Blaise est un peu nerveux et quand il est un peu nerveux, il a tendance à boire.
Il voit bien le regard un peu désapprobateur de Pansy sur lui, mais elle ne l'arrête pas quand il se serre de nouveau, assis à côté d'elle dans leur petite alcôve à l'écart de tous. Blaise a passé l'heure précédente à voguer parmi les invités, à les accueillir, échanger quelques mots avec tout le monde, sa femme le joignant parfois dans ses conversations mondaines. Avant ça, il était sur le terrain, il a discuté avec ses prisonniers ainsi qu'avec les dragonologues engagés pour l'occasion. Il s'est assuré qu'aucun des invités étaient au courant... Il peut aussi voir que Kalen est légèrement nerveux, ils savent tous les deux qu'ils misent beaucoup sur ce soir. Mais Blaise peut déjà imaginer l'excitation qui va agiter les rangs des personnes présentes.
Et pourtant il est nerveux, donc il boit. “ I need to unwind, dear, let me, ” marmonne-t-il à Pansy qui fronce son joli nez à chaque fois qu'il se penche pour lui voler un baiser, prétendant qu'il pue le gin. Des légers baisers aussi ça aide, pour calmer la nervosité... Et même si elle fronce du nez et bougonne, Pansy ne lui en refuse pas même un.

L'heure approche, certains invités arrivent sur le tard alors que la plupart se sont déjà installés à leur place de prédilection. “ Mister Adarius Gibbon! ” fait-il en reconnaissant un habitué des lieux, se levant et retirant sa main du genou de Pansy pour attraper celle tendue de son invité. “ It's been a while. — It has, Blaise, it has. May I borrow him for a spell? ” Pansy hoche la tête et Adarius le mène un peu plus loin. “ Well, as we've discussed... — Ah, yes, your guest! ” Ils se sont arrangés par courrier. Blaise doit parler à chaque personne qui pénètre dans le manoir de Gracefield, pour lever la malédiction et les empêcher de mourir dans d'atroces souffrances. Il suit Adarius, leurs mains toujours serrées, l'autre main de son aîné sur son épaule qui le guide avec force. “ I believe you may know each other, although even I must admit that names are not my forte, ” lui intime Adarius, alors que Blaise hoche la tête en gardant un sourire plaisant. “ If you don't, I'm sure you will get along. ” Blaise s'attend à tout et à rien, mais encore moins à se retrouver face à Nott.

Son visage change légèrement, sa posture aussi. Il se redresse légèrement et son sourire se crispe, mais demeure. “ Oh, Nott. What a lovely surprise. ” Il a lâche la main d'Adarius mais ne la tend pas à Theodore. “ You are now welcome to the Battues. ” La malédiction n'est levée que quand il prononce le mot Battues devant autrui. “ Adarius, I believe that's me. ” Il se tourne vers l'autre homme, qui a l'air un peu interloqué, mais est très conscient des jeux sociaux locaux pour oser s'y mêler. “ I'll see you later, old sport. Nott. ” Il ne lui adresse pas un regard en s'en allant.

Blaise a tendance à boire quand il est un peu nerveux. Il a tendance à s'oublier quand il est en colère.

Il est très bon pour boire en public. Il rajoute du sucre et du sirop et il parle beaucoup et même Pansy ne semble pas s'en rendre compte, parce qu'elle n'en dit rien, ou du moins n'exprime pas sa désapprobation si c'est le cas. Alors il boit, et la soirée commence, et comme il s'y attendait, les gens se précipitent au comptoir pour les paris, des cris de satisfaction et de surprise se font entendre, plusieurs personnes défilent à sa table pour le féliciter ou lui parler du spectacle qui se déroule sous leurs yeux.
Blaise essaye de se concentrer sur sa boule de cristal mais ses yeux n'arrêtent pas de voyager jusqu'à Nott. Putain de Nott.
Il grignote et il boit et il caresse le genou de Pansy et il lui embrasse la joue quand il ne quémande pas ses lèvres directement.

