NOVEMBER 2006. Abbas a passé un très bon weekend, dans un petit cottage du Lake District au nord de l’Angleterre. Il faisait un peu froid, c’est vrai, mais lui et Penelope ont rapidement trouvé des manières optimisées pour rester au chaud, se pressant l’un contre l’autre sur le canapé faisant face à la cheminée, allant parfois même jusqu’à s’enlacer sous les bras comme s'ils n’avaient aucun souci à avoir dans le monde. Pendant quelques heures, loin du bureau, loin de chez lui, loin des Battues, c’était le cas.
Et puis il est rentré chez lui, après son petit weekend, s’attendant à moitié à trouver une maison vide, à moitié à trouver une Elisabeth morose - comme d’habitude, donc. A la place, il a trouvé cinq hiboux affolés, entrés par la fenêtre ouverte de son bureau à l’étage, qui volaient en pagaille au plafond et avaient déposé leurs lettres un peu partout, en plus de leurs droppings puants.

Une attaque à Potter’s End, Lizzie va bien et elle est à l’hôpital, pour s’occuper des blessés et des patients - sa dernière missive date d’il y a plus d’une journée, elle doit faire plusieurs shifts l’un après l’autre. Une autre missive, plus succincte, lui explique qu’il doit se rendre au Ministère dès que possible. Alors, même si Abbas a encore quelques heures de congés, il s’engouffre dans la cheminée de son bureau qui le mène directement au Département des Mystères, attrapant une cravate au vol. Il prend le temps de la nouer avant de sortir de son bureau, grinçant des dents quand il voit déjà la pile qui attend Penelope sur son bureau à elle…
Mystères, Justice Magique, Présidence, il fait le tour des bureaux, se fait envoyer d’un à l’autre, se faire hurler dessus d’avoir osé prendre quelques jours de congés, puis il se fait gentiment rabroué d’avoir pris autant de temps à revenir, et enfin on le cajole pour lui demander de faire ce qu’il fait de mieux: enquêter. Parce que l’attaque de Potter’s End est déjà en train d’être analysée par une autre équipe. Le même soir, la Damocles Heritage School se faisait attaquer.

La Damocles. Azra.

Abbas se retrouve donc à deux heures du matin à St Mungo’s, il n’a pas dormi, il en est à son troisième café, sa chemise est un peu fripée et il n’a qu’une envie: rentrer chez lui. Ou mieux, aller chez Penelope et se lover dans ses bras. Mais avant, il veut voir sa belle-soeur, qu’on lui a demandé d’interroger avec ses petites méthodes spéciales pour mettre le doigt sur ce qui s’est passé cette nuit-là. Un autre professeur, Alden Harris - qu’Abbas connaît bien - est porté disparu pour le moment, et quelques surveillants ont été blessés pendant l’attaque. Qu’est-ce que Azza faisait si tard au travail?
Abbas demande à voir Lizzie mais celle-ci apparemment fait une sieste dans une salle de repos; à la place, escorté par un membre de la Police Magique dont il a oublié le nom dès qu’il a été prononcé, il est conduit dans une chambre individuelle - privilège de sang-pur. Il pense à Yasmin, Ramez et Haris, sont-ils en sécurité? Il devrait sans doute appeler Ambros… Merlin qu’il se déteste de penser à lui en cet instant précis.

Azra est éveillée quand il rentre dans la pièce, et Abbas sent l’inquiétude qui lui enserrait le coeur se relâcher légèrement, quoique pas assez pour lui permettre de se retenir: il se jette en avant vers son lit, attrape sa main dont le bras n’est pas bardé de bandage au niveau de l’épaule, et soupir légèrement. “ Oh, habibi, I was so worried, ” souffle-t-il aussitôt, son autre main volant vers son visage pour l’examiner, décider si la lueur dans ses yeux semble assez brillante à son goût. Le surnom, tendre et affectueux, lui vient naturellement. Leur relation a été plutôt distante, mais qu’importe en cet instant précis. “ I’m sorry I couldn’t come sooner. Have you sent for Iseult? I will talk to Lizzie as soon as I see her, she’ll probably be off soon. What happened? Are you okay? ” Il caresse un peu sa joue, avant de laisser retomber sa main; l’autre, quant à elle, serre la sienne avec force. “ You look pale. When have you last seen a mediwizard? Are they taking good care of you? Do you want me to get someone? ” Il se retourne vers la porte, vers l’officier de la police qui reste immobile en tournant les yeux vers lui. “ Off you go, I don’t need you. Go get her some food or fetch someone useful. ” Il hésite, les yeux d’Abbas s’assombrissent. “ Go, ” lui recommande-t-il simplement, ne prononçant pas un mot jusqu’à ce que l’autre homme ait quitté la pièce.
Abbas hésite, puis pose une fesse sur le lit d’Azra, assis à côté d’elle, posant sa main sur sa cuisse, la serrant toujours avec force. C’est un inquiet notoire: il a du mal à s’arrêter quand il commence à exprimer sa nervosité à voix haute: “ as you can guess, I’m not just here as your brother-in-law… ” admet-il lentement, se mordillant la lèvre anxieusement en parlant.

