NEW WORLD ORDER

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nom prénom(s)  » Cinquième né, il a hérité de la cinquième lettre de l'alphabet et, comme ses frères, de trois prénoms: EPHRAIM (אֶפְרָיִם) signifiant fructueux, EZRA (עזרא) signifiant aide ou helper et ENOCH (חֲנוֹך) signifiant dévoué. Ephraim a toujours accordé une grande importance à la signification de ses prénoms, qu'il trouve plutôt approprié pour lui-même. Si il est né MCJEW, le nom de famille de son père, lui et ses frères ont changé leur nom pour GUTERMAN à leur majorité - et même Ephraim a pu s'en féliciter, malgré son refus habituel d'appeler les choses autrement que par leurs noms.

surnom(s)  » Ses frères le surnomment EPH (ou BRO bien entendu). Il n'y a que dans leur bouche à eux qu'Ephraim supporte le moindre surnom. Lui-même est incapable d'en donner.

date de naissance » Ephraim est le cinquième né d'une fratrie de sept. Contrairement Ariel, Benyamin et Caleb, Django, lui, Salomon et Felix sont né le 21 JUIN 1981, héritant ainsi du signe CANCER plutôt que le gémeaux de leurs aînés. Il est né à 1 HEURE UNE MINUTE du matin, il a donc hérité de VERSEAUX en signe lunaire et d'un ascendant POISSONS. Ephraim ne s'est jamais réellement intéressé à l'astrologie, préférant l'astronomie dans le cadre de ses recherches alchimiques, donc ça ne veut pas dire grand-chose à ses yeux.

origines & nationalité  » Il a gommé son accent GALLOIS il y a bien longtemps, le troquant pour un anglais RP autrement plus digne de son standing - et plus facilement identifiable et compréhensible à l'étranger. L'accent polissé d'Ephraim ne quitte jamais ses lèvres, même face à ses frères qui l'ont conservé - il est néanmoins fier d'être BRITANNIQUE après avoir parcouru le monde. Ceci dit, le Royaume-Uni n'est pas vraiment une maison, à ses yeux, seuls ses frères le sont. Autrement, il a des origines JUIVES ASHKÉNAZES - mais la généalogie ne l'intéresse pas plus que l'astrologie, et retracer les diverses origines de ses ancêtres serait d'un ennui profond. Le judaïsme, pourtant, fait partie intégrante de sa vie. Ephraim mange kosher, se rend à la synagogue pour la soirée de Shabbat (en y traînant Salomon, la plupart du temps) et n'utilise pas sa baguette le samedi.

pureté du sang  » Les Guterman sont des SANG-MÊLÉS pleins aux as, dont la seule menace à leur situation est leur comportement souvent hors de la norme.

métier/études  » Ephraim a fait ses classes à HOGWARTS dans la maison de SALAZAR SLYTHERIN, en compagnie de son frère Daniel, et a été préfet pendant deux ans. Il a obtenu tous ses NEWTs sans problème, option alchimie, études des runes et soins aux créatures magiques, et avait une carrière toute tracée dans l'entreprise familiale. Et si il a travaillé pendant quelques mois avec Django à la banque familiale, GUTERMAN FINANCIAL, il a vite décidé de filer vivre sa vie sous d'autres soleils, voyageant à travers le monde pour parfaire ses connaissances alchimiques et de la vie en général.

Quoique bénéficiant de la fortune incommensurable des Gutenberg, sa passion s'est vite révélée bien plus onéreuse que prévu et pauvre petit Ephraim a dû travailler pour la première fois de sa vie une fois arrivé à New York, début 2000, ses économies vidées après de longues années à difficilement les faire tenir. Il a rejoint la NEW YORK SOCIETY OF ALCHEMY (NYSOA) pendant quelques mois, et a parfait ses connaissances là-bas, travaillant dans une bijouterie du DIAMOND DISTRICT qui était possédée par son mentor, Joshua. Là, Ephraim a appris les tenants et les aboutissants des gemmes, des pierres précieuses et des métaux, alliant ces connaissances à l'alchimie. Il a fait quelques allers-retours entre le Royaume-Uni et NYC après ça, profitant de longues vacances pour continuer ses recherches en Amérique du Nord et ailleurs - faisant escale à la Nouvelle-Orléans, au Pérou, en Russie.

Ephraim est véritablement revenu au Royaume-Uni début 2005, et s'est consacré à ses études alchimiques et runiques pendant des mois, travaillant sur deux projets: Caleb et Felix. Les deux ont eu un succès modéré, mais ont été une réussite aux yeux d'Ephraim. Ces travaux lui ont valu un ticket d'entrée dans le BRITISH ORDER OF TRANSFIGURATION AND EQUIVALENCY (BITE), une société d'alchimie désargentée réunissant les maîtres alchimistes aux projets les plus... controversés.

Depuis, il est un simple et fier rentier - il laisse bien à Django le dur devoir de mettre du beurre dans les épinards. Si il donne parfois un coup de main à Ariel quand il en a besoin, il se dédie plutôt à ses études dans l'espoir d'un jour les publier et, parfois, à l'envie irrépressible de chercher un joyau précieux à utiliser dans ses échanges équivalents.

orientation & état civil  » Ephraim compte bien rester CÉLIBATAIRE aussi longtemps que possible: il ressent pour autrui un mélange de mépris et d'incompréhension, et voir le mariage de Benyamin s'effondrer et ses gamins se multiplier l'a définitivement convaincu que cette vie n'était pas pour lui. Alors Ephraim se contente de tous les plaisirs charnels que peut lui offrir la vie, incarnés dans tous les corps qu'il puisse trouver (PANSEXUEL). Hédoniste et désintéressé, Ephraim ne confond jamais plaisir et sentiments et garde une main sévère sur son coeur, qui a tendance à passer de l'affection mesurée à l'obsession terrifiante en un clin d'oeil quand il se laisse aller.

camp  » La politique n'intéresse pas trop Ephraim, celle-ci ne la concernant que trop peu: il est jeune, il est riche, il est mêlé, alors voir Voldemort au pouvoir lui plait autant que l'idée qu'il chute un jour le laisse indifférent. SYMPATHISANT néanmoins, il préférerait que les choses ne changent pas, plus par souci de confort qu'autre chose.

baguette  » Ephraim n'avait aucun attachement particulier pour sa baguette originelle, achetée sur Diagon Alley avec ses frères peu avant leur entrée à Hogwarts, et quand le bois de chêne s'est brisé dans sa main, révélant le crin de licorne à l'intérieur, il a soupiré d'exaspération avant de se mettre en quête d'une échoppe sorcière en vendant dans le Jerusalem sorcier. Celle qu'il y a acheté n'a pas duré, et c'est devenu un schéma pour lui. Il a usé beaucoup de baguettes lors de ses voyages, certaines se brisant dans sa main sous le coup de sorts trop violents et trop brusques, des rituels mal amenés, des mauvaises idées réalisées trop vite. Ce n'est pas qu'il n'y faisait pas attention, juste que ce n'était qu'un objet comme un autre à ses yeux, un outil remplaçable et pas si important que ça. Au final, il a commencé à les acheter par bundle, pour ne jamais en manquer, et a ramené quelques unes de ses préférées à la maison quand il est entré.

Celle qu'il utilise le plus souvent dans la vie de tous les jours vient du Pérou. Son espagnol est un peu lacunaire, et il a acheté cette baguette dans un stand se trouvant littéralement dans une petite ruelle de Nazca, et a compris la moitié de ce qu'on lui a dit à son propos: il sait simplement qu'elle contient la plume de la queue d'un CONDOR MAGIQUE, un espèce propre à l'Amérique du Sud sorcière, et est faite de PALO SANTO, un arbre aux propriétés magiques et purificatrices (idéal pour se débarasser de la mala energía, la mauvaise énergie). Plutôt SOUPLE, anormalement GRANDE de presque TRENTE-SIX CENTIMÈTRES VIRGULE CINQ, il a gravé certaines RUNES à sa base, pour qu'elle dure plus longtemps.

patronus  » Il a toujours eu du mal à invoquer un patronus corporel. Pendant des années, ce n'était que des volutes de fumée frustrantes et pernicieuses, lui faisant légèrement froncer les sourcils puisque ses frères y arrivaient avec moins de mal que lui. Un jour, une fois, il a pris l'apparence d'un OCCAMY - comme Django, avec qui il a toujours eu une relation privilégiée. Mais l'Occamy n'est jamais réapparu après ça, demeurant INCORPOREL à sa grande frustration cachée.

épouvantard  » Un oeil moins avisé que le sien pourrait voir une COPIE CONFORME de lui et de ses frères. Un jeune homme de taille moyenne, aux cheveux bruns, légèrement rasé, aux lèvres fines et aux yeux bleus.

