| | | henare's antiques — mars 2004 Never feel too good in crowds With folks around when they're playing The anthems of rape, culture loud Crude and proud creatures baying. All I've ever done is hide From our times when you're near me. Honey, when you kill the lights and kiss my eyes I feel like a person for a moment of my life. Ça a commencé un peu bêtement, comme toujours avec Martin. Il y a un mec, Henare, qui a des objets, des objets chinois, des puissants objets chinois. Il les a volé, alors il faut les voler en retour. Et c’est elle, Ana, qui va les voler. Quand elle a demandé pourquoi, il lui a dit qu’en échange il lui serait reconnaissant. Et le clan lui serait reconnaissant. Et Feng serait contente et Wei aussi et même Bao pourrait ne pas trop grogner. Et comme toujours Ana le croit et hoche la tête et lui demande comment faire. Francis Catmack. On lui a dit qu’il fallait draguer Francis Catmack. Ana lui a dit, pourtant, qu’elle ne sait pas draguer. C’est pas grave, on t’apprendra. Ok. Ana aime apprendre, elle est toujours d’accord pour ça. Encore, elle hoche la tête. Au début on y va doucement, le gamin a l’air puceau, a dit Martin. Ok. Alors au début Ana elle le rencontre juste. Et elle juste gentille avec lui. Et c’est simple d’être gentil avec Cat, plus simple qu’avec Martin qu’Ana arrête souvent d’écouter parce qu’il ne dit pas des choses qui l’intéressent. Elle regarde ses lèvres et elle attend. Ça prend souvent du temps.
Et aujourd’hui c’est un jour spécial, parce que Cat va lui montrer la boutique de son employeur, Henare. Il a l’air de beaucoup l’aimer, son Hauata, et Ana oublie parfois qu’elle doit le voler quand elle en parle à Cat. Elle rigole et comme lui dit Martin elle rigole toujours plus fort quand Cat fait de l’humour, et elle lui touche le bras, même si elle n’aime pas trop ça. Mais c’est pour le clan. Et on s’habitue. Ce jour-là, quand elle part, Feng la chope à l’entrée de l’appartement qu’elles partagent. Elle lui lance avec un regard accusateur : « Et tu vas où comme ça ? » Comme ça, au vu du regard de Feng, c’est dans cette tenue-là. Oh. « Voir Cat, » répond Ana, laconique, alors que Feng hausse un sourcil. « Tu l’kiffes, Cat ? » Ana ne sait pas trop, mais elle rougit, et ça a l’air de répondre à la question de Feng qui soupire. Elle choisit toujours ses vêtements, Feng. Faut dire Ana sort avec sa tête et il paraît qu’elle a une réputation à tenir. Et les vêtements de Feng sont toujours jolis. C’est sans pull remonté jusqu’au nez et sans baskets pas du tout accordées, paraissait-il. Feng a voulu la mettre sur des talons, ce qu’elle fait parfois, et a voulu montrer la peau de sa nuque, il paraît que ça marche. Ana ne sait pas trop de quoi qui marche comment mais elle hoche la tête. Et elle écoute Feng, parce qu’elle écoute toujours Feng, quand elle lui dit comment avoir Cat. Et ça a l’air de ressembler à ce que Martin veut alors…
Ana, ou plutôt Birdie, pour Cat, se retrouve finalement non loin de la maison Dolohov. À chaque fois qu’elle vient chercher son chat, elle se rapproche toujours un peu plus du manoir, pour l’observer de loin, avec une fascination qu’elle ne s’explique pas. Comme d’habitude adossée au mur. Comme d’habitude, une main plongée dans une poste de sa veste en jean. Comme d’habitude, une clope au bec qu’elle ne fume pas parce qu’elle l’oublie alors qu’elle regarde au loin. Elle a piqué ça à Feng, sauf que Feng, elle, la fume sa clope. Quand son chat arrive, elle l’entend en retard. Sourit en retard, le salue en retard, mais il ne se vexe jamais. « Hey, t’es prêt ? » Elle lui sourit, comme on a dit de faire. Elle lui fait la bise, une seule bise, sur sa joue droite, même si Feng lui a dit de l’embrasser directement sur la bouche. Quand même. Parce que rien que ça, ça le fait paniquer Cat et malgré tout ce que les autres ont dit, elle n’aime pas faire paniquer Cat. « Je t’emmène, » declare-t-elle d’une voix qu’elle aurait voulu assurée et qui n’est qu’une constatation. L’instinct, d’abord, comme d’habitude, est de le prendre par la main. Et puis, parce que aujourd’hui elle doit essayer de voler les fameux objets chinois, elle lui attrape la taille. C’est chaud. « Accroche-toi, » signale-t-elle comme elle en voit d’autres le faire. Et ils transplanent pour la rue de son travail. |
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