C’est toujours une expérience étrange, de déambuler au beau milieu d’une foule de moldus, depuis que le monde des sorciers est en flammes. Bien que quelques événements étranges se soient répercutés de leur côté également, les moldus vivent comme si rien n’avait changé. Et c’est normal, parce que rien n’a vraiment changé, pour eux. C’est toujours la même vie : aller faire les courses, emmener les enfants à l’école, réussir ses examens, se coucher à une heure décente. Anthony ne peut s’empêcher de les observer et de les jalouser, un peu, quand il se retrouve dans leur monde à eux, pendant quelques heures.

Il apprécie ces rares moments où, le temps de quelques minutes, il peut s’imaginer qu’il est juste l’un d’eux, à chercher avec un creux au milieu des sourcils la bonne marque de pâtes ou le shampooing le plus agréable. Malheureusement, il n’est pas question de traîner trop longtemps : s’aventurer à visage découvert dans des centres commerciaux moldus les met en danger, même si c’est tout de même plus safe que chercher à apparaître dans la partie sorcière des commerces. « Fleur de cerisier ou… Cristal de mer? » fait-il avec un flacon de shampooing dans chaque main. C’est trop dur, de choisir. Il sait plus faire, choisir des choses aussi… futiles. On pourrait croire que ce c’est simple, de choisir un parfum quand les autres décisions qu’on prend au quotidien peuvent impacter toute une vie. Mais non. Comme un moldu normal, il hésite entre le flacon rose et le flacon violet. Il lève les yeux et commence à hésiter avec le vert. Et s’il les prenait tous ? Après tout, comme ça, chacun pourra choisir son parfum. « Feuille de thym et olive? » demande-t-il en soupirant légèrement. Mais personne ne lui répond, et quand il lève les yeux, Elliott n’est pas à ses côtés.

Alors Anthony se met à paniquer, bien évidemment. Il regarde autour de lui, anxieux, et repose les flacons de shampooing (futiles) devant lui. C’est probablement rien. Elliott est probablement allé regarder les bonnets d’hiver. Après tout, le rayon des accessoires d’hiver était leur prochain stop. Il faut bien qu’ils passent la saison la plus difficile de l’année, et leur planque n’est pas la plus optimisée contre le froid. Anthony quitte le rayon douche pour le rayon des vêtements, mais pas d’Elliott en vue. Merde. Il regarde par-dessus son épaule. Et s’ils avaient été suivis, et qu’ils avaient réussi à choper Elliott en premier ? Il ne se le pardonnerait pas.

Anthony essaie de ne pas attirer l’attention et avance doucement dans le magasin, en passant tous les rayons aux rayons x (aka ses yeux perçants et froncés) pour retrouver le plus jeune. Il commence à se dire qu’ils sont vraiment dans la merde quand, finalement, il aperçoit la silhouette familière d’Elliott au milieu du rayon… des DVD. « Je sais que le parfum des shampooing n’est pas un sujet très stimulant mais… Ce n’est pas une raison pour t’échapper sans prévenir. » dit-il en se postant à côté de lui, les bras croisés et le regard passant de DVD en DVD. « Tu m’as fichu une de ces trouilles pendant une demi-seconde… » Bon, plus d’une demi-seconde, même. « Tu cherches quelque chose ? »

