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 BENHWA | Unbroken

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MessageSujet: BENHWA | Unbroken   BENHWA | Unbroken EmptyMer 17 Avr - 10:38
Tombeau des Rosier— Avril 2006
Darling what we had. It cannot be taken. It cannot be broken. It cannot be stolen. And it won't be forgotten. No, it won't be forgotten.

L’odeur des cigarettes d’Aloysius envahissait les narines, la gorge et le cœur de Jae-Hwa. Souvent, elle fermait les yeux entre deux inspirations et, alors même que le tabac était encore entre ses doigts, elle s’imaginait ne pas être celle qui fumait. Elle fermait les yeux et imaginait quelques secondes, courtes, qu’Aloysius soit là. Sans un mot ou le moindre geste, juste présent à ses côtés. Elle ne désirait pas plus. Quelques secondes et le charme se brisait déjà, elle lui en voulait, il l’énervait, elle revoyait son sourire suffisant et rouvrait les yeux. Son mari lui manquait, c’était indéniable, son odeur, sa voix, ses doigts. Quand il s’agissait d’Aloysius Rosier par contre, elle ne voulait que voir son dos alors qu’il s’éloignait.
Deux ans, déjà, qu’elle achetait de temps à autres les mêmes cigarettes que son époux. Toujours fumées en secret, comme si quelqu’un pourrait comprendre ce qui motivait cette nouvelle addiction, elle qui avait tant de fois tanné ses enfants pour qu’ils ne reprennent pas le vice paternel. Les cigarettes étaient éparses, lentes, absentes, et Jae-Hwa se sentait toujours incroyablement vide dès qu’elle les écrasait quelque part.
D’autant plus vide quand, en ouvrant les yeux, elle pouvait voir l’autel surplombant le caveau de la famille Rosier. Elle-même était assise sur une tombe voisine, les jambes croisées, la cigarette finissant de brûler entre ses doigts alors qu’elle laissait son regard se poser sur les noms de ces deux filles trop jeunes pour être déjà mortes. Hyunsoo et Ha-Yun, sa nièce et sa fille, toutes deux tuées par des monstres, toutes deux aimées et détestées par leur tante et mère, qui aurait tant aimé les voir grandir toutes deux, l’une plus que l’autre, et voir si l’animosité, la gêne serait restée. Aurait-elle pardonné à Hyunsoo ? Ha-Yun lui aurait-elle pardonné ? Aurait-elle fini par comprendre… Ces questions tournaient, sans cesse, alourdissant son ventre déjà plombé de l’absence et la trahison de son époux.

Perdue dans ses pensées et ses souvenirs floutés par trop de calligraphie, elle n’entendit que bien tard le crissement des chaussures sur les cailloux blancs du cimetière. Plus tardivement encore tourna-t-elle la tête pour regarder passer ce qu’elle pensait être un sombre inconnu qui n’oserait certainement pas lui demander de ne pas fumer sur la tombe d’un autre. La tombe de sa famille était chez elle et Jae-Hwa avait la brusquerie et le naturel qu’elle réservait à sa maison quand elle venait visiter sa fille.
Ce n’était pas un inconnu, cependant. Ses yeux s’écarquillèrent légèrement à la vue du garçon (il restait un enfant à ses yeux) qui venait visiblement payer ses respects à sa famille lui aussi. « Benjamin, quelle surprise. » Elle eut un sourire, un peu sec, vers son neveu. Venait-il pour son père ? Sa sœur ? Son oncle ? Sa cousine ? Trop de morts récentes alourdissaient le caveau des Rosier et les possibilités étaient nombreuses. Son regard dériva du visage du petit Benjamin jusqu’au chien qui lui collait toujours aux basques. Animal-lié auquel Jae-Hwa lança un regard noir sans même s’en rendre compte, vivant sans le sentir le manque de présence sous ses vêtements, le manque de sa salamandre, l’absence de son alter ego.
Elle détourna vite le regard, pour se reporter sur l’autel de marbre aux multiples offrandes, principalement le bouquet de roses d’or rose laissé par son mari. Hommage éternel, promesse d’amour à travers la mort. Techniquement, il lui avait promis la même chose. La mâchoire de Jae-Hwa se contracta. « Je ne savais pas que tu les visitais, c’est bien, » commenta-t-elle plutôt que de s’enfoncer dans son amertume, avec le ton de la tante généreuse qui complimente le petit garçon respectant sa famille. Après tout, elle était accrochée à cette tombe, à cette place, mille fois déjà elle avait noirci le sol de sa cendre. Jamais encore elle n’avait vu son neveu sur les lieux.
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MessageSujet: Re: BENHWA | Unbroken   BENHWA | Unbroken EmptySam 20 Avr - 13:14
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jae-hwa et benjamin rosier

Être directeur de Rosier Events, c’est un peu comme faire du vélo en n’ayant pas le droit de poser le pied par terre : si Benjamin s’arrête de pédaler, tout se casse la gueule. Il sait qu’il n’est pas tout seul : il a ses employés, son assistante. Il a son oncle, évidemment, bras-droit des plus antipathiques à son humble avis, mais excellent manager. Il n’empêche que tout repose sur lui, au final : il doit prendre les décisions, signer les papiers, et c’est sûr lui que les erreurs retombent, inévitablement. Sa jeunesse ne joue pas en sa faveur, il a déjà dû essuyer un échec - et beaucoup de honte - lors du coup des résistants, il y a presque un an... il sait qu’il n’a plus le droit à l’erreur. Alors il peaufine le moindre de ses projets, est plus dur avec ceux qu’il emploie, il reste jusqu’aux heures les plus silencieuses de la nuit à vérifier mille fois des détails inutiles. C’est épuisant, il s’en rend presque malade, toujours dans l’angoisse à l’idée qu’Aloysius lui tombe dessus pour tout et n’importe quoi, toujours dans l’angoisse que tout se casse la gueule du jour au lendemain à cause d’un détail.

