Tourments incessants, bourdonnement qui ne veut jamais s'arrêter. Colère qu'elle n'arrive pas à tarir, larmes qui perlent sans cesse au creux de ses yeux, sentiments immuables, âme en perdition. Hâte que de quitter les instigateurs de la mort d'Astoria, trahison dont elle ne peut oublier le goût, sang qui pointe le bout de son nez sur le bout de sa langue, gencive percée à force de se mordre pour ne pas hurler. Peine qu'elle voudrait hurler au monde, colère qu'elle voudrait montrer à ceux qui sont responsables. Rivière écarlate qui n'a plus rien de la clarté qu'elle avait avant, Vénus qui n'arrive plus à penser correctement sous l'impulsion de ses émotions. Corps sans vie qu'elle ne s'imagine que trop, songes perturbés par l'image redoutée depuis des jours. Furie qui s'était engouffrée dans les quartiers de l'Ordre, hurlements qu'elle n'avait pas réussi à contenir malgré tous les efforts du monde, âme en peine qui n'arrive plus à tout garder à l'intérieur. Bouillonnement qui menace d'exploser à tout moment, peine qui n'est que trop grande pour être ressentie par un seul être. Sanglots qui ne s'arrêtent jamais, les coups de poignard qu'elle s'imagine non plus. Elle rêve encore à une réalité alternative, Astoria qui était rentrée plus tôt ce jour-là, sans jamais passer à la banque. Il n'y aurait jamais eu toute cette peine, colère et rage teintée d'un sentiment amer, l'envie de tuer tout le monde, juste pour qu'ils voient, eux aussi. Qu'ils sentent ce que ça fait, moitié perdue à tout jamais, Vénus laissée seule pour errer à tout jamais sur cette terre, meilleure partie d'elle-même qui l'a quittée trop tôt. Les mots ne s'effacent pas de ses iris, traîtrise infâme  que d'apprendre la mort de l'être aimé dans les papiers, mots emplis de haine qui coulent devant ses yeux, chagrin qui ne veut pas s'estomper. L'envie de s’effondrer n'est que trop puissante, trop pressante pour être ignorée. Roue libre depuis quelques jours, ses propres cadavres viennent joncher la table du salon, constamment entourée de la poussière qui vole dans les raies de lumière, seul éclairage dans le taudis bercé de noirceur. Et pourtant, l'obscurité environnante n'arrive pas à égaler la pourriture qui atteint son cœur. Nuit qui ne prend jamais fin, quand bien même les lumières seraient allumées, corps bercé par des émotions teintées de noir. Dérive infinie, corps amorphe qui n'exerce jamais le moindre mouvement si ce n'est celui de porter la bouteille à ses lèvres, goulot qui vient épouser les courbes de ses lippes craquelées, liquide ambré qui coule dans sa gorge au rythme de ses larmes.