Mais Ephraim, lui, verrait tous les défauts, et le fait que cette copine soit remplie d'ERREURS. Que ce soit les cheveux d'une teinte trop claire, les yeux trop sombres, la bouche assymétrique, le léger strabisme, le centimètre de trop, les trois kilos en trop, le grain de beauté mal placé. Autant de choses qu'il rejette entièrement, des différences qui l'angoissaient étant petit, qui le gênent encore aujourd'hui.

particularité(s)  » Après de nombreux voyages partout dans le monde, Ephraim est devenu un MAÎTRE ALCHIMISTE et, plus précisément et grâce à l'aide officielle et formelle du BITE, un MAGISTER. En parallèle de l'oeuvre de sa vie, il s'est aussi consacré aux RUNES, obtenant un niveau INTERMÉDIAIRE surtout grâce à son étude acharnée de ces deux dernières années. Ephraim a beaucoup fait, pour ces deux pratiques magiques ancestrales, et a beaucoup sacrifié, sué, échoué pour en arriver là où il est aujourd'hui - il place ainsi une certaine confiance en ses capacités, virant parfois à l'ego, quelque chose qu'il déteste pourtant par-dessus tout.

tw: burn-out, dépression, capacitisme, angoisse, bullying

ARIEL  » (tw: burn-out) Ariel et Ephraim sont très différents. (...) Ariel parle beaucoup, Ephraim reste mutique. Ariel est le premier-né, Ephraim est le dernier (Salomon ne compte pas). Ariel ne pense qu'aux morts, Ephraim ne pense qu'aux vivants. (...) Pourtant, les deux frères sont très complices, et ont de nombreux points communs. (...) Il était tellement fier quand Ariel a réussi sa première magigref. C'est l'une des choses qu'il dit en premier quand on lui parle de ses frères. Il a toujours cru en lui. (...) Quand Ariel a fait un burn-out, Ephraim est revenu au Royaume-Uni s'occuper de lui sans la moindre hésitation ou retenue. Il a bizarrement aimer s'occuper de lui avec le reste de ses frères, et garde encore un oeil sur lui aujourd'hui. (...)  C'est Ariel, en premier, qui a soutenu son idée de ramener Felix à la vie, et ils ont préparé le rituel ensemble principalement, ainsi que le corps de leur frère. (...) Il lui file parfois un coup de main à la maison funéraire, au besoin. Il couche avec la conseillère funéraire. Il a aussi couché avec la meilleure amie d'Ariel, Thema. Ariel, contrairement au reste de ses frères, semble avoir un bon goût en femmes. (...) Ephraim lui demandera d'empailler son chien Chayim quand il mourra, et ils l'ajouteront ensemble à la collection.

BENYAMIN  » (tw: dépression) Benyamin et Ephraim sont très différents. (...) Benyamin est pessimiste, Ephraim est optimiste. Benyamin a répondu à toutes les attentes familiales, Ephraim a décidé de tracer sa propre voie. Benyamin s'est marié, Ephraim est incapable de s'attacher. (...) Ephraim a toujours eu un énorme respect pour Benyamin, couplé d'une incompréhension fascinée. La droiture de Benyamin l'impressionne encore. (...) Il a essayé de le dissuader de se marier, en vain. Au moins, sa femme lui a donné deux filles, qu'Ephraim adore. Il essayé de le prévenir que sa femme finirait par le quitter, mais Benyamin n'a rien voulu entendre. (...) L'état dépressif de Benyamin après le rituel l'a laissé interloqué, il ne comprenait pas. Il l'a un peu bousculé, ne sachant pas par quel bout le prendre, comment l'aider. Ephraim le poussait hors du lit, lui disait de se lever, de sourire, de se forcer à être heureux. Ça ne fonctionnait pas, et ça le frustrait. (...) Leur relation a été un peu inégale pendant quelques temps à cause de ça. (...) On vit mieux sans un rein que sans un poumon mais c'est sur l'organe manquant qu'Ephraim dédie ses études pour l'instant. Il veut réparer son frère. Plus précisément, il veut qu'il lui pardonne.

CALEB  » (tw: capacitisme) Caleb et Ephraim sont très différents. (...) Caleb ne sait pas où il va, Ephraim a une vie bien définie. Caleb n'a pas de passion, Ephraim ne vit que pour l'alchimie. Caleb voit le monde en gris, Ephraim mène une vie haut en couleurs. (...) Ephraim a toujours été très protecteur envers Caleb, surtout à l'école, en compagnie de Django. Mais malgré lui, il le prenait aussi avec des pincettes, voyant d'un mauvais oeil son handicap et ne comprenant pas d'où il venait. (...) Il a pensé, pendant un temps, que Caleb avait été choisi pour une raison. Une mauvaise raison. (...) Il lui a fallu des années pour trouver une solution. Il y a deux ans, il a fini par faire une expérience runique avec Caleb afin de lui permettre de voir les couleurs. Ils ont failli réussir, mais ils ont véritablement échoué. Caleb voit toujours en gris, même si il dit voir des flux magiques. (...) Ephraim déteste être rappelé de cet échec. Il lui a promis qu'il finirait par trouver la bonne solution à son problème. L'idée que Caleb conserve cet handicap le rend malade. L'idée qu'il ne soit pas normal le tue à petit feu. (...) Ils sont devenus plus proches après l'expérience, et Caleb a soutenu l'idée d'Ephraim et d'Ariel de faire revenir Felix. (...) Ils ont perdu leurs membres en miroir: un jambe, un bras. C'est grâce à Caleb qu'ils ont trouvé des prothèses magiques. Ephraim déteste ces dernières, mais ils n'ont pas le choix pour vivre une vie normale. (...) Il est terrifié à l'idée d'être handicapé comme lui.

DJANGO  » (tw: capacitisme, angoisse) Django et Ephraim sont très différents. (...) Django aime l'excès, Ephraim préfère rester discret. Django est resté, Ephraim est parti. Django s'éloigne, Ephraim demeure. (...) Ils étaient très proches, étant petits. Leurs lits étaient toujours l'un à côté de l'autre avant qu'ils ne soient dans des chambres séparées et à Hogwarts, évidemment, ils étaient ensemble. (...) Tous les deux nés sous le signe du cancer, avec leurs baguettes jumelles et leurs patronus similaires. Fusionnels, dès le début. (...) Ephraim a beaucoup travaillé avec Daniel sur son bégaiement. Il le considérait un peu cassé, et voulait le réparer. Il ne lui a jamais dit, mais cette différence répétitive l'a toujours beaucoup angoissé. (...) Le changement de nom de Django aussi l'a beaucoup angoissé. D'une manière phénoménale et inexplicable, dangereuse pour sa santé; à chaque fois que son prénom franchissait ses lèvres, Ephraim avait l'impression qu'il allait tourner de l'oeil. (...) Ils se sont éloignés depuis le rituel. Ou plutôt, Django s'est éloigné. Ephraim voit ça comme un abandon, une trahison même. Il lui en veut.

EPHRAIM  » (tw: capacitisme) Ephraim aimerait être différent. (...) Une magie étrange lie les Guterman, il l'a toujours su. C'est pour ça qu'ils sont tous identiques en apparence, et pour ça aussi qu'ils sont si proches. Et c'est vrai qu'un oeil peu entraîné ne pourrait pas les différencier. (...) Mais Ephraim a vite compris que c'était faux. Qu'ils étaient tous différents, et tous incomplets. (...) Que ce soit la chimie inégale du cerveau dépressif d'Ariel, le myopisme de Benyamin, l'achromatie de Caleb, le bégaiement de Django ou la faiblesse de Felix, il y avait quelque chose qui n'allait pas chez eux - et pendant des années, Ephraim pensait qu'il avait été choisi, et qu'il était le seul qui n'avait pas de partie manquante ou cassée. (...) Mais ce manque s'est révélé en grandissant, de manière insidieuse, quand il a compris que ce qu'il ressentait ne s'alignait pas avec ses frères ou avec quiconque, quand il s'est surpris à imiter plutôt qu'à ressentir, comme un acteur. (...) Ephraim est persuadé qu'il lui manque une âme. (...) Les émotions sont passagères et sans intensité, le regret inexistant, les remords non plus; la seule chose qui perdure, c'est sa passion pour l'alchimie, et il sait que celle-ci finira par disparaître aussi quand il aura atteint son but. Il a appris à composer avec, et n'a jamais partagé ce secret à haute voix, redoutant perdre la confiance de ses frères. Et si il y a bien une chose qui sait agiter Ephraim, c'est ses frères - merveilleux, lacunaires, magnifiquement différents les uns des autres et de lui.