Il sent l'alcool lentement commencer à faire effet dans son coeur, faisant gargouiller son ventre et réchauffant ses joues. Il se lève pour aller aux toilettes, de passer un peu d'eau sur le visage, se regarder dans le reflet. Il a les yeux un peu vitreux, et offre une grimace à son reflet. “ At least I still have my good looks, ” commente-t-il à haute voix avant de rire de sa propre bêtise, et de quitter la petite pièce après s'être lavé les mains.
Il se dirige vers la table qu'il partage avec Pansy, mais ses pas finissent par le mener au bar, parce que Nott s'y trouve, à moitié accoudé, les yeux rivés sur sa boule de cristal. Adarius a enfin quitté son côté et Blaise se glisse à sa place, dans le dos de Nott, avant d'abattre avec force sa main sur son épaule. “ You have some fucking nerve showing your face around here, Nott. ” Les mots sont durs, et pourtant la voix est presque... plaisante? Il semble que Blaise ait cette habilité aussi rare que terrifiante de dire des choses horribles d'un ton étonnamment charmant. “ Did you finally grow a pair of fucking balls? Is that what happened? Or is your father still holding them in one hand? ” Et il rit, un rire charmant encore une fois, en tapant l'épaule de Nott avec un peu trop de brusquerie pour que le geste soit aussi amical et complice qu'il pourrait sembler être. “ Nott, you idiotic son of a bitch. ” Du coin de l'oeil, Blaise peut déjà voir Pansy se lever et s'approcher d'eux à grands pas. Les doigts de Blaise s'enfoncent dans l'épaule de Nott avant de le lâcher. “ You shouldn't be here. ”

Theo n'aimait pas vraiment les surprises. Il aimait savoir ce qu'il se passait et quand cela se passait. Ne pas savoir, ne pas avoir de contrôle sur sa vie le rendait quelque peu anxieux. Gibbon lui avait déjà parlé de ces « évènement secrets », auxquels seuls les sorciers les plus puissants et les plus riches pouvaient participer. "Someday, I might just take you", il lui avait dit, et Theo avait quelque peu oublié cette promesse. Il était curieux, certes, mais il était aussi Theo, et il pensait, d'une certaine façon, que ce qui excitait tant son mentor le laisserait de marbre, comme beaucoup de choses.

Le temps avait passé et lorsque Gibbon lui avait dit qu'il avait réussi à négocier un invité, Theo n'avait pas tout de suite réalisé de quoi il parlait exactement. Le vieil homme n'avait pas non plus l'air enclin à révéler ce secret, décrétant que la surprise n'en serait que meilleure s'il ne savait pas à quoi s'attendre. Theo avait donc essayé de prendre un air enjoué, et avait dit à son mentor qu'il ne pouvait attendre de découvrir cette surprise.
Gibbon lui avait confié, à quelques jours de l'évènement, que leur portoloin était arrivé, et que Theo devait se préparer à voir quelque chose d'inoubliable.

Ils étaient arrivés ensemble et Gibbon l'avait laissé seul quelques instants, le temps d'aller chercher l'hôte de l'évènement, celui qui devrait lui accorder le droit d'y participer. Theo avait pris le temps d'observer, sans grand intérêt, les invités présents. Il pouvait reconnaitre certains visages, il avait même échangé avec certains invités des hochements de tête courtois. Il avait l'habitude d'être entouré de personnes d'influence, de ces sorciers qui font partie de la haute société, il devait cependant avouer que ces sorciers là étaient bel et bien le haut du panier, la crème de la crème et il commençait à se demander s'il était réellement à sa place parmi eux.

Lorsque Gibbon revient vers lui, ce sentiment ne fait que s'accroître. Il ne pensait pas faire face à Blaise directement aujourd'hui, le croiser peut être, le voir de loin, mais pas devoir avoir une conversation avec lui, aussi brève soit elle. Il peut sentir l'atmosphère s'alourdir, alors que Gibbon est tout sourire, heureux de sa trouvaille, fier de son apprenti et de l'avoir amené à un tel endroit. "Oh, Nott. What a lovely surprise," les mots de Blaise sont chaleureux, mais sa politesse s'arrête ici. "Zabini. Good to see you", il le remercie rapidement, n'a pas vraiment le temps de s'étaler alors Zabini repart aussi vite qu'il était arrivé. Gibbon a l'air assez interloqué, "didn't you know each other from school?", le ton est innocent, mais son regard en dit long. "We did", Theo ne s'attarde pas sur la réponse et son mentor n'insiste pas.

Gibbon lui explique brièvement ce qu'il se passe et les différents moyens d'assister à l'évènement. Son mentor est un habitué, il fait partie de ceux qui participent pleinement à ces battues, qui veulent être au coeur de l'action. Theo ne fait clairement pas partie de ceux-là. S'il n'apprécie pas plus les prisonniers que son acolyte, il n'apprécie pas de se salir les mains, et ne le ferait que si Cadmus insistait réellement, ce qui n'est heureusement pas le cas.

