in memoriam.

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@Rodolphus Lestrange & Narcissa Black
— Malfoy's Manor, Wiltshire, England. (present days)

es images innondent, un torrent d'émotions.
Vives.
Brûlantes.
La douleur submerge comme une avalanche incendiaire de basalte.
Tous les ans, c'était la même chose. Tous les ans, c'était la réminiscence de cauchemars. Ce soir, c'était comme son anniversaire. Mais pas de naissance. Pas de mort non plus. Sinon ça aurait été plus douloureux. Non, c'était comme un anniversaire de souvenirs duquel on avait pourtant plus rien à célébrer. Tout simplement, un anniversaire de quelque chose. De quoi? On trouverait bien plus tard. Il ne lui fallait pas spécifiquement de raison pour être triste. C'était un sentiment facile de laisser naître. Comme la colère. Mais quelle ironie, quel drôle coup du destin que de faire naître la mélancolie du deuil la veille de la Samhain. Cette période de l'année où cette frontière entre le monde des morts et celui des vivants se trouvaient si mince qu'elle devenait aussi futile et inutile qu'une passoire. Et les ténèbres avaient, ce soir, d'apprêter à vous faire hérisser le poil. Insensiblement s'insinuait une pénombre inquiétante, engloutissant gloutonnement et sans partage les formes et les couleurs. Les buissons et les arbres des jardins du Manoir revêtaient des formes inquiétantes, se transformaient en monstres grimaçants. Des visages imaginaires se tordaient et des articulations des arbres et banchages semblaient s'ouvrir gueules béantes de créatures cauchemardesques. C'était comme si, ne les chassant pas, Cissy laissait volontairement ses images l'effrayer. Tant soit peu, tant qu'ils lui fassent oublié la mélancolie.

Sa sœur est morte. L’évènement la ronge, la bouffe de l’intérieur comme un ver. Elle aurait dû la pleurer un peu plus. Mais cette Bellatrix qui avait été tué n'avait jamais été sa sœur. C'était l'esprit tordu de quelque chose qui avait déjà été de la même nichée. C'était l'amas d'os et de chair d'un fantôme transformé. Une âme tourmentée par l'emprisonnement, la détérioration d'une cervelle par l'assouvissement de desseins bien plus obscures. Assassinée de la baguette de leur propre nièce. C'était juste une autre histoire de famille qui tourne mal. Le genre de background familial dont aurait aimé pourtant se rassasier ses rapaces de la Presse de la Gazette du Sorcier. Mais d'aucun n'aurait jamais osé s'y mouiller ; attaquer les Black, si tant peu reste-t-il du Clan, c'était s'attirer pour toujours la malédiction pestilentielle de cette famille. Alors les grands titres n'avaient traité de rien. Mais sa sœur était bel et bien morte. Cissy ne cesse de se demander si ça en finira un jour. Si les souvenirs de sa sœur cesseraient à tout jamais de venir la tourmenter. Oh, bien sûr, il y avait du mieux. Mais ça finissait toujours par revenir. C'était pas la mort en soit qui la noyait dans un chagrin d'émotions. Sa propre mort, elle en avait même déjà rêvé. Seulement, la mort de Bella, c'est autre chose. C'est l'aboutissement fatal d'une décrépitude psychique. Qui sait si Bellatrix aurait jamais pu lui revenir?

Alors au coin du feu que la Sorcière laissait grandir dans ce coin des grands jardins, elle attendait. Elle ruminait. Le regard dans le vide, elle attend. elle attend et attend encore. Lionne plantée, sur le qui-vive, elle ne bouge pas. Debout dans l'ombre, son visage maquillé par le lèchement des flammes, alors qu'elle fixe un point que elle seule voit. Alors qu'elle abandonne la conscience. Ce n'est probablement pas une bonne idée de se perdre ainsi, à la merci de la nuit, mais elle se lasse bien vite de l'attente interminable et lui préfère des pensées moins torturées qu'elle ressasse de toute façon depuis des semaines.

