tw: rapide mention explicite

L'obscurité et les ombres suivent Priamhark alors qu'elle déambule dans les longs couloirs de la résidence de l'Unseelie Court, s'accrochant parfois à elle comme pour la retenir en arrière. Elle peut presque sentir les questions germant à la surface de l'esprit de son père, et les menaces intelligibles de sa mère quelque part derrière elle. Mais elle les ignore, enveloppe son esprit d'un sort abjuratif complexe pour leur interdire l'accès à ses émotions, et continue de s'enfoncer dans le dédale de couloirs avec l'air de quelqu'un ayant enfilé des souliers remplis d'oeufs d'araignées (c'est le cas, merci la Court of Tricks) (mais ce n'est pas la seule raison pour laquelle elle a cette tête) (Diarmuid dirait qu'elle a tout le temps cette tête) (son cher frère n'aurait pas tort).
Sur son chemin, feys, oiseaux, lutins et salt goblins s'échappent en toute hâte et en glapissant, allant répandre la rumeur qu'après sa défaite à la Chasse, la princesse Priamhark est en train de comploter pour réduire à néant ce qui s'annonce être le dernier Bloom. Priamhark ne leur adresse pas un regard, ses yeux ténébreux vissés sur ses chaussures, alors qu'elle récite douloureusement tout ce qu'elle a à dire à Corban de la Court of Hoof and Claw dans sa tête. Au rythmne de ses talons sur le marbre, tac tac tac, elle énonce à mi-voix ses arguments et ses menaces, ses sourcils se fronçant d'un angle de plus en plus aigu à mesure qu'elle continue son avancée.

Quand elle arrive devant la porte du satyre, elle y frappe avec force. C'est seulement quand le silence se fait de l'autre côté du battant qu'elle réalise qu'il y avait du bruit qui en provenait. Après un temps infiniment long, des bruits reprennent à l'intérieur et, curieuse et vexée, Priamhark se serre contre la porte pour y coller son oreille.
Lorsqu'elle entend un cri venir de l'intérieur, son sang froid devient chaud de peur dans ses veines et, d'un sort perçant, elle ouvre en grand le battant des appartements de Corban.

Il lui faut quelques instants pour véritablement comprendre ce qu'elle a sous les yeux. Il y a trop d'informations d'un coup: trop de vêtements au sol, trop de peau découvertes, trop de fourrure, une odeur sans semblable qui traîne dans la pièce. Au début, Priamhark pense que le satyre et le Goblin King sont en train de se battre, et elle prépare un sort pour les séparer. Au bout de quelques secondes, elle réalise seulement ce qu'elle est en train de voir et c'est avec un shriek d'angoisse qu'elle jette un sort d'obscurité sur la pièce entière. "GROSS!" s'entend-t-elle hurler à travers les méandres de l'obscurité magique, en repoussant de plus belle une tentative de sa mère Morgana qui tente de s'immiscer dans son esprit pour voir ce qui provoque ainsi son émoi. "SO GROSS!!"
Ce n'est pas de son genre d'hurler ainsi ou de laisser transparaître autre chose qu'une antipathie profonde pour qui n'est pas elle. Priamhark s'en voudra plus tard; pour l'instant, elle se demande si il serait possible pour elle de se brûler les rétines pour en effacer les images qui viennent d'y être imprimées.

Lorsque l'obscurité magique se dissipe, le Goblin King a disparu, la porte derrière elle s'est refermée et le satyre Corban a eu au moins la décence d'enfiler quelques vêtements. "YOU'RE--" s'étrangle Priamhark d'un cri aigu en le pointant d'un doigt tremblant. "YOU--" Elle se force à s'arrêter de crier, les joues rouge cramoisi, son doigt faisant le tour de la pièce en cherchant vainement Sa Majesté Buck. "You threw the Hunt off-- you-- you let him win and then you-- THEN YOU FORNICATED WITH HIM!" s'écrie-t-elle de plus belle, sans pouvoir s'en empêcher, ses yeux injectés de sang roulant dans leurs orbites. "YOU FUCKED HIM!" insiste-t-elle d'un ton paniqué. "HE HAS A WIFE! HE HAS A DAUGHTER, HE--" Priamhark s'interrompt soudainement.
Son doigt finit par se baisser très lentement (mais est toujours pointé, cette fois en direction du sol). "We can make a deal, or else I'll tell Queen Lucinda about... about this, and you will regret it!"

