Ils ne la laissent même pas écouter de la musique, faut appeler l'inspection du travail ou carrément l'ONU pour violation des droits de l'homme. Sérieux, ça les aurait tué de la laisser embarquer un MP3 au boulot pour éviter de n’avoir que le son de la serpillère pour passer le ménage ? Splotch splotch couiiiiic c’est pas ultra motivant pour tenir huit heures de boulot – et encore c’était douze avec l’autre salaud de Yaxley. L’avantage ceci dit de ne pas avoir des écouteurs vissés dans les oreilles c’est que ça permet le travail sélectif. Comme ça on entend venir tous ces petits employés qui se croient importants, et elle peut faire semblant de passer efficacement le balai juste quand ils sont en train de marcher dans son couloir, et puis elle retourne s’asseoir. Elle fait le carrelage demi-dalle par demi-dalle, c’est pas un travail simple faut pas s’y méprendre. Il n’empêche qu’entre chaque moitié, et même quand elle est en train de faire la moitié, elle s’emmerde, style rat crevé, que quelqu’un vienne la sauver. Elle préfère de loin les jours où elle doit jouer la secrétaire, mais en tant que larbin c’est une tâche trop importante alors elle ne peut pas faire ça tout le temps. Le secrétariat ça permet les petites jupes sexy et les talons hauts. Non pas qu’elle ait à se plaindre de ses baskets, un bonheur pour le confort et une pièce intégrale de sa collection, mais ce bleu de travail – résolument gris verdâtre – c’est chaud à accessoiriser.

La brune a passé une partie de la matinée à se faire les ongles méticuleusement, en essayant de ne pas les abimer quand elle devait prétendre faire le ménage. C’est que c’est pas donné, c’est pas facile à appliquer, et ça se ruine plus vite qu’une carrière de sportif face à des accusations de meurtre. Enfin tout de même, dix doigts ça n’occupe pas plus de quelques heures et elle n’a plus rien à en faire. En gros, elle se fait chier. Les couloirs du département des mystères c’est bien mignon mais qu’est-ce que c’est vide de gens intéressants… Finalement elle se dit que si elle se fait la malle à un autre niveau on ne la cherchera pas avant un moment. Ce n’est pas qu’elle passe inaperçue – comment ne pas remarquer une telle présence – mais avec son uniforme moche et sa serpillère on la laisse aller n’importe où. N’importe où ce sera l’antre du loup. Les bureaux de la Values Brigade, grotte hantée par le rouquin diabolique. Mais elle bravera même la tronche de Kalen pour les beaux yeux de Boris, son sauveur, qui l’arrachera à son ennui.

Comme toujours elle fait une entrée triomphale dans les locaux de la VB – du côté opposé au bureau du dragon sinon la visite sera écourtée –, déhanché endiablé et fermeture éclair baissée aussi bas que possible pour révéler son top transparent à tous, saluant au passage quelques hounds qu’elle apprécie. C’est qu’elle doit leur manquer, elle faisait mal le ménage mais l’ambiance était nettement plus cool. Sans frapper elle rentre dans le bureau de Boris qui, heureusement, est seul. Sans se gêner elle s’assied dans la chaise en face de lui. « T’es occupé ? » La réponse n’a pas vraiment d’importance. « M’en fous, je me fais chier. » Elle est quand même sacrément plus importante que n’importe quelle paperasse qu’il peut avoir sous les yeux. A moins que ce ne soient des histoires érotiques. Est-ce que c’est du porno ? Elle retourne les papiers vers elle juste le temps de s’assurer que c’est effectivement de l’administratif ultra chiant, clairement pas de quoi la jeter hors d’ici. « Je suis venue pour répondre à la question la plus intéressante de ta vie. » Effet dramatique, elle se penche sur la surface du bureau, le regarde droit dans les yeux, il ne peut plus lui échapper. « Qui est le daddy le plus bandant du ministère ? » La trentaine est un grand minimum pour espérer avoir la moindre chance d’être considéré.

« J’te jure, la prochaine fois qu’il égorge quelqu’un sur mes nouvelles pompes, j’l’écorche et j’me fais une veste avec ses poils de loup ! » que tu geins en trempant ta plume dans l’encrier pour entamer le deuxième paragraphe de ton rapport de mission. Ça avait encore failli tourner au drame à cause de Fenrir qui avait eu l’estomac plus gros que les yeux. Heureusement qu’il t’assurait protéger vos deux arrières véreux, auquel cas, tu aurais l’impression qu’il voulait te couler. Sa méthode de travail (si on pouvait encore appeler ça un travail et pas un carnage) te foutait vraiment les jetons et il fallait au moins être aussi vain et superficiel que toi pour pas que tu craignes pour ta survie. Ta plume était donc en train de rédiger avec force détails l’état dans lequel ton loup avait laissé les suspects au sortir de l’interrogatoire lorsque débarque Lupa, que tu reconnais au décolleté qui s’incruste dans un coin de ton champ de vision.