Des flashs de la soirée lui revenaient, dès qu'elle essayait de fermer les yeux, afin de se reposer un peu. Ses souvenirs se bousculent dans son esprit, et elle n'est pas certaine de tout ce qui s'est passé. Il faut dire que tout est allée si vite, elle n'a pas vraiment eu le temps de réfléchir. Mais elle se rappelle d'une chose : le chaos. Elle a déjà eu à faire à ce dernier, plus d'une fois, plus qu'elle ne l'aurait souhaité à dire vrai. La veille avait été un bon gros foutoir sans queue ni tête. Tout était si calme, et la seconde suivante, elle s'était retrouvée avec des élèves en fuite, des terroristes dans l'école et une explosion qui lui avait laissée des séquelles. Azra se demandait bien ce qu'elle avait pu faire pour devoir supporter un tel karma merdique. Une garde, une seule en l'espace de deux mois, et cela avait suffi pour qu'elle se retrouve mêlée au pire. Dans sa chambre d'hôpital, elle tourne en rond, tel un félin en cage. On lui a spécifiquement demandé de ne pas se lever, et de demander quelqu'un pour tout acte de la vie courante. Elle n'est pourtant pas mourante. Mais, à ce qu'il paraît, le choc reçu à sa tête pourrait lui causer des vertiges et autres réjouissances. Alors, elle soupire, depuis des heures déjà. Tout ce qu'elle a eu le droit de faire, c'est envoyer un hibou à Iseult, pour qu'elle ne s'inquiète pas, et surtout qu'elle s'occupe de Ramez et Haris. Son aînée est à Poudlard, mais pas ses deux plus jeunes. L'idée de devoir les laisser seuls la terrifie. Pour couronner le tout, Lizzie n'avait pas pu venir la voir. On lui avait répondu qu'elle était bien occupée ailleurs, ce qui avait eu le don de l'agacer encore plus.

Les traits cernés, le teint grisâtre, Azza se demande bien comment elle pourra occuper les jours à venir. Mais, elle sait qu'elle n'a pas le choix. Le moindre mouvement du bras droit irradie son corps. Une attelle à l'épaule et un bandage à l'arrière du crâne, elle sait déjà qu'elle ne ressemble à rien. Mais, elle se rassure en se disant qu'elle est encore en vie. Ses enfants sont bien trop jeunes pour devenir orphelins de père et mère. Une infirmière rentre dans sa chambre, la sortant de ses pensées. ─ Morning medicines. Azra lève les yeux au ciel, face à l'attitude de la jeune femme. La politesse est visiblement en train de se perdre. Elle, qui apprend les bonnes manières chaque jour, se dit qu'il ne lui serait pas de trop de participer à un de ses cours. Sans rechigner, elle avale les quelques pilules aux couleurs farfelues. ─ Do you know when I'll be able to see a mediwizard? ─ I don't know. I'm in a hurry. Azra lève les yeux au ciel. Ste Mangouste devrait mieux traiter les sorciers de sang-pur s'ils ne veulent pas se retrouver avec un procès. La brune n'est pas d'humeur joviale, et les états d'âme d'une infirmière lui importent peu. ─ I don't care, I need to see one. ─ Ma'am, there was an attack at Potter's end, we don't have time for your whims. Azra était sur le point de répondre, mais elle avait déjà filé. Elle repose, lourdement, sa main contre son lit. Ces réponses ne la satisfaisaient pas. Elle estimait, déjà, qu'elle devrait être un peu mieux prise en charge que cela. Et puis, maintenant, la voilà inquiète pour les gens présents à Potter's End. Elle sait qu'une fête s'y tenait, mais elle ignore qui y était. Voilà vraiment tout ce qu'il ne lui fallait pas, des inquiétudes supplémentaires. Elle va se ronger les os à force de se faire du soucis de la sorte.

Plusieurs minutes s'écoulent, et la brune ne trouve toujours pas le sommeil. Mais, elle n'est visiblement pas prête de le trouver, puisqu'un visage familier vient de passer la porte de sa chambre. La silhouette d'Abbas se dessine à mesure qu'il s'approche. Le brun s'empresse d'attraper sa main gauche, et cela lui arrache un sourire, avec une pointe de douleur. Il vient effleurer son visage, tout en la nommant comme Hisham le faisait. Cela lui donne un drôle de sentiment, mais elle le balaye bien vite. Comme à son habitude, il pose mille questions, envahi par l'inquiétude. Azra est habituée depuis le temps qu'elle le connaît. ─ Don't worry, I'm fine. I mean.. except for my shoulder and my head, but it's okay. I'll be out in two weeks or so. La brune rigole doucement, alors qu'il s'agite. Elle ne le montre pas tout de suite, mais elle est heureuse qu'il soit là. Heureuse d'enfin voir un visage connu. Heureuse de savoir qu'il allait bien, qu'il n'avait visiblement pas été présent à Potter's End au moment de l'attaque dont l'infirmière lui avait parlé. ─ It's hard to see a mediwizard at the moment. There was an attack at Potter's End, from what I heard. Everybody is busy in here. I tried to yell a bit, but it didn't change a thing. I'll wait, don't worry. Thank you for being there and for worrying. Azza regarde l'officier s'en aller, après qu'Abbas l'ait renvoyé. Elle préfère être seule avec lui, surtout dans pareil moment. ─ Yasmin is at Hogwarts. I sent an owl to Iseult, she will take care of the boys. Elle avait confiance en sa domestique, depuis le temps qu'elle l'emploie, elle lui confie ses enfants les yeux fermés. Mais, elle sait aussi qu'Abbas et Lizzie, ainsi que Ambros, vont passer au manoir pour s'assurer que tout va bien. Abbas finit par s'asseoir à ses côtés, elle se décale légèrement pour lui laisser de la place. Elle pose sa main par dessus la sienne, un sourire greffé à ses lèvres. Azra fronce son regard lorsqu'elle le voit se tortiller et se mordre les lippes. ─ So they send you to the bedside of a wounded person and you do it? Elle comprenait effectivement bien pourquoi Abbas était ici, à son plus grand désarroi. ─ Do you really care at all? Anyway be quick, I'm tired.

