La guerre, aussi sanglante et macabre soit-elle, entrainait qui plus est, son lot d’inconvénients au quotidien. La vie de fugitif n’avait absolument rien à voir avec tout ce que tu avais connu auparavant. Petit prince de la dynastie Al-Massri, choyé et chéri par ses parents, tel l’enfant prodige. Tu n’avais jamais manqué de rien. Jusqu’à ce jour où tu avais choisi de tourner le dos à tout cela, de donner un véritable sens à ton existence. Alors tu avais dû apprendre à vivre dans la peur, sans jamais s’habituer à quoi que ce soit. Ni même à qui que ce soit. Il fallait toujours être sur le qui-vive, prêt à partir à la hâte en cas d’attaque surprise de l’Ennemi. S’habituer à tout rationner lorsque l’on avait vécu en jouissant de tout, n’était pas une mince affaire. Les débuts furent compliqués, c’est le moins que l’on puisse dire. Et puis la faim, c’est comme tout, avec le temps, on finit par s’en accommoder. Et puis faut dire aussi que la présence d’Azaël t’avait aidé plus d’une fois à surmonter les difficultés du quotidien. C’était bien la seule à ne pas se méfier de toi outre mesure. Tu sentais bien les regards soucieux qui se posaient sur toi. Les messes-basses tu les entendais aussi et durant les premières semaines, la perfidie de certaines paroles t’atteignait en plein cœur. Les rumeurs sur ton compte et ta présence au sein de l’Ordre allaient bon train. Nombreux étaient ceux qui te soupçonnaient d’agir en secret pour ton beau-père, Louis Travers. Avec le temps, tu avais fini par ne plus les entendre, ou du moins par ne plus leur accorder le moindre crédit. Parfois même, tu comprenais les origines de leur ressentiment. Il est vrai que le nom de Travers était lourd de sens, entaché par une réputation aussi sombre que les actes commis par les deux frères. Si le jumeau d’Azaël paraissait voir en toi le pire des traîtres, ta compagne d’infortune se félicitait que tu aies eu le courage de fuir et de trahir cette maudite famille, dont tu avais longtemps ignoré qu’elle faisait partie. Oui, grâce à Azaël, ton quotidien s’était quelque peu égayé. Et puis un beau jour, elle n’était plus là. Envolée, arrêtée par le Ministère, aux côtés de son frère. C’est alors que les langues commencèrent à se délier, que l’on entendit dire ça et là que les jumeaux étaient les rejetons du chef de la brigade magique : Marlon Travers. Tu refusas d’abord d’y croire, songeant que ce n’étaient encore que de viles rumeurs. Et puis, tu finis par te rendre à l’évidence. L’odieuse vérité te frappa en plein cœur, et tu te retrouvas à nouveau seul. Terriblement seul. Azaël t’avait menti, avant de disparaitre. Hestia était à Sweet River, Flora encore et toujours auprès du gouvernement.

Le temps s’écoula inéluctablement, les missions s’enchainèrent les unes après les autres et puis vint l’attaque manquée de Clemency. Ta première rencontre avec les détraqueurs, ton bref face-à-face avec Louis Travers. Cette soirée de l’horreur te restera probablement longtemps en mémoire. Il ne se passe pas une nuit, sans que tes rêves n’en soient dérangés. Mais ce matin, en te levant, tu es bien décidé de profiter pleinement de cette journée si prometteuse qui s’annonce. Pour la première fois depuis le début de ton année de captivité, tu vas pouvoir laisser la guerre un peu de côté. Si tu n’as pas véritablement le cœur à la fête, la vue de ta cape tissée en coton d’Egypte parvient à t’arracher un sourire. Tu n’avais pas véritablement emporté beaucoup de choses lorsque tu avais pris la fuite, mais cette somptueuse parure avait fait partie du voyage. Il n’aurait pu en être autrement. Ta mère te l’avait offerte avant que tu ne quittes le pays, et aujourd’hui c’était certainement le plus beau vêtement que tu avais encore en ta possession. Et en ce jour d’Aïd al-adha, qui correspondait cette année au 31 décembre, il convenait de se revêtir de cette cape. Ce serait étrange de célébrer cette fête traditionnelle sans que toutes les coutumes d’usage ne soient respectées. Mais après tout, ce qui comptait le plus aujourd’hui, c’était de passer du temps avec ce qu’il te restait de ta famille, avec Hestia. Tu ne l’avais pas revue depuis sa transformation. C’était la première fois que tu allais avoir l’occasion de lui rendre visite à Sweet River. Tu appréhendais légèrement votre rencontre, tu avais peur de ne pas savoir trouver les mots pour lui témoigner ton affection sans qu’elle ne considère cela comme de la pitié.

