année. La première fois qu’il ne passait pas le voyage retour à répondre à ses questions sévères sur le déroulé de l’année et ses notes. Sa mère, elle, était bien plus détendue et le taquina même quand ils abordèrent le stress des ASPICs. Mais bien sûr que tu vas les réussir mon chéri, quelle idée. Un instant, il regretta un peu de ne pas avoir son père qui stresse avec lui et s’énerve à l’idée de devoir encore attendre. Il y avait quelque chose de dérangeant dans le rire de sa mère quand elle lui assurait qu’il aurait forcément Optimal en Runes. Comme si ce n’était pas grave. Comme s’il ne risquait pas son avenir sur cette note. M. Harris avait été clair, il ne considérerait même pas la possibilité de suivre les articles d’un étudiant qui n’avait pas eu Optimal et… Il fallait qu’il arrête de penser à M. Harris. Il avait des frissons dès qu’il l’imaginait à la Damocles et des envies de meurtre au souvenir des cours de runes qu’il avait eu cette année-là.

Arrivé chez lui, il n’eut pas eu le temps de réclamer cette sieste pourtant bien méritée. Il fut facile de laisser sa mère au rez-de-chaussée, peu intéressée qu’elle était finalement de ses histoires creuses d’école. La vie était bien plus grave que cela à présent. Une fois dans sa chambre, il retrouva la cachette d’enfance où il avait auparavant dissimulé ses livres de runes. Cette fois-ci cependant il la renforça de divers sortilèges afin de pouvoir dissimuler tous les objets que son père ne devait pas trouver. Tous les témoignages de sa participation à l’Armée de Dumbledore et, bientôt, à l’Ordre. Il lui faudrait trouver une excuse pour s’éclipser dans quelques jours, rejoindre Grimmaud, rejoindre officiellement la résistance et retrouver tous les amis qui avaient dû quitter l’école dans l’année. Il envoya plusieurs messages à l’aide du Gallion à cet effet, et le temps qu’il finisse cela Poppy toquait déjà à sa porte pour lui dire que le repas était prêt. Et que son père était rentré.
Il le trouva à sa place, dans la salle à manger, un café à ses côtés et son propre journal entre les mains. Il plissait les yeux en lisant comme s’il y cherchait des coquilles ou des erreurs qu’il pourrait faire remonter aux responsables afin de les virer. Il avait vieilli, son père. Il lui semblait moins grand, aussi, comme ça, plus fatigué par la vie. Comme dix ans auparavant, il leva à peine le nez de son article en invitant son fils à s’asseoir. Maman l’avait prévenu : son père était fatigué, très occupé, la vie n’était pas simple depuis… Depuis. Ernest eut cependant droit, au cours du repas, aux questions réglementaires sur ses ASPICs et sur son futur. Encore une fois, on tenta de le dissuader de poursuivre ses études en runes, d’arrêter cette fixette peu lucrative et de rejoindre l’équipe de la Gazette. Et encore une fois, Ernest marchanda quelques années pour leur prouver qu’il pourrait faire quelque chose en recherche, qu’il pourrait vraiment réussir et apporter bien plus au monde qu’en écrivant des articles sur les nouveaux magasins qui ouvraient au Chemin de Traverse.
La critique ne lui valut qu’un sourcil froncé de la part de son père. Effectivement, il devait être fatigué. Sûrement moins attentif aussi, et Ernest se sentit un instant plus à l’aise à l’idée qu’on ne ferait peut-être pas trop attention à lui. L’espoir dura jusqu’à la fin du repas. Il était prêt à partir et à enfin trouver le repas quand la voix grave de son père l’arrêta :
Ernest, installe-toi à côté de moi s’il te plait. Nous devons parler.
Le jeune Macmillan eut un temps d’arrêt, manqua de prétendre devoir écrire une lettre en toute urgence mais devant le regard de son père dut reconnaître qu’il était encore trop bien formé, trop obéissant, pour même tenter de filer. Il se rassit donc en espérant au moins que ce serait rapide.
Oui Papa ?
T’inquiète pas, ce sera rapide. Pour une fois, Ernest, on va parler d’homme à homme. Tu es majeur, tu auras bientôt ton diplôme, je ne suis techniquement plus obligé de te nourrir, te loger, payer tes études, et tout ce bazar.
C’était faux, mais Ernest avait appris à ne pas contredire son père depuis son enfance.
Quel est le problème, Papa ?
Sa question eut le mérite de faire rire Dougal.
Le problème tu sais très bien ce qu’il est. On est dans la merde, Ernest, la famille n’est pas forcément dans la meilleure des positions actuellement, on fait ce qu’on peut avec ta mère mais si on veut rester là où on est, il va falloir faire des sacrifices.
Ernest n’était pas sûr d’apprécier l’intonation que mit son père dans le dernier mot.
Une famille, Ernest, et d’autant plus une famille comme la nôtre, n’est pas juste un amas de personnes qui partagent leur sang. C’est une union, un front commun, pour faire perdurer cette famille. Et maintenant que tu es adulte, on ne peut plus te laisser faire ce que tu veux avec tes copains quand papa et maman ont le dos tourné.
Dougal attendit une réponse qui ne vint pas. Ernest sentait tout son corps se refroidir en comprenant que son père savait, ou se doutait, ce qu’il avait pu faire cette année. Et ce qu’il était bien déterminé à continuer de faire. Il ne répondrait pas, parce qu’il voulait nier que cette discussion avait lieu.
Ernest, si tu veux devenir chercheur en runes, il va falloir te concentrer seulement et uniquement sur tes études, c’est clair ? Si je soutiens ce projet, si j’accepte que tu poursuives tes études dans ce sens, c’est contre la promesse, ta promesse, que tu ne feras pas de connerie à la fin des cours, c’est clair ?
Je ne fais jamais de connerie, esquiva Ernest comme à son habitude.