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Rodolphus Lestrange & @Narcissa Black
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es traditions. Les sangs-purs s’y accrochaient comme des sangsues à de la chair bien tendre. Et toi tu ne faisais pas exception à la règle. Ton emprisonnement à Azkaban t’avait appris à évoluer dans un quotidien routinier, dont la moindre étape était parfaitement rodée et s’encastrait dans une suite de schémas tous reliés les uns aux autres. La routine était certainement ce qui t’avais permis de ne pas t’abimer pour de bon dans les profondeurs des ténèbres. Que ce soit durant ton enfermement ou même après le meurtre de Bellatrix. Si tu t’étais toujours refusé à célébrer son anniversaire en son absence, tu mettais un point d’honneur à entretenir sa mémoire à l’occasion de la Samhain. En dix longues années, tu n’avais pas une seule fois manqué d’allumer un brasier en son nom. Une tradition à la dent dure, que tu avais d’abord entrepris d’instaurer seul de ton côté. Jusqu’au jour où tu avais fini par te souvenir que tu n’étais pas le seul à porter le deuil. Jusqu’au jour où tu avais réalisé que la lignée des Black était en train de tomber en lambeaux. C’était peu de temps après les fiançailles de Narcissa et Colm von Bäume. Si tu ne voyais déjà pas d’un bon œil l’avidité des cousins de Lucius à l’égard du manoir Malefoy, la présence de cette famille d’arrivistes germaniques te déplaisait au plus haut point. Narcissa était venue vous trouver ton frère et toi, afin d’obtenir votre soutien. Tu avais alors été surpris de la découvrir sous un autre jour, de faire face à une sorcière bien plus affranchie et déterminée qu’elle ne l’avait été jusqu’à présent. Finalement, Bella et elle avaient peut-être plus de points communs que tu ne l’aurais cru. Oui, c’était peut-être une bonne idée que de laisser Narcissa prendre part à ton long processus de guérison. C’est ainsi que depuis près de six ans, vous vous passiez le relais pour organiser le bûcher en l’honneur de Bellatrix.

Cette année, la responsabilité de la tâche incombait à Narcissa. A l’instar des fois précédentes, tu avais choisi un objet bien particulier ayant appartenu à Bella, et étant désormais destiné à brûler au cœur des flammes ardentes. Lorsque tu frappes à la porte du manoir Malfoy, Colm von Bäume t’ouvre personnellement la porte et t’invite à rejoindre ta belle-sœur au fond du jardin. L’Allemand sent que tu ne l’apprécies pas, il faudrait être parfaitement stupide pour ne pas le comprendre. Aussi ne se fait-il pas prier pour regagner ses appartements et vous laisser effectuer vos sacrements en paix. Narcissa se tient déjà face à un brasier rougeoyant alors que tu arrives sur la terrasse. Tu descends les quelques marches qui te séparent d’elle et t’éclaircis la gorge afin de l’avertir de ta présence sans la faire sursauter. Un baiser furtif déposé sur sa joue en guise de salutation avant de venir te placer silencieusement à ses côtés. Avant ce terrible drame, tu n’avais jamais été vraiment très proche de Narcissa. Et puis le décès de Bellatrix avait sans aucun doute resserré vos liens.

Tu plonges une main à l’intérieur de ta cape et en extrais un bracelet en or, orné d’une multitude d’émeraudes toutes plus scintillantes les unes que les autres. « Vos parents le lui avaient offert après sa nomination au poste de préfète de Serpentard. » Tu avais pris l’habitude d’expliquer la provenance des objets que tu offrais aux flammes années après années. Tout en prenant bien soin de ne jamais prononcer le nom de ta défunte épouse. Pas simplement par respect, mais aussi et surtout parce que cela t’était encore trop douloureux de savoir que l’évocation de son patronyme ne suffirait plus à la faire surgir à tes côtés. Le regard fixé sur le bracelet que tu viens de jeter au milieu du bûcher, tu extirpes une longue boite de la poche intérieure de ta cape, et la tends alors à Narcissa. « En cherchant le bracelet, j’ai retrouvé sa baguette. » Mensonge, tu savais parfaitement où la moindre de ses affaires se trouvait. Tu n’aurais pu te pardonner de perdre quoi que ce soit lui ayant appartenu. « J’ai bien essayé de m’en servir, mais elle ne me convient malheureusement pas. Alors je me suis dit, que tu voudrais peut-être la garder. Je suis certain qu’elle aurait aimé savoir qu’elle pourrait te protéger. »

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a scintillation de l'ornement lui arrache une esquisse douloureuse.
Et les souvenirs lui remontent au gosier comme une cuvée de vin trop sec.