SALOMON  » (tw: bullying) Salomon n'existe pas. (...) Ephraim a toujours éprouvé un profond désintérêt pour Salomon, qui est devenu mépris avec le temps. (...) Il n'a jamais activement participé aux machinations visant le benjamin de leur fratrie, le trouvant si peu intéressant et important pour que ça vaille le coup, mais même lui a ressenti un plaisir pervers à physiquement lui faire payer la mort de Felix. (...) Il ne l'a jamais appelé autrement que Salomon - au début, celui-ci pensait que ça voulait dire qu'il l'estimait mieux que leurs autres frères qui l'appelaient Shlomo. C'est l'une des rares fois où il a su faire rire Ephraim, quand il lui a dit ça. (...) Il sait au plus profond de lui que Salomon a volé son énergie à Felix, que c'est à cause de lui qu'il est mort. (...) Il compte bien lui faire payer un jour. (...) Il manque une âme à Felix, et Ephraim ne peut pas lui donner la sienne. C'est naturellement vers Salomon que ses yeux sont posés pour ce grand honneur - qu'il soit d'accord ou non avec le processus ne l'intéresse pas du tout.  

FELIX  » Felix est mort. (...) C'est en voyant la violence du deuil de ses frères qu'Ephraim a compris que quelque chose n'allait pas chez lui. Si il a pu imité la colère et les pleurs, le deuil et le déni, la disparition de son frère n'a véritablement réveillé en lui qu'un profond sentiment d'injustice. (...) Il a dédié toute sa vie à le ramener, toutes ses recherches avec ce seul objectif. À la fois parce qu'il était évident aux yeux d'Ephraim qu'il fallait qu'ils soient réunis, mais aussi pour réparer la fissure de sa disparition dans la poitrine d'Ariel, Benyamin, Caleb et Django. Si il n'a jamais compris la profondeur de leur douleur, il a pu l'étudier et décider qu'elle était réparable - comme le moindre de leurs défauts. (...) Felix est revenu, et il est différent. Ephraim ne désespère pas, et n'abandonnera jamais - pas avant qu'ils soient tous réunis et complets comme ils l'ont été à la naissance.

CHAYIM  » Ephraim a adopté Chayim peu de temps après son retour au Royaume-Uni, il y a deux ans, à la surprise générale. (...) Avant ça, il n'a jamais éprouvé qu'une indifférence profonde pour les animaux de la famille, l'idée d'avoir à s'occuper d'un autre être vivant étant plutôt pénible pour lui. Mais il s'est pointé un jour à la maison avec un chiot dans les bras, et l'a appelé vie (חַיִּים‎). (...) Ephraim s'en occupe avec un zèle rare. Il le promène plusieurs fois par jour, l'a sévèrement dressé sans le brusquer et lui appris certains tours qui ne manquent jamais de faire rire Ariel. Il le pèse tous les deux jours, étudie ses scelles avec un peu trop d'intérêt, et mesure sa nourriture au gramme près. Si ses attentions pour lui sont très cliniques, Chayim est un chien heureux et social qui mène une vie de rêve. (...) Ses frères l'adorent, ses nièces aussi, ainsi que la plupart des gens qui le rencontrent - son maître reste Ephraim, à qui le chien est férocement loyal et dont qu'il ne quitte qu'à reculons. (...) Ephraim n'a évidemment dit à personne que les chiens - et les loups - sont associés à l'élément précieux du mercure en alchimie. Ce qui en fait donc des sacrifices de choix pour certains rituels. (...) Ça l'embêterait de faire pleurer Ariel, ceci dit.

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THE MEANING OF LIFE  » (tw: auto-mutilation, paranoïa) L'alchimie a pris une place envahissante dans la vie d'Ephraim dès qu'il en a entendu parler, et c'est maintenant devenu une chose qui le définit, le régit, l'obsède de manière presque dangereuse.

Il a une connaissance encyclopédique de cet Art délicat et controversé, et une maîtrise qui dépasse l'entendement vu son âge - mais pour être honnête, il a aussi beaucoup sacrifié pour l'alchimie, que ce soit du temps, de la dignité, ou d'autres choses auxquelles il ne préfère même pas penser. Dédié à l'oeuvre de sa ve, Ephraim n'a jamais renoncé à l'idée de tracer un cercle ou s'immiscer dans un rituel, alchimique ou non, dans l'espoir de peaufiner ses connaissances et ses capacités en la matière. Lors du rituel qui a ramené leur frère, tous les frères Guterman ont perdu quelque chose et lui-même a perdu un bras. Son bras droit, celui qu'il utilisait pour écrire et tracer ses cercles, celui qui tenait sa baguette - autant dire, une énorme perte pour lui, qui aurait dû le terrifier et lui faire perdre pied, mais qui l'a en réalité laissé quelque peu indifférent. Ce n'était pas un prix cher payé à ses yeux, après le rituel qu'ils ont accompli.

Alors Ephraim a appis à tracer ses cercles de l'autre main, et à manipuler sa baguette autrement, aidé par la prothèse qu'il a fait faire, en compagnie de la prothèse pour la jambe de Caleb, par une médicomage spécialisée. Malgré tout, lui-même peut admettre que c'est différent. Tout est différent, maintenant, pour lui.

Il s'est plongé dans l'apprentissage des runes, laissant un peu l'alchimie de côté ces derniers temps. Parce qu'en partageant avec le reste du BITE ses découvertes, Ephraim a peur qu'on vienne lui voler Felix et son oeuvre. Il a peur, aussi, que sa magie soit déréglée pour de bon: depuis le rituel, il la sent souffreteuse, inégale, comme un muscle sur lequel on aurait trop tiré et à qui on aurait pas donné assez de temps de repos. Il n'en a pas parlé à ses frères, ne voulant pas qu'ils s'inquiètent, mais les mauvais jours s'additionnent.

La seule chose qui le rassure, c'est le fait qu'il n'a pas besoin de sa magie pour les runes, pour se protéger - et en plus d'être gravées sur les encadrements des portes du manoir, les voilà aussi profondément scarifiées à même sa peau, pour les garder au plus près de lui. Runes de protection, de vigueur, de communication. De quoi l'aider, légèrement, dans sa vie quotidienne. Il a aussi fini par ajouter des cercles alchimiques, petits et légers, à ses oeuvres corporelles. L'un d'eux, qu'il a gravé sur son flanc face à un miroir, lui permet de sentir les pulsations alchimiques autour de lui. Au cas où un de ses collègues s'inventerait cambrioleur et essayerait de s'approcher discrètement de lui pour lui voler son travail... Ils sont partout, après tout. Ephraim peut presque les sentir retenir leur souffle en attendant qu'il relâche son attention, mais il ne le fera jamais.

Il a honte, terriblement honte de ce qu'il sait est un échec de sa psyché - maintenant, alors que cette idée l'angoissait plus que tout il y a des années, il est pour toujours différent de ses frères, bardé de cicatrices qui n'ont pas de jumelles. Ça aussi, ils ne le savent pas - et il espère qu'ils ne le sauront jamais. Mais peu importe, parce qu'il le fait pour eux, pour rester fort, pour pouvoir rester en vie le temps de ramener un Felix entier et bel et bien vivant. Et après ça... Ephraim n'y pense pas trop. Sa vie perdra son sens, et c'est bien la seule chose qui le terrifie au plus haut point.

KEEPING COLLECTIONS  » Ephraim a un bien gros défaut qu'il a du mal à admettre: il est un hoarder. Quand il voit quelque chose qui peut paraître aléatoire, son esprit lui dit automatiquement: ça pourrait me servir plus tard et il se le procure (des fois, cela tourne au drame, quand il ne peut ni prendre ni acheter l'objet en question). Ainsi, dans sa chambre, il possède plusieurs collections qui sont résolument rangées et ordonnées selon un code qu'il a dans la tête.

Tout d'abord, il a de nombreux tokens appartenant à ses frères: il collectionne leurs dents de lait depuis qu'ils sont petits (chacunes gardées dans des boîtes différentes avec leurs noms dessus) ainsi que des mèches de leurs cheveux (au cas où, dit-il toujours d'un air sérieux et mystérieux). Il a beaucoup d'insectes piégés dans de l'ambre, qu'il a récupéré partout dans le monde (certains bougent quand on les regarde du coin de l'oeil). Sur les rebords de ses deux fenêtres, il a aligné presque trente pierres de couleurs, de tailles et d'origines différentes (il est interdit de les toucher), aux propriétés magiques connues de lui seul. Dans un tiroir de son bureau, il garde précieusement les divers diplômes de ses frères, et particulièrement le brevet de Magigref d'Ariel (il a encadré une copie qu'il garde dans le salon, pour que tout le monde la voit). Il garde une collection impressionnante de crayons à papier de diverses factures et qualités, dans une boîte en bois posée sur son bureau (classés par dureté de la mine, ils ont chacune une place propre et précise). Il possède aussi de nombreux petits objets en apparence inutiles (des balles de jonglage en cuir, des papillons épinglés dans un cadre, un brûleur à encens en céramique en forme de loup) mais qui trouveront leur utilité et leur signification un jour - il en est persuadé.

En attendant, ses excentricités prennent de la place, et depuis qu'Ariel a malencontreusement détruit une lampe à gaz venue d'Israel, ses frères n'ont plus le droit d'entrer dans sa chambre sans demander la permission avant.