Le mot pause lui est donc devenu presque inconnu depuis qu’il a repris le poste de son père, et encore plus depuis un mois : le Lord prépare quelque chose de gros, d’énorme, alors forcément, Benjamin est mis à contribution. La soirée qu’ils doivent organiser cette fois promet d’être l’une des plus importantes de sa carrière, et même si les projecteurs ne seront pas braqués sur lui, il sait que le moindre faux pas pourrait être fatal à sa réputation, son entreprise, et par extrapolation, à sa famille. Il ne rentre donc chez lui que pour dormir, échouant grandement à remplir son rôle de chaperon auprès de Blaise et Pansy, avec qui il a emménagé il y a très peu de temps. Même pendant le déjeuner et le dîner, il a les yeux rivés sur des parchemins, et répond à des messages envoyés par ses fournisseurs. Il se prendrait bien des petites vacances, franchement, mais il a dû renoncer à ce concept le jour où son père est mort.

Les seuls moments de pause qu’il se donne le droit de prendre sont pour sa mère, qui vit un peu mal le fait qu’il soit si absent depuis son déménagement partiel, et pour Daphné, qui a bien besoin de compagnie depuis le décès d’Astoria. Aujourd’hui, cependant, après un déjeuner rébarbatif avec le fleuriste attitré de l’entreprise, ce n’est pas le chemin du manoir de sa mère qu’il prend, mais celui du cimetière. Ça fait un peu trop longtemps qu’il n’y est pas allé, et la culpabilité commence à le ronger un peu. Et puis il a la quasi-certitude qu’il ne sera dérangé par personne, ce qui n’est pas pour lui déplaire : il aimerait retrouver l’époque où il pouvait passer des heures dans la salle commune sans qu’on ne le force à faire la conversation.

Malheureusement pour lui, une silhouette se dessine à mesure qu’il avance vers le caveau familial. Jae-Hwa. Il n’est presque pas surpris. Pendant une demi-seconde, c’est vrai, il envisage de faire demi-tour. Il n’a pas envie d’être de trop - peut-être veut-elle être un peu seule face à la tombe de sa fille ? Et puis même, il n’est pas sûr d’avoir envie de faire la conversation avec sa tante. Il échange un regard avec Kate, qui semble aussi indécise que lui.

La problème, c’est qu’ils se sont déjà engagés sur le gravier bruyant. Si Jae-Hwa le voit en train de faire demi-tour, ce sera encore plus bizarre. Alors il continue d’avancer, Kate sur ses talons, et sa tante relève les yeux. « Benjamin, quelle surprise. » C’est vrai qu’il n’est pas le visiteur le plus assidu du caveau Rosier. « Ma tante. » Il fait mine d’ignorer le regard qu’elle lance à Kate, même si ça le peine évidemment de voir sa chienne s’éloigner un peu, consciente qu’elle n’est pas forcément bien accueillie. « Je ne savais pas que tu les visitais, c’est bien, » « Je ne viens pas assez souvent, malheureusement, mais… oui. » Il avance un peu, observe les fleurs laissées sur les tombes. « Je peux revenir plus tard, si vous préférez. » Ses yeux glissent vers les cendres aux pieds de Jae-Hwa. L’odeur du tabac l’avait interpellé avant même qu’il ne se rapproche. « J’ai comme l’impression que vous vouliez rester seule… » Il a un petit sourire en coin, et ça lui aurait probablement valu une tape derrière la tête si sa mère avait été là.
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MessageSujet: Re: BENHWA | Unbroken   BENHWA | Unbroken EmptyMer 8 Mai - 14:42
Tombeau des Rosier— Avril 2006
Darling what we had. It cannot be taken. It cannot be broken. It cannot be stolen. And it won't be forgotten. No, it won't be forgotten.