Le portoloin te dépose tout près de la rivière, en lisière de forêt. Tu pénètres dans les bois et au bout de quelques dizaines de mètres, tu aperçois déjà la vieille ferme dans laquelle ont été réunis les hybrides appartenant à l’Ordre. La vision de cette ancienne bâtisse te serre le cœur. Est-ce véritablement au beau milieu de ça que vivait ta cousine ? Des bruits de pas dans ton dos manquent de te faire sursauter. Un hybride que tu n’as jamais vu jusqu’alors te lance un regard suspect. « I am Apophis, I’m looking for Nephtys. » D’un bref signe de tête, l’homme t’indique la ferme en contrebas. Tu le remercies avant de poursuivre ton chemin. Plusieurs autres habitants de Sweet River te lancent des coups d’œil intrigués, mais on te laisse entrer dans le baraquement. Il ne te faut pas plus d’une seconde pour l’apercevoir, de l’autre côté du foyer. A sa vue, un sourire s’empresse d’illuminer ton visage. « Hestia, I’m so glad to see you ! »

Les moments de convivialité à la ferme de Sweet River n'étaient toujours pas la tasse de thé de Flora. Elle avait toutefois promis à Lee de faire un effort, de se rendre dans le bâtiment principal de temps en temps au moins, pour un repas ou, justement, une tasse de thé. Toujours très solitaire, les personnes à qui elle adresse vraiment la parole se compte encore sur les doigts d'une main et elle peut facilement passer plusieurs jours dans l'annexe où elle dispose désormais de sa chambre individuelle. Personne n'y est jamais invité, sauf Washa, le lynx qui lui rend visite de temps temps. Et Lee, puisque c'est à lui qu'elle doit sa nouvelle chambre et tout ce qui s'y trouve d'ailleurs, mais ce dernier ne reste jamais très longtemps. Pendant la période des fêtes, sa solitude la pèse un peu plus encore, mais elle n'a pas très envie de la noyer dans des conversations sans importance et des faux-semblants. Sa famille et plus précisément sa sœur, est la seule personne avec laquelle elle aurait aimer passer Noël. La Saint-Sylvestre aussi. Perdue à Sweet River, et malgré le fait que son corps soit plus que jamais liée au cycle de la lune, elle n'a pas véritablement eu l'occasion de suivre le calendrier lunaire qui régit la religion de sa mère. Et personne autour d'elle, parmi les hybrides, ne semble en mesure de la renseigner alors elle ignore que, de manière historique, l'Aïd Al-Adha tombe cette année le même jour que le réveillon du nouvel an. Si elle l'avait su, ça n'aurait peut-être pas changé grand chose à sa journée, outre qu'elle s'en serait trouvée plus misérable encore d'être ainsi esseulée mais qu'elle aurait paradoxalement préféré rester dans sa chambre que venir dans le bâtiment principal. Quelque chose semble se préparer pour ce soir, une célébration, à en croire les quelques guirlandes que certains sont en train d'installer. On lui demande son aide puisqu'elle passe par-là et elle s'exécute en silence avant d'aller se préparer le thé et le petit sandwich pour lequel elle a fait le chemin dans le froid. Lee lui a apporté un manteau il y a quelques semaines, parce qu'elle n'en avait pas vraiment qui puisse supporter l'hiver écossais. Il est de seconde main, comme tout ce qu'elle possède, mais elle l'a lavé et imbibé d'eau de lavande avant de le porter et il est maintenant quelque chose de rassurant pour elle. En plus il est doux. Elle grignote dans un coin, pas très loin du feu, en ne pouvant s'empêcher de se demander où est Hestia en ce moment, ce qu'elle fait, à quoi elle pense. Flora ne pensait pas survivre aussi longtemps sans elle et elle est surprise de sa résilience, mais elle n'en est pas fière. Et c'est peut-être aussi un peu pour se punir qu'elle se tient tant à l'écart des autres habitants de la ferme. Eux-mêmes en ont pris l'habitude, depuis son arrivée, et ne s'embêtent plus trop à essayer de l'intégrer à la communauté ; Flora ignore si elle doit être déçue ou reconnaissante. En tous cas elle est plutôt surprise lorsque l'on s'adresse à elle d'une voix qui n'appartient pas à ces rares personnes avec qui elle parle vraiment ici.  « Hestia, I’m so glad to see you ! » Pourtant la voix est familière et lorsqu'elle relève les yeux pour croiser le regard de son cousin elle est tout à fait incapable de masquer sa surprise.

« Aslan? » Elle cligne des yeux et se relève rapidement. « What are you doing here? » Elle sait, bien entendu que son cousin a rejoint la résistance. Elle sait aussi que Hestia et lui ont pu s'y retrouver, travailler ensemble par moment. Au début, quand elle est arrivée à Sweet River, coincée à la place de sa sœur, Flora redoutait la visite d'Aslan. Lui plus que les autres, pensait-elle, auraient pu déceler la supercherie. Mais il n'est jamais venu. Elle devrait peut-être lui en vouloir, y voir un manque de loyauté assez conséquent, mais sur le moment, surprise comme elle est de le voir à la ferme, elle ne peut que s'avouer contente de le voir et un sourire, un peu timide, fend aussitôt son visage alors qu'elle s'approche, pour lui serrer la main et lui embrasser les deux joues comme ils l'ont toujours fait d’Alexandrie à Londres. « Is there something wrong? » Fronce-t-elle toutefois les sourcils assez rapidement, se disant que s'il n'a pas daigné venir avant ce jour c'est peut-être qu'il avait un problème, ou alors qu'il a un problème maintenant et que c'est ce qui justifie sa venue. Elle détaille du regard sa tenue, sa cape surtout, finement tissée et de toute évidence très peu portée. Une parure qui ne peut que faire tâche, de par sa richesse, au sein de la résistance. « Quelle est l'occasion ? » souffle-t-elle dans leur langue maternelle cette fois, bien qu'ils soient seuls dans la pièce et qu'il y ait peu de chance qu'il s'agisse là d'un secret défense. Peut-être n'essaye-t-il que de s'assimiler à la culture britannique, peut-être qu'il ne veut que célébrer dignement la nouvelle année. Peut-être que lui, contrairement à elle, il a des choses à fêter.