Abbas est un peu rassuré en entendant Azra lui dire qu'elle a envoyé un hibou à Iseult pour s'occuper des petits. Mais quelque chose l'embête, et ce quelque chose a du mal à sortir, il hésite et il fait la moue et il tourne autour du pot. Azra, comme souvent, n'a pas la patience pour qu'il crache le morceau: “ So they send you to the bedside of a wounded person and you do it? ” Il grimace légèrement en l'entendant: évidemment, si elle le dit comme ça, ça le fait pas du tout...
Abbas l'aime, pourtant, sa belle-soeur, et il serait là pour elle quoiqu'li arrive. Mais malheureusement, cette Marque infectueuse qu'il a sur le bras est plus importante que tout lien familial. Et malheureusement, ce n'est pas un choix, mais une obligation. “ Do you really care at all? Anyway be quick, I'm tired. ” Il soupire un peu en la regardant avec un air désapprobateur. Il branle du chef. “ Come on, Azra, ” fait-il d'un ton plein de reproche. “ Of course I care. ” Il tourne sa main sous celle d'Azra pour la caresser doucement, son pouce venant caresser le dos de sa main, retracer un tendon délicat sous la peau fine. “ You know I don't have a choice. ” Ah, et il aime bien dire ça, Abbas! Il le sort à toutes les sauces et à toutes les occasions. Il n'a pas le choix, il ne peut pas faire autrement, il a été forcé...! Penelope déteste cette rhétorique et au fond, Abbas la déteste aussi.

Il soupire un peu et relâche la main d'Azra avant d'attraper son sac en bandoulière qu'il a laissé sur le sol en entrant. Il en sort un petit classeur, similaire à celui qu'il avait devant lors qu'il a screené les potentiels nouveaux enseignants de la DHS à son ouverture. Il n'a aucun mal à trouver le dossier concernant Azra, qui est dans les premières pages. “ I'm going to use a Legilimancy spell while I ask you some questions, ” dit-il, lisant les mots en tête du morceau de papier. “ I will be looking at your thought process as you reply to the following questions. Refusal to comply to this examination will be investigated and may result in action being taken against yourself in a court of law under the authority of the Dark Lord. You do not have anything to fear if you have nothing to hide. ” Il s'éclaircit la gorge et se force à détendre l'atmosphère en offrant un sourire un peu piteux à Azra. “ I'm sorry that the timing is terrible, habibi, but we'll be done with this quickly enough, alright? And you don't have to hide anything from me. ” Il lui vient à peine à l'esprit qu'Azra est une Occlumens de talent. Même si elle est particulièrement talentueuse dans ce domaine, Abbas pense, arrogant comme il est, qu'il pourrait facilement la démunir de ses protections mentales. C'est ce qu'il a fait avec Penelope. C'est ce qu'il fait avec tout le monde.

Il lève la main pour l'approcher du visage d'Azra, le bout de ses doigts effleurant délicatement et doucement sa joue et sa pommette avant de lui faire remonter le menton très légèrement, lui offrant toujours ce petit sourire piteux, avec les yeux humides, typique d'Abbas. “ It'll only take a minute and then I'll go get you... what would you like? A coffee and a croissant? I'll get you anything you want. We can just be done with it quickly and never talk about it again. ” Sa main retombe sur le lit. “ It's for your safety and mine, maybe you saw something you don't remember. As you said, something happened in Potter's End. I think... I think the authorities believe that Potter's End was a distraction, and the real attack was against the school. Everyone is freaking out... ” Il en dit trop, peut-être, mais c'est sa belle-soeur, c'est Azra.

Beaucoup pense, à tord, qu'elle n'est qu'une statue qui se contente de sourire et de faire ce qu'il est bien vu de faire. Il faut dire qu'Azza n'a pas étudié avec les sorciers de son entourage. Elle n'est arrivée ici, qu'à l'annonce de ses fiançailles avec Hisham. Elle a donc eu tout le loisir, de choisir la personne qu'elle afficherait aux yeux de tous. Et, elle avait bien réfléchi, du haut de ses vingt-et-un ans, à la façade qu'elle présenterait. Azza avait tout de suite su, qu'elle devrait prendre avec des pincettes, son entrée au sein de la société magique anglaise. Les coutumes sont bien différentes des siennes, et une sorcière étrangère, cela fait parler, elle se devait donc d'arborer tout juste ce qu'il fallait de panache. Pour tous ceux qui prennent la peine de la connaître, il est évident qu'elle ne se contente pas d'être une femme au foyer ou une bonne épouse. Elle a toujours été plus que ça, mais elle se garde bien de montrer toutes les facettes de sa personnalité au reste du monde. Alors oui, la plupart ne soupçonne pas un dixième de son intelligence ou de ses capacités. Il faut dire qu'elle n'occupe pas un métier lui permettant de montrer l'étendu de ses pouvoirs, mais cela lui convient. Azra n'a pas besoin de démonstrations pour savoir ce qu'elle vaut. Et, cacher son jeu est bien plus utile, que de montrer toutes ses cartes dès le début.

Azra avait donc rapidement compris la véritable raison de la visite de son beau-frère. Abbas a toujours été important à ses yeux, peut-être plus que ce qu'il n'aurait dû, mais au diable les conventions. Il a toujours été un pilier pour elle et ses enfants, pour Hisham aussi. Il a toujours été rassurant, à sa manière. Et elle ne saurait imaginer sa vie sans lui. Ils ont même partagé un lit, à plusieurs reprises. Elle aurait pu s'éprendre de lui, peut-être, dans un autre univers. Mais, elle l'a vu sombrer à la mort de son mari. Elle ne pouvait pas lui en vouloir, alors qu'elle aussi, voyant son monde s'écrouler sous ses yeux, sans ne rien pouvoir faire. Mais Abbas a sombré du mauvais côté. Elle ne devrait pas penser ça. Elle devrait être une fervente du gouvernement, du lord, comme ils le sont tous. Mais, elle ne sait pas se donner corps et âme à une cause qui la laisse perplexe. Elle partage des valeurs avec eux, mais elle est aussi en désaccord avec certaines méthodes. Sans doute, est-ce son côté maternel qui parle, ou juste sa personnalité. Azza a vu Hisham porter la marque, et elle ne peut nier que cela leur a apporté une certaine sécurité, mais à quel prix ? Elle a préféré se tenir éloignée de tout cela. On pourrait la traiter d'hypocrite, alors qu'elle vit sur une fortune, en partie, bâtie sur une allégeance. Et puis, elle travaille pour eux, dans l'un des pires endroits qu'ils ont construit. Azra le sait. Et bien, qu'elle soit en accord avec ce qu'elle enseigne, elle ne peut s'empêcher de penser aux familles de ces pauvres enfants. Eux, qui n'ont rien demandé, si ce n'est de naître du mauvais côté de la ligne. Le sang-pur avant tout, elle en est convaincue. Mais, les choses pourraient être faites autrement, sans doute.