Ils se dirigent vers le bar, où Theo commande un verre, plus pour avoir quelque chose à faire que par réelle envie. Gibbon lui a également donné une boule de cristal, dans laquelle on peut suivre un des prisonnier. Gibbon reste quelques temps avant de partir rejoindre ses amis, des habitués qu'il a hâte de pouvoir lui présenter. Les minutes passent comme des heures, pas aidé par les regards pesants que les époux Zabini posent sur lui, et si au début Theo était assez curieux de voir ce qu'il allait se passer et assez intrigué par le dévouement de ces sorciers qui dépensent tant pour un tel évènement, il s'est vite lassé. Il a très tôt compris que l'homme n'était pas fondamentalement bon, et ce n'est rien de plus qu'une démonstration de pouvoir par des gens qui n'ont su trouver d'autres moyens. Il espère qu'il pourra briller par ses connaissances et son travail, et non par les scénarios sadiques que peuvent créer son esprit.

Il n'est qu'à moitié surpris lorsque Zabini s'approche enfin de lui, mais la force de sa main le fait tout de même sursauter, et il se hait pour avoir encore des réflexes si humains. Blaise sent l'alcool et la colère a plein nez et Theo devrait sans doute s'inquiéter de son état, mais il en est simplement agacé. Il n'aime pas quand Blaise boit et n'a jamais vraiment aimé ça. "Did you finally grow a pair of fucking balls? Is that what happened? Or is your father still holding them in one hand?" Il devrait bien savoir que Theo n'a que faire de ces sortes de railleries, pourtant les mots qui lui échappent semblent dire le contraire, "You spend a lot of time thinking about my balls don't you Zabini? You probably cannot do much with yours if you drink like that everyday." Il sait que c'est un coup-bas, et qu'il vaut mieux que ça, mais les souvenirs de ce qu'il a vu sont toujours ancrés dans son esprit, et si lui-même en a eu honte, il espère que Zabini ressent cette honte davantage. "Don't touch me", il ajoute, alors que Blaise lui tape de nouveau l'épaule. "I didn't know where Gibbon was taking and trust me, had I known, I wouldn't have come", il a regretté sa présence dès qu'il a réalisé qu'il était dans son territoire et la réalité de la chose semble lui tomber dessus à cet instant précis. La silhouette de Blaise semble gigantesque à ses côtés et le bruit des pas de Pansy résonnent dans son cerveau comme l'annonce d'une très très mauvaise journée.

Tap tap tap, fait le talon de Pansy en tapotant régulièrement le pied du fauteuil sur lequel elle est installée, impatiente et agacée. Blaise n’arrête pas de se servir et se resservir à boire et dans les boules de cristal devant eux se jouent des scènes sordides. Elle ignore ce qui l’agace le plus dans tout ça. Pansy essaye d’être gentille, ou du moins sympathique, ou du moins supportable. Elle s’efforce de faire plaisir à Blaise pour lequel elle a consenti à gracier Gracefield de sa douce présence. Les Battues sont loin d’être sa forme de divertissement préférée : ce n’est que la troisième fois qu’elle y assiste en dépit des invitations répétées de son mari et meilleur ami. Il est très fier de sa petite entreprise, qui n’a d’ailleurs rien de petit vu les Gallions en quantité absolument scandaleuse qu’il y récolte à chaque fois. Il ne s’en cache pas et elle non plus, n’a jamais fait un secret de son aversion pour la chose. Elle lui a dit très clairement que tout ceci ne sied pas à quelqu’un du rang de Blaise. C’est très tacky comme idée de business, franchement de mauvais goût. On dirait un nouveau riche.

Elle a du mal à saisir le plaisir complètement sadique que peuvent en tirer les spectateurs réguliers et même si Pansy apprécie énormément l’argent, elle même aurait énormément de mal à s'en faire sur le dos de ces pauvres hères qui courent pour sauver leur vie. Mais Blaise voulait vraiment qu’elle vienne cette fois-ci, il a dit que c’était une Battue spéciale et elle n’a pas su lui refuser. Il commence à avoir un peu trop de pouvoir sur elle à son goût. Toutefois, elle a décidé que ce n’est pas ce soir qu’elle le lui fera regretter. Non, ce soir elle joue l’épouse tranquille, qui ne dit rien quand il enchaîne les verres même si elle n’en pense pas moins. Elle a les yeux fixés par-dessus la boule de cristal, ayant assez peu envie de se retrouver avec les mêmes hauts-le-cœur que la dernière fois qu’elle a bien voulu assister aux Battues, en 2001, peu après la révélation de l’impureté des Malfoy et des Bulstrode. Plusieurs fois Blaise la quitte et elle s’agace un peu plus, mais chaque fois elle ne dit rien. Elle pense qu’il devrait mieux se contrôler puisque techniquement il travaille ce soir, mais elle le laisse faire les choses à sa façon, le laisse profiter de sa soirée, si peu charmante celle-ci soit-elle à son goût à elle. Au moins quémande-t-il régulièrement des baisers de sa part, ce qui, pour une raison qui l’agacerait bien plus si elle acceptait de l’entendre, rend la soirée un peu plus douce à ses yeux. Elle ne lui en refuse pas un seul, au contraire, bien trop ravie de lui offrir ses lèvres même s’il pue l’alcool à plein nez. Elle finit pourtant par se lasser d’une de ses absences trop longues, le cherchant du regard, profondément ennuyée par le spectacle qui pourtant agite joyeusement les spectateurs autour d’elle. Elle le cherche aux autres tables, en train de saluer un retardataire ou de discuter du pari d’un bon client, mais non, elle le trouve au bar, fronçant aussitôt les sourcils puisqu’ils ont déjà beaucoup de bouteilles sur leur propre table et que malgré le bel effort de Blaise jusque-là il ne les a pas toutes finies. Elle se lève rapidement, prête à le ramener un peu la réalité, mais elle s’arrête avant d’avoir même fait un pas en reconnaissant la personne à qui Blaise s’adresse. Loin d’être le barman ou un quelconque partenaire en affaires, c’est son cousin à elle, le témoin de Blaise à leur mariage.