Tu n’en savais que trop peu au sujet des loups garous. Et maintenant qu’Hestia avait été mordue, tu t’en voulais d’ignorer autant de choses à propos de ce qui constituait désormais la majeure partie de sa condition d’être humain. Mais à voir la tasse de thé et le sandwich qu’elle tenait à la main, tu compris qu’elle n’était pas contrainte de se nourrir exclusivement de chair fraiche. Ce simple constat suffit à te détendre quelque peu. Et puis un sourire amusé vient fendre ton visage alors que ta chère cousine enchaine les questions sans même te laisser le temps de répondre. Ta présence l’inquiète, elle craint qu’il ne se soit passé quelque chose de grave. Visiblement, elle ignore totalement que l’un des célébrations les plus importantes de votre communauté religieuse a lieu aujourd’hui. « Keep calm, Hestia. Everything is fine. I just wanted to pay you a visit. And I thought today would be the best occasion there is. » Ce disant, les traits de ton visage se durcissent. Tu réalises que cela fait bien trop longtemps que tu n’as pas vu Hestia. Un relent amer de culpabilité s’attarde sur le bout de ta langue. Il faut dire que ces derniers mois ont été riches en émotion. Et puis, tu redoutais sa réaction, tu redoutais ce qu’elle était devenue. Tu t’en voulais de l’avoir délaissée alors qu’elle avait probablement eu besoin de toi plus que jamais. Mais maintenant tu étais là. Oui, tu étais là pour elle et tu comptais bien le lui dire. Posant ton sac à dos sur le sol, tu t’agenouilles et empresses de farfouiller à l’intérieur. Tu en sors une assiette de petits gâteaux peu alléchants, que tu tends alors piteusement à Hestia. « I know they don’t look as good as those made by Jaddati but I tried my best with the ingredients I could find. » Replongeant la tête dans ton sac, tu finis alors par en extirper un présent enveloppé dans du papier journal. Tu avais dû déchiqueter tout un exemplaire du Daily Prophet avant de trouver une page qui ne contenait aucune propagande haineuse de la part du gouvernement. C’était la raison pour laquelle, tu avais empaqueté ton cadeau dans les prévisions météo. Te relevant, tu observes ta cousine un court instant. Tu ne saurais dire à quoi cette impression est due, mais Hestia te paraît changée, différente. C’est comme si tu portais désormais un autre regard sur elle, maintenant qu’elle avait été mordue. Tu te sentais coupable d’avoir un tel jugement sur elle, alors qu’elle avait été victime d’un acte atroce. Chassant brusquement ces tristes pensées de ton esprit, tu lui tendis le petit paquet. Tu avais fait raccourcir ta plus belle cape de quelques dizaines de centimètres afin de confectionner une étole pour Hestia. Ainsi, vous pourriez fêter l’aïd dans des vêtements assortis. « Aïd Moubarak, Zahra. » Ton visage s’illumine et se pare alors de ton plus beau sourire. Cela fait si longtemps que tu n’as pas passé de temps avec ta famille.