Ernest, gronda son père en retour. Je veux ta promesse, ici est maintenant, que tu ne rejoindras pas l’Ordre ou que tu le quitteras si c’est déjà fait. Si tu veux continuer à faire partie de cette famille, si tu veux continuer tes études et, tout simplement, rester en vie, il va falloir que tu me promettes, d’accord ? Il attendit encore un peu mais son fils ne faisait que le regarder avec de grands yeux paniqués. Si tu me désobéis, Ernest, je ne serai pas capable de te protéger. Et tu mettras toute ta famille en péril.
Ernest détestait mentir. Il en avait même été très longtemps incapable. C’était son père, paradoxalement, qui lui avait le premier appris à contourner la vérité. Toutes les fois où Ernest avait dû laisser dire des bêtises, où il avait tordu la réalité pour ne pas vexer quelqu’un ou pour suivre ce prétendu « respect » qui lui interdisait de répondre aux figures d’autorité. L’Armée de Dumbledore avait fini cet apprentissage douloureux, où entre ronds de jambes et fuite il avait bien dû plusieurs fois véritablement mentir pour survivre. Il avait même reçu une formation pour gérer les effets du Veritaserum en cas de force majeur. Il fallut puiser dans tout cela pour parvenir à sortir cet horrible mensonge, cette immense fausseté à l’homme qui l’avait construit :
Bien sûr papa, je te le promets. Je ne rejoindrai pas l’Ordre.  
Le profond soulagement qui vieillit un instant les traits de son pauvre père fatigué lui fit physiquement mal. Il allait passer une autre année extrêmement fatiguante.


Dernière édition par Ernest Macmillan le Lun 13 Avr - 20:01, édité 8 fois
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Children begin by loving their parents; as they grow older they judge them; sometimes they forgive them.
mars 2002 — Wolverhampton & Demeure Macmillan
T’es sûr qu’il t’a pas vu ? demanda Sohan dès qu’ils arrivèrent à Wolverhampton.
J’en suis certain, Sohan, on a transplané avant qu’il ne me remarque, lâcha Ernest avec un soupir fatigué.
En quatre ans, Ernest avait appris à mentir. C’était incroyable comme la chose devenait aisée lorsqu’on s’aliénait du besoin d’être vrai et que les mots coïncident avec la réalité. Parfois, il se surprenait à marmonner pour lui-même la vérité pour tenter de calmer son cerveau parfois en déroute. Ainsi, lorsqu’il assura une deuxième fois son partenaire de l’Ordre qu’il n’avait pas été remarqué, il dut se retenir de préciser que c’était absolument faux et que le passant l’avait absolument vu juste avant de transplaner, après une mission trop longue où le polynectar avait fini par passer, alors qu’il avait enfin retrouvé Sohan pour revenir au QG et faire leur rapport.
Inutile de stresser, tu peux me faire confiance.
Je te promets, il nous a vu et on a des embrouilles à cause de tes conneries, tu sais par où tu vas la bouffer ta confiance.
Ernest choisit de ricaner à cette remarque. Le fait était qu’il risquait plus, beaucoup plus que Sohan si on l’avait effectivement repéré. Mais ce n’était pas grave, c’était sûrement un moldu, il serait légèrement perturbé pour la soirée puis retournerait à ses petites affaires. Il était tard, il était sûrement bourré, Ernest ne mentait pas vraiment quand il prétendait qu’on pouvait lui faire confiance.
Bon, aide-moi à ranger puis tu pourras retourner pioncer avec papa maman.
Tu sais que je ne dors pas avec eux j’espère, ce serait complètement inapproprié et-
Moins de connerie, plus de rangement Macmillan.
Ça le fit ricaner un peu, Macmillan, avant de s’aider de la magie pour ranger tout ce qu’ils avaient pu ramener à la base. Il avait fallu du temps avant qu’il soit capable de ricaner avec Sohan Moon. De fait, quand ils avaient appris qu’on les avait mis en duo pour l’approvisionnement du vendredi, ils avaient tous deux tiré une salle grimace. Sohan Moon était, en plus d’un cancre et d’un imbécile, un personnage assez violent et irréfléchi, un serpentard, au comportement souvent inapproprié. Son sarcasme et ses expressions approximatives avaient créé beaucoup d’incompréhensions et de conflits dans les premiers mois, avant que les deux caractères ne s’habituent l’un à l’autre, voire même se complètent. Ernest n’était pas sûr de pouvoir le qualifier comme étant son ami mais au moins pouvait-il rire en sa présence.
Un rire qui s’étrangla dans sa gorge et creva misérablement lorsque Herrera, Ethan Herrera, passa la tête par la porte pour dire un truc à Sohan. Ernest ne l’entendit pas. Il n’entendait plus rien et ne voulait plus rien voir non plus, baissa d’ailleurs les yeux et la tête pour tenter de dissimuler son visage et ses oreilles rouges. Ethan avait la capacité de se présenter devant lui, de parler, et même de lui parler, après ce qu’il s’était passé. Une erreur, une connerie, un dérapage ridicule pour remercier le runiste (presque diplômé !) d’avoir perfectionné ses lunettes de lecture. Ethan, Ernest l’avait compris plus tard, faisait ça avec tout le monde. Ernest avait longtemps cru que si on en venait un jour à l’embrasser, ce serait parce qu’on l’avait vraiment compris, parce qu’on l’estimait et qu’on le désirait au-delà de… de tout ce qu’il était. Heureusement pour lui, il était devenu assez regardable et supportable pour qu’Ethan Herrera en personne veuille de son cul pour un soir. Et un soir seulement. Quel con il avait été de…
Hey Macmillan ça va ? l’interrompit Sohan.
Ah, oui, oui, un coup de chaud, mentit encore Ernest.