Azra sort de ses pensées, et retire sa main de celle d'Abbas, préférant les croiser contre sa poitrine. Elle joue la femme vexée, mais elle ne feint pas tant que ça. Il devrait avoir une confiance aveugle en elle. Après tout, elle n'a rien à voir avec cette attaque. Elle n'en savait rien. Elle était juste là au mauvais endroit, au mauvais moment. Abbas vient attraper sa main, pour la caresser. Elle pose son regard sur lui, avant de regarder plus loin. Pas le choix. Elle manque de rire jaune. Cette excuse, c'est celle des lâches. Il devrait assumer son allégeance, assumer cette marque sur son bras, plutôt que de rejeter ça sur le compte d'un ordre. Azra est un peu ingrate. Elle sait bien qu'il est difficile de s'opposer au gouvernement actuel, mais elle en attendait plus venant de lui.

Elle l'entend soupirer et relâcher sa main. Son regard ambré se repose alors sur la silhouette fatiguée d'Abbas. Il avait perdu de sa superbe. Le Shafiq évoque la légilimancie, et elle se garde bien de répondre qu'elle le savait déjà. La fatigue et ses blessures ne joueront pas en sa faveur, mais elle va essayer d'user de l'occlumancie pour contrer ce non-sens. Elle n'a rien à se reprocher, elle le sait. Mais, avoir laisser quelques élèves partir de leur dortoir pourrait être mal interprété. Elle n'a fait que les protéger, après tout, le gouvernement a bien besoin d'eux, non ? Rien à craindre, si elle n'a rien à cacher. Evidemment. Habibi, ce surnom lui fait manquer un battement. Il est bien le seul à l'appeler ainsi, avec Hisham. ─ Do what you have to do Abbas. As I said, I'm tired. Azza déglutit face au regard humide du sorcier. Dans le fond, elle ne lui en veut pas, bien sûr, mais rien n'est simple. Il vient poser sa main contre son visage, caressant sa peau brune, lui procurant des frissons. Elle vient glisser ses doigts sur les siens. ─ I'm not hungry, but thanks. We both know it will have consequences. User de la légilimancie sur autrui est toujours signe de conséquences, qu'on le veuille ou non. ─ My safety lies in my healing, but I'll do what you want. Elle humidifie ses lèvres, et se redresse légèrement. ─ Why would they think that? I mean.. There was more to take down at Potter's End than at the school. They're just kids. Elle prend une inspiration. ─ Are you freaking out, Abbas?

Abbas peut faire confiance à sa famille. Azra est une Shafiq depuis des années, ils ne partagent pas de sang mais leur lien est bien plus puissant et profond — elle est sa soeur par alliance, la veuve de son frère et pendant un moment, elle a été son amante. Il lui voue une confiance quasi-aveugle et, de toutes façons, tout Occlumens qu'elle est, Abbas ne doute pas une seule seconde qu'il pourra aisément contourner la moindre protection qu'elle oserait dresser sur son chemin.
Et puis de toutes façons, il sait d'ores et déjà qu'elle n'a absolument rien à cacher donc ce sera réglé en quelques minutes. “ Do what you have to do Abbas. As I said, I'm tired. ” Il en ferait presque la moue, vexé peut-être qu'elle refuse discuter, partager avec lui ses pensées. Abbas est bavard quand il est nerveux, il oublie souvent que parfois autrui ne l'est pas tout autant. Pourtant, il ne parvient pas à s'arrêter, il continue de parler, de dire un peu trop, ou pas assez, il ne sait pas. Les doigts d'Azra se glissent entre les siens, s'y accrochent, et il apprécie ce petit geste qui, il s'en rend compte, le rassure lui aussi. “ I'm not hungry, but thanks. We both know it will have consequences. ” La moue s'accentue malgré lui. Pourtant, il ne la contredit pas, parce qu'elle a raison bien entendu.

Abbas en oublie presque le côté fondamentalement inhumain de la Légilimancie: la magie qui explore ce qui devrait être secret et caché ne devrait pas exister... et pourtant, il y a voué sa vie. Il repousse avec des mains mentales expertes le léger sentiment de malaisante et d'inconfort qui s'empare de lui à cette pensée... “ My safety lies in my healing, but I'll do what you want. ” Mais ce n'est pas ce qu'il veut lui, enfin! “ Why would they think that? I mean.. There was more to take down at Potter's End than at the school. They're just kids. ” Il grimace légèrement, repensant à la crise d'Alecto après le vol du tableau de son frère... “ Are you freaking out, Abbas? ” Non, bien sûr que non, mais enfin... enfin... peut-être. Un peu. Juste un peu. “ No, but I'm worried, ” finit-il par dire, ce qui n'est ni vrai, ni faux. “ I'm worried about you, Azra. ” Il fait la moue, encore, avant de lentement secouer la tête en défaisant l'emprise des doigts de sa belle-soeur sur les siens pour s'emparer de sa baguette, la levant d'une manière non menaçant. “ I believe that taking the kids is an impressive move within itself and discredit the government and its policies. It's a show of strength. ” Il s'arrête là, parce que même si il fait confiance à Azra, il est douloureusement au courant que les murs ont des oreilles. La preuve: lui-même fait partie du réseau insidieux du Lord qui espionne sur les autres.