@Flora Carrow

Flora ne peut que s'inquiéter. Depuis qu'elle est arrivée à Sweet River ou, plus exactement, depuis qu'elle s'est réveillée dans l'infirmerie de la ferme pour réaliser qu'elle y était coincée peut-être pour toujours, elle a eu nombre d'occasions de se rendre compte qu'il y a assez peu de quoi se réjouir par ici et dans l'Ordre de manière générale. Les nouvelles quand elles arrivent sont souvent mauvaises, aussi elle se méfie de chaque étranger, chaque membre de l'Ordre en visite à Sweet River. C'est toujours pour parler de la mort d'untel ou de l'échec de telle mission. Alors forcément, quand son cousin qu'elle n'a pas vu depuis des mois et qui n'est tout simplement jamais venu la voir depuis qu'elle est là, vient lui rendre visite si brusquement elle ne peut que retenir son souffle en attendant le pire. Mais le pire vient rarement si bien habillé.  « Keep calm, Hestia. Everything is fine. I just wanted to pay you a visit. And I thought today would be the best occasion there is. » Ses sourcils se froncent un peu plus, par confusion plus qu'inquiétude toutefois. Ce n'est pas que ce soit impossible qu'il souhaite célébrer le nouvel an bien entendu, mais c'est juste étrange de l'entendre en parler comme s'il s'agissait d'un événement spécial pour eux, ils ne l'ont après tout jamais fêté ensemble. Et puis, techniquement, ce n'est pas encore la nouvelle année, il faut encore attendre quelques heures pour ça. Sans plus s'expliquer, Aslan laisse tomber son sac sur le sol et s'agenouille déjà sous le regard curieux de Flora. Elle n'a pas le temps de lui proposer de se mettre plus à l'aise, de la suivre jusqu'à sa chambre qu'il sort déjà une assiette de gâteaux, baklavas et basboussas un peu informes. « I know they don’t look as good as those made by Jaddati but I tried my best with the ingredients I could find. » Elle penche un peu la tête de côté, depuis les gâteaux apportés par Lee au début de son séjour ici, lorsqu'elle était encore en convalescence, Flora n'a pas eu l'occasion de goûter à ces douceurs égyptiennes ni aucune autre d'ailleurs. Qu'ils soient de qualités ou non, ces présents la touchent énormément. Pourtant ce n'est pas la seule offrande que lui a apporté son cousin puisque voilà qu'il lui tend un paquet emballé dans du papier journal. Elle ne peut que deviner le genre d'occasion qui aurait pu pousser Aslan à en faire autant. « Aïd Moubarak, Zahra. » Son sourire est contagieux, si bien que même Flora, qui pose sa tasse et son sandwich sur une table, en esquisse un également, petit, presque timide en hochant la tête et soufflant pour elle-même : « Eid Al-Adha.» Bien sûr. Elle se sent un peu stupide. Le camp de l'Ordre pour les hybrides est si merveilleusement isolé qu'elle n'a pas eu l'occasion de se renseigner sur la date de ses propres célébrations religieuses. Noël a bien évidemment été fêté à la ferme, avec décorations, pudding et cadeaux. Mais il n'y a eu personne pour lui dire que c'était l'Aïd. Bien consciente de son isolation depuis le début, elle ne peut que la déplorer un peu plus aujourd'hui quand elle se rend un encore un peu mieux compte de tout ce dont elle est privée au quotidien. « Khair Mubarak ya Aslan. » lui répond-elle avec solennité et un sourire un peu plus franc. Par politesse uniquement elle défait l'emballage du cadeau pour y découvrir l'étole manifestement assortie à la cape qu'il porte. Elle rosit un peu et la porte à sa poitrine dans un geste peu équivoque. « Oh merci beaucoup ! » Elle est sincère ; elle est gênée. Elle n'a, bien évidemment, rien à lui offrir en retour.

Et elle n'est pas habillée pour l'occasion.
À la maison, à Bath, elle n'a que ça, des robes aux broderies riches de style occidental ou non, des tuniques traditionnelles, des étoles et pashminas colorés offerts par sa grand-mère. Elle en a beaucoup et Hestia aussi, toujours assortis aux siens. Mais ici... Dans le sac que Lee lui a ramené de l'ancien camp où logeait Hestia elle a retrouvé quelques affaires appartenant à sa sœur. Et dans le fond du sac un caftan blanc et doré, le dernier offert à Hestia par leur jedda, peu avant qu'elle ne rejoigne la résistance. « Before I try your delicacies, will you follow me to my room? I feel underdressed and I also have something for you. » Parce que s'il y a une chose qu'elle a appris de la culture de sa famille maternelle, c'est que même lorsque l'on a rien à donner, on trouve. Elle enroule l'étole offerte autour de ses épaules et rapidement, elle le fait sortir, traverser la cour et rejoindre l'annexe, neuve mais petite dans laquelle elle réside désormais, sous les combles. Jamais personne n'est invité dans sa chambre, outre Lee qui la lui a offerte et Washa, le lynx. Une ou deux fois par mois d'autres viennent toquer à sa porte, mais Flora leur parle depuis le pas de la porte. Elle préfère que son antre reste la sienne, mais cela ne vaut pas pour la famille et surtout pas un jour pareil. Elle l'invite à l'attendre un instant à l'extérieur, devant la porte, avant de fouiller dans le fond du sac à dos de sa sœur pour y retrouver le caftan. Le tissus est riche et doux et elle passe un instant à le caresser du bout des doigts. Puis, elle fait la même chose qu'Aslan, sans doute. D'un coup de baguette elle en découpe une petite longueur, pliant l'étole ainsi créée et le déposant soigneusement sur le bord de son lit. Puis elle enfile ce qu'il demeure du caftan par-dessus ses vêtements hivernaux. Elle a porté les vêtements d'Hestia des centaines de fois dans sa vie, mais cette fois ci l'habit est neuf et il était fait pour Hestia pas pour elle même si elle a une réplique exacte dans son placard à Bath — et elle se demande si Hestia le porte, aujourd'hui. Elle se pince les joue pour ne pas avoir l'air trop triste quand elle ouvre la porte et accueille son cousin à l'intérieur. « What do you think? » demande-t-elle l'étole qu'il lui a offert masquant désormais une partie de ses cheveux. Étrangement les deux motifs, celui du cadeau de Aslan et celui de son caftan vont bien ensemble, comme si c'était fait exprès. Mais s'il s'agissait  pour Aslan aussi d'un cadeau de leur jedda, il est tout à fait possible que ce ne soit pas vraiment un coïncidence. Elle l'invite à s'asseoir sur son lit et lui offre son cadeau. « Here. So we match entirely. You could wear it as a keffieh. » C'est marquer un peu plus leur différence en terres britanniques, que de se couvrir l'un comme l'autre la tête, mais c'est leur droit, surtout un jour comme celui-ci. Et puis, il n'est pas dit qu'ils retournent se mélanger aux autres avant un petit moment. Après tout, elle n'a pas très envie de partager les gâteaux qu'il lui a ramené et elle n'a jamais raffolé de la compagnie des autres habitants de Sweet River.

