Buck pèse lourd.
Il est à peine plus grand que Corban (qui ne se gênait pas, d'ailleurs, pour lui faire croire que des fois, c'était lui le plus grand), mais en termes de masse, c'est une autre histoire. Au début, Corban a un peu redouté cette différence de corpulence, se voyant rappeler à chaque instant que Buck pouvait lui broyer la main, la nuque, les épaules, sans le moindre effort. Les professeurs ont eu peur aussi; voir ce gamin faiblard et maigrichon se balader avec un molosse au bout d'une laisse devaient les faire voir flou.
De fait, leur première bagarre aurait pu très mal se terminer. Mais, au contraire, Corban n'a jamais autant aimé se mettre sur la gueule avec quelqu'un. Parce que contrairement à ce que la cervelle de piaf et les gros biscottos de Buck laissaient à penser, il a su se contrôler.

Buck pèse lourd, mais à chaque fois qu'ils se sont bagarrés, il a fait attention. Corban a très vite compris que Buck ne se bagarrait pas avec lui de la même manière qu'avec les autres. Corban a très vite senti que Buck retenait certains coups vicieux, qu'il ne lui tirait pas les cheveux. Ça a été un peu frustrant pour lui, au début, de réaliser que Buck ne mettait pas toute sa force, ni tout son poids, quand ils se battaient. Mais quand Corban a vu l'état dans lequel Buck pouvait laisser ses vrais adversaires, il a tôt fait de revoir ses espérances à la baisse, et puis par la suite, de s'y conforter, avec l'assurance d'un favori. Et même, au bout d'un certain temps, quand il se vautrait sur lui et le plaquait au sol, il y avait presque quelque chose de réconfortant dans son poids devenu familier, dans son haleine soufflée à sa figure, à la manière d'une couverture lestée qu'on jette sur le môme en panique.

Buck se jette sur lui; il pèse lourd. Mais hors de question de se dégager du passage. Corban accueille le coup comme on embrasserait un proche sur un quai de gare. Sa tête cogne violemment contre le sol, et il sent ses oreilles bourdonner et son regard vriller. Il réplique comme une furie, de plus en plus enragé à mesure que les coups de Buck se font plus joueurs. Corban retrouve la frustration de certaines bagarres, quand il voulait que Buck lui fasse vraiment mal, afin que la douleur physique rende la douleur émotionnelle dérisoire.
Ses coups sont brusques, désordonnés, sifflent comme le fond de sa gorge douloureuse. Sa poitrine, brûlante de tristesse, écrase son cœur, à chaque fois que Buck a cet espèce de sourire sarcastique, à chaque fois que sa bouche grommelle une insulte moqueuse. Corban n'a pas l'esprit suffisamment clair pour lui rétorquer autre chose que "you're my fucking dog" de temps à autres. C'est son sourire qui cogne le plus fort.
Corban est furieux, chaque fois qu'il se retrouve sous lui, écrasé par son poids si familier, à chaque fois que leur différence de tour d'épaules se rappelle à lui; il déteste avoir trouvé du réconfort dans un tel excès de force, il se déteste d'avoir aimé, d'aimer toujours, cette puissance à l'état brut qui, désormais, ne lui appartient plus. Et pourtant, Buck se contrôle.  

"Do it you fucking coward." Ils sont au sol, Buck est à moitié sur lui. Tout son corps lui fait mal; son ventre, sa poitrine, chaque jointure de ses poings qu'il a tant crispé que ses ongles ont écorché l'intérieur de ses paumes. Corban n'arrive plus à ouvrir complètement son œil gauche, et la moitié inférieure de son visage est barbouillée de sang qui commence à sécher, craque sous son rictus extatique et malheureux. "I wanted to do it," pleurniche-t-il en se débattant avec difficulté, ses ongles griffant la poigne de Buck autour de sa gorge. Il fait de la peine à voir, si insignifiant et désespéré, presque inoffensif. Sa voix siffle, il sent la peau de son cou se gonfler difficilement sous les doigts comprimés de Buck. "But then you kissed me." Sa main gauche s'abaisse, se coince entre leurs deux bassins, recouvrant pudiquement ce qu'il lui avait exhibé sans pudeur quelques minutes auparavant, à défaut de pouvoir se dégager de sous lui. Son autre main qui essayait toujours de lui faire lâcher prise se radoucit, se pose sur la ligne de sa mâchoire, au coin de ses lèvres. "Why did you kiss me? How can you do this to yourself?" Son souffle est court, et sa vision se brouille, mais il sait pas si c'est à cause d'un début d'asphyxie ou parce qu'il va se mettre à pleurer. "How can you still kiss me like this? I've hurt you so much."