LEAVE THE WORLD A BETTER PLACE  » Ephraim s'est souvent demandé la raison de sa venue sur Terre, pourquoi Hashem l'avait fait naître au milieu de sa fratrie, et quel était le véritable sens de son existence. En apprenant l'alchimie, il a toujours cru a dicton un peu démodé alchemists are philosophers first, et s'est donc plongé, en plus des manuels alchimiques communs, dans divers ouvrages venant de partout dans le monde, à propos de philosophie et de religion notamment.

Et il a trouvé sa voie, après de nombreuses lectures. Ephraim, pense-t-il, est destiné à laisser le monde derrière lui amélioré, magnifié, subjugué - il est là pour réparer les maux, adoucir les moeurs, aider les autres. Et c'est véritablement dans cette optique-là qu'il fait tout ce qu'il fait, que ce soit aider son frère Django à se débarasser de son bégaiement, ou ramener à la vie Felix pour que sa fratrie soit complète de nouveau et cesse d'être triste. Parfois, il s'aveugle lui-même de ses bons sentiments, qui sortent de lui d'une manière qui pourrait paraître presque absurde pour qui ne le connait pas assez bien - quoiqu'il arrive, bizarrement, Ephraim ne perd pas son optimiste obsessif à l'idée d'aider, de réparer, de bien faire. Même si cela l'amène à tuer quelqu'un, tant que c'est pour le bien des autres.

Mais il sait qu'Hashem comprendra quand son âme lui reviendra - si il lui reste une âme à ce moment-là.

MISSING PIECE » Ephraim a toujours su quelque chose leur manquait, après la mort de Felix. Parce qu'ils n'étaient plus complets, tous les six, et qu'il a vu le deuil creuser dans la poitrine de ses frères un vide incommensurable et terrifiant pour lui - terrifiant, parce qu'il ne ressentait pas la même chose. Évidemment, leur frère benjamin lui manquait comme un membre après sa disparition, et il regrette toutes les choses qu'il n'a jamais pu faire avec lui, découvrir à ses côtés, apprendre grâce à lui. Mais il n'a jamais ressenti le besoin de pleurer, de crier, de boire, de s'oublier comme l'ont fait ses frères.

Ainsi, depuis ce moment, Ephraim a toujours su que quelque chose lui manquait, sans jamais vraiment savoir quoi. Il a demandé des réponses à Hashem, et à toutes les personnes qu'il a rencontrées lors de ses voyages, mais personne n'avait de réponse pour lui. Personne n'en aura jamais, sans doute.

Et ça ne devrait pas être aussi important que ça l'est pour lui.

Pourtant, ce vide grandit en lui, vorace et avide, cruel dans sa profondeur vertigineuse - et de plus en plus, Ephraim ressent ce décalage avec le monde, et ce fossé qui se creuse entre lui et ses frères, la pire chose qui pourrait jamais lui  arriver. Il craint que ce soit la seule chose qu'il ne puisse jamais pourvoir, et à laquelle il ne trouvera jamais une solution. Ainsi, sa quête de donner vie et une âme à Felix n'est pas que pour lui, elle est aussi intéressée; parce que si il peut réparer son frère, alors ça veut dire qu'il peut aussi se réparer lui-même.

Notre anniversaire est dans trois jours, nous allons avoir six ans: bientôt, les choses sérieuses. (...) Lors du dîner, je pense qu'Ariel a fait preuve de magie en refusant de manger ses petits poits: une dizaine, je crois, ont disparu tandis qu'il discutait avec Jacob. Je me demande si Benyamin sera le prochain. (...) Daniel a du mal à parler et je n'arrive pas à trouver les mots quand il bute dessus. Je me demande si c'est symptomatique d'un trouble plus profond ou si il a, comme Solomon, un certain retard ou des lacunes cérébrales. Je n'espère pas et, pour être honnête, je ne pense pas. Nous sommes les mêmes - il ne peut en être autrement. (...) Son bégaiement est, néanmoins, plutôt agaçant. Il va falloir trouver des stratégies pour y remédier. (...) Mais sommes-nous réellement les mêmes quand des petits détails nous différencient? Est-ce que notre âme a été répartie en sept, ou en six plutôt, ou sommes-nous tous faits d'une énergie différente? (...) Je crois que Salomon n'est pas entier.

Les médicomages ont dit que Felix ne doit pas quitter sa chambre et qu'il doit se reposer. Je trouve que c'est une très mauvaise idée: il faut qu'il puisse se sociabiliser avec nous, sinon il loupera trop de choses et ce serait fatal pour son développement cognitif. Il faut que je le sorte de cette chambre. (...) Je crois que je sais ce que je vais faire. Je vais pousser Salomon, juste un peu, pour qu'il se fasse mal et qu'il crie; Jacob s'occupera de lui et, comme d'habitude, Salomon en fera des tonnes. Daniel fera la guet et j'irai chercher Felix; nous prendrons l'escalier de derrière pour sortir dans le jardin. Je crois qu'il a été décidé qu'on ferait une grande partie de cache-cache mais avec Felix, nous ferons une activité plus calme. Je proposerai qu'on joue à Seigneur-du-Pont, ou à cache-cache. (...) Malgré mes explications, qui étaient pourtant bien préparées et censées, Jacob nous a fait retourner à l'intérieur et a ramené Felix dans sa chambre. Il a fermé la porte à clef.

Je pense qu'il y a quelque chose qui ne va pas avec Salomon. Nous avons tous fait preuve de magie et nous avons presque huit ans. Il est définitivement en retard. (...) Jacob refuse de le faire examiner à ma demande: il dit que Salomon est très bien tel qu'il est. Caleb et Daniel ont commencé à l'appeler Shlomo (שְׁלֹמֹה‎). C'est vrai qu'il est paisible, il ne parle pas non plus. Il ne fait pas grand-chose à vrai dire; et pourtant, Jacob continue d'insister pour qu'on joue avec lui. Mais il est toujours en retard sur toutes les activités que l'on fait ensemble. Je suis dans sa classe, à l'école, je vois bien qu'il n'y comprend rien. Je ne pense pas qu'une école de wizlings soit appropriée pour lui. Jacob devrait l'envoyer chez les moldus. (...) Aujourd'hui, j'ai eu le droit de jouer aux échecs avec Felix. J'ai gagné mais il s'est bien battu (nous avons fini en Rook Roller). Ses cheveux ont poussé, je n'aime pas ça.

J'ai volé la clef de Jacob. Il dit toujours que Felix a du mal à se déplacer, sans sa chaise, mais moi je sais qu'il est en capable. Nous allons tous les deux aller au Ministère et chercher le Bureau de Protection de l'Enfance et nous allons leur expliquer que Jacob le maltraite. Nous serons alors tous adoptés par une famille plus appropriée, et Salomon pourra rester au manoir. Je pense que c'est une bonne idée. (...) Felix n'a pas pu descendre les escaliers et il a failli tomber. J'ai eu peur. Je n'étais pas assez fort pour porter son poids et j'ai dû appeler à l'aide: Caleb est venu m'aider et nous avons assis Felix au pied des escaliers. Il a beaucoup pleuré et s'est excusé. (...) Nous l'avons raccompagné dans sa chambre et j'ai vu Salomon qui nous regardait. Il a disparu quand il m'a vu le regarder. Je crois que j'ai compris. Ce n'est pas de la faute de Felix, c'est la faute de Salomon, c'est lui qui devrait s'excuser. Sans lui, Felix serait sorti en sixième et aurait encore toute sa force. À cause de lui, Felix ne peut pas sortir de son lit. (...) Je crois qu'il faut que l'on fasse quelque chose à propos de ce voleur de Salomon.

Nous ferons, dans deux ans, notre entrée à Hogwarts sans Felix. Je pense qu'il serait allé à Ravenclaw, où Benyamin ira. Ariel ira à Gryffindor, bien entendu, et Caleb à Hufflepuff. Daniel et moi serons à Slytherin. Salomon, lui, n'ira pas à Hogwarts. Il est trop faible en magie, ça ne sert à rien. Et je crois que Jacob a peur qu'on lui fasse mal, si il n'est pas là pour nous surveiller. (...) J'aurais préféré que Jacob m'écoute et ne fasse pas un cercueil ouvert. Dans son dernier lit, Felix était si petit et fragile et pâle. Je crois que ça m'a un peu fait peur. Allons-nous tous rétrécir quand nous mourrons? (...) Je crois que je n'ai pas envie de mourir.

Je ne pensais pas que ce serait si impressionnant, et pourtant. Avec sa permission, je me suis glissé dans le lit de Daniel pour passer la première nuit à Hogwarts. Lors de la répartition des lits, les nôtres ont été séparés: demain, je négocierai avec Dante, je crois qu'il s'appelle, pour que l'on échange. (...) Je n'ai pas réussi à dormir et j'ai laissé Daniel pour aller dans la salle commune. Il n'y avait pas de préfet ni personne et je me suis assis et j'ai regardé les monstres du lac. L'un d'eux a agité la main dans ma direction; je n'ai pas répondu. Il avait l'air embêté. (...) Daniel s'est levé et m'a rejoint. Nous avons discuté toute la nuit. Il a bégayé treize fois. Felix me manque.

