Engel n'avait toujours pas – et n'arriverait probablement jamais – a digérer la trahison de Niklas. Fidèle à sa propre parole, il n'avait parlé de tout cela à personne et son fils aîné en avait fait de même.

En vérité, Engel connaissait la rage qui pulsait sous sa peau en pensant à ce que les actions de son fils aurait pu engendrer pour Wolfram, il n'avait pas menti en lui disant que s'il n'avait pas été son fils il l'aurait tué. Mais Niklas était son enfant, qu'il le veuille ou non. Et il l'aimait, qu'il le veuille ou non. Il n'avait cependant pas été capable d'aligner plus de quelques mots à la suite pour lui parler depuis ses aveux.

Dans un sens, il protégeait Niklas, autant qu'il se protégeait lui même et qu'il protégeait le reste de la famille en ne leur disant pas la vérité. Qu'auraient fait Wolfram en apprenant la chose ? Il l'aimait avec chaque fibre de son corps mais il ne lui aurait jamais permis de toucher à un seul cheveu d'un de ses enfants. Qu'aurait fait ses enfants face à la trahison de leur frère ? Il savait depuis toujours que Niklas se sentait mis à l'écart, toujours victime des moqueries de sa fratrie. Qu'arriverait il si ses frères et sœurs se retournaient contre lui ? Pour Svetlana, il n'avait pas pu se résoudre à faire autant de mal à sa femme, il sentait toujours lui une douleur lancinante dans la poitrine lorsqu'il pensait à tout cela.

Il détestait les mensonges au sein de la famille, Svetlana et lui avaient toujours été d'une franchise presque trop débordante. Toutes les questions qu'avaient pu avoir leurs enfants avaient eu des réponses franches et massives que ce soit sur la mort, sur la sexualité ou sur toute autre sujet un peu épineux. Engel même dans son jugement de leur comportement avait toujours été très – trop – franc sur ce qui lui déplaisait. Peut-être que c'était au fond cela qui avait poussé Niklas à faire ce qu'il avait fait. Il était certain que la façon dont il s'était comporté avec lui – bien qu'il ait eu la même attitude avec Anya, Markus et Valeska – avait eu un impact sur son fils qui était bien plus fragile qu'il ne voulait le laisser voir. La trahison de Niklas, il le savait, était une conséquence du mauvais travail qu'il avait fait avec lui en tant que père.

Aussi, quand les fiançailles avaient été prononcé, le père s'était forcé à faire la paix avec son fils. Il l'avait pris à part, lui avait offert ses félicitations, lui avait donné quelques conseils et l'avait même pris dans ses bras. Il avait senti le soulagement se propager dans le corps de Niklas qui l'avait serré un peu plus fort qu'il ne l'avait jamais fait. Engel avait depuis pris sur lui, il savait que leur dispute avait porté un tribu lourd sur le moral de Niklas et il était temps de passer à autre chose même s'il n'oublierait jamais ce qu'il avait fait.

Markus pour sa part, et pour le plus grand amusement de son père, c'était donné pour mission de rendre l'annonce des fiançailles puis la période avant le mariage particulièrement fatigante pour son frère. Et la future épouse avait eu droit à des séances peu subtiles – mais hilarantes – de flirt avec lui. Engel n'avait absolument rien fait pour l'en dissuader et lui avait même murmurer des phrases de mauvais goût à aller essayer sur l'anglaise. Sulpicia allait après tout faire partie de la famille, autant qu'elle s'habitue à eux avant le mariage.

Celui-ci était arrivé assez rapidement et alors qu'Engel se tenait près de sa femme en observant la cérémonie, il n'avait pas pu s’empêcher d'afficher un sourire amusé face à l'attitude de son jeune fils lors de la cérémonie.

Après avoir félicité les jeunes mariés et avoir ingurgité son poids en nourriture et boisson, le père du marié avait lancé un grand sourire à ses deux fils alors que l’aîné le dévisageait avec un regard qui était passé d'une lueur heureuse et amusée à toujours heureuse mais bien plus inquiète quand Markus était venu se poser aux cotés de son père. La famille entière savait à quel point la chose qui liait le plus Markus et Engel était l'art du roast en toutes circonstances. Alors posant un bras lourd sur les épaules de Markus, il brandit de son autre main une coupe de champagne vers le couple marié.

« Niklas congratulations again on your wedding. Nobody's here thought it would ever happened. » Une pause. « Sulpicia, I'm sorry it had to be you but I'm sure your sacrifice will be remembered for the next few centuries. »

Dans quelques années, le benjamin se rappellera avec une certaine émotion ce qui était, somme toute, un instant bien léger dans leur existence ― bien que nimbé déjà des drames familiaux passés, celui-ci se placerait hors de ceux. Sulpicia serait encore vivante, sans parler de sa soeur aînée, certains des enfants pas encore nés, son père lui-même bien en santé, ainsi que son cousin favori (ne dites à personne que tous ses cousins sont ses favoris).

Pour le moment, tout ce qui est évident est le sourire crasse qui s’invite sur sa figure juvénile, alors qu’il a tout juste entamé sa vingtaine. Tout ce qu’il voit est l’oeil brillant de Niklas, qui semble lui clamer de do your worse en silence, depuis la table d’honneur. Tout ce qu’il ressent est la piqûre du défi.

Markus n’a pas besoin de cue cards pour se souvenir de ce qu’il a réfléchi avec son cher père, auquel en cet instant, il ressemble plus que jamais. Le lien de parenté impossible à nier malgré la différence de taille, lisible dans le crasse des sourires larges, dans les figures ouvertes et amusées, dans les yeux noirs et sombres qui recèlent mille malices.

« Sulpicia, my lovely sister-in-law : your wedding will be a long and painful thing. But, as I said to you earlier today, if you need to have something as long, but way more pleasant to bear, I’ll be more than happy to oblige. » La jeune mariée pose une main sur son visage pour cacher un rougissement qui y revient déjà, porté par la voix doucereuse et bordée de sous-entendus licencieux qu’emploie le Von Bäume pour s’adresser à sa belle-soeur. La main s’est brièvement posée au niveau de son coeur, alors que le jeune potionniste détaillait la Crabbe d’yeux séducteurs, et l’expression redevient tranchante lorsqu’il revient à Niklas. Qui, notons-le, semble déjà regretter d’avoir lancé le défi ― silencieux ― à son père et son frère de se lancer dans ce roast public. Un peu trop public, peut-être. « Niklas, my dear brother. I know you’re used to be a disappointment, but do try to be better for your wife. You can’t stand pressure without pissing yourself, and I understand, as everyone here does too. Especially your Durmstrang roommates who had to dry your bed every morning until… oh, I think until the end, isn’t it ? » Ça rugit du côté des anciens camarades encore plus avinés qu’eux tous, chacun d’un rouge si soutenu que Markus craint que leur pif respectif explose sous la pression.

« At least, Father relieved you of any heir-induced activity and gave the title to the real cock and balls of the family. » Cette fois-ci, c’est Valeska qui rit et salue la foule telle une reine, la main en coupe, son petit sourire fier et malicieux au coin des lèvres.