tw: violence graphique, douleur, langage cru, langage explicite, left of homophobia, idéation de suicide, mention de violence animale

Corban gigote comme un ver sous lui, son cou se gonflant d'air sous la poigne de Buck qui se resserre inexorablement, avide de détruire, désireuse de pousser Yaxley à bout - enfin, enfin, enfin.
Mais Corban se tortille et Corban gémit et se débat à peine et Buck a envie de lui exploser la cervelle sur le sol de la VB. "I wanted to do it. - FUCKING DO IT THEN," beugle Buck, parce que quand Corban se met à chuchoter, Buck se met à hurler. Il a besoin de prendre de la place, d'écraser Corban, de le forcer à réagir - mais ils ne se connaissent plus. Il pensait connaître Corban par coeur, apparemment il s'est trompé. "But then you kissed me." Un grognement tonitruant de frustration agite la poitrine de Buck comme un tremblement de terre. Ses doigts continuent de pincer la gorge de Corban, furieux, d'autant plus quand il sent l'oeuvre des doigts de Corban entre leurs deux corps.

Putain mais pourquoi il a encore la trique?!

Pourquoi il lui caresse le visage? Pourquoi il le regarde comme ça? Buck le hait. "Why did you kiss me? How can you do this to yourself? - SHUT. UP! - How can you still kiss me like this? I've hurt you so much." La main de Buck se relâche quand il voit les yeux de Corban commencer à rouler dans leurs orbites, et il saute loin de lui comme si il venait de se brûler. Il roule sur le côté en respirant difficilement. Son visage est ensanglanté et sa mâchoire le lance là où il sent qu'une dent s'est délogée dans l'affrontement. Il s'est foulé ou cassé une côte, et son genou lui fait un mal de chien, vieille blessure qui se rappelle à lui à chaque fois qu'il force trop dessus. Putain. "I really fucking hate you," gronde-t-il en se forçant à s'asseoir en tailleur sur le sol. Il palpe ses poches à la recherche de son paquet de cigarettes, en glisse une entre ses lèvres puis lance le paquet sur Corban. Comme après le sexe. "I completely fucking hate you." La répétition est importante pour être convaincante. "There is no this, Corban, this is nothing. This is- this is a delusion, you ass-fucked freak! Shit! You're..." Buck finit sa phrase dans un grognement-gargouillis dépréciateur, reposant ses coudes sur ses genoux et laisse dodeliner sa tête entre ses jambes.

Il a tellement mal. Il a l'impression qu'il va exploser. Corban a toujours su le désamorcer, ou le mener au bon endroit pour faire le minimum (ou le maximum, selon la situation) de dommages. Il a mal, il va exploser, il est triste, il est désespéré - ce maëlstrom d'émotions et de sensations lui donne mal à la tête et il ferme les yeux, écoutant les sifflements aïgus de sa respiration laborieuse et les battements effrénés de son coeur.
Le goût du sang dans sa bouche est accablant. Buck se passe lentement la langue sur les lèvres, le goût métallique est familier et sous la couche d'hémoglobine, il n'a aucun mal à deviner la saveur de Corban contre la sienne. Tout aussi familière. Toute aussi accablante. "I wish you would just put me down," souffle-t-il doucement, comme si il ne voulait pas que Corban l'entende. "That's what you do with dogs that bite, uh? Remember Sabato junior?" La portée de chiens de chasse des Yaxley avait été du nombre de huit au début, jusqu'à ce que l'un d'eux morde Euan dans un moment de folie. Il avait donné à Buck et Corban la tâche de s'en débarasser. Les gémissements du clébard avaient accompagné Buck dans ses cauchemars pendant des semaines. "You're a fucking coward, Corban." Il secoue la tête autant que le lui permet la douleur dans son crâne et sa nuque. "I wish I knew how to quit you."