Salomon est égal à lui-même: inutile. Même parmi les wizlings - Jacob sait qu'il aurait été inutile de l'emmener à Hogwarts, pas avec ses difficultés -, ses notes sont effrayamment basses et ses résultats décevants. Je sais que même Jacob, qui semble pourtant ne pas tarir d'amour à son égard malgré tout, est embêté à cette perspective. (...) Lors de notre premier dîner suivant notre retour de Hogwarts, Salomon nous a régalé d'anecdotes estudantines prosaïques et ennuyeuses. J'ai laissé les autres raconter notre année à Hogwarts et j'ai ressenti une satisfaction étrange à la jalousie que j'ai vu se glisser dans ses yeux. C'est une émotion bien basse de ma part mais je suis content de voir que Salomon comprend enfin qu'il est différent de nous et ne sera jamais comme nous.

Le cursus d'alchimie à Hogwarts est très décevant. Il n'y a rien de très concret sur la résurrection et à chaque fois que je pose des questions à ce sujet, le professeur me demande de ne plus perturber les classes et de me taire - c'est un sujet tabou, ai-je compris à mes dépens, et qu'il est dangereux d'aborder. (...) Ils ont peur. C'est ça leur problème: ils ont peur, parce qu'on leur a appris à avoir peur. Ils ne valent pas mieux que des animaux de proie, qui ne connaissent que la peur pour survivre. (...) Quand nous étions petits, Ariel me disait que c'était humain d'avoir peur. Que l'être humain craint ce qu'il ne connait pas et ne comprend pas, et que c'est grâce à notre instinct, guidé par la crainte, que nous avons évolué jusqu'à maintenant. (...) Peut-être que je ne suis pas entièrement humain.

Daniel a une copine, et il n'arrête pas de parler d'elle. C'est légèrement agaçant, surtout qu'il continue même quand je lui dis de se taire parce que je révise - il faut bien que l'un de nous deux fasse le devoir de Potions. Je ne comprends pas vraiment ce qu'il peut bien trouver à Romilda mais si il est heureux, alors moi aussi. (...) J'ai essayé d'approcher Romilda mais j'avais oublié de retirer mon insigne de préfet. Elle a ri quand je lui ai dit que j'étais Daniel. (...) Elle l'a raconté à Daniel, je crois, parce qu'il était très énervé quand je suis rentré au dortoir. Je voulais juste comprendre ce qu'il pouvait bien lui trouver. Je cherche encore. Je me suis excusé. (...) Je crois que c'est la saison. Benyamin aussi a une copine, sauf qu'il ne veut pas l'appeler sa copine. (...) Charly, elle, ne m'a pas repoussé.

Daniel est devenu Django. (...) Nous avons tous changé de nom, d'un commun accord, prenant le nom de famille de notre mère, Guterman - cela me semblait plutôt approprié, surtout parce que Daniel et moi allons travailler à la banque. Non, pas Daniel. Daniel est devenu Django. (...) Le travail est répétitif mais il est appréciable. Il y a un certain ordre des choses et notre nom nous ouvre beaucoup de portes - même si je sens que beaucoup préféreraient qu'on ne soit pas là. Peu importe. Ariel continue ses études - il va faire un excellent médicomage. Benyamin va finir par obtenir son stage au Ministère, je le sais. Caleb semble un peu perdu - je crois que Daniel et moi devrions lui proposer de rejoindre la banque, ça lui ferait du bien. Non, pas Daniel. Django. Daniel est devenu Django. (...) Daniel est devenu Django. Daniel est devenu Django. Daniel est devenu Django, Daniel est devenu Django, Daniel est devenu Django Daniel est devenu Django Daniel est devenu Django, Django Django Django. (...) Je n'arrive plus à respirer.

Je crois que je comprends pourquoi Dani Django n'arrêtait pas de parler de Romilda. (...) Rosario est belle et intelligente. Nous avons passé la soirée à parler, ça ne m'était jamais arrivé avant. En rentrant, j'ai acheté un livre d'espagnol pour apprendre. Caleb m'a dit que c'était un peu précipité, je viens de la rencontrer. Mais je pense que c'est une bonne raison d'apprendre une nouvelle langue. (...) Django m'a demandé si je l'aimais. Je lui ai demandé de définir l'amour. Il m'a dit que ce n'était pas le cas si je ne le savais pas. Il a dit "savais" comme si il le soulignait en l'écrivant, mais n'a pas expliqué plus que ça. (...) J'aimerais bien savoir, pourtant. (...) Mon supérieur m'a demandé d'arrêter d'être en retard et de prévenir quand je ne viens pas. J'ai essayé de lui expliquer, il m'a dit que passer du temps avec Rosario n'était pas une excuse valable. Pourquoi j'ai un supérieur si mon nom de famille se trouve sur l'enseigne de la banque? (...) C'est fini, avec Rosario. Je n'ai pas compris, quand elle m'a expliqué. Je ne trouvais pas notre relation trop intense, je pensais que c'était normal. (...) Django m'a dit que ce n'était pas normal. Django n'y connait rien. (...) Je crois qu'elle me manque. (...) Je crois que j'ai envie de partir. Cette vie m'ennuie, sans Rosario.

Même si il n'a rien dit, je sais que Django a été triste d'entendre que je partais. Mais je ne peux pas rester. Depuis que nous avons changé notre nom, depuis qu'il a changé son nom, je n'arrive plus à respirer. Je crois que je comprends ce qu'il ressentait quand il bégayait encore beaucoup. J'ai honte, et j'aimerais qu'ils ne le remarque jamais. (...) J'ai été accepté à l'université de Vienne pour un trimestre, dans la faculté de potions et d'alchimie. Herr Waltz y enseigne; j'aimerais qu'il me signe ma copie de Buch der heiligen Dreifaltigkeit, son édition est la meilleure après tout. (...) Après cela, je pense que j'irai en Italie, puis au Caire, puis en Israel - Jacob a un cousin là-bas. Felix voulait y aller, quand on était petits. Après cela, je ne sais pas. (...) Et sous le nom de Guterman, enfin, je m'envole.

J'ai retrouvé, dans mes affaires, quelque chose que j'avais oublié: une carte du monde que j'avais créée, avec Benyamin et Felix, avec tous les pays et toutes les villes dignes d'intérêt. J'ai commencé à dresser la liste de ce qu'il me restait à visiter. Heureusement, j'ai tout le temps du monde devant moi. (...) Le cours de Herr Waltz était intéressant, mais lacunaire. Après deux mois, je suis parvenu à venir le voir pendant ses heures de bureau. C'est un homme passionnant mais, comme tous les autres avant lui, c'est un animal de proie: il a peur. (...) Ce n'est pas auprès de lui que je vais trouver réponse à mes questions. A la fin du trimestre, je vais aller à Jerusalem. Joseph a un oncle qui y vit et qui tient une boutique d'apothicaire; en chemin, je passerai par Rome et Venise. (...) J'ai envoyé une carte postale à Rosario. Elle n'a pas répondu.

Je prête main-forte dans la boutique, plus pour m'occuper les mains qu'autre chose. J'aimerais que mes frères soient là avec moi et puissent eux aussi découvert la ville. J'aimerais qu'eux aussi puissent toucher la pierre, explorer les rues, s'émerveiller en passant du monde moldu au quartier sorcier juif en passant Shaar Zion. (...) Ce n'est pas ici que je trouverais ce que je cherche et j'en ai parlé à David, qui m'a donné sa bénédiction pour que m'en aille - sa femme Aviva a rempli ma valise de rugelach, de bourekas et de falafel en me souhaitant bon voyage. Je vais me rendre à Taiwan, je pense, et essayer d'obtenir un visa pour Kekon. (...) Personne ne sait où est Caleb, il est parti en vacances mais j'ignore où. Il aurait pu me rejoindre, lui aussi aurait su s'accomoder de l'énorme hôtel où j'ai pris résidence; ce soir, je vais tenter le casino au rez-de-chaussée, qui s'appelle The Golden Pot Still - parfait! Je n'ai pas l'âge mais qu'importe, je suis sûr que je parviendrai à y entrer. (...) J'aime le Golden Pot, mais j'aime encore plus l'idée de le braquer. J'ai dessiné, pour deux entreprenants locaux, un cercle qui pourra les aider dans leurs objectifs - ils m'ont généreusement rénuméré, en plus de tout. Je ne leur ai pas dit que c'était l'un de mes premiers cercles du genre... (...) J'ai entendu une explosion dans le coffre du casino. Le cercle n'a pas marché. (...) J'ai déjà mon visa, je vais me rendre à l'Office du coin pour prendre un Portoloin direction New York. Je laisserai mes affaires dans la chambre d'hôtel - pas besoin, je rachèterai ce dont j'ai besoin aux États-Unis. (...) Nous avons l'habitude de bouger en catastrophe, nous autres, ça fait partie de notre histoire. Just as it pleased the Lord to make you prosper and increase in number, so it will please him to ruin and destroy you. You will be uprooted from the land you are entering to possess (Deuteronomy 28:63). (...) Je ne serai jamais nulle part chez moi mais qu'importe. Je finirai par trouver ce dont j'ai besoin et je rentrerai à la maison.

