I came across a fallen tree I felt the branches of it looking at me is this the place we used to love? Is this the place that I've been dreaming of? somewhere only we know - amelliott

Les paupières closes, elle tentait d’évaluer l’ampleur des dégâts. La douleur était irradiante, violente, et elle était à peine capable de bouger les doigts de pied : des phalanges jusqu’au crâne, elle sentait les pulsations de son sang frapper à l’unisson, un sentiment terrifiant d’être vivante. Elle était en vie. Les souvenirs affluèrent alors pour se remémorer ce qui l’avait propulsé dans cet état, l’impression d’avoir son corps rué de coups et d’être profondément déshydratée. Pourtant, sans même avoir besoin d’ouvrir les yeux, elle savait qu’une perfusion magique s’occupait de cela. Mais sa bouche était sèche, et sa gorge brûlante. Sa dernière constatation, sans doute la plus terrible, était qu’elle n’était pas sur le champ de bataille. Elle s’était retrouvée si mal en point qu’elle avait été incapable de rentrer par elle même, le point positif était probablement qu’elle était en sécurité. Il était aisé de le distinguer, parce qu’elle sentait un poids contre sa main, preuve qu’elle n’était pas seule.

Papillonnant, ses yeux s’habituaient doucement à la lumière de la pièce, s’attachant presqu’immédiatement à la présence d’Elliott. Le visage fermé, Amaya n’arrivait pas à savoir s’il était endormi ou simplement ailleurs. Son estomac se tordit douloureusement en s’interrogeant sur la santé de Rafaela, puis de Tony, et de Simon également, presque panique, mais son sursaut d’inquiétude fut bien vite terrassé par la violence de son corps abîmé, qui lui permit uniquement de gémir un peu.

Elle serra les dents et pressa doucement la paume d’Elliott contre la sienne pour lui signifier qu’elle était revenue à elle. “Hi stranger.” La phrase s’arrache presque de sa gorge, si bien qu’elle s’étouffe un peu en la disant, de façon si ridicule que cela lui tire un sourire dans son inconfort. Les prunelles du garçon croisent les siennes, et un soupir de soulagement s’échappe de la bouche d’Amaya : il était en bon état, bien meilleur qu’elle. Heureusement. “I’m sorry, so sorry...” Un murmure qui s’échappe comme une litanie, pour se faire pardonner sa stupidité. Son inconscience, sa maladresse, l’avait poussé à perdre son attention et à se faire piéger beaucoup trop facilement. Son pouce caresse distraitement sa main, sans le quitter des yeux. “Can I have some water please?” Elle tousse à nouveau, tentant de lever sa main vers la bouteille sa table d’appoint à côté du lit, qu’il lui tend presque immédiatement en voyant que sa mobilité est altérée, la soulageant de mouvements trop violent. “Thanks.” Elle sentait toutes ses failles de néréide soulagée et comblée par l’eau qui circulait maintenant le long de sa gorge, diminuant le feu et l’aidant à reprendre totalement conscience.

Elliott n’aurait pas pensé se retrouver coincé dans l’une des nombreuses structures de l’Ordre, encore moins dans ce qui leur servait d’école. C’était une bonne chose, il le savait objectivement, que l’Ordre essaie de faire quelque chose pour les jeunes qui ne pouvaient pas aller à Hogwarts comme eux avaient pu. Et que l’Ordre utilise cet endroit pour accueillir les blessés aussi. Il ne pouvait s’empêcher de penser cependant, d’une manière presque insidieuse, que si l’Ordre avait fait quelque chose avant, ils ne se seraient peut-être pas retrouvés dans une situation si critique, avant tant de pertes et de blessés.

Il avait passé les dernières heures, les derniers jours peut-être, auprès d’Amaya. Elle avait été blessée, plus que beaucoup d’entre eux, et trop, d’une manière générale. C’était un rappel terrible de l’injustice qu’ils vivaient. Un rappel que les gens comme Amaya n’avaient pas vraiment eu de choix dans tout cela, et qu’ils étaient pourtant ceux qui étaient en première ligne dans les affrontements. Tout ça parce que ceux qui étaient censés les protéger n’avaient pas fait assez. Ils avaient retrouvé Simon, au moins.

Les minutes s’étaient lentement transformées en heures et il avait dû s'assoupir, car la pression sur sa main le fit sursauter de surprise. “Hi stranger,” la voix d’Amaya retentit faiblement dans la pièce et Elliott laissa échapper un soupir de soulagement alors que son regard croisait le sien. “Hey,” il répondit avec un léger sourire, un de ceux qui se voulaient rassurant mais qui ressortaient d’une toute autre façon sur ses traits. “I’m sorry, so sorry…” elle lui dit et Elliott lui lança un regard confus. “You have nothing to be sorry for,” il lui répondit en accentuant légèrement la pression de sa main contre la sienne.