Tu relèves la tête de ton papier, le nez un peu en l’air et la bouche pincée, comme une secrétaire importunée, tandis que ta garce favorite t’annonce la couleur. Aussitôt, ton visage s’éclaire, à l’époque, il était un peu plus coloré que maintenant. « Pour toi, chérie, je sais même plus ce que ça veut dire occupé » que tu minaudes, posant ta plume et tendant la main d’un geste vif, pour qu’elle te montre sa manucure que tu inspectes scrupuleusement. « Du travail d’orfèvre, comme toujours » que tu conclues en reposant sa main avec révérence. C’est que Lupa est une reine pour toi, transcendant le mépris de mise à l’égard des impurs. C’est qu’elle fait tache, la louve, au Ministère, à être trop provocante, trop sexy, trop flemmarde, trop busy à reluquer ; bref, une véritable héroïne à tes yeux, et ce, depuis vos plus tendres années à Poudlard. Elle figurait certainement parmi tes premières figures de rébellion face à l’autorité maternelle.

« Je suis venue pour répondre à la question la plus intéressante de ta vie. » « Balance ? » « Qui est le daddy le plus bandant du ministère ? » Un ricanement un peu nerveux franchit ta bouche de gamine. Si tu t’attendais à un défi pareil !
Tu fais mine de réfléchir. « Eeeh, imaginons, si j’faisais un top trois » tu t’affales au fond de ton siège, te caressant l’arête du nez avec ta plume. « En troisième position, y’aurait hmmmm... Wolfram von Bäume… » Tu hoches pensivement la tête, le temps que la sidérante information fasse son bout de chemin dans son crâne, du fait que ces derniers mois, tu n’avais que ce nom à la bouche, et qu’il ne méritait donc pas une place aussi médiocre dans ton classement. « En deuxième, hmmm, disons encore Wolfram von Bäume… et en première position, bah Wolfram von Bäume » Tu laisses planer un silence alourdi par son regard accusateur. Ça n’a pas trop l’air de la faire rigoler que tu ne prennes pas sa question au sérieux ; mais loin de toi cette idée. « Roh c’est bon, j’déconne ! » que tu siffles, tendant tout ton buste maigrichon par-dessus le bureau pour la retenir, les yeux au ciel et le sourire en coin. Tu souris jamais, ça fait bizarre, mais c’est juste pour elle.

« Nan mais en vrai, bichette, c’est la pire question qu’on m’ait jamais posé -à part cette fois où un type m’a demandé si je pouvais lui filer mes chaussettes sales… Anyway. Il faut qu’on s’y penche plus sérieusement… Tu sais quoi ? On va se foutre dans la salle de pause, et on va établir un classement précis, dussé-je y passer le reste de la journée ! » Tu tapes du poing sur la table, comme s’il s’était agi de la mission de l’année, alors qu’en réalité, c’était juste une bonne excuse pour te tourner les pouces.
Tu bondis de ta chaise comme un grand diable, exécutes quelques pas sur le côté pour contourner le bureau et te poster à droite de Lupa. Avec force manière, tu tends ton bras, pour qu’elle se lève à son tour.
Accroché l’un à l’autre, vos pas résonnant dans les couloirs avec une synchronisation forcée et troublante, vous vous rendez en grandes pompes sur le lieu du drame en préparation.
Vraiment, à l’époque, tu te permettais bien plus d’insolence qu’aujourd’hui, aussi impossible cela puisse paraître. Même si tu étais plus jeune, bien trop jeune, tu pensais le monde à tes pieds, malgré ton sang renvoyé à la case mêlé, jouissant encore des miettes d’une célébrité dans le milieu chic et douteux des gosses de riche.

La salle de pause de l’étage était un lieu de passage, parfait pour établir votre liste des potentiels meilleurs coups de ce trou à rats. « Y’a le type du département des transports et média là, avec sa five o’clock shadow et ses eyelids for days, vraiment mon genre, j’donnerai n’imp pour être sa femme pendant une journée » Tu t'assois à moitié sur le coin d’un plan de travail de la cafétéria, bloquant le passage pour le pauvre bougre qui voudrait se servir un café. « Mais attends… me dis pas que c’est un piège pour que j’te dise ce que j’pense de ton Travers, là ? » Tu t’es tourné subitement vers Lupa, le sourcil froncé. « Chérie, j’t’ai déjà promis que j’poserai pas un doigt sur lui, sauf si tu me le demandes ! »