Les sourcils si froncés qu’ils se touchent presque elle les rejoint assez vite pour entendre les derniers mots de leur conversation. “ Theodore, what a lovely surprise. ” Fait-elle comme si elle ne venait pas de l’entendre dire qu’il ne serait pas venu, s’il avait su où on l’emmenait. Elle doute que ce soit à cause des Battues elles-mêmes. “ I haven’t seen you since… ” Elle n’achève pas sa phrase, l’air agacé comme si le souvenir était trop lointain pour qu'elle s'en souvienne. Un déjeuner à deux au milieu d’une journée de travail, quelques lettres, pas grand chose somme toute depuis ses noces. Aucun d’eux n’a su comment prendre l’initiative pour renouer complètement. Comme s’ils n’étaient plus amis sans Blaise entre eux alors que c’est elle grâce à elle qu’ils se sont connus, grâce à elle qu’ils sont devenus amis. La mémoire de Theodore semble s’être perdue aussi vite que la gratitude qu’il n’a jamais eu envers elle. Quant à Theodore et Blaise, elle ignore s’ils se sont revus depuis. Une part d’elle, mesquine au possible, jalouse en secret, n’espère pas. Ayant ramené sa coupe de champagne avec elle elle la tend au barman pour qu’il la remplisse et attrape le bras de Blaise dans un geste qui pourrait sembler naturel. Elle a bien vu comment Blaise a touché Theodore, une main sur son épaule, comme s’ils étaient encore amis. Elle a bien vu comme Theodore s’est dérobé et a entendu comme il lui a demandé de ne pas le toucher et elle se demande si son cousin a développé sa légilimencie depuis son premier essai avec Blaise, s’il peut désormais s’insérer dans ses pensées, s’il sait ce que Blaise ressent actuellement pour lui. Est-ce pour ça qu’il lui a dit de ne pas le toucher ? Y a-t-il encore des pensées interdites dans l’esprit de son mari ? “ I do hope you have congratulated our dearest Blaise for his success tonight? ” Elle-même ne l’a pas fait mais c’est un détail dont elle ne s’embarrasse pas alors qu’elle prend une gorgée de sa coupe nouvellement remplie en adressant un petite sourire à son cousin. Elle devrait être médiatrice entre les deux, réparer ce qui peut l’être entre eux, ou du moins essayer, mais elle a toujours été plus douée pour la casse. Prendre parti est plus facile que de rester neutre, surtout quand ses propres sentiments la malmènent. “ Have you placed a bet then? No? Right. Taking risks was never your forte… ” Son cousin est couard, c’est un fuyard qui les a abandonné elle et Blaise à la première difficulté. Elle ne lui a toujours pas pardonné.

Blaise connait bien Theodore: après tout, ils ont été amis suffisamment longtemps pour grandir ensemble, s'apprivoiser. Les moqueries du genre, puériles et vulgaires, ne fonctionnent pas avec lui: c'est plus l'apanage de Blaise. Et pourtant: "You spend a lot of time thinking about my balls don't you Zabini?" Blaise ne peut pas s'empêcher de blêmir en l'entendant, ses yeux sombres balayant les gens présents avec angoisse. Il a peur que quelqu'un l'entende, prenne note de quelque chose qui est faux. Complètement, irrémédiablement faux. Theodore s'est assuré que ce soit faux en partant. "You probably cannot do much with yours if you drink like that everyday." Heureusement, sur ce plan-là, Blaise n'a peur de rien. Mais la honte reste présente. Un sentiment étrange, qui lui tord l'estomac. Blaise n'a pas l'habitude d'avoir honte.