“Can I have some water please?” Elle lui demanda et Elliott grimaça en lui tendant la bouteille qu’elle lui avait désignée. Il détestait la voir ainsi, si frêle lorsqu’elle était habituellement si solide, restreinte dans un lit d’hôpital qui n’en était pas un. Il détestait n’avoir pas pu faire plus, et il savait d’autant plus savoir que leur cauchemar n’était pas terminé. Au-delà de leur rétablissement, physique et moral, la guerre allait continuer, ce n’était qu’une petite victoire dans une guerre qui semblait les dépasser complètement.

Il se redressa légèrement pour déposer un baiser sur son front, sa main toujours dans la sienne. “How are you feeling?” il lui demanda, il savait qu’elle n’était pas bien, il ne savait juste pas à quel point cela était vrai. “Everyone’s okay, more or less, some minor injuries but we’ll be fine,” il lui dit avant qu’elle ne puisse le lui demander.

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Combien elle aurait aimé que tout se passe bien. Simplement, sans difficulté, sans violence. Éternelle pacifiste dans une guerre de sang que la nature laisse déborder sans oser s’interposer. Mais c’est renier la vérité qu’ils supportent depuis dix ans, dont ils se sentent partiellement protégés au camp. Mais de retour entre les murs de l’Ordre, Amaya se sent d’autant plus vulnérable que sur le champ de bataille. Dommage collatéral, ça aurait pu être pire. Ca aurait pu être dramatique, elle aurait pu le perdre, se perdre, dire adieu à Tony dans sa bêtise. Amaya était rouillée. Loin d’être la meilleure combattante, elle restait plus utile à l’arrière, auprès de Sam pour soigner les corps endoloris qu’à lancer des sorts de sa baguette. Ses réflexes s’étaient amoindris, et elle devait revoir ses techniques avec Tony, pour éviter d’être terrassée ainsi à l’avenir. Car il ne servait à rien de se voiler la face : ce n’était pas la fin. Si son désir de vie paisible arrivait parfois à être plus grand que la rage, c’était la peur irradiante d’imaginer perdre l’un d’entre eux qui la poussait à continuer leur lutte. Amaya savait être courageuse même dans les instants où la fuite semblait être plus alléchante, parce qu’elle avait un but et des gens pour qui se battre. Une raison de vivre, au-delà d'elle-même.

Et s’il y avait bien une personne pour qui son coeur se battait toujours pour retrouver un rythme adéquat, c’était bien Elliott. Elliott qui, de son regard inquiet, la couvait, encore un peu endormi, mais alerte lorsqu’il s’agissait de s’assurer qu’elle se portait bien. “I’ve been reckless, I mean, look at me.” Elle esquisse un rire pour tenter de dédramatiser son état qui la fait souffrir. Il ne sera pas de ceux qui la blâme, elle le sait. Pourtant, la culpabilité la dévore, rongeant son sang par manque de ne pas avoir fait plus. Tout le monde ne peut pas être un héros. Pourtant, il a été plus proche d’un sauveur que quiconque ne l’a jamais été pour elle. Là encore, c’est lui qui porte l’effort de la protéger, d’un geste tendre ou d’un regard qui réchauffe son cœur.

Réhydratée, elle a l’impression de retrouver un peu possession de son corps, là où les stigmates de la bataille restent encore présents. “I’ve been in better shape before, I think. I'm not great actually. But I’ll heal, don’t worry.” Rien ne servait de mentir quand les mouvements lui tiraient une grimace qu’elle voyait en miroir sur son visage. Elle voudrait chasser le moindre résidu d’inquiétude qui creuse son épiderme, même si elle sait que c’est impossible à l’instant. “Sam’s an incredible healer, I trust him, soon or later, you’ll be tired of seeing me jumping everywhere.” Sourire qui se tire contre ses lèvres, comme pour se convaincre aussi que la douleur ne sera bientôt qu’un lointain souvenir. “Oh, I’m glad, and Simon, is he ok? Is he with us now? And Raf? Merlin, poor Raf, I really hope she’s ok.” Rafaela qu’elle avait tenté de rafistoler de ses pauvres compétentes, loin d’être aussi efficace que d’autres soigneurs. Son cerveau n’arrivait pas à faire ralentir le défilé d’Avengers et de proches qu’ils auraient pu perdre. Elliott avait toujours une famille de sang à protéger, là où Amaya n’avait plus que celle du coeur, qui comptait certes tout autant, mais elle savait combien il était terrifiant de voir s’échapper les êtres qu’on aimait depuis l’enfance. Un miroir glaçant que d’observer l’autre dans un état aussi inquiétant que ce qu’avait eu Raf. Une larme s’échappa contre son gré, même si les mots d’Elliott l’avaient un peu rassurée. “Well, I’m the most injured, right? Damn, I’m so sorry… I never wanted to worry you. I’m so glad it’s over for now.”