@Aslan Al-Massri

Hestia est incontestablement surprise, sa confusion ne saurait t’échapper. Ta visite semble l’arracher à son ordinaire quotidien. Mais alors que tu extirpes les biscuits de ton sac ainsi que le cadeau lui étant destiné, ta chère cousine paraît enfin se détendre quelque peu. Le mince sourire qui vient étirer ses lèvres alors qu’elle réalise quelles sont les raisons de ta visite, te réchauffe le cœur. C’est certes une maigre victoire, mais une victoire tout de même. « My pleasure. » Ton regard se fait plus chaleureux encore qu’à ton arrivée. Lorsqu’Hestia t’invite à la suivre jusque dans sa chambre, tu acceptes d’un vigoureux hochement de tête. A vrai dire, l’idée de rester converser au beau milieu du hall de Sweet River ne t’enchantait pas énormément. Tu ne souhaitais pas attirer l’attention des autres hybrides, ni même causer des problèmes à Hestia. Tu suis alors ta cousine au dehors et traverses la cour pour venir rejoindre un petit bâtiment tout neuf. Votre chemin se poursuit jusqu’aux combles, et puis Hestia te demande d’attendre encore quelques secondes devant sa porte. Durant les quelques minutes qui s’écoulent, tu observes les environs. Cette annexe est un peu plus accueillante que le reste du domaine. Quelque part, cela te rassure un peu que ta cousine loge ici. Néanmoins, tu n’oses imaginer ce qu’elle est contrainte de subir au quotidien. Être confiné ici cela devait être encore pire que de changer de planque tous les quatre matins. La porte s’ouvre et la voix d’Hestia vient de tirer de tes pensées. Tu te retournes et admires alors le présent que tu as sous les yeux. Le keffieh que tu as sous les yeux est d’une splendeur incomparable. Le tissu d’origine provenait certainement de votre jedda, tu aurais pu le reconnaître entre mille. Ton visage se fend à nouveau d’un grand sourire. « It’s wonderful, Hestia. I really like it. Thank you. » Ni une ni deux, tu l’enfiles au-dessus de ta tête. L’espace d’un instant, tu aurais presque pu avoir l’impression d’être de retour dans ton pays natal. « I wish Flora could be there with us. But it’s probably safer for her to stay where she is. I didn’t see her during the halloween night, so I guess it’s a good sign. » Tu n’avais pas eu de nouvelles de Flora depuis ta désertion, et tu te doutais bien que la situation était encore pire pour Hestia, sa sœur jumelle. Mais le fait que ta cousine n’ait apparemment pas été présente durant la réception de Zabini signifiait au moins qu’elle avait échappé à l’attaque des détraqueurs et qu’elle ne faisait certainement pas partie de la liste des victimes. « I know it’s not the best question I could ask, but I’m concerned. How are you feeling? Is there something I could do for you? » Tu ne voulais pas lui donner l’impression que tu avais pitié d’elle ou que tu redoutais d’aborder sa condition de loup-garou. Tu avais fait le chemin jusqu’ici pour passer du temps avec la seule famille qu’il te restait. « I would understand if you don’t want to talk about it. But if you do, I’m there to hear. »


@Flora Carrow

Aslan semble heureux de son présent ce qui réjouit énormément Flora qui se rappelle toutefois qu'il reste un Al-Massri et donc bien élevé avant tout. Ceci dit, l'empressement avant lequel il enfile l'étole comme un keffieh semble prouver que son appréciation est sincère et Flora se surprend elle-même à arborer un petit sourire content. Ce petit bout d'Égypte dans sa chambre sous les combles, réveille un peu de chaleur dans sa poitrine souvent trop froide ces jours-ci. Ce n'est pas grand chose, et ce n'est que pour la journée, puisque Aslan n'a aucune raison sinon de traîner à Sweet River, mais pour elle c'est beaucoup, elle est bien trop souvent seule par ici, même si c'est de son propre fait. « I wish Flora could be there with us. But it’s probably safer for her to stay where she is. I didn’t see her during the halloween night, so I guess it’s a good sign. » Son propre nom la surprend dans la bouche d'Aslan, c'est vrai qu'il la appelée Zahra, prénom arabe de sa sœur et non pas d'elle et elle n'a pas oublié son rôle devant lui mais…presque, pendant un très court instant. Surtout, elle n'a pas eu la moindre nouvelle de sa jumelle depuis sa morsure et elle ne peut que redevenir très sérieuse quand il la mentionne. Elle était partie du principe que Hestia n'a pas failli à leur plan et a dûment pris sa place quand Flora n'est jamais revenue au point de rendez-vous. Elle semble là en avoir la confirmation, sinon il lui aurait dit quelque chose. « I know it’s not the best question I could ask, but I’m concerned. How are you feeling? Is there something I could do for you? » Une moue fend ses lèvres alors qu'elle s'assoit à son tour sur son lit, soudain fatiguée. « I would understand if you don’t want to talk about it. But if you do, I’m there to hear. » Il n'est pas le premier à lui promettre une oreille attentive, une épaule sur laquelle pleurer. Mais peut-être sera-t-il le dernier vu sa manie de repousser toutes ces tentatives d'où qu'elles viennent. Enfin, exceptées lorsqu'elles sont informulées et venant d'un lynx au pelage tout doux. Elle a du mal à se confier et à s'ouvrir parce que de toute façon elle n'a pas le droit de se confier et de s'ouvrir, condamnée à prétendre être sa sœur jusqu'à la fin de la guerre.