tw: age difference J'ai commencé à louer une petite chambre à Williamsburg. La propriétaire, Mrs Samberg, est une vieille octogénaire qui passe tous les soirs et m'apporte à manger. Je suis allé à Times Square, hier, et c'est magnifique. J'ai envoyé une longue lettre à chacun de mes frères pour tout leur raconter. Caleb est enfin rentré à la maison. (...) David m'a fait parvenir un télégramme sorcier (excitant!) pour me dire qu'il connaissait quelqu'un travaillant dans le Diamond District - apparemment, Abraham, l'homme en question, fait souvent des allers-retours entre ici et Mitham HaBursa. Je vais le visiter demain. (...) Abraham est quelqu'un de très intéressant. C'est un alchimiste, lui aussi, depuis environ quarante ans, et il m'a introduit à certains de ses amis. Leur manière de pratique l'alchimie avec les pierres précieuses et les diamants est passionnante. (...) Après de longs mois, Abraham m'a intronisé à la New York Society of Alchemy. J'en suis très fier, et je sais que je ne les décevrai pas. (...) La Society n'est pas très inclusive: je vois la manière qu'ils ont de nous regarder, Abraham et moi. Ça ne le dérange pas, et moi non plus. (...) J'ai emménagé chez lui dans un brownstone à Windsor Terrace. Nous passons des heures à créer des cercles, et il m'a appris comment utiliser un diamant pour la première fois hier soir. J'ignore comment on peut se passer de cette sensation de pouvoir... je plains ceux qui ne la connaîtront jamais.

J'ai envoyé une lettre de félicitations à Benyamin, qui est devenu le CEO de Guterman Financial. J'ai envoyé une lettre un peu pus longue à Django, sans trop m'épancher. J'espère qu'il ne l'a pas trop mal pris. Je pense néanmoins qu'il ne se serait pas épanoui dans ce rôle. (...) J'ai envoyé une lettre de félicitations à Ariel, qui a ouvert sa maison de funérailles à Londres aprèsa avoir bouclé ses études en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. (...) Je me demande ce que fait Caleb, ou ce qu'il a envie de faire... (...) Le temps passe vite. Nous avons fêté mes deux ans à New York avec Abraham, et nous étions plusieurs à rester dormir à la maison après coup. La vie new-yorkaise me plait bien, mais je me consacre pleinement à mes études. J'ai enfin obtenu l'accès à la New York Private Wizarding Library. Abraham dit que c'est une perte de temps, mais je veux au moins y jeter un coup d'oeil - au cas où. (...) Je suis revenu pour le mariage de Benyamin et Isla. Qu'il épouse une goy passe encore, mais quelqu'un d'aussi fade... Il est amoureux, dit-il. Je ne pense pas que ça va durer. (...) Ariel est venu me voir à New York, et je lui ai montré la ville avant de le présenter à un chirurmage basé à Manhattan que j'ai rencontré lors d'une soirée mondaine organisée par la NYSoA. Dr Strange était très impressionné par mon frère. Il a bien raison.

Benyamin m'a envoyé un faire-part: Isla a accouché d'Isla et Joan il y a quelques jours, le temps que le hibou me parviennent. Je suis leur oncle. (...) J'ignore pourquoi cela me fait bizarre. Il y avait des photos incluses avec sa lettre. Elles ne ressemblent pas à grand-chose, pour l'instant, mais je devine déjà le nez de leur mère... Décevant. (...) Je lui ai répondu et demandé de me joindre des mèches de leur cheveux dans sa réponse. (...) J'ai décidé que j'allais retourner quelques temps au Pays de Galles, pour rencontrer mes nièces et aussi pour prêter main-forte à Ariel qui est en train de finaliser ses recherches. (...) Abraham m'a dit que si je partais, je serai radié de la NYSoA. Je sais qu'il ne rigolait pas, mais je sais que nous allons nous arranger, lui et moi, et qu'il ne pensait pas les horreurs qu'il a dites en pensant me blesser. Il s'attendait peut-être à ce que je reste dans son ombre toute ma vie. Je ne comprends pas l'orgueil, encore moins chez un alchimiste de génie comme lui. (...) L'hubris est impardonnable et est le seul défaut dont je promets ne jamais souffrir.

tw: murder Abraham a changé la serrure - j'ai heureusement retrouvé l'adresse de Mrs Samberg dans mon carnet d'adresses. Sa chambre n'était plus libre, mais elle m'a laissé dormir sur le canapé. (...) Babka au réveil. J'aimerais vivre sur le canapé de cette femme pour toujours... (...) Après plusieurs jours pour le laisser réfléchir, je me suis rendu à la boutique. Je n'ai jamais vu Abraham si énervé - il m'a demandé cinq fois pourquoi je n'étais pas venu avant, et j'aurais presque pu en rire si je n'avais pas redouté que ça le trouble. J'ai essayé de lui expliquer, il n'a rien voulu comprendre. Je veux bien qu'il veuille ramener sa femme à la vie, mais ne voit-il pas combien c'est un désir... stupide? Elle est morte il y a trente ans, il n'y a plus rien à récupérer d'elle. Et elle n'est qu'une femme, une goy qui plus est, oubliée depuis bien longtemps. Felix est d'autant plus important. (...) Ils trouveront son corps demain matin mais ce sera trop tard, j'ai déjà réservé un Portoloin pour la Nouvelle-Orléans. Je me suis servi dans la caisse et dans les rayons - j'ai après tout travaillé ici pendant des années pour une misère, et je vais en avoir besoin pour faire ce que je suis destiné à faire. De retour au brownstone, j'ai pris ses recherches et ses dernières économies qu'il cachait (maladroitement) derrière l'une des mosaïques de la cuisine. (...) Je me rends compte que lui aussi avait peur. On ne passe pas des décennies sur le même projet sans y parvenir. (...) Peut-être que je suis le seul sans-peur au monde.

tw: dubious consent J'ai retrouvé dans les carnets d'Abraham l'adresse de la sorcière dont il m'avait parlé, Madame Adeline. Il m'a fallu des jours pour la trouver à Bâton-Rouge, et quelqu'un de moins entreprenant et avec une mission moins importante aurait rapidement rebroussé chemin. C'est qu'elle n'est pas très agréable, mais peu importe. Il me faut quelqu'un de puissant et d'audacieux, et non de plaisant. (...) On se comprend, Adeline et moi. Je la laisse m'utiliser comme elle l'entend, que ce soit dans ses draps ou à travers la ville, et je trace des cercles pour elle quand elle me le demande. Je vais y arriver. (...) Enfin, elle a accepté de m'aider. Elle m'a demandé de préparer une question que je pourrais poser lors du rituel. Les esprits sont trompeurs, m'a-t-elle rappelé, mais elle ignore que je le suis d'autant plus. (...) Je vais leur demander: will I achieve wholeness? C'est un peu égoïste, mais la question repose tant sur mes frères que sur moi-même. (...) J'ai hâte. (...) Pour la première fois de ma vie, j'ai peur. (...) Je suis resté dix jours entiers dans le lit, fiévreux et délirant, avant qu'Adeline ne vienne à moi. Elle m'a demandé de partir. Je n'ai pas demandé mon reste, et j'ai pris un bus moldu pour le Mexique. (...) Je suis enfin arrivé au Pérou. La magie est omniprésente, ici. Je la sens pulser jusqu'à ma chambre d'hôtel, la nuit. (...) Je n'arrive plus à dormir. Je me sens encoreun peu malade... (...) Je me souviens, maintenant. Les esprits ont dit oui.