Alors la phonation se brise et le labre menace de frétillements lorsque se fait s'élever l'inflexion suspendu d'accablements : “ Merci. les griffes se referment sentencieusement sur l'antiquaille étui tiré. Le fourreau scellé frémulant ne saurait mentir sur son contenu. Avant même qu'il ne le lui annonce, Narcissa le décèle. C'était sa baguette. Alors la Sorcière acquiesce, incapable de psalmodier le moindre remerciement. De tous les trésors que lui auraient léguer sa sœur, ce lopin de noyer était le plus louable. Le reflet de son essence assiégée jusqu'au myocarde de dragon. Que n'aurait-elle pas sacrifier, la petite sœur, pour que son aînée n'ait jamais à en payer le prix? Les phalanges blanchissent autour du coffret comme s'il s'agissait un instant du plus inestimable des objets pour témoigner à regret : J'aurais aimé savoir la protéger comme elle a su me protéger. la condamnation était ignoble, teintée de sa propre déception vis-à-vis d'elle-même. Mais qu'était-elle sinon, que Narcissa la loupiote. Narcissa la dernière de la portée. Celle dont on avait espéré pas moins de l'exploit que de réussir son mariage et d'enfanter ribambelle d'héritiers. Narcissa la dernière de la lignée. Quel moquerie de la part de Merlin que d'en faire le dernier bastion avant l'extinction. Cette ère qui voyait la raréfaction des Black. Qui témoignerait surtout du pogrom du dernier filament de postérité. Paluche compatissante qu'elle laisse mollement choir sur l'hommasse cubitus, il lui faut un brin d'effort pour ne rien laisser paraître de ses émotions qui lui font se torde jusqu'à la pense. ... C'est une douce attention. Merci Rodolphus. ”

La patte déposée se referme quelques secondes sur l'avant-bras avant de retourner lécher le tissu rêche de sa robe d'automne. Puisque sur ses entrefaites, le silence les engloutit de nouveau, laissant le brasier pour seul témoin de leur affliction. Un autre endolorissement sans fût qu'elle ne soit physiquement atteinte. Mais l'esprit tout autant déveine calomnieuse. Finalement, le Seigneur des Ténèbres et sa politique ne lui avaient jamais rien apporter de bon. Ne lui restait plus que son fils, son seul garçon. Draco ne saurait jamais alors à quel point le voir rejoindre les rangs du Seigneur des Ténèbres était un travail de deuil permanent au cœur d'un parent. Lui serait-il arraché à elle comme Lucius et Bellatrix l'avait été? Sa propre sœur, noircie dans le tréfonds de la carcasse jusqu'à ce qu'elle ne soit plus elle-même, sinon, que le pantin désorganisé d'un maître sans égards pour la vie. Cette pensée anxiogène lui fait alors craindre, redoutée, qu'elle porte tout naturelle une main au terriblement réputé tatouage. Et si jamais le Maître pouvait entendre ses pensées, sonneraient-elles trahison à ses oreilles? “ J'ai besoin de toi, Rodolphus frémit-elle, chassant d'un battement de paupières les images infâmes que faisaient naître l'évocation même d'un autre évènement désastreux. Tu dois m'aider à protéger ce qu'il reste de notre famille l'inclusion est volontaire, puisque de tout ce qu'il lui restait, les frères Lestrange étaient ce qui s'apparaîtrait le plus à de la famille. Aussi Lionne soit-elle, seule, elle doutait trouver la force pour défendre ce qu'il restait. Dr-Draco n'est qu'un enfant. Il est doux, je ne l'ai pas mit au monde pour qu'il ne connaisse que ça. le monologue prend peu à peu des airs de supplication. Mais la mère ne savait plus vers qui se tourner. Avant il y avait eu Bella. Bella aurait su quoi faire. Elle l'aurait soutenu. Elle aimait Draco comme son propre fils. Bellatrix vivante, Cissy n'avait jamais eu à craindre pour la vie de son fils. J'ai peur de ce que le Maître pourrait le pousser à faire. insinue-t-elle, tandis que les féminines phalanges se cramponnaient au puissant coude. font color= antiquewhite>Pour qu'elle ne soit pas morte pour rien. Pour qu'on ne fasse pas tout ça en vain. Ce disant, la contention des doigts autour de jointure s'affermit. Accepteras-tu de m'aider? ”