« I don't really want to talk about it. Not on a day like this. » admet-elle après un silence pensif. Ce n'est pas qu'elle ne fait pas confiance à Aslan, mais elle n'a pas grand chose à dire sur sa condition. Elle déteste la louve et par conséquent se déteste elle-même. Sa sœur lui manque. C'est tout. « I wish Flora was here too. » À peine un mensonge, puisqu'elle aimerait sincèrement que Flora, la vraie Flora, l'ancienne Flora, vraiment humaine, soit là, existe encore. « When is the last time you saw her? Was she well? » Elle devrait le savoir à vrai dire puisque Hestia et Aslan se sont revus depuis la fuite de ce dernier, c'est même elle qui lui a permis de rentrer dans l'Ordre. Mais peut-être qu'entre la dernière fois qu'il a vu Hestia (ce que cette dernière lui a rapidement relaté) et sa visite à Sweet River il est repassé par Londres ou Bath et a vu celle qu'il croit être Flora, même de loin. « So you were there, on Hallowe'en? What happened exactly? » On ne lui a que trop brièvement raconté les évènements de cette soirée où bien sûr elle n'a pas été conviée à la mission résistante. Elle sait qu'il y a eu des Détraqueurs, elle sait qu'il y a eu des pertes et elle a aussi entendu parler d'hybrides en cage, ce qui a causé beaucoup de grognements et de débats enflammés, à la ferme. En tous cas si Aslan s'est trouvé dans le feu de l'action il semble s'en être bien remis depuis ce qui doit signifier qu'il n'a pas été trop approché par l'une de ces créatures terrifiantes.

@Aslan Al-Massri

Si tu comprenais parfaitement le refus d’Hestia de se confier sur le drame qu’elle était encore en train de vivre aujourd’hui et duquel elle ne pourrait jamais plus se défaire, tu détestais pourtant ce sentiment d’impuissance qui grandissait en toi à chaque minute de plus passée dans ce lieu inhospitalier au possible. Ton quotidien à toi n’était pas beaucoup plus luxueux, mais au moins tu n’étais contraint de vivre en étant devenu un autre, en devant accepter qu’une créature partage ton enveloppe charnelle. Alors même si ce n’était que pour un court instant, que pour une infime petite journée, tu aurais aimé pouvoir faire quelque chose pour elle, l’aider à se confier sur ses sentiments. Mais Hestia était une Al-Massri, une femme forte et courageuse, qui n’avait besoin de personne pour avancer, ni pour survivre. Tu l’avais bien compris et tu respectais cela. « I understand, not today. Just when you’ll feed the need to. » Tu reportes alors ton attention sur la boite de gâteaux que tu avais apportée. Tu en proposes un à ta cousine avant de te servir. Tu croques dedans à pleine dent et mâches consciencieusement comme si tu cherchais à en explorer les milles saveurs. « Well, not as good as jeddas’s ones but we can still eat them. » Ton visage se fend alors d’un large sourire enfantin. Oui, tu as parfaitement entendu les questions posées par Hestia, mais tu préfères retarder le moment fatidique où tu devras lui avouer que tu ne sais pas, que tu ignores absolument comment va Flora. Tu poses tes yeux sur la fenêtre et ton regard vient se perdre dans l’observation du paysage. Tu cherches à savoir quelle serait la façon la moins abrupte de lui dire la vérité. Mais plus les secondes passent, plus il devient bienséant de trouver quelque chose à répondre. « It’s been a long time, it was even before I left everything behind. But I didn’t see her on that day, at the Halloween party. So I guess it’s a good sign. » Oui la soirée d’Halloween, tu t’en souvenais comme si c’était hier. A vrai dire, tu ne pensais pas parvenir à l’oublier un jour, pas après les horreurs dont tu avais été le témoin. « It was such a mess, you can’t imagine. We were supposed to interfere during the middle of the night. We were all ready to rush over Clemency, just waiting for the signal. But it never came. » Tu marques une courte pause, bien que tu l’aies échappé belle et n’aies perdu personne qui t’étais cher, il était pourtant douloureux de se remémorer cette sombre soirée. « The dementors came from nowhere, attacking everyone they could reach. There were so many of them, it was incredible. It felt so strange, like in another world, where everything would be dark and cold. I saw Travers too. But I had to leave, I couldn’t stay there and look for my revenge. » La colère et la déception étaient encore bien présentes dans le timbre de ta voix. Si tu avais juré allégeance à l’Ordre et que ton attachement à la cause grandissait chaque jour un peu plus, tu n’en oubliais par pour autant quel était ton but ultime. « When I was finally able to flee, I was sent in the middle of London with Aquila. She still hates me, I guess. » Tu hausses les épaules, comme pour signifier que tu ne pouvais désormais plus rien y faire. Puis reportant ton regard sur ta cousine, tu te surprends à l’observer un court instant. C’est fou ce qu’elle ressemble à sa sœur, plus les années passent, plus il devient difficile de les distinguer l’une de l’autre. « It’s crazy but I when I see you with that stole on the shoulders, I could swear you are Flora and not Hestia. »