Jae-Hwa entend le respect et la distance dans la voix de Benjamin sans même les remarquer. Elle soit son regard vers les fleurs, aucune n’étant les siennes, et elle se perd encore un peu à observer les bouquets de roses en or laissées par son mari. Hésitant entre vouloir les toucher ou les faire brûler jusqu’à les voir fondre. Elle fut ramenée de ses pensées par la tentative (vaine) de Benjamin de fuir. Aussitôt, elle se trouve à rire, un rire court, étroit, un peu sec, alors qu’une main chasse l’idée. « Voyons Benjamin, pas de ça entre nous, tu as autant le droit d’être ici que moi. » Et d’un autre mouvement, elle l’invita à s’approcher, à deux doigts de lui proposer une place sur la tombe de cet inconnu qu’elle occupait. Et quelque part en bougeant, en l’invitant, en riant, elle tentait d’être accueillante, d’être chaleureuse. On pouvait même voir, dans ses gestes, des imitations de ces larges arabesques que faisaient souvent son mari pour illuminer une pièce. Elle, c’était toujours trop court, trop bref, trop brusque, et elle ressemblait uniquement à cette tante trop sévère, trop tendue qu’elle était.
Elle resta un instant silencieuse, après cela, les doigts légèrement nerveux, retenant une seconde cigarette. Les yeux figés sur le caveau, sur les noms, sur les fleurs, sur tous ces gens absents. « Lorsque je viens ici, tu sais, je laisse toujours quelque chose pour ta sœur. » Là encore, elle aurait voulu être tendre, voire fragile, mais rien d’autre ne sortait que le constat brutal. « Malgré tout ce qu’il s’est passé… Il n’y a rien de pire que ces enfants qui partent… » Là, elle aurait pu. Elle aurait pu terminer sa phrase et on aurait pu entendre sa voix flancher, la peine transparaître, le deuil à nu surgir. Elle s’arrêta avant, par pudeur, prétendrait-elle. « Surtout de cette façon, » conclut-elle brusquement, avec une violence où sommeillait la rage.
Là-dessus, elle dirigea de nouveau son regard vers lui, grandie par la colère bien que toujours assise. « C’est une terrible tragédie, ce qui leur est arrivé. Une tragédie et un crime qui ne restera pas impuni. » Elle vibrait soudain, comme toujours transportée par des éclats de colère brusques dès qu’elle pensait trop fort à… Pour se calmer, elle jura, solennelle : « C’est la promesse du Lord. » La promesse qu’il lui avait faite, alors qu’elle prenait la marque. Il lui avait promis vengeance et justice, et tous les moyens à sa disposition pour l’aider à réparer cette abominable tragédie.
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MessageSujet: Re: BENHWA | Unbroken   BENHWA | Unbroken EmptyDim 12 Mai - 13:44
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jae-hwa et benjamin rosier

Il n’avait jamais vu sa tante fumer. Il se demande quand elle a commencé, si elle l’a toujours fait dans le dos de ses enfants, ainsi que de ses neveux et nièces. Est-ce qu’Aloysius est au courant ? Benjamin sait que lui, il fume. Peut-être qu’ils fument ensemble ? L’image le ferait presque sourire : son oncle et sa tante, en train de fumer à la fenêtre en se cachant de leurs enfants. En tous cas, ça a le mérite de le surprendre. Jae-Hwa est si protectrice avec ses enfants… L’idée que l’un d’eux puisse se ruiner la santé en fumant lui serait probablement insupportable… Alors qu’elle le fasse elle… Oui, ça l’amuse un peu. Il a l’impression de détenir une information importante sur elle, un élément qu’il pourra ressortir à l’occasion s’il en a besoin. Ça lui plaît.

« Voyons Benjamin, pas de ça entre nous, tu as autant le droit d’être ici que moi. » Il la remercie d’un signe de tête, avançant un peu plus vers les tombes des membres de leur famille. Il envisage pendant quelques secondes d’aller s’installer auprès de sa tante sur la tombe de l’inconnu, mais ça lui semble être un manque de respect à celui qui est enterré ici, alors il se contente de rester debout face aux tombes, Kate contre sa jambe. Il joint ses mains devant lui, comme s’il s’apprêtait à fermer les yeux et à prier. Mais Benjamin ne prie pas, il ne croit en aucun Dieu. Il croit en quelque chose de plus grand que lui, une force sur laquelle il ne pose pas de mots, mais aucune religion n’a trouvé grâce à ses yeux. « Lorsque je viens ici, tu sais, je laisse toujours quelque chose pour ta sœur.  » Il relève les yeux vers Jae-Hwa et hausse les sourcils. « Malgré tout ce qu’il s’est passé… Il n’y a rien de pire que ces enfants qui partent… » Il pourrait détourner le regard, mais il continue à regarder sa tante : il ne veut pas qu’elle pense qu’il la fuit du regard parce qu’il a pitié d’elle, ou quelque chose comme ça. Il connaît son deuil, il connaît la souffrance, même s’il ne peut prétendre savoir ce que c’est, de perdre un enfant. Il espère ne jamais connaître ça. Une soeur, une cousine, un oncle et un père (quand bien même il n’était pas exemplaire), c’était déjà trop. « Surtout de cette façon, » Il acquiesce. Il ne veut pas repenser à la violence de la mort de sa cousine.
Et à l’autre violence, plus sourde, plus subtile, de la mort de sa soeur.

« C’est une terrible tragédie, ce qui leur est arrivé. Une tragédie et un crime qui ne restera pas impuni. » Oh, il sent la colère de sa tante. Comment ne pas la sentir ? Elle émane de chaque pore de sa peau, elle le terrifie un peu, même. « C’est la promesse du Lord. » Benjamin acquiesce de nouveau. “On peut lui faire confiance.” ajoute-t-il sans hésiter. “Merci, de laisser quelque chose pour Hyunsoo.” Il lui offre un sourire. “Ça me touche.” Il sait que Jae-Hwa n’était pas la plus grande fan de sa soeur, pour des raisons évidente. L’idée qu’elle fasse quand même le geste lui fait sincèrement plaisir, même si, évidemment, Jae-Hwa ne sait pas tout. “Tout va bien au ministère ?” Il repose les yeux sur le nom de sa cousine. “J’ai l’impression qu’on ne se croise plus beaucoup, ces derniers temps. Vous devez être bien occupée. J’espère que vous prenez soin de vous tout de même, que vous trouvez le temps de vous reposer.” Comme la majorité des membres du ministère, Benjamin n’est pas vraiment sûr de ce que sa tante fait, bien qu’il ait plusieurs pistes (qui ne lui plaisent pas trop, d’ailleurs).
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MessageSujet: Re: BENHWA | Unbroken   BENHWA | Unbroken EmptySam 18 Mai - 15:24
Tombeau des Rosier— Avril 2006
Darling what we had. It cannot be taken. It cannot be broken. It cannot be stolen. And it won't be forgotten. No, it won't be forgotten.

