Certaines journées il ne se passe rien. Il reste encore beaucoup trop d’hybrides sur ce territoire, y compris des hybrides rebelles, ou bien complètement sauvages, mais il n’en reste pas suffisamment pour avoir chaque jour des missions importantes sur le terrain. Ces jours-là le travaille consiste principalement de traque, de travail de détective pour tenter de retrouver des gens et hybrides recherchés, souvent grâce à l’aide de témoignages du public. La délation, une invention extraordinaire. D’autres jours au contraire le département se retrouvait assailli de missions dans tous les sens, sans même qu’il reste personne pour faire tourner la machine administrative. A part Chandra bien sûr qui tient la barre, porte le service entier sur ses épaules. Aujourd’hui était de ces journées, où les notes volantes se font nuée, assourdissant chacun de leur bruissement, où l’on a besoin de vous partout. Deux loups-garous de l’ordre à aller embusquer, selon des infos d’agents doubles, un clan de vampires ayant causé des dommages dans la population environnante et enfin, une floque de harpies terrorisant un village. Dans ces situations-là vous ne pouvez faire face à tous les fronts et déléguez généralement des missions à d’autres services.

Aujourd’hui comme souvent c’est la VB qui vous aura délesté d’un problème, simple retour d’ascenseur pour toutes les fois où vous allez faire face aux hybrides de l’ordre qu’ils ont repérés. Ils se sont coltiné les harpies, toi et quelques régulateurs les vampires, quatre autres péons les toutous. Pas de morts dans vos rangs cette fois-ci, mais une traînée de cadavres chez les dents longues. Vous n’avez pas fait dans la clémence, ne laissant personne survivre à l’assaut, y compris celui qui s’était rendu. Pas besoin d’une bête de plus dans Londres, vous ne les ramenez jamais. En revanche, et là est tout le problème de travailler avec la VB, ils ont ramené les harpies. Ils ont visiblement du mal à comprendre le sens du mot ‘extermination’, ayant décidé de remplir inutilement des cellules pour ces créatures ignobles et braillardes. L’argent du contribuable gâché, sans le moindre doute. A peine rentrés et pas encore reposés de votre mission, vous n’avez eu que le temps de commencer votre paperasse avant que les brigadiers ne débarquent pêlemêle dans votre coin d’étage, accompagnés de leurs poulardes. Certains ont eu la décence de les emmener plutôt vers le service des hybrides mais beaucoup, trop, sont venus vers le service d’extermination, occupant le temps des quelques régulateurs qui n’étaient pas encore rentrés chez eux. Tu as roulé des yeux, fuyant le désastre, et demandant à Chandra de les virer le plus vite possible. Capturer les harpies vivantes mais quelle idée de merde… Sans doute encore Yaxley qui a donné cet ordre en riant sous cape de savoir que ça allait bien te faire chier plus tard dans la journée, pas heureux qu’on refile à son département des tâches du tien. Ah il doit bien se marrer le con. En ramener une ou deux vivantes à la limite pourquoi pas encore, Abbas saurait bien quoi en faire au département des mystères, mais toutes… C’est un peu charger le pégase. Ceci dit tu te penses à l’abri, derrière la porte de ton bureau où peu – mais toujours trop – osent te déranger. Tu penses mal. Des coups sur le battant, une voix qui s’annonce. « I am Ulrike von Bäume. I have something for you, sir. » Tu ne sais pas exactement qui est cette Von Bäume, peut-être bien la fille de Wolfram, ou sa nièce. Tu ne gardes pas un souvenir impérissable de son arbre généalogique si ce n’est te souvenir de son fils évidemment. Son poste au ministère t’est cependant inconnu, l’affaire pourrait être importante. D’un mouvement de baguette et sans te lever tu fais s’ouvrir la porte, qui révèle une jeune femme à l’air agacé et… Une harpie. Brigadière donc. « That something better not be the harpy. » T’en veux pas toi de leur faisan agressif, t’as autre chose à faire. « You can come in but leave it outside. » Hors de question que ça foute du duvet partout, où qu’elle te maudisse, cette chose. « What do you want Von Bäume? »

