Il était plus que temps que Draco retourne chez sa mère. Voilà des semaines qu’il reculait l’échéance, se trouvant toujours des excuses jusqu’à les avoir toutes épuisées et se voir obligé d’accepter de se rendre au Manoir Malfoy. Comprenez, les dernières semaines avaient été mouvementées. Oh pas vraiment en action, mais plutôt en émotion. Et aussi un peu en action quand on prenait cinq minutes pour y penser. Entre la fin des Battues et la fin supposée du Lord - vraiment Draco aurait pu en pleurer de bonheur de voir se lever l’épée de Damoclès au-dessus de sa tête s’il n’avait pas d’autres éléments qui lui faisaient croire que le bougre n’était pas totalement mort - il avait senti qu’il n’était pas suffisamment alerte pour dresser correctement ses barrières. Et si jamais sa mère était tombé sur un souvenir plus qu’explicite avec Harry ? Il frissonna un court instant et redressa son visage. Il croisa son regard gris dans le miroir de la salle de bain et finit de se préparer en ramenant ses cheveux en arrière pour leur donner un aspect bien plus travaillé que d’habitude. Il finit de boutonner sa chemise et enfila un pull par-dessus. Il pleuvait dehors causant un temps bien plus frais que normalement pour ce mois d’août. Ça ne gênait pas Draco par ailleurs, il n’avait jamais aimé l’été et sa moiteur et sa chaleur insupportable.

Il sortit de la salle de bain et croisa Harry dans le salon en train de lancer des regards à Arès. Qu’avait encore fait le hibou pour contrarier le Survivant ? Il observa son amant quelques secondes. Il n’avait jamais été plus à son écoute que depuis cette nuit de juillet où Harry s’était réveillé en panique et où Draco avait eu la peur de sa vie. La nuit de la mort du Lord. La nuit où ils avaient vu débarquer Umbridge avec un médaillon ouvert sur sa poitrine d’où émanait des flux de magie (du moins, c’était l’impression du blond). Draco n’avait jamais été du type courageux, bien au contraire et ce soir-là, il aurait préféré fuir plutôt que de rester dans ce couloir. Il ressentait encore la terreur qui l’avait secoué. Ce sentiment d’oppression intense qu’il ressentait à chaque fois qu’il était en présence du Lord. Il chassa ses pensées et esquissa un léger sourire lorsque Harry croisa son regard. Parfois, il avait la désagréable impression qu’il voyait la lueur rouge des yeux de Voldemort dans le regard de son amant. “Je vais essayer de ne pas rentrer trop tard.” Prévint-il. Depuis cet événement, il ne partait jamais longtemps. Il franchit les quelques pas qui le séparaient de lui et se mit légèrement sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur ses lèvres. Ensuite, il attrapa sa baguette posée sur la table basse du salon et alla vers la porte où il enfila sa cape.

Il resta un moment de dos au Survivant, juste quelques secondes histoire qu’il puisse dresser ses barrières mentales sans être distrait. Une fois fait, il se tourna de nouveau pour lui faire face, lui sourit une nouvelle fois et sans attendre de réponse, il transplana jusqu’au manoir de sa mère. Il rabattit la capuche de sa cape sur sa tête et longea l’allée jusqu’à l’entrée. Est-ce que le mari inutile de sa mère avait fait des changements ? Encore ? Draco fronça le nez. Pitié Merlin qu’il ne soit pas là aujourd’hui d’ailleurs. Arrivé sur le porche, Draco ne prit pas la peine de frapper à la porte - ça restait toujours un peu chez lui techniquement. Il se tenait tout dégoulinant dans l’entrée. “Y a quelqu’un ? Mother ?” Appela-t-il d'une voix un peu forte. Ah. Peut-être qu’il aurait dû frapper finalement ? Où était passé l’elfe de maison ?