On était en mars, mais l’imbécile ne sembla pas vouloir insister. Il l’incita juste à se bouger le fion et Ernest lui obéit, trop pressé de s’occuper pour cesser de penser à tout ce qu’il avait découvert avec Ethan pour ensuite se faire renvoyer avec un petit rire amusé. C’est pas contre toi Macmillan, qu’on lui a dit, mais je fais pas dans les trucs longs termes, ou qui se répètent. Compris. Message parfaitement reçu. Et Ernest a encore menti, vraiment il ne faisait plus que ça, en assurant à Ethan que c’était pas grave, et à la prochaine.
Il le détestait, se rendait-il compte maintenant. Et se détestait de se retrouver attiré par les pires débiles aux plus grands possibles juste à cause de beaux cheveux et de…
Tu finiras quand tu te réveilleras, Macmillan. À la semaine prochaine, moi j’ai fait ma part.
Et là-dessus Sohan le planta là. Sûrement parti retrouver Ethan. Peut-être qu’eux aussi ils avaient… faits des trucs (même dans sa tête, Ernest ne parvenait pas à mettre des mots précis sur ce qu’il s’était passé). Sauf que Sohan n’avait pas dû revenir le lendemain soir pour en redemander. Sohan était plus cool que ça. Il était assez mignon pour ne pas se sentir complètement renversé par l’idée qu’on puisse vouloir de lui. Sohan, il devait même avoir le choix, parfois, se permettre de choisir. Peut-être avait-il déjà eu le luxe de dire non à quelqu’un.
Ernest avait beau être devenu très bon en mensonge et avoir presque terminé son certificat avec une année d’avance, il continuait de se sentir petit et ridicule.

Avant de partir, il rendit visite à quelques personnes en évitant soigneusement ce satané Ethan qui semblait toujours se mettre dans son chemin sans jamais lui accorder le moindre regard. Puis il fallut rejoindre Londres, récupérer le programme du séminaire nocturne auquel il avait prétendu participer, puis commencer le chemin à pieds jusqu’à chez lui.
En quatre ans, il aimait à se dire qu’il avait grandi. Qu’il était presque un adulte, maintenant, et cela était vraiment grâce à l’Ordre et au Professeur Harris. Le premier lui permettait de vivre selon ses idéaux, de se sentir utile, d’être en lien avec des personnes qui partageaient ses valeurs tout en lui offrant un endroit où il pouvait se sentir accepté et intégré. Le deuxième lui offrait un cadre académique pour s’épanouir dans ce qu’il aimait. Après un essai pour une analyse synchronique et pragmatique des dérives lexicales de la communauté sorcière en Magerøya au 13e siècle, Ernest avait fait des découvertes incroyables sur les liens entre sociolinguistique, psychomagie et runes qui le poussaient depuis deux ans à suivre une triple formation en runes, linguistique runique et psychomagie spécialisation runique. C’était un miracle qu’il parvienne à trouver le temps de manger entre ces deux vies qu’il menait, toutes deux trop belles pour être vraies dans ce climat de guerre qu’il oubliait presque tant il était occupé.
La meilleure partie de sa vie, dernièrement, était très certainement le fait de ne presque plus croiser son père. Ils mangeaient très rarement ensemble, se croisaient à peine le matin, tous deux dans leur café et leur journal, de sorte qu’Ernest n’avait que peu d’efforts à fournir pour mentir à son père. Il se le rappelait chaque fois qu’il rentrait ainsi tard, le vendredi soir, alors que toute la maison était éteinte, sa mère déjà endormie et son père encore au travail. Sans rien allumer, il se fraya un chemin jusqu’à la cuisine pour boire un verre et piquer de quoi se remplir l’estomac. Étant un riche sang-pur, il ne se permettait jamais de manger à l’Ordre, quitte à rentrer affamé chez lui. Ce fut aussi discret qu’il pouvait l’être qu’il trouva son chemin vers l’escalier puis vers sa chambre. Vérifia tout de même que la lumière de la chambre de sa mère était bien éteinte, glissa vers sa chambre, ouvrit doucement la porte comme un adolescent qui a fait le mur, s’immisça dans la pièce, referma la porte. Expira profondément.
Croisa le regard de son père quand il alluma la lumière d’un coup de baguette.
Dougal Macmillan se tenait là, dans sa chambre, assis sur la chaise de son bureau, tournée vers la porte pour l’occasion. Entre ses mains posées sur ses genoux, il y avait sa baguette qui roulait doucement entre ses doigts. L’homme avait vieilli, en quatre ans. Quatre ans à vendre tout ce qu’il avait pu à l’autorité, à transformer son journal en véritable pamphlet pour le lord de peur qu’on le lui prenne. Ernest ne savait que trop bien les craintes qui tenaient son père éveillé. Qu’on leur retire le journal. Qu’on leur trouve un cousin sang-mêlé. Qu’un ennemi de la famille ne leur planque des objets moldus dans une maison secondaire avant de les dénoncer.
Que le fils unique et héritier de la branche principal ne rejoigne l’Ordre du Phoenix.
P-Papa ! Qu’est-ce que tu- tu fais là ?
Ernest bégayait plus souvent maintenant qu’il mentait. C’était que les informations étaient plus complexes à trouver quand on ne se contentait plus de suivre ce qui était vrai et correct. Son père, lui, malgré tous ses mensonges, ne bégayait jamais. Cette fois-ci, il ne détourna même pas le regard. Ne sembla pas cligner des yeux. Il avait vieilli, son Papa, et Ernest savait qu’une grosse, trop grosse partie de ses rides venaient de l’inquiétude qu’il lui causait.
Nous avions un marché, Ernest. D’homme à homme. Ma promesse contre la tienne.
La voix grave de Dougal remplit la pièce et secoua les tripes de l’homme qui redevint brusquement un petit garçon grondé par son père. Il savait. Il savait mais- comment ? Et qu’est-ce que… Ernest ouvrit la bouche sans pouvoir articuler quoi que ce soit, figé sur place, horrifié de voir que ses mensonges et ses efforts n’avaient pas réellement créé une autre dimension où ses mensonges étaient vrais.
Tu as été repéré en train de transplaner avec un membre de l’ordre recherché, Ernest.