Avant d’être obligé de passer du temps dans le monde moldu, un peu malgré lui, Elliott ne s’était jamais trop interrogé sur son fonctionnement. Bien sûr, il avait entendu des tas d’histoires de la part d’Hugo et d’autres enfants né-moldus qu’il avait pu connaitre, mais il n’avait jamais compris la fascination que certains pouvaient avoir pour ce monde. Néanmoins, au fil du temps, il s’était rendu compte de l’intérêt et de l’ironie du monde sorcier. Dans des temps où les sorciers pensaient être bien supérieurs aux moldus, Elliott ne pouvait s’empêcher de penser que les moldus étaient bien plus avancés qu’eux, du moins sur certains points. Oui, ils n’avaient pas de magie, mais ils avaient su créer leur propre magie avec la technologie ou ce qu’ils appelaient la médecine « moderne » (il n’avait jamais trop compris pourquoi moderne). Ils savaient faire des machines étranges qu’on appelle des ordinateurs, ils jouaient à des sortes de jeux sur des mini-ordinateurs, ils savaient guérir des maladies alors que même les sorciers et toute leur magie en étaient parfois incapables. Bref, les moldus auraient mériter plus de crédit et c’était sans doute pour ça qu’il était toujours volontaire pour leurs escapades dans le monde moldu. Il avait accompagné Anthony, qui était tout de même plus à l’aise dans ce milieu que lui, qui avaient toujours du mal à interagir avec les moldus, comme si une barrière les séparaient, il craignait constamment de dire quelque chose qui révèlerait le secret magique, créant ainsi une catastrophe beaucoup trop grande pour ses pauvres épaules, alors il laissait généralement les autres parler, et se contentait d’observer les gens et leurs habitat. Le supermarché était l’endroit idéal, on y croisait tout type de personnes, des familles nombreuses aux couples amoureux mais aussi des couples au bord de la rupture ou des gens qui devaient compter chaque centime. Tout était là et c’était la parfaite représentation de la société. La richesse des produits étaient également étonnante, les sorciers avaient tendance à tout séparer et à créer des magasins pour chaque catégorie de produit, tandis que les moldus mettaient tout au même endroit. C’est ainsi qu’ils avaient commencé par le rayon hygiène, où son acolyte semblait être en crise existentielle, Elliott avait produit un son d’acquiescement en entendant les mots « cristal de mer » avant que son œil ne soit attiré ailleurs. Au milieu du passage trônait un panneau qui annonçait l’ouverture d’un nouveau rayon, le rayon DVD. Elliott ne connaissait pas cet acronyme, et c’était donc naturellement qu’il s’était dirigé vers le rayon en question, tombant sur ce qui semblaient être de grands CD mais avec des films dessus ? Il y avait également une grande étagère où siégaient le « TOP 10 DES DVDS DE L’ANNÉE » dans une écriture rouge criarde. Le premier était intitulé King Kong, et on pouvait voir sur la pochette  un grand singe a l’air énervé. Alors qu’il cherchait le résumé du film, il fut interrompu par Anthony.
« Oui, désolé, j’ai été distrait, » dit-il en montrant la pochette, « je cherche juste à comprendre tout ça. Je connais les CDs et je sais que tu les mets dans une machine qui fait de la musique mais … l’image sort de la machine aussi ? » Cela semblait assez étrange, il savait que les moldus pouvaient regarder des films sur ce qu’ils appelaient des cassettes, et que les cassettes devaient passer dans deux machines pour ce faire, ça semblait déjà assez compliqué. Et ce n’était pas tout, « et Anthony, pourquoi ce singe est sur un immeuble ? »

« Oui, désolé, j’ai été distrait, » Anthony ne peut pas vraiment lui en vouloir. Les moldus eux-mêmes perdent un temps incroyable dans les supermarchés, tant il y a de choses à faire et à voir… Alors pour un sorcier comme Elliott, c’est un véritable terrain de jeu. Tony ne se rend probablement pas à quel point, d’ailleurs. « Je cherche juste à comprendre tout ça. Je connais les CDs et je sais que tu les mets dans une machine qui fait de la musique mais … l’image sort de la machine aussi ? » Anthony sourit un peu, amusé mais attendri aussi. Depuis qu’ils sont tous ensemble, ils ont eu l’occasion de présenter un certain nombre d’objets moldus (dont le téléphone portable) aux membres de la bande n’ayant vécu que dans le monde sorcier… Mais les moldus sont sans cesse en train d’inventer de nouvelles choses, alors difficile de suivre. « et Anthony, pourquoi ce singe est sur un immeuble ? » Cette fois, Tony ne se gêne pas pour lâcher un petit rire. C’est King Kong! dit-il en prenant le DVD entre les mains. C’est un personnage iconique de la culture moldue. Il y a des dessins animés… et des comics, aussi! Il n’a pas vu ce dernier film, cette dernière adaptation, réalisée par un certain Peter Jackson. Ce nom dit vaguement quelque chose à Anthony, mais il n’arrive pas à le replacer. Il a l’impression d’avoir loupé tant de choses, ces dernières années. Il faut vraiment qu’on récupère un lecteur DVD, un de ces quatre… dit-il en reposant la jaquette. Il fait signe à Elliott de le suivre, et l’emmène au rayon des télés et des objets high-tech, un peu plus loin. Tu vois ce truc un peu plat, là ? Tu mets le DVD, qui est en effet une sorte de CD, dedans. Ça lit l’histoire qu’il y a gravée dessus et retranscrit toutes les images sur la télévision, qui est branchée au lecteur. Il grimace. Bon, c’est un peu plus complexe que ça… Mais l’idée est là. Les écrans sont beaucoup plus grands qu’il y a dix ans. Anthony est toujours impressionné par l’évolution de la technologie moldue, vraiment. Tout va de plus en plus vite.