On peut lui faire confiance. C’était à Jae-Hwa qu’il fallait faire confiance, c’était elle qui faisait tout. Pendant que son mari choisissait la couleur des serviettes du mariage d’une sombre inconnue, elle se salissait les mains à tenter, chaque jour, d’apporter un peu de justice en ce monde. Elle allait, chaque jour, croiser l’horreur. Elle se salissait la bouche et l’honneur à parler à des monstres, à prétendre les apprécier, collaborer avec eux, et les considérer comme autre chose comme des abominations qui mériteraient l’abattage pur et simple. Personne, au fond, ne savait comme elle trompait chaque principe, chaque valeur pour laquelle elle avait vécu jusque là. C’était elle qui apporterait vengeance, par le Lord qui ne faisait que l’autoriser à travailler.
Cela, pourtant, elle ne pouvait pas lui dire.
Elle hocha donc la tête, avec ce mouvement solennel de la mangemorte fidèle et dévouée. Et évinça la remarque de Benjamin avec un mouvement vague de la main. « C’est normal, elle fait partie de la famille, après tout, » répondit-elle avec un faible sourire, sans s’étendre. Laisser quelque chose pour Hyunsoo était une chose, développer sur l’étrange affection mêlée de haine qu’elle ressentait pour la gamine n’était pas une chose dont elle se sentait capable. « Elle nous manque à tous, » rajouta-t-elle, un peu par politesse, un peu honnêtement.

C’était presque gênant, maintenant, d’être ainsi, ici, avec Benjamin. C’était comme d’être à nu, sans qu’il ne puisse rien lire. Elle avait l’impression qu’il pouvait comprendre la cigarette, les roses d’Aloysius, qu’il se doutait qu’elle passait ici trop de temps, que la pierre tombale qu’elle occupait avait presque adopté la forme de ses fesses. Lorsqu’il demanda si tout allait bien, elle crut d’abord qu’il allait demander si tout allait bien avec Aloysius. Non, rien n’allait bien avec Aloysius, rien n’allait depuis deux ans et elle était fatiguée, épuisée, profondément en détresse de ne plus avoir le mari qu’elle avait tant aimé. Ça brûlait ses lèvres sans pouvoir les dépasser. Heureusement, il parla du ministère.
« Oui, bien sûr, tout va bien, » répondit-elle trop vite, le cœur légèrement emballé, la brusque panique obstruant encore un peu ses pensées. Elle aurait voulu évincer le sujet mais, là-dessus, Benjamin s’appesantit. Et elle leva les yeux vers lui, vers son regard fatigué, lui qui devait supporter Aloysius au travail, qui devait… Un instant, elle se demanda s’il savait, pour l’adultère, s’il savait qui c’était, s’il pourrait lui dire… Mais la simple idée de lui poser ce genre de question l’horrifiait trop pour qu’elle demande même comment allait son époux. « Prendre soin de moi ? » répéta-t-elle, un peu abasourdie par la formulation. Un rire rapide, sévère, un peu étranglé, accompagna la remarque.
Puis elle nia de la tête. Non, non, elle ne prenait pas soin d’elle.
Ce fut à ce moment que, finalement, elle se leva. Déroulant son corps trop carré, ses mains trop noueuses, oubliée la princesse de Corée qui n’avait jamais vu l’extérieur. Ses yeux, avec le temps et le malheur, s’étaient creusés, ses joues aussi, et l’absence de soin de son mari lui donnait toujours un air échevelé, négligé, les traits qui n’étaient plus jamais adoucis par le maquillage. « Benjamin, c’est très gentil de ta part, mais je n’ai pas ce genre de luxe, » rétorqua-t-elle avec un petit sourire de pitié, pour ce pauvre garçon qui ne semblait rien savoir. Maintenant face à lui, et malgré qu’ils fassent la même taille, elle avait l’impression de le dominer. « Ma pause, tu la vois, elle est ici, à regarder la tombe de ma fille. Tu crois véritablement que j’aurais la possibilité de dormir, même si je le voulais ? » Sa voix montait, se durcissait, alors que la colère montait. Tata Rosier n’avait jamais su contrôler ce genre d’émotion. « Oui, Benjamin, je suis occupé. Je suis occupé à tout faire pour venger ma fille, ta sœur, et tous ceux qui ont été arraché à leur vie par des monstres qui continuent de vivre en toute impunité dans notre société. » Les mains remontèrent jusqu’à son visage, remontèrent à ses cheveux, les tirèrent pour espérer détendre la pression qui venait brusquement pulser en elle. « J’apprécie ta sollicitude, Benjamin, » articula-t-elle finalement, difficilement, en entendant la voix de son mari lui intimer d’être moins violente. « Mais ma fille a besoin de moi, et je ne me reposerai pas avant qu’elle puisse reposer en paix. »
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MessageSujet: Re: BENHWA | Unbroken   BENHWA | Unbroken EmptyMer 3 Juil - 21:29
« Oui, bien sûr, tout va bien, » répond Jae-Hwa, presque trop machinalement pour être honnête. En même temps, c’était une question bête. Une question qu’on pose plus par politesse qu’autre chose. Benjamin est tant habitué à faire la conversation qu’il parle presque par automatisme. C’est dommage : il ne devrait pas être comme ça avec sa propre famille. Il ne devrait pas parler juste pour parler. Ses mots devraient avoir un peu plus de profondeur, de sensibilité aussi. Mais il ne s’est jamais senti suffisamment à l’aise auprès de Jae-Hwa pour être lui-même auprès d’elle, alors il se comporte comme on attend que Benjamin Rosier se comporte, et pas comme un neveu vraiment concerné par les sentiments de sa tante. Évidemment, celle-ci lui renvoie la bêtise de ses propos dans les dents, mais il ne peut s’en prendre qu’à lui-même : il aurait dû réfléchir un peu plus avant de balancer des banalités.