Corban est sur le point de tomber dans les vapes quand Buck finit par lâcher prise. Aussitôt, comme monté sur des ressorts, il rue et se redresse sur les coudes, le haut de son corps se recroquevillant aussitôt vers l'avant, ahanant avec rage. Sa gorge brûle, ses poumons brûlent, tandis qu'il récupère bruyamment sa respiration. Il a porté automatiquement ses mains à sa gorge; pendant de très fugaces secondes, il a l'impression de sentir la forme des doigts de Buck imprimée dans son cou, comme une énorme morsure.

"I completely fucking hate you." Avachi à quelques mètres de lui, Buck n'a de cesse de répéter à quel point il le hait; chaque fois hérisse un peu plus le poil de Corban qui se remet à peine de ses émotions. Corban veut croire que Buck se le répète pour se convaincre lui-même, pour se l'ordonner à lui-même. Après tout, il avait obéi, le jour où Corban lui avait sommé de le haïr. "There is no this, Corban, this is nothing. This is- this is a delusion, you ass-fucked freak! Shit! You're..." Corban secoue la tête en signe de désaccord ; il sait ce qu'il a vu, et surtout ce qu'il a ressenti; il l'a reconnu, et ça, même si Buck le lui martèle sans relâche, il l'oubliera pas; et ça le tue.

Il ramasse le paquet de cigarettes. Il fut un temps où il aurait consciencieusement marqué chaque cigarette du bout des lèvres, pour offrir à Buck un baiser secret.
Il pioche une cigarette et l'allume, ses lèvres poisseuses collent au cul du filtre. Un coup de coude qui avait de lointains relents de baiser.

Corban se traine jusqu'aux pieds d'un bureau contre lequel il laisse aller son dos. Il ramène ses jambes contre lui, les serre l'une contre l'autre, grimaçant à chaque fois que l'un de ses muscles maigrelets se froisse et ploie sous le mouvement.
Les deux hommes restent silencieux un moment, leur rage, momentanément éteinte, suspendue dans l'air. Corban se sent vide, et pourtant rempli de douleurs. Cette bagarre a un arrière-goût de dernière fois, comme la nuit où ils se sont quittés, et où il a étreint pour la dernière fois, l'image de Buck, bienheureux et aimant.
Corban observe Buck, sans se cacher. Sa silhouette massive se soulève à chaque respiration lourde et sifflante. La douleur froisse son arcade sourcilière épaisse, assombrissant ses yeux clairs. Son nez est froncé, sa lèvre ensanglantée découvre ses dents jaunies par la clope. Il a des allures de molosse qui se retourne contre son maître.
Et pourtant, c'est Corban qui a l'impression de pas savoir comment arrêter de l'aimer.

Ses lèvres remuent; "I wish you would just put me down. That's what you do with dogs that bite, uh? Remember Sabato junior?"
Le regard de Corban cille à la mention de Sabato. Le souvenir lui saute à la figure, à l'instar de Buck, quelques minutes plus tôt. Il se rappelle; ils étaient pas bien vieux à l'époque, mais on n'est jamais assez vieux pour tuer un petit chien. Corban se souvient très clairement de la scène. Il se souvient que, sur le chemin pour aller noyer le chiot, Buck avait protesté, lui promettant qu'il pouvait le garder et s'en occuper, que son père n'en saurait rien. Corban n'avait rien voulu entendre; Corban n'avait rien voulu faire non plus, et c'est Buck qui avait dû achever la pauvre bête.
Corban se souvient de la tension qui avait secoué le bras de son ami, tout du long. Dans ses souvenirs, il lui semble que la scène avait duré des heures, le chagrin des jours. Il lui semble que c'était Buck qu'il avait noyé, ce jour-là, que c'était ses cheveux qu'il avait agrippé pour lui plonger le visage dans l'eau. Il se souvient des cris; mais il ne se souvient plus de qui ils provenaient.

Corban repense à Sabato junior et les larmes coulent sans qu'il n'émette un son que celui de sa respiration chuintante, des larmes lointaines de son lui d'avant. "I do..." murmure-t-il à bout de souffle. Il s'essuie les joues. "You're a fucking coward, Corban. I wish I knew how to quit you." "Then don't..." proteste Corban à mi-voix.