Tous les mensonges qu’il avait pu dire à Sohan revint lui tordre le ventre. Ernest n’arrivait toujours pas à parler, juste à fixer son père qui l’effrayait encore plus d’être aussi calme. Il grondait sans crier, occupait la pièce sans bouger, et Ernest pouvait sentir sa déception plus que son énervement lui faire mal au cœur.
Tu as de la chance, Ernest, beaucoup de chose que le témoin ait eu plus envie d’argent que de plaire au Lord. Il est venu à moi en premier, m’a demandé de l’argent, beaucoup d’argent, avant de me laisser effacer le souvenir de sa cervelle. Maintenant tu n’as plus qu’à espérer qu’il soit aussi con qu’il en a l’air et qu’il n’ait pas protégé le souvenir avec une pensine.
L’hyperventilation montait peu à peu pour occuper toute la tête d’Ernest. Son père avait payé pour lui. Son père l’avait protégé, malgré sa promesse. Son père avait un peu menti, un peu menti aussi.
Je- Je… Papa, je suis désolé… Je sais que j’ai promis mais je ne pouvais pas-
Il fut arrêté par la main de son père qui se dressa vers lui, vide sinon d’un ordre : qu’il se taise. Les vagues explications qu’il avait prévues se noyèrent de nouveau dans son souffle, de plus en plus erratique qu’il craignait de plus en plus la suite.
Je croyais vraiment que j’avais élevé un homme de parole, Ernest. Je croyais que je pouvais te faire confiance. Je vois maintenant que ce n’est pas le cas.
P-Papa je-
Tu as une seconde chance, Ernest. Tu peux partir maintenant, rejoindre ta résistance, je tenterai de dire que tu as été kidnappé par des camarades de classe. Cela ne nous évitera pas la honte mais nous aurons une chance de garder le journal. Je te laisserai le temps de trouver tes amis, puis je devrai te dénoncer et renier ton nom. Tu vivras sans famille et sans avenir. Mais tu vivras selon tes convictions, puisque c’est visiblement plus important que ta propre famille.
M-Mais Pa-
Ou bien tu restes. Tu restes vraiment, tu t’investis dans la famille qui est la tienne, selon nos règles et nos besoins. Tu oublies toute idée de t’opposer au régime et tu te concentres sur le fait de nous faire traverser tout ça.
Ernest se noyait dans sa gêne et sa sueur, dépassé par les événements et incapable de comprendre vraiment ce qui était en train de se passer. La première option lui semblait cependant absolument impossible à suivre. Malgré tout son désir de justice, se faire désavouer par son père, par le Professeur Harris, par la société entière ne lui semblait pas envisageable. Il avait trop vécu dans son confort et ses privilèges et avait trop lutté pour mériter la place qu’il occupait aujourd’hui. Ernest n’était pas un  homme capable de s’adapter ou de vivre dans le danger permanent, il le savait. Après de longues secondes de silence, il finit par comprendre que c’était à son tour de parler. Il lui fallut encore du temps avant de parvenir à articuler :
Ce serait quoi… les règles et les besoins ?
Il n’allait pas accepter un marché sans en connaître les tenants et les aboutissants. Et rien qu’en demandant cela, Dougal pouvait sentir qu’il avait à moitié gagné. Il connaissait son fils, il le connaissait très bien et il savait que c’était le moment de le plier à sa volonté.
Tu obtiens ton certificat mais après ça, pas de recherche. Tu prends un vrai travail, qui nous offre un avantage dans la société. Psychomage, ce sera parfait, et tu pourras toujours y bidouiller des runes. J’ai plusieurs amis qui pourraient avoir besoin de ton aide, cela te fera un début de clientèle fiable pour te construire un réseau.
Un-Un réseau de-
De sang-pur, bien entendu.
Mais- Mais je travaille sur les traumatismes et l’impact social sur la construction magique-
Tu leur trouveras des traumatismes, crois-moi. Et en plus de cela tu gagneras de l’argent en retrouvant ta place dans la société. Pour cela, tu vas devoir te marier et fonder une famille. Tu as vingt-deux ans maintenant, et avec la situation actuelle, un sang-pur ne peut pas se permettre de rester célibataire trop longtemps.
Me marier ? Mais qui voudrait-
Tu crois vraiment que les fiançailles entre grandes familles se font par un concours de popularité ? J’en ai déjà parlé à une famille allemande, les Von Bäume, ils sont proches de notre famille sans qu’il y ait mixité. Je voulais attendre la fin de l’année pour t’en parler, mais tu épouserais leur première fille, Emilia.
Ernest avait froid, très froid. Cela ne correspondait pas du tout à ce qu’il avait imaginé ou espéré. En même temps, avait-il vraiment le choix ? Plus son père parlait, plus il prenait conscience qu’il était coincé parce que jamais, jamais il n’oserait aller vivre avec les autres, avec Ethan et Sohan et tous les autres. Loin de tout, de la civilisation, de la chance d’avoir accès à une librairie fiable et un repas chaud deux fois par jour. Mais quand même…
Mais elle est vieille !
Ernest ! Elle a trente-trois ans arrête de faire l’enfant !
Dougal monta finalement le ton et saisit avec succès son fils en pleine faiblesse. En plein là où cela faisait mal. Ernest n’osa pas lui dire qu’il l’avait déjà croisée, cette femme-là, et qu’elle l’effrayait un peu. Elle et toute sa famille. Tous les alliés du Lord, en vérité, l’effrayait prodigieusement. Il n’était vraiment, vraiment pas fait pour la vie de fugitif.
C’est l’une des familles les plus en vue actuellement ! Cela rattrapera tous ceux qui connaissent tes affinités pour le Survivant et sauvegardera notre position à la Gazette. C’est déjà incroyable que j’ai pu organiser telle alliance.
Il y eut un silence, pendant lequel Dougal attendit une réplique ou une défense de son fils, qui ne  vint pas.
Alors ?!