« Prendre soin de moi ? » Elle se lève, et il se demande bien ce qui va lui tomber sur la tête. Bordel qu’est-ce qu’il ne se sent pas à sa place, là tout de suite. « Benjamin, c’est très gentil de ta part, mais je n’ai pas ce genre de luxe, » Il baisse les yeux et la tête, gestes qui se veulent presque excuse silencieuse. « Ma pause, tu la vois, elle est ici, à regarder la tombe de ma fille. Tu crois véritablement que j’aurais la possibilité de dormir, même si je le voulais ? » Il ne relève toujours pas les yeux, tel un petit garçon ayant fait une horrible bêtise et cherchant à se faire oublier. « Oui, Benjamin, je suis occupé. Je suis occupé à tout faire pour venger ma fille, ta sœur, et tous ceux qui ont été arraché à leur vie par des monstres qui continuent de vivre en toute impunité dans notre société. » Le désir de vengeance. Benjamin a l’impression de le voir déborder par tous les pores de la peau de Jae-Hwa. « J’apprécie ta sollicitude, Benjamin, mais ma fille a besoin de moi, et je ne me reposerai pas avant qu’elle puisse reposer en paix. » Il ne peut pas dire qu’il ne comprend pas. Après tout, lui aussi l’a ressenti plus d’une fois, ce désir de vengeance, ce besoin de justice. Il n’a juste jamais agi pour remettre les choses dans l’ordre (lâche).

Il n’a toujours pas relevé la tête, et il continue de fixer avec attention ses chaussures quand il prononce ces mots : « Je suis vraiment désolé. Je ne voulais pas vous offenser. » Il aurait bien besoin d’une cigarette, là tout de suite, mais il n’a absolument aucune idée de comment Jae-Hwa réagirait si elle le voyait fumer. S’en ficherait-elle ? Serait-elle en furie à l’idée même que ses enfants soient exposés à sa fumée quand ils le fréquentent ? Il s’abstient de sortir le paquet qui traîne dans sa poche. « Je suis reconnaissant pour tout ce que vous faites. » (faux) « Et évidemment, nous devons tout faire pour que ce qui leur est arrivé ne se reproduise plus jamais. » Il relève enfin la tête, mais ne croise pas le regard de sa tante, préférant laisser glisser ses yeux sur la pierre tombale. « Vraiment, je vous prie de m’excuser. C’est juste que… je m’inquiète pour vous. » Et ce n’est pas tout à fait faux. Quand bien même il y a une part de lui qui la craint et parfois même la déteste… Elle est sa tante, il a du respect et de l’affection pour elle. Il n’a pas envie qu’il lui arrive malheur. « J’espère que vous savez que nous sommes là, si vous avez besoin de quoi que ce soit. » Quand il dit nous, il sous-entend bien évidemment sa mère et lui-même. Il met ses mains dans ses poches, hausse légèrements les épaules et joue avec un caillou du bout de sa chaussure. « Je sais que… Je ne suis pas forcément la première personne à qui vous pensez quand vous avez besoin d’aide. » reconnaît-il. « Mais nous formons une famille, tous ensemble. C’est important qu’on se serre les coudes. Qu’on soit tous unis dans ce que nous avons à accomplir. » Il ne sait pas très bien où il va avec tout ça. « Bref, je m’inquiète pour vous. Désolé si j’ai manqué de sensibilité avec mes questions. » s’excuse-t-il finalement ouvertement.
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MessageSujet: Re: BENHWA | Unbroken   BENHWA | Unbroken EmptyJeu 11 Juil - 16:21
Tombeau des Rosier— Avril 2006
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Heureusement, Benjamin comprenait sa position, et baissa la tête devant sa tante. Elle n’aurait pas su comment réagir à tout autre comportement. Quand elle le laissa finalement parler, elle le regarda avec soulagement présenter ses excuses. Presque toutes ses interactions avec la famille dépendaient de cela : leur capacité à s’enrouler autour de sa violence, à se glisser dans les interstices de ses éclats de colère, à pardonner, à comprendre, à reformuler ce qui avait pu l’énerver pour réussir à lui parler correctement. Surtout, il fallait qu’ils acceptent le moindre relâchement de sa part comme de la gentillesse, et qu’ils comprennent que si elle se détendait un peu, c’était qu’elle cherchait à mieux faire, mieux dire et mieux se contrôler.