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es paroles de Narcissa sonnent le glas et font écho aux sombres contours que prenait ton épouventard. Le fantôme de Bellatrix revenant te hanter et t’accuser de ne pas avoir su la protéger comme un époux exemplaire aurait dû. Tu baisses la tête et ignores le regard de la dernière des Black. La culpabilité qui te ronge depuis près de dix ans te laisse encore et toujours un goût amer en guise de souvenir. Afin que tu n’oublies jamais que tu n’avais pas su être là pour ton âme sœur, lorsqu’elle en avait eu besoin. « Tu as fait tout ce que tu as pu. » Et en un sens c’était vrai. Narcissa n’avait aucune raison d’être au Département des Mystères ce jour-là, aucune raison de se mêler des affaires de sa sœur, surtout lorsqu’elles avaient trait à son rôle de lieutenant du Lord. « J’étais là, avec elle. Et je n’ai pas pu empêcher sa mort. » Même une décennie plus tard, tes yeux ne pouvaient s’empêcher de rougir lorsque tu repensais à cet instant qui avait stoppé net le cours de ton existence. Mettre des mots sur ta culpabilité avait toutefois un effet cathartique. Tout comme le crépitement du feu et la douce chaleur qui l’accompagnait parvenaient à te mettre un peu de baume au cœur.

La poigne de Narcissa se referme sur ton avant-bras, celui-là même qui portait si fièrement la marque de ton asservissement sans faille au Seigneur des Ténèbres. Au contact des doigts de la princesse Black sur ta peau, tu tressailles imperceptiblement. Cette proximité surgie si soudainement te déstabilise. Tu ne sais plus ce qu’est la chaleur humaine. Le corps de Bellatrix reposant dans votre chambre demeure dans une enveloppe de glace que rien ne saurait parvenir à réchauffer. La voix anxieuse de Narcissa résonne alors à tes oreilles et vient t’arracher à ta torpeur. Elle a besoin de toi, pour protéger les derniers lambeaux de votre famille. Pour les protéger des Malfoy, des von Bäume, du Lord, de l’Ordre et de tous les dangers qui rôdent là dehors, à l’extérieur des hauts murs si familiers du manoir. Cette supplication bien trop véridique semble raviver une infime lueur en toi. Une lueur de détermination, une lueur de férocité. La dernière des Black a de la ressource, c’est le moins que l’on puisse dire. Elle sait toucher là où cela fait mal, là où reposent les derniers gisements d’une volonté de vivre lutant pour perdurer envers et contre tout. Evoquer Bellatrix et sa mort de la sorte relevait d’un art complexe, qui avait su atteindre ta corde sensible, malgré l’engourdissement de ton esprit. Peut-être était-ce un signe, une preuve qu’il était temps d’avancer enfin et de se trouver un nouveau but, une nouvelle ligne de conduite à suivre afin de ne plus sombrer. Une douce chaleur s’empara alors de toi alors que ton âme semblait peu à peu reprendre conscience de la vie qui l’entourait. Tu ignorais si cela était dû au brasier, à la main de Narcissa posée sur toi ou bien à ce nouvel élan qui venait de voir le jour. Relevant la tête vers le bûcher, tu fixas les flammes encore un instant, le temps que tes pupilles finissent de s’assécher. Puis, tu te tournes vers la sœur de Bella et viens planter ton regard dans le sien. « Cissy, tu n’as rien à craindre. Je ne permettrai pas que le malheur s’abatte une nouvelle fois sur la lignée des Black. Je veillerai personnellement sur Draco, je te le promets. » Ta propre conviction te surprenait. Cela faisait si longtemps que tu n’avais plus été que l’ombre de toi-même, qu’il était étrange de s’entendre à nouveau rugir des serments pleins d’audace. « Et sur toi aussi, bien sûr. » Cette dernière promesse est prononcée sur un ton plus timide, plus réservé. Après tout, Narcissa avait un époux pour prendre soin d’elle. Toi, tu n’étais que le malheureux chevalier servant de sa défunte sœur. Éprouvant une certaine gêne, tu t’empresses de prendre à nouveau la parole, comme pour masquer un silence redouté. « Le Lord sait pertinemment pourquoi tu as pris la Marque. Il est conscient de l’accord tacite que vous avez passé. Fais-lui confiance, il n’enverra pas Draco à la mort. » De cela tu en étais moins sûr, mais tu ne voulais laisser paraître aucun doute face à cette mère seule et éplorée.

