Hermione est de passage, seulement, comme d’habitude. Les membres de l’Ordre sont habitués : les membres du cercle six sont comme des fantômes, qui traînent pendant quelques jours ici, là, puis disparaissent. Parfois, on ne les voit pas pendant des semaines, comme s’ils s’enfermaient dans les sous-sols du manoir Saint James et disparaissaient complètement de la surface de la terre. Parfois, ils ne sont même pas au manoir, et sont introuvables pendant des jours. C’est devenu tellement normal qu’ils soient en marge que quand Hermione passe quelques jours dans une planques peuplée de membres de cercles inférieurs, il arrive qu’on lui adresse à peine la parole. Elle ne saurait dire si c’est du mépris, de la paresse, ou si c’est tout simplement parce qu’ils sont intimidés. Mais c’est toujours bizarre.
Heureusement, la planque dans laquelle elle est arrivée il y a deux jours et qui est proche du lieu dans lequel elle est en train de mener des recherches liées aux runes est tenue par des résistants qui ne l’ignorent pas. Ils déjeunent, dînent ensemble. Ils ont même regardé un film moldu, la veille au soir. C’est agréable, de trouver de la bienveillance, et de la camaraderie, avec des personnes extérieures au cercle 6. Elle adore ses meilleurs amis, ils sont devenus sa famille… Mais parfois, elle est fatiguée d’être enfermée avec les mêmes visages à chaque heure de la journée. Au milieu d’inconnus, des simples connaissances ou de vieux camarades, elle a l’impression d’être un peu plus légère, de laisser tomber ses oeillères.

Quand elle arrive ce soir-là, après une journée fatigante à essayer de semer un petit groupe de la brigade de police magique, elle s’attend à être accueillie avec un plat chaud et la musique moldue, toujours en fond dans ce vieil appartement… Mais non. Karen, la responsable de la planque, l’accueille avec les bras croisés et un air inquiet. Je suis désolée de t’embêter alors que tu reviens tout juste mais… il faut que je te parle. Hermione se débarrasse de son manteau, et accepte le verre d’eau qu’on lui offre. Hésitante, Karen lui explique que dans l’immeuble se trouve une deuxième planque de l’Ordre. Je ne devrais pas te le dire, mais bon. Les planques restent secrètes, même pour les plus gradés de l’Ordre. Leur emplacement n’est révélé que quand un résistant doit s’y rendre en mission ou doit s’y installer. Tu le connais, Justin? Hermione hausse les sourcils. Legolas? Justin. Elle acquiesce. Karen lui explique qu’il est étrange, depuis quelques jours. Elle lui explique qu’il fait n’importe quoi, sans réfléchir, qu’il est susceptible et instable. Est-ce qu’il s’est passé quelque chose de spécial? Karen hausse les épaules. C’est bien le problème. Personne n’arrive à lui parler. Et ses amis proches ne sont pas là : ils sont tous en mission. Alors on s’est dit que comme tu le connaissais, peut-être… Hermione n’est pas sûre d’être la mieux placée pour parler à Justin. Elle n’est pas Susan, elle n’est pas Alexis ou Ian. Mais elle accepte, évidemment. Il faut vraiment qu’il se ressaisisse. Karen a l’air à bout. Hermione promet de tout faire pour apaiser la situation, et on l’emmène quelques étages plus bas, dans une planque où il y a un peu plus de monde. Vous êtes sûre de vouloir aller dedans? fait un mec un peu plus jeune qu’elle, quand elle file en direction de la chambre dans laquelle Justin s’est retranché. Elle ignore la remarque, et frappe à la porte. Justin? Pas de réponse. C’est Sicilia. Elle hésite. Hermione. Toujours pas de réponse. J’entre, ok? Elle n’attend pas qu’il réponde, et s’engouffre dans la pièce. Il y a des affaires partout. Hermione balaie la pièce du regard, avec de grands yeux surpris et inquiets. Finalement, elle trouve la silhouette de Justin, contre le mur. Hey. commence-t-elle doucement, pas trop sûre de la réaction qu’elle va avoir de la part de son ancien camarade de classe.