Il replace un pot à crayons, comme si ça allait changer quelque chose au foutoir qu'ils ont mis. D'une voix blanche, Corban s'hasarde: "Can I still ask you to be my best man at the wedding, or is it also too much to ask?" Son regard est résigné, et triste, il fait presque son âge. "Kalen was supposed to be part of it, but he— I don't have anyone left..."

tw: langage cru, douleur

"Then don't..." Un souffle exaspéré traverse la poitrine de Buck et il secoue mollement la tête, réveillant la douleur brûlante dans sa nuque et le long de sa colonne vertébrale. Ils savent tous les deux qu'il a toujours été incapable de quitter Corban. Même quand il l'a fait, qu'il a tourné la page et s'est déchiré le coeur par la même occasion, il a fini par revenir, attiré irrémédiablement par la gravité de Corban ce lien indestructible entre eux.
Si il avait su qu'ils en seraient rendus là, aurait-il tout fait pareil? Les nuits passées à discuter dans le dortoir des Slytherin en chuchotant pour ne pas réveiller Shacklebolt; les longues sessions de chasse à se supporter l'un l'autre en espérant que la journée dure pour toujours; les disputes à n'en plus finir, violentes et tendres, douces et douloureuses; les rires, les coups, les silences, les insultes, les regards. Toutes ces années, toute cette douleur, et Buck ne sait plus quoi en faire. Mais il ignore encore plus ce qu'il ferait sans. Il n'a pas envie de savoir. "Fuck you," est tout ce qu'il a à lui dire en réponse, un grondement étranglé et humide. Buck rouvre seulement les yeux pour voir où il crache un caillot de sang, avant de laisser sa langue inspecter ses dents à la recherche de la source de la douleur qui résonne dans son mâchoire depuis qu'il s'est assis.

"Can I still ask you to be my best man at the wedding, or is it also too much to ask?" Buck grogne (comme à chaque fois que le sujet d'Inès Keo-Prince a été, de près ou de loin, évoqué en sa présence). Corban a toujours eu le pire timing - ou le meilleur, selon à qui on demande. "Kalen was supposed to be part of it, but he— I don't have anyone left... - I'll do it," dit Buck rapidement, exaspéré et n'ayant pas envie de continuer écouter Corban pleurer son frère et sa liberté. Sans le regarder, il peut presque sentir le goût des larmers de Corban dans l'air (et une partie animale de lui a envie de se lever et de les essuyer, lui arracher les yeux pour que plus jamais ils ne pleurent). "Just... just shut the fuck up, Corban," gémit Buck en se rallongeant lentement sur le sol dur et froid des bureaux de la VB, se baissant centimètre par centimètre pour ne pas réveillr les muscles et os douloureux de son bassin, de son visage et de son dos. "I'm taking a week off. Starting now," le prévient-il sans lui demander son avis. Généralement, autour de l'anniversaire de Maggie, Buck se contente de disparaître. Personne ne le mentionne. C'est la première fois qu'il prend la peine de prévenir.

Un mariage, l'anniversaire d'une naissance, le souvenir d'un enterrement. Quelle putain de vie.
Buck garde une main sur son visage pour ne pas affronter la lumière cruelle émanant du plafond, suffisamment forte pour percer la fine peau de ses paupières. Sa tête lui tourne et ses pensées s'entrechoquent, sa cigarette réduite à un tas de cendres dans sa main libre. I don't have anyone else. Il y a des années, Buck n'aurait pas hésité à lui dire: I'll be your family. Mais Buck n'a fait que détruire sa famille, encore et encore et encore, et même si il hait Corban, aimerait le voir détruit, mort, disparu et oublié, il ne veut pas de ce destin pour lui non plus.