"Don't touch me." La main de Blaise retombe déjà, mais pas parce qu'il le lui demande, non, elle retombe parce qu'il s'en fout de lui, il s'en fout de Theodore avec ses idées incongrues et son intellect dépassant le sien de loin et ses blagues vaseuses et hésitantes et le pli sérieux de sa bouche face aux pitreries de Blaise. Il s'en fout de Theodore, le fait qu'il sache pas s'habiller, qu'il ait les cheveux soit trop longs soit trop courts, il s'en fout, il s'en fout, il s'en fout de lui. Ils ont grandi, il n'a plus besoin de lui ou de Draco, lui et Pansy n'ont besoin de personne et encore moins de lui. "I didn't know where Gibbon was taking and trust me, had I known, I wouldn't have come." Et bien qu'il parte! Blaise ouvre la bouche pour lui en dire autant mais déjà les pas de Pansy, qu'il entendait se rapprocher avec leur rythme incessant, lui indiquent qu'elle est proche et elle les interrompt: “ Theodore, what a lovely surprise. ” Blaise referme la bouche et se tourne légèrement vers elle. “ I haven’t seen you since… ” Malgré lui, Blaise ressent un élan de jalousie, parce qu'il sait qu'ils se sont vus, quoiqu'en coup de vent, après leur mariage. Il est à peine apaisé par la main de sa femme sur son bras. “ I do hope you have congratulated our dearest Blaise for his success tonight? ” Blaise la regarde en coin (elle-même ne l'a pas fait) avant de reposer ses yeux sur Theodore, se redressant légèrement pour s'éloigner de lui.

Il s'en fout de lui. “ Have you placed a bet then? No? Right. Taking risks was never your forte… ” Blaise renifle avec un petit sourire à ces pensées. C'est dommage que Pansy soit déjà là parce qu'il était prêt à expliquer à son cousin exactement ce qu'il fait de ses balls certains soirs, mais il pense que Pansy n'apprécierait pas forcément que leur vie privée soit ainsi exposée. “ Nothing's keeping you here, Theo, ” crache-t-il avec un peu trop d'hostilité, malgré la main de Pansy qui se serre sur son biceps. “ You're more than welcome to leave at any time instead of drinking and eating on my dime and boring everyone to death with your attitude. You inept socially moron, ” ajoute-t-il en se reculant, ignorant toujours les doigts de Pansy qui ont l'air de se transformer en serres de harpie autour de son biceps. L'insulte est aussi maladroite que mal construite: il a du mal à parler. Il dégage un peu brusquerie son bras de l'emprise de Pansy en lui adressant un regard noir, l'alcool faisant tourner son sang dans ses veines dans tous les sens. Et comme un enfant qui refuse de s'adresser directement à son archnemesis dans la cour de récré: “ tell Theodore that he is not welcome here in the slightest. ”

Les mots de Pansy sont doux et cordiaux, au début, Theo ne s'attendait pas à moins d'elle. Elle est bien élevée, ils le sont tous. Néanmoins le souvenirs de leur dernière rencontre est plus amer. Theo se doute qu'elle lui en veut, et elle  a raison. Ils ne se sont pas beaucoup vus depuis le mariage, la situation est coriace, gênante à un tel point que même lui en est rendu mal à l'aise. Il ne sait pas quoi lui dire, ni comment lui parler. Peut-être qu'il aurait du se taire, ne rien dire, mais il pensait à l'époque la sauver d'un mariage qui s'annonçait désastreux. Il avait eu tort, visiblement.

“I do hope you have congratulated our dearest Blaise for his success tonight?” La question est prononcée avec un faux air d'innocence qui est si caractéristique de sa cousine.  "I didn't quite get the opportunity to do so, no" il répond, sans rien ajouter toute fois, Blaise se fiche sans doute de son avis sur la question, et il n'a pas vraiment envie de lui donner un avantage en le félicitant pour ses prouesses, des prouesses qui ne l'intéressent que très peu.

Theo n'a jamais porté quelconque attention à ce que l'on pouvait penser de lui. Pas vis à vis de sa personnalité en tout cas. Il écoute lorsqu'on lui parle de son travail, de son intelligence, des choses qu'il sait être bénéfiques et notables par tous. Pourtant une partie de lui ne peut s'empêcher de penser que ce que Pansy dit est injuste. S'il ne s'adonne pas à des sports dangereux, s'il n'est pas en première ligne de tout type de combat qui peuvent se dresser devant lui, il a quand même du prendre des décisions difficiles. Celle de révéler à Pansy ce qu'il avait vu en était une, même si elle a été prise sous le coup de la panique, il savait dans le fond que sa relation avec Blaise en serait détruite et sa relation avec Pansy surement entachée. Pourtant il est incapable de lui répondre et de lui dire tout ce qu'il pense vraiment. Ce n'est pas le moment, ni l'endroit. Et peut-être qu'elle a raison dans le fond, il est peut être lâche, ou peut être qu'il est simplement plus raisonné qu'eux.