“ Alright then. ” Il agite lentement sa baguette comme on le lui a appris, traçant un huit dans l'air en murmurant un simple, mais décisif: “ Legilimens. ” Les yeux d'Abbas roulent dans leurs orbites, signe d'une lecture profonde, et il s'enfonce sans la moindre retenue dans les pensées d'Azra, avec un plaisir et une maîtrise évidente.

L'arrogance d'Abbas avait toujours été la chose qu'elle détestait le plus chez lui. A dire vrai, elle n'avait rien contre l'arrogance en elle-même, mais elle avait des difficultés à y trouver un certain charme, quand elle frappait les hommes. Encore plus, lorsqu'ils en usaient à l'encontre des femmes. Depuis toutes ces années, Azza le connaît, plus que bien. Elle sait qu'il s'agit de sa propre nature, et elle sait qu'il n'y a pas derrière tous les sous-entendus de certains, en tout cas, pas quand il s'agit de sa personne. Mais, elle ne peut s'empêcher de se crisper lorsqu'il se prend pour le plus grand sorcier de tous les temps, sans mesure les forces de ses adversaires. Cela courra certainement à sa perte. Pourtant, ses pensées sont vite balayées par ses inquiétudes. Abbas n'a pas l'air bien. On pourrait même dire, qu'il n'est pas franchement à l'aise de parler de ce sujet. Cela semble naturel. Mais, Azra ne peut s'empêcher d'avoir une lueur d'espoir, quant à son implication auprès du Lord. Peut-être n'est-il pas aussi dévoué qu'il aimerait le faire croire. Elle ne sait pas vraiment pourquoi elle s'entête à vouloir qu'il sorte de tout ça, qu'il en reste loin. Azza connaît la sécurité que cela engendre, elle sait qu'il est important de ne pas s'oppose au gouvernement mis en place, au Lord. Mais rien n'empêche de rester plus ou moins neutre, de profiter des avantages du système, sans pour autant s'impliquer. C'est lâche, certainement hypocrite aussi, mais il vaut mieux assurer ses propres arrières avant tout. Pour Abbas, il est trop tard. En tout cas, c'est ce que la marque sur son avant-bras laisse sous entendre. La sorcière ne peut, d'ailleurs, jamais s'empêcher de glisser un coup d'oeil sur cette marque, dès qu'elle le voit. Toujours discrètement évidemment. Aujourd'hui ne fait pas exception à la règle.

Elle fini par lui poser la question, lui demander s'il a peur, lui aussi. Parce qu'il n'a pas l'air rassuré. Son corps parle pour lui. Azza fronce son regard, cherchant quelque chose, n'importe quoi, sur son visage, qui lui donnerait un indice. Elle arque un sourcil, lorsqu'il lui répond que non, avant de révéler que quelque chose l'inquiète bel et bien. Elle se redresse un peu plus dans son lit, posant ses mains contre sa couverture, caressant du bout du doigt celles d'Abbas. Une mimique d'incompréhension se forme sur son visage. Il n'a aucune raison de s'inquiéter pour elle. Par réflexe, elle humidifie ses lèvre, avant de déglutir. Son regard ambré se pose sur la main du Shafiq qui s'éloigne de la sienne. ─ Yes, maybe. But still, I think they're just kids. They shouldn't be politicized. C'est la mère en elle qui parle, elle ne peut s'en empêcher. Un peu moins sereine qu'au début, Azra espère trouver la force d'exercer son occlumancie. Elle est loin d'être en bonne posture pour faire face au talent d'Abbas, mais elle le devra. Elle n'a pas envie que l'on interprète mal ses actions. La sorcière a confiance en Abbas, aveuglement, peut-être trop. Mais, elle se méfie de l'emprise du gouvernement sur lui.

Son regard se pose sur la baguette d'Abbas. Elle prend une grande inspiration, et essaye d'être dans la plus grande concentration possible. Elle tente de visualiser au maximum ce qu'elle souhaite montrer, et surtout ce qu'elle souhaite couper. Azra ferme également ses yeux. Occlumens.