Un jour, j’aimerais vraiment qu’on aille au cinéma tous ensemble. dit-il, les bras croisés devant sa poitrine, face aux images qui défilent sur les écrans face à eux. Quand on était plus jeunes, j’emmenais souvent Sohan au cinéma, pendant les vacances, parfois même pour voir des films que j’avais déjà vu. C’était génial, de voir ses réactions. Son sourire est nostalgique. Ça fait bien longtemps qu’il n’a pas pu aller au cinéma. Bien longtemps qu’il n’a pas pu faire ce genre de choses avec Sohan, aussi. Il a l’impression que tout ça appartient à une autre vie.

Ses yeux se posent sur l’un des écrans, où une femme est en train de se trémousser à côté d’un rappeur qui porte des lunettes de soleil et des dents en or. Anthony grimace. Qu’est-ce que c’est que ça… Il cache les yeux d’Elliott. Tu es trop jeune pour regarder ça! fait-il comme si l’ancien Poufsouffle venait d’avoir 13 ans.

King Kong ? Elliott doit avouer ne pas trop savoir quoi penser de ce nom. Ça sonne un peu cool mais un peu stupide aussi. Toujours est-il qu’il est assez intrigué. C’est sans doute une question pertinente, de demander pourquoi les moldus choisissent de vénérer un singe géant, mais il n’a pas vraiment le temps pour ce genre de considérations, alors qu’Anthony le traine vers un autre rayon. « Tu vois ce truc un peu plat, là ? Tu mets le DVD, qui est en effet une sorte de CD, dedans. Ça lit l’histoire qu’il y a gravée dessus et retranscrit toutes les images sur la télévision, qui est branchée au lecteur. », Elliott lâche un « ah » de compréhension à ses explications, encore une fois assez surpris de ce que les moldus réussissent à faire, même sans magie. « Ca a l’air cool oui ! » Dit-il avec enthousiasme. « Je comprenais pas trop avant pourquoi certains sorciers aimaient autant les moldus et leur culture, je pensais qu’en tant que sorciers, on avait tout et que tout était mieux … mais maintenant, je comprends mieux » il ajoute plus bas. C’est toujours difficile de remettre en cause ce que l’on sait, de déconstruire ce que l’on a appris. Elliott n’a jamais fait partie de ces sorciers suprémacistes, mais il ne peut pas nier le fait qu’il a été élevé comme un sang pur, et que cela a créer des chemins de pensées dont il a parfois eu du mal à se défaire. Il n’en parle pas souvent, il ressent une certaine honte en y pensant, et ce sentiment de ne pas être assez louable pour la cause, d’avoir toujours ces préjudices ancrés au fond de lui même s’il sait qu’objectivement, ce sont des choses normales et surtout, qu’il est mieux que plein d’autres sorciers.

