Brusquement, il ouvre les yeux, le souffle roc. Il n’est pas surpris de découvrir la chambre noyée dans l’obscurité. Il devine qu’il s’est seulement assoupi depuis quelques heures. Peut-être deux ou trois. Il est rentré tard la veille, qui plus est, retardant autant que faire se peut son retour au cottage. Ce n’est pas sain pourtant, cette façon de traîner la patte pour rentrer chez soit, d’autant plus que ironiquement, il n’aspire à rien d’autre que de rester auprès de Fleur, constamment. Mais la situation est ce qu’elle est et la personne auprès de laquelle il veut se trouver est aussi devenue celle-là même aux côtés de qui il lui est désormais pénible de rester. Car il y a trop de non dits. Trop de pensées qu’il répugne à partager. Alors il garde tout en lui et elle le ressent. Et elle boue. Coincée au cottage, à l’étroit entre ces murs, il sait qu’elle se trouve trop passive, trop immobile. Et il n’arrange rien en refusant obstinément de s’ouvrir.
Il se tourne légèrement dans le lit, de sorte à pouvoir la regarder. Elle dormait à son retour la veille et elle dort toujours. Et il a le coeur qui se serre d’envie, tant à son égard que par jalousie à l’idée qu’elle parviens à trouver le repos quand lui-même peine à obtenir ce genre de sursis. Il est un instant tenté de rester là, immobile. Se focaliser sur les battements de son coeur dans l’espoir de ralentir suffisamment sa tension pour sombrer à nouveau dans le sommeil. Mais il se connaît mieux que ça. Rester au lit, incapable de dormir, ne va réussir qu’à l’énerver. Alors, avec un soin et une lenteur appuyée, il repousse doucement le drap et file en dehors de la pièce. Il ne fait même pas mine de se saisir d’un pull au passage. Cela l’obligerait à tâtonner un peu dans l’obscurité et il ne veut pas faire de bruit. Alors il déboule hors de la pièce torse nu, l’expression lasse et le regard éteins. Il gagne le petit salon et attrape un plaid avant de s’effondrer sur le canapé. Et il reste là un instant, sa tête rousse calée contre l’accoudoir. Il embrasse un moment la pièce du regard avant de fermer les yeux. Et il essaie de convoquer une poignée de pensées apaisantes. Des images gaies, colorées, dont aucune ou presque ne proviens des dernières années écoulées. Cela ne prend pas cependant. La noirceur finit toujours par ressurgir, perverse, pourrissant immanquablement son fil de pensées. Et ça l’agace et il réouvre les yeux, ses lèvres réduites en une ligne contrariée. Il finit par abandonner plaid et canapé pour gagner la cuisine. Se saisissant de sa baguette laissée la veille au soir sur le plan de travail, il s’adonne distraitement à la réalisation d’une tisane. Non pas que cela fasse grand effet sur lui, ce genre de breuvage. Il n’en vente pas sérieusement les effets, n’y étant pas très réceptif, mais il aime ça néanmoins. Ça a le don de le ramener au terrier, en des temps plus simples.
Et il a particulièrement soif de ça. De nostalgie, de simplicité. De sécurité.

@fleur weasley

shattered

w/ @William Weasley ; shell cottage

Tout le monde a l'image de Fleur la glaciale. La championne. L'arrogante, l'orgueilleuse. La grande et belle princesse de l'une des lignées les plus nobles de l'aristocratie Magique Française. Et pourtant, malgré la prestance et l'image qu'elle a aime à renvoyer, elle a toujours été romantique, Fleur. Elle a toujours idéalisé l'amour. L'amour avec un grand A. Celui qui fait vibrer, rêver. La faute à sa passion dévorante pour les livres, les histoires. Celles de femmes fortes, passionnées. Depuis qu'elle est gamine, elle se berce au fil des histoires d'amour de ses héroïnes favorites. Des histoires éperdues, romantiques. Elle en a eu, des hommes dans sa vie. Des petites histoires de passage ça et là, bien souvent des sorciers de bonne famille. Mais rien à faire. Elle était pourtant - trop ? - sûre d'elle, de sa beauté et de son charme, elle enchainait les conquêtes. Désespérément à la recherche de celui qui pourrait combler ce vide.

Puis il y a eu Bill.
Et là tout a basculé.

Une rencontre au hasard, un échange de regard. Bref. Puis des retrouvailles dans les couloirs austères de la Banque Sorcière. Comme si le destin avait voulu les pousser l'un vers l'autre. Il était différent de ceux qu'elle avait rencontré. Il n'était pas l'héritier d'une grande lignée aristocrate, ni le parfait prince de ses rêves. Mais il était lui. Tout de douceur et de force entremêlées. Un homme bon, généreux. Sans la moindre trace de cette arrogance toute propre à ceux élevés dans la richesse. Tout le contraire de ceux qu'elle avait fréquenté. Juste un homme, en toute simplicité. Ça aurait pu être son conte de fées. Bill lui avait découvrir la beauté des choses simples, la vérité des sentiments mis à nu. Elle avait découvert une famille, une vie à laquelle elle ne s'attendait pas. Mais il y a eu la guerre, la mort de Dumbledore puis la disparition de Potter. Et le moindre projet est devenu incertain, si ce n'est une détermination commune. Ils sont battus ensemble, déterminés a aider leur prochain. Et à combattre ce mal, retrouver la paix relative d'autrefois. Déterminés, plus que tout.