« Pour toi, chérie, je sais même plus ce que ça veut dire occupé » Il a intérêt oui, quand elle appelle, tout lâcher c’est un devoir. Il lui doit bien ça, à elle qui lui a donné une vie sociale lorsqu’il n’en avait pas une ombre, et qui l’a aidé à développer un style impeccable. De manière générale, sa compagnie ne peut être que plus intéressante que les tâches de son quotidien, même lorsqu’elles impliquent un loup-garou au sex-appeal indéniable. « Du travail d’orfèvre, comme toujours » qu’il a à dire sur le travail qui a occupé la matinée de la brune. Faut dire qu’avec son boulot à se pendre, elle en a du temps à consacrer à son vernis, c’est chiadé comme jamais. « Je pourrai te faire les tiens si tu veux. » De quoi compléter son look. En tout cas la question de Lupa ne semble pas laisser de marbre son ami, dont les ménages doivent déjà tourner trois fois plus vite que d’habitude.

« Eeeh, imaginons, si j’faisais un top trois » C’est impossible, il ne peut pas avoir déjà sa liste, il y a tant de variables à considérer… A moins qu’il ait vu venir la question et qu’il réfléchisse depuis longtemps à l’affaire, avec un classement de longue date. La jeune femme est-elle tombée dans les griffes d’un homme sur-préparé ? « En troisième position, y’aurait hmmmm... Wolfram von Bäume… » Forcément oui, elle s’attendait à entendre ce nom alors elle hoche la tête, compréhensive. Mais quelque chose est louche. Elle s’attendait trop à entendre ce nom. Parce qu’elle l’a entendu au moins deux fois par jour les bons jours depuis ce qu’il lui semble être des années. Alors troisième… Faudrait pas pousser Merlin dans le ravin. « En deuxième, hmmm, disons encore Wolfram von Bäume… et en première position, bah Wolfram von Bäume » Forcément, tout s’explique. La femme de ménage fait la moue, les sourcils accusateurs. « Tu prends pas ça assez au sérieux je crois. » Oui, oui, il est beau son allemand barbu et sévère, mais il ne peut pas avoir que lui à la bouche, il faut qu’il élargisse ses horizons. « Roh c’est bon, j’déconne ! » Il sera pardonné s’il planche suffisamment sur la question.

« Nan mais en vrai, bichette, c’est la pire question qu’on m’ait jamais posé -à part cette fois où un type m’a demandé si je pouvais lui filer mes chaussettes sales… – comme si Boris avait des chaussettes sales à donner, il est bien trop soigné, il doit avoir des paires de rechange dans son tiroir lorsque les signes de transpiration se font sentir – Anyway. Il faut qu’on s’y penche plus sérieusement… Tu sais quoi ? On va se foutre dans la salle de pause, et on va établir un classement précis, dussé-je y passer le reste de la journée ! » C’est le genre d’enthousiasme que Gonzalez aime entendre, digne de son déplacement dans ce département de bouseux. Elle prend son bras sans hésitation, se levant de sa chaise comme on quitte le siège pontifical, emboîtant le pas à son compagnon. Ils auraient mérité quelques ventilateurs sur leur chemin, et un ralenti bien exécuté, mais ils doivent se contenter des regards que leur lancent quelques membres de la VB sur leur passage. Ce doivent être sans aucun doute des œillades d’admiration. Lupa connaît bien la salle de repos du département puisqu’elle y a passé environ la moitié de ses heures de travail lorsqu’elle était sous les ordres des Yaxley. La moitié où Kalen ne la surprenait pas. L’effrontée prend place sur la table face au plan de travail, ignorant les chaises parfaitement fonctionnelles qui la flanquent.

« Y’a le type du département des transports et média là, avec sa five o’clock shadow et ses eyelids for days, vraiment mon genre, j’donnerai n’imp pour être sa femme pendant une journée » C’est vrai qu’il est canon celui-là, un petit côté libraire, comme une envie de l’appeler Docteur Jones et de lui faire des yeux doux pendant qu’il raconte des trucs rébarbatifs mais grave intelligents. « Enfin pas littéralement sa femme, parce qu’elle travaille au recensement des nés-moldus et c’est un vrai thon. » C’est terrible tous ces hommes formidables qui tombent sous les coups de l’institution du mariage. Enfin, ce n’est pas un anneau à leur doigt qui empêche de finir dans leur lit. « Mais attends… me dis pas que c’est un piège pour que j’te dise ce que j’pense de ton Travers, là ? » Pfff, les pièges, c’est tellement pas son genre. Les pièges ça se fait autour d’un cocktail pour amadouer la victime, pas dans cette salle glauque. Elle lève les yeux au ciel ostensiblement. « Chérie, j’t’ai déjà promis que j’poserai pas un doigt sur lui, sauf si tu me le demandes ! » Y a pas de jalousie à avoir, elle lui a mis le grappin dessus avant que Boris ait réussi, c’est le jeu c’est tout, elle sait bien qu’il n’est pas trop mauvais perdant là-dessus. « Si je voulais que tu t’extasies sur Travers je t’aurais juste ramené une photo de sa bite, pas la peine de faire tout un cirque autour. » Ses intentions sont plus pures. « Non, ce que je te demande c’est pour la science. Et la psotérité. » Il lui semble que c’est ça le mot. Elle se passionne un instant pour sa manucure, évitant de regarder dans les yeux son ami. « Même s’il va de soi qu’il sera bien classé dans la liste. »