Son attention est détournée par les paroles d’Anthony, qui semble se remémorer avec nostalgie ses années passées avec Sohan et leurs rendez-vous cinématographiques. « Oui oui,  on sait, Sohan est parfait, tout ce qu’il touche se transforme en or, bla bla bla », le ton est faussement agacé, et moins faussement moqueur alors qu’Anthony affiche toujours un sourire. Cette vision lui arrache un petit rire, avant que ses yeux ne se posent sur l’écran qui leur fait face. Elliott doit avouer être assez intrigué par les images qui passent à l’écran. Outre l’image sexualisée à outrance, les dents en or sont réellement un choix qu’il ne saurait qualifier d’esthétique. Puis les mains d’Anthony se posent devant ses yeux et Elliott rit franchement à ses paroles. « Tu sais que je n’ai pas douze ans, n’est-ce pas ? », ils aiment bien tous se moquer de lui et de son apparence juvénile, le traiter comme l’enfant du groupe alors qu’il n’est en réalité pas le plus jeune, il est deuxième sur la liste certes, mais tout de même. « Et t’inquiètes, j’ai déjà vu pire. D’ailleurs, est-ce que je t’ai déjà raconté comment j’ai perdu ma virginité ? » L’air faussement innocent, si Anthony veut jouer à ce petit jeu, il risque de perdre.

« Ca a l’air cool oui ! » Il sent que Elliott ne feint pas son enthousiasme et ça le rassure. Il aime bien expliquer des choses mais il a toujours peur de saouler les autres, ou d’avoir trop l’air d’un adulte qui essaie de montrer qu’il sait des choses. « Je comprenais pas trop avant pourquoi certains sorciers aimaient autant les moldus et leur culture, je pensais qu’en tant que sorciers, on avait tout et que tout était mieux … mais maintenant, je comprends mieux » Anthony sourit, satisfait. Elliott n’est pas gâté, avec eux, à Dagobah : la culture moldue fait presque autant partie des habitudes que la culture sorcière. Et puis ils ont du temps à perdre, chez eux, la majorité du temps, alors il n’est pas rare de voir Tony accomplir diverses tâches à la moldue alors qu’il pourrait très bien les réaliser deux fois plus vite s’il utilisait les techniques sorcières. « Oui oui,  on sait, Sohan est parfait, tout ce qu’il touche se transforme en or, bla bla bla » Anthony lève les yeux au ciel quand Elliott se moque de son petit moment de nostalgie. Ils en ont tous, et bien plus souvent qu’ils aimeraient l’admettre, Tony se promet de tomber sur l’ancien poufsouffle la prochaine fois qu’il sera lui aussi dans ses pensées, tiens.

Malheureusement, ce petit moment est vite brisé par l’horreur de ce qui défile sur les écrans. « Tu sais que je n’ai pas douze ans, n’est-ce pas ? » ”C’est tout comme!” proteste Anthony même si Elliott a déjà repoussé sa main. Il continue de grimacer en voyant le clip musical… C’est absolument dégoûtant. Et la musique n’est même pas bonne, de ce qu’il entend légèrement dans les speakers de chaque côté de la télévision. « Et t’inquiètes, j’ai déjà vu pire. D’ailleurs, est-ce que je t’ai déjà raconté comment j’ai perdu ma virginité ? » Anthony hausse les sourcils et se tourne ver Elliott, un air curieux sur le visage, les mains croisées devant son torse. ”Je crois que je n’ai pas eu l’honneur d’entendre cette histoire, fait Tony, qui n’a absolument aucune envie d’entendre cette histoire, mais je t’en prie, tu as l’air de mourir d’envie de me la raconter.” Il attend, les sourcils toujours haussés, et un petit sourire au coin des lèvres. Il s’attend à piéger un peu Elliott : il ne doit pas avoir quelque chose de si extraordinaire à raconter, si ? Ils traînent ensemble depuis si longtemps… Il n’a pas souvenir d’avoir vu Elliott avec qui que ce soit. Et puis Tony est loin d’être idiot, il sait très bien où va l’intérêt du jeune homme, même s’il ne dit rien. ”Raconte moi ça sur le chemin pour aller retrouver notre panier que j’ai abandonné en panique pour venir te chercher, tiens.” Il fait demi-tour et fait signe à Elliott de le suivre. Le panier est resté dans l’allée des gels douche.

