j'suis qu'un fantôme quand tu vas où j'suis pas.
st-james manor ; février 2007
Douleur. Immense, incommensurable. Elle irradie ton corps entier, semblant atteindre la moindre parcelle de ton âme. C'est comme si on te broyais le bas-ventre dans un étau, fort. Et toi, tu hurles. Encore et encore. Et tant craint, à la fois. Bien-sûr, tu avais fais la fière. Tu avais clamé haut et fort, que tu ne hurlerais pas. Que tu resterais digne dans cet instant que tu avais tant attendu. Tu parles. Malgré la potion calmante que t'as donné la médicomage de l'ordre, tu ressens cette douleur lancinante qui semble prendre possession de ton corps tout entier. Et pourtant, tu la savoures. Cette douleur, si forte, lien entre toutes les femmes en cet instant séculaire. Milles pensées te traversent l'esprit. Tu penses à ta mère, qui il y a presque trente ans jours pour jours, se tenait en la même position pour te donner la vie. Tu penses à Molly, qui par sept fois l'a donnée. Tant de femmes, que tu admires. Que tu aimes, au plus profond de ton âme.
Tu peux le faire.
Tu dois le faire.
Pour elles.
Pour Bill.
Et pour ce bébé.
Tu pousses un cri, sentant à nouveau une vague de douleur traverser ton corps. Si forte que tu te sens défaillir avant de te ressaisir. Bill se tient là, à côté de toi. Sa main enserre la tienne, si fort que tu sens ses ongles s'enfoncer dans ta peau, à moins que ce ne soit les tiens qui s'enfoncent dans sa paume. Mais qu'importe. Il est là, te murmurant des paroles d'encouragement sans le moindre sens. Il est là. Et cela te donne plus de force que jamais. Et toi, tu pousses. Encore et encore.
Allez, il est presque sorti. Un dernier effort. La de la médicomage te sembles lointaine tant tu es concentrée, sentant ton corps tendu au possible. Et là, une dernière poussée. Plus forte.
« Aaaah ». Un soupir, ultime. Et tu ressens qu'il sort enfin. Et alors que la médicomage se saisit du bébé, mille questions te taraudent l'esprit. Tu penses à l'Ordre, à la guerre. À ceux que tu as perdus et ceux que tu protèges. Tu penses à la peur, et l'appréhension qui t'ont accompagnées durant ces neuf mois. Et les doutes.
Est-ce raisonnable ?
Que vais-je faire d'un bébé en pleine guerre ?
Et si je le mettais en danger ?
Et si j'étais complètement inconsciente ?
Et si j'étais une mauvaise mère ?
Et si ?
Et là, un cri. Qui résonne dans la chambre, et qui résonne au fond de toi. Et là, tout doucement, elle pose le bébé sur ta peau.
Félicitations, Miss Weasley, c'est une fille.« Oh .. » Les mots bloquent contre tes lèvres, incapables de sortir. Comme si aucun mot ne pourrait être assez fort pour décrire ce que tu ressens. Cela va au de-là de l'indescriptible. À la fois si doux et si fort. Une vague d'amour qui te submerge, faisant pointer des larmes aux coins de tes yeux. Elle est là, dans tes bras. Rien n'a plus d'importance que ses grands yeux bleus qui te fixent. Sa peau, si douce contre la tienne. Et rien n'a plus d'importance que ça, que ces sensations. Les questions s'envolent. Plus de doutes. Plus de peur, ni même de questions imbéciles. Rien ne compte plus que ce souffle qui résonne contre ta poitrine, et ses yeux qui te regardent. Bill pose un baiser sur ton front, avant d'effleurer le front de sa fille. Votre fille.
À moitié lui, à moitié toi.
Complètement elle.
Tu lances un regard vers Bill, observant dans ses yeux la même lueur qui brille dans les tiens. L'amour le plus fort, et le plus pur. Et cette joie, indescriptible. Qui te transcende littéralement. C'est comme si les douleurs s'étaient envolées, comme si elles n'avaient jamais existé. Elle est là, et c'est tout.
« Bonjour Hope. ».
Hope.
Vous aviez beaucoup réfléchi aux prénoms. Prénom français ? Prénom Anglais ? Une chose était sûre, vous vouliez un prénom qui ait du sens. Et il y a eu cette douce soirée, passée à discuter sur la plage bordant votre cher Shell Cottage. Une des rares soirées ou vous aviez pu souffler, un peu avant de rejoindre St-James pour la fin de ta grossesse. Un peu naïvement, vous vous étiez dit que si l'ordre avait réussi à vaincre ce gouvernement, vous l'auriez appelé Victoire. Mais bien évidement, cela n'était pas le cas.
C'est juste un espoir, avait dit Bill. Un espoir. L'espoir de réussir. L'espoir d'offrir à cet enfant un monde meilleur, loin de la douleur. Loin des idéaux de sang. Juste l'espoir. Et là, ça avait sonné comme une évidence.
La main de Bill se pose sur ton épaule.
Et vous ne parlez pas.
Les mots ne suffisent pas, parfois.
Vous êtes justes heureux.
Formidablement heureux.
Et le reste n'a pas d'importance.
- huhu:
et merci
@Freya Abbott pour le faire part kitch à souhait