tw: mention d'alcool(isme)

(moodboard) Blaise pourrait définitivement s'habituer à cette vie.

Allongé sur un transat, ses lunettes de soleil sur le bout du nez, un livre sur les genoux, un Cuba Libre à portée de main, un cigare coincé entre les lèvres, le soleil battant fort sur son torse nu sous sa chemise en soie colorée entr'ouverte, le coeur léger, Blaise sourit en voyant Theodore apparaître dans l'encadrement de la porte-fenêtre de la maison. Il lève la main et l'agite dans sa direction pour attirer son attention et la laisse retomber lentement une fois que Theo l'a vu, comme si il y avait foule autour de lui. Ses yeux cachés par ses lunettes de soleil, il observe son ami approcher jusqu'à lui et se redresse légèrement, mettant son livre de côté et retirant son cigare de sa bouche après en avoir mâchonné le bout.

Cela fait une semaine qu'ils sont arrivés en catastrophe, Theodore, Pansy, sa mère et lui, et une semaine qu'ils se la coulent douce dans une résidence sorcière de l'île de Cuba non loin de Bayamo. Depuis leur lune de miel il y a une éternité, Blaise a entretenu une relation privilégiée avec les familles de sang-purs locales, les businessman véreux du coin, et le gouvernement national - et ça fait des mois qu'il a prévu cette grande évasion en règle, se fournissant de Portoloins illégaux qui les ont d'abord amenés à Jersey avant de les envoyer au Costa Rica et, finalement, à la Havane. Pas d'extradition entre le royaume du Lord et la petite île caribéenne. Peu désireux de se faire prendre par quelques Mangemorts zélés, Blaise a simplement organisé cette petite excursion dans les endroits les plus reculés de l'île, investissant la maison de vacances de señor Díaz, un homme d'affaires local qu'il connait depuis quelques années et avec qui il fait affaire depuis longtemps - un distributeur de rhum.

Blaise a toujours su qu'il finirait sa vie au soleil - il ne pensait simplement pas que le reste de sa vie commencerait maintenant. Ils attendent juste que les choses se tassent au bercail, avant d'aller ailleurs - il ignore encore où. Peut-être à Sao-Tomé d'où les Zabini sont originaires, peut-être dans le Pakistan natal des Shafiq, ou dans la Scandinavie ancestrale des Nott. Sa mère les a quittés après trois jours, prenant un Portoloin pour l'Amérique du Sud en lui promettant qu'elle écrirait - elle n'a pas envoyé la moindre lettre pour le moment mais Blaise ne s'inquiète pas.

Il ne s'inquiète plus de rien. Parce que si il se met à réfléchir, à penser à ce qu'ils ont fait, ce qu'il a fait, il finit par trembler de tout son corps et il n'a pas le droit de faiblir, de fléchir - parce que si il se permet la moindre faiblesse, tout s'écroule. Pansy et Theo comptent sur lui. Ils ont tort, sans doute, mais ils comptent sur lui. Et jamais, jamais Blaise ne pourra se pardonner si il échoue.

Alors quand il tremble trop, il fait couler à flôt le rhum de señor Díaz, pique une tête dans la piscine, fait mine de lire son livre et laisse le soleil le bercer de longues siestes rendues cotonneuses par l'alcool et les cigares.

"You're up early," commente-t-il en s'asseyant sur le côté de son transat, retirant ses lunettes pour regarder Theodore. Blaise est totalement décalé par rapport à lui, notamment à cause du fait que Pansy n'a de cesse de le réveiller la nuit. Malade depuis qu'ils sont arrivés, elle passe son temps à aller venir entre leur lit et la salle de bains, et le reste du temps à se plaindre. Blaise a fini par déménager sur le canapé du grand salon pour dormir, généralement le jour, passant la nuit à s'occuper seul dans l'imposante résidence. Le matin, il va courir sur l'énorme propriété et, lorsqu'il se sent aventurer, acheter des cigarillos ou d'autres vivres dans la petite ville à côté. Mais la plupart du temps il fume, il lit, il boit, et il regarde Theo. "How was your night?" demande-t-il lentement, tapotant la place sur le transat à côté de lui pour inviter son ami à s'y asseoir, ses yeux sombres intensément posés sur lui.

Blaise, Pansy et lui avaient souvent discuté de leur futur, d’où ils finiraient par être. Theo savait depuis des années que les deux époux avaient pour projet de passer leur retraite au soleil, de s’échapper de l’atmosphère morose de l’Angleterre une fois leurs carrières bien faites et leurs objectifs atteints. Cela avait toujours semblé évident, leur maison paradisiaque aurait été l’endroit parfait pour accueillir leurs petits enfants, leurs amis. Theo leur aurait peut-être même fait l’honneur de visiter lui-même, mais rien de plus. L’idée lui avait toujours paru saugrenue, Theo n’avait pas l’âme d’aventurier que certains pouvaient avoir et ses habitudes comptaient pour lui bien plus que pour d’autres. Ses habitudes étant en Angleterre, lui aussi se devait d’y être.