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'est-on véritablement coupable de rien, lorsque, délibérément, on laisse une âme tourmentée s'appauvrir à la déchéance? N'est-on coupable de rien lorsque d'œillades distantes on observe un spectacle alors que nous en sommes des acteurs? Si Rodolphus essayait de l'en convaincre pourquoi alors, à l'image de se brasier qui se rassasiait gloutonnement du souvenir coruscant, se laissait-elle volontairement mangeotter par l'autopunition monacal de son désinvestissement? Qu'importe son entêtement de penser qu'elle n'y serait jamais pour rien, les bases fondamentales d'une sororité lui semblaient bafouées en cette fatalité contestée. Narcissa le savait, elle aurait pu en faire plus. Elle aurait toujours pu en faire plus. Elle avait laissé Bellatrix s'enfoncer consciemment dans le fanatisme inassouvi d'un maître ambitionnant pour elle autre fatum que la glorification à laquelle il s'était dévoué. Elle avait laissé Bellatrix sacrifié sa vie pour une cause dont elles ne tireraient jamais rien. Ni l'une, ni l'autre. Qu'auraient-elles eu à gagner, les sœurs Black, elles qui par leur impérial empyreume avaient eu l'admiration sociétale pour piédestal? Qu'auraient-elles pu revendiquer de plus, elles qui par la pureté linéaire et immaculée de leur adage se trouvaient déjà au sommet de toutes les castes? Sacrifier leur lignée, abdiquée d'une royauté, lapidée une postérité au détriment d'un Maître qui ne pourrait jamais prétendre du même purisme. Au terme de ses conclusions, l'anxiété la gagne plus encore et il lui semble ressentir la lancinante pléiade de son tatouage, comme une énième piqûre de rappel; c'était à lui qu'elle devait obéir maintenant. Tout comme Bella avant, Narcissa en avait fait le serment.

Dans le silence de l'âtre funéraire, les deux partisans respectent le mutisme de chacun. Une éternité de motus pour une persistance sans fin d'affres de souffrance. Noyée dans une lypémanie torrentueuse, sinueuse, la Sorcière a besoin de se tenir à quelque chose. Sans repère, elle a l'impression d'avancer dans un océan vide et sans trépas. Un mari qu'elle avait dû répudié. Un fils qu'elle avait l'impression d'abandonné. Un nouveau-mari pour geôlier. Une belle-famille pour l'écraser. Sa barque tangue, menace de chavirer à tout instant dans les méandres du dépérissement. Alors sa main, naturellement, cherche appuie pour s'amarrer. Et la dextre maladroite, incertaine, survole, effleure, ses adversaires inertes. Elles harponnent, molasse, les phalanges de son voisin. Et le contact, spontané, timide, lui est agréable. “ Merci Rodolphus puisque dans la confession, il venait de lui promettre de veiller sur le joyau de son entité. Avec Rodolphus dans les parages et si brave soit son lionceau, Draco n'aurait plus rien à craindre. Pas même ce chien de Greyback n'oserait toucher à un centimètre de son crin. Je ne sais plus en qui je peux placer ma confiance n'était-ce que cette sensation incessante d'être épiée, surveillée. Les Von Bäume pour cerbères, la cocativité du Manoir pour sanctuaire. À coup sûr, Bellatrix ne les aurait jamais apprécier. Le Seigneur des Ténèbres n'a pas toujours été bon pour nous... pour preuve la déchéance dans laquelle Lucius semblait toujours plus s'enfoncer. J'ai peur que Draco ne connaisse le même sort que son père. la hantise si grande qu'elle pourrait prendre la forme d'un épouventard, la mère aurait espéré tellement mieux pour son loupiot. Son acharnement à ne pas vouloir l'envoyer à Durmstrang, nid de Magie Noire, ne l'en avait préservé que quelques années supplémentaires. Marqué de l'encre empoissonné, tout comme elle l'avait été, Narcissa craignait voir le fatum réitérer. Je ne sais jamais ce qu'il fait. Je ne sais jamais où il est. Mon fils me glisse entre les doigts comme de la vapeur de chaudron. Et ses doigts alors glissent plus profondément dans les lianes des siens. Et ses billes soutiennent ses égales : Sans elle. Sans lui. Je ne sais plus comment défendre notre famille. ”