Tu es incapable de te souvenir du nom des enfants Von Bäume si tu les as jamais sus. Tu ne connais que Colm, mangemort depuis suffisamment longtemps pour qu’une bonne entente existe. Tu préfères d’ailleurs le fils au père, bien que celui-ci ne te soit pas antipathique. Pourtant ces relations n’ont pas suffi à éveiller ton intérêt jusqu’à apprendre des choses sur leur famille, après tout si tu finissais par en avoir besoin il serait toujours temps de te renseigner. Alors, tu ne savais pas qu’une des membres de cette lignée œuvrait à la VB. Peut-être un peu trop bas comme poste pour un sang comme le leur. Mais après tout, bien que directeur, ton travail est lui aussi primaire et sans éclat. Chacun, à sa manière, est soldat pour le Lord, handler ou directeur. « I'm sorry to disturb, sir. But it won't last too long, I promise. » C’est ce que tout le monde s’efforce de faire, passer le plus vite possible dans ton bureau, ne jamais te déranger, quitter ta légendaire compagnie le plus vite possible de peur, peut-être, que la bombe explose en leur présence. Il n’y a presque que Dolohov pour passer cette porte sans avoir un motif urgent qui l’y oblige. Tu lèves à peine un sourcil en voyant derrière la nouvelle venue s’effondrer la harpie. Il ne reste plus qu’à espérer que personne ne trébuche dessus. De haut en bas tu toises la silhouette gracile qui s’avance dans ton bureau. Elle a le port altier que la plupart des sorciers ont perdu, y compris ceux de familles pures, y compris toi. Un fait qui cependant le n’aidera pas plus à ne pas s’attirer tes foudres si elle gaspille ton temps. « I am one of the handlers in charge of the arrest of all those harpies. We were given the order to bring them to your department. » Tu es malheureusement parfaitement conscient de ce fait, tu enverras sans doute une nouvelle note assassine à Yaxley à ce sujet, qu’il continuera d’ignorer jusqu’à-ce que tu descendes en personne. Ce jour-là, on verra bien ce qui se passe. D’un petit signe de la main tu fais comprendre à Ulrike de continuer à parler, d’en venir au fait. « Your employees seem to be pretty overwhelmed right now, so I thought it could be easier for us all if I killed the harpy myself. But I am not willing to trespass any order... » Donc en réalité elle était à deux doigts de faire exactement ce qu’elle aurait dû, d’effectuer parfaitement son travail, mais elle s’est laissée arrêter par cette bureaucratie abrutissante. Quel dommage. Tu soupires. « So here it is, just in front of your office. Just tell me where I should leave it for you. » Il en faut du calme parfois pour ne pas crier un bon coup, et jeter un doloris sur n’importe quel employé qui t’emmerde pour soulager un peu ce désir profond que tu as d’en lancer un sur le chef de la VB. Calme, tu le restes, la voix tout de même empreinte d’exaspération. « Nowhere Ms. Von Bäume, we don’t have any cells on this level. » Ce n’est pas entièrement vrai, mais disons en tout cas que ta division du département, elle, n’en a aucune. « Would you like to take a guess as to why that is ? » Ce ne devrait pas être trop difficile, c’est même écrit sur la plaque à rallonge qui est sur ton bureau, cela tient à la signification du mot extermination. « Just a simple guess why we don’t actually keep hybrids here. »

Être assis derrière un bureau une bonne partie de la journée est loin d’être dans ta nature, c’est d’ailleurs le premier boulot que tu aies jamais eu de ta vie pour lequel tu disposes tout simplement d’un bureau. De fait, luttant toujours contre l’inactivité inhabituelle, tu as du mal à gérer la partie administrative de ton travail. Tu en as encore plus quand ce petit merdeux de Yaxley qui n’a pas eu les couilles d’assumer la marque et de faire son tour en prison décide de te mettre les bâtons dans les roues en emmerdant tout le département. On pourrait à tort penser que cette agitation te sortirait de la routine et serait bienvenue. Non, tant qu’à avoir à faire de la paperasse, autant que ce soit carré, vite fait bien fait, et qu’on n’en parle plus, plutôt que de s’enliser dans un bourbier interdépartemental. En soi ce n’est pas la faute de la jeune femme que son supérieur soit un enculé. « I perfectly know what your job is about Mr. Lestrange. » Tout de même elle pourrait t’aider, alors, à l’effectuer correctement. « However, the director of my department wanted these creatures to be here. He seemed to have a good purpose. Maybe he arranged this with the head of this floor… » Si c’est une façon plus ou moins subtile de te rappeler que tu n’es pas le grand patron et que tu as bien une supérieure dans l’histoire, c’est loupé. Avoir le crapaud en rose comme patron direct ça ne te fait ni chaud ni froid, parce que tout ce que tu veux c’est gagner de l’oseille et faire ton boulot, et que contrairement à l’autre couillon de Yaxley, elle est très courtoise et s’arrange toujours pour que la coopération se passe à merveille. En gros, les merdes administratives, elle les règle, elle ne les cause pas. Si elle avait su quelque chose à propos de ce déferlement de harpies à votre niveau, elle t’aurait prévenu. Tu ne réponds pas immédiatement à l’idée qu’elle émet que la chef de la Values Brigade ait de bonnes intentions mais tu as un petit rire amer, nerveux, rien qu’à l’entendre. « But I have to acknowledge that it’s not the first time that we receive such a brilliant order. Have you done anything that could have sparked Yaxley’s quest for vengeance? » Un sourire en coin étire tes lèvres lorsque tu comprends que l’allemande est aussi énervée que toi de devoir gérer ce foutoir. Au moins elle a la tête sur les épaules, et elle n’a pas l’air non plus de nourrir un amour à tout épreuve pour Corban. « Yaxley can’t handle the fact that sometimes his Brigade has to pick up some of our work when we’re too busy. Ego problem, probably, cunt, definitely. » Elle peut bien aller retransmettre tes propos verbatim à son patron si ça lui chante, tu seras toujours heureux de savoir que tes insultes atteignent leur destinataire. Par ailleurs, s’il décide de la virer pour l’outrecuidance, il y a toujours de la place pour des brigadiers efficaces et anti-Corban au bureau d’extermination. Tu poses un coude sur ton bureau, grattant ta barbe, qu’il faudrait sans doute bientôt raser. Un soupir t’ébranle tandis que tu cherches une solution qui peut convenir à tout le monde et te débarrasser de la bête. « Shafiq doesn’t want them? » Au département des mystères ils ont souvent besoin d’hybrides, parfois ils vous demandent d’en garder un ou deux.