Plus de jeux de l’horreur. Plus de violences, plus d’impression de mort, plus d’odeur de sang. Un peu de paix dans le cauchemar constant, et de lumière en croisant son regard.

“I’ve been in better shape before, I think. I'm not great actually. But I’ll heal, don’t worry,” Amaya lui répondit avec plus d’honnêteté qu’il n’aurait anticipé. Non pas qu’Amaya soit une grande menteuse, mais elle avait souvent tendance à dédramatiser ce genre de situations. Ils étaient tous un peu ainsi, d’une certaine manière, à afficher des sourires et à dire des paroles rassurantes même quand la vérité était loin d’être si simple. “Sam’s an incredible healer, I trust him, soon or later, you’ll be tired of seeing me jumping everywhere,” elle ajouta, et Elliott esquissa un léger sourire. “I don’t see how that would ever happen,”  il lui répondit sincèrement. Elle n’avait pas tort, cependant, Sam faisait de petits miracles, et Elliott savait que ces blessures ne seraient bientôt que de mauvais souvenirs. Mais cette certitude ne faisait rien qui puisse apaiser cette angoisse qui ne l’avait pas quitté depuis les premiers instants.

“Oh, I’m glad, and Simon, is he ok? Is he with us now? And Raf? Merlin, poor Raf, I really hope she’s ok.” Les questions s’enchainèrent avant qu’Elliott ne puisse y répondre et il pressa sa main contre la sienne dans un geste qui se voulait rassurant. “She’ll be fine,” Raf avait été blessée et leur avait fait peur, mais Amaya n’avait pas besoin de le savoir pour le moment.  Sa vie ne serait plus jamais comme elle l’avait été, mais pour ce point là en tout cas, Elliott n’était pas certain que ce soit une mauvaise chose. Il était aussi, égoïstement sans doute, content d’avoir sa sœur plus proche de lui, et de ne plus avoir à se limiter à quelques contacts par an. “And yeah Simon is okay, I think, he seems alright at least,” il n’avait pas vraiment eu le temps de prendre de ses nouvelles, entre Raf et Amaya et le fait qu’ils ne se connaissaient finalement que très peu, mais il était vivant, et pas grièvement blessé, ce qui était une victoire en soi.

“Well, I’m the most injured, right? Damn, I’m so sorry… I never wanted to worry you. I’m so glad it’s over for now.” Elliott lui lança un nouveau sourire. Tout cela semblait idiot, à présent, et se préoccuper de ce qui était déjà arrivé ne leur apportait rien. Elliott n’aimait pas penser au futur, après des années de fuite, il avait pris ce réflexe de ne pas se projeter, parce que personne ne pouvait dire pendant combien de temps encore ils auraient leur liberté, ou leur vie, mais s’occuper du passé n’avait pas non plus de réel intérêt. “Well, you did always like the attention,” il tenta de diffuser les craintes d’Amaya avec un sourire. Ca n’était pas totalement vrai, mais si ça pouvait lui arracher un nouveau sourire, il serait content. “It’s fine, really, you played the hero and I was basically useless so, really, I should be the one apologizing.” Les choses s’étaient passées bien trop vite, et la panique avait pris le dessus bien plus qu’il ne l’aurait souhaité. Bizarrement pourtant, oublier le passé était bien plus simple lorsqu’il s’agissait des autres.

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Combien était-elle reconnaissante d’avoir Elliott dans sa vie, parce qu’au réveil elle n’était jamais seule, et quant bien même leur relation n’aurait pas été celle d’aujourd’hui, elle sait qu’il serait toutefois à son chevet. Parce qu’il est son meilleur ami avant d’être la personne dont elle est amoureuse, et ce soutien lui réchauffe l’âme. C’est rassurant de savoir que dans un monde peuplé de monstres et d’horreurs, sa main ne serait jamais relâchée. Parce qu’elle avait une famille avec les Avengers, et que la vie lui paraissait ainsi plus facile. “Never say never, you’ll regret it.” Amaya pouvait être épuisante, et il ne voulait pas la lancer dans un pari stupide où elle risquait de mettre un peu trop de bonne volonté…