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Assise à son bureau, Azza est plongée dans la lecture d'un livre relatant l'Histoire de la Magie en Amérique du sud. Les heures passent, et les lieux restent calmes, plongés dans un silence quasi religieux. Il ne lui reste plus longtemps avant de rentrer et de retrouver ses enfants, même s'ils seront certainement déjà endormis. Alors qu'elle referme son livre, la sorcière se met à penser à Ambrose, se demandant ce qu'il pouvait bien faire ce soir, alors qu'il s'agit de la soirée d'Halloween. Probablement rien. Ou bien, peut-être a-t-il trouvé compagnie. Elle lève les yeux au ciel à cette pensée. Il ne changera donc jamais. Dans un geste lent, Azza se lève pour aller faire un tour des couloirs et dortoirs. Seul le bruit de ses talons se fait entendre sur le plancher de l'école. Droite, elle fait son check-up dans le plus grand des calmes. Puis, une sensation l'envahit. Un pré-sentiment, comme si son instinct lui sommait de mettre tous ses sens en alerte. Elle fronce son regard, ne voyant rien sortant de la normale. Elle balaye bien vite ses pensées, mettant tout cela sur le compte des décorations d'Halloween trônant dans les couloirs. Elle croise son collègue, Alden Harris.  ─ Hello Azra. I'll take care of the last dorms, don't worry. ─ Good evening. Are you sure? ─ Yes, it's better to split the task. ─ If you say so. Elle tourne les talons, sans un mot de plus, levant les yeux au ciel après son échange avec ce fayot d'Harris. Rapidement, elle retrouve son bureau, un étage plus bas. Elle allume sa radio, et écoute le programme du soir, comme à chaque garde. Elle ne peut s'empêcher de râler dans sa barbe contre Alden. Les minutes passent, et la sang-pur s'assoupit deux minutes. Ce sont des bruits d'agitation, jurant avec le silence religieux, qui viennent la sortir de ses pensées. Rapidement, elle sort de son bureau, ne voyant rien au premier abord, avant d'entendre les voix d'élèves venant du troisième étage, celui au dessus de son bureau. Fronçant son regard, elle s'empresse de sortir, ne prenant même pas la peine d'éteindre sa radio. Mais elle n'a pas le temps de vérifier le dortoir, qu'elle entend du bruit dans le bureau de la directrice. Et Azza a tout sauf envie que de se retrouver à expliquer à Alecto Carrow pourquoi son bureau a été visité cette nuit. Exaspérée, elle se dirige vers l'escalier principal l'amenant au premier étage, mais elle fut retenue par quelques élèves se trouvant là. ─ Ms. Shafiq, we heard someone and saw people coming out of the dorms. Do we also have to go out? Is there an exercise? Les gamins tremblaient légèrement. Elle se met à leur niveau. ─ You should be in your dorms right now. I'm going to the ground floor and the great hall. Please go back to sleep or I'll have to punish you tomorrow. Elle avait à peine fini sa phrase, que des bruits plus sourds se font entendre. Les élèves, tétanisés, n'ont toujours pas bougés. Un autre bruit sourd. Certains jeunes, paniqués, prennent le chemin des escaliers pour rejoindre la grande salle. ─ Your dorms, (..) Elle n'eut pas le temps de finir son injonction, qu'une explosion retentit à quelques mètres d'eux, la projetant un peu plus loin. Perdant connaissance quelques minutes, elle finit par rouvrir ses yeux, sentant une douleur vive à la tête. Ses oreilles sifflent, et elle n'entend pas ce qui se passe autour d'elle. Les quelques élèves qui avaient commencé à s'en aller, étaient moins touchés, et pouvaient marcher. Elle leur fait signe de partir, parce que tout peut s'écrouler, et il vaut mieux des soldats avec tous leurs membres que des soldats morts ou infirmes. Azza passe sa main sur son front, et observe qu'elle saigne, plutôt abondamment. Instinctivement, elle cherche sa baguette, celle-ci semble intacte, fort heureusement. Elle pense alors à ses enfants, à Hisham, à l'école, avant de sombrer dans l'inconscient.

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Les détails sont difficiles à attraper au début: il n'y a que des formes, des bruits indistincts, des sentiments, des émotions... et puis ça se précise et Abbas s'enfonce avec plaisir dans les moindres recoins. Il revit les moments de cette soirée fatidique avec elle, il tente d'abattre des murs qu'il sait pourtant inexistants, fort de son arrogance et de sa confiance en elle: même si elle pratique l'Occlumancie, il sait qu'elle n'a rien à cacher donc aucune raison de l'utiliser en cet instant précis. Mais, consciencieux, il tente, il poke du bout d'un doigt mental, mais c'est bien la véritable fabrique de la réalité, des souvenirs d'Azra, qu'il explore alors.
Bien entendu, ce n'est pas le cas. Mais Abbas, drapé dans sa fierté, après avoir passé des années à peaufiner sa Légilimancie, après avoir entendu des dizaines, centaines de fois son talent, en la matière, n'a aucune raison de douter de lui-même.

Alden Harris. Il ignore encore combien de nom va lui apporter des soucis et des moments de colère dévastatrice. Mais il prend note néanmoins, se souvenant avec amusement de son propre entretien avec lui avant qu'il ne devienne professeur. Il est porté disparu, Abbas espère qu'il n'a pas été blessé lors de l'attaque.

Sa nuque finit par craquer quand il se redresse et rouvre les yeux, déboussolé pendant un bref moment. Ses grands yeux noirs balayent ce qui se présentent à eux avant de se poser sur Azra. “ Thank you, ” lui dit-il, espérant qu'elle ne lui en veut pas pour ce qu'il vient de faire. Il n'a pas le choix, après tout. À l'écouter, il n'a jamais le choix.
Il produit une plume de la poche intérieure de sa veste et, pendant quelques instants, gratte soigneusement quelques détails et informations dans le dossier posé sur ses genoux. Do you suspect that that subject practices Occlumency? Il coche oui. Do you suspect that the subject has used Occlumency to conceal information during your reading? Il coche non. “ Thank you, Azra, ” répète-t-il en gardant les yeux baissés. “ How are you feeling? ” Do you have any reason to doubt the subject's intentions? Non. “ I can take care of the owl for Iseult and, well, you know the children are always welcome at home... ” Plutôt qu'avec Ambros... Il relève les yeux momentanément. “ I still have a few questions to ask, ” admet-il finalement, avec ce petit sourire désolé et piteux qu'il arbore et que Lizzie déteste. “ Bear with me. ”

Il s'éclaircit la gorge et attrape sa baguette de nouveau. “ Legilimens. ” Cette fois, ses yeux ne roulent pas dans leurs orbites mais semblent briller d'une nouvelle lueur. Il repose sa baguette, le sort toujours actif, et il attrape sa plume pour noter en même temps qu'il laisse Azra, scannant ses pensées pour le moindre mensonge. “ Are you an Occlumency practitioner? If so, have you used Occlumency when I was doing my reading and are you using Occlumency right now? ” Il trouve ça très répétitif mais la machine du Gouvernement est bien rodée et ne laisse rien au hasard. “ Have you had any contacts with members of the Order of the Phoenix? Are any of your relatives part of the Order of the Phoenix? Do you have any reason to suspect anyone you know? ” Les questions sont toujours les mêmes, et il note les réponses en même temps qu'elle les prononce, tout focalisé qu'il est sur les pensées d'Azra qui vont et viennent dans sa tête, peut-être trop concentré sur sa propre écriture pour se rendre compte qu'on est en train de le prendre pour un con. Un jour, peut-être qu'il apprendra.