Je… Je… Il faudrait que je puisse… réfléchir.
Parce que là, sous le regard de son père, l’odeur de l’Ordre encore sur ses vêtements, il se sentait incapable de réagir. Une heure à peine auparavant il rougissait de croire Ethan. Et là il se sentait froid, petit, minuscule devant son père qui n’avait pas eu à articuler qu’il l’avait déçu. Dougal, après l’avoir fixé un instant, se leva finalement. Le glas tomba d’une voix froide :
Tu as la nuit pour choisir. Si tu es présent au petit-déjeuner demain, c’est que tu as décidé de rester. Et ne t’inquiète pas, je n’ai rien dit à ta mère.
En quittant la pièce, Dougal ne souhaita pas la bonne nuit à son fils. Son fils n’articula pas un mot et se laissa juste s’écrouler sur son lit. Plutôt que de réfléchir à sa décision il passa sa nuit à pleurer, profondément et abondamment, parce qu’il se sentait tout simplement incapable de prendre la décision qu’il savait être la bonne.
Le lendemain, Eugenia Macmillan ne remarqua ni les yeux rouges de son fils ni l’irritation de son mari. Quand on lui annonça cependant les fiançailles d’Ernest, elle eut un profond soupir de soulagement.


Novembre 2003 — Restaurant sorcier

tw viol
Ernest ne se reconnaissait plus lorsqu’il se croisait dans le miroir, le matin.
Parfois, il était persuadé que le reflet bougeait sans lui, et dessinait un sourire qu’il ne ressentait plus. Ernest avait appris à mentir, à jouer la comédie, mais peut-être n’aurait-il dû jamais récupérer ces capacités. Chaque jour davantage il se sentait s’éloigner de lui-même et assister à sa propre vie depuis un cocon glacé où rien ne pouvait l’atteindre. Ce n’était pas lui qui embrassait sa femme au matin, passait devant les né-moldus rendus esclaves, riait aux horreurs de ses clients. Cet Ernest-là ne pouvait être lui puisqu’il commençait à haïr les runes et à ne plus supporter d’écouter la radio. Impuissant, il suivait les aventures d’un sosie qui aurait pris sa place pour devenir exactement ce que son père avait voulu de lui.
Sa relation avec Dougal n’avait jamais été aussi bonne depuis qu’Ernest s’était marié et était devenu un autre. Il avait toujours su qu’il lui faudrait se trahir au plus profond de lui-même pour enfin pouvoir parler la langue de son paternel. L’entendre le complimenter et le féliciter était malheureusement devenu une étrange drogue, comme un fuel qui lui permettait d’avancer dans cette vie étrange où il retenait ses paroles, réprimait ses pensées jusqu’à utiliser son occlumancie pour oublier toutes ces choses qui l’écartaient trop de lui-même. Les souvenirs de son père, dans ce flou constant, brillaient d’une précision qu’il soignait toujours. Ton père est fier de toi, Ernest, il aime ce que tu es devenu. Vous pouvez enfin parler autour d’un repas, tenir une discussion au restaurant et même rester pour un café. Vous évoquez les finances, la famille, tu peux prendre des airs sérieux en évoquant les diners auxquels tu participes.
Cette fois-ci encore ils partageaient un repas comme ils n’avaient jamais pu le faire tant qu’ils avaient vécu ensemble. Dougal semblait vraiment satisfait des efforts de son fils qui souriait et riait, n’hésitait pas à initier un contact visuel, commentait même les plats sans en trier le contenu.
Cela fait plaisir de te voir en bonne forme. Et Emilia, tout va bien ?
Ernest était entraîné et ne se laissa pas grimacer à l’évocation de son épouse. Emilia, en effet, allait bien. Chaque fois qu’elle allait trop bien Ernest s’inquiétait et se demandait ce qu’elle pouvait bien faire, si elle ruinait des vies, si elle l’humiliait quelque part. L’infidélité de sa femme lui semblait évidente, et même naturelle au vu de leur relation réelle. Parfois il priait qu’un autre lui fasse l’héritier qu’il se sentait bien incapable de produire mais jamais une femme qui avait placé un dictat sur leurs arbres généalogiques ne se laisserait aller à telle erreur. Quant à lui, lui aurait bien pu vouloir la tromper qu’il n’aurait pas su comment faire. L’époque où il parvenait à charmer l’occasionnelle résistante était bien loin de lui, la nuit avait Ethan une sorte de rêve absurde, et l’idée de tirer du plaisir au contact d’un autre être humain aurait pu le faire rire si on lui avait suggéré. Alors non, avec Emilia, tout n’allait pas bien. Mais il sourit tout de même :
Elle te transmet ses salutations, tout va bien. Les choses vont bien au travail de ce qu’elle me raconte.
Je vois… J’espère que vous prenez le temps de vous voir, même avec vos emplois du temps chargés. Ce n’est pas le travail qui fait une famille…
Dougal n’osa pas pousser plus loin la leçon et c’était pourtant déjà trop. Ernest avait envie de vomir le plat qu’il avait commencé. C’était son père qui, cette fois-ci, se comportait de façon inhabituelle. Jamais encore il n’avait osé faire pression sur la vie de couple de son fils. Il attendait d’Ernest qu’il prétende apprécier sa femme et la respecter, et son fils avait longtemps cru que cela lui suffirait pour un petit moment.
Ce- C’est… Incapable de blanchir ou de rougir, Ernest était certainement devenu vert de gêne et d’angoisse. Ce n’est pas le cas, Papa, ne t’inquiète pas.