"I can't believe you're getting married." Deux rangées de dents serrées qui ont du mal à se détacher pour parler. La tête de Buck roule sur le côté et il provoque l'effort d'ouvrir les yeux pour jeter un regard à la silhouette de Corban, prostré contre un bureau. Il ressent une vive satisfaction et une intense fierté à le voir en si mauvais point. Corban ressemble à ce que Buck ressent. C'est bizarrement rassurant. "You're..." Qu'est Corban? Un enfoiré. Son pire ennemi. Un ami, malgré tout. Quelque chose de solide sur laquelle Buck a toujours pu se reposer, malgré toutes les fois où il s'est débattu, jeté dessus, a essayé de le démolir. "Fuck." Buck ferme les yeux et grogne en se relevant lentement. Ses muscles roulent sous sa peau douloureusement, ses os craquent et il gronde. À quand l'oubli? "I fucking hate you," ponctue-t-il, au cas où Corban aurait oublié. Le visage fermé, les yeux rivés sur le sol, Buck s'approche et lui tend la main pour l'aider à le lever.

"I'll do it." La réponse, bien que brusque, précipitée et peut-être même marmonnée à contrecœur, arrache un soupir de soulagement à Corban. "Thanks." murmure-t-il en détournant momentanément son regard, le bout de ses doigts pressés contre ses yeux pour en calmer les larmes. Il retient son souffle, le seul moyen de calmer sa respiration folle; il ne sait pas pourquoi ça le rassure autant que Buck ait accepté d'être témoin à son mariage. C'est une proposition ridicule, Buck va sans doute faire tache dans le décor, il va sûrement boire avant de venir et mal se comporter. Mais Corban s'en fout, il réalise qu'il a besoin que Buck soit présent, ce jour-là.

Ses sanglots se sont calmés et, quand il rouvre les yeux, Buck est affalé par terre. "I'm taking a week off. Starting now." Corban fronce un peu les sourcils d'incompréhension. Ça ne fait que deux ans que Buck travaille de nouveau pour lui. L'année dernière, il n'a pas compris pourquoi Buck avait disparu pendant cette même période; il s'était contenté de pousser une gueulante à son retour. Il n'a pas compris que, des années plutôt, à cette date-là, Corban faisait envoyer un assistant pour aller acheter un cadeau coûteux mais toujours on point pour la petite Maggie. "Fair enough..." acquiesce-t-il d'une voix blanche.

Corban peut pas comprendre parce qu'il n'a jamais eu d'enfant. Corban peut pas comprendre parce qu'il n'a jamais aimé complètement sa famille. Il a passé tellement de temps à en avoir peur et à en souffrir que le voir pleurer l'absence de ses parents sonne faux. Buck avait été bien plus que sa famille, puisqu'il l'en avait protégé. Corban ne sait pas ce que ça fait de détruire sa famille, puisqu'elle avait disparu avant qu'il ne puisse s'en charger lui-même. Désœuvré, c'est Buck qu'il avait malmené, à l'instar d'un chien mâchonnant son jouet favori.

"I can't believe you're getting married." Again. Corban a un ricanement court et perçant. "I know, right?" L'événement lui parait si loin, comme une date d'anniversaire oubliée. Il ne sait pas trop quoi en penser; son premier mariage n'avait pas duré suffisamment longtemps. Et plus encore, son premier mariage avait concordé avec l'époque où lui et Buck bossaient dans la chasse aux créatures ; autant dire que le souvenir de son épouse reste assez confus et vague. Encore une vie qui avait semblé ne pas supporter la présence de Corban et préféré disparaître au bout de quelques années... Si Buck avait l'impression de détruire ses proches, Corban semblait les faire disparaître sans même s'en rendre compte.

"I fucking hate you." "Yeah me too..." I hate myself.
Il saisit la main de Buck et se hisse sur ses jambes endolories. Sa cheville droite est gonflée et lui arrache un gémissement. Buck ne le regarde pas, alors il regarde Buck un moment, la courbe épaisse de son cou, la barbe négligée, la ridicule délicatesse de sa bouche. Corban regarde tout le temps Buck, comme l'ombre n'existe qu'à l'appréciation de la lumière.
"I will assign Seghezza to someone else for the week; you can go now." Il lui lâche la main, s'appuie quelques secondes sur son épaule, le temps de faire quelques pas claudicants à la recherche de sa baguette. "Oh, and Buck..." Appuyé sur le rebord d'un bureau, il se retourne à peine.

I want you to know that if you need anything from me, I'll be there for you. You can call me anytime, I'll run back to you. I care for you, James. I love you and I'm sorry this is the only way I can show it to you. Take care.
"...you might want to have that tooth checked."