Tout au long de sa vie, Corban s’était battu contre la nature de son espèce. Les satyres étaient réputé.e.s pour leur tendance à l’avilissement et à certaines manigances, un trait fort utile si on voulait faire carrière à la Cour, mais iels étaient également connu.e.s pour leurs moeurs peu louables et leurs, disons, appétits voraces.
Mais Corban avait lutté contre ses préjugés, se forçant à une discipline de fer auprès de la cour des Hooves and Claws pour prouver au monde que les satyres ne pensaient pas qu’à sauter sur les opportunités les plus faciles et les fey les moins farouches. Il s’était battu cornes et sabots pour gravir des échelons là où on n’attendait plus rien des satyres et s’était au fur et à mesure illustrer auprès de ses seigneurs.

Seulement, comme on le dit si bien chez les ongulé.e.s, chasser le naturel, il revient au galop. Et, en l’occurrence, au galop sur le dos d’une monture toute aussi absurde que le peuple où elle était élevée en masse, un genre d’énorme rat couplé d’un canasson couplé d’un insecte non identifié.
A chaque fois que Corban avait croisé la route du Goblin King, la situation politique les avait conduits à se défier l’un l’autre pour des broutilles, forts d’une tension qui faisait souvent oublier au soldat où était sa place.
Corban était un limier (et un bouc), il adorait ce genre de combats insensés, d’autant plus que son adversaire était de taille (littéralement, la size diff is real).
Aussi, cela allait de soi que les deux créatures se rentrent dedans dès le premier jeu organisé par la Cour. Ce que Corban n’avait en revanche pas vu venir, c’est que, là encore, ils se rentrent dedans littéralement.

Anyway.

Lorsqu’un cri suraigu retentit dans la pièce et se cogne au plafond, Corban a tout d’abord l’étrange impression que ça vient de lui, avant de réaliser que ça n’était pas le cas. Ça n’a pas l’air d’ébranler son Goblin King, mais Corban essaye de se dégager de sous lui avec peine, cherchant à savoir d’où provenait ce hurlement qui aurait pu rivaliser avec son fameux et redouté rire de chèvre. "GROSS! - What the—" Tout ce que le satyre parvient à repérer, avant que la pénombre ne se resserre autour d’eux, est la silhouette malingre et morbide de la princesse Unseelie.

Oh fuck.

Dans la force du désespoir, il pousse un hurlement à son tour qui ramène enfin le roi à lui, tandis que le soldat est en train de se débattre pour s’éloigner de son compagnon, en postillonnant de confuses explications. Le roi Buck semble renifler (what?) l’air (let’s be honest, Corban n’y sent pas grand-chose d’autre que sa propre transpi miam) et dans un exaspérant silence par rapport à son gabarit et son bagou, le gobelin disparaît.
Lorsque la pénombre se dissipe, Corban finissait d’enfiler sa tunique (ou était-ce celle du roi??), le visage rouge jusqu’au bout de ses oreilles de biquette. Il croise le regard de Priamhark, et ses joues habituellement blafardes sont aussi rouges que les siennes.

"I c— I can explain— - YOU'RE-- YOU-- You threw the Hunt off-- you-- you let him win and then you-- THEN YOU FORNICATED WITH HIM! YOU FUCKED HIM! HE HAS A WIFE! - I know! - HE HAS A DAUGHTER, HE-- - I know!" Le satyre fait les cent pas dans la chambre, ses sabots claquant avec affolement au sol. Il va pour répliquer de plates excuses, comme quoi il s’agissait d’histoires d’adultes, qu’elle ne pouvait pas comprendre, qu’elle aille retourner dans les jupes terrifiantes de sa mère (!!), lorsque Priamhark reprend la parole avec, cette fois-ci, davantage de sang-froid (et tout le monde sait que le froid et les Unseelies, ça fait un peu trop bon ménage).
"We can make a deal, or else I'll tell Queen Lucinda about... about this, and you will regret it!" Un frisson d’effroi remonte le long de l’échine de Corban, saisi d’une terreur aussi absurde que le couple formé par la Reine des Seelies et le roi Gobelin. Un rire nerveux et jaune lui échappe: "What makes you think I’d rather make a deal with you than face the fury of the Queen? Perhaps being dead is better than being doomed…" Sa nervosité transpire par tous les pores de sa peau. Il reste silencieux quelques instants, et, voyant qu’elle ne bronche pas, poursuit: "What would it be anyway? You certainly don’t need my help to shine during the tornament…"