Ariel m'a envoyé un hibou pour me dire qu'il avait réussi, enfin, à faire sa première Magigref. Je savais qu'il allait y arriver et je suis très fier de lui. Je n'ai malheureusement pas d'argent pour lui faire un cadeau digne de ce nom, surtout du fin fond de l'Ica, mais j'essayerai de lui ramener quelque chose, quand je reviendrai... (...) Je vais devoir revenir plus tôt que prévu. Benyamin m'a écrit et m'a dit qu'Ariel n'allait pas bien du tout. Il m'a fait parvenir un peu d'argent pour que je puisse acheter un portoloin longue distance. Je pars demain. (...) J'ai passé les fêtes avec mes frères. Joan et Jill ont bien grandi, j'imagine, mais Isla est toujours aussi fade. Django a une nouvelle copine, il m'en avait parlé, elle est plus jolie que ce que j'aurais pu espérer. Caleb ne se plait toujours pas à la banque. Je n'ai quasiment pas vu Salomon. Les choses changent lentement. (...) Ariel m'inquiète. J'ai lu quelques livres mais j'ignore quelle serait la bonne stratégie, avec lui. Des fois, je me contente juste de lui parler. Parfois, on danse. Ariel aimait bien danser, quand on était petit. Il n'est pas très bon, mais peu importe. (...) Je dois repartir, j'ai enfin reçu mon visa pour l'Estonie et la Russie. Ils vont me manquer. Mais je reviendrai vite, et Ariel et moi ferons ce que nous avons à faire.

tw: age difference, maiming Evgueni, lui, n'est pas quelqu'un qui a peur, et je respecte ça chez lui. Il a tellement pas peur qu'il m'a invité chez lui sans prévenir le reste de sa famille, tout en s'excusant au cas où j'y perdrai quelque chose - apparemment, sa famille n'aime ni les surprises, ni les invités. (...) Il a bien fait de me prévenir. En me croisant dans un couloir, sa fille Feodora a failli me décapiter - au final, ce sont mon annulaire et mon auriculaire qui y sont passés, grâce à l'intervention d'Evgueni. Au moins, la plaie ne saigne pas mais inutile d'aller à l'hôpital, ils ne pourront pas les rattacher, d'après elle. J'ai quand même décidé de les garder. Polina m'a donné un joli sac en velours. (...) Le frère d'Evgueni, Vadim, est très intéressant - je me rends maintenant que j'ai déjà lu des articles écrits par lui (et maladroitement traduits). Il m'a montré une partie de sa collection de papillons, dont l'un qui meurt chaque soir et revient à la vie chaque matin. Nous avons beaucoup discuté, malgré la barrière de la langue. (...) Ils ont fini par me mettre dehors à la fin de la journée, mais j'ai laissé un double de la clef de ma chambre d'hôtel à Evgueni. Vadim va me manquer.

Les visites d'Evgueni s'espacent. Quelque chose le rebute, mais j'ignore quoi. (...) J'ai sacrifié mon dernier diamant. Je n'ai pas vu Evgueni depuis six semaines, cinq jours. Il faut que je trouve un nouveau diamant, et je ne connais personne à part lui qui pourrait m'en procurer un. Mes poches sont bien vides, mais je n'ose pas envoyer un télégramme à Django pour lui demander de l'aide - encore... (...) Mikhail est intéressant. J'ignore si j'attire les sorciers russes de sang-pur, ou si ils se sentent tous bien seuls sur leurs trônes de pacotille. (...) Il m'a battu aux échecs. Je crois que mon temps à Moscou tire à sa fin.

J'ai échangé quelques lettres avec Vadim, et ce qu'il m'a dit sur le papillon-zombie m'a été très utile. J'aurais bien aimé récupérer un specimen, ou au moins un peu de soie, mais il n'a pas voulu m'en fournir. Peu importe, j'irai à Cuba, d'où le papillon est originaire, en récupérer en chemin. (...) Je vais rentrer à la maison. Je crois que j'ai tout ce qu'il me faut, maintenant. Il faut encore que je vois avec Ariel quelques technicités mais je me sens prêt. Nous allons être complets. (...) Nous allons ramener Felix.

Rien n'a changé mais tout est différent, comme je m'y attendais. Ma chambre est restée intouchée, mais propre, et j'ai été content (et rassuré) de retrouver mes affaires comme je les avais laissées. Mes frères et moi avont dîné, et un peu bu, jusque tard dans la nuit en se racontant plein de choses, comme si on ne s'était pas vus pendant des années, des décennies, des siècles. Ils m'ont manqué. (...) Je vais m'accorde quelques jours de repos, le temps de rassembler mes recherches, avant d'en parler à Ariel. Je veux bien amener la chose, et je dois y réfléchir, utiliser les bons mots. Il travaille au contact de la mort chaque jour, et je n'ai pas envie de le brusquer en lui disant que je compte inverser l'ordre des choses... (...) J'ai visité la maison funéraire. C'est bien, c'est propre, et bien rangé. La conseillère funéraire était sympathique. (...) Je suis allé dîner chez Benyamin et sa femme. Sans surprise, elle est toujours d'un ennui terrible... je sens que ça ne va pas durer. Il ne veut toujours pas me croire qu'elle va le quitter, l'idiot. Jill et Joan, quant à elles, sont adorables, et ont beaucoup ri quand je leur ai montrées les boules de neige magiques que je leur ai ramené de Saint-Pétersbourg. (...) Je sens lentement la brève joie qui s'est échouée sur moi s'effriter et commencer à disparaître. Il est temps de passer aux choses sérieuses.

Ariel m'a écouté parler sans rien dire jusqu'à ce que j'ai fini (il sait que je déteste être interrompu) et à mon grand soulagement, a tout de suite compris et approuvé mon idée. J'aurais peut-être dû en parler à tout le monde en même temps, mais je voulais savoir ce qu'en pensait notre aîné avant toute chose. Demain, nous en parlons à table. (...) Salomon nous a entendus, je le sais. Je l'avais presque oublié, il se fait si petit et longe les murs, comme un intrus ou un squatteur. J'imagine qu'il est un peu des deux. (...) Je suis allé lui parler dans sa chambre, et lui ai fait promettre de ne rien dire à personne. Il est tellement stupide, véritablement stupide, mais je pense qu'il nous sera utile, le moment venu. (...) Cela ne va pas être une mince affaire, mais je ne peux pas me tourner vers quiconque que je connais pour nous venir en aide. Ce serait trop dangereux, j'aurais peur qu'on nous arrête ou qu'on tente de me voler mes recherches. J'ai fait venir un spécialiste de la sécurité au manoir, qu'il en vérifie le protections ancestrales et en rajoute des plus modernes. J'ai commencé à graver des runes à côté de nos mezuzah, sur les encadrements des fenêtres et des portes. J'ai montré à Caleb comment en faire certaines, et il m'a aidé à finir de faire le périmètre, et n'a pas protesté en m'accompagnant vérifier cinq fois que c'était bien en place. (...) Je sens une légère impatience monter en moi. Bientôt, nous serons réunis.

Caleb m'a demandé si les runes que je lui avais enseignées pourraient être utiles pour régler son handicap. Je suis passé chercher quelques livres à la British Wizarding Library, et j'ai essayé de passer la réceptionniste de la British Order of Alchemy and Transfiguration - en vain. Je ne pense pas qu'ils me permettraient de rentrer au sein de leur Ordre, ils demandent une présentation de thèse lors de la candidature, et il est hors de question que je parle de mes recherches. (...) J'ai trouvé, dans l'annuaire, l'adresse du British Institute of Transmutation and Equivalency. Le nom est prometteur. (...) L'endroit l'est un peu moins. Peu importe, ils avaient un exemplaire de Liber singularis de alchemiae praxis d'Oronce Fine. Un bon début. (...) Caleb ne parle pas un mot de latin mais je lui ai tout expliqué. Il dit que je vais y arriver. J'espère qu'il a raison.

tw: ableism J'ai échoué. (...) Caleb n'arrête pas de dire que je suis un génie, que même si il ne voit pas les couleurs, il y a quelque chose de différent. Mais j'ai échoé. (...) J'ai échoué. (...) Des flux magiques... j'ignore ce que ça veut véritablement dire. J'ai lu quelques recherches mais pas assez... je ne comprends pas ce qui a pu se passer. Je pensais que mon tracé runique était parfait. (...) J'ai échoué. (...) J'aurais peut-être dû faire un cercle. Mais j'avais peur de lui faire mal... (...) J'ai échoué. (...) Django m'a dit que ça irait. Que Caleb était heureux, que c'était le principal. Mais j'ai échoué. Il ne voit toujours pas les couleurs. Il est toujours cassé. (...) J'ai échoué. (...) C'est Ariel qui est venu me chercher quand je suis resté enfermé dans ma chambre. Deux repas par jour, il a dit. Je n'ai pas mangé, mais j'ai fini par sortir. (...) J'ai échoué. (...) Je n'échouerai plus jamais.

