"The presence of strangers is our only guarantee of good behaviour" - Violet Crawley

2 décembre 2007, Diagon Alley | @Axel Deschamps @Myrthild Travers

Comme souvent les après-midis où elle ne s’attarde pas dans les couloirs de la BCBC, Rowan flâne sur Diagon Alley ou à travers les galeries du Four Seasons et souvent en bonne compagnie. Tout est bon pour la garder loin de son appartement depuis la visite de Paris, et plus encore depuis que des témoignages leur reviennent concernant des dysfonctionnements magiques. Celestia et Merlyn avaient été les premiers à en parler sur les ondes, ne faisant de l’édition du journal qu’elle présenta plus tard qu’un vague écho. Tout le monde en avait déjà entendu parler, bien sûr et le monde attendait des explications, des solutions même. Deux choses qu’ils n’avaient pas été en mesure d’apporter aux fidèles de la chaine d’information de la BCBC. De la simple lumière qui clignote à une chute de balai qui vous conduit à l’hôpital sorcier le plus proche, ces perturbations inquiètent pas mal de gens. Et Rowan compte parmi ceux-là. Elle en vient même à douter à certaines heures de l’efficacité des grigris achetés à Zarya, que se passerait-il si les problèmes se propageaient jusqu’à son domicile ? Paris réapparaîtrait-elle aussi dans sa vie ? Elle ne l’a pas croisée depuis un moment, à son plus grand soulagement, mais combien de temps cela allait-il durer? Que ferait-elle alors?

En chemin vers Gringotts, où elle doit faire un arrêt avant d’aller trouver un peu de chaleur dans un café, elle remarque toutefois un attroupement étonnant devant quelques façades de la rue commerçante. « Qu’est-ce que .. » Sa curiosité est piquée, a-t-elle manqué quelque chose ? une annonce ? des soldes d’hiver anticipées ? l’ouverture d’une boutique par une marque très populaire ? Merlin, qu’est-ce qui pouvait bien attirer tant de monde à cette heure de la journée sans qu’elle en soit au courant !? Elle a pourtant passé sa pause - et un peu plus -  sur sa crystal à guetter tous les évènements sociaux du moment où elle pourrait au choix être invitée ou bien s’imposer. Chanel aurait sûrement pu lui dire. Tiens, d'ailleurs est-ce qu'elle se trouve au milieu de tout ce monde?

Emmitouflée dans son manteau noir, le cou couvert par une grosse écharpe un peu plus claire, la journaliste s’approche d’un petit groupe qui observe la scène de loin. Ça chuchote, ça commente, ça se pose plein de questions sans qu’aucun ne soit visiblement en mesure d’apporter de réponse concrète. Et pas de trace de Chanel, non plus.

Un peu suiveuse sur ce coup, elle se mêle volontiers à la conversation qui se déroule et interroge les personnes à ses côtés, amenant ses propres idées. « Vous croyez que c’est une représentation de ce cirque itinérant ? J’ai oublié leur nom … Mais vous en avez sûrement entendu parler, vous savez, ils s’installent dans un endroit dont leur show et s’évaporent dès qu’ils ont terminé. » Des perturbateurs, mais pour avoir assisté une fois à l’une de leurs performances, elle doit bien reconnaître qu’ils sont doués. Dommage qu’ils n’aient pas les idées en place … ils pourraient animer de très bons ateliers culturels à travers le pays. Il y aurait même moyen de faire un reportage sur eux, enfin, pour ça, il faudrait qu’ils retrouvent la raison et cessent de se présenter comme étant contre le gouvernement. A croire que c’est une mode, toujours contredire l’autorité ! Tout se passe pourtant tellement mieux depuis que les choses ont changées, à commencer par son statut à elle, bien entendu. « Vous comprenez ce qu’ils racontent ? C’est vraiment étrange comme spectacle. » Les différents acteurs sont habillés comme des moldus et la langue parlée n’est définitivement pas l’anglais. Est-ce une caricature de ces gens dépourvus de magie ? Cherche-t-on à les sensibiliser à une cause quelconque ? Les moldus ? Ils auraient eu plus de succès à parler des Mixed ou des Cracmols .. franchement, très mauvais choix. Elle soupire, un peu dépitée, pourvu que ça ne soit pas non plus un évènement destiné à récolter de l’argent auprès des passants, elle a horreur de ça – même si elle donnera tout de même un gallion ou deux pour faire bonne figure !