Non, pas d’inquiétude à avoir. Une semaine par mois, Ernest était attendu dans la chambre de sa chère et tendre. Il s’y trainait comme il pouvait, souvent après une potion d’amour avec quelques gouttes d’aphrodisiaques. Pas trop puisqu’Emilia aurait trouvé suspect qu’il se trouve brusquement une passion dans son lit. Juste assez pour le sortir définitivement de son propre corps et de se regarder de loin approcher sa femme, l’embrasser, et se débrouiller comme il pouvait avec cette mission conjugale qui lui prenait malheureusement beaucoup trop de temps par rapport à ce qui était attendu. Il finissait souvent honteux et humilié, à ne pas savoir s’il pouvait ou non rester dormir, finalement allongé dans un bord du lit, recroquevillé et les larmes aux yeux, à compter les nuits avant la fin de la semaine fatidique. On l’avait prévenu que les potions diminueraient sa fertilité mais c’était ça ou ne pas être capable d’ouvrir la porte de la chambre. Alors oui, la chose prenait du temps.
Dougal, lui, ne devait même pas comprendre les réticences que pouvait avoir son fils pour une belle femme de sang-pur, compétente et charismatique. De fait, il n’avait jamais vraiment compris son fils et, dans le stress qui le prenait ce soir-là, il fut d’autant plus aveugle à sa gêne. Avec un sourire crispé qui rappela un instant Ernest, il enchaîna :
Bien, très bien, c’est important, tu sais, d’être en osmose… avec sa femme… Avec ta mère on ne se connaissait pas énormément avant le mariage, tu sais, mais nous avions moins de… différents politiques que vous.
Oulah. Son père abordait définitivement des sujets normalement interdits. Ernest se sentit se tendre sur sa chaise et avaler encore plus difficilement une nourriture déjà dure à mâcher (on sortait de la semaine de devoir conjugal et les potions avaient tendance à couper son appétit). Dougal, dans ces situations, avait souvent un discours plus ou moins préparé qu’il suivait plus ou moins bien. Tous les signes étaient là : il fixait son fils mais ses mains étaient nerveuses et sa mâchoire semblait se bloquer et se débloquer à chaque pause.
Ernest, si je t’ai invité ce soir c’est que j’ai reçu des… informations, sur quelque chose qui va avoir lieu ce soir. Enfin, qui a lieu en ce moment et qui est sûrement déjà terminé, en vérité.
Le sourire était parti et le psychomage respirait maintenant trop lourdement pour une activité physique inexistante. Sinon écouter son père, attende qu’il sorte le morceau, de façon sûrement trop brusque après une introduction trop longue.
Je voulais que tu l’apprennes de ma part. Et que tout le monde sache que tu étais avec moi ce soir. Mais on a trouvé le… repère de tes… amis.
Ernest avait froid, très froid.
L’annonce sera faite ce soir, dans une heure ou deux, mais je pense que les pertes seront sévères, pour l’ennemi.
L’ennemi c’était Hannah et Justin, Sohan et Ethan, tous les gens qu’Ernest avait essayé de sauver et d’aider et qu’il avait quitté sans rien dire et… Il prit conscience de ses poings serrés lorsque la main de son père vint se poser sur l’un des deux pour le caresser doucement. Sauf que lui-même était trop nerveux en attendant sa réaction. Ernest n’était même pas en état de relever l’incongruité de la situation.
Ernest, tu ne devras rien laisser paraître, quand ta belle-famille t’en parlera et… Ne rien tenter, ne pas essayer de les retrouver ou…
Voilà, les larmes coulaient à présent sur les joues d’Ernie, silencieuses et coupables, terriblement laides sur un visage soudain grimaçant de douleur. Il ne faisait pas de bruit cependant, se ramassait juste sur lui-même en remerciant leur coin isolé et l’absence de serveur dans les parages. Le véritable Ernest retrouvait un petit peu son cœur et cela faisait mal.
Ernest, je suis désolé, crois-moi je suis… J’aurais préféré… Mais promets-moi, Ernest, promets-moi de ne pas faire de conneries.
Ernest savait très bien ce que cela voulait dire, de ne pas faire de conneries. Il renifla finalement, un peu trop bruyamment, et il crut voir son père insonoriser leur table pour qu’on ne les regarde pas de travers. Pour qu’on ne se doute pas, non plus, de ce qui faisait ainsi craquer le nouveau psychomage de l’élite, petit homme discret et affable qu’on ne remarquait toujours que pour ses oreilles.
Finalement un sanglot échappa à Ernest, sous la forme de deux mots difficiles à prononcer mais inévitables :
Promis Papa.


25 décembre 2006 — Ste Mangouste
Ce Noël-là, Ernest ne le passa pas avec son épouse. Elle était avec sa famille et, lui, il était à l’hôpital.
Il ne le passa pas non plus avec son fils, puisque son fils était mort, puisqu’il n’avait pas pu le protéger. Cette année, il aurait pu déballer ses cadeaux tout seul, avec un peu d’aide. Avant qu’on ne le kidnappe, Ernest avait essayé de lui faire dire Papa mais n’avait eu que des gazouillis satisfaits en sa direction. Cela lui avait suffi. Cela lui suffirait encore.
Sa mère étant coincée il ne savait même plus où, elle ne pouvait pas être présente. Il ne restait que son père mais Dougal n’avait jamais été le genre de père à vraiment se soucier de Noël ou de Yule, plutôt à grogner contre les congés payés de ses employés. Ernest n’aurait jamais cru que son père serait avec lui pour le pire vingt-cinq décembre de son existence.
Et pourtant quand il se réveilla ce matin-là, son père était endormi sur la chaise à côté de son lit, affalé, encore en tenue de travail. Depuis cinq jours qu’Ernest était hospitalisé, la même scène le trouvait toujours au réveil. La chambre vide sinon son père qui avait dû rentrer dans la nuit, faisant fi de toute heure de visite, s’installant là et finissant par s’endormir. Au matin, ils se regardaient à peine, échangeaient quelques phrases, puis Dougal repartait au travail, laissant un fils abasourdi par les grands yeux inquiets et les phrases maladroites qu’on lui lâchait soudain.