Si Amaya était ravie de revoir Raf, elle restait cependant amère des circonstances terribles imposées par le camp adverse. Si elle allait mieux, c’était là une bonne nouvelle. “Will she stay with us from now?” L’espoir qui filtrait de sa voix ne pouvait pas être tarie. Si Amaya n’avait pas d’adelphes de sang, elle se doutait combien cela devait être douloureux d’être ainsi séparés de Raf, pour aussi longtemps. Un lien indéfectible lorsqu’on choisissait de l’entretenir, et c’était ce qu’ils avaient réussi à faire malgré tout pendant des années. Mais l’idée de l’avoir proche d’eux, en sécurité bien qu’on puisse remettre en question cette affirmation, et loin des vipères qui gravitaient autour d’elle pendant des mois, restait une bonne nouvelle. “This is good then. We didn’t lose anyone, and it’s a big victory.” A la fin, il fallait trouver le positif dans l’ombre.

“Next time, I promise, I’ll pass!” Elle s’étouffe d’un petit rire qui relance la douleur lancinante dans ses côtes, lui faisant regretter son humour mal placé. Punie par sa propre carcasse cabossée, elle tenta de se repositionner sans grimacer, car à chaque fois que son état lui était rappelé par un soupir de douleur, Elliott semblait de plus en plus inquiet, et ce n’était vraiment pas son intention, bien au contraire. “Please, what a pathetic hero, I’ve stayed awake like five minutes, and boom, bye. Maybe I should be a bit ashamed, I bet we’ll laugh about it in five years. The girl who can’t stay straight, yep, that’s me!” Une main qui rencontre son visage qui s’était empourprée, elle préférait alors changer de sujet, perturbée par la gêne et le ridicule, elle savait parfaitement qu’ils n’iraient nulle part de productif sur ce terrain. “Well, on another topic, I’ve some ideas for our next date. I just need to recover a bit, but… If it’s not a reminder of how short life is, I don’t know why I’m stuck in this bed. I want to spend more quality time with you.” De façon générale, Amaya tenait un point d’honneur à être présente pour ses proches, mais elle ressentait d’autant plus fort la nécessité d’être à proximité d’Elliott. Il la rassurait et la canalisait. C’était parfaitement ce dont elle avait besoin.

Pour tout ce qu’il essayait d’éviter, Amaya avait le don de le confronter à ce à quoi il ne voulait pas vraiment penser. Il ne savait pas ce qu’il allait advenir d’eux, pas vraiment. Il avait souvent l’impression que plus le temps passait, plus la guerre s’étendait, plus leurs chances de pouvoir un jour réintégrer la société, avoir une vie normale, s'amenuisaient. “Will she stay with us from now?” - “I guess so, yes,” il lui répondit simplement. Ca n’était pas vraiment la vie qu’il voulait pour Raf, pas qu’il n’ait son mot à dire, mais il savait que si sa sœur avait toujours compatit à leur cause et il était heureux de l’avoir plus proche de lui, mais, apprécier la résistance de loin et y vivre étaient deux choses bien différentes. Il ne pouvait s’empêcher de penser à ses parents, du moins à ceux qui les avaient élevés, au fait qu’ils allaient se retrouver seuls, leurs deux enfants disparus, devant cacher une réalité qui porterait bien trop préjudice à leur famille. Mais là encore, il ne savait même plus vraiment s’il pouvait les considérer comme tel, après des années passées sans aucun contact et les révélations récentes de sa réelle ascendance. Il savait pourtant qu’il n’était pas un cas exceptionnel, loin de là, au sein de la résistance, rares étaient ceux qui avaient encore des liens avec leurs parents, et ils faisaient tous à présent partie de la famille de la résistance, d’une manière ou d’une autre.

“We probably will,” il l’espérait sincèrement, que d’ici quelques années, même si tout n’était pas parfait, qu’ils ne seraient au moins plus constamment en danger comme ils l’étaient à présent, qu’ils pourraient avoir une once de normalité au sein de leur quotidien. Amaya ne semblait pas vouloir s’étendre sur le sujet de leur futur, et Elliott le comprenait parfaitement, c’était un terrain qui pouvait être glissant et sur lequel il ne faisait pas forcément bon de s’étendre.

Il ne put s’empêcher de sourire aux paroles d’Amaya. “Well, I would argue there are definitely ways to spend quality time together with you stuck in a bed, but,” il termina, le sourire toujours accroché aux lèvres, avec l’amusement de savoir que ses paroles lui attirerait sans doute un regard vaguement exaspéré de la part d’Amaya. “Tell me,” il reprit un instant après, “what were your ideas? We’ll do whatever you want, baby, whatever you want.”