Vraiment le sens du spectacle lui échappe, c’est le cas aussi pour quelques autres passants qui décident finalement de quitter les lieux faute d’avoir trouvé là une source de distraction suffisamment intéressante.

Pour être honnête, il n’avait jamais beaucoup aimé les gobelins de gringotts. Depuis son plus jeune âge, il trouvait ces créatures particulièrement hideuses et dénuées d’humour. S’il n’était pas obligé de placer son argent là bas, comme tout bon sorcier, il refuserait très probablement de discutailler avec eux. Une fois ses sous en poche, il ne se fit pas prier pour quitter rapidement les lieux et retourner dans le froid hivernal qui s’était définitivement installé en Angleterre. Français dans l’âme et jusqu’au bout des ongles, il adorait critiquer la météo de son pays d’adoption, oubliant presque que cela faisait plus longtemps qu’il vivait ici qu’au pays des grenouilles (un détail). Enroulé dans une écharpe d’une laine extrêmement qualitative, il regagna la rue principale à la recherche d’un visage en particulier ; celui de sa chère cousine.

Myrthild lui avait proposé de boire un verre après le travail, une invitation qu’il ne pouvait, bien évidemment, pas décliner. Être proche des Travers était toujours une occasion pour effacer le pouvoir de Louis, en discrétion, tout en s’assurant une place de choix auprès d’eux. De plus, malgré ses ambitions durement héritées de son père, il devait avouer éprouver une certaine sympathie pour la jeune femme, qui a défaut de son frère (louis) possédait une personnalité qu’il savait apprécier. Les Travers étaient définitivement différents. Un constat qu’il avait d’abord effectué durant les repas de famille, avant d’entrer par la grande porte dans leur quotidien.

Alors qu’il s’avançait en direction de leur lieu de rendez-vous, un attroupement étrange attira son regard. Curieux de nature, il se faufila entre les passants pour regarder la raison de cette cacophonie. Au centre, totalement perdu, un groupe de moldus (d’après leur accoutrement) se promenait, dans le plus grand des calmes, au beau milieu de l’allée principale, d’un quartier OFFICIELLEMENT impossible d’accès pour les personnes comme eux. Perplexe, comme beaucoup, le français s’interrogea sur les raisons de leur présence, avant de se souvenir qu’un élément similaire était arrivé à sa nièce durant une visite à Bristol.

Les barrières magiques ne semblait plus tenir, une faille que nombreux voyaient comme une menace pour les sorciers. Axel, loin d’être très engagé en politique se fichait bien de voir les deux mondes s’entremêler, surtout si cela offrait des scènes aussi divertissantes que celle-ci. A contrario de lui, la plupart des sorciers présents se détournèrent du groupe d’individus, sûrement inconscients de ceux qu’ils étaient.

Doué en langue, grâce à son travail et ses voyages, Axel identifia rapidement la langue utilisée par les touristes. Homme de la situation (toujours), il s’avança vers les touristes et prononça dans un italien un peu trop français. «‌ ‌‌‌‌Buongiorno amici, possible de parlare in la strada là ?‌‌ ‌»‌ Comme pour accompagner sa phrase un peu bancale, mais pas catastrophique, il indiqua la rue qui s’échappait en perpendiculaire, comme pour quitter un peu la masse qui commençait à retourner à leurs emplettes.

Axel n’avait rien contre le fait d’être au centre de l’attention, bien au contraire, mais il préférait tout de même rendre la circulation plus agréable et surtout limiter les frayeurs des italiens face aux boutiques à venir dont les vitrines n’avaient rien de rationnel. Alors qu’il poussait les touristes, il remarqua une brune qui le suivait, avec la discrétion d’un éléphant, mais aussi le visage amusé de Myrthild. «‌ ‌‌‌‌Hey, ma cousine préférée ! Un voyage à Rome, ça te dis ?‏» Aucunement stressé ou paniqué par la situation, il préférait rire de cette situation, même s’il ne donnait pas cher de la peau de ces touristes.