Plus raisonné que Blaise, qui se laisse visiblement emporter par ses émotions, qui lui crache son venin en pleine face, qui prononce son prénom comme une insulte. Il ne peut s'empêcher de lâcher un petit rire à ses mots.
"Socially inept? Is that all you've got?" Theo ne s'est pas beaucoup fait insulter dans sa vie, mais il a sans doute déjà entendu pire. Malgré tout, c'est Blaise, et Theo a toujours été plus faible face à lui. Moins que s'il n'avait pas été socialement inadapté, sans doute, mais plus que par rapport aux autres, ceux avec qui il a moins partagé, ceux avec qui il n'a pas vécu pendant des années.

L'atmosphère ambiante le rend amer lui aussi, mesquin, tout ce qu'il ne s'est jamais abaissé à être. Mais parce que c'est une situation inédite sans doute, il s'autorise à sortir quelques gallions de sa poche et à les lâcher sur le bar avec le meilleur sourire dont il est capable, "there you go Blaise, hopefully this will keep you out of debt".

Et parce qu'il est borné malgré tout, et que Gibbon n'est toujours pas revenu, qu'il ne veut pas partir sans lui, ça serait un signe de faiblesse et s'il y a bien une personne devant laquelle il ne veut pas paraitre faible, c'est son mentor, il se retourne face au bar, observant son verre toujours trop plein et essayant d'ignorer les paroles de Blaise à ses côtés. Il sait qu'ils valent tout deux mieux que ça, que ces enfantillages. D'un côté, il espère qu'ils vont partir, qu'ils le laisseront tranquille jusqu'à ce que Gibbon soit satisfait de sa journée et qu'il puisse s'en aller, et ne jamais revenir. D'un autre côté, d'une manière alambiquée qui ne lui ressemble vraiment, vraiment pas, il espère qu'ils resteront, parce que cette confrontation est le seul contact qu'ils aient eu depuis des mois, et qu'avoir Blaise et Pansy autour de lui le ramène à un temps où c'était normal, et où tout allait pour le mieux.

“ Nothing's keeping you here, Theo, ” crache Blaise avec véhémence et Pansy resserre son emprise sur son bras pour lui signifier que ce n'est ni le lieu ni le moment de trop s'emporter. Si elle peut comprendre l'envie de torturer un peu Theodore et lui faire comprendre qu'il a commis plusieurs erreurs à leur égard à tous les deux, Pansy a toujours été plus partisane de subtilité. Blaise aussi en temps normal n'a pas besoin de s'emporter de la sorte, mais il a beaucoup bu ce soir. À moins que ça ne soit Theodore en particulier qui réveille trop de sentiments en lui pour qu'il sache se retenir… “ You're more than welcome to leave at any time instead of drinking and eating on my dime and boring everyone to death with your attitude. You inept socially moron, ” Pansy tourne son regard vers lui, ses yeux lancent des éclairs et ses ongles s'enfoncent dans la chair de son mari. Non seulement il va trop loin mais en plus il s'exprime mal. Pire encore : il se détache brusqument de son emprise et Pansy en chancellerait presque tellement elle ne s'y attendait pas. Ses joues prennent quelques couleurs, même si elle s'emploie à conserver son éternelle resting bitch face. Au regard noir que son mari lui lance toutefois elle répond fois cent. Comme s'il avait une quelconque raison de mal la regarder elle. Quel enfant. Si ingrat.