Blaise, pourtant, avait toujours su lui faire dire et faire des choses qu’il n’aurait jamais pensé dire ou faire. Partir avec lui, avec eux à Cuba n’en avait été qu’une preuve de plus. Il devait bien avouer que la vie y était plutôt douce. Ils étaient toujours en pleine période de transition, il supposait, mais le fait de vivre à nouveau avec Blaise et Pansy apportait un sentiment de familiarité qui était le bienvenu. Et Theo avait bien dû se résoudre à accepter le fait que rien ne le retenait en Angleterre, et que  la constante la plus importante dans sa vie était Blaise.

Une des choses les plus étranges était la sensation de se réveiller et de n’avoir rien de particulier à faire, de pouvoir simplement profiter du temps qui passait. Theo n’avait jamais eu cette habitude là, même les vacances n’en étaient pas chez les Nott. D’aussi loin qu’il se souvienne, chaque fois qu’il avait ouvert les yeux, une liste plus ou moins longue de choses à faire était apparu dans son esprit et il savait qu’il faudrait encore bien quelques semaines avant qu’il ne puisse se réveiller sans penser aux différents dossiers qu’il avait laissé en Angleterre.

Ce matin-là n’était pas bien différent, et Theo dû prendre quelques secondes avant de se remettre les idées en place, où il était, pourquoi, avec qui. Il sortit rapidement de sa chambre, fit un crochet par la grande cuisine dans laquelle il put trouver un verre de jus de fruits frais. Il put voir le lit de fortune de Blaise en passant par le salon et nota l’absence de son ami avant de sortir de la maison pour le trouver. Blaise était, comme souvent, allongé sur un transat et il ne fallut que quelques secondes avant qu’il ne le voit et ne le salut.

Theo s’approcha rapidement, grimaçant alors que le soleil se frayait un chemin dans ses pupilles. “Hey,” il murmura en arrivant à sa hauteur. “You're up early,” Blaise commenta et Theo haussa des épaules en réponse. “I guess I’m still used to my routine,” celle-là même qu’il avait suivi quasi religieusement en Angleterre. “How was your night?” Blaise lui demanda en l’invitant à s’assoir à ses côtés, et Theo ne se fit pas prier plus longtemps. “Hot,” il répondit simplement. L’été en Angleterre était déjà parfois difficile à supporter, l’été à Cuba était une toute autre histoire. “How about you? Did Pansy kick you out again?” Sa cousine était malade depuis leur arrivée, et Blaise en faisait directement les frais. “We could probably get you a real bed,” il ajouta, “sleeping on the couch can’t be great, can it?” Theo n’avait pas beaucoup d’expérience en la matière, mais cela semblait évident, surtout sachant que Blaise prenait ses heures de sommeil majoritairement en journée, lorsque la maison était plus propice au mouvement. Dans une autre vie, il aurait pu proposer à Blaise de le mettre dans sa chambre, il lui aurait dit que ça ne serait pas bien différent des années qu’ils avaient passées à Hogwarts, mais avec Pansy dans la pièce d’à côté, et tout ce qu’il s’était passé au cours de l’année précédente, même Theo savait que ça ne serait pas une proposition acceptable.

tw: alcool

Theodore le rejoint sur le transat, et les yeux de Blaise le suivent avidement comme si l'observer allait lui révéler le moindre de ses secrets. “Hot.” Une grimace de compréhension vient orner les lèvres bien dessinées de Blaise, qui hoche la tête. Il n'a aucun mal à imaginer que Theodore n'apprécie pas la chaleur pesante et parfois poisseuse de Cuba, bien différente de celle recouvrant le Royaume-Uni une semaine ou deux tous les ans, un "été" pâlot et terne qui n'en est pas vraiment un. “How about you? Did Pansy kick you out again? - Ah!" Blaise apporte son cocktail à ses lèvres, ses yeux déviant de ceux de Theo comme à chaque fois que le nom de sa femme est invoqué dans leurs conversations, pudeur maladroite et embarrassée pour une raison difficile à expliquer. "Something like that." Pansy préférerait qu'il soit en train de dormir avec elle la nuit - c'est lui qui est fatigué de l'entendre tourner à n'en plus finir dans les draps, se lever pour aller aux toilettes encore et encore et encore jusqu'à ce qu'elle ait réduit toutes ses nuits en fragments frustrants et désagréables.

Blaise grimace en y reprensant. “We could probably get you a real bed, sleeping on the couch can’t be great, can it?” Blaise renifle un peu en l'entendant. "I think Pansy secretly enjoys the fact that I might not be sleeping well at all," confie-t-il à mi-voix en laissant ses yeux paresseux revenir vers Theo, étudier son profil. Sa peau brille presque d'une couleur dorée dans l'éclat matinal du soleil, et Blaise s'attarde un peu sur cette vision avec fascination, envoyant une nouvelle gorgée de rhum dans sa bouche. "Sleeping on the couch, one of her favourites." Theodore connait Pansy par coeur: Blaise n'a pas besoin de lui expliquer qu'elle peut être vicieuse et petty à la moindre occasion. Et Theodore connait parfaitement Blaise: il n'a pas besoin de lui dire qu'il a de nombreuses fois mérité telle punition par le passé.

