HISTOIRE. Quand tu es venue au monde, tu dépassais déjà du berceau et de tous les vêtements microscopiques pour petite fille modèle cousus pour l’occasion. Les elfes de maison n’avaient de cesse de rafistoler et d’ajuster par magie tes robes, tant tu n’as eu de cesse de grandir. Ton enfance a été tiraillée entre les jeux avec les marmots des voisins, quand tu te prenais pour une guerrière géante de la Giant’s Causeway, et les leçons de bonne conduite dans les jupons de ta mère. Tu ne t’entendais pas avec elle ; tu n’étais pas assez jolie à son goût, ni guère plus gracieuse ; à peine bonne à lever l’auriculaire à l’heure du thé. Tu n’as jamais été docile, et tu es très vite devenue une force de la nature, ta mère n’a donc rien pu faire que de lâcher le fauve que tu étais à Poudlard.

A l’école des sorciers, ça a été l’épreuve des flammes. Parce que trop grande, trop brusque, tes chevilles dépassant de tes robes. Tes bras et tes jambes qui tirent trop, les camarades de classe qui se moquent trop. Tu n’as pas eu beaucoup d’amis, te faisant un peu trop avoir par ceux qui te prenaient sous leur aile par pitié. Solitaire, tu as fini par traîner un peu trop autour de la cabane de Hagrid, qui a dû se reconnaître un peu en toi, avec tes têtes de plus que la moyenne. Il t’a un peu initiée à son bestiaire cauchemardesque. Ceci dit, ton cœur à toi en pinçait davantage pour le Quidditch. Sur un balai, plus question de voir ta différence de taille avec les autres. Seule l’allonge de ton bras comptait. Ta robustesse était enfin appréciée à sa juste valeur. On a bien dû admettre que tu méritais une place de titulaire dans l’équipe de ta maison, en tant que poursuiveuse. Désormais, tu jouissais au moins d’un certain succès pendant les matchs, et même quelques filles en ont pincé pour toi.

Ceci dit, s’il y en a une qui n’a pas applaudi ta nouvelle passion, c’est ta mère. Lorsque ton père vous emmenait assister à des rencontres sportives, elle y allait toujours à reculons, et seulement pour s’y faire voir. Ta mère a fini par te foutre la paix lorsque ton petit frère est venu au monde, au milieu de ta scolarité à Poudlard. Tu as laissé le poupon entre ses griffes, afin de profiter un peu de ta liberté et de tes pantalons.
C’est difficile, de grandir dans la désapprobation de sa mère ; d’être ignorée pendant les vacances, et bientôt même pendant les dîners. Tu n’étais à ses yeux qu’une grossière étrangère. Oh, avec le recul, tu es désormais certaine qu’elle voulait faire un pas vers toi ; mais à l’époque, tu ne faisais que l’aider à creuser la tranchée vous séparant.

Si bien qu’une fois tes ASPICs en poche, tu as quitté le manoir familial, ton balai payé de ta poche sous le bras, pour descendre en ville. Un baiser pour ton tout petit frère, et pour ton elfe de maison favori, avant qu’on ne te revoit plus jamais dans les jardins Bagshot.
Tu as empoché les Gallions envoyés par ton père jusqu’à ce que tu intègres une équipe de seconde zone irlandaise. C’est à force de monter à Londres pour des rencontres amicales que les Puddlemere ont jeté leur dévolu sur toi, ouvrant ensuite la voie à l’équipe nationale d’Irlande. A partir de là, ton succès a été fulgurant. Tes premières années d’indépendance avaient été un calvaire, mais tu vivais désormais la belle vie.

Lorsque les Mangemorts sont arrivés au pouvoir, tu t’es tant bien que mal accrochée à ta carrière, pour ne pas assister à toutes les horreurs qui se produisaient autour de toi. Multipliant les matchs, afin de redonner un peu de baume au coeur de la population sorcière sans dessus dessous, car il n’y a pas meilleur allié pour un monde des Ténèbres en expansion, que le divertissement des foules. Mais, les scrupules grandissant, tu as fini par faire don d’une part de ta fortune, secrètement, aux résistants, à défaut de les rejoindre à plein-temps. Ce dilemme te poursuit encore aujourd’hui, tandis qu’en parallèle, la retraite sportive te guette. A ce jour, tu ne sais pas encore si tu préfères devenir coach de Quidditch ou abandonner ton confort de vie pour te jeter corps et âme à la Résistance.