Benjamin, pour cela, avait été bien éduqué. Elle l’écouta s’expliquer et lui assurer son affection, sa reconnaissance, son inquiétude, avec une respiration qu’elle calmait comme si son mari lui-même était là pour lui masser les épaules. Gênée par le souvenir, cependant, elle eut un mouvement vers sa nuque, pour se gratter et le chasser. Il lui manquait trop, parfois, et ne voulait pas que cela lui vienne au cœur devant son pauvre petit neveu.
« Tu es très gentil, Benjamine, tu tiens ça de ta mère, » souffla-t-elle finalement avec un sourire, très léger, sur le visage. Toute comparaison avec Jieun était pour elle un compliment, et le plus tendre que Benjamin puisse espérer d’elle. « Je peux comprendre que tu sois inquiet, après tout ce qui est arrivé. » Le pauvre garçon vient, après tout, de perde son père. « Mais j’ai bien l’impression, parfois, d’être la seule à faire quelque chose pour… pour elles. » Ses yeux se baissèrent de nouveau vers les prénoms des deux petites filles.
« Vous êtes tous occupés avec les Rosier Events, avec le Lord, avec les études, les fiançailles et j’ai peur… qu’on avance sans elles. » Qu’on les oublie. Jae-Hwa soupira, profondément, encore trop peu capable de dissimuler tout ce qui la torturait, toutes les peines qui l’assaillaient, un peu à la chaîne. « Tu parles de m’aider, Benjamin... » Elle releva les yeux vers lui, se rapprocha même, comme pour rajouter une pression qu’elle était incapable de ne pas mettre autour d’elle. « Ta mère ne veut jamais parler de ce qu’il s’est passé avec Hyunsoo… » Et là, sans même le faire exprès, elle avança les mains vers celles de Benjamin pour les saisir. Terriblement maternante maintenant qu’elle parlait de la petite, confondant presque Benjamin avec l’un de ses fils. Il avait passé tant de temps avec Celyn, dormi si souvent chez eux… « La venger m’est aussi très important et si tu pouvais… d’une manière ou d’une autre… m’aider ? » Elle amorça un sourire, loin d’être tendre, plutôt inquiétant. Jae-Hwa n’était pas son mari, elle n’était pas douée pour convaincre et adoucir les autres. « Toi aussi tu voudrais qu’elle soit vengée, n’est-ce pas ? »
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MessageSujet: Re: BENHWA | Unbroken   BENHWA | Unbroken EmptyJeu 15 Aoû - 14:49
« Tu es très gentil, Benjamin, tu tiens ça de ta mère, » La remarque lui donne envie de sourire, mais se retient, de peur que Jae-Hwa voit ça comme un manque de respect envers sa mère. Bien sûr, que sa mère est gentille, elle l’est même trop, au point d’être naïve. C’est ce qui la rend si fragile, et Benjamin n’est donc pas très sûr que ce soit un compliment. Quand on voit à quel point Jieun Rosier s’est perdue dans le chagrin et s’enferme au manoir depuis la mort de son mari, difficile de voir ça comme une bonne chose. « Je peux comprendre que tu sois inquiet, après tout ce qui est arrivé. » Bon, au moins, il a mis un peu d’eau sur l’incendie qui se déclarait avec Jae-Hwa. Pour l’instant. Il détend un peu ses épaules, même s’il sait qu’il va falloir qu’il continue à marcher sur des oeufs. Avoir une conversation avec Jae-Hwa, ce n’est jamais simple - surtout depuis la disparition d’Ha-Yun. « Mais j’ai bien l’impression, parfois, d’être la seule à faire quelque chose pour… pour elles. » Il aimerait lui dire qu’elle a tort, mais ce serait un mensonge. S’il y a bien quelque chose qu’il faut reconnaître, c’est que Jae-Hwa est engagée et qu’elle est de loin la seule à vraiment agir suite aux tragédies qu’ils ont connu. « Vous êtes tous occupés avec les Rosier Events, avec le Lord, avec les études, les fiançailles et j’ai peur… qu’on avance sans elles. » Benjamin inspire doucement, pince un peu les lèvres.
Elle a raison.
Le temps passe, les semaines, les mois… Et ils continuent à vivre. Benjamin sait que c’est normal, que c’est ainsi que l’univers tourne. Mais ça lui fait mal, de se dire qu’il avance et que rien ne change. Que peu à peu, le visage de Hyunsoo lui semble de plus en plus lointain. Il a beau essayer de se raccrocher aux quelques souvenirs qu’ils ont ensemble… Cela fait des années maintenant qu’elle est partie. Bientôt vingt-et-un ans officiellement. Bientôt sept ans, en vérité. Il fronce légèrement les sourcils. Sept ans. Sept ans sont passés depuis la mort de Hyunsoo. Ça lui fait un drôle d’effet.
« Tu parles de m’aider, Benjamin... Ta mère ne veut jamais parler de ce qu’il s’est passé avec Hyunsoo…  » Jae-Hwa s’est approchée, lui a même pris les mains comme pour mieux l’emprisonner (comment ça, c’est peut-être pour lui montrer du soutien?). Elle a prononcé le prénom de sa soeur, et ça n’a pas manqué de crisper un peu le jeune homme. Elle a probablement lui demander des précisions, qu’il ne pourra (bien évidemment) pas lui donner. Il a horreur de ça, quand on lui demande de parler de sa soeur. « La venger m’est aussi très important et si tu pouvais… d’une manière ou d’une autre… m’aider ? » Benjamin baisse les yeux vers les mains de sa tante. L’aider à se mettre sur la piste de coupables, de personnes à blâmer. Il a presque envie d’en rire. « Toi aussi tu voudrais qu’elle soit vengée, n’est-ce pas ? » lui demande-t-elle, ne le lâchant pas des yeux, attendant probablement une nouvelle réponse qui lui confirmera enfin que son neveu est prêt à vraiment faire quelque chose.
Bien sûr, qu’il a envie qu’elle soit vengée.
Le problème, c’est que s’il se décidait à la venger, les choses seraient bien différentes de ce que Jae-Hwa peut imaginer. Très différentes. « Évidemment. » lui assure-t-il sans même mentir. « Et j’aimerais pouvoir vous dire quelque chose, quoi que ce soit qui puisse vous aider. » Il ne fait rien pour appuyer ses paroles, ne serre pas les mains de sa tante, ne lui envoie pas un regard déterminé. Il se contente de rester là, dans son emprise, espérant qu’elle lâchera l’affaire. « Mais ma mère est aussi secrète avec moi qu’avec vous. D’ailleurs, je pensais qu’elle vous en avait parlé plus qu’à moi. » dit-il avec un soupir. « Je pense qu’elle essaie de me préserver. Vous savez bien comment elle est. Peut-être même qu’elle essaie de tous nous préserver, en ne révélant pas les détails. Je pense… » Il hésite sur les mots, mais il faut dire la vérité : Jieun n’est pas comme Jae-Hwa. « Je pense que ma mère est dans une démarche de reconstruction par le repos plutôt que par la vengeance, du moins pour l’instant. » explique-t-il. « Peut-être qu’un jour, quand elle aura repris du poil de la bête, elle sera prête à en parler. » Il hausse les épaules. « Jusqu’à maintenant, en tous cas, elle n’a jamais répondu à mes questions. » dit-il, sans mentir, à vrai dire, parce que de toute manière, sa mère n’aborde jamais le sujet de Hyunsoo avec lui. C’est comme un éléphant dans la pièce, au quotidien. « Je ne sais plus quoi tenter avec elle. Elle s’enferme dans son bureau et continue d’écrire je ne sais quoi… » Alors que le manoir de Jae-Hwa est baigné de lumière, celui de Jieun est sombre, toute lumière arrêtée par de grands et lourds rideaux.
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MessageSujet: Re: BENHWA | Unbroken   BENHWA | Unbroken EmptyLun 19 Aoû - 19:13
Tombeau des Rosier— Avril 2006
Darling what we had. It cannot be taken. It cannot be broken. It cannot be stolen. And it won't be forgotten. No, it won't be forgotten.