”Je crois que je n’ai pas eu l’honneur d’entendre cette histoire", le sarcasme se sent à plein nez, mais malheureusement pour Anthony, Elliott n'a que peu de pudeur et une bonne histoire à raconter. Il est assez surpris, à vrai dire, il aurait pensé que sa disparition cette nuit là avait fait le tour de l'Ordre à l'époque, mais visiblement non.
Il suit Anthony dans sa recherche de son panier. "T'es sur de vouloir savoir ? Parce qu'une fois que tu le sais ça restera gravé à jamais dans ton esprit". Il est plus ou moins certain qu'Anthony ne s'attend à rien d'exceptionnel. Il n'a peut être pas complètement tort. "Okay, donc, quand on était à l'Ordre, j'ai eu une mission à Londres un été ? Il y avait suspicion d'un club qui faisait travailler des hybrides, et pour je ne sais quelle raison ils ont jugé que j'étais jeune et que c'était parfait pour s'introduire dans ce genre d'endroit." Il s'arrête un instant pour prendre un tube de dentifrice. "Bref, j'y ai été envoyé avec Lisa Lewis, je sais pas si tu te souviens d'elle ? Mais on s'est retrouvés dans ce club hyper bizarre. Il y avait beaucoup beaucoup de monde, pas d'hybrides en vue, mais beaucoup d'alcool et probablement de la drogue aussi. Je sais pas si le monde sorcier avait quoi que ce soit à faire là dedans, peut être que c'était juste un club. Mais bon on a quand même essayé de faire le tour des environs, de demander à des gens s'ils avaient vu des choses étranges, qui sortent de l'ordinaire. À un moment je suis tombé sur des touristes norvégiens, un couple, qui ont commencé à me raconter qu'ils étaient venus dans cet endroit pour une raison très spécifique. Donc la je me suis dit jackpot, il doit y avoir chaporouge sous caillasse. Donc je reste, on boit un verre, j'essaie de les faire parler, de leur demander ce qu'ils cherchent exactement. Entre temps j'avais perdu Lisa. Et à un moment le mec me dit qu'il y a une pièce secrète à laquelle tu peux accéder que quand t'es un bon client, et que eux viennent passer tous leurs étés à Londres donc ils connaissent bien le staff et qu'ils peuvent me montrer. Donc là je commence un peu à stresser parce que j'ai perdu Lisa et que je sais pas ce que je vais faire si je me retrouve face à des hybrides exploités par je ne sais qui. J'ai ma baguette heureusement mais bon, j'ai 19 ans j'ai jamais fini l'école donc je peux pas faire des miracles non plus" il lâche avec un petit rire, "mais bon au final j'ai pas eu besoin de ma baguette, parce que quand on est arrivés dans leur pièce secrète en fait, bon déjà c'était pas une pièce mais tout un autre étage du club. Et dans cet étage, c'était une ambiance complètement différente, il y avait moins de monde, et c'était plus calme. Il y avait un bar et tout mais je voyais aussi des couloirs qui donnait accès à d'autres endroit. Je comprenais pas vraiment ce qu'il se passait parce que j'étais toujours dans l'optique de trouver des hybrides et là, j'en voyais aucun. Et du coup, ils m'ont expliqué que les gens venaient ici pour coucher avec des gens qu'ils connaissaient déjà ou qu'ils avaient rencontrés de l'autre côté. Donc la je me suis dit, ok et donc moi qu'est-ce que je fais là ? Et bref je te passes les détails, mais j'ai passé la nuit là bas."  Après son monologue, ils ont finalement atteint une allée où Anthony s'est arrêté. Elliott peut voir un panier abandonné au loin, qu'il point du doigt. "C'est celui-là, notre panier ?"