Puis soudain, la surprise.
Un enfant, inattendu.

Un enfant. Ils en avaient toujours rêvé. Ils l'avaient espérés, mais avaient mis cette envie entre parenthèse. C'est pas le moment. Trop d'incertitudes. Trop de danger. Mais il était arrivé, envers et contre tout. Bousculant leurs certitudes et leurs projets comme un fleuve brisant un barrage. Et malgré la joie, la peur était là. Toujours.  Cette peur, elle ne cesse de la ressentir, Fleur. Elle est là, toujours. Comme une ombre, un poids qui l'accompagne à chaque instant. Dans ses nuits, ses journées. A chaque fois qu'elle effleure le renflement de son ventre. A chaque fois qu'elle sent bouger le bébé.

Un coup.

Comme pour confirmer ses pensées, voilà que bébé Weasley - c'est comme ça que Fleur l'appelle en attendant de connaitre le sexe - se manifeste, réveillant la Fleur au sommeil léger. « bonjour à toi aussi. » D'un geste machinal, Fleur tend le bras sur le côté, cherchant à effleurer les boucles rousses de son mari. Mais sa main ne trouve que le vide. Elle soupire. Ce n'est pas la première fois. Un instant, elle reste là avant de se lever à son tour passant sur ses épaules un plaid. Elle avance dans la cottage, remarquant un plaid laissé sur le canapé du petit salon. Fleur se dirige enfin vers la cuisine ou enfin elle discerne Bill, occupé à se préparer une tisane. « Tu ne dors pas ?»  La question est posée pour la forme, bien sur. Fleur s'approche, effleurant le dos de Bill du bout des doigts. « Qu'est ce qu'il y a ? Tu as fait un mauvais rêve ? »

Spoiler:

« Tu ne dors pas ? » Il sursaute légèrement en entendant la voix de Fleur dans son dos et, durant un bref instant, le contrôle qu'il exerce presque machinalement sur sa magie s’étiole. Il se reprend vite cependant et sa prise sur sa baguette se fait instantanément plus sûre. Catastrophe évitée. Il achève rapidement la préparation de son breuvage, tout en tournant vers sa femme un visage doux quoique marqué par une fatigue dont il ne parviens pas à se débarrasser. La main de Fleur viens effleurer son dos et il retiens un soupire de bien-être. Il en va toujours ainsi, lorsqu’elle le touche, même légèrement, presque timidement. Brièvement, c’est le monde tout entier qui se fait plus vivable, plus doux. Et il a besoin de ça. Il a besoin de ces instants de quiétude qui n'appartiennent qu'à eux deux.
Il aimerait qu’il en soit ainsi plus souvent. Tout le temps, en fait. Il aimerait rester avec elle constamment. S'il fait avec, faute de pouvoir l'éviter, la quitter des yeux l'angoisse. Il la sait forte, tout à fait apte à se défendre par ses propres moyens, mais cela ne l'empêche pas de lui trouver également un aspect autrement plus vulnérable. « Qu'est ce qu'il y a ? Tu as fait un mauvais rêve ? » Une question qui ne reviens que trop souvent et il n'a jamais le cœur de formuler en retour une réponse honnête. Il faudrait pourtant. Il serait grand temps qu'il lui parle, qu'il se confie. Mais l'idée de dépeindre à haute voix ces songes horribles qui pourrissent ses nuits... Il a l'impression que ça ne rendra ses cauchemars que d'autant plus réels, plus solides. Il n'a pas envie d'accorder à ses mauvais rêves plus d'emprise qu'ils n'en ont déjà. Il ne s'emploie pas à mentir sur la raison de son insomnie cependant. « Oui. » Il se mord la lèvre, repose sa baguette sur l’îlot central. Il passe une main un peu trop nerveuse sur sa nuque. Il déteste ressentir cette gêne qui lui enserre le cœur. Et il déteste cette distance, venue s'immiscer fébrilement dans son couple. Une distance dont il est qui plus est à l'origine. Il attrape la tasse qui contiens sa tisane et en sirote une lampée avant de tendre sans un mot le breuvage vers Fleur dans une proposition muette. « Ils reviennent de plus en plus souvent. » Ses cauchemars.
Il délivre des informations au compte-gouttes, ne consentant à énoncer que de vagues demi-vérités. Des fragments d'informations, distillés comme à regret. « Je t'ai réveillée ? » Et un élan de culpabilité s'invite malgré lui dans sa voix. Il ne peut pas s'en empêcher. Il est particulièrement sensible à tout ce qui touche au sommeil depuis qu'il s'en trouve lui-même quasiment privé. D'une main, il viens caresser la joue de Fleur, ses doigts s'attardant un peu sur sa peau. Il laisse son regard trouver un point d'encrage dans celui de son épouse. Passagèrement, ses yeux descendent néanmoins sur son ventre bien arrondi avant de se focaliser à nouveau sur son visage.

@fleur weasley

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