Ernest ne savait pas véritablement comment prendre cette soudaine preuve d’affection. Quand sa femme n’était venue qu’une fois en cinq jours, pour lui dire que c’était bon, leur fils était enterré, il lui semblait absurde que son père soit là. Tout semblait absurde. Qu’il soit encore là, vivant, était absurde. Que son fils soit mort, aussi, n’avait pas vraiment de sens. Il essayait d’articuler sa tête autour de cette pensée mais rien ne venait. Son fils était un bébé, un petit rien du tout, même pas capable d’articuler un mot complet. Emelia le trouvait ralenti. L’avait trouvé ralenti. C’était rien, un bébé, qu’on le leur prenne était déjà dénué de sens. Qu’on le tue ? Sous ses yeux ? C’était absurde.
Il avait ressenti une absurdité similaire en découvrant sa propre affection pour la petite chose qui était sorti de sa femme. Il avait eu tant de mal à le faire, cet enfant, il avait tellement détesté tout le processus pour le créer et maintenant, maintenant qu’il avait la chance de prendre la place que son père avait eu pour lui… Il avait laissé son bébé mourir.
Ernest pouvait perdre des heures à penser ainsi. Les multiples sorts de confusion qui l’avaient percutés simultanément avait profondément perturbé son sens des repères. Heureusement, son cerveau était celui qui se remettait le mieux mais il avait toujours beaucoup de mal à décrocher d’une pensée. L’occlumancie ne lui servait à rien. L’image du corps de son fils, inanimé, juste avant qu’on le lui arrache, continuait de revenir, en boucle, bien qu’il ferme les yeux et tente de forcer des runes dans son esprit. Il revenait toujours là-bas, à ce moment-là, inlassablement. Il n’aurait jamais dû venir, Emilia lui avait pourtant dit. Qu’il allait gêné, qu’il n’était pas forcé, pas capable de gérer une situation de haute tension. Il se laissait parfois subjuguer par ses émotions, Ernest, et on le lui avait certainement reproché quand son fils avait été porté disparu. Mais alors maintenant qu’il devait gérer un deuil…
Ernest ne savait pas combien de temps il avait pris pour se détacher de l’image de son bébé mort.
Il sut cependant qu’à un moment il parvint à se souvenir qu’il avait soif. Il détestait cette soif qui le prenait au matin, avant qu’on ne lui rende visite, alors qu’il ne voulait pas réveiller son père. La tâche était pourtant simple, une petite table à sa… droite était prévue à cet effet, avec une bouteille et un verre déjà plein, sûrement préparé par son père en arrivant. Il suffisait de tendre sa main droite (logiquement) pour saisir ce verre et l’amener à ses lèvres. Ernest prit une profonde inspiration. Regarda sa main. La première étape était de reconnaître la droite de sa gauche. Il tenta d’étendre… celle-là pour voir si l’index et le pouce formait un L. L’autre main que celle qu’il avait prévu bougea. Cela formait un L, c’était donc la main gauche. Donc il fallait bouger l’autre main, la main droite, celle qu’il avait initialement prévu de bouger, la lever et…
Raté.
Ernest prit une profonde inspiration. Il pouvait le faire. Il avait réussi hier. Il se concentra de nouveau mais la bonne main refusa toujours de bouger… tant pis, on le fera avec la main gauche. Il suffisait de pivoter, pivoter dans le bon sens. Il détestait les mouvements de droite à gauche, même quand il les reconnaissait c’était comme si son corps était à l’envers. Encore arrivait-il enfin à différencier son pied de sa main. Et il gérait un peu mieux le fait de lever et non de baisser. C’était humiliant, ridicule, mais au moins était-il seul à voir ses propres difficultés à saisir ce maudit verre d’eau. Il parvint finalement à atteindre la table mais rata le verre. Une fois, deux fois. Au lieu de l’attraper, le poussa. Heureusement pas assez pour le faire tomber, il en était déjà à son quatrième brisé, et il était particulièrement frustrant que personne ne l’engueule pour cela. Non, on ne faisait que lui sourire et réparer le verre. Au moins Emilia avait-elle la politesse de froncer les sourcils devant ses maladresses.
Ne bouge pas, je vais le faire.
Ernest aurait voulu se redresser sur son lit d’hôpital en entendant la voix grave de son père emplir la pièce. Il ne parvint qu’à se pencher en avant, recroqueviller ses bras et manquer de tomber avant qu’on ne le rattrape. Il tenta de s’excuser mais les mots s’emmêlaient dans sa gorge. Son père le redressa d’une poigne ferme avant de faire le tour du lit pour atteindre le verre (si facilement !), s’asseoir à ses côtés pour le lui faire boire. Ernest n’en pouvait plus qu’on le nourrisse, qu’on le fasse boire, qu’on le change, le lave, le… Il grimaça et déjà son père lui demandait d’un ton soucieux si tout allait bien. Ernie ne fit qu’hocher la tête. Au début il le faisait dans le mauvais sens mais maintenant ça allait mieux.
Tu réessayeras à midi, proposa Dougal, étrangement accommodant.
Le voir si tendre faisait souvent croire à Ernest qu’il était en plein rêve et que tout ceci n’était qu’un produit de son imagination. Une imagination cruelle et tordue, où les bébés mourraient et où la droite et la gauche n’avaient plus aucun sens.
Les médicomages ont dit que les mouvements précis des bras seront les derniers à revenir, déjà tu m’as l’air plus réveillé. Tu as encore soif ?
Cette fois-ci, Ernest nia de la tête. Dougal en eut un sourire de fierté, de le voir aussi mobile. Un sourire qu’il n’avait pas eu en apprenant que son fils avait eu un Optimal en runes à ses ASPICs. C’était véritablement le monde à l’envers.
Joyeux Noël, Ernest !