Theodore évidemment n'arrange rien, en sortant quelques pièces de sa poche, les lâchant sur le bar avec un sourire trop grand pour être honnête : "there you go Blaise, hopefully this will keep you out of debt". Pansy sent son corps entier se tendre, Theodore a semble-t-il appris deux trois choses de Blaise au cours de leurs longues années d'amitié. Évidemment ces quelques pauvres gallions ne sont rien comparés aux dépenses de Blaise pour l'organisation de ces Battues, ni aux revenus qu'il empoche à la fin de chaque évènement. Il n'a clairement pas besoin de s'inquiéter et tout le monde le sait, il est l'une des personnes les plus riches qu'elle connaisse, peut-être même autant que son père. Pas besoin de prenup entre eux. “ Knock it off Theo we all know you don't mean that…” a-t-elle à peine le temps d'insister d'un ton mielleux que Blaise déjà continue de faire l'enfant : “ tell Theodore that he is not welcome here in the slightest. ” Ses sourcils tressautent, elle ne cache pas son jugement en cet instant précis. Pansy ne change pas de camp, elle était partie pour défendre son mari et elle le fera quand même mais il ne lui rend pas la tache facile. Il n'y en a vraiment pas un pour rattraper l'autre. “ I know you're not treating me like an owl right now. ” Grince-t-elle entre ses dents, menaçante sans avoir à hausser le ton le moins du monde. Si ça ne tenait qu'à elle, Pansy aurait déjà tourné les talons pour les laisser se débrouiller tous seuls. Ce n'est pas son style après tout de se la jouer médiatrice dans les conflits, apaiser les gens ne lui vient pas très naturellement. Mais elle tient à l'un comme à l'autre et elle a promis de toujours être du côté de Blaise quoi qu'il arrive, même quand ce dernier lui donne envie de le baffer. “ I think I should be the one getting paid tonight for babysitting two bloody babies. ” Et actuellement y en a pas un plus apte socialement que l'autre. Elle sait qu'elle doit pencher plus en faveur de Blaise quoiqu'il arrive, mais Pansy est très agacée par le fait qu'il se soit détaché d'elle comme ça, comme si elle l'embêtait par sa présence et ses mots en sa défense. Pire, elle est vexée et un peu humiliée aussi même si personne d'autre que Theodore n'a vu ça. Elle n'est pas prête d'oublier — ce n'est pas son genre de toute façon — et surtout elle n'est pas prête de le laisser oublier. Elle le laissera peut-être décuver, mais il passera un sale quart d'heure demain. “ Let's share a drink, ” son regard plein d'agacement se pose sur Blaise, qui pourrait bien bénéficier d'un bon grand verre d'eau, “ And act like gracious adults. ” Ce qu'ils sont à vrai dire tous trois bien incapables de faire.

"Socially inept? Is that all you've got?" Blaise aurait envie de lui arracher les yeux, rendu stupide semble-t-il par l'alcool, la présence overwhelming de Pansy et celle, indésirée et aussi insultante et embarrassante qu'une claque, de Theodore. Eux trois ont toujours eu le chic pour se voler dans les plumes à n'en plus finir, pour des raisons aussi stupides que ridicules.
Sauf que cette fois, c'est pour de vrai comme en témoigne le coeur de Blaise qui bat à toute allure dans sa poitrine. Choqué, offusqué, rageur, déçu et à la fois... à la fois, il y a une douce sensation qui s'attarde au fond de sa bouche. Theodore est là. Avec eux, avec lui, comme il est sensé l'être. Blaise se souvient encore de la surprise de sa mère lorsqu'il lui avait raconté, à mi-mot, que lui et Theodore ne se parlaient plus. I always thought you boys would grow old together... Blaise n'avait pas prononcé à haute voix le me too fort et clair qu'il avait pensé en l'entendant.

Pour en remettre sur le feu, semble-t-il, Theodore fouille dans sa poche et en produit une poignée de Gallions, qu'il lâche d'un geste désinvolte sur le comptoir contre lequel il est accoudé, sous le regard interdit de Blaise. "There you go Blaise, hopefully this will keep you out of debt." Et, indolent, de se détourner.
Impossible de décrire le soudain accès de rage qui lui tord l'estomac; et il se retrouve donc à vouloir utiliser sa femme comme médiatrice, pensant naïvement que pour une fois, elle pourrait le supporter et l'aider à ne pas trop s'enfoncer dans cette stupidité qu'elle lui reproche chaque jour. “ I know you're not treating me like an owl right now. ” Mais, comme toujours, elle n'en rajoute qu'à son malaise et son sentiment d'insuffisance, préférant le ridiculiser comme elle semble apprécier le faire. Blaise peut bien comprendre qu'elle ne veuille pas prendre de camp entre les deux amis; mais il pensait néanmoins qu'elle accepterait de se ranger avec son mari plutôt que son cousin. “ I think I should be the one getting paid tonight for babysitting two bloody babies. ” Blaise serre les dents, et détourne les yeux, préférant scanner la foule à la recherche de quelqu'un qu'il pourrait accoster pour se débarasser de Theodore et de Pansy à la fois.