@Flora Carrow

Flora apprécie la sollicitude de son cousin même s’il faut admettre qu’elle arrive un peu tard ; ceci dit elle ne l’aurait pas mieux accueillie si elle était intervenue des semaines ou des mois plus tôt. Et peut-être qu’elle n’aurait pas vraiment été prête à faire face à de la famille. Le baklava que Aslan lui met dans les mains est un peu collant, mais ça ne la dérange pas, ça lui rappelle au contraire ceux que faisaient leur jedda, toujours généreuse avec le miel. Elle croque dedans en même temps que lui, avec politesse et curiosité — elle ne le connaît pas pâtissier —, mais est plutôt agréablement surprise. « Well, not as good as jeddas’s ones but we can still eat them. » Elle hoche la tête avec enthousiasme, ils sont bons et leur jedda en serait fière. Flora lui sourit un peu même si elle a dans le fond des yeux l’inquiétude qui l’a poussée à poser des questions sur sa sœur et sur Hallowe’en et elle attend encore que son cousin y réponde. Ce n’est pas comme s’il ne l’avait pas entendue. « It’s been a long time, it was even before I left everything behind. But I didn’t see her on that day, at the Halloween party. So I guess it’s a good sign. » Une petite moue tord ses lèvres, la dernière Flora qu’il a vu c’était donc elle-même. Il n’a rien à lui apporter sur l’état de sa sœur. Elle est déçue, mais pas trop. Ç’aurait été trop beau et elle n'a plus vraiment l'habitude d'être chanceuse. « It was such a mess, you can’t imagine. We were supposed to interfere during the middle of the night. We were all ready to rush over Clemency, just waiting for the signal. But it never came. » Elle hoche lentement la tête, croquant dans ce qu'il reste de sa friandise mielleuse. Elle est assez curieuse de ces détails, même si tout ça ne lui donnera finalement aucune information sur sa sœur. Elle est curieuse de tout ce qu'on lui cache soit parce qu'elle est hybride soit parce qu'elle est Carrow. Elle a pris avec succès l'identité de sa sœur, elle est ici Nephtys, mais elle n'a absolument aucune utilité, aucune mission. Est-ce parce qu'elle est nouvelle louve ? Parce qu'elle refuse de rejoindra sa meute ? Parce qu'elle est Carrow ? Ou parce qu'on ne sait pas quoi faire d'elle ? Elle écoute Aslan lui raconter cette nuit au souvenir pour lui visiblement douloureux, quelques frissons lui échappant à elle à la mention des Dementors et puis elle entend la déception dans la voix de son cousin à sa vengeance ratée. Elle sait aussi bien que Hestia pourquoi il a rejoint l'Ordre, ce qui l'a définitivement retourné contre le régime et plus particulièrement l'un de ses représentants, Louis Travers, qui aurait dû être son beau-père. Les désirs de vengeance personnels doivent être pléthore au sein de l'Ordre : sûrement la moitié au moins de ses membres ont-ils des griefs bien précis envers certains Death Eaters ou le Lord lui-même. Flora se demande si cela peut être la fondation saine d'une véritable allégeance à la Résistance, mais elle n'est pas très bien placée pour juger de ça ; les raisons de sa présence ici sont bien moins nobles encore.