La phrase sembla sortir de nulle part et fit sursauter le malade qui n’avait plus aucune protection face au monde. Son père n’était pas censé dire ce genre de choses. Ernest si, par contre. Alors il fit des grands efforts pour parvenir à articuler :
Loyal Nadir…
Comme petit, il sonda le visage de son père pour vérifier qu’il l’avait bien dit. Trop habitué à le lire, il sut aussitôt qu’il s’était encore trompé. Les mots, il les cherchait longtemps, il les pesait, il les pensait vraiment mais dès qu’ils sortaient, c’était comme si sa bouche déformait tout. Il y avait un mot, cependant, qu’il arrivait à dire, et qu’il lâcha dans un souffle :
… Papa.
Très bien, tu vois, ça va aller. Tu veux ton cadeau ?
Mais ça fume… ça jure… ça mmmmm…
C’est pas grand-chose, et je sais qu’avec tout ça, c’est compliqué, enfin… Je. Hm. Ne t’inquiète pas, tu nous transmettras nos cadeaux quand tu sortiras, on sera déjà très content quand… ça arrivera.
… Marron vomirais-je ?
Ils ont dit au moins un mois, sinon un mois et demi pour début février. Mais tu pourras rentrer chez toi les week-end et te balader un petit peu, je te ferai passer un après-midi à la Gazette si tu veux.
Son père n’avait jamais été aussi bavard que devant un fils qui ne savait plus parler. Il ne l’avait jamais autant compris, aussi. Après cela, Ernie demanda s’il ne pouvait pas rentrer avec lui, à la maison, la vraie, et Dougal eut un air très triste avant de répondre quelque chose de très vague sur sa femme qui devait l’attendre. Elle passerait sûrement bientôt. Le problème était qu’Ernest n’était plus capable de dissimuler la peur qui le prenait à cette idée. Son père lui tendit un mouchoir avant même que les larmes ne viennent, lui moucha le nez alors que des gémissements échappaient au pauvre homme qui ne savait tout d’un coup plus du tout mentir. Ils mirent du temps, avant d’arriver au cadeau. Ernest, avec des mots qui n’étaient pas les bons, insista pour le faire lui-même. On l’aida un petit peu, pour la première déchirure, mais le reste du papier-cadeau se retira avec ses mains à lui, comme un grand. Et quand il découvrit ce que c’était, il ne sut pas quoi dire, n’aurait de toute façon pas réussi à l’articuler. Il eut des Oh et des Ah alors qu’il touchait l’objet maladroitement. Une radio, sa radio. Son père, comme toujours avec ses cadeaux, lui prit presque directement des mains pour l’allumer et lui montrer comment l’utiliser.
Il va falloir faire attention, elle est très fragile. Et la garder pour toi, parce qu’elle est connectée à l’étranger, et on est pas vraiment censé faire cela aujourd’hui. Mais comme ça tu pourras suivre tous ces séminaires incompréhensibles que tu rages toujours de rater à cause de…
Dougal s’interrompit parce que les mains de son fils venaient vers lui, maladroites et tordues, à ne pas trop savoir comment, tâtonnant vers lui alors que ses yeux se remplissaient de nouveau de larmes. On l’avait compris. Sans qu’il n’ait rien eu à dire ou à expliquer pendant des heures, sans disputes et cris et débats, sans glyphes de runes son père avait fini par trouver une façon de l’atteindre. La radio pouvait percevoir les ondes étrangères, interdites, rebelles. C’était plus, bien plus que ce qu’Ernest avait pu espérer. Et comme un petit bébé qui fêterait le deuxième Noël de sa vie, le premier où il avait pu défaire ses cadeaux tout seul, il gazouilla encore et encore le seul mot qu’il connaissait.
Papa…


Dernière édition par Ernest Macmillan le Jeu 16 Avr - 10:49, édité 9 fois
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La question c'est… les radios et micro ne fonctionnent pas à Poudlard, mais est ce que les oreilles d'Ernie captaient quand même la TNT ?

Bisous, je l'aime et tmtc why I love you
Et toi aussi va DRAMAAAA

The disappointment of being Ernest Giphy
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Héhéhéhé, j'ai bien hâte de découvrir ce personnage sous ta superbe plume, on va pleurer (toujours), rebienvenue ici I love you
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Ishmael Levy
Ishmael Levy
Date d'inscription : 13/09/2019
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Âge : silver fox (or his he, avec la magie on sait plus)
Occupation : charmeur de métal, inventeur, aventurier et accessoirement docteur en archeomagie spécialiste des golems
Allégeance : plus ou moins neutre, il débarque un peu dans ce bordel ambiant, woops
Particularité : magie sans baguette, maître runiste, alchimie (?), occlumen élémentaire et maudit (cey un truc de groupe)
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LE RETOUR et déjà, ça promet!  The disappointment of being Ernest 1989451666
heureux de te relire et hâte d'en apprendre plus sur ce jeune homme qui semble bien décevant  DRAMAAAA
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DRAMAAAA DRAMAAAA DRAMAAAA
Cette tête ? Ces oreilles ? Ce caractère ?! Pfft, je l’aime déjà tellement, ton intello incompris.
C’est un plaisir de te relire, bae, re-bienvenue à la maison. meuh non meuh non
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The disappointment of being Ernest 823581912 The disappointment of being Ernest 823581912 The disappointment of being Ernest 823581912

rends l'argent, charlatan DRAMAAAA

(ce perso... ce fc... you... ce début de fiche... gaaaaaah The disappointment of being Ernest 941336645 )
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toi on critiquait tes oreilles, moi c'était les dents DRAMAAAA les gens sont nuls ok. moi j'les aime bien tes oreilles. :craque also please ernie et hermione se mettaient à côté en cours de runes et fanboy-girlaient sur alden. DRAMAAAA
tout ce que je lis est déjà parfait (le métier??? oui. j'aime trop le concept des runes qu'il utilise en psychomagie ptn) The disappointment of being Ernest 1596509048 je sais que ça va encore être un personnage absolument génial, j'ai trop hâte hug merci d'être back The disappointment of being Ernest 1150482778
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erniiiie et ce choix de fc, franchement on point :craque
bienvenuuue The disappointment of being Ernest 736882016 The disappointment of being Ernest 736882016
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