à bord de l'athéna - janvier 2008 | ♬

De l’eau, de l’eau et encore de l’eau. De tous les retours à la vie possible, Lazlo est persuadé d’avoir écopé du pire. Non seulement il se retrouve sur un bâteau, étrangement similaire à celui où il a perdu la vie, mais en plus il se coltine une flopée de personnes pas très amusantes. En vrai il se plaint, mais à aucun moment il ne souhaite partir du navire pour affronter la réalité qui l’attend à Londres. Un comportement assez lâche, qui finalement le représente parfaitement. Coincé sur ce navire jusqu’à nouvel ordre ou jusqu’à nouvelle mort, Lazlo fait passer le temps comme il peut. La plupart du temps, il traîne dans la cuisine, ce qui agace quelque peu le cuisinier recruté pour cette traversée. Dérangé les autres n’a jamais été un problème pour lui et depuis sa renaissance, il a bien fait comprendre à l’autre imbécile que c'est ça cuisine. Pour preuve, elle l’a fait revenir à la vie.

Comme la plupart des personnes sur le navire ont peur de lui, ou plutôt de son statut de revenants, peu lui tiennent réellement tête. Être craint a du bon, c’est une évidence, mais Lazlo se sent un peu seul sur ce navire. Après plus ou moins trois jours à tourner en rond, il décide qu’il est temps de nouer des liens avec les autres membres de l’équipage, peu importe s’ils veulent ou non discuter avec lui. Sur le pont, tout le monde est à son poste, obéissant au doigt et au seul œil de la capitaine. Une promotion qu’elle porte bien, peut-être un peu trop. Au début, il se dirige vers la jeune femme, avant de finalement soupirer et faire demi-tour. Lazlo sait d’avance qu’elle va râler et lui ordonner de retourner en cuisine pour se rendre utile.

Lazlo voulait échanger avec quelqu’un de plus divertissant. Il balade son regard de droite à gauche, à la recherche d’un autre fainéant. Jackpot. Adossé à un tonneau, sûrement pour faire le beau, Rodolphus Lestrange prenait le soleil. L’homme est beau et il le sait. Lazlo l’a déjà entendu parler lors des quelques repas qu’ils ont pu partagé depuis son arrivée sur le bâteau, et pour dire vrai, il en garde une bonne impression.

Lestrange est un bon nom, s’il parvient à se lier d’amitié avec le brun, cela sera sans aucun doute un avantage à son retour au pays. Du moins, si le Léviathan ne les emporte pas tous aux fonds des océans. D’un pas un peu trop sautillant, il s’approche du brun. Lazlo porte son sourire habituel, aussi charmant que agaçant. « Le soleil est agréable ? » Depuis son retour, le pirate en herbe ne ressentait plus grand-chose. La chaleur, le froid, la faim, la soif sont devenus des choses abstraites qui lui manquent presque. La dernière fois qu’il a essayé de manger un de ses bons repas, il a passé l’heure suivante à vomir. Visiblement son corps n’a besoin de rien pour tenir, malgré cette fatigue latente qui le tient.

Lazlo ne se sent plus vivant, mais il ne partage pas vraiment ses sentiments avec le reste de l’équipage, par peur de paraître encore plus étrange. « C’est un peu long ce voyage non ? Au fait, Lazlo, on a pas encore eu le temps de vraiment échanger depuis… Mon arrivée. » Il sait très bien qui se tient devant lui, mais il préfère jouer les idiots, ça évite d’avoir l’air suspect. « Qu’est-ce qui vous a donné envie de monter sur ce bateau ? » Après le carnage de l’Andromeda, Lazlo se demande bien ce que Lord a promis pour faire embarquer autant de personnes importantes sur un navire.

L'Angleterre a-t-elle si mal tourné ? Au point de donner aux sorciers l’envie d’affronter un léviathan ? Anthéa est tarée, ce n’est pas un secret, mais les autres ? Lazlo n’a pas la moindre idée de ce qui s’est déroulé pendant plus d’un an. Personne n’a pris le temps de lui faire rattraper le retard. Ses oreilles trainent dans les couloirs, il a entendu parler de problèmes de magie, de conflits importants avec l’ordre du phénix, mais au final, aucune information importante. Enfin, aucune importance à son sens. En effet, ce qu’il aimerait savoir, c’est plutôt ce qu’est devenu sa famille et ses amis, mais sur ce bâteau, il est peu probable que certains aient des informations.

( Pando )

à bord de l'athéna - janvier 2008 | ♬

Le claquement des vagues qui s'abattent contre la coque de l’Athena, défiant les mers à toute allure, semble être le seul et unique bruit pouvant couvrir le rugissement aigu des mouettes. Tu n’aimais pas beaucoup ces saletés de volatiles. A chaque fois que tu venais te montrer sur le pont et prendre un bain de soleil, tu ne pouvais t’empêcher de toujours garder un œil ouvert, paniqué à l’idée que l’un des oiseaux ne défèque au-dessus de ta tête. Et oui, c’était le genre de risques qu’on devait prendre, lorsque l’on était en quête d’un peu d’attention, et d’un teint radieux. Mais alors que tu étais en pleine réflexion, des bruits de pas retentirent dans ton dos, signe que ton public venait de faire son apparition. Un mince sourire commence alors à fleurir au coin de tes lippes. “Agréable ? Hm, disons que c’est bon pour faire le plein de vitamine C. À condition, bien sûr, de protéger sa peau comme il se doit.” Ne sachant pas encore à qui tu avais à faire, tu résistas péniblement à l’envie de te retourner pour dévisager ton interlocuteur. Mais finalement, c’est cet étrange gamin blafard qui entra dans ton champ de vision, sans que tu n’aies à bouger d’un pouce. “Toi, d’ailleurs, ça te ferait pas de mal de prendre un peu le soleil, mon garçon. Je connais qu’une seule personne plus pâle que toi. Si t’as besoin de conseils, n’hésite pas.” Tu plongeas la main dans la poche de ton pantalon et en ressorti un petit écrin brillant. Il s’agissait de l’une de ces crèmes qu’un charlatan du Chemin de Traverse t’avait convaincu d’acheter en grande quantité. Tu en avais rempli le quart de tes nombreux bagages, aussi décidas-tu que tu pouvais bien te délester de cet exemplaire-là en le donnant à Lazlo. “C’est vrai que cela commence à faire longtemps qu’on n’a pas eu un peu d’action pour se dégourdir les jambes.” Inévitablement, tu repenses avec une nostalgie certaine aux plaines de Gracefield, aux maintes soirées que tu avais passées sur l’île à te “dégourdir les jambes”. Mais rares sont celles et ceux qui pouvaient comprendre ton désarroi face à la chute des battues et de tout ce que cela représentait. “Je suis venu sur invitation personnelle de la capitaine. Elle avait besoin de quelqu’un de sérieux et hautement compétent. Alors me voilà.” A mesure que tu prononces ces paroles, tu te redresses et bombes le torse comme pour appuyer la véracité de tes dires. Tes lèvres s’étirent en un large sourire, empli d’un savant mélange de fierté et de folie. “Et toi, qu’est-ce qui t'amène par ici, Lazlo ?"

( Pando )