« When I was finally able to flee, I was sent in the middle of London with Aquila. She still hates me, I guess. » À la mention d'Aquila elle relève les yeux vers Aslan, un peu surprise. Elle ne l'est pas, en revanche à l'idée que celle-ci ne lui ait pas pardonné et le haïsse encore. La dernière fois qu'elle l'a vue, Aquila la détestait elle aussi quand bien même elle n'avait, officiellement en tous cas, rien fait. Le haussement d'épaules d'Aslan l'intrigue un peu, cela lui est-il véritablement égal ? Elle pensait que les deux fiancés s'appréciaient au moins. « It’s crazy but I when I see you with that stole on the shoulders, I could swear you are Flora and not Hestia. » Elle rosit un peu, comme si elle était flattée. D'habitude quand on la compare à sa jumelle elle l'est, mais là c'est différent, on lui dit tout simplement qu'elle se ressemble à elle-même. C'est bien loin de la faire paniquer, la ressemblance physique entre elle et Hestia est suffisamment parfaite pour qu'elles sachent tromper absolument tout le monde jusqu'à leur propre père. Seule leur mère a jamais su les différencier alors elle se doute bien qu'Aslan n'est pas sur le point de la démasquer et note simplement à voix haute comme elles sont indissociables. Ou du moins comme elles l'étaient. « I haven't heard that in a while, » muse-t-elle avec un vague sourire amusé. Peu de gens ici ont croisé Flora Carrow au cours de leur vie et personne ne lui parle de cette jumelle encore à Londres, personne ne les compare plus, personne n'utilise son prénom à elle pour en désigner une autre. Elle ignore encore si c'est une bonne ou une mauvaise chose. « Was Aquila well? » demande-t-elle avec une curiosité sincère. Si Aquila a rendu plutôt clair le fait qu'elle ne voulait plus être son amie, Flora la considère encore comme telle et elle sait que Hestia aussi dirait la même chose. « She must have been so upset at your leaving. » En réalité Flora le sait de source sûre — c'est-à-dire qu'elle l'a entendue de la bouche d'Aquila elle-même. Elle n'est pas sûre que la Travers soit en mesure de lui pardonner sa trahison un jour, surtout vu comme ils sont destinés à ne plus trop se croiser. « Maybe one day she'll understand. » tente-t-elle toutefois de positiver parce qu'elle pense que c'est que Hestia ferait. Hestia qui jouait si bien — peut-être trop bien — aux résistantes convaincues. Hestia, comme Flora le fait désormais à sa place, ne parlait jamais trop en mal de ceux qui avaient fait un bout de chemin avec elle au cours de sa vie en dehors de l'Ordre, certainement pour éviter que ses nouveaux frères d'armes ne prennent trop sa famille (sauf Alecto, elle abandonnée à son sort) et ses anciens amis dans leur collimateur. Hestia aurait donc argué, comme Flora, que Aquila a un bon fond et qu'elle pourrait voir la logique de la Résistance si elle était suffisamment bien guidée.

@Aslan Al-Massri

Si tu fermais les yeux, là tout de suite, en continuant de mâcher ton baklava et d’écouter la voix si familière d’Hestia, tu pourrais presque avoir l’illusion d’être de retour au pays. De revivre ces jours paisibles, qui semblaient désormais être prisonniers d’une époque révolue, d’une ère glorieuse qui ne serait jamais plus. Hestia était tout ce qu’il te restait, la seule famille à laquelle te raccrocher pour ne pas tomber. Tu ignorais si tu reverrais un jour tes parents, tes cousins et cousines, aussi étais-tu bien décidé à profiter de l’instant présent avec Hestia. C’est sûrement la raison pour laquelle tu avais préféré ne pas t’attarder au sujet d’Aquila. Si tu comprenais qu’elle t’en veuille et que ton départ l’ait bouleversée, son rejet avait été si violent que tu avais préféré enterrer ce souvenir dans les tréfonds de ta pensée. Tu n’avais jamais voulu lui faire de mal, tu aurais mille fois préféré rester à ses côtés plutôt que de l’abandonner sans rien dire. Mais son père en avait décidé autrement, et tu n’avais pu te résoudre à lui révéler les véritables raisons de ta fuite. Tu connaissais parfaitement l’ampleur du contrôle exercée par Louis Travers sur sa propre fille. Ton regard s’assombrit alors qu’Hestia multiplie les questions à propos de ta fiancée. " Aquila needs time to recover. I minimized her feelings for me. I never thought I would hurt her that much. " Aurait-ce changé quoi que ce soit à ta décision de tout quitter pour rejoindre l’Ordre, si tu avais su à quel point ton départ l’aurait blessée ? Probablement pas, mais tu aurais peut-être essayé de lui expliquer, de la prévenir d’une certaine manière. " But telling her the truth about her father would have broken her heart a second time. I couldn’t explain her why I left, why the Order is the only way for me. And I regret it somehow. I hope one day she’ll be able to understand that it had nothing to do with her. " Mais pour cela, il faudrait déjà qu’elle parvienne à se détacher de l’emprise de son père, et ce ne serait pas une mince affaire.

Attrapant machinalement un nouveau baklava dans la boite à gâteaux, tu parcours la pièce du regard. Ce n’est pas bien grand, mais Hestia sembla y avoir apposé sa marque. L’endroit avait été certainement moins accueillant lorsqu’elle en avait pris possession. " How is life going on here? Do you have some people you can talk to? " Tu t’imaginais bien que cela ne devait pas être évident de tisser des liens dans ce genre d’endroit, où chacun devait avoir pris pour habitude de se méfier de son prochain. Mais tu espérais sincèrement qu’Hestia ait trouvé au moins une personne à qui se confier en cas de gros coups durs. Quelqu’un sur qui compter, quelqu’un qui ne l’abandonnera pas à son triste sort. " And what about the Order? Are you on duty sometimes? " Tu ignores s’il était préférable pour elle de rester terrée à Sweet River, ou d’avoir l’occasion de prendre l’air et partir en mission, même si cela signifiait risquer sa vie au profit d’une cause qui n’avait finalement pas beaucoup plus de considération pour les hybrides que le gouvernement lui-même.


@Flora Carrow