Rejetant sa crinière derrière ses épaules, elle se penche un peu, entièrement passionnée par le débat à venir. « Faut d’abord qu’on se pose les bonnes questions. A quel moment ‘vieux’ ça devient trop vieux ? Genre Ferdinand Yaxley là, est-ce qu’on aime bien un peu le côté grand-père ou est-ce que vraiment ça va trop loin ? » Rien n’est off-limit sans qu’on en discute. « Parce que s’il faut s’en tenir à la génération en-dessous, on peut peut-être pas trop mal classer Corban. Mais pas trop bien non plus tu vois, il est vraiment trop chiant pour que son sex-appeal florisse. »

Décidément, l’étendue des connaissances de Lupa sur ce qui se tramait au sein du Ministère ne cessait de te surprendre. Ceci dit, tu en connaissais d’autres, au département du recensement des nés-moldus qui ne méritaient peut-être pas d’être sur votre liste de la plus haute importance… ou du moins, tu essayais de t’en persuader.
Vous ne vous interrompez pas pour autant, lorsqu’un pauvre bougre veut se servir un café juste sous ton nez, faisant mine de ne pas saisir vos propos scabreux, cela même alors que Lupa évoquait une dick pic de Marlon Travers. La simple perspective qu’elle puisse être en possession d’un tel artefact (la photo, hein, pas le zgueg) t’arraches un coup d’oeil admiratif. Puis, tu claques de la langue, tandis que l’autre employé met un peu trop de temps à ton goût à attendre son café. Ton regard insistant s’appuie sur lui, lourd et bleu, accusateur et transparent, jusqu’à ce qu’il jette l’éponge et abandonne son café encore dans la machine, sans demander son reste. Bah, tu ne pensais pas que ça allait aussi bien marcher, et tu piques le gobelet fumant.

« Même s’il va de soi qu’il sera bien classé dans la liste. » Sans te laisser impressionner, tu fais la grimace. « Ça, bibiche, c’est s’il me reste encore de la place » Tu fais genre que ça ne t’atteint pas, même si la louve sait pertinemment que tu en pinces pour l’affreux jojo, au même titre que tout ce qui pouvait ressembler de près ou de loin à une figure de mentor détournée par les lois d’un subconscient un peu perché.
Par ailleurs, à la lumière des jours actuels, il était très cocasse que Lupa évoque la tête des archives. Effectivement, à cette époque, tu étais loin de te douter du cauchemar qu’il allait pouvoir te faire vivre. Et, parallèlement, tu étais à peu près aussi loin de te douter que la pauvre Lupa ne serait plus là pour tenir ce genre de brûlants débats avec toi. Tu ignorais ce que tu projetais à l’époque, mais tu devais être certain que rien ne changerait, et que personne n’aurait la saugrenue idée de te tourner le dos.

« Bah en soi, j’pense qu’on peut monter jusqu’où on veut. De toute façon, y’a forcément un moment où on peut plus rien en tirer, genre, dans tous les sens du terme. » C’est fou que vous soyez capables de faire des traits d’esprit dans ce genre de conversations. A croire que tu avais plus de potentiel qu’on ne pouvait le croire ; le souci résidant dans la superficialité de tes sujets de prédilection. « Moi, je pense qu’entre 40 et 50 ans, ça reste honnête. C’est un peu leur âge d’or, tu vois » Le café est assez dégueu mais au moins, tu n’as pas eu à le préparer. « Mais dans tous les cas, les Yaxley, ils vont prendre un peu cher, et c’est même pas personnel. » Tu ricanes dans ton fond de café. Soudain tes yeux s’ouvrent grand, ton visage s’éclaire d’une idée. « Oh ! Je sais comment on va procéder ; on va faire comme les tournois de duels ! On met en compèt’ deux noms, et on choisit selon le critère : avec lequel des deux tu passerais la meilleure soirée, et ‘faut justifier bien sûr ! » Tu reposes la tasse, et tapes dans tes mains, enjaillé au possible. « Ok, ok, j’commence ! Hmmm… » C’est plus difficile que ce que tu veux bien croire. Tu passes en revue tous les types ayant au moins deux fois ton âge, et qui t’avaient tapé dans l’oeil au moins un quart de seconde. « Ok, une facile pour démarrer : entre Lucius Malfoy et Lance Farrow ! »