Après avoir rassemblé toutes les recherches d'Abraham, les miennes, et celles que j'ai récolté lors de mes voyages, je suis prêt. Le cercle que j'ai dévisé est complexe, il me prendra plusieurs heures, et j'aurais besoin de l'aide et de la magie de chacun de mes frères. J'ai consulté quelques spécialistes en la matière pour écrire, en me référant aux notes que j'ai prises lors de mes conversations avec Mikhail, des paroles rituelles que j'ai apprises à mes frères. Leur prononciation doit être parfaite pour que ça réussisse. J'ai choisi l'hébreu. J'espère qu'ainsi Hashem nous entendra mieux... (...) Ariel a obtenu un corps en bon état. Je voulais utiliser Salomon, mais Benyamin a dit que c'était une mauvaise idée, et quelque chose qu'il n'était pas prêt à faire. Il aurait pu être utile, pour une fois. (...) Demain. Le jour de notre anniversaire. (...) Le jour de notre renaissance. (...) Le jour de notre complétude.

tw: depression, alcohol abuse Nous sommes complets, enfin, mais j'ai l'impression d'être le seul à le voir. Ils n'ont pas perdu leurs yeux, pourtant. Juste un poumon, un rein, une jambe. (...) Benyamin refuse de sortir de sa chambre. Il boit à n'en plus finir. Il sait que c'est dangereux, pourtant, avec un rein en moins, je n'arrête pas de lui dire. (...) Il a verrouillé sa porte et quand j'ai insisté, il m'a hurlé de le laisser tranquille. (...) Django a démissionné. Je lui ai dit qu'il aurait dû prendre plus de temps pour lui. Il s'est énervé, et il a hurlé. Je n'aime pas quand il hurle. (...) Django a peur. Je l'ai vu dans ses yeux et ses doigts nerveux. (...) J'ai promis à Caleb que je trouverai une solution pour sa jambe, il ne peut pas se déplacer tout seul. Je me suis procuré une chaise roulante pour lui, et des fois je l'emmène dans le jardin pour qu'on puisse nourir les canards qui vivent dans la marre en jouant aux échecs. Ça me fait penser à Felix, et je sais qu'à lui aussi. Sauf que lui, ça le rend triste. (...) Il n'y a que Ariel qui a compris qu'on avait réussi. On passe des heures avec Felix. Django a dit que ce n'était pas lui, mais il a simplement peur - ça passera. (...) Je crois que je comprends mieux ce que ça veut dire, être heureux.

tw: ableism J'ai présenté mes travaux au BITE et ils m'ont donné le titre de Magister. Ariel a encadré le certificat et l'a mis dans le salon. Benyamin m'a félicité, mais il n'était pas sincère. Il pense toujours que nous avons échoué. (...) Il s'est énervé quand je lui ai dit que je trouverais une solution pour son rein. Tout le monde s'énerve pour un rien, en ce moment, surtout lui. Lui et sa femme se sont séparés. Quelle surprise... (...) Django a commencé à louer un appartement à Londres. Il a refusé de me donner un double des clefs. Moi aussi, j'ai des affaires qui durent jusque tard, dans la capitale anglaise. Peu importe. (...) J'ai passé l'envie de lui expliquer les choses, et de le reprendre comme lorsque nous étions enfants. Même si il a effacé son tic de langage, son esprit est en train de bégayer et de buter sur la même peur entêtante qui le fait fuir Felix, et il n'arrive pas à passer outre. Quand je lui ai proposé d'en parler, il s'est énervé lui aussi. Peu importe, il finira par comprendre. (...) Caleb comprend, lui, et Ariel.

Je n'ai pas fini mon travail. Cela fait six mois, maintenant, et ces six mois ont été cruciaux pour examiner Felix et observer son état et son comportement. Il y a eu beaucoup de progrès durant les quatorze premières semaines mais depuis, il stagne. Il comprend certains mots, mais pas tous les jours. Il reconnait les formes, les couleurs et certains animaux, mais pas tous. Il a des réactions circulaires primaires et seconds, mais il ne maîtrise toujours la permanence de l'objet, malgré les exercices qu'Ariel et moi lui faisons faire. (...) Felix n'est pas complet, ça veut dire que nous ne sommes pas complets non plus. Tout y était pourtant, dans mes recherches et dans ce que nous avons faits... je ne comprends pas. Nous avons tant sacrifié. Ça a fonctionné, bien sûr, d'une certaine manière, mais pourquoi pas entièrement? Mes doutes ne peuvent pas quitter ces pages, où ils infesteront les autres. (...) J'ignore ce qu'il lui manque. Je trouverai.(...) Il faut que je trouve, je ne peux pas échouer. (...) Et je ne peux pas décevoir mes frères de nouveau.

tw: mention of self-harm, depression, ableism Je ne suis pas très satisfait du travail d'Hollis sur ses cercles et ses runes mais la prothèse fonctionne très bien. Utiliser ma baguette est éreintant, et je préfère généralement garder mon bras en écharpe pour ne pas fatiguer les muscles de mon épaule qui ont fondu comme neige au soleil, mais qu'importe. Je suis presque symmétrique, maintenant. Presque. (...) Au moins, elle n'a pas fait de commentaire en voyant mon torse nu et les cercles et runes qui y sont gravés lors des essayages. Je lui ai néanmoins fait promettre de garder le secret, et de ne surtout pas le mentionner à Caleb. (...) Il peut enfin marcher. C'est fatiguant, pour lui aussi, mais nous avons commencé la rééducation ensemble. On va courir le marathon de Londres l'année prochaine, je lui ai dit, et il a ri. Ce son m'a fait du bien. (...) Benyamin broie du noir. Je n'arrive pas à lui parler, parce que je n'arrive pas à parler d'Isla sans lui rappeler à quel moins elle n'était pas faite pour lui, et lui pour elle. Caleb me dit qu'il vaudrait mieux que je m'en tienne éloigné, mais je n'aime pas voir Benyamin comme ça, à se traîner jour après jour comme un fantôme. Ne peut-il pas se forcer à sourire ou prétendre, au moins? Je fais ça depuis des années, moi. (...) Django n'est pas revenu à la maison depuis cinq jours. J'aimerais lui parler de quelque chose, de Rosario. (...) Six jours. (...) Quand il est revenu, je ne suis pas sorti de ma chambre. Je ne voulais plus lui parler. (...) Felix ne reconnait pas le portrait de notre père, et n'arrive pas à associer des images de nous à ses frères. Il a un vocabulaire de cent neuf mots, mais il n'arrive pas à les reproduire, juste à les comprendre. Je ne perds pas espoir, mais je crois que je sais ce qu'il lui manque, et que je sais pourquoi je me retrouve tant en lui. Il lui manque une âme. (...) Et j'aimerais tellement, tellement lui donner la mienne. Un bras n'est rien, et une âme n'est rien - ça voudrait dire qu'il est entier et complet, et que mes frères aussi. Mais je ne peux pas, je n'ai pas grand-chose à donner de ce côté-là, et ce ne serait pas assez. J'ignore même si c'est possible. (...) Je demande de la guidance à Hashem, mais rien ne vient. Je passe des heures à réfléchir et à écrire, à tourner encore et encore les pages de mes carnets comme si je ne les connaissais pas par coeur. Je veux simplement qu'Ariel, Benyamin, Caleb, Django et Felix soient heureux. (...) Il faut que j'en parle à Hollis, et aux autres membres du BITE, ils sauront peut-être. J'ignore si je peux leur faire confiance... (...) J'ignore si j'ai le choix.

tw: mention of self-harm La vie reprend son cours, et je me remets à mes recherches. J'ai laissé l'alchimie de côté, pour laisser mon corps récupérer. Parfois, pourtant, je le sens vibrer la nuit, un ronronnement bas et réconfortant, la magie gravée à même ma peau me protégeant des cauchemars et des mauvaises intentions d'autrui. La brûlure de la douleur et du couteau est encore présente, certes, et agite mes veines d'une tension quasi-constante, mais c'est bizarrement rassurant. (...) J'ai un bureau, au BITE, sous les toits. Je préfère travailler à la maison, même si il n'y a jamais personne. Benyamin dit que je devrais trouver du travail mais à quoi, je n'ai ni enfants à nourir, ni loyer à payer, ni divorce à financer, moi (il n'a pas apprécié que je le lui dise). (...) Je passe mes journées avec Felix et, quand il a besoin de se reposer, avec Salomon. Il ne parle pas beaucoup, il ne mange pas beaucoup, il ne respire pas beaucoup. Il est un peu trop maigre pour sa taille, je lui ai resservi du riz ce midi. Il avait les yeux brillants en me remerciant. (...) Il aime bien Chayim. Je l'ai laissé m'accompagner quand je suis allé le promener, mais il n'a pas le droit de le toucher. (...) Aujourd'hui, Salomon était en train de dessiner dans la véranda. Je lui ai demandé de me décrire exactement ce qu'il faisait. Il n'a pas osé, au début, et était encore hésitant que je l'ai encouragé. (...) J'ai volé ses carnets de dessin dans sa chambre. Il ne le remarquera pas. (...) Il dessine bien. (...) Mais il ne dessine que ce qu'il voit. Je lui ai demandé de dessiner quelque chose d'inventé. Je lui ai demandé de dessiner Hashem. Il a dessiné une sorte de nuage et quand je lui ai demandé ce que c'était, il m'a dit qu'il avait dessiné נְשִׁימָה. Un souffle. (...) Salomon a une âme. (...) Je crois que je sais ce qu'il me reste à faire.