Malheureusement pour Anthony, Elliott affiche soudain un air beaucoup trop enthousiaste. "T'es sur de vouloir savoir ? Parce qu'une fois que tu le sais ça restera gravé à jamais dans ton esprit" Non, il n’est pas vraiment sûr de vouloir savoir, mais en même temps, il est trop gentil pour se raviser et dire à Elliott qu’il ferait mieux de se taire, alors il se contente de répondre sans vraiment répondre, avec un sourire awkward. Il ne fallait rien de plus à Elliott pour se lancer dans son récit, évidemment.
Au fil du monologue du plus jeune, Anthony affiche diverses émotions, mais c’est une grimace qui prend le dessus quand il arrive doucement à la fin de l’histoire. Il n’arrive pas à croire qu’Elliott se soit fait embarquer dans un truc pareil… Il devait être jeune, en plus. ”Donc la je me suis dit, ok et donc moi qu'est-ce que je fais là ? Et bref je te passes les détails, mais j'ai passé la nuit là bas." Tony regarde Elliott comme un alien - un alien grimaçant - quand il conclut l’histoire. Malgré lui, il ne peut s’empêcher d’imaginer des choses. Est-ce que les deux touristes norvégiens… Est-il resté avec les deux… Est-ce que Lisa les a retrouvés… Il secoue la tête comme si ça pouvait soudain faire disparaître toutes les choses qui lui passent par la tête. Au-delà du fait que l’histoire du récit le met mal à l’aise, il n’est pas particulièrement ravi d’avoir eu une fenêtre aussi grande ouverte sur l’intimité d’Elliott. On peut dire que l’intimité, pourtant, ce n’est pas un problème, d’habitude : ils vivent ensemble depuis très longtemps, ils connaissent les mauvaises habitudes l’un de l’autre, les petits trucs que seuls des gens qui vivent ensemble depuis des années savent… Mais là, c’est un peu trop.
Bon, en tous cas, ça fait un bon récit. Anthony, pendant quelques secondes, se demande presque s’il a tout inventé, mais en même temps… C’est typiquement le genre de truc qui peut arriver à Elliott. Le genre de truc qui ne lui arriverait jamais à lui, d’ailleurs, qui est toujours trop prudent pour se retrouver embarqué dans ce genre de trucs.
Ils arrivent devant l’allée des gels douche. "C'est celui-là, notre panier ?" demande Elliott et Anthony acquiesce, en se rapprochant du panier. Il a fini par y mettre tous les parfums de gels douche, incapable de choisir. ”Hum. Merci pour… cette histoire… très… intéressante. Que je vais essayer d’oublier tout de suite. What happens at the store stays at the store.” fait-il avec un sourire un peu gêné en récupérant leurs courses. Il fait signe à Elliott d’avancer vers le bout du rayon. Ils ont encore quelques trucs à acheter avant de partir. Alors qu’il s’apprêtent à quitter le rayon hygiène, l’oeil d’Anthony est attiré par des emballages colorés. Il hésite, et puis prend plusieurs boîtes de préservatifs et les fait tomber dans leur panier. Il relève les yeux sur Elliott. « Au cas où toi… ou un autre tomberait sur des touristes norvégiens. » Il grimace toujours un peu. Mais c’est vrai que… Il préfère en acheter et être sûr que tout le monde se protège. À vrai dire, il n’est pas très sûr de si… ils ont tous… une vie intime. Ce n’est pas vraiment le genre de choses dont ils parlent. Mais il serait évident que parfois, lors de missions, ils en profite pour… bref. Il veut que les garçons se protègent. Ils ont déjà assez de problème comme ça, il ne veut pas qu’ils aient à gérer des maladies sexuellement transmissibles en plus.
Il secoue de nouveau la tête, mal à l’aise de penser à l’intimité de tout le monde. Il est vraiment temps qu’il pense à autre chose quand l’idée que Logan soit sexuellement frustré lui glisse dans l’esprit.
« D’ailleurs! » Puis il fronce les sourcils, se rendant compte qu’il a pensé à Amaya après avoir entendu parler de la vie sexuelle d’Elliott. Tout ça est beaucoup trop bizarre. « C’est bientôt l’anniversaire d’Amaya. » dit-il, sachant très bien que le sujet va l’interpeller - il n’est pas né de la dernière pluie. « On pourrait lui chercher des cadeaux? » dit-il dans l’allée centrale, les yeux plissés pour lire les panneaux qui indiquent la composition des rayons.