Mais si les gens lui sautent dessus pour lui parler quand il a envie d'être seul, évidemment, personne ne fait attention à lui quand il en a besoin. “ Let's share a drink. ” Les yeux de Blaise retombent sur Pansy, noirs et désapprobateurs. “ And act like gracious adults. ” Il ne peut s'empêcher de renifler légèrement. Gracious n'est pas un mot qu'il utiliserait pour décrire Theodore. "Let's," agrée-t-il néanmoins. "If Mister Snottypants here is done sulking like a child. Hey, Delaney. Delaney," répète-t-il d'une voix sifflante; le serveur le plus proche, Delaney donc, sursaute un peu en reconnaissant cette voix qu'il n'a jamais entendu autrement que pour donner des ordres. "Give me this bottle and three glasses."
Malgré la présence de nombreuses têtes pensantes du Gouvernement britannique, le serveur obéit et donne au propriétaire des lieux la bouteille de Firewhisky pointée du doigt. La bouteille n'est pas ouverte, gardée à l'origine pour une grande occasion (ou un client aux poches particulièrement profondes: le verre à vingt Gallions n'est pas offert à tout le monde), et Blaise, de ses doigts tremblants et rendus gourds par l'alcool, a du mal à la déboucher. Quand c'est fait, tremblant toujours, il verse trois généreuses portions dans les verres présentés devant lui, avant de rendre la bouteille à Delaney qui s'esquive sans hésiter.
"Here's to us," dit-il en se tournant simplement vers Pansy, bien décidé à ignorer Theodore même après avoir fait glisser son verre dans sa direction. "Enjoy it well, dear, a bottle of this costs upwards of a thousand Galleons," ne peut-il pas s'empêcher de rajouter, de quoi faire l'étalage de sa fortune improbable pour quiconque penserait qu'il ait la moindre dette.
Enfoiré.

La tension est palpable autour du bar, Theo sait que ses paroles n'ont certainement pas arrangé la situation, qu'il agit de façon stupide, immature, et que ce n'est pas digne de lui. Mais les agissements de Blaise ne sont pas dignes de lui non plus, alors il se dit que, sans doute, le secret de leurs idioties sera bien gardé, histoire de leur éviter une honte certaine à tous les trois. L'atmosphère s'alourdit un peu plus entre les deux époux, il ne les regarde pas mais il peut sentir dans la voix de Pansy qu'elle n'est pas contente, et que Blaise devrait faire plus attention à ses paroles s'il ne veut pas que sa bienaimée ne lui fasse la vie dure, quoi que ce serait mérité. “I think I should be the one getting paid tonight for babysitting two bloody babies.", elle dit finalement et Theo lui jette de nouveau un coup d'oeil. Il en est presque désolé pour elle. Elle qui n'a rien demandé dans cette histoire, finalement. Même si Theo ne comprend pas pourquoi elle s'est engagée dans ce mariage, en connaissance de cause, elle n'a pas fait grand chose. Son seul tort aura été d'être amoureuse de son (futur) mari, et Theo sait qu'il ne devrait pas juger les choses qu'il ne comprend pas.

Pansy continue, et, comme la voix de la sagesse parmi le chaos qu'est leur relation, leur propose de boire un verre, comme des adultes. Il est prêt à accepter, par courtoisie, parce qu'il en a déjà assez fait, aussi, mais la voix de Blaise fait ressurgir les démons qui se sont réveillés en lui depuis son arrivée. "Let's — If Mister Snottypants here is done sulking like a child." Il se contente de lui lancer un regard noir qu'il n'est pas sur que Blaise a eu le temps de voir. Il hait ce mot, sulk, c'est infantilisant, Blaise le traite comme un enfant à qui on aurait refusé un nouveau jouet. Et peut-être que Blaise a raison, peut-être qu'il boude, mais au moins il n'en est pas réduit à s'oublier dans l'alcool comme lui le fait. Il est presque tenté de lui dire, mais l'agacement irradiant de sa cousine l'en empêche et avant qu'il ne puisse penser à autre chose, Blaise a commandé une bouteille. Il l'observe du coin de l'oeil, ses gestes maladroits et la détermination visible sur son visage. Tout cela lui fait presque étouffer un rire moqueur, il est tombé bien bas, mais il se retient, ce n'est pas le moment de relancer les hostilités.

Le verre se glisse devant lui rapidement, et Theo lâche un soupir aux mots de Blaise. C'en est presque ridicule, à quel point il a besoin d'afficher sa fortune de la sorte. Il les ignore aussi ostensiblement que possible, lâche un "cheers to me" bien plus enjoué que nécessaire avant de vider son verre d'une traite. Blaise peut bien aller se faire voir avec son firewhisky hors de prix, tout ça n'est qu'une façade, un moyen de montrer aux autres qu'il est meilleur qu'eux, plus riche, plus influent, plus heureux. Tout cela pour camoufler la vérité, qu'il est loin d'être aussi parfait qu'il veut le montrer, qu'il est déviant même, et tous les gallions du monde ne peuvent cacher ça, du moins, pas aux yeux de ceux qui le connaissent vraiment.