« Maybe you should hire more employees, so that you don’t need Yaxley’s services anymore. He’s not the type of guys you want to owe something. » Celle-là a hérité de l’assurance de son père, sans aucun doute, sinon elle aurait déjà tourné les talons et serait repartie en comprenant que ses problèmes n’étaient pas les bienvenus dans ton bureau. Tu hausses un sourcil à la menace dont elle semble parer les dettes envers Corban. Peu de gens te font peur, et Yaxley n’en fait certainement pas partie. « I don’t owe him anything. » Le ton n’a rien de rebelle ou de colérique, purement factuel. Même si tu lui étais redevable, qu’il essaie de venir récupérer son dû, il sera bien accueilli. Depuis quand c’est une dette maintenant de devoir faire un minimum son boulot ? Envoyer ses brigadiers récupérer le surplus du bureau d’extermination ce n’est pas une faveur magnanime qu’il te fait, c’est un simple devoir envers le ministère, et le gouvernement du Lord. S’il se pense tributaire, il se met la baguette dans l’œil jusqu’au manche. « I mean, if you need some workforce, it would be a pleasure to slaughter some poor creatures in your name. » Allons bon, tu ne l’as même pas invitée à boire un verre et elle propose déjà de massacrer des monstres en ton nom ? Von Bäume va vite en besogne. La remarque t’arrache un sourire. Malheureusement les ressources humaines ce n’est pas ton rayon, tu récupères juste les gens qu’on te file et tu te débrouilles avec eux. Tranquillement tu allumes ta pipe – quand même moins pratique que les cigarettes cette merde, le Lord aurait pu faire un effort et vous laisser vos petits vices – et une fumée blanche doucereuse commence à s’en échapper, suffisamment dense pour tomber presque directement vers le sol.

« So quick to betray Yaxley… I like it. » La jeune femme fait moins effrontée que profondément exaspérée par la médiocrité qui l’entoure et incapable de faire semblant de s’en contenter. Elle doit passer des journées frustrantes à la Values Brigade, ce groupe est notoirement inefficace et rempli d’incapables. Il est vrai que la machine tourne un peu mieux à ce niveau-ci du ministère, vous avez eu la chance de ne pas attirer les mêmes candidats, et surtout la chance de ne pas avoir à travailler avec les hybrides. « You know what ? I’ll just take care of it on my own. No need to bother someone else. And if Yaxley isn’t fine about that, well, nevermind. » Elle aurait fait gagner du temps à tout le monde si elle avait pris cette décision avant de rentrer dans ton bureau. Mais après tout si elle n’était pas rentrée dans ton bureau cela aurait été dommage, tu ne manques jamais une occasion de cracher sur Yaxley, encore moins en bonne compagnie. « But I would love to talk about this job opportunity with you. Just let me know when you’re able to discuss. » Elle n’en démord pas finalement, et la perspective de travailler à ses côtés n’est pas déplaisante. Ce n’est néanmoins pas de ton ressort. Après une bouffée supplémentaire, tu poses la pipe sur ton bureau et te lèves, passant la porte de ton bureau pour lancer un sortilège de mort sur la harpie restreinte au sol, te récoltant un regard mi-horrifié de la part de Chandra qui ne devait pas s’y attendre. « Get Hux to throw the body out. » Puis tu reviens t’asseoir tranquillement dans ton siège. « No need to get in trouble over some vermin, just tell Yaxley you delivered her to me. » Il ne sera que trop content d’imaginer la scène, de se dire qu’il a réussi à t’emmerder un peu plus. « About the job, while I’d love to have you on the team, we’re not currently hiring. If you do want to transfer this badly, you could always talk to Ms Umbridge and I’ll put in a good word for you. » Ceci dit tu ne voudrais pas si aisément dissuader la demoiselle de revenir à ce niveau, pas alors qu’elle était la visite la plus intéressante que tu aies eu depuis des semaines – sans compter Antonin sur sa chaise à roulettes bien sûr mais il est loin d’être aussi intrigant. « But if you do have any other hybrid problem don’t hesitate to come see me. » A travers le bureau tu lui tends la main, salutation que tu ne lui avais pas accordée à son arrivée, prouvant bien, alors que tu la regardes droit dans les yeux, que tu es de meilleure humeur maintenant qu’il y a quelques minutes. Pourtant c’était mal parti avec ces putain de harpies.