L'air gêné d'Anthony l'avait déjà fait sourire, il avait voulu savoir après toi, mais son idée soudaine d'emporter plusieurs boites de préservatifs l'avait fait franchement rire, assez pour s'attirer le regard offensé d'une vieille dame qui passait par là. "Oui ou au cas où Sohan et toi arrangez vos affaires avant la date de péremption," il ajouta avant de prendre une des dites boites, "2013 ! Vous aurez peut-être effectivement une chance de les utiliser" il continua avec un clin d'oeil exagéré alors que son camarade s'efforçait de changer de sujet. Tony avait raison, l'anniversaire d'Amaya arrivait effectivement à grand pas. Les cadeaux étaient toujours un casse-tête pour lui, avec Amaya plus encore. Il hésitait toujours longtemps, embarquait souvent Hugo dans son désespoir. Il fallait prendre plusieurs paramètres en compte, offrir quelque chose qui serait reçu avec joie et qui ne soit pas too much. Ces dernières années, les objets sorciers avaient été plus difficile à acquérir, ils avaient donc du se résoudre à offrir des cadeaux moldus ou ensorcelés par leur soin. C'était sans doute ce qu'Anthony avait prévu de faire encore une fois.
"Oui, t'as des idées ?" Anthony était assez proche d'elle pour avoir sans doute déjà trouvé. Peut-être qu'il avait tort, mais Elliott imaginait que Tony était beaucoup plus doué que lui pour ce genre de choses.
Après être passés dans le rayon DVDs, c'est assez naturellement qu'ils se dirigèrent vers le rayon CD. C'était une valeur sure, pour quelqu'un comme Amaya, qui savait apprécier les délicatesses musicales. Ce single intitulé "SexyBack" n'était probablement une de ces délicatesses musicales. Elliott parcourut le rayon des singles avec intérêt avant de retrouver Anthony à côté des vinyles. "Je suis pas sur qu'on trouve notre bonheur ici, Tony" il dit avec un air plus grave que nécessaire, "j'ai l'impression qu'il y a un thème dans le titre des chansons qui pourrait envoyer le mauvais message". Il montra ensuite un à un à Tony les quelques CDs qu'il avait trouvé. En effet, après SexyBack, Elliott était tombé sur l'étagère des hits du moment où figuraient des chansons telles que "Promiscuous", "Temperature", "Hips don't lie" ou encore "Every Time We Touch" et well, en matière de too much, on aurait difficilement pu faire pire. "Tu vois ce que je veux dire ?" Il finit avec un petit rire. Ces CDs auraient été digne de Noam, pas d'eux, même si entre ça et les capotes, le thème de la journée semblait être forcé par le destin.

Tony regarde les boîtes de préservatifs tomber dans le panier. "Oui ou au cas où Sohan et toi arrangez vos affaires avant la date de péremption," Il sent soudain son coeur battre jusque dans ses oreilles. Est-ce qu'Elliott vient vraiment de dire ce qu'il vient de dire ? Est-ce qu'il a inventé ce qu'Elliott vient de dire ? Ça semble tellement sorti de nulle part qu'il se demande s'il ne l'a pas rêvé. Anthony est soudain extrêmement gêné et il n'ose plus regarder le plus jeune. Il n'a absolument aucune idée de ce qu'il veut dire par là, très franchement. La phrase ne fait pas grandement de sens dans son esprit. Il ne répond rien, parce qu'il ne sait absolument pas quoi dire, et essaie d'effacer tout de suite ce moment de son esprit (la phrase reviendra le hanter plus tard, évidemment). "2013 ! Vous aurez peut-être effectivement une chance de les utiliser" Anthony s'éclaircit la gorge. Il ne sait pas par où prendre ces remarques. De nouveau, il reste silencieux, trop gêné et anxieux à l'idée d'avoir compris des choses de travers. Elliott ne suggéré quand même pas que… Anthony passe une main dans ses cheveux et fait mine de se concentrer sur les rayons devant eux. Tout ça est beaucoup trop gênant, il veut juste partir en courant.

