C'est pas toujours évident de s'amuser. Surtout quand, comme Parvati, on s'ennuie lorsqu'on est seule. C'est comme ça depuis qu'elle est gamine, il lui faut quelqu'un à ses côtés, à se retrouver par elle-même elle finit pas tomber dans l'inactivité la plus totale. Un risque constant quand on est paresseuse comme peut l'être la gryffindor. Alors on s'accompagne pour éviter habilement l'ennuie. Et ça marche. Avec sa sœur, forcément, elle s'amuse. Que ce soit déguisée dans les rues illégales sorcières ou à arpenter le monde moldu, elle a l'impression d'avoir le sourire aux lèvres depuis qu'elles se sont croisées. Elle l'aurait probablement eu si la sœur en question ne l'aurait pas mal pris lorsqu'elle l'engueulait. Heureusement c'est instantanément oublié tout ça, elle est seulement rancunière quand elle en a envie, la Parvati. Et là, ce serait bien audacieux de sa part, quand l'engueulade était totalement méritée. Légitime certaines diraient même. Elle a cependant une capacité impressionnante pour laisser tous ces détails de côté. C'est parfois nécessaire de nos jours. Oublier la situation actuelle, oublier tous les sacrifices faits pour en arriver là. Les trahisons vécues par chacune des jumelles de la part de l'autre, les abandons communs. Mais on a dit qu'on oubliait justement ! S'agit de s'amuser, non mais oh.

"Mais non! Il est bien trop timide pour être un adorateur de tu-sais-qui." Pas faux, ils ont une grosse tendance à l'exubérance, les méchants. La brune pense quand même un instant à Gellert. Le mage noir qui n'aime pas parler de lui, qu'il a fallu interroger pendant trois semaines avant de tirer la moindre information pertinente. Y'en a peut-être quelques uns qui finissent discrets avec l'âge. "Je lui demanderai. Reste à voir si cette personne aime les ennemis de l’état!" "T'inquiètes, s'il nous aime pas, j'écrirai de la propagande de l'ordre à lui refiler. Et si ça le convint pas, s'il aime pas mon style, tu seras bien entendue interdite de le fréquenter." Ca la renvoie des années en arrière, à juger les mecs qui s'intéressaient un peu trop à sa jumelle. A enquêter sur eux, utiliser toutes ses sources de potins pour tout savoir. C'est plus compliqué maintenant, les sources, elles sont plus bien efficaces. "Pas mal, mais j’aimerais bien un truc bleu." Elle roule des yeux exagérément avec toujours le même sourire collé au visage. "Evidemment, du bleu. Serdaigle jusqu'au bout." Probablement la solution du choixpeau pour éviter les problèmes au sein du château. Les coller dans des maisons différentes, impossible de les confondre si elles n'arboraient pas les mêmes couleurs.

Plongée à nouveau dans la recherche experte d'une tenue, elle écoute les questions avec autant d'attention que possible. "Bof bof. Je vois du monde, des gens cool, mais y'a encore toujours ce petit truc gênant. Genre, ils me font pas entièrement confiance, supposent que j'vais disparaître à la moindre occasion." Et après une courte pause à étudier un pantalon, Parvati reprend "Mais ça arrivera forcément ! Des jeunes comme nous, coincés dans des planques miteuses, il se passera bien quelque chose un jour"

Elle peut évidemment s'en prendre qu'à elle-même. Elle avait quitté le pays, pouvait vivre tranquillement à l'étranger, loin des gouvernements maléfiques, des traumas adolescents, de la guerre. Une vie normale avec des problèmes à l'envergure mesurée. Une vie simple. Seulement elle a choisi de revenir et implicitement, mis de côté l'espoir d'avoir une existence sociale classique. En plus de s'être donnée une quête personnelle dangereuse, pour bien compliquer les choses. Parce que quitte à abandonner la vie paisible, autant le faire à fond. Ce qui lui enlève pas le droit de s'en plaindre, régulièrement. Son choix jusqu'au bout, y'a bien qu'elle qui puisse le critiquer. Parvati peut même le regretter, de temps en temps. Pas aujourd'hui, aujourd'hui finalement elle s'est baladée en ville, a trainé avec sa sœur, c'est définitivement une bonne journée. C'en est pas toujours. Y'en aura encore pleins des jours difficiles, où l'idée d'être revenue dans ce pays damné pour combattre un mal enraciné lui paraîtra fou. Insensé. A l'instant c'est une petite tristesse passagère, face à l'idée agréable de vivre plus doucement. De se soucier d'histoires de cœurs, de ce qu'elle portera demain.

Elle avait quitté le pays, elle aurait pu vivre tranquillement, loin des mages noirs, des conflits violents, des misérables planques. Loin des amis, des souvenirs, des villes qu'elle aime. Loin de Padma. De sa chère sœur. Ca fait bien longtemps qu'elle lui en veut plu, elle aura beau balancer quelques piques moqueurs, quelques réflexions mal placées, la sorcière lui a pardonné depuis des années. D'avoir choisi l'autre voie, celle qu'elle aurait très bien pu emprunter si les choses avaient été un poile différentes. Peut-être que ce serait l'autre jumelle la fugitive, à survivre difficilement. Peut-être qu'elle aurait pas survécu, et Parvati serait encore plus seule. Une pensée bien trop sérieuse quand on regarde sans grande raison des robes moldues. "Elle sera parfaite avec une tunique noire, tu ne crois pas?" Le sourire radieux sur le visage identique, qui lui réchauffe instantanément le cœur. C'est probablement un peu arrogant. "Carrément."

Elles quittent rapidement l'établissement après la case caisse, en sachant toutes les deux ce que ça implique. Une énième séparation, chacune repart de son côté. C'est jamais très évident. Padma est toujours réconfortante. "On se voit bientôt, d’accord. Ne fais pas de bêtises et surtout, sois prudente." Et toujours un sourire en réponse. "Cite moi une seule fois où je n'ai pas été prudente..." Elle avait quitté le pays, elle aurait pu ne jamais revenir. Mais ici elle se bat pour au moins une personne importante. Et c'est suffisant.