L'interrogatoire dure longtemps, trop à son goût. Malgré sa grande maîtrise, cela reste compliqué pour elle de ne pas flancher, alors qu'elle est fatiguée et blessée. Mais elle tient. Elle n'a pas le choix. Elle ne peut pas se permettre de finir à Azkaban ou pire. Elle a des enfants qui ont déjà perdu leur père. Ils ne peuvent pas perdre leur mère aussi. Azra sait qu'elle n'a rien fait de mal, en soit. Elle n'a fait qu'aider deux/trois élèves à suivre ce qui était probablement un membre de l'Ordre. Elle ne saurait pas dire de qui il s'agissait, mais il ne faut pas être devin pour le deviner. La sang-pur connaît le gouvernement, elle sait que la moindre petite chose peut être sujette à un interrogatoire bien plus musclé. Pourtant, elle ne pense pas avoir trahi qui que ce soit. Elle a fait ce que son instinct lui disait de faire. Azza est une mère avant tout, elle ne pouvait pas supporter de voir des gamins mourrir sous des gravats ou peu importe. Elle préfère les savoir quelque part avec l'Ordre, que morts. Elle partage bon nombre de valeurs avec le gouvernement en place, mais certaines sont trop cruelles ou trop extrêmes pour elle. Après tout, si Azra est affiliée de loin aux mangemorts, c'est uniquement par son mariage avec Hisham. Elle n'avait rien demandé de tout ça. Elle aurait pu rester où elle était, trouver un bon poste après ses études au Moyen-Orient. Maintenant, elle est ici et lui est parti.

Il l'a abandonnée.

Enfin son calvaire s'arrête. Abbas retrouve son regard habituel. ─ You're welcome. Azra se redresse un peu dans son lit, essayant de reprendre ses esprits ainsi que de l'énergie. User de l'occlumancie demande toujours de la concentration, particulièrement aujourd'hui, face à un legilimens de talent. Abbas est peut-être arrogant, mais il n'en reste pas moins doué. Elle le regarde écrire sur un papier. Elle ignore bien ce qu'il peut noter là-dessus, mais elle sait qu'elle n'a pas fait de fautes. Si tel avait été le cas, il aurait déjà réagi. Il est peut-être là en tant que représentant du Ministère, il n'en reste pas moins son ami, sa famille. Bien qu'elle paraisse agacée, elle sait aussi qu'il s'agit de la procédure. Elle aimerait juste qu'il ne soit pas autant impliqué auprès du Lord. Elle a peur pour lui, peur qu'il lui arrive quelque chose comme à Hisham. Azra vit dans la peur constante que ses proches meurent, parce qu'elle, mieux que personne, sait à quel point une vie peut être fragile, sang-pur ou non. ─ Fine I guess. Tired as well. Il la regarde à peine en posant ses questions, continuant de gratter sur son papier. ─ Don't worry, I already sent an owl to Iseult. Ambros will surely be at the manor soon. If I need you for anything, I'll tell you. Thank you Abbas. Il finit enfin par lever ses yeux noisettes et à les plonger dans les siens. Elle pince ses lèvres. Encore des questions, toujours des questions. Le Ministère n'a donc rien de mieux à faire ? Ne pouvait-il pas attendre qu'elle soit remise sur pieds ? Azra sait qu'elle va devoir encore se concentrer un peu, juste un peu.

Abbas attrape sa baguette, et lance le fameux sortilège. ─ Yes, I am an Occlumency practitioner listed by the Ministry of Magic. Azra fait le vide, avant de ne penser qu'au bien fondé du gouvernement. Elle fait tout ce qu'elle peut pour les aider. Ce qui est arrivé ce soir-là est une tragédie. Les responsables doivent répondre de leurs actes. Elle dira toujours la vérité, rien que la vérité.─ I was not and I am not at the moment. My wounds tire me too much to use any kind of magic. Elle déglutit. L'Ordre n'est qu'un groupuscule naïf, s'il pense pouvoir renverser quoique ce soit. Ils courent à leur perte. Elle n'aiderait jamais des terroristes. ─ I have never had contact with a member of the Order of the Phoenix. And if I did, I didn't know they were one of them. Elle réfléchit à tous ceux qu'elle connaît, et elle est persuadée qu'aucun ne fait parti de cette organisation terroriste. ─ I don't think any of my relatives belong to the Order of the Phoenix. I don't suspect anyone. Elle ne voit pas bien qui pourrait en faire parti, alors qu'elle ne fréquente presque que des sang-pur. Il n'y a que les désespérés pour vouloir les rejoindre. Toutes ces vies gâchées pour rien, alors qu'ils pourraient vivre paisiblement dans la société anglaise. Ils se rebellent contre un gouvernement qu'ils ne comprennent pas. Ils ont choisi leur camp, à eux maintenant d'en assumer les conséquences. Pendant une fraction de seconde, Azra pense à tous ceux qui ont perdu des êtres chers pendant cette guerre sans fin. Elle préfèrerait vivre dans une société en paix. Personne ne mérite de perdre quelqu'un, pas même des terroristes. Ses pensées divaguent forcément sur Hisham, sur la peur de perdre ses enfants, de perdre sa famille, de perdre Abbas. ─ So, are we done?