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Rodolphus Lestrange & @Narcissa Black
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ne existence dictée par la terreur et le chaos. Tel était le rêve le plus profond auquel Bella et toi aviez toujours aspiré. Sinon comment parvenir à combler deux âmes aussi tourmentées et fracassées que les vôtres ? Jamais, ô grand jamais, vous n’aviez songé à mener une petite vie bien rangée, loin des enjeux terrifiants de la politique magique. Un quotidien sans le Lord, sans votre asservissement inflexible aurait paru bien trop morne, trop insipide. Donner votre vie, vous sacrifier pour la cause d’un être aussi divin avait été une évidence que l’on ne remettait jamais en question. Devenir les bras articulés d’une impitoyable machine à tuer était votre destin, et ce depuis votre venue au monde. C’est certainement cette vision si exiguë du monde extérieur qui t’empêche de comprendre les doutes de Narcissa en cet instant. Elle ne fait plus confiance au Seigneur des Ténèbres, elle le craint lui et tout ce qu’il représente. Alors que toi, tu t’embourbes dans un fanatisme des plus convaincus. « Lucius a trahi la confiance du Lord, il a lui-même attisé les malheurs qui lui sont tombés dessus. » D’un geste bienveillant, tu viens poser une main sur les doigts de Narcissa, dont les ongles étaient désormais enfouis au creux de ta chair. A travers ce contact si intime, tu ressens les affres de la douleur de cette mère qui se laisse ronger par la peur qu’il arrive un drame. Tu tentes de ne rien laisser paraître du chagrin qui t’anime encore et encore depuis près de dix ans. Pour Cissy, tu dois te montrer robuste et solide, parfaitement calme et maitre de toi-même. Tu dois lui donner le sentiment qu’elle peut compter sur toi pour affronter la tempête qui se prépare au loin. « Draco n’est pas seulement un Malfoy, il est aussi un Black et cela signifie encore quelque chose. Sois sûre que le Seigneur des Ténèbres ne l’oubliera pas. » Bellatrix aurait certainement ajouté que Narcissa aurait dû être fière de voir son fils honoré par les innombrables missions du Lord. Que c’était la seule façon pour Draco d’évoluer, de devenir un puissant mage noir rendant hommage à la noble famille Black. Mais quelque chose te laissait penser que ce n’était pas ce que Cissy voulait entendre là tout de suite. Alors tu gardas ces belles paroles pour toi. L’odeur âcre de la fumée qui s’élevait du brasier emplissait peu à peu tes narines. Les crépitements redoublaient d’intensité à mesure que les flammes dévoraient les offrandes du bûcher. La lueur du feu dansait dans tes pupilles d’ordinaire si sombres. Tu y voyais là un signal émis par Bella, c’était comme si elle te transmettait un peu de sa force par le biais des flammes. « Je sais que je n’ai pas été très présent ces dix dernières années. Mais désormais, je compte bien y remédier. Je garderai un œil sur Draco, et je vais tâcher de me renseigner sur les missions qui lui sont confiées. Peut-être que l’on pourrait même nous mettre en binôme. » Un faible sourire vint étirer tes lèvres. Tu ne voulais pas lui promettre le monde, mais simplement tenter de la rassurer l’espace d’un infime instant. Jetant un bref regard en direction du manoir, tu t’assures que les oreilles indiscrètes d’Ernst von Bäume ne trainent pas dans les environs. Puis, tu reportes ton attention sur la princesse Black. « Qu’en est-il d’eux ? Te laissent-ils en paix ou les considères-tu encore comme une menace ? »