Ses yeux se tournent vers la forêt épaisse qui entoure la propriété, s'alanguissent sur la surface de la piscine troublée par le vent. C'est un environnement paradisiaque et merveilleux, mais qui a tout de même des airs de prison. Blaise n'a même pas tenté de garder le moindre contact au Royaume-Uni, ou de s'enquérir des nouvelles et des informations, terrifié à l'idée qu'on remonte jusqu'à eux et qu'on les ramène de force à Londres pour qu'ils soient soumis à la justice et la punition de Voldemort. Blaise sent une sueur froide lui couler le long de la colonne à cette idée. Il n'a pas encore dormi et il est fatigué, l'alcool donnant à ses pensées une texture cotonneuse et désagréable, mais il ignore si il parviendra vraiment à se reposer. Même quand il dort, il n'arrive pas à se reposer, se détendre, relâcher cette pression qui vit désormais en lui et qu'il porte comme si elle était physique et palpable.

"Where should we go next?" demande-t-il simplement, brisant le silence confortable s'étant abattu sur eux pendant quelques instants. Il tourne la tête vers Theo, sa joue pressée contre son épaule, et lui adresse un sourire. "The world is our oyster," prétend-t-il comme si sa fortune leur permettrait d'aller partout, comme si ils n'allaint pas passer le reste de leur vie à regarder par-dessus leur épaule avec angoisse. "It's strange but I've never realised how big the world was until now." And how unfair life was. "I feel troubled by it now. Where should we go next?" se répète-t-il en secouant la tête, comme si il se posait la question à lui-même. "The possibilities are endless. It scares me a little."

“I think Pansy secretly enjoys the fact that I might not be sleeping well at all,” Blaise lui répondit et Theo ne put qu'admettre un faible son d’acquiescement. Ca ne serait pas si surprenant de sa cousine. “Sleeping on the couch, one of her favourites,” il ajouta. Theo lui lança un regard qu’il essaya de rendre compatissant. “So it seems,” il répondit simplement. Blaise vivait là ce que Theo ne pouvait décrire que comme l’un de ses pires cauchemars, et ce n’était pas la première fois qu’il était exclu de son propre lit pour des raisons souvent bien futiles. Mais là encore, Theo ne l’avait jamais vraiment vécu et il supposait que pour la plupart des gens, l’amour d’une personne valait les désagréments engendrés parfois. Ça n'était simplement pas son cas à lui.

Il laissa le silence s’installer simplement entre eux. Theo n’avait jamais été dérangé par ce genre de choses, et il supposait que Blaise avait l’habitude, maintenant. Ce n'était pas la première fois non plus que les mots lui manquaient.

“Where should we go next?” son ami finit par lui demander après quelques instants. “The world is our oyster,” is it really?, il questionna silencieusement. Il savait que les choses ne seraient pas si simples pour eux, qu’ils n’étaient pas de simples vacanciers et il ne doutait pas que Blaise en soit conscient également. Peut-être que le monde leur appartenait, mais eux appartenaient à une Angleterre qui sans doute les chercherait jusqu’à ce qu’ils disparaissent pour de bon. “It's strange but I've never realised how big the world was until now,” les mots de Blaise ne lui étaient pas étrangers là encore, sans doute même plus pour lui que pour le Zabini. Theo avait toujours vécu avec des sortes d'œillères qui ne l’avait jamais sorti d’Hogwarts, de la maison familiale ou de l’appartement qu’il avait partagé avec les époux. Ces trois endroits avaient représenté l'entièreté de son monde, et avaient semblé déjà trop grands, trop étouffants, parfois. Sa conversation passée avec le fils Fawley semblait bien pertinente, à présent. “I feel troubled by it now. Where should we go next?” La voix de Blaise s’éleva à nouveau avant qu’il ne puisse répondre. “The possibilities are endless. It scares me a little.”  - “It scares me too,” il avoua simplement. Il y avait tant d’endroits qui s’offraient à eux, à commencer simplement par les régions du monde qu’ils auraient pu eux-même considérer comme leurs, home, parce qu’eux trois prenaient leurs racines bien loin du royaume qui les avait vu naître. “I think maybe we should start small, stay around here. There is so much to see already,” le continent américain était immense et regorgeait de secrets bien gardés. “We should not let ourselves be swept away by greediness.” Il dit finalement. Il n’avait aucun doute que Blaise l’aurait traité de rabat-joie quelques années auparavant, mais peut-être que les choses étaient différentes à présent. Il détourna son regard de la forêt pour le reposer vers son ami. “We can think about it, however, plan, I suppose, if there are any particular places you would like to visit.” Il essaya d'y penser rapidement, mais il n'aurait jamais pensé avoir de telles opportunités. "I never really thought about it, personnally. It was always easier to just, do what I was supposed to do, so I never stopped to think about what I could do. Do you know what I mean?"