Si il y a quelque chose de particulièrement terrifiant au grand édifice de répression sociale qu'est devenu le Ministère de la Magie, c'est bien son administration précise et ô combien traîtresse. Abbas a vu bien des gens se faire virer pour une faute (réelle ou non) administrative, une simple ligne dans un dossier, une case cochée par un ennemi. Si il est bien incompétent dans son nouveau poste de directeur de département, Abbas est bien au fait de toutes les conventions et autres règles insidieuses de la paperasse ministérielle, ayant été de ceux à remplir dossier sur dossier pendant des années.
Ce dossier-là est plus précieux que le reste, ceci dit. Ce dossier-là représente la liberté d'Azra. Sa vie.
Il est bien content de le remplir comme il le devrait: avec zèle, et sans mensonge. Sa belle-soeur est bien des choses, mais elle n'est pas une rebelle. Peut-être qu'elle est Shafiq plus que par l'alliance à son doigt... "Yes, I am an Occlumency practitioner listed by the Ministry of Magic." Abbas, tout en continuant son scan perpétuel mental, note ce qu'elle dit en même temps. Ennuyé, presque. C'est automatique et mécanique, sa manière de guetter distraitement un mensonge dans ses dires, alors que sa main vole à la surface du papier pour le remplir aussi rapidement que possible. Quand il lui demande si elle est en train d'utiliser l'occlumancie, il sait parfaitement déjà la réponse bien entendu: "I was not and I am not at the moment. My wounds tire me too much to use any kind of magic." Même si il ne peut s'empêcher de ressentir une légère note de dédain à ses pensées négatives quant à l'Ordre - quoiqu'Abbas les partage d'une certaine manière -, il en est aussi soulagé. Il pense qu'elle sous-estime l'Ordre, mais il est content d'apprendre qu'elle les méprise. Autre chose pourrait être dangereux...

"I have never had contact with a member of the Order of the Phoenix. And if I did, I didn't know they were one of them." Il hoche la tête en l'écoutant. Il trouve la réponse intelligente. Il prend soin de bien la noter. "I don't think any of my relatives belong to the Order of the Phoenix. I don't suspect anyone. - Very well." Il finit de noter rapidement, et de cocher quelques cases, le nez pointé vers ce qu'il est en train de faire. "So, are we done?" Il relève les yeux, et ferme sans regarder le dossier sur ses jambes. "I believe that we are. Thank you for your patience." Il la regarde de ses petits yeux humides, attendri semble-t-il à la vision de sa belle-soeur, dans son grand lit d'hôpital. Pâle, mais forte, comme toujours.
"I should leave you to rest," décide-t-il en se relevant, mais il semble hésiter une fois qu'il est debout à côté de son lit. Abbas aimerait savoir quoi lui dire, ou faire, pour la rassurer et lui assurer que tout ira bien. Mais il ne veut pas non plus lui mentir. "I'm sorry you had to go through this, Azra. Last night and today," ajoute-t-il avec un froncement de sourcils. "We'll get to the bottom of things and we'll find who did this to the school." Il pose sa main sur la sienne et la caresse rapidement, un geste tendre et doux, mais tragiquement maladroit - comme toujours avec Abbas. "You are so strong. I admire that greatly..."

Azra est exténuée. Elle a passé la pire soirée possible et se retrouve à devoir répondre à des questions du Ministère, alors qu'elle est à peine arrivée à l'hôpital. Elle ne sait pas si elle préférait que cela soit Abbas ou un autre employé qui fasse son interrogatoire. Probablement quelqu'un d'autre. Elle déteste le voir dans cette position, être obligé de faire ce qu'on lui demande, d'arborer sa marque fièrement. Que l'on ne se méprenne pas, Azra n'est absolument pas contre le régime de Voldemort, évidemment. Mais, elle préfère que la marque reste loin de ses proches, ça vaut mieux. Après tout, ça a coûté la vie d'Hisham. Pourtant, Abbas a foncé sans même réfléchir. Peut-être était-ce pour lui une façon de faire son deuil. Peut-être n'a-t-il pas eu le choix. Cela importe peu, puisqu'il l'a maintenant. Azza peut paraître sèche avec lui, sur la défensive, mais dans le fond, elle est inquiète pour lui. Inquiète depuis des années, encore plus ces derniers temps. Elle est en colère aussi. En colère, parce que même lorsqu'elle est sur un lit d'hôpital après avoir failli mourir, Abbas reste le parfait soldat qu'on lui demande d'être, parce qu'il n'a pas le choix. Il n'a jamais le choix à l'écouter. Mais il pourrait l'avoir, s'il le voulait.

Azra passe sa main dans ses cheveux, essayant de les attacher grossièrement, malgré le tuyau qu'elle avait dans le bras. L'entretien est enfin fini. Elle peut respirer. Son regard se pose sur la silhouette du Shafiq. Elle soupire. Elle sait très bien qu'elle ne peut pas rester fâché bien longtemps contre lui. Abbas sait très bien comment l'avoir, comme toujours. Elle le regarde se lever, et regrette presque qu'il parte déjà. C'est le mangemort qu'elle veut voir s'en aller, pas son beau-frère. ─ It's fine, don't worry. It's not your fault Abbas. Ce n'est la faute de personne, sauf peut-être, celle de la société dans laquelle ils vivent qui impliquent que certains fassent des choix, pas pour vivre mais pour survire. ─ I don't doubt it. Et dans le fond, il savait déjà que tout ça était de la faute de l'Ordre. Mais de là à retrouver les coupables, cela ne se fera pas tout de suite. La priorité est surtout de reconstruire rapidement pour reprendre le plus vite possible les cours. Ses yeux se posent sur la main d'Abbas contre la sienne. Oh comme elle aimerait que tout soit différent, plus facile. ─ I am not. But I try to be. Azra serre sa main et lui rend sa caresse. ─ You can go to the mansion to see the children if you wish. I'll make sure Ambros knows you will be coming with Lizzie. Elle pose son regard dans le sien. ─ And Abbas, please be nice to him. Elle finit par lâcher sa main, le laissant partir. ─ I see you soon.