me and the devil
walking side by side

Un soupir parmi les soupires, elle avance d’une allure dynamique. Le bruit de ses talons résonnent sur le bitume comme son cœur dans sa cage thoracique. Le miroir d’une boutique fermée floute sa silhouette déshumanisée. La nuit, ténébreuse nuit, vient enrouler son âme du duvet de la culpabilité. Et à l’image de ses garces effroyables, elle balai le châle du déshonneur d’un grand coup de main, chassant les pensées incriminantes. Elle n’est pas qu’un monstre. C’est la voix de Lavender qui lui répète de ne pas faire si mal, de ne pas mal agir. Pourtant, elle pourrait presque sentir son âme tremblé sous les regards des passants, l’assurance d’une femme fatale perdue pour redevenir enfant. Sa main pousse la porte de la taverne pour entendre le son d’un ricochet alors qu’elle entre dans une atmosphère sombre. Nombreux sont les regards qui se portent sur elle, surtout des regards masculins et solitaires. Admirée, adulée, elle devient un instant la fée de toutes les pensées, volant d’un esprit à un autre. Pourtant, c’est au bar qu’un visage sage la fixe avec longévité. Elle ne le voit pas, que trop peu, et pourtant, elle arrive à discerner des traits que son esprit connaît. A force de voir des visages tous les jours, Parvati en oubli les fantômes du passé. « parvati patil, seule dans une taverne, un soir de semaine, mais que diraient tes parents ? » Elle laisse un petit rire moqueur paraître entre ses lippes alors que la voix vient signer un rappel dans son esprit. Goldstein. Elle comprend soudainement le regard qui lui était portée, celui d’un Adonis envers son Aphrodite. Dans le son de sa voix, dans le plus profond creux de son œil, elle devine le dégoût du cœur, la tristesse de l’âme, d’un homme au cœur brisé. « Est-ce que ta mère sait que tu bois de l’alcool Goldstein ? Ce n’est pas trop fort pour toi ? » Elle pose son regard sur les deux verres vidées, et d’un faux mouvement hypocrite, assure « Je ne pensais pas que tu aurais une aussi grande descente ? Je ne souhaite pas te voir te ridiculiser à chercher les toilettes pour régurgiter tout ça… » Elle laisse sa chevelure lisse sortir de son gros manteau, le cheveu noir à la couleur de jais qui se fond dans le décor. « t'as pas une soirée où être plutôt qu'ici, c'est ce que font les filles comme toi. » Un autre rictus. Un sentiment doux qui caresse toute l’échine de son corps, comme un doux souvenir. Le moindre des mots d’Anthony réveille en elle des souvenirs du château, elle en rouge au côté de Lavender et Padma en bleu avec Anthony. Des vieux souvenirs qui ont encore des répercutions alors qu’elle s’approche du bar d’une allure élégante. « un autre et ce que la demoiselle prendra, c'est pour moi. » Elle déboutonne le manteau pour laisser apparaître une jupe et un chemisier, vêtement typique qu’elle porte chaque jour pour attirer les regards et gagner les voies des procès qu’elle mène. « Tu veux dire les soirées où Padma invite ses amis ? C’est dommage qu’elle ne t’ait pas invité. Faites-moi la même chose que ce monsieur. » Elle observe Anthony avec défi, avec humour, comme un aîné s’amuserait avec un plus petit. « Dis-moi Goldstein, qu’est-ce que tu fais tout seul ici ? C’est vraiment pas ton genre. » Elle s’installe sur la tabouret proposé avant de l’observer avec attention. Non, il n’a pas la tête des hommes du bar, un air plutôt délicat ; rien qui ne révèle une anomalie particulière. Il est simplement là comme une âme différente, triste à sa manière. Un regard que Parvati perçoit, comprend. Elle a le mê, celui d’un être perdu, perturbé. Un être qui ne veut pas souffrir, pas mourir.