Le pauvre petit Benjamin. Si faible et intimidable. Jae-Hwa ne pouvait le voir que comme un enfant, un pauvre petit garçon, comme elle voyait encore Celyn et tous ses enfants, incapable d’accepter qu’ils puissent grandir. Il n’y avait qu’à le voir, si ému, si faible, presque tremblant dans ses mains. Jae-Hwa aimait tenir les mains des autres, les sentir avec ou sans force, c’était comme un regard sur l’état de sa cible (ou plutôt de son interlocuteur). Là, elle était presque douce, encore, à tenir ses mains, les serrer, les masser doucement comme si elle cherchait à le détendre ou l’amadouer. Peut-être qu’il espérait qu’elle lâche l’affaire et se lasse. Les plus proches d’elle savaient bien que cela n’arrivait jamais.
En silence, elle l’écoute. Attentive, elle enregistre chaque mot, surprend chaque hésitation, attend le moindre tremblement de ses mains pour la guider. Elle doit et veut savoir et sa meilleure amie ne lui dit rien. Malheureusement, encore une fois, Benjamin ne se montrait pas de grande utilité. Le brave garçon n’avait jamais transcendé Jae-Hwa, trop discret, pas assez ambitieux, trop capable de s’adapter pour qu’elle le remarque vraiment. Trop habituée au charisme de son père, trop intéressée par ses propres enfants. Il était gentil, Benjamin, et obéissant. Quand Fergus lui avait tout cédé, à l’époque, elle s’était indignée avec son mari de l’injustice de la situation. Un gamin comme lui. À peine vingt-trois ans. Ridicule.
Ainsi ne s’imaginait-elle pas un instant qu’il puisse lui mentir. Elle le sous-estimait tant qu’elle était bien persuadée que son mari était le seul dirigeant de Rosier Events à ce jour et que le garçon qu’elle tenait littéralement entre ses mains ne pouvait rien lui cacher. Cela l’attendrissait presque, dans son état trop froid, trop absent, où seules certaines choses parvenaient à agiter son cœur.
« Je peux voir que tu te soucies de ta mère, Benjamin, c’est très gentil de ta part. » Elle lui sourit, doucement, aussi tendrement qu’elle le pouvait dans son état, dans cette posture maternelle qu’elle adoptait sans s’en rendre compte. « Tu as raison nous ne devrions pas la presser… » Encore, elle tapota sa main, comme pour l’encourager. Déjà, son cerveau avide cherchait un nouvel angle d’attaque, sans qu’elle puisse sentir sa propre sécheresse. « Tu sais elle a perdu un enfant et un mari. » Un sourire, très triste, très las, pesa un instant sur le visage de sa tante. « Moi aussi, à sa place, je n’aurais pas la force d’affronter qui que ce soit. » Elle avait cru mentir avant de prononcer ses mots. Comprenant qu’aussi loin, aussi froid, aussi cruel que puisse être Aloysius, elle ne se relèverait pas de sa mort. L’animosité même qu’ils avaient l’un envers l’autre la faisait tenir. Lui résister, lui en vouloir, qu’il lui manque la remplissait assez pour prouver qu’elle existait encore, quelque part dans cette tempête de rage.
« C’est pour ça qu’il faut être fort pour elle. » Sans aucune hésitation, Jae-Hwa pouvait amplifier la pression sur quelqu’un. Lui dire de faire plus, plus longtemps, plus fort, autant qu’il le fallait. Sans même avoir à réfléchir elle demandait plus d’efforts d’elle-même, de son mari, des autres. Comme s’il n’était question que de volonté pour avoir la force de tout affronter. « Les choses vont changer bientôt, pour les hybrides. » Le mépris et la haine défigurèrent un instant son visage en prononçant ce mot. « Ils n’auront plus l’immunité et nous pourrons davantage nous défendre. Ce serait important que tu fasses partie du mouvement qui nous aide à aller encore plus loin, Benjamin ? » Le sourire revenait, ses mains tenaient plus fort les siennes. « Tu fais bien partie de l’All Safe and Proud ? » C’était quasiment une question rhétorique. Qui amenait à une autre, plus épineuse. « Il me semble que Rosier Events n’a pas encore le label In Safe Hands, je suppose que les préparations sont en cours ? » Elle pouvait comprendre que licencier tout le monde prenne du temps. Elle se demandait s’il n’y avait pas, au moins, certains événements avec le label, à défaut de l’utiliser à chaque fois. Elle aurait bien demandé à son mari si…
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MessageSujet: Re: BENHWA | Unbroken   BENHWA | Unbroken EmptySam 21 Sep - 16:22
Jae-Hwa ne le lâche pas. Elle continue de lui tapoter les mains, lui dit qu’elle comprend. Et Benjamin, il espère vraiment qu’elle comprend. Sa mère est déjà dans un état compliqué depuis la mort de son père… Il n’a pas vraiment envie que Jae-Hwa noie sa mère de question et la replonge dans de vieux souvenirs qui ne feront que ralentir son processus de deuil. Pendant longtemps, Benjamin a pensé que sa mère n’avait pas été marquée par le départ de Hyunsoo du foyer… Aujourd’hui, il est un peu moins catégorique. Parfois, il voit des choses dans les yeux de sa mère… des choses sur lesquelles elle ne met pas de mots. Parfois, il est tenté d’aller lire les journaux qu’elle garde précieusement dans sa partie du manoir, juste pour voir s’il se fait des idées. Mais Benjamin (quand bien même il n’est pas aussi proche de sa mère que peuvent l’être ses cousins avec Jae-Hwa) respecte encore trop sa mère pour aller fouiller dans ses affaires et lui poser les questions qui le hantent.