Amaya. L'anniversaire d'Amaya. Voilà un sujet plus… bref. "Oui, t'as des idées ?" On va trouver. Ils se retrouvent dans le rayon des disques et Tony sourit en voyant les jaquettes de certains albums. Ça lui rappelle beaucoup de souvenirs. Il avait un tourne-disque moldu quand il avait son appartement, à Londres. Aujourd'hui, heureusement, il a le meilleur tourne disque dur monde : Amaya. "Je suis pas sur qu'on trouve notre bonheur ici, Tony, j'ai l'impression qu'il y a un thème dans le titre des chansons qui pourrait envoyer le mauvais message. Tu vois ce que je veux dire ?" Tony regarde les propositions et grimace. En effet. Il ne faudrait pas faire passer le mauvais message. Il hausse les sourcils. À moins que… L'ancien apprenti auror n'est pas idiot, il sait bien ce qu'il se passe entre Elliott et Amaya. What about… this? Il s'arrête devant un album d'Avril Lavigne. Son dernier, visiblement. Amaya pourrait l'écouter sur son walkman. Il regarde le nom des chansons : Keep holding on. Parfait. Il continue de regarder autour de lui. Oh! Alicia Keys! Elle l'adore. Ce sont de bonnes idées. Son père lui achetait souvent des CDs. Je pense que ça lui ferait plaisir. Robert lui manque. Il aimerait tellement qu'il puisse voir la femme géniale qu'est devenue Amaya. Il aimerait tellement qu'il soit là pour le conseiller. Tu veux qu'on aille jeter un coup d'oeil aux bijoux? propose-t-il le plus innocemment possible.

“En effet. Il ne faudrait pas faire passer le mauvais message.” — “Oui”, répondit avec une grimace similaire à celle qu’arborait Tony. Elliott ne connaissait pas vraiment la musique moldue mais il savait que “Promiscuous” n’était définitivement pas un bon choix.  “What about… this?” Il lui montra un CD d’une personne qu’Elliott n’avait jamais vue, mais ça n’était pas surprenant, jusque là. “Keep holding on. Parfait.” — “Si tu le dis,” Elliott lui faisait confiance, vraiment, et il savait que Tony et Amaya étaient proches, donc il ne se faisait pas trop de soucis. “Oh! Alicia Keys! Elle l'adore. Son père lui achetait souvent des CDs. Je pense que ça lui ferait plaisir.” Ses paroles en étaient la preuve même. Elliott ne put s’empêcher d’être nostalgique pour elle. Il ne savait pas ce que c’était, pas vraiment, mais il ne voyait pas souvent sa famille, presque plus, et même s’il savait qu’ils étaient en vie, ça ne suffisait pas à apaiser le manque. Et la venue de Warren dans sa vie quelques mois auparavant n’avait fait que rajouter une couche de confusion à tout cela. Il n’en avait parlé à personne, pas même à Hugo, mais à voir Tony s’agitait ainsi pour trouver un cadeau à Amaya, il avait presque envie de lui dire. Il savait qu’il serait là pour lui, ça ne faisait aucun doute. Il fut distrait par la voix de Tony qui se fit à nouveau entendre “Tu veux qu'on aille jeter un coup d'oeil aux bijoux?” Elliott lui lança un regard blasé. “Les bijoux ? Really ?” Elliott avait fait beaucoup de choses pour faire plaisir à Amaya et tenter de lui plaire, mais même lui ne serait pas allé si loin. “C’est son anniversaire Tony, on offre pas des bijoux à une amie pour un anniversaire, c’est juste … bizarre.” Peut-être que ça ne l’était pas tant que ça, peut-être qu’il exagérait, mais il avait l’impression que les bijoux étaient quelque chose de vraiment spécial. Et c’était un anniversaire, pas une demande en mariage. “Tony ?” il demanda, alors qu’ils continuaient à arpenter les rayons, “est-ce que je peux te dire quelque chose ? quelque chose que j’ai dis à personne ?” Il lui demanda timidement, n’osant pas regarder son ami dans les yeux. “Il y a deux trois mois, Warren Avery est venu me voir, à Dagobah,” il commença. Il se doutait que Tony voyait qui Warren était, il visitait le camp semi-régulièrement après tout, “Et euh … il m’a dit qu’il était notre père, à moi et à Raf.” Il finit encore plus doucement, comme si les moldus alentours pouvaient porter un quelconque intérêt à sa vie.