no time to die
22 décembre 2007Généralement, tu prenais un malin plaisir à participer à la propagation des scandales les plus juteux. La déchéance des Malfoy était même parvenue à te faire quitter ta tanière pendant près d’une journée entière à une époque où tu te trouvais en plein deuil. Mais cette fois-ci, l’arrestation de l’épouse de ton meilleur ami ne prêtait pas véritablement à rire et colporter les commérages les plus scandaleux. Tu n’aurais pas imaginé un seul instant qu’une sorcière de si bonne famille puisse pactiser avec l’ennemi. Pire encore, tu ne parvenais pas à comprendre comment elle avait pu faire une chose pareille à Marlon. Pire pire pire encore, tu te demandais comment Travers avait pu se laisser duper de la sorte, ignorant tout de la complaisance dont il avait fait preuve à l’égard de sa seconde épouse. Tu lui aurais volontiers arraché les nargols du nez à propos de cette histoire, si seulement tu en avais eu l’occasion. Tu lui avais même proposé de venir passer Yule en ta compagnie au manoir Lestrange, ce qu’il avait catégoriquement refusé, prétextant avoir “du travail”. S’il était certain que cette sombre histoire faisait parler d’elle au Ministère et remuait les rangs des mangemorts, tu avais pourtant l’impression que Marlon, lui, était complètement détaché de la situation. Pour l’heure, il n’avait pas une seule fois prononcé le prénom de son épouse, ni même fait égard du moindre remord quant à l’arrestation qu'il avait personnellement commandité. Et c’est précisément là ce qui te laissait songeur. Aurait-eu pris cette même lourde décision s’il s’était agi de Bellatrix ? Bien sûr, paix à son âme, sa loyauté au Seigneur des Ténèbres n’était plus à prouver. Quoiqu’il en soit, tu ne trouvas pas immédiatement de réponse à ta question.
C’est après une longue journée de travail (passée à user les nerfs de ton cousin Abram), que tu rentras finalement au manoir familial. Dès lors que tu en franchis le seuil, tu eus la drôle de sensation que
quelque chose avait changé. Ou plutôt, que
quelque chose était redevenu comme avant, comme à l’époque où… Tu ressentais comme une sorte de présence étrangement familière. “
Rabastan, are you home?” En guise d’unique réponse, tu entendis comme un objet s’effondrer au sol sur le plancher de l’étage. Si d’ordinaire, tu aurais fait preuve de la plus grande des prudences, quelque chose semblait t’indiquer que tu ne craignais rien. Et pourtant, à mesure que tes pas te conduisaient à l’étage et qu’une drôle de sensation commençait en t’envelopper en son sein, tu sentis ton cœur s’emballer plus que d’ordinaire. Un nouveau craquement sonore retentit alors que tu passas devant la chambre où elle reposait depuis plus d’une décennie. Par Merlin, quelle était donc cette sorcellerie ? Brusquement, tu t’arrêtas tout près de la porte encore fermée. Tu refusais de croire que quelque forme de vie proviennent de l’intérieur de cette pièce, que personne ne se risquait jamais à profaner. Les battements de ton cœur s'accélérant avec force, tu pouvais désormais les entendre retentir contre tes tempes. Les yeux emplis d’un mélange d’espoir et d’effroi, tu fixais la porte avec la plus grande attention. “
Is someone here?” Fébrile, tu attendais un nouveau signe, une nouvelle preuve que tu n’étais pas de nouveau en proie à tes vieilles hallucinations. Tu entendis alors un objet rouler sur le sol, derrière le mur qui séparait la fameuse pièce du couloir. Ta main moite et tremblante se déplaça lentement en direction de la poignée. L’objet sembla se mouvoir à nouveau. Tu pris une profonde inspiration, et pénétras à l’intérieur du sanctuaire.
Son corps gisait, maintenu toujours intact grâce à la magie, exactement au même endroit que d’ordinaire. Mais la chambre paraissait irradier de sa présence. Tu avais la conviction de la
sentir partout, dans le moindre recoin entre ces quatre murs. Tu peinais à croire que tout ceci soit réel, mais les émotions qui te happaient étaient si fortes, qu'il ne pouvait s’agir d’un enchantement, aussi puissant soit-il. Sur le sol, sa baguette se mit à virevolter d'elle-même, comme si elle avait voulu te saluer. Tes pupilles s’embuèrent immédiatement de larmes pour la première fois depuis onze longues années. Tu ouvris la bouche, avant de la refermer aussitôt sans rien dire. Quels étaient censés être tes premiers mots à son égard ? Tu avais tant à lui raconter. “
I am so sorry. I should have…” Tu fus brusquement interrompu par sa baguette, fendant l’air sans crier garde pour s’élever jusqu'à ta hauteur. Tu la saisis au vol sans réfléchir et vins la serrer contre ta poitrine, comme s’il s’était agi de son enveloppe charnelle. Un sanglot s’échappa alors de tes entrailles, tandis que les larmes s’évadèrent le long de tes joues. “
Welcome home, Bella.”