« C’est pour ça qu’il faut être fort pour elle. » Évidemment. Il aurait dû s’en douter, que sa tante ne s’arrêterait pas là. Quelque part, il comprend. Il comprend qu’elle veuille se sentir soutenue, qu’elle veuille qu’ils prennent position ouvertement à ses côtés. Elle comprend qu’elle ait besoin de voir que d’autres sont aussi impliqués qu’elle. Après tout, il aimerait lui aussi avoir des gens autour de lui qui comprennent et soient prêts à agir concernant les cracmols.
Jae-Hwa le regarde avec ses grands yeux, serre ses mains encore plus fort. Il se sent de nouveau piégé, coincé. Elle l’a coincé, de toute manière, il le sait déjà. Il le sait avant même qu’elle lui dise que ce serait une bonne chose qu’il s’engage vraiment auprès du mouvement anti-hybrides sur lequel elle travaille depuis déjà un moment. « Tu fais bien partie de l’All Safe and Proud ? » Est-ce que son nom est apposé sur la liste des membres ? Non. Il sait qu’il va devoir finir par s’engager officiellement, mais jusqu’à maintenant… il cherchait un moyen d’en être exempté. Jae-Hwa ne lui laisse pas le temps de répondre. Déjà, elle enchaîne sur le label In Safe Hands, qui n’est bien évidemment pas encore mis en place chez Rosier Events. Étrange, d’ailleurs, quand on sait que son mari en est le directeur adjoint. Benjamin est presque surpris qu’Aloysius n’ait pas tout révolutionné du jour au lendemain à partir du moment où le label a été créé. « Je suppose qu’Aloysius a déjà mis des choses en place, oui. » dit-il, même s’il n’en a absolument aucune idée. « Je n’ai encore rien signé et nous n’avons fait aucune déclaration à ce sujet mais… Ça ne saurait tarder. » assure-t-il à sa tante.

Il aimerait qu’il en soit autrement, mais il n’aura de toute manière pas le choix. À terme, il devra licencier les quelques hybrides qui travaillent encore à Rosier Events. Il s’est fait à l’idée, tout comme il s’est, avant ça, fait à l’idée de tourner le dos aux nés-moldus, ou de porter la marque qui l’enchaîne au Lord. Benjamin n’aime pas, mais Benjamin fait quand même, pris dans une spirale, dans une roue qu’il n’arrive pas à stopper. « Je suis désolé d’avoir traîné avec tout ça. Peut-être que j’avais juste, inconsciemment, peur de replonger ma mère dans de mauvais souvenirs si elle me voyait publiquement parler à haute voix des hybrides et de notre histoire. » Il hausse les épaules. Cette justification peut s’entendre, et Benjamin utilise sa mère presque sans scrupule pour masquer ses réticences. « Mais je ne pourrai la préserver éternellement. » dit-il comme s’il avait enfin déclic. « Il faut agir. »
Ce n’était de toute manière qu’une question de temps. « Je vais parler à Aloysius du label In Safe Hands dès que je retourne au bureau. Nous sommes l’une des plus grandes entreprises du pays, nous devons montrer l’exemple. » dit-il, les mots sortant de manière automatique de sa bouche, se détachant complètement de ses véritables pensées. Il est Benjamin Sejoo Rosier, et plus du tout Ben. Il se redresse un peu, comme pour montrer une nouvelle volonté à sa